Le mois d'août touchait à sa fin, emportant avec lui les moments de joie qui caractérisaient ses journées ensoleillées et chaleureuses. Tel un livre qui se referme, les vacances s'achèvent et épongent d'un simple geste les instants de bonheur des enfants. Dans quelques jours, ils ne courront plus dans les bois à en perdre haleine, il ne plongeront plus dans les eaux claires et fraîches des rivières, ils ne dormiront plus à la belle étoile en compagnie de leurs amis de toujours. Bientôt, il faudra retourner à la vie de tous les jours, loins de ceux que l'on aime. Seul le temps ne s'arrête jamais de courir. Sans que l'on puisse rien y faire, août glisse inexorablement vers septembre comme l'eau d'une averse coule dans le caniveau d'une rue en pente douce. On a beau tenté de la retenir par tous les moyens, elle passe entre nos doigts et poursuit sa route sans s'inquiéter des traces qu'elle laisse sur notre peau. Pour éviter que notre existence ne coule à son tour dans les néants du passé, notre esprit a inventé les souvenirs heureux, fragments dorés qui nous permettent de survivre jusqu'au retour de l'été. En ce jour ensoleillé de fin août, j'étais justement plongé dans mes souvenirs.
Le soleil illuminait les toitures luisantes du Chemin de Traverse. Bien que l'été arrivait progressivement vers sa fin tragique, il n'était pas encore totalement près de laisser sa place à l'humidité automnale et ce pour mon plus grand plaisir. Les rayons du soleil caressaient les courbes de mes paupières closes tandis que je repensais à mes vacances à Firenze en compagnie des cousins. Cette année, ils entreraient au Collegio et moi, je passerai une année de plus à Poudlard. Lorsque nous nous retrouverions l'été suivant, nous aurions des tas de choses à nous raconter, mais en attendant, la rentrée était dans moins d'une semaine et il me fallait de nouvelles fournitures.

C'est mon Zio Leonardo qui avait tenu à m'accompagner. J'avais pourtant exprimé mon souhait d'y aller seul mais mon oncle savait très bien qu'au fond de moi j'aimais être avec quelqu'un de ma famille pour ce genre de choses. Parfois, j'étais incapable de me décider entre deux paires de chaussettes et il fallait bien l'avis d'un homme d'expérience pour me dire de prendre les deux ! Leonardo Venesi, quarante-cinq ans d'expérience dont vingt en tant qu'Auror, frère de mon père, italien d'origine et irlandais du SUD de nationalité était l'homme de la situation. Papà ayant du travail à la maison, il s'était proposé pour se joindre à moi dans ce périple qu'est la liste de fournitures scolaires, et je dois dire qu'au final son aide avait été la bienvenue.
Après avoir récupéré chaque livre dont j'aurai besoin pour cette nouvelle année, Leonardo m'aida à choisir mes nouvelles robes de sorcier (j'avais beaucoup grandi en un an), une nouvelle paire de chaussures, des ingrédients spéciaux pour les cours de potions, un sac de graines pour hibou et une nouvelle coupe de cheveux pour ma tignasse ébouriffée. Une fois chaque élément de la liste rayé d'un trait rouge, le grand dadais déclara que nous avions bien travaillé et qu'après l'effort, le réconfort s'imposait ! Ainsi, il me proposa de m'emmener manger une glace chez le meilleur glacier de la ville.

Nous nous installâmes en terrasse, prenant place à une table ronde métallique sur des chaises parisiennes très chic et confortables. Un menu en carton coloré trônait en son centre et était magiquement enchanté pour proposer les meilleurs parfums possibles à celui qui le tenait en mains. Je me saisis du menu en sachant parfaitement que je n'aurai même pas besoin de le lire. J'avais déjà une idée très précise en tête. Je suppose que mon oncle s'en aperçut car à peine eus-je reposé le menu qu'il m'adressa un sourire malicieux qui ne me disait rien qui vaille.
- "Je parie une Mornille que tu as choisi une boule cannelle et une chocolat !", dit-il d'un ton amusé.
Touché. Suis-je vraiment si prévisible ? Tentant de faire bonne figure, je cache ma moue boudeuse derrière le menu, contrarié d'avoir été révélé au grand jour si facilement.
- Pfff... n'importe quoi ! C'est pas du tout ce que je voulais prendre, d'abord !
Je prends une nouvelle fois le menu en cherchant le parfum qui me ferait le plus envie. Je ne voulais pas donner raison à mon oncle et perdre la face devant lui(et je ne voulais pas non plus perdre une Mornille). Soudain je trouve le parfait parfum.
- Je vais prendre parfum Galactix Mangobomb ! Na !
Je me doutais que Leonardo n'était pas dupe, on ne trompe pas un Auror aussi facilement. Celui-ci se mit à rire tendrement devant ma maladresse.
- "Très bien ! Dans ce cas, c'est moi qui vais choisir cannelle chocolat !, dit-il toujours riant. Ça ne te dérange pas, pulcino mio ?"
- Traître... Au fait ! Tu me dois une Mornille !

Loïk préparait sa rentrée en tant que professeur. Le mois d'Août se finissait sur un air de rock/contry  tandis que la vie reprenait son cour normalement. Il était enfermé dans son bureau du soir au matin et vise et versa et ne parlait plus que très peu à sa famille, ignorant leurs appels à travers la porte de la pièce qui était devenue son sanctuaire. Et le seul jour où il se décida à sortir, il trouva devant la porte la merveilleuse sœur de son tout autant merveilleux mari qui avait l'air assez énervée si on en croyait ses yeux qui semblaient vouloir le tuer sur place. Dans les grandes lignes de cet épisode très choquant pour notre pauvre professeur, un tirage d'oreilles, une gueulante poussée par la rousse et une rouste prise dans les règles de l'art, ils avaient convenus que la femme s'occuperait d’emmener Cassiopée sur le chemin de traverse puisque Samuel était partit au beau milieu d'une jungle pour ses recherche et que Loïk était trop occupé pour s'en charger tout seul. La sorcière -comme Loïk aimait l'appeler- avait l'air très heureuse de cet arrangement et avait tout de suite été cherché se désormais nièce dans sa chambre. Lilyfyl, de son côté, était restée pétrifiée devant la porte de la chambre de Cassiopée, ne sachant pas vraiment comment l'aborder depuis qu'elle l'avait emmené sur la tombe de sa Gabrielle. Puis, quand elle avait enfin réussi à trouver le courage de toquer, la porte s'était ouverte sur une petite fille de onze ans tout juste réveillée.

« -Je suis réveillée, que ce passe-t-il ? Un bâillement lui arracha presque la mâchoire et la rousse laissa échapper un sourire. Cassiopée ne se montrait pas vraiment humaine, la plupart du temps alors Lil's était contente qu'elle lui fasse assez confiance pour le faire avec elle.

-Allez, p'tit étoile. Elle entra dans la chambre de l'enfant en observant ce qui avait changé depuis la dernière fois qu'elle était venue. Il faut que tu t'habilles, on part pour Londres dans une heure ! Elle prit un bibelot sur son bureau et le tendit à l'autre. C'est nouveau ça ? Mignon. »

Cassiopée ne répondit pas mais hocha la tête et ouvrit son armoire débordante de nouvelles affaires. Une véritable caverne d'Alibaba, qu'aurait dit Arthur. Avant... Mais plus maintenant. Il n'était même plus là. Sa chambre était réellement pleine de bibelot, de dessins ou de lettres et de pleins d'autres choses, ça lui donnait un air vivant. Elle prit une chemise verte et un pantalon noir, changeant rapidement de sous-vêtement, les enfilant par la suite. Elle n'avait pas besoin de prendre sa douche ce matin, elle l'avait prit hier soir alors elle en prendrait une ce soir, en rentrant de Londres. Se retournant, elle essaya d'offrir un sourire à l'adulte mais ce qui orna sa bouche fut une étrange grimace. Lilyfyl blagua en lui disant qu'elle devrait apprendre à sourire si elle ne voulait pas faire fuir les bébés chats. Même si elle ne l'avouerait pas, elle était d'accord avec l'autre. Elle ne savait plus sourire, comme si elle avait oublié ça en plus des tonnes de choses qui s'étaient brisées à cause d'elle. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle n'avait pas de miroir ni aucune surface réfléchissante à par sa fenêtre dans sa chambre, elle ne s'aimait pas, se trouvait laide. Elle n'aimait pas se regarder, et les autres ne le comprenaient pas. Comment auraient-ils pu le faire ? Comprendre serait comme rentrer dans sa tête, et elle tuerait pour que cela n'arrive pas, jamais. Elle baissa les yeux sur ses bras, les trouvant bien blancs à côté de sa chemise presque transparente au soleil. Le vêtement fut arraché de son dos et vite remplacé par un col roulé noir. Au moins, lui ne deviendrait pas aussi utile que des glaçons au Groenland face au soleil. Elle enroula la paume de sa main gauche, striée de blanc, dans un bandage de la même couleur et embarqua un sac en papier pour son voyage en voiture. Elle avait le mal des transports et elle n'était pas sûre que Lilyfyl soit très heureuse si elle se mettait à rendre son souper de hier dans sa voiture.

« -On est parties, tu as tout ce dont tu as besoin ? La liste de fourniture avec ? Le moteur de la Renaud se mit à ronronner alors que la voiture commençait à avancer.

-Je suis ok. Elle agrippa le bord de son siège en ravalant son envie de quitter le véhicule en hurlant.

-Mets ta ceinture, surtout, j'voudrais pas que tu finisses à travers le pare-brise. Elle rigola. Cassiopée, elle, ne trouva pas cela drôle et se tassa dans son siège en serrant sa ceinture comme un doudou.


Qu'est-ce qui l'avait poussée à accepter que Lilyfyl l'accompagne ? Certes elle était très gentille, mais elle s'émerveillait surtout pour un rien. Le monde Moldu n'avait aucune facette inconnue pour Cassiopée, comme le monde des Sorciers, mais il n'en était pas de même pour la rousse qui la poussait dans tous les coins du chemin de traverse pour voir la moindre chose inconnue qu'elle ne voulait pas prendre le risque de rater. Puisque, d'après elle, le monde des Sorciers était génial et que « Whoaaaaa, vous avez aussi un glacier ! Vos glace vous transforment en verts de terre ? Et vous avez tous des chats noirs ? » Traînant par la main la petite fille, elle commanda une glace caramel pour elle alors que Cassiopée demandait si elle pouvait en avoir une à la violette. La froideur de la glace fit du bien à la plus jeune qui se laissa choir sur un banc, les jambes en compote.

J'aime regarder les gens. On apprend des tas de choses quand on prend le temps de regarder les gens. Parfois, regarder les gens marcher nous révèle plus de choses sur leur façon d'être que ne pourrait le faire une conversation de présentation. Un geste est plus révélateur que mille mots, car un geste ne peut pas mentir. Par exemple, il paraît que la manière dont on se tient en public indique à quel point nous sommes à l'aise en société. Le sorcier assis à votre gauche dans le Magicobus, s'il croise les bras, c'est qu'il évite le contact avec quiconque se trouve dans les parages. S'il croise les jambes dans la direction opposée à la vôtre, c'est qu'il a vraiment une dent contre VOUS en particulier. Dans le cas contraire, s'il incline malgré lui sa tête dans votre direction, c'est que votre présence lui est agréable. Vous pouvez alors engager la conversation sans risquer de vous faire hurler dessus. Tous ces petits indices sur la posture de vos congénères en disent longs sur leur personnalité. Mon Zio, pieds ancrés au sol, dos droit et mains jointes sur la table métallique, renvoie ici une image stable et assurée. Moi, pieds en pointe, dos collé au dossier de ma chaise et doigts pianotant sur mon abdomen, je renvoyais l'image d'un garçonnet qui attendait sa glace avec impatience tout en observant les autres. Tous ces indices corporels sont facilement identifiables à l'aide d'une pratique régulière ; cependant, il ne fallait pas être mentaliste pour se rendre compte que la jeune femme rousse qui entra chez le glacier telle une tornade dans un champ de roses n'était pas une habituée des lieux.
Traînant derrière elle une jeune fille qui ne semblait pas plus ravie que ça de la suivre, elle se présenta au comptoir et commanda une glace au caramel et une à la violette pour la fillette. Son enthousiasme me fit sourire, tout comme son visage émerveillé qui contrastait énormément avec celui de la fille qui elle semblait plus blasée qu'autre chose. Une fois leur commande effectuée, elles ressortirent de la boutique et allèrent s'installer sur un banc non loin d'ici. Je continuais de les regarder malgré moi. La rousse regardais dans toutes les directions, voulant à tous prix saisir chaque détail du lieux dans lequel elle se trouvait. La fillette, quant à elle, se contentait de profiter de sa crème glacée avec délectation. Mon oncle aussi les regardait, ou plutôt il regardait la jeune femme qui l'instant d'avant avait fait incliner sa tête barbue dans sa direction... Je lève les yeux au ciel. Les adultes !

Le glacier finit par apporter nos glaces. Dans une énorme coupe de verre transparent se trouvait une énorme boule de glace d'un noir profond constellée de pépites blanches et violettes, scintillant à la lumière du soleil, ainsi qu'une autre boule tout aussi énorme de couleur orange flashy ornée de striures rouges. Galactix et Mangobomb ! Miam ! Ça avait vraiment l'air délicieux ! Cependant, j'évitais soigneusement de regarder la coupe Cannelle Chocolat de mon oncle... Je tourne une nouvelle fois mon regard vers le duo de demoiselles qui continuaient de déguster leur quatre heure sur le banc. La femme dénotait vraiment dans ce monde de sorciers. J'étais prêt à parier que c'était la première fois qu'elle venait sur le chemin de traverse. La fillette, elle, semblait être une habituée des lieux et étrangement, son visage me disait quelque chose. L'aurais-je déjà croisée ?
- " Elle est belle ! ", finit par dire mon oncle, me sortant de mes contemplations.
- Que...quoi ?
- " Ta coupe de glace. Elle est belle ! Tu en passerais un peu à ton vieil oncle ?
- Déjà tu n'es pas vieux et ensuite non, je t'en passerais pas. Tu as voulu cannelle chocolat, tu manges cannelle chocolat.
- Tu es si dur avec moi, dit il en me tirant la langue. "
Je plonge ma cuillère dans la glace dont le goût était sensé rappelé celui de la galaxie. Quel goût ont les étoiles ? J'étais près de le découvrir.

La glace eut vite fait d’être dévorée par sa Tante alors qu’elle-même n’était même pas encore à la moitié, ce qui fit que la rousse profita du fait que Cassiopée était assise pour aller se balader sans aller trop loin en gardant toujours la petite fille dans son visuel.  Si elle semblait émerveillée par tout ce qu’elle voyait, elle essayait le plus possible de rester calme, seuls ses yeux qui dansaient dans ses orbites trahissaient à présent combien elle trouvait cet endroit fabuleusement fabuleux. Ce quartier marchand semblait tellement différent de ce qu’elle connaissait habituellement qu’il semblait appartenir à un autre siècle. Même en Irlande, les rues bondées n’étaient pas si heureuses qu’ici. Les gens se bousculaient sans faire attention, parlaient fort dans leur téléphone en passant devant les sans-abris sans les voir. Ici, tout le monde semblait sourire à tout le monde en marchant, pas de bousculades violentes, juste une bonne ambiance parfaite. Cassiopée lui avait dit que des guerres avaient été plutôt violentes et meurtrières et que le chemin de traverse avait déjà été détruit par une ou plusieurs d’entres elles, pourtant cela ne se ressentait pas alors il était difficile de croire que le monde des sorciers avait déjà été en guerre. Tout le monde semblait souriant, pas comme un monde post-guerre. Lilyfyl retourna s’asseoir après quelques minutes près de Cassiopée et lui secoua sa main dans les cheveux. La brune gémit de mécontentement en replaçant normalement ses mèches volages. Tout en envoyant un regard noire à l’autre, ce qui la fit rigoler, elle se releva gracieusement  en regardant autour d’elle. Il lui semblait reconnaître les personnes qu’elles avaient croisé en achetant leur glace. Après les avoirs repéré à nouveau dans la foule, elle sut tout de suite pourquoi. Le plus jeune était à Poudlard, elle l’avait déjà croisé, c’était sûr mais elle ne pouvait pas le ranger dans une Maison ou lui donner un nom. Déjà, il n’était pas à Serpentrad, elle connaissait toute sa Maison sur le bout des doigts mais elle n'avait pas d'autre piste. Deuxième année obligatoirement, elle avait déjà eu cours avec lui durant l'année et était presque sûre de l'avoir vu se balader avec un Serdaigle, peut-être qu'il faisait partie de cette Maison ?

-Tu le connais le p'tit là bas ?
-Non. Elle répondit.
-Menteuse ! L'adulte ria. Tu le zieutes depuis tout à l'heure !
-Il m'intrigue juste, pas de quoi s’exciter pour rien. 
-Et le barbu, tu le connais ?
-Bah... Non, je ne l'ai même jamais vu.

L'adulte fit la moue en croisant les bras avant de reprendre contenance et d’agripper le bras de Cassiopée en l’entraînant vers les deux qui mangeaient encore leur glace. Un air de stupéfaction se colla sur son visage alors qu'elle essayait de se dégager de la poigne de l'autre. Lilyfyl savait bien qu'elle n'aimait pas les gens, elle le savait ! Alors pourquoi elle faisait ça ? Une sorte de torture psychologique pour la forcer à lui faire visiter le monde des sorciers ? Non, ce serait stupide. 

-Tu fous quoi ?
-Langage, Cassiopée ! 

Arrivées à leur niveau, Lilyfyl fit un grand et doux sourire aux deux garçons tandis que Cassiopée se cachait derrière elle, de mauvaise grâce. Cassiopée ne comprenait pas comment l'autre pouvait être si sociale alors qu'elle ne l'était pas du tout, trouvant cette chose totalement stupide. C'est vrai, pourquoi rester avec des gens sans intérêts et fades comme des pommes farineuses alors que rester seule permettait de faire tout, d'aller partout sans avoir à traîner quelqu'un derrière soit ? Bien sûr, cette règle s'appliquait à tous, sauf à Solenn et à quelques privilégiés qu'elle avait soigneusement choisit. Cette liste, une idée de Loïk pour s'assurer qu'elle avait au moins quelques personnes importantes près d'elle, se trouvait toujours dans une de ses poches au cas ou elle aurait envie d'ajouter un nom dessus. Les adultes lui demandaient tout le monde s'il en avait un nouveau, d'ailleurs, ils semblaient porter un grand intérêt à sa sociabilité et à comment elle s'intégrait dans le monde. Comme des parents le faisaient. Mais elle avait déjà eu des parents, elle avait déjà fait confiance et elle n'avait récolté que désolation et douleurs alors pourquoi ferait-elle confiance à nouveau aux adultes ? Rien n'était logique et pourtant elle ne pouvait s'empêcher de le faire. Peut-être que Loïk et Samuel étaient différents, après tout, qu'avait-elle à perdre ? Elle n'avait plus rien d'important, de toute manière. 

-Bonjour ! Lilyfyl, ravie de vous rencontrer.

Elle eu envie de disparaître. 

La glace Galactix avait un goût surprenant. Si l'on cherchait à décrire ses arômes inconnus des papilles du commun des mortels, je pense que le terme "spatial" serait le plus approprié. Une fraîcheur insoupçonnée dont le sucré âpre se rapprochait sensiblement de celui de la vanille bourbon, une rondeur sous le palais rappelant celle du chocolat praliné, une touche de vitalité prodiguée par le pétillant des paillettes mauves (parfum myrtille je crois) et blanches (yuzu japonais sans aucun doute). La galaxie a vraiment un goût enivrant ! Mais tandis que je savourais pleinement les saveurs astronomiques de cette étonnante recette, je jetais de temps à autre un regard blasé vers la coupe de mon oncle qui prenait un malin plaisir à me narguer. En effet, il exagérait délibérément le plaisir qu'il prenait à manger ma coupe préférée, fermant les yeux à chaque bouchée et souriant comme un benêt. Quel enfant ! Et ça se dit Auror...
- "On engage vraiment n'importe qui au Ministère, dis-je en levant les yeux au ciel.
- Je t'entends pas, carino mio ! Je suis bien trop occupé à manger ce délice des dieux ! Mmmmh ! Aussi bon que le tiramisù de ta mamà !
- Toi ! T'es tellement... Raaah !"
Je plonge boudeusement ma cuillère dans la boule de Mangobomb dont l'éclat illuminait mes traits fins d'une douce lueur orangée. Mon oncle riait encore, sans doute attendri par mes vaines tentatives de colère théâtrale.

Portant la préparation glacée vers mes lèvres terracotta, je remarque au même instant que la fillette brune et sa partenaire mordue n'était plus sur leur banc. Elle se dirigeait vers la glacerie, plus précisément dans notre direction.
- "Tiens ! Tu connais ces jeunes femmes, pulsion mio ?
- Euh... non. Enfin je pense que j'ai du croiser la plus jeune à l'école sans doute mais je me souviens pas de son nom..."
Les demoiselles arrivèrent à notre table. La rousse arborait un doux sourire. Elle dégageait une aura d'insouciance et de bienveillance puissante, et semblait très à l'aise en société. À vrai dire, si elle avait été une glace, j'étais quasiment sur qu'elle aurait été une Mangobomb. Acidulée, rayonnante, sucrée sans être écoeurante.
- "Bonjour ! Lilyfyl, ravie de vous rencontrer.
- Bonjour Miss, répondit mon oncle en lui tendant la main. Leonardo ! Et le p'tit boudeur là c'est...
- Celo. Je m'appelle Celo. Et je boude pas, c'est juste que mon oncle a volé ma glace, mais je m'en fiche parce que la mienne est meilleure d'abord... bref. Enchanté !"

À mon tour, je tends ma main à la jeune femme et lui souris poliment. Je remarque que la fillette reste en retrait, cachée derrière les jambes de son accompagnatrice. Elle faisait une de ces têtes ! La même que celle que je faisais quand le serveur a apporté nos glaces à table et que je vis filer mon péché mignon entre les grosses papattes de mon Zio. Elle était peut être timide ? Je la regarde discrètement pour lui éviter de fondre sur place. Les gens timides se comprennent entre eux ! Son visage m'était vraiment familier.
- "Le Chemin de traverse est vraiment effervescent aujourd'hui ! reprit mon oncle. Pas trop déstabilisées au milieu de cette fourmilière ? Ça peut être intimidant quand on est pas habitué, pas vrai miss ?"
Il adressa un clin d'oeil à la fillette, toujours cachée derrière la rousse.
"Voudriez-vous vous joindre à nous ? Il reste justement deux chaises libres à notre table !"
Mon oncle se leva est tira l'une des chaise afin que puisse s'assoir la jeune femme. Caspita, quel homme ! Il avait beau avoir un don pour m'embêter, cela ne lui retirait vraiment pas son sens de la galanterie et de la class. Je regarde la jeune fille.
- Euh... Salut ! On s'est déjà croisés non ? Suis à Poudlard. Serdaigle. On est pas de la même maison je crois mais ton visage me dis quelque chose.
Je m'assieds et invite la fillette à en faire de même.

La rousse offrit un sourire tout à fait charmant à l'homme barbu, de son côté, la fillette prit plutôt ça comme un sourire charmeur mais elle se retint de faire le moindre commentaire, certainement bien consciente que ce n'était pas une chose à dire comme ça à des gens qu'on ne connaissait approximativement que depuis une demie seconde. En tout cas, sa "tante" ne semblait pas dérangée par ce fait et était assise en travers de sa chaise, son corps tourné vers l'homme à qui elle répondait de sa voix douce et chaude qu'elles seraient honorées de leur faire présence à leur table. Elle rajouta même que ce n'était pas tous les jours qu'on rencontrait un duo pareil. Un joli rire lui vibra dans la gorge et Cassiopée fronça les sourcils. Comment faisait-elle , On aurait dit qu'elle savait exactement quel ton adopter, quelle phrase dire. A côté d'elle, la Serpentard devait réellement passer pour une asociale ou alors pour une muette. Son regard est attiré par la chaise que lui propose l'autre et elle fait un petit signe de tête pour remerciement en s'asseyant gracieusement, le dos toujours bien droit comme on lui a apprit. Elle semble juger de son regard inexpressif l'autre avant de lui répondre, comme si elle se demandait s'il en valait la peine. 

-Bonjour... Je suis à Serpentard, Cassiopée. Enchantée.

Elle ramène ses longs cheveux qui lui bouffent la moitié du visage en un chignon qui frôle la nuque d'un mouvement expert, ne laissant aucune mèche à côté pour lui permette de mieux voir l'autre. Elle n'arrive pas vraiment à savoir où et comment elle l'a déjà vu, pourtant, elle sait bien qu'elle l'a déjà croisé. Peut-être dans un des cours en communs avec les Serdaigle ? Bien qu'elle ne regarde pas vraiment les élèves dans la salle à chaque cours, elle laisse son esprit vagabonder mais garde toujours ses yeux scotchés au professeur comme pour faire croire qu'elle écoute bien tout, la plupart du temps elle le fait mais il lui arrive parfois de penser à un sujet totalement autre. Et puis, soudainement l'illumination, comme dans les films mais sans la foule pour hurler derrière.

-Veseni.. Non... Venesi. C'est ça ? Elle marque une petite pose et louche pratiquement sur l'homme barbu. Ne risque-t-il pas d'avoir la migraine s'il mange si vite sa glace ?

Elle se tourne un peu vers l'adulte qui ne semble pas vraiment se rendre compte de la chose. Tournant toujours sa glace à la violette à moitié mangée dans ses mains, son regard se perdit un instant sur la table où un insecte s'était posé avant de rapidement s'envoler.

-Comment... Vas-tu ? 

Ah bingo ! Je me disais bien que j'avais déjà vu son petit visage quelque part. Les Serdaigle et les Serpentard avaient parfois des cours communs en première année, je l'avais donc bien croisée en cours de potions. Cependant, je devais avouer que ma mémoire photographique des visages ne m'aidait pas toujours à fixer un nom sur ces enveloppes charnelles... Elle s'appelait donc Cassiopée. Joli nom ! Comme la constellation de Cassiopée, celle en forme de W. D'après la légende, la reine Cassiopée venta la beauté de sa fille Andromède et prétendit que celle-ci dépassait celle des nymphes. Les dieux, pour la punir de son orgueil, la condamnèrent à tourner, tête en bas autour du Pôle Nord... Les cours d'Astronomie avait finalement une utilité ! Je m'abstins de lui raconter le destin tragique de Cassiopée à la demoiselle. L'astronomie c'est bien quand on veut papoter avec un centaure en pleine crise de la quarantaine ! Je me contente donc de répondre un sobre et élégant :
- "Ravi de faire ta connaissance Cassiopée !"

Tandis que la jeune fille attacha ses cheveux noirs en un chignon improvisé et particulièrement réussi - elle avait du s'entraîner pendant des années pour obtenir un tel résultat - je ramenai ma coupe de glace vers moi afin de reprendre une cuillère de constellation. Galactix...
"Oui, c'est Venesi, lui répondis-je, un léger sourire aux lèvres."
Le jeune fille regarda mon oncle avec le plus grand des intérêts. J'eu un léger rire à la vue de ses yeux louchant vers mon nounours d'oncle. Il avait de quoi surprendre ce bonhomme !
"Ne t'en fais pas pour lui, dis-je, rieur. Il a reçu un entraînement de choc au ministère ! Il est capable de résister au plus glacial des gèles de cerveau !"

Cassiopée reporta ensuite son attention sur sa propre glace. Violette ? Simple et efficace. Un peu trop floral pour moi... La violette m'enivre le palais et je fini souvent par en être écoeuré. Cela dit, la délicatesse de cette fleur paraissait convenir au personnage tout aussi délicat qui se tenait désormais en ma compagnie. Elle avait l'air d'être sur ses gardes. Peut-être étais-je un peu trop brut ? Un insecte se posa sur la table avant de s'envoler. Cassiopée le photographia du regard. Léger silence. Elle le brisa avec une formule tout aussi simple que sa glace à la violette mais qui pourtant tombait sous le sens : comment allais-je ? Bien. Je suppose. C'était un agréable moment que nous passions là, et je voulais absolument en profiter avant de retrouver les sombres pierres grises du château.
"Moi ça va bien... Mais je suis triste que les vacances se terminent... J'aurais voulu rester avec mes cousins encore un peu. Je marque une courte pose. Tu as des cousins ? Les miens habitent à Firenze en Italie, je les vois pas souvent du coup ; quand on se voit on joue au Quidditch ! On y a joué tout l'été ! Tu aimes le Quidditch ? J'aimerais devenir Attrapeur dans l'équipe de Serdaigle ! J'espère que je serai accepté..."
Me rendant compte que j'assommais la jeune fille de mes questions en cascade, je me tu, blessant lentement ma tête vers ma coupe de glace.
"Désolé, je parle trop... Tu veux goûter ma glace ? C'est parfums Galactix et Mangobomb !"

La rousse captura son regard quelques instants et inclina sa tête de façon à lui dire "sois sociable !" mais elle n'avait pas des plus envie. Et puis elle ne savait pas comment faire la plupart du temps, elle n'était pas comme l'autre. L'autre qui n'avait pas de mal à parler à l'autre adulte avec qui elle semblait plutôt bien s'entendre. Même mieux que bien si elle pouvait dire ou pas si ses yeux toujours scotchés à ceux de l'autre étaient parcourus d'une autre étincelle que celle de l'amusement. Instinctivement, elle baissa les pupilles quand l'autre la regarda en signe de soumission avant de tourner à nouveau la tête vers l'autre.

-Ravie de te rencontrer également. Elle remarqua ne pas savoir son nom. Elle ne lui avait pas non plus demandé mais cela ne faisait rien, probablement qu'ils l'auraient oublié dès qu'ils seront partis, après tout, elle n'était pas de ceux dont on se souvenait, les gens ne s'intéressaient simplement pas souvent à elle autre que pour créer des rumeurs sur elles. 

Elle ne ria pas à la phrase de l'autre mais le regarda avec incrédulité. Entraîné ? Bien qu'elle remarqua par la suite que cela semblait être une blague -il aurait été stupide d’entraîner des gens à manger des glaces- elle prit un certain temps. Elle n'avait pas vraiment de sens de l'humour, elle ne l'avait jamais eu. Surtout parce qu'elle ne comprenait presque jamais ce que les autres disaient, pour elle, les plaisanteries n'en avait jamais été parce que la plupart du temps ça faisait plus mal que les coups. Elle observa sa coupe de glace. Violette. Jolie fleur, fragile fleur. C'était la nature qu'elle mangeait mais cela lui donnait l'impression de se mélanger à elle, de devenir un peu moins dégueulasse quand elle voyait les fleurs, les arbres et l'herbe. Les seules choses qui, à son avis, méritaient chaque sacrifice. Elle tendit sa coupe à l'autre en prenant une petite portion de la sienne après qu'il l'eut proposé, de façon à ce qu'il puisse, s'il le voulait en prendre une partie comme il lui avait proposé pour la sienne. Les deux goûts étaient très différents, celle du Serdaigle avait beaucoup plus de saveur que la sienne et c'était comme si tout avait explosé en même temps dans sa bouche et c'était terriblement étrange de ne pas reconnaître parfaitement tout ce qui composait la glace. 

-J'ai deux cousins, oui, ils entrent à Poudlard cette année. Je ne comprend pas beaucoup le Quidditch, ça ne m'intéresse pas beaucoup mais.. Heu... Je viendrais te voir jouer, si cela te plait.