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05 juin 2018, 20:10
 FANFIC  Cette foutue guerre
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Fanfiction en collaboration avec Cassiopée Malory/Herschel Sherringford

Genre : Aventure


♦ Résumé :

Nous sommes à l'époque de l'ascension du tristement célèbre sorcier Gellert Grindewald. Artémis, une jeune sorcière, est capturée. Pourquoi ? Et qui est Cléon, le geôlier, qui semble bien perdu dans les rangs du mage noir ?

♦ Récapitulatif des chapitres :

I. Où suis-je ?
II. Qui est-elle ?
III. Prête à tout
IV. L'interrogatoire
V. Réveil difficile
VI. Inviolable
...


♦ Protagonistes :
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Artémis est une jeune sorcière de dix-huit ans. Elle mesure un mètre quatre-vingts, possède des cheveux noirs jais coupés au carré et des yeux verts foncés. Son allure est élancée, mais musclée. Elle est forte, débrouillarde et rusée, mais a un cœur mou comme un marshmallow.
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Cléon est un homme de vingt ans. Il mesure un mètre quatre-vingt-dix, et a une corpulence presque maigre. Ses cheveux sont châtains, constamment ébouriffés, et ses yeux sont gris ardoise. Cléon est un lâche. C'est comme cela qu'il se représente. Il a peur de beaucoup de choses, mais cela s'est accru depuis quelques années, avec l'ascension de Grindewald. Il aime bien taquiner et embêter ses proches, et utilise beaucoup l'ironie (lorsqu'il n'a pas une peur viscérale de son interlocuteur).
Dernière modification par Solenn Cooper le 15 mai 2020, 13:13, modifié 10 fois.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

05 juin 2018, 20:23
 FANFIC  Cette foutue guerre
I. Où suis-je ?

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Artémis

Le froid me mord la peau. J'ai l'impression qu'il s’immisce avec une lenteur effroyable en moi. Mes paupières semblent collées l'une à l'autre, mes yeux s'ouvrent avec difficulté. Je ne suis pas chez moi, ce n'est pas ma chambre, pas ma maison. Où suis-je ? Je ne peux pas me relever. Mes jambes ne me supportent pas, depuis combien de temps n'ai-je pas mangé ? Un cliquetis se fait entendre à chaque fois que je bouge mais je ne sais pas d'où il vient, tout est noir.  Le sol est en pierre, j'en suis sûre, mes pieds sont nus et je reconnaîtrais entre mille la sensation de la pierre qui vous rentre dans la plante des pieds. Que c'est-il passé ? J'ai un mauvais pré-sentiment. Des pas résonnes. Je ne sais pas d'où ils viennent, c'est plus stressant que de passer ses BUSEs. Je sais me battre, je peux me défendre sans soucis mais je ne pourrais pas le faire si je ne vois pas mes adversaires. J'ai peur, je suis terrorisée. Pour la première fois depuis des années, je n'ai ni plan, ni options. J'vais crever, j'le sens mal. Les pas se rapprochent, des bruits de sussions les accompagnent comme si les chaussures de l'inconnu collaient au sol. C'est écœurant.

Une lumière me brûle la rétine tellement elle est forte. Vous pouvez pas la baisser un peu, franchement ? Je sais ce qui fais ce maudis de cliquetis. Ce sont des chaînes. On m'a enchaîné au mur comme un clébard, un chien. Et encore, il serait mieux traité. Deux hommes s'enfoncent dans ce qui est -j'en déduis- ma cellule en se bousculant comme deux moutons qui rentreraient à la bergerie. Ils sont laids, Merlin, j'en vomirais. Leurs dents sortent de leur bouche et leur yeux pétillent d'une lueur malsaine. Ils tiennent leur baguette à s’en faire blanchir les jointures. Leur aura est noire, ils sont pourris jusqu'à la moelle par la magie noire. Ils ont déjà tué, c'est marqué sur leur visage. Un plan, vite. J'veux pas mourir ici. Pas dans cette cellule miteuse. Les chaînes qui me retiennent les pieds sont justes assez longues pour que je puisse lever mes jambes à la hauteur de mon visage. Mes bras sont libres. Je devrais pouvoir m'en sortir. Un des deux hommes s'avance vers moi. Il est blond, l'autre est brun. En seulement quelques secondes, il reçoit mon pied dans la tronche et ma main s'empare de sa baguette. Il n'a pas de réflexes et il ose prétendre être un soldat de Grindelwald ? J'ai la baguette, un des geôlier à terre et le deuxième que je menace avec la baguette du premier. Pour l'instant, tout va bien. Mon cœur s'emballe, mes cheveux se collent à  ma nuque et mes poils s’irisent. Si je joue bien, j'vais pouvoir sortir. J'ai jamais aimé les sous-sols. Trop humides et sales.

« -Je veux ma baguette. Où est-elle ? Je crache mes paroles.

  -Dans tes rêves, ma jolie. Sa voix est soyeuse. Horrible »

Je vois un rayon s'avancer vers moi. J'ai même pas le temps d’esquisser un geste pour me protéger qu'une douleur sans nom me tue. J'ai l'impression que des milliards de couteaux chauffés à blanc s'enfoncent dans la tendre chair de mes bras, de mes jambes. Je ne pleure pas, je ne pleurerais pas pour ces personnes qui n'ont d'Homme que le nom. Mon corps est prit de convulsions, il se tortille comme un vers. Je suis pathétique. La voix dans ma tête me souffle encore et toujours les mêmes mots. « Regardes toi, tu t'inclines devant des moins que rien. T'as pas honte ? » J'ai l'impression que j'vais mourir. Aucun mot n'est assez fort pour montrer à quel point la souffrance est grande. C'est comme si mon cœur allait exploser dans un souffle brûlant digne de l'éruption du Vésuve. La douleur s'arrête aussi soudainement qu'elle a commencé. L'Endoloris. Je suis sûre que c'est ce sort. Y'en a pas trente-six mille qui auraient cet effet là. Le blond se relève et m'arrache des mains sa baguette avec de me flanquer un coup dans l'estomac. J'y étais presque. J'aurais pu réussir, si seulement au lieu de discuter j'avais lancé un sort cuisant au brun encore debout. Mais je l'ai pas fais et les deux referment la porte qui grince horriblement sur ses gonds. J'ai pas réussi à m'enfuir et c'est entièrement de ma faute.

Me revoilà au point de dépars. Dans la pièce noire. Plus aucun bruit n’atteint mes oreilles. Comment j'en suis arrivée là ? Je me souviens partiellement d'une attaque dans mon village et d'une douleur à la tête. On m'a assommé. Ils ont tout détruit sur leur passage. Tué des enfants et des vieillards innocents juste parce qu'ils me voulaient. Et le pire, c'est que le sacrifice de ces gens n'aura servit à rien, puisqu’ils ont fini par m'avoir. Tout ça à cause d'un foutu don. Voir les auras. J'en suis la seule capable et Grindelwald le sait. Il sait aussi que ce don me permet de faire des choses spécifiques. Mais il ne saura pas lesquelles. Je dirais rien. La révolution qu'il entreprend ''pour le lus grand bien des sorciers'' est une véritable tuerie. Elle ne peut même pas imaginer le nombre de personnes qui ont déjà perdu la vie. Il n'a aucun scrupule, tue même le plus jeune des nourrisson pour préserver la race des sorciers. Il est affreux. Juste un cloporte qu'on rêverait d'écraser. Malheureusement, j'en suis incapable. Je n'ai pas de baguette, pas de repères et -cerise sur le gâteau- je suis attachée à un mur dans une pièce noire sans aucun moyen de me dégager de ces chaînes de fer. Mon dos glisse le long du mur. Tout est fini. Je vais mourir ici, sans jamais avoir rien connu de la vraie vie.

Je m'appelle Artémis, j'ai 18 ans et je vais mourir dans une guerre qui ne sert à rien. Pour une cause perdue d'avance. 

Moi ? Je n'fume pas, je n'bois pas, mais je M.L. Chacun son truc.
Mascotte Officielle des Crochets d'Argents, laissez passer s'il vous plait.

05 juin 2018, 20:33
 FANFIC  Cette foutue guerre
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Cléon


Baguette à la main, j'arpente le couloir, m'ennuyant plus qu'autre chose. Il n'y a pas grand-chose à faire ou à voir, et le peu de personnes que je croise sont soit des prisonniers, qui, après qu'ils aient parlé se font tués, soit les bourreaux. Ces derniers sont réellement sans cœur, et prennent un malin plaisir à torturer les victimes avant de les liquider. Et moi, je dois entendre les cris qui ne s'arrêtent jamais, campé dans ces maudits couloirs sombres et malodorants. Des pas se font entendre de le petit escalier aux marches pleines de mousse qui mène à l'immense maison réquisitionné pour les « affaires » de Grindewald. Oh. Abruti 1 et Abruti 2. Deux tueurs plus moche que tout qui adorent leur métier. De toute façon, ils ne pourraient faire autre chose. Ils sont stupides, et adorent terroriser tout le monde. Abruti 1, le blond, me pousse d'un coup d'épaule sans ménagement, un sourire malsain aux lèvres. Merlin qu'il sent mauvais. Le savon, vous connaissez les gars ? L'autre, Abruti 2, me lance alors de sa voix désagréable :

-Cléclé, tu t'ennuies pas trop ?

Je ne lui réponds pas. Il ne le mérite pas. Les deux singes continuent leur route, et disparaissent de ma vue après le virage. Leurs pas continuent. Ils vont jusqu'au dernier cachot. Une fille a été amené, il y a quelques temps. J'étais pas là, je m'occupais de la destruction d'un village. Plus exactement, j'ai assisté à la destruction du village. Mon père est peut-être un homme à la solde de Grindewald, pour ma part, je n'apprécie pas vraiment ses manières. Ce que fait cet homme est horrible. Il tue sans autre raison que d'après lui, les sorciers sont supérieurs aux moldus. Mais je ne suis pas assez courageux pour m'engager dans quoi que ce soit. Je suis un lâche. C'est ce que me répète mon père, chaque jour. Et c'est vrai. Je ne pourrais jamais faire quelque chose d'autre que surveiller les prisons.
Un hurlement de femme se fait entendre. Les deux hommes font encore joujou de leurs baguettes.  Ils en ont mis du temps, cette fois-ci. Très vite, le bruit s'arrête, et le duo entre dans mon champ de vision quelques temps après. Ils n'ont pas l'air de bonne humeur, et, au fond de moi, j'espère que la fille leur en a fait un peu baver. C'est sûrement pour cela qu'ils l'ont puni. Le plus souvent, ils essayent de garder dans un état convenable les sources d'informations avant de les questionner. Abruti 2 aperçoit mon air satisfait. Plus pour longtemps. Il me plaque contre le mur de tout son poids. Je ne peux rivaliser avec mon corps maigrelet et faible, alors que lui est musclé et lourd. Je suis seulement un peu plus grand que lui, mais cela ne sert pas à grand-chose. Il me menace de sa baguette noir ébène, me la plantant dans le cou. Il est si proche que je sens son haleine fétide, je manque presque de m'évanouir.


-Tu te moques de nous ?

Terrorisé, je réponds négativement de la tête. Satisfait de ma réponse et de ma peur, il me lâche et ricane. L'autre lance alors :

-Tu t'es pas fais dans ton froc au moins ?

Ils enchaînent un rire gras et sortent du sous-sol. Je masse longuement mon cou endolori. Lâche. C'est ce que je suis.
Une heure passe, et l'ennui s'installe. Il n'y a presque aucun prisonnier, et la plupart sont presque mort. Je décide alors d'aller voir la fille. Elle m'intrigue. Les autres en ont pas mal parlé, hier, lorsqu'elle est arrivée. Je regarde autour de moi, comme pour m'assurer que personne ne me voit, n'ayant pas vraiment le droit de bouger de mon poste, ce qui est absurde car il n'y a jamais personne. Je m'avance dans le couloir, mes pieds traînent et dérangent la poussière sur le sol de pierre. Je passe près du cellule, et une main attrape mon pied. Ma main s'abat contre ma bouche pour ne pas hurler et ameuter tout le monde. Une voix presque inaudible sort de l'ombre. A manger. Si seulement je pouvais lui donner ce qu'il souhaite. Je m'excuse, puis continue mon chemin, quoique un peu moins sûr de moi. Si la fille est aussi effrayante que celui-là, je pense que je vais réellement me faire dessus...
J'arrive aux barreaux de sa prison. Au tout début, je n'aperçois rien, seulement la nuit. Je sors ma baguette au bois clair, et prononce la formule de lumière. Une lueur bleue envahit l'endroit, et, en fronçant les sourcils, je parviens à distinguer une forme. La fille est assise, adossé contre le mur sale. Ses cheveux sont complètement ébouriffés, et ses vêtements simples arrachés. Elle a l'air épuisé. C'est l'effet que laisse sur les gens Endoloris. Je m'y connais, j'en ai vu plus d'une dizaine passer, portés à moitié par Abruti 1 et 2 pour aller parler aux supérieurs. Elle n'a pas l'air réveillé, ou alors fais semblant, impossible de savoir. Je n'ose pas prononcer un mot. Je repars en silence à mon poste. Je m'adosse à un mur, et soupire longuement.


Je m'appelle Cléon, j'ai vingt ans, et je suis geôlier au service d'une cause monstrueuse.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

23 juin 2018, 21:11
 FANFIC  Cette foutue guerre
II. Qui est-elle ?


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Cela fait trois jours que la fille est arrivée. Trois jours. Abruti 1 et 2 l'ont même laissé se reposer pendant son séjour et la nourrissent plus que les autres pensionnaires. Je le sais, c'est moi qui m'occupe de donner leur ration. C'est ahurissant. Et ça m'intrigue. Pourquoi elle ? Qu'a-t-elle de spécial ? L'ordre de la tenir en vie doit venir des supérieurs, les deux hommes aiment trop voir souffrir leurs victimes pour faire cela. Me sortant de mes rêveries, des pas lourds et pressés se font entendre. Tiens, quand on parle du loup. Un vicieux sourire s'étire sur les lèvres du blond, tandis que le brun raffermit sa prise sur sa longue baguette. Ils préparent un mauvais coup, je le sens. Ils ont toujours cette horrible expression avant d'aller à la pêche aux informations. Abruti 1 me pousse sans ménagement, juste pour le plaisir, et les deux monstres continuent leur chemin, disparaissant dans le virage. Je reprends ma ronde, sifflotant sans réfléchir. Des cris se font entendre, et j'aperçois de nouveau les hommes, qui tiennent difficilement la fille. Elle se débat comme elle peut, proférant des insultes, et donnant des coups de pieds. Mais même si elle est forte, Abruti 1 et 2 sont quatre fois plus musclés qu'elle. Ils ne semblent presque pas ressentir de douleur. Ils la font monter les escaliers, et de nouveau, je me retrouve seul. Génial. Silencieusement, je prononce mes vœux d'adieux. Les prisonniers qui montent ne redescendent jamais. Une fois les secrets livrés, Grindewald, ou un de ses sbires, tue les pauvres personnes. Un rire froid s'échappe d'une cellule. Sans conviction, je tape aux barreaux et lance :

-Tu sais très bien ce qui va t'arriver si tu continues à faire du bruit. Alors, ferme-là.

Le rire s'intensifie, et je ne puis m'empêcher de grimacer. Si quelqu'un l'entend, je suis bon pour me faire engueuler.

-Ouais, comme la fille, lance l'homme.
-Exactement.
-Elle est jolie, hein ?

Je ne réponds pas. Parce que, bien sûr qu'elle est jolie. Elle est même très jolie. Magnifique. Mais elle va mourir, alors à quoi ça sert de parler d'elle ? Mais l'homme, complètement vidé de tout, semble vouloir parler, encore et encore. Il a l'air de se raccrocher à cette seule pensée, pour ne pas sombrer.

-Si j'avais eu ton âge, j'peux t'dire...

Je lève les yeux au ciel. Nous sommes en temps de guerre, je ne vais pas m'amuser à flirter avec des prisonnières ! De toute façon, je n'oserais jamais parler à une fille aussi jolie, quelque soit le contexte. Je demande une dernière fois au détenu de se taire, puis recommence à vadrouiller sans but dans les longs couloirs malodorants.
Je suis assis à même le sol, mes yeux parcourant inlassablement le plafond d'où sort bon nombre de plantes. Une voix me tire de mes pensées. Mon nom. On m'appelle. Je me lève en vitesse, manquant de tomber, et m'élance dans les escaliers glissants. Enfin. Je sors. Je me retrouve dans la luxueuse maison. La voix recommence, encore plus forte. Il faut que je me dépêche. J'arrive au salon, qui est  la salle d'interrogatoire, et l'aperçoit. La fille. Elle n'est presque plus belle, toute recroquevillé sur elle-même. Un homme se retourne, et, avec un air presque blasé, me demande :


-Pourrais-tu, Cléon, nous débarrasser ?

Mon père est odieux. Lorsque j'étais jeune, il prenait plaisir à me battre, ainsi que ma mère. Pour mon bien, qu'il disait. Mais malgré tous mes ressentiments, je n'ai jamais eu le cran de m'opposer à lui. Alors, je m'avance vers la fille, et la prend tant bien que mal dans mes bras. On dirait une poupée de chiffon. Elle est molle, sans forces, mais est restée consciente. Comment fait-elle ? Il me fait un geste empli de dédain qui signifie que je peux m'en aller, et je ne m'en prive pas. Je m'éloigne, tandis qu'un autre homme entre. Mon père et lui s'engagent dans une conversation endiablée, de laquelle je ne saisis que les quelques mots : « fille », « secrets », et « réessayer ». La fille est lourde, et le fait que ses pieds traînent par terre ne m'aide pas. Je traverse péniblement l'immense salle, et ouvre la petite porte amenant aux cachots. Je m'arrête, mes yeux glissant sur les escaliers. Comment vais-je faire ? Alors, dans un grognement d'effort, je prends les jambes de la fille d'un bras, et passe l'autre sous ses aisselles. Un véritable prince charmant, si ce dernier ne suait pas aussi abondamment. Je pourrais tout à fait utiliser mes pouvoirs pour la faire voler, mais quelque chose m'en empêche. C'était comme cela que mon père m'amenait dans la petite pièce, où il me tapait. J'avais juste l'impression qu'il m'attrapait comme un animal. Et maintenant, je ne veux pas le faire vivre aux autres. Alors plutôt me ridiculiser à les porter comme un vulgaire moldu. Tant pis. Le chemin jusqu'à sa cellule paraît si long. Je dois m'arrêter de nombreuses fois, sentant mes muscles se tendre. Nous arrivons enfin jusqu'aux barreaux, qui sont encore ouverts. Je les pousse d'un coup d'épaules, et pose le plus délicatement possible la fille. Sa tête tape un peu contre le sol, et une grimace emplit mon visage.

-Désolé...

Je me relève, ne sachant que faire. Je ne veux pas la laisser comme cela, elle n'a pas l'air bien. Je lui propose à boire, et, sans attendre sa réponse, vais chercher un pichet d'eau vide qui se trouve en face de sa cellule, et le remplit grâce à la magie.

-Tiens. Ça va ? Ils ont pas trop insisté ?

Je pose l'objet près d'elle. Une sorte de légère curiosité me prend. Pourquoi s'acharnent-t-ils sur elle ?

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

23 juin 2018, 21:44
 FANFIC  Cette foutue guerre
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Je sais même pas depuis quand je suis ici. J'ai appris à reconnaître cette cellule miteuse, à l'aimer aussi. Elle me protège des soldats de Grindewald , au moins un peu. On me nourrit, me parle. Mais on ne me lave pas, pas question de toucher aux biens du seigneurs, qu'ils me disent. Du pain sec, de l'eau, une pomme. C'est déjà un bon repas. Je sais pourquoi ils ne me traitent pas comme les autres. J'ai quelque chose qu'ils veulent avoir, qu'ils veulent comprendre. Je dois être en bon état s'ils veulent réussir à me soutirer des informations. Mais je ne dirais rien. Plutôt mourir que de trahir une cause pour laquelle cela vaut, de se battre. Je trahirais pas les gens qui m'attendent dehors. Je sais qu'ils savent que je suis importante. J'ai même espéré qu'ils viennent me chercher. Mais dans une guerre, on ne revient jamais chercher les prisonniers. On se prépare juste à se défendre contre le mal une fois qu'il aura mit la main sur les informations qu'il voulait. Aussi importante qu'est mon rôle dans cette guerre, je ne reste qu'une fille, presque un enfant. Et personne ne croit en moi. Le leader de la paix ne me connaît même pas. J'avais seulement une mission, utiliser mon don pour sauver les autres. Mais je n'ai rien réussi. Mon village a été détruit, les habitants décimés et le pire, mon existence découverte au monde. J'aimais ma vie, j'étais bien, une inconnue du grand public. Mais il a fallut que je me batte contre les soldats quand ils sont arrivés. Il a fallut que ma mère crie que je devais cacher mon don. Il n'a fallut que ça pour qu'ils comprennent et qu'ils m'embarquent. C'est marqué dans les livres d'histoire. Le pouvoir de voir les auras. Je protège son secret. Et le ferais jusqu'à la fin. 

Je suis sûre que, quand je sortirais -si un jour je le fais- et c'est pas gagné, je pourrais écrire un bouquin de toutes les choses qui se sont passées après qu'on soit venu me chercher dans ma prison de pierres. Je m'en souviendrais toute ma vie. On oublie jamais un truc comme ça, ça te reste gravé dans la tête. Je pourrais décrire avec précision étonnante le bruit de la porte qui s'ouvrait. L'odeur nauséabonde qui se dégageait de ces deux soldats, les mêmes que la première fois. Je pourrais tout décrire. Ces heures resteront à jamais gravées dans ma tête. Je souhaite à personne ce que j'ai vécu dans cette pièce, entourée de tout ces gens au sourire malsain. Je ne veux plus jamais ressentir ça encore une fois. Mais, au moins, je suis soulagée. Même s'ils ont été tués, les autres ne vivront jamais ça. Le destin est horrible et la vie, une garce. J'aurais aimé mourir. Bien plus que de rester en vie. Je n'ai rien dis, ils reviendront à coup sûrs. Ils veulent ces informations, et ils feront tout pour les avoir. Leur aura noir encre parle pour eux. Je n'ai fais que repensé à ce moment, une fois dans ma cellule. Je n'arrête pas de me dire que j'aurais dû faire quelque chose. Essayer de m'enfuir ou abattre ce soldat. Ça en aurait fait un de moins. Quand on fait un choix, on ne sait jamais si c'est le bon. Moi même ne sait pas encore si celui que j'ai fais m'apportera quelque chose de bon, un jour. Des fois je me dis qu'il serait préférable que j'en tue un ou deux, mais je n'ai jamais pointé ma baguette sur quelqu'un dans le but de faire du mal. Je ne l'avais jamais fait, jusqu'à ce que j'en ai besoin pour survivre. Je me dégoûte. J'ai la capacité de voir les auras. Même la mienne. Elle était blanche, et maintenant, elle commence à devenir carmin. Je sais que si jamais j'utilise un impardonnable, elle deviendra noire. Je le sais, et ça me fais peur. Je ne veux pas voir cette couleur sur moi jusqu'à ma mort.

Même si je dois continuer à me faire trimbaler comme je l'ai fais plus tôt. Ces deux hommes m'ont chopé les bras pour me traîner dans les couloirs. Comme un chien qu'on amènerait à la SPA. On le maltraite, on en a rien à foutre qu'il se fasse mal. J'ai frappé, j'ai essayé de m'enfuir, mais ça n'a pas marché. Ils étaient beaucoup plus costauds que moi. Si j'avais su, je n'aurais pas arrêté de me débattre. Peu-être auraient-ils finit par me lâcher ? J'ai tout de suite su qu'il allait se passer un truc de mal quand  on m'a balancé dans cette pièce remplie à ras bord d'auras noires. Plus encore que ne le serait la nuit. Et j'ai su que mon intuition avait vu juste qu'on on m'a ordonné au Doloris de dire ce que je savais. Mon corps priait que je le dise. Mon esprit aussi. Mais mon cœur a tenu bon. Il a supplié, pleuré, hurlé. Mais il n'a rien dit. Je ne suis pas forte. Et je ne le serais jamais. En boule contre le mur, j'entends à peine quelqu'un entrer. Mais je sens qu'on me porte, et je ne peux m'empêcher de tressaillir. Je déteste les contacts. Encore plus maintenant. On me porte à bout de bras et je lutte pour ne pas dormir. J'ai peur de ne pas me réveiller. Ma tête tape sur le sol. Et il est désolé. Pourquoi ? Je suis une prisonnière. Pas de quartier avec les prisonniers. Il a pas l'air d'être méchant. Je m'empare du pichet qu'il pose devant moi et avale goulûment l'eau. On dirait un animal. Une bête. Il aurait pu empoisonner l'eau. Mais il ne l'a pas fais. Je dois être plus vigilante.

« -Tu ressembles pas à un soldat. Je le vois dans ton aur... Merde, j'ai faillit dire un truc de mal. La fatigue m’englue le cerveau. Je ressemble à un malade drogué aux calmants. Ton regard. T'es trop pur pour être méchant. On ne fait pas toujours les bons choix.

Je me recroqueville avant de me jeter à son coup. Il tombe à la renverse, moi sur lui et mes mains sur son coup. Je lui tape la tête par terre avant de lui prendre sa baguette. Même s'il a pas l'air méchant, c'est sûrement un appât. Un mec pur qu'on envoie au devant pour attirer les gens. Ils ne m'auront pas comme ça.

  -Vigilance constante.

J'ai la baguette et suis en position de force. Mais je ne connais pas l'endroit, probablement y a-t-il des soldats partout. Je plaque ma main sur sa bouche. Un silencio aurait fait la même chose mais on ne sait jamais. Peu-être y a-t-il un sort de détection magique.

  -Tu m'aides à sortit, et j'te laisse en vie. T'as le choix. Soit, tu crève dans cette cellule miteuse, soit tu sors. »

Mes bras me font un mal de chien. La fatigue consume mon corps. Si je reste un jour de plus ici, ce n'est pas la torture qui me tuera.

Moi ? Je n'fume pas, je n'bois pas, mais je M.L. Chacun son truc.
Mascotte Officielle des Crochets d'Argents, laissez passer s'il vous plait.

24 nov. 2018, 11:12
 FANFIC  Cette foutue guerre
III. Prête à tout


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La fille attrape le pichet d'eau plus vite que son ombre. Des gouttes lui tombent sur le menton, laissant une trace de peau claire. Lorsqu'elle me parle, après avoir bu presque toute l'eau, sa voix semble ne pas lui appartenir. Elle est trop dure, trop cassante, elle ne va pas avec son physique de jolie femme. Elle doit sûrement essayer de se rendre plus méchante qu'elle ne l'est. Je hausse les épaules, sans savoir quoi réellement répondre. C'est la stricte vérité. Puis, tout s'enchaîne très vite. Un animal sauvage se jette sur moi. Non. C'est la fille. Ses mains sales encerclent mon cou, sans chercher réellement à me faire du mal, plutôt pour me faire peur, mais instinctivement, je suffoque, mon cerveau ne réfléchissant plus. La terreur m'envahit. Je ne veux pas mourir. Pas tout de suite, du moins, j'ai encore tant de choses à vivre. En réalité, pas vraiment. Ma vue se brouille quelques temps et une douleur aiguë me monte à la tête. Cette folle me prend ensuite ma baguette, et je ferme les yeux. C'est fini. Elle va me tuer, puis sortira de sa cellule pour se faire tuer ensuite arrivée en haut. Mais son geste m'arrête dans ma prière finale. Elle a plaqué sa main contre ma bouche. Chose tout à fait désagréable, vu son niveau de crasse, mais passons. Alors, de sa voix affaibli par la torture, elle me propose un ultimatum. Si je n'avais pas été aussi mort de peur, je pense que j'aurais éclaté de rire. Elle pense vraiment, que grâce à moi, elle pourrait sortir ? Sérieusement ? Je prends du temps à répondre, mais c'est seulement pour arriver à me calmer. Puis, je hoche la tête. Dans les deux cas, j'ai trop de chances de mourir, alors autant aider la personne qui se rapproche le plus d'une rébellion. Même si je ne pourrais jamais faire partie d'une organisation comme cela. Un silence étrange nous envahit, comme évocateur de danger. Et justement, des bruits de pas se font entendre. Mes yeux s'écarquillent et se plantent dans le regard de la prisonnière. J'essaye de la persuader avec mes yeux effrayés, mais je n'ai aucune idée du résultat. Il faut qu'elle comprenne qu'elle doit absolument me lâcher si elle veut qu'on survive tous ! En me concentrant, j'arrive à entendre quatre jambes qui arrivent. C'est les Abrutis ! J'enlève de toutes mes forces ma main de sa bouche, et murmure :

-Tu veux qu'on meure ? Ma baguette !

Je la lui prends des mains de toutes mes forces, et me relève, le plus vite que je peux, sur mes jambes flageolantes. Elle m'a foutu une telle trouille que je tremble de tout mon corps. Espérons que les deux ne s'en rendront pas compte. Je sors de la cellule, et la ferme d'un grand coup, le plus fort que je peux. Les grilles de fer claquent, et je lance un sort pour fermer à double tour la grille. Au même moment, les Abrutis arrivent. Ils doivent sûrement se demander pourquoi je referme la cellule de la précieuse. Le premier, pour rire, me lance :

-Bah alors, tu t'amuses avec elle ?

Un rire goguenard s'échappe de sa bouche dégoûtante, mais je ne réponds rien, ne souhaitant pas le provoquer. Le deuxième le fait pour moi. Il met une main sur le gros bras de l'autre. Ils s'avancent vers moi, et Abruti 2 me prend par le col de ma chemise. L'ogre me colle contre la grille, qui gémit, et me souffle, de son haleine puante :

-On ne doit pas ouvrir sa cellule. Ordre d'en haut.

En disant cela, il fait un signe avec sa tête moche, pour montrer le plafond. Je marmonne un : Compris... Bien piètre, en baissant les yeux, puis il me relâche d'un coup, me faisant presque tomber. Je lance un dernier regard impuissant à la fille, dans sa cellule, puis vais rejoindre mon poste de surveillance, un peu plus loin. Mes jambes sont toujours tremblantes, et je me laisse glisser contre le mur de pierre. Ce que je viens de vivre m'a fatigué, et maintenant me travaille encore plus qu'avant. Les Abrutis doivent savoir quelque chose que je ne sais pas. C'est sûr. Sinon, pourquoi m'interdiraient-ils ouvrir sa grille, chose que je fais pour la plupart des autres prisonniers. De plus, ils me détestent trop pour ne pas risquer ma vie. Il y a quelque chose que j'ignore, et ça me dérange. Plus j'évalue la situation, et plus la solution me paraît claire. Il faut que j'obtienne mes informations de la prisonnière, et non des Abrutis, qui ont sûrement déjà oubliés pourquoi elle est si étrange. S'ils le savent. Non. Impossible. Mon père n'a pas confiance en ces deux hommes, qui, dès qu'ils ont trop bu, peuvent te parler de quoi que ce soit. Il a dû leur filtrer les informations. C'est évident. Qui dirait la stricte vérité à deux personnes comme eux ? Ils doivent juste avoir reçu des ordres, et n'ont même pas été capable de se demander pourquoi on ne devait pas ouvrir sa cellule.
Des pas retentissent sur les parois en pierre, et je me relève. Les Abrutis ne me jettent pas un seul regard, mais je les interpelle, avec tout le courage que je puisse puiser au fond de mes tripes.

-Hé ! J'me demandais... Comment je fais pour la nourrir si on ne doit pas ouvrir sa cellule ?

Question stupide. Mais leurs cerveaux se mettent à surchauffer, et l'un deux me répond abruptement :

-On revient.

Il disparaisse dans la petite porte, et le silence retrouve sa place. Quelques minutes plus tard, ils redescendent, et Abruti 1 me sort :

-Faut qu'tu lui lances Petrificus Totalus avant d'entrer.
-Oh ! Très bien, merci !

Un grognement plus tard, ils ont déjà disparus. Je soupire, et me rassoie. L'interrogatoire attendra demain, je suis trop fatigué.
Dernière modification par Solenn Cooper le 24 nov. 2018, 11:14, modifié 1 fois.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
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24 nov. 2018, 11:14
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Il est partit comme un lâche. Pensais-je vraiment le contraire de lui ? Même pas, en fait. S'il n'était pas un lâche, il n'aurait pas cette aura blanche comme l'ivoire seulement tachée d'une petite tâche noire, comme un dalmatien. Un petit chiot, c'est ce à quoi il ressemble. Il est paumé ici, pas besoin d'un don pour le voir, alors pourquoi ils ne l'ont pas tué comme tous les autres ? Il doit avoir quelqu'un qui tient un minimum à lui. Connaissant ce monde, celui qui le fait doit se croire capable de changer ce garçon en dur à cuire. Je leur souhaite vraiment bonne chance, il ne peut pas faire le mal, je le sais pertinemment. Il tremblait presque de peur de s'être fait découvrir dans ma cellule. Il baisse la tête devant les hauts placés et pourtant je sais qu'il est le seul à pouvoir m'aider à sortir de là pour la simple est bonne raison qu'il semble être le seul à ne pas vouloir m'égorger comme une volaille. Il faut que je trouve un plan, quelque chose que personne ne soupçonnera capable de réussir mais qui, justement, le fera puisque leur vigilance sera trompée. Foncer dans le tas semble être une bonne idée mais, tant que l'on ne m'aura pas donné plus qu'une miche de pain pour la semaine, je serais incapable de courir assez vite et longtemps pour sortir du manoir. Rajoutons à ça que je n'en connais pas les plans, cette solution est impossible à réaliser. Faire semblant de me rendre ne marcherait pas, j'ai encore espoir qu'ils ne soient pas assez abrutis pour comprendre au premier coup d’œil que c'est une ruse et je doute qu'une évasion à la force de mes bras puisse fonctionner. La seule option qui ne semble pas impossible est celle qui consiste à creuser petit à petit le mur de ma cellule à la cuillère mais je doute être encore en vie quand j'aurais fini et la guerre serait très probablement encore plus mortelle qu'aujourd'hui, c'est pour cela que je dois sortir d'ici le plus rapidement possible. Et, même si je déteste me le dire, je suis obligée de faire confiance à ce petit soldat qui ne semble pas du tout en être un. Je suis dans la merde et je n'ai même pas ma baguette, même si je sors, si je ne l'ai pas je ne pourrais rien faire.

Je dois sûrement ressembler à une folle à rester silencieuse pendant des heures avant de me mettre à hurler comme cela sans vraiment en avoir le besoin. Je secoue les barreaux, hurle de toute ma voix qu'on me rende ma baguette mais personne ne vient, ni au début, ni deux heures plus tard quand ma voix se brise et que ma gorge me brûle plus que lorsque j'avais mis ma main sur les flammes dans la cheminée chez Mama et qu'elle avait dû s'occuper de moi pendant presque un mois puisque je ne pouvais même plus plier mes doigts. Elle me manque et je sais que c'est de ma faute si elle n'est plus là. Peut-être que j'aurais pu la revoir un jour si elle ne s'était pas entêtée à me protéger contre tout ces sorts qui fusaient quitte à se faire toucher par un flash vert à ma place. Je ne me pardonnerais jamais de ne pas m'être rendue mais, après qu'elle soit morte, je n'ai pas voulu le faire sachant qu'elle serait morte pour rien si je l'avais fais mais, en plus de n'avoir servi à rien puisque j'ai quand même fini dans c'te cage, cela a juste entraîné d'autres morts que j'aurais pu éviter si je n'avais pas été si égoïste.

Je n'ai plus rien, plus de maison ni de famille, plus de baguette ou d'espoir. Qui me dit que ce petit soldat ne va pas aller voir son maître pour lui raconter comment sa fugitive veut fuir pour se faire bien voir ? Peut-être cachait-il beaucoup mieux son jeu que je ne le pensais. Je ne sais même pas pourquoi je veux sortir d'ici mais je dois le faire, je n'ai pas le choix. Si je ne le fais pas, je deviendrais sûrement esclave de mon propre don, obligée de l'utiliser tous les jours pour une cause aussi ignoble que la nausée qui me remonte dans la gorge. J'ai vraiment envie de pleurer mais mes larmes se sont taries depuis longtemps. J'aurais dû compter les jours depuis mon arrivée, j'ai l'impression de devenir folle et que chaque jour se répète toujours, encore et encore, comme si le monde était monté sur un retourneur de temps.

-'tain, fais moi sortir de là, dalmatien. Je souffle.

Le garde venu me faire taire me regarde étrangement. Je suis sûre qu'il ira voir les gens en hauts pour leur dire de tuer tous les chiens de cette race pour être sûr qu'ils ne soient plus une menace sans vraiment comprendre pourquoi j'ai dis ça. Comment peuvent-ils être aussi idiots ? J'espère tellement que la guerre se finira bientôt, que tout reviendra à la normale. J'aimerais tellement qu'on me dise que tout cela n'est qu'une blague, que personne n'est mort et que tout ça n'est qu'un cauchemar mais je sais que ce n'est pas le cas et ça fait mal. La douleur seule me montre à quel point tout cela est réel.

-Tic Tac, Tic Tac....

Comme si j'étais une bombe prête à exploser et que le son qui sort de ma gorge en est la preuve, le garde me jette un sort et je comprend avec horreur qu'il m'a rendu muette et que je n'ai aucun moyen de l'inverser. Si un regard pouvait tuer, il serait déjà six pieds sous terre, une dague enfoncée dans le dos. Mais je n'ai pour arme que mon regard et il est inoffensif contre ces sorciers qui n'ont d'humains que le noms. Des sorciers à l'aura noire comme le charbon.
Noire comme la mort.

Moi ? Je n'fume pas, je n'bois pas, mais je M.L. Chacun son truc.
Mascotte Officielle des Crochets d'Argents, laissez passer s'il vous plait.

26 janv. 2019, 21:07
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IV. L'interrogatoire

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Elle hurle. Elle ne fait que hurler depuis quelques minutes. Je suis assis à ma place habituelle, pas loin de l'entrée, ou de la sortie, cela dépend du point de vue. Ma tête me fait presque mal avec cette voix qui cherche à se péter les cordes vocales. Dans son cri, sa voix se casse quelque fois, mais elle ne s'arrête pas. En face de moi, il y a Arthur, un homme dont j'ignore tout. Il n'est pas souvent là, il dit qu'il n'aime pas la poussière de la cave. Comme si moi j'appréciais. Il ne parle presque jamais, sauf pour hurler sur les prisonniers. Je ne saurais pas non plus dire son âge. Indéfinissable. Comme son tempérament. Je le regarde discrètement. Il est là, son visage impassible, comme si la voix qui cogne contre les murs pour arriver pleine d'écho jusqu'à nous ne l'atteint pas. Alors, il se lève. Je sais très bien ce qu'il va faire, et je ne peux m'empêcher de lui lancer :

-Fais gaffe, c'est la protégée.

Pourquoi ? Elle n'est rien pour moi, elle a même essayé de me tuer. Mais c'est peut-être ce mystère qui l'entoure qui me force à réagir de cette manière. Arthur lève un sourcil, et hoche la tête. Il s'enfonce dans le couloir, et disparaît de ma vue. Les cris s'arrêtent, mais ceux d'Arthur ne se mettent pas à résonner dans ma tête. Il a du vraiment prendre mon avertissement au pied de la lettre. Il réapparaît ensuite, et s'assoie en face de moi, en grommelant :

-Et ben... Leur protégée a un problème... Un gros problème... Avec les dalmatiens...

Je ne pose pas de questions et me lève en époussetant mon pantalon marron. J'annonce au vieux que je vais me dégourdir les jambes, et m'enfonce dans le tuyau. Il faut que je sache. J'arrive vite vers la cellule convoitée, et me réjouit que les autres à côté ne soient pas occupés. Je m'approche suffisamment pour qu'elle m'entende quand je chuchote, mais pas assez pour qu'elle puisse m'attraper. Elle est peut-être belle, elle me fait bien trop peur. Je reste quelques secondes silencieux, puis murmure :

-Pourquoi t'es là ?

Elle me lance un de ses regards tueurs dont j'ai déjà pu faire l'expérience, bien pire que ceux de mon père, et me demande :

-Quoi ? T'es v'nu m'interroger toi aussi ?

Je lève les mains, comme pour essayer de la calmer. Je ne l'aiderais en aucun cas si elle continue à m'agresser verbalement comme cela.

-Je suis venu en paix, faut me répondre pour que je t'aide.
-J'suis là parc'que j'ai un truc qu'ils veulent, elle répond avec réticence, comme si elle a peur d'en dire trop et de se trahir.

Elle s'assoit alors dans sa cellule, et me demande :

-Tu vas m'aider à sortir, dalmatien ?

Je souris légèrement, et marmonne :

-Qu'est-ce que t'as avec les dalmatiens ?

Puis, sans vraiment m'en rendre compte, je m'approche pour toucher les grilles sales et rouillées.

-Qu'est-ce que t'as de si précieux ? je demande

C'est vrai ça. Pourquoi ils la gardent si précieusement, et surtout, si longtemps. D'habitude, elle aurait déjà reçu bien plus de Sortilèges Impardonnables. Mais là, rien. Elle renifle d'une façon très peu féminine et me répond :

-C'est pas moi l'dalmatien, c'est toi.

Je lève les yeux au ciel, autant pour sa façon de parler très peu élégante et aussi pour cette façon de ne pas comprendre ce que je lui dis. Elle se lève alors et s'approche. Elle est si près, d'un coup. Je peux sentir son souffle, elle lève sa jolie tête sale pour me regarder les yeux, et moi, je baisse la mienne pour me rendre compte de ses yeux vert. Elle est vraiment belle. Merde. Il ne faut pas que je tombe sous son charme.

-Un truc. Pourquoi j'te l'dirais ?

Je peux maintenant voir son visage bien mieux. Et moi, le jeune homme qui n'ait jamais attiré les filles, je peux vous dire que je n'avais jamais vu une fille d'aussi près, à part ma mère. Et... C'est plutôt agréable. Mais déroutant. Elle peut tout lire ce qui se passe dans mon regard, peut détecter tous les petits signes de mon visage.

-Tu veux que je t'aide ? Alors on fait un marché. Tu me dis, je t'aide.

J'ai tellement envie qu'elle me le dise. Qu'elle m'avoue quelque chose, n'importe quoi, tant que cela m'apprend plus de choses sur elle. Elle me toise, me juge. Me fais-tu confiance, Artémis ?

-Comment j'peux savoir que tu dis la vérité ?
-Hé, j'ai tout à perdre en essayant de te faire sortir.

Elle s'approche encore un peu de l'autre et entoure deux barreaux de ses mains, frôlant mes vêtements.

-Et t'as quoi à gagner ? On propose pas de crever pour sortir quelqu'un si on a rien à gagner en retour. Tu veux un truc de moi ?
-Oui. Que tu me répondes.

Et là. On reste quelques secondes sans parler. Je veux voir comment elle réagit, et le fait qu'elle soit si près de moi commence seulement maintenant à me déranger d'une manière étrange. Le sentiment qui m'habitait a disparu, d'un seul coup. Je me recule et marmonne :

-Tu ne sais rien de moi. Tu ne sais pas si ma vie vaut la peine d'être perdue ou non.

Parce que je suis prisonnier moi aussi. Prisonnier de cette maison digne des Enfers. Prisonnier de mon père. Prisonnier de cette guerre, comme tous les sorciers.

-Ça t'apportera rien. Rien que des ennuis.

Elle ne se recule pas. Elle est toujours là, le visage trop près de ces barreaux infectés de je ne sais quelle maladie. Puis, Artémis tend sa main, et attrape mon bras.

-Je vois. T'es un dalmatien, t'es pas une ordure.

Je ne supporte plus qu'elle me fasse tourner en bourrique, et avec ma main libre prend la sienne pour la détacher de mon bras. Je me contrôle assez pour que ma voix ne porte pas jusqu'à Arthur.

-Lâche-moi, et arrête avec tes dalmatiens !

Je la regarde intensément et lui dit :

-Tu sais quoi ? Je pense plus que c'est une bonne idée de t'aider à sortir.

Je me retourne, et m'enfonce dans ce couloir si mal éclairé.

***

Je continue de marcher la dizaine de mètres jusqu'à Arthur, les yeux baissés sur mes chaussures pleines de poussières, les mains dans les poches de mon pantalon trop petit, en marmonnant quelques idioties peu importantes. J'arrive enfin vers la porte de sortie. Mais un attroupement m'arrête. Je relève la tête. Arthur, un air énervé au possible. Les deux Abrutis, avec leurs visages qui montrent qu'ils ne comprennent rien à la situation. Et. Mon père et son visage impassible et fier. A ma vision, ses sourcils viennent se froncer, et ses yeux me jugent, comme Artémis l'avait fait il y a peu de temps. Je fronce à mon tour les sourcils, et demande :

-Qu'est-ce qui se passe ici ?

Alors Arthur ouvre pour une fois sa bouche sans lèvres et me susurre de sa voix détruite par la cigarette :

-Trahison, mon cher, que de trahison...
-Quoi ?... Je ne comprends pas ce qui se passe...

Mon père avance de quelques pas pour se retrouver face à moi. Sa voix forte résonne sur les murs de briques lorsqu'il m'annonce :

-Arthur a surpris ta trahison. Je suis... très déçu Cléon.

C'est impossible. J'ai fait attention de parler doucement. M'aurait-il suivi ? Mes yeux s'agrandissent de peur, cette peur qui au même moment me tords les boyaux, et je plante mon regard dans celui de mon père :

-J'ai refusé de l'aider, je vous le jure.
-C'est pour cela que tu survivras Cléon.

J'attends qu'il continue, mes mains commencent à trembler.

-Mais il faut... te punir pour t'être presque fait avoir.

Les deux Abrutis ricanent, mais je ne les entends presque pas. Je n'arrive pas à y croire.

-Allons en haut, et vous, dit-il en montrant Arthur et les deux brutes, vous restez ici.

Les trois soupirent presque de désappointement. Dommage, vous ne me verrez pas me faire punir. Je suis mon père, en tremblant de peur. Arrivé au salon, il se retourne et m'aperçoit manifester trop fort ma peur.

-Pour cela aussi, il va falloir faire quelque chose...

Plus rien ne traverse mes lèvres. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que cette fois, ce sera plus brutale. Plus de fouet, mais une baguette seulement. Je le sens. Et j'ai tellement peur.

-Toute ton enfance, j'ai tenté de t'éduquer selon les règles de notre famille. Mais ta mère t'avait transmis ses gènes et tu n'étais pas comme je le souhaitais. Alors, pour votre bien, j'ai décidé de tester une autre manière.

Pour notre bien ? Ma mère n'a pas survécu à cela, et il osait encore insinuer cela.

-C'est compliqué Cléon.

En disant cela, il sort sa baguette d'un bois si noir, noire comme son âme, noire comme la mort. Je ne veux pas baisser les yeux, mais la peur me fait accrocher mon regard au sol carrelé. Pas de tapis, cela se salit trop vite. Maintenant, tout mon corps tremble, et je ne peux pas m'arrêter. Je ne suis pas aussi fort que la fille qui doit dormir juste au-dessous. J'ai tellement peur de mourir.
L'homme en face de moi lève sa baguette obscurité et me lance, faussement désolé :

-Je m'excuse, Cléon.

Et un cri, si fort qu'il me vrille les tympans sort de mon corps, défonce mes cordes vocales. Je ne ressens plus rien, et en même temps, je ressens tout. Ma vision se bloque sur le bâton magique, et mes paupières se ferment, alors que je continue de hurler, si fort qu'Artémis doit m'entendre. Je n'avais jamais connu une douleur aussi forte, aussi meurtrière. Ça me paralyse, ça me tue, j'ai l'impression que je ne vais pas survivre. Cela dure quelques minutes, et je suis entraîné dans une obscurité plus forte que le bout de bois.


Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002

27 janv. 2019, 15:43
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Je me traîne dans le coin de ma cage. La visite de l'autre geôlier, celui dont je n'avais pas connaissance jusqu'à présent, m'a fait froid dans le dos, même si je suis totalement honteuse de ce fait. On a toujours honte quand on a peur, encore plus quand celle-ci nous gèle aussi sûrement qu'une douche froide et je n'échappe pas à la règle. Il m'a fait peur avec son regard pervers et son sourire froid aux dents acérées. Ces jolies dents blanches qui auraient fait un si beau sourire si elles n'avaient pas été dans cette bouche là, sur ce bonhomme là. Il n'avait pas dit grand chose, avait seulement parlé de l'utilité d'une prisonnière, cette utilité que n'avait pas un prisonnier mais cela m'avait terrifié, j'avais babillé et je m'étais entêtée à dire qu'il n'avait rien d'une ordure, qu'il était un dalmatien, comme je l'avait dis ensuite à l'autre qui était entré peu après.

-Tu serais... Parfaite. Totalement et parfaitement parfaite.
-Parfaite ? Je crache.
-Oui, une merveille sous cette couche de crasse affreuse.

Il caresse lentement ma joue de sa main et je me retire, me reculant le plus loin possible de cet homme.
-Mais tu es dans cette cage, comme un animal. Et tu ne seras jamais autre chose qu'une bête galeuse à mes pieds.

Je le vois qui commence à s'éloigner et lui lance :
-Jm'étais trompée. T'es pas un dalmatien, t'es juste une ordure.

L'autre se nommait Cléon, j'avais appris. Un joli nom pour un garçon banal en apparence mais qui, une fois qu'on voyait au lieu de seulement regarder, avait tout de quelqu'un qui pouvait être un gagnant, pour peu qu'il s'entraînait et prenait confiance en lui. Mais je savais au fond qu'il n'y arriverait pas. Pas sans autre chose, et je ne pouvais pas lui apporter cette chose dont il semblait avoir besoin, c'est pour cela que la façon dont il proposait de m'aider était quelque chose que je ne pouvais pas accepter.

Je ne pouvais pas accepter qu'il perde tout ce pour quoi il vivait juste pour moi, une fille dont il ne savait rien et qui, de surcroît, n'était pas celle qu'il pensait que j'étais. Je n'avais pas le pouvoir de l'aider en retour, je n'étais pas forte et cela m'avait été prouvé par cette attaque que je n'avais pu déjouer malgré tout ce que j'avais fais pour. J'avais même été capturée et j'avais tout perdu. La seule chose qui me restait était ce don que j'avais reçu de je-ne-savais-où et dont je ne savais pas quoi penser, même après toutes ses années.  Si ce Cléon devait confier sa vie à quelqu'un, ce n'était sûrement pas à moi. Je ne pouvais lui apporter rien de bon mais il ne semblait pas le comprendre. Ce n'était pourtant pas chose compliquée. Il était stupide. Pas dans le sens inintelligent mais il donnait simplement sa confiance aux mauvaises personnes. A moi ou autres de ce manoir.

J'ai froid. Je ne sais pas depuis combien de temps cette sensation devient de plus en plus intense jusqu'à me dévorer jusqu'à la moelle mais elle me dit de me méfier. Il va se passer quelque chose que je ne vais pas apprécier, et j'en suis certaine. Les gens disent souvent que les sixièmes sens sont stupides et irréfléchis. Je disais la même chose il n'y a pas deux semaines mais toutes les choses qui se sont passées entre-temps ont bien changé la façon dont je réfléchissais. Et au fond je sais que, quelques fois, il fait bon de croire en ces fourmillements désagréables qui semblent me dire que je dois me méfier de tout et de tout le monde.

Je sais que Cléon ne pourra pas m'aider à sortir, même si je l'avais d'abord cru. Cela ne serait pas bon pour lui. Rien n'est bon pour les autres quand je suis dans la confidence. Même si sous la crasse, j'en ai l'air, je ne suis pas un monstre et encore moins un chien galeux comme l'a dit l'autre. La seule chose que ça m'avait donné envie de faire, c'est de lui casser sa jolie tête contre les barreaux en fer. De ce que je sais, c'est le paternel de ce Cléon, je doute qu'il veuille toujours m'aider si je blesse cet odieux personnage. Normalement, on a toujours une certaine implication avec les membres de notre famille. En tout cas, dans mon village, cela avait toujours été comme ça et c'était sûrement pour ça que cela m'avait fait si mal de les voir tomber comme des mouches. 


Le pire, je pense, c'est quand le mauvais pressentiment qu'on a s'avère véridique. Il n'y a pas pire situation parce que j'ai l'impression de ne rien pouvoir faire quand il commencer à crier. Un cri affreux, bien pire que les miens. 

-Le dalmatien, je souffle. LE DALMATIEN ! Sortez moi d'là, le dalmatien ! Je hurle plus fort encore que quand je me faisais torturer, la douleur est sûrement plus forte également. 

Tellement de gens sont déjà morts pour moi, je ne peux pas croire que la seule personne qui puisse et qui veuille m'aider crèvera aussi. 

Il faut que je sorte d'ici.

Les deux abrutis qui me servent de geôliers s'avancent et ouvrent la porte de la cellule dans l'espoir, sûrement, de faire quelque chose qui m'aurait fait regretté d'être venue au monde, encore plus que je ne le fais déjà. Il est tard, la nuit doit être tombée depuis quelques heures vu la façon dont le premier baille, sommeille. Et cela sûrement ma seule et unique chance de sortir d'ici. Alors, pour la deuxième fois en je-ne-sais combien de temps, j'ai perdu la notion du temps, des jours qui passent, je saute au coup du plus maigre. Je ferme les yeux, imaginant la douleur de l'autre quand je brise les doigts qui tiennent sa baguette avant de ma tourner vers l'autre, bâton levé.

-Laisse moi passer, je siffle.
-Désolé, ma belle, mais j'peux pas faire ça. Endoloris ! 

La douleur est moins forte que si le sort avait été jeté par le père de Cléon. 
-J'peux pas, y'a l'dalmatien.
-Tu sais que tu es bizarre avec tes dalmatiens. 

Je n'ai plus aucune solution. Celle-ci est la pire mais la dernière. Et j'ai envie de pleurer rien qu'à l'idée de ce que je vais faire.
-Je suis... Désolée. Désolée. Pardonne moi. T'aurais été un bon gars sans la guerre. 
-Mais qu'est-c...
-Avada Kedavra ! 

Et la tache noir s’étale autour de moi. Je ne pourrais plus jamais me voir comme je le faisais avant. Au fond, je ne suis pas meilleure que ces gens. J'ai tué.
Je suis un monstre. 
Et la bague autour de son doigts me hantera. 
J'ai brisé une famille pour moi.
Égoïste. 

Pas le temps pour ça maintenant. Je dois retrouver le dalmatien. 

Moi ? Je n'fume pas, je n'bois pas, mais je M.L. Chacun son truc.
Mascotte Officielle des Crochets d'Argents, laissez passer s'il vous plait.

23 juin 2019, 14:35
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V. Réveil difficile

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Je me réveille en sursaut, reprenant enfin une bouffée d'air. Respirer me fait si mal que mes yeux se remplissent de larmes salées, et une plainte presque inaudible sort de ma bouche. Je suis allongé. Sur une surface délicieusement moelleuse. Mon corps semble paralysé, et mes yeux ne s'ouvrent pas. Comme si j'étais devenu un mort-vivant. Étrange, comme concept. Je peux respirer, bien que difficilement, mais tout mon être semble totalement mort. On pourrait en créer pas mal d'histoires avec des morts-vivants, si la guerre finit un jour, je suis sûr que je pourrais vendre des histoire de ce genre pour faire peur aux gosses avant d'aller dormir.
Les larmes, qui lentement grossissaient, commencent seulement à couler lentement, caressant mes tempes pour venir se poser dans mon oreille. Cela fait peut-être cinq minutes que je suis réveillé, et mes paupières se décident enfin à s'ouvrir, alors que mes doigts s'étirent lentement et douloureusement. Je grimace, me demandant où je me trouve. Mon cerveau est en compote, c'est bien trop désagréable ! 
Rassuré, je m'aperçois après une longue mise au point que je me trouve dans la chambre que j'occupe ici. Ce doit être la première fois que je suis heureux de me retrouver ici, dans cette pièce avec trop d'objets de valeur, dans ces draps trop satinés... Ma famille a toujours été riche, mais ma mère m'a appris à ne pas compter sur l'argent pour vivre, pour être heureux. Mon père a peut-être pu grimper les échelons jusqu'à devenir un puissant ami de Grindewald grâce à ça, et d'autres activités illégales et immorales, mais je n'ai jamais, au grand jamais apprécié cette immense maison. Ni celle que nous avions avant. Et avant.
Je peux maintenant bouger mes bras et mes jambes, mais la douleur qui résulte de cette action me fait tourner la tête. Je m'assieds tant bien que mal sur le bord de mon lit, essayant d'oublier le tango que semble faire mon cerveau. J'aimerais bien rester au chaud sous mes draps, mais j'ai un mauvais pressentiment, comme si quelque chose allait se passer et qu'il faut que je me tienne prêt. Mon regard parcoure la pièce, et je soupire de soulagement. Je suis seul. Personne pour me regarder en se moquant de mon état, personne pour me refaire la morale. Oui c'est vrai. J'ai trahi mon père, j'ai trahi Grindewald. Est-ce que je le regrette ? Je regrette d'avoir adressé la parole à cette folle, je regrette avoir pris ce risque juste à cause de ses jolis yeux et de sa bouche envoûtante, mais non, je ne ressens rien. Pas du culpabilité, rien de rien. Oui j'ai trahi le grand sorcier, mais ça ne me fait rien. Je devrais, comme mon père, avoir les mêmes convictions que ce grand fou, mais je n'arrive pas à me résoudre à voir le monde avec les Moldus en esclavage. C'est vrai qu'ils ne sont pas les êtres les plus intelligents sur Terre, mais est-ce que ça suffit pour leur détruire la vie ? Est-ce que les sorciers étaient réellement supérieurs ? Mmmhh... Non, question trop existentielle pour tout de suite, je n'arrive pas encore à réfléchir convenablement.
Je baisse mon regard et m'aperçois que je suis en chemise de nuit. Après l'incident, la vieille elfe de maison avait dû m'habiller. Celle-là, elle est dans la famille depuis je pense le commencement, mais ne m'a jamais adressé la parole. Je l'ai toujours détesté pour cela, étant enfant j'avais bien trop besoin d'un être à qui parler.

Le grincement de la porte me sort de mes pensées, et ma respiration se bloque, tandis que les battements de mon cœur accélèrent. J'ai bien trop peur, je ne souhaite pas revoir mon père avant plusieurs jours. Tout faire pour l'éviter, c'est quelque chose que je sais faire. Car quand je suis en face de lui, je perds tous mes moyens. Toutes mes résolutions, mes belles paroles s'évanouissent, et j'ai juste l'impression d'être redevenu l'enfant qui se laissait taper dessus, pensant qu'un jour son père se déciderait à l'aimer, arrêterait ce qu'il fait, se rendrait compte qu'il fait une erreur, que son gosse essaye juste de l'aimer. Tout comme sa femme. J'aurais du me rendre compte que cela n'arriverait jamais. Avec ma mère, nous étions tous les deux trompés par l'amour pour ouvrir les yeux et se rendre compte de la sauvagerie et de la barbarie de mon père.
La porte s'ouvre complètement, et comme si la personne était pressé, se referme aussitôt. Mes yeux s'écarquillent, alors qu'une tête crasseuse se montre. Ses pieds sales salissent le parquet ancien, tandis que son regard me transperce comme à chaque fois. La surprise est si grande que le seul mot qui sort est :

-Toi ?

Mes cordes vocales me transpercent, et une quinte de toux me prend. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Et si quelqu'un l'avait suivi ? Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir à cause d'elle, même pour son visage d'ange !

Elle souffle du nez, l'air tendue, les sourcils froncés.

-Bouge-toi, faut qu'on dégage, on a pas l'temps !

Je fronce les sourcils à mon tour, mais pas pour les mêmes raisons. Peut-être est-ce mon cerveau embrumé mais je ne comprends pas tout de suite ce qu'elle insinue par "faut qu'on dégage". L'air sur mon visage doit être au summum du ridicule lorsque je lui demande :

-De quoi tu parles ?
Dernière modification par Solenn Cooper le 15 mai 2020, 13:01, modifié 1 fois.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
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