Tout avait commencé avec ce demi-géant immensément grand, presque trop pour être réel qui lui avoua qu'il était un sorcier. Si, au début, il nia tout avec fermeté, -Lui, spécial ? Impossible.- il finit par doucement accepter cette vérité fantastique et tout ce qu'elle représentait. Plus de placard, plus besoin de travailler pour manger, il serait enfin un enfant comme les autres. A croire que c'était trop dur, même dans ce monde il était différent, tout le temps différent. Si cette différence là semblait être une chance, se battre contre les forces du mal n'aurait pas été le premier choix qu'il aurait fait en entrant dans le monde des sorciers et pourtant, maintenant, il tenait sa baguette, debout contre Lord Voldemort comme si ça avait toujours été sa place. Il devait avouer que cela faisait du bien au petit gamin négligé qu'il était d'être traité comme un héros. Comme ceux dans les films Moldus que Dudley aimait tant. On se retournait sur lui dans la rue, le félicitant pour les avoir tous sauvés, pleurant pour le futur qu'il avait donné à tous. Bien sûr, dire qu'il n'appréciait pas cela aurait été un mensonge. Recevoir de l'affection avait toujours été le plus beau cadeau qu'on pouvait lui faire et puis, il les avait sauvé, non ? C'était normal qu'on le remercie pour ça, il n'allait pas cracher dessus. Si un jour quelqu'un lui avait dit qu'il sauverait tout un peuple, il ne l'aurait pas cru, mais vraiment pas du tout, il aurait traité l'autre de stupide et se serait détourné, retournant dans son petit placard étroit et poussiéreux.

« -Patient A025, c'est à vous.

Le monde des sorciers avait changé beaucoup de choses dans sa vie, il n'en revenait toujours pas aujourd'hui. Grâce à son entrée dans ce monde, il avait connu l'amitié, l'amour, la confiance mais aussi la joie d'être accepté quelque part. Il avait même gagné une famille avec Ron et Hermione, Ginny et les jumeaux ou encore les Gryffondor avec qui il passait l'année. Il pouvait aisément se rappeler de toutes les choses qui s'étaient passés avec eux, du jour où il était arrivé la première fois jusqu'au jour où il les avait quitté pour devenir Auror, la carrière qui s'était imposée à lui après avoir vaincu le mage noir. Se battre était la chose qu'il faisait le mieux après le Quidditch et il n'avait pas voulu devenir sportif de haut niveau pour la simple et bonne raison qu'il aimait voler mais qu'il ne voulait pas faire ça toute sa vie, heures par heures durant des années. Puis, juste après avoir eu son poste au bureau des Aurors, il avait demandé Ginny en mariage. Sa belle et merveilleuse Ginny. Elle était belle, magnifique même et il ne parvenait toujours pas à comprendre comment elle avait pu tomber en amour de lui, mais ce n'était pas grave, il savourait sa chance. Enfin, il avait eu trois enfants et il s'était enfin construit la famille qu'il avait toujours voulu, dont il avait rêvé étant gosse. Albus Severus, Lily et James, tous les trois portant le nom des Potter.

-Comment allez-vous aujourd'hui, M. Potter ?

Durant la guerre, beaucoup étaient morts et il avait mit bien plus de temps qu'il ne l'aurait cru au abord pour s'en remettre. Ses parents étaient sûrement ceux qu'il pleurait le plus durant ses cauchemars avant de se réveiller contre sa femme. Sirius et Remus, aussi. Leur perte avait été dure mais il savait que cela aurait été inévitable. Ils étaient déjà morts, même bien avant que le sort vert ne les touche. Ils avaient perdu leurs amis et leur famille n'était pas forcément la plus aimante. Lavande aussi avait rendue l'âme, c'était triste mais il ne l'avait pas beaucoup pleuré, il ne l'avait jamais vraiment beaucoup apprécié, Hermione non plus. Celle qui avait fait le plus mal était sans aucun doute celle de George. Cela avait été comme perdre un frère et ça faisait toujours mal de voir le creux qu'il avait laissé, le fait que Fred ne riait plus, qu'il était devenu tellement silencieux et effacé qu'il ressemblait à un fantôme. Il était celui qui avait été le plus affecté par cette épreuve et Harry s'était fait la promesse de traquer tous les Mangemorts jusqu'au dernier pour venger son frère de cœur et pour que Fred puisse sourire une dernière fois. Il lui arrivait encore de faire des cauchemars où la guerre battait son plein, où tous mourraient et où il restait le seul survivant, destiné à rester à jamais le Garçon-qui-a-survécu.

-Pourquoi suis-je ici ? Ginny et les enfants m'attendent à la maison, je dois rentrer.

Le médecin plissa des yeux, comme hier et avant hier depuis plus de sept années. Il gribouilla quelque chose sur son carnet de son écriture illisible. « Pas d'améliorations notables ». Se réinstallant tranquillement dans son divan, il remonta ses lunettes sur son nez. Comme ça, il ressemblait trait pour trait aux psychologue dans les films et il devait avouer que cela le faisait beaucoup rire.

-Je vous en prie, installez-vous. Voulez-vous encore me parler de ce monde ?

Harry s'assit et fit comme demandé, il lui raconta encore une fois. Hagrid ; le professeur Quirrell qu'il avait tué suite à l'aventure de la pierre philosophale ;  Le Basilic, Ginny et Tom Marvolo Riddle, alias Voldemort. ; Ron et Hermione et toutes ses aventures. Le récit dura encore plusieurs heures et, autant de fois qu'il eu à le raconter, il ne changea pas d'un mot. C'était toujours la même chose, le même fil conducteur, le même ordre et le médecin dû s'avouer encore une fois que le brun au yeux verts semblait vraiment y croire.

-Monsieur Potter, il n'y a pas de monde des Sorciers, il n'y a jamais eu de Hagrid, vous êtes interné à l’institut Poudlard pour schizophrénie grave et crises illusoires démentes, c'est votre huitième année ici. »

Et comme d'habitude, Harry se leva, envoyant valser la table basse alors qu'il se mettait encore à hurler comme un fou, c'était d'ailleurs ce qu'il était.

Rien n'avait jamais existé, pas de Dumbeldore, pas de sorciers et encore moins de Garçon-qui-a-survécu. Tout ce qui se passait depuis le début se trouvait dans sa tête, inventé par l'imagination débordante d'un gamin maltraité et négligé qui ne rêvait depuis sa tendre enfance que d'une famille.

Harry Potter, Patient A025. Voilà ce qu'il était, rien d'autre qu'un malade parmi les malades. Mais ce n'était pas de sa faute. Pas de sa faute.