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09 déc. 2018, 18:33
 Fanfic  À l'opposé
oOo

« Quand on parle de l'apogée du règne de Voldemort, on ne parle que des combats héroïques
de l'Ordre du Phénix contre le Seigneur des Ténèbres. L'envers de la médaille, il reste caché.
Mais moi, je l'ai vécu ; et laissez moi vous dire : dans cette foutue guerre, il n'y a pas de gentils
ni de méchants. Les deux ont fait bien assez de mal comme cela.
»

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Drame

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Cette fanfiction est classé Drame.
Mais elle pourrait être classé Aventure.
Ou Romance.
Ou Autre.

Parce que cette fanfiction est comme la Vie.
Cette fanfiction est l'Histoire d'une vie.
De deux vies.

C'est l'Histoire du Drame qui a frappé deux enfants.
De l'Aventure qu'elles ont vécues pour essayer de s'en sortir.
Des Romances, que ce soit de l'amour ou de l'amitié, qu'elles ont rencontrées.
Et de plein d'Autres choses.


oOo

CHAPITRES
Prologue : « Ton histoire »
oOo

CODES COULEURS
au fil des apparitions...
à venir...
Dernière modification par Thalia Gil'Sayan le 13 déc. 2018, 18:19, modifié 1 fois.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

13 déc. 2018, 18:15
 Fanfic  À l'opposé
Prologue : « Ton histoire »


Mon regard se perd dans l'immensité blanche de la page et je raffermis ma prise sur la plume que je tiens à la main. Un de mes doigts glisse le long de l'extrémité de métal rajoutée à la plume d'animal et je le remets rapidement à sa place. Je suis figée ; perdue dans la blancheur de la page vide. Vide, vide de tout mot. Blanche, trop blanche. Athéna, Sagesse Inouïe, aide moi. Oh, dieux de l'Olympe, aidez moi tous. J'en suis incapable ; ce n'est pas moi qui sait écrire, ici. Je suis incapable de remplir cette page blanche et vide.
Ce blanc me terrifie, il me fait me figer sur place. Parce que c'est à moi de le remplir, ce blanc. J'ai peur de le faire mal ; de le tâcher avec des mots inutiles. De salir ce blanc pur, ce blanc neige. C'est la couleur... non, je ne dois pas penser à ça. Mais j'y pense quand même ; comment pourrais-je faire autrement ? C'est la couleur de la peau de Scylla, quand elle ne dort pas de la nuit.
Scylla. C'est toujours Scylla.
Ça a toujours été Scylla, Scylla la plus belle, la plus intelligente, la plus féroce, la plus gentille, la plus généreuse, la plus douée, la plus forte, la plus brave. Et cela alors que Scylla, surtout, a toujours été la plus malheureuse, la plus malchanceuse, la plus maudite de ce foutu Destin qui nous contrôle tous.
Ça a toujours été Scylla qui a eu le sourire au coin des lèvres pour me faire rire quand j'étais triste. Les bons mots pour me faire avancer alors qu'elle même était plus épuisée que moi. Les bons gestes pour me sauver alors que j'étais au bord de la mort.

Scylla, Scylla, Scylla.
Scylla la plus battante, la plus méritante.
Scylla, Scylla, Scylla.

Et moi ?
Moi, Alba ? Que suis-je, dans toute cette histoire ?
Je sais très bien ce que je suis ; ah, tout le monde le sait. Même Père et Mère le savaient, et c'est pour cela qu'ils se désolaient autant de Scylla.
Moi, dans toute cette histoire, je ne suis rien.
Je suis la fille qui a failli abandonner, qui a fini par abandonner.
Je suis celle qui a trahi, qui a failli à son devoir.
Et, par dessus tout, je suis celle qui a oublié, qui a sombré, au début.

Plus jamais ça.
Je n'oublierais plus jamais.
Je n'oublierais pas tout ça.
Je n'oublierais pas comme j'ai déjà oublié.
Je te le jure.
Je te le jure, Scylla !

Tu ne peux plus écrire, alors je vais le faire. Moi, Alba Rhéa Outremer, je vais enfin me relever et je vais parler. Mais comme je suis incapable de parler, figée à jamais dans le silence de ce monde, je vais écrire. Je vais hurler sur le papier. Ça a toujours été toi, Scylla, qui a su écrire. Moi, je ne me suis jamais plongée dans les histoires que toi seule comprend.
Mais je suis obligée, là, non ? Oui, je suis obligée.
Obligée de raconter cette histoire pour ne pas qu'elle sombre avec moi. Car je sombrerais, un jour. Je ne veux pas sombrer avec mes souvenirs.
Notre histoire perdurera, je te le promets.
Elle restera couchée sur le papier, à jamais.
Trésor transcendant dans ce monde de terreur.

J'attrape la plume que j'ai laissé tomber en me perdant dans mes souvenirs et je la trempe lentement dans l'encre sombre. Noire, mais pas noire. Noire cendre, noire comme... comme tes yeux, Scylla. Je trempe ma plume dans la profondeur de tes yeux et de tes mèches sombres, et j'applique doucement sa pointe sur le papier.
Une goutte d'encre en tombe, et alors, toujours perdue dans les souvenirs, la seule chose à laquelle je me raccroche dans ce monde, j'esquisse un mouvement. Un trait, vers le haut. Et je commence à écrire.
Je commence à raconter mon histoire. Non, pas mon histoire, ton histoire. Dans cette histoire, je ne suis qu'une enfant inutile qui n'a jamais rien réussi.
J'esquisse donc les premiers mots de ton histoire, ma sœur.
Je te promets qu'elle restera figée sur ce papier, défiant le Temps.

Mon rêve est un beau rêve, au début...

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

19 déc. 2018, 18:36
 Fanfic  À l'opposé
CHAPITRE 1
« L'Incapable »




« LE SOUVENIR EST VOISIN DU REMORDS. »




Mon rêve est un beau rêve, au début, parce que je flotte dans le ciel étoilé.
C'est la nuit, et je plane au dessus d'un nuage ; en contrebas, des petits points scintillants brillent d'une lueur étouffée. Je lève la tête. Points argentés. Je baisse la tête. Points dorés. La Terre est le reflet d'or de l'Espace, et moi je vole entre les deux. Comme un oiseau ; comme les alouettes aux belles plumes que j'aime tant contempler depuis la fenêtre de ma chambre. J'observe mes bras d'un œil curieux ; ils sont normaux, je n'ai pas de plumes. Je ne suis pas un oiseau, finalement. Dommage ? Je ne sais pas ; j'aimerais bien que mes rêves soient réels, des fois. Comme celui là ; je sais que c'est un rêve parce qu'en vrai, je ne peux pas voler. Je me demande si Père et Mère peuvent ; peut-être, après tout, il y a quelques mois, je les ai bien vu accueillir un homme enveloppé d'une longue cape noire. Il est arrivé en volant ; à cette époque, je ne savais pas qui c'était et je me demandais pourquoi les parents nous avaient demandés d'aller dans la chambre et d'y rester tout le long de la soirée. Maintenant, je sais qui c'est, et j'en tremble de frayeur à l'idée de l'avoir déjà aperçu sans reconnaitre que c'était lui, malgré les histoires de Père et Mère. Quand je serais plus grande, je pourrais le voir vraiment, en face ; quand j'aurais seize ou dix-sept ans, je pourrais le rejoindre, faire partie de ses Fidèles. J'ai hâte, mais j'ai peur. Je tremble d'excitation et de terreur.
Je sais aussi que c'est un rêve parce que Scy's n'est pas là, et qu'on ne se sépare jamais, sauf quand on se dispute ; mais c'est rare. Ne pas voir ma sœur à mes côtés est un peu bizarre, mais le fait de voler compense, alors je continue de planer dans les airs et je survole un nuage. Il est immense ; j'ai l'impression d'être au-dessus d'une plaine infinie de coton moelleux. Je souris en me demandant ce que dirait Scylla si elle était avec moi, planant dans le ciel étoilé. Je sais très bien ce qu'elle aurait dit :

« Hé, Al', est-ce que les nuages sont faits du même matériau que le coton ? J'aimerais tant savoir s'ils ont la même douceur qu'il semblerait d'ici... »
Elle est comme ça, ma sœur. Du coup, je tends le bras, je pourrais lui raconter quand je me serais réveillée. Même si le résultat ne sera peut-être que le fruit de mon imagination ; je rêve, après tout.
Mais au moment où le bout de mes doigts effleure la surface du nuage-de-coton, un claquement sec résonne dans l'air et je me raidis en voyant une longue estafilade se dessiner le long du nuage ; fendant l'immensité blanche en deux. Les bords de la fêlure sont effilochés, des tentacules blanches faites de nuages flottent dans l'air. Maintenant, je peux voir la ville brillante en contrebas. Et, un peu plus loin, au milieu de l'obscurité de la forêt et éloigné des lumières de la ville, la lueur du manoir de notre noble famille.

Je ferme les yeux car je ne veux pas voir le manoir, je veux planer de nouveau entre ciel et terre ; mais quand je les rouvre, je suis ailleurs.
Autour de moi, la pièce est sombre et peu éclairée ; je la reconnais immédiatement et mes membres se mettent à trembler. On est dans les sous-sols du manoir. Je ferme une nouvelle fois les yeux de toutes mes forces mais ça ne marche plus ; mes paupières sont transparentes et je vois à travers. Je suis toujours pétrifiée de terreur et acculée dans un coin de la pièce ; je sens la pierre froide du mur dur derrière mon dos revêtu de ma simple chemise de nuit légère. Le rêve ne devrait pas me permettre ça, mais tout au fond, ce n'est pas un rêve ; plutôt un souvenir.
Tout à l'heure, Scy's n'était pas là, mais là, je n'ai même pas besoin de la chercher pour savoir qu'elle est ici. Je tourne un tout petit peu la tête et je la vois, avec Maman qui la secoue par le col et qui lui crie dessus :

« Vas-y ! Tout de suite, Scylla ! »
Ma petite sœur - je la considère toujours comme ma petite sœur même si je ne suis née que quelques secondes avant elle - tremble et manque de laisser tomber la baguette magique qu'elle tient entre ses mains. Elle l'agite, elle plisse les yeux, et moi, dans mon coin, je murmure des encouragements :
« Vas-y Scy's... tu peux le faire... pense à ce que tu m'as montré hier... »
Sauf que la petite fille devant moi est plus jeune que maintenant et qu'elle ne m'a rien montré du tout hier. Moi aussi je suis plus petite, il suffit que je contemple mes mains de gamine toutes douces pour le savoir. Et puis ça ne change rien, le résultat est toujours le même : néant. Fichu néant.
« Zeus, aide là... »
Je continue de murmurer mais je sais que ça ne sert à rien ; je hais Zeus comme pas possible. Il n'a jamais répondu à une seule de mes prières. Athéna, si, une fois ou deux. Mais là, tous les dieux de l'Olympe ne peuvent rien faire, quoiqu'en dise ma noble famille. Le futur est déjà écrit, je le connais par cœur, chaque mot, chaque acte qui va suivre. Cette situation s'est produite de nombreuses fois, mais jamais aussi fort. Jamais dans cette pièce, perdue dans les sous-sols et plongée dans l'ombre. Les dieux de l'Olympe, même tous réunis, ne le changeront jamais. Mère dit que nous devons perdurer l'héritage grec, mais je ne sais pas s'il faut l'écouter ; je ne sais s'il faut écouter la femme qui déroule un fouet accroché à sa ceinture pendant que ma sœur se débat, retenue par un sortilège invisible et cruel.
Mère a toujours préféré utiliser ses mains plutôt que des sorts ; elle dit que nous devons être fiers de notre condition de sorciers, que ce n'est pas donné à tout le monde et que c'est un honneur d'être né dans une si noble famille de Sang-Purs, mais que nous ne devons pas déshonorer la Magie en l'utilisant pour des choses banales. Mais ça, c'est pas banal, non ! Ce ne sera jamais banal. Pourtant, pour elle, ça l'est.

« Ça forge le caractère... » Je l'entends murmurer dans ma tête, cracher son venin terrifiant. « Je vous apprends l'obéissance requise par le Seigneur... » Tais toi ! Arrête ! Je respecte ma mère, je crois en ses principes, je suis ses leçons avec une attention minutieuse et j'aimerais devenir aussi puissante qu'elle, mais j'ai trop peur de ce qu'elle est capable de faire et je ne sais pas si je dois la détester.
Je ne veux pas voir la suite car je la connais, mais elle arrive quand même ; le fouet fend l'air et le cuir acéré renforcé de métal trou la chemise de nuit de Scylla qui se met à hurler. Encore et encore, alors que je presse mes mains devant mes yeux et mes oreilles mais qu'elles sont transparentes ; que je continue de tout voir et entendre.
Parfois, j'aimerais que mes rêves deviennent réalité, mais ils ne le font jamais.
Par contre, la réalité si dure vient toujours hanter mes rêves.
Pourquoi ?

« aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhh ! »




Je me réveille en sursaut, les mains tremblantes et mon corps entier moite de sueur. Je sens le froid glacial de la pierre qui traverse ma chemise de nuit, et je fronce les sourcils en me demandant pourquoi je ne suis plus enveloppée dans la chaleur de mon matelas. J'ai dû glisser du lit en faisant ce cauchemar, ou bien avant car mon épaule est traversée par une douleur sûrement due à cette position inconfortable. Mais je n'y pense qu'à peine une seconde, l'esprit trop embué par ce rêve.
Scylla. Foutu rêve. Je me réprimande moi même ; Mère nous intime souvent de ne pas jurer, les gros mots sont pour les incultes. Mais je n'y pense pas trop longtemps ; mon crâne est déchiré par le cri de mon rêve.
Même maintenant que je suis éveillée, il se poursuit. Je prends mon crâne entre mes mains, j'esquisse un cri muet, mais rien ne change.

« ALBAAAAA !!!!! » hurle la voix.
La voix. Elle n'est plus aiguë comme dans mon rêve, non, elle a l'intonation de Scy's maintenant, et elle hurle. Elle me brise les tympans, me déchire l'âme. J'ai peur mais je ne peux rien faire, je sais profondément que je ne peux rien faire.
C'est ce ton plus grand, plus comme maintenant, qui m'intrigue. C'est ce cri qui n'a jamais eu lieu dans la réalité ; c'est le fait que je n'entende pas la baguette de bois frêle se briser entre les mains de Mère qui m'intrigue. C'est ce hurlement déchirant si inhabituel. C'est le fait que les cris continuent sans se dérouler comme ils le devraient qui me fait relever lentement la tête. Et je me fige sur ce que je découvre.

Des silhouettes vêtues de noir se détachent dans le noir qui emplit la chambre ; seuls leurs yeux sont visibles, brillants dans l'obscurité dense qui envahit le manoir tout entier à cette heure tardive. Tout le monde devrait dormir ; pourquoi sont-ils donc là ? Je comprends vite. Je ne vois d'abord que les pieds ; les pieds nus et pâles qui s'agrippent au sol, s'agitant au bout de deux jambes tout aussi pâles. Et puis, contre ma volonté, mon regard se lève ; passe sur la chemise de nuit blanche et flottante, sur les bras fins tenus par deux silhouettes. Puis le cou couleur de givre, et enfin, le visage aux traits fins. Son visage. Ses lèvres entrouvertes dont la couleur rosée semble étrange dans l'obscurité ; son nez fin et puis... ses yeux. Ses yeux noirs, profonds et perçants. Elle crie sans désespoir, elle hurle avec fierté, et dans ses pupilles brille une étincelle de courage et de détermination. Elle attrape un éclat de pierre qui se détache du mur quand elle pose la main dessus, donne un coup vers un de ses agresseurs malgré la poigne qui lui entrave le bras. L'inconnu esquive sans difficulté son coup pourtant habile, semble voler dans l'air puis frappe ma sœur à l'estomac.

J'ouvre les lèvres pour hurler mais je n'arrive pas à faire vibrer mes cordes vocales en voyant Scylla se plier sous l'impact et esquisser une grimace, sans pour autant laisser échapper un seul gémissement. Ma sœur a toujours réussi à appliquer les leçons et les principes de mère avec perfection, contrairement à moi. Son seul point faible a toujours été le même, mais maintenant, elle ne l'approche même plus. Elle n'a plus jamais essayé, du moins pas vraiment, depuis ce jour dont je rêve si souvent. Crac. Je frémis au souvenir de la baguette magique qui se brise. Je crois que, ce jour là, Mère n'a pas brisé qu'un bout de bois — non, elle a aussi brisé une âme. Scylla n'a jamais été la même. Et pourtant, elle est toujours plus satisfaisante que moi — même sans Magie. Même sans la Magie de nos ancêtres, même sans ce qui fait de nous ce que nous sommes, elle est plus forte que moi. Plus intelligente. Plus belle. Elle excelle partout, partout, sauf dans nos cours de Magie — elle ne doit même plus y aller, de toute façon, maintenant. Mais là, elle n'y arrive pas. Elle donne des coups aux inconnus, mais ça ne sert à rien. Ils la maitrisent, ils l'immobilisent. Elle a arrêté de hurler, maintenant. Je crois que ça me rassure — Scy's ne crie jamais quand elle a mal, quand elle a besoin d'aide. Avant, elle le faisait ; depuis le jour où l'espoir a été brisé, alors que nous avions huit ans, elle se tait. Elle souffre en silence ; elle règne en reine de la douleur.

Scylla ne parle pas, ne hurle pas, mais je vois tout de même l'éclair de panique qui transperce ses yeux alors que deux inconnus la saisissent des mains des autres et l'entrainent vers la porte. Et moi, je suis toujours pétrifiée de stupeur — pourtant, aucun sort ne m'immobilise. Je suis juste terrifiée ; terrassée par ma peur, incapable de l'aider.

Incapable de bouger alors qu'ils emmènent ma sœur. Qu'ils la font passer de force par la porte, la maintenant toujours, et qu'ils referment la lourde porte blindée qui nous enferme dans notre chambre. Alors qu'ils sont tous partis, qu'ils trainent Scylla dans les escaliers, le dernier des attaquants, celui qui commandait tout et qui semblait être le chef, s'en va à son tour. Au moment de refermer la porte, son regard croise le mien. Je me détourne aussitôt, frappée par la détermination sans pitié qui brûle dans ses yeux. Et terrassée par ce regard émeraude — jamais je n'ai vu de regard aussi puissant, aussi pur. Aussi terrifiant.

La porte se referme sans un bruit, et j'entends le “clac” synonyme de sortilège qui la bloque à nouveau. Je reste allongée contre la pierre, figée, pendant un long moment. Et puis je referme les yeux. Je veux retourner dans ce rêve si beau ; ce premier rêve. Je crois que ça marche, que mes paupières lourdes se referment et que je m'endors. La preuve, quand j'ouvre les yeux, la lumière du jour filtre à travers les volets à moitié fermés de la chambre.
Le premier geste que j'effectue est le fait de me retourner. Je braque mon regard sur le lit de Scylla. Le lit... vide. La terreur me retourne l'estomac, la culpabilité me bouffe l'esprit.

Je n'ai jamais été à la hauteur, certes.
Mais là, je viens de trahir ma sœur.
Trahir. Ma. Sœur.
Scylla.
Scy's.

Je crois que je n'arrive pas à comprendre vraiment. Que le monde tourne toujours normalement pour moi. Qu'elle est toujours dans son lit, dans mon esprit. Que je crois encore qu'elle me fait une blague. J'ai l'impression d'être encore dans mon rêve. Je crois que je sais sans savoir.
Et puisque je sais, je balance un grand coup de poing sur la pierre. Ma peau racle contre une inégalité de la pierre et une partie s'arrache. Je grimace de douleur mais je ne bouge pas. Je ne comprends toujours pas.
Scylla.

Si, je crois que je comprends.
La vérité envahi mes pensées en quelques instants.
Jamais je n'ai été à la hauteur, mais aujourd'hui je viens de trahir ma sœur.
J'ai peur.

« SCYLLA ! »
Dernière modification par Thalia Gil'Sayan le 21 févr. 2019, 20:29, modifié 1 fois.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

21 févr. 2019, 20:28
 Fanfic  À l'opposé

CHAPITRE 2
« Le poids des remords »






« LA MORT N'EST PAS LA PIRE CHOSE DE LA VIE ; LE PIRE, C'EST CE QUI MEURT EN NOUS QUAND ON VIT. »





« Alba Rhéa Outremer. »

Je cligne lentement des yeux. La voix glaciale de Mère m'a coupé le souffle, soudainement. Jamais elle n'est entrée dans ma chambre ainsi, elle laisse les domestiques le faire ; toujours. Heureusement, avachie dans mes couvertures, je lui tourne le dos. Mon regard est fixé sur le drap plié et parfaitement lisse, couvrant l'autre lit en masquant l'absence de corps à l'intérieur. Non, je n'ai pas rêvé. Scylla n'est pas dans le lit. Mais le lit est bien fait. Fichue, fichue Kaya ! Pourquoi a t-elle tentée de faire croire que tout était normal ; pourquoi est-ce comme si ma sœur adorée était levée ? Peut-être est-ce vrai. Peut-être que si je descends, je trouverais Scy's, assise à la table en bois massif et me souriant discrètement tout en évitant de croiser les regards de Père et de Mère. Mais non, elle n'y sera pas. Où qu'elle soit, ce n'est pas dans le Manoir, j'en suis certaine. Je n'ai pas rêvé. Et l'attitude de Mère me le confirme. Elle est toujours glaciale, certes, mais elle serait en colère. Oui, elle brûlerait d'une colère froide si Scylla était en bas et que je tardais à descendre. Je ne tarde jamais, j'obéis toujours.

Allongée, je reste immobile, espérant qu'elle croit que je dors toujours. Je l'entends soupirer, dans mon dos, mais elle ne bouge pas. Au vu de la manière dont le son me parvint, elle doit être restée juste devant la porte.

« Ne me faites pas croire que vous dormez, je vous pris. Kaya m'a confirmé que vous étiez réveillée lorsqu'elle est venue s'occuper du lit de votre sœur. Et que vous refusiez de descendre. Sachez que je ne tolère pas cette habitude, Alba. »

Ma sœur.

Comment Mère peut-elle parler ainsi ? Comment peut-être être aussi désinvolte ? Elle doit savoir, pourtant, elle doit savoir que sa fille n'est plus ici. Pourquoi ? POURQUOI ELLE S'EN FICHE ? Une larme perle au coin de mon œil, et je la réfrène immédiatement. Ne pas pleurer, ne pas pleurer. Je suis une Outremer. Et un Outremer est noble. Un Outremer est fier. Un Outremer est civilisé. Un Outremer est pur. Un Outremer est fort. Père nous le faisait répéter, avant. Désormais, je connais toutes les phrases cultes de notre noble famille par cœur. Et je ne dois pas pleurer, même si ça n'a aucun rapport avec le fait d'être ou non une Outremer. Je ne dois juste pas être faible, c'est une question... c'est une question de quoi ? Je ne sais pas vraiment, en fait.

« Scylla... ? » laissé-je échapper dans un gémissement incontrôlé. Je sens que ça ne va pas plaire à Mère, que je me laisse aller ainsi. Me tournant légèrement dans le matelas, toujours sans lui faire face, les yeux perdus dans l'immensité blanche du lit de Scy's, j'essuie rageusement une nouvelle larme qui commence à dégouliner sur ma joue pâle comme la neige. Mes mèches blanches pures s'entremêlent et créent des nœuds comme elles ne l'ont jamais fait, tant je me suis tournée et retournée en tentant de retrouver le sommeil.

Mère soupire à nouveau, d'un air désolé. Soudainement, elle souffle :

« Si vous souhaitez parler de votre sœur jumelle, Alba, descendez donc. Votre Père et moi avons une annonce importante à vous faire. »

Une annonce importante.
Les annonces importantes avaient toujours été importantes. La dernière... la dernière, c'était la venue du Seigneur, oui, la venue du Seigneur des Ténèbres dans notre Manoir. Pour la seconde fois. C'est alors, seulement, que j'avais pris conscience qu'en plus d'être une des plus nobles familles, les Outremer étaient des partisans très proches du Maître. Scylla et moi avions dû nous incliner bien bas lorsqu'Il était arrivé, puis nous redresser et afficher un masque de petites filles fortes et obéissantes tandis que Père et Mère nous présentaient d'une voix fière. Ensuite, on avait filé. Les marches des escaliers avaient été montées quatre à quatre, on s'était précipitées à l'intérieur de la chambre, avions fermé le verrou de fer, et nous étions regardées. On avait échangé un très long regard, avant de passer à autre chose et de jouer, en tentant d'oublier cette présence oppressante dans notre Manoir. Une chose était certaine : nous avions eu peur, toutes les deux, et le regard que nous avions échangé était notre manière de le signifier à l'autre.

Mais là, son ton est différent. Pas solennel et fasciné comme lors de la venue du Seigneur, mais bien presque anxieux. Ferme. Froid. Que veut elle m'annoncer ? J'ai peur. Je hoche la tête, prudemment, et elle part. La porte lourde se ferme dans un claquement sec et brutal, et je tressaille. C'est comme cette nuit, lorsque les inconnus ont emmené Scylla.

J'ai promis de me lever mais je reste allongée, incapable de bouger. Finalement, un craquement retenti et je serre les dents. Je connais ce bruit, il m'est familier, et je n'ai absolument pas envie de l'entendre immédiatement. Pour la seconde fois de la matinée.

« Kaya. Va t'en. »

Mes paroles sont sèches, de toute façon, Kaya est habituée avec Père et Mère. Scylla et moi sommes douces, habituellement, enfin, la plupart du temps. Mais je n'ai pas envie d'être douce : j'ai envie de hurler, encore et encore. J'ai trahi ma sœur.

« Kaya est désolée mais Kaya doit faire son travail, la Grande Maitresse l'a dit et Kaya est obligée d'obéir d'abord à la Grande Maitresse, même si elle sait que la Petite Maitresse n°1 n'est pas d'accord. »

Petite Maitresse n°1. Je me redresse brutalement et je foudroie la petite elfe crasseuse d'un regard noir. Grelotante à cause du froid régnant dans le lieu, tremblante à cause de sa peur, sale car on ne lui permet pas d'être propre, Kaya est absolument pitoyable. Et le drap horriblement moche qu'elle a revêtu pour avoir moins froid n'aide pas à la trouver humaine. Je fronce les sourcils et lui jette mes paroles à la figure :

« Kaya. JE T'ORDONNE DE SORTIR ! »

Aussitôt, ses traits se déforment et elle semble fondre de terreur. Balbutiant un petit : « Je suis obligée... », l'elfe se précipite contre le mur de pierre et se frappe le front dessus. Violemment. Il me faut quelques secondes pour réaliser ce qu'elle fait et un sourire se dessine d'abord sur mes lèvres ; j'ai envie que quelqu'un ait mal comme j'ai mal. Aussitôt, je réprime cette pensée et frémit à l'idée d'avoir pu seulement la formuler. Je me lève en hésitant, et sachant parfaitement que crier ne changera rien, j'attrape la créature par son draps et je lui balance un coup de genoux dans le ventre. Je n'aime pas ça, mais c'est le seul moyen qu'elle arrête. Elle me regarde en gémissant, levant ses yeux terrifiés vers moi, et je serre les dents encore plus fort.

« Fais ton travail. Immédiatement, elfe. »

Aussitôt, elle bondit vers l'armoire massive au fond de la pièce et l'ouvre. Agitant les mains, elle fait magiquement sortir les vêtements et les aligne dans l'air, entre elle et moi, en me jaugeant du coin de l'œil.

« Petite Maitresse n°1 voudra t-elle ceci ? »

Sans même regarder ce qu'elle me désigne, je lui jette un : « D'accord. ». Immédiatement, elle s'approche de moi, les vêtements rejetés se rangeant tranquillement dans l'armoire tandis que les choisis la suivent en flottant dans l'air. Je tends les bras, me débarrasse rapidement de ma chemise de nuit, habituée à la manœuvre, et une robe noire aux reflets vert forêt se glisse aussitôt autour de mon corps. Cintrée à la taille, à peine serrée sur le buste et tombante autour de mes jambes, elle est sombre mais à chaque mouvement, le tissu ensorcelé se parsème des reflets verts. Bien. Mère appréciera. Mais je m'en fiche, à vrai dire, je déduis ce à quoi je ressemble en quelques secondes tandis que Kaya me présente un pantalon noir serré que j'enfile avant de chausser des bottines noires et simples. Toute de noir vêtue ; une vraie Outremer, Père et Mère s'habillent souvent de cette couleur simple.

Je descends prudemment les escaliers, non pas par peur de tomber à cause des marches raides mais bien car je redoute d'arriver en bas et de me retrouver confrontée à mes parents.

Père et Mère m'attendent devant la longue table de la salle à manger. J'inspire lentement avant d'expirer et de m'asseoir à ma place, les fixant de manière humble en attendant qu'ils me disent ce qu'ils ont à m'annoncer.

« Alba, » commence Père avant que Mère ne finisse : « Nous avons une grave nouvelle à vous annoncer. »

Une grave nouvelle ? Je me tends brusquement. Plus grave que ce que je ne sais déjà ?

« Comme vous le savez, votre sœur a été enlevée cette nuit, alors que nous étions sortis... »

« ... Kaya et Ægé nous ont annoncé la nouvelle lorsque nous sommes rentrés, tôt ce matin... »

« ... Nos espions avaient déjà suivis les intrus... »

« ... Mais lorsqu'ils les ont attaqués pour récupérer Scylla, les hommes ont décidés... »

« ... de la tuer pour s'en sortir. » finissent-ils.

Les mots sont flous dans ma tête.
Je ne comprends pas.
Ça ne veut rien dire.
Des mots sans sens.
Des paroles idiotes.
Des syllabes désarticulées.
Je rassemble les sons mais ils ne s'accordent pas.
Des légendes fausses.
Des mots sans queue ni tête.
Je ne comprends p... PAR MERLIN JE COMPRENDS NON C'EST PAS POSSIBLE SI C'EST ÇA MAIS NON MAIS SI C'EST SÛR ÉVIDENT BIEN SÛR QUE C'EST ÇA MAIS JE NE VEUX PAS Y CROIRE C'EST PAS POSSIBLE NON PAS SCYLLA PAS MA SŒUR JE L'AIME C'EST PAS VRAI J'AI MAL COMPRIS ILS SE SONT TROMPÉS PÈRE ET MÈRE SONT MAL INFORMÉS C'EST PAS POSSIBLE ELLE EST TROP PETITE JE N'Y CROIS PAS CE SONT DES MENSONGES JE ME SENS PERDUE JE NE COMPRENDS PLUS RIEN AIDEZ MOI PAR TOUS LES DIEUX DE L'OLYMPE AIDEZ MOI JE VOUS EN SUPPLIE JE COMPRENDS PAS SI JE COMPRENDS TROP BIEN MAIS JE VEUX PAS JE VEUX PAS JE VEUX PAS JE VEUX PAAAAAAAAAAAS !!!!!!!

« Qui..., » soufflé-je inconsciemment. Les paroles se bousculent dans ma tête, mon inconscient se déchaine soudainement, et je hurle, je crie intérieurement comme je n'ai jamais crié. Les pensées sont si nombreuses, les sons sont si puissants, que soudainement, mon âme n'est que Néant. Je n'entends rien, je ne pense rien. Seuls parviennent la réponse de Mère, tranchante, glaciale, emplie de haine :

« Eux. Nos ennemis. Nous la vengerons, je te le promets, Alba... tu la vengeras avec nous. »

Mais ça ne veut rien dire. Je ne me rends même pas compte que pour la première fois de mon existence, Mère m'a tutoyé, ou plutôt je m'en rends compte et je m'en désintéresse totalement. Qui ça, eux ?

« Qui..., » insisté-je.

Elle inspire. Lentement. Comme moi tout à l'heure. Mais encore plus profondément. Elle ouvre la bouche. Mais ses lèvres tremblent. Père pose tranquillement sa main sur celle de Mère — je ne les ai jamais vu comme ça. Ce n'est pas normal. Même ça, ça ne devrait pas les bouleverser ainsi. Tout à l'heure, ils ne semblaient pas si bouleversés. Peut-être essayaient-ils de ne pas m'inquiéter.

« L'Ordre du Phénix. » déclare Père à la place de Mère.

Et mon monde s'écroule.



Je suis petite, je crois. Coup d'œil vers le miroir qui trône dans le coin de la chambre ; on l'a enlevé quand on a eu huit ans, il y a un peu plus de deux ans. Oui, je suis petite. Mes cheveux blancs tombent autour d'un visage sérieux mais enfantin. Je crois que j'ai six ans. À peu près. Mais Scylla parle, et je sais que j'en ai sept, en fait.

« AMA ! VENEZ DONC ! »

Son ton est impérieux pour plaire à Père et Mère, s'ils entendent, mais elle me regarde en riant — pour une fois qu'elle rit — et je lui souris en retour. On sait que dès qu'Ama va rentrer dans la pièce, ce sera différent.

« J'arrive, Scylla, j'arrive, » déclare la servante en poussant la porte de notre chambre. Elle a dû monter les hauts escaliers rapidement, car elle semble essoufflée. Mais je le remarque à peine, dès qu'elle referme la porte, je m'exclame doucement :

« Une histoire ! Ama, s'il te plait, une histoire ! »

Elle me sourit et je sais que je vais avoir droit à une superbe historie. Père et Mère croit qu'Ama nous fait réviser l'Histoire en nous contant les légendes antiques, mais en fait, elle nous raconte tout un tas d'histoires de maintenant. Et elle nous a promis que, aujourd'hui, elle nous en raconterait une toute spéciale. Très importante, qu'elle a dit hier.

« Les filles, ce que je vais vous dire est très sérieux, d'accord ? Il ne faut surtout pas que vos parents apprennent que je vous ai conté cette histoire ? Sinon, ils vont me punir. Très très fort, d'accord ? Promettez moi, les filles. »

Scy's hoche la tête, et je le fais également, un air très sérieux sur le visage même si je ne comprends pas trop pourquoi Père et Mère punirait Ama pour une histoire. Je ne connais pas le vrai nom d'Ama, elle ne veut pas nous le dire, elle dit qu'elle préfère qu'on l'appelle ainsi, d'ailleurs, Père et Mère le font aussi : ils ne connaissent pas son nom complet, comme nous. Pour une fois qu'ils ne connaissent pas quelque chose !

« C'est bien. Alors je vais vous raconter mon histoire... vous savez que vos parents obéissent au Lord, bien entendu ? À cet homme... ils font partis de ses fidèles, de son armée. Ne me coupez pas ! je sais que vous savez tout cela, mais c'est très important.
Le Seigneur des Ténèbres est un homme très particulier. Comme vous... comme Alba, c'est un sorcier. Excuse moi, Scylla, tu n'es certes pas une sorcière mais tu es une fillette plus intelligente et plus douée que beaucoup de sorciers, sache le. En tous cas, Vous-Savez-Qui est un mage noir. Comme vos parents, au passage, et comme la plupart des membres de la famille Outremer.
Vous connaissez les termes de Magie Noire et Blanche. Vos professeurs vous l'ont appris. Mais ils ne vous disent pas tout. En général, on dit que la Magie Blanche est utilisée pour faire le Bien, et la Magie Noire pour faire le Mal... attention ! je ne dis pas que vos parents sont méchants, jamais ! Enfin, parfois... vous voyez ce que je veux dire.
Notre pays est en guerre. Le Seigneur et ses disciples, qu'on nomme les Mangemorts, dont vos parents, s'attaquent au pays pour le gouverner. Comme vous le savez, ils veulent éliminer les Moldus, les Né-Moldus, et même certains Sang-Mêlés. Et c'est là que commence mon histoire...
»

J'échange un brusque regard avec Scylla. Père et Mère sont méchants ? Le pays est en guerre ? On les appelle des trucs-morts ? Mais c'est quoi tous ces trucs bizarres, je savais pas !

« Un jour, un homme qui vivait caché, qui travaillait sa Magie dans le plus grand secret, décida de se dévoiler. Personne ne connait son ancien nom, mais le nouveau était si craint qu'on le nommait Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Cet homme avait des idées différentes des autres sur la condition de sorciers. Il pensait que si l'on n'était pas Sang-Pur, on n'était pas digne d'être un sorcier. Et il voulait que les sorciers Purs règnent sur le monde... il recruta des fidèles. De très nombreux fidèles. Et il constitua une armée...
On comprit alors que jamais on n'aurait dû le prendre à la légère. C'était une menace ; et une menace que les sorciers du Royaume-Uni n'étaient pas capables d'affronter...
Des jours de terreur commencèrent. Vous-Savez-Qui détruisait des villes, tuait des gens, avec l'aide de ses Mangemorts. Personne n'osait leur résister. Et un jour, un homme se dressa. On le nommait Albus Dumbledore, et presque tous s'accordaient pour déclarer que c'était le plus grand sorcier du Royaume-Uni, voir même du monde. Dumbledore rassembla également une armée, mais ce n'était pas vraiment une armée. Plus des alliés, des résistants. Ils s'opposaient, dans l'ombre, aux Mangemorts. Ils tentaient de rétablir le bien. Ils n'y sont pas encore arrivés, mais chaque jour, ils avancent... je rêve de les rejoindre, un jour. Je rêve d'aider à faire le bien. Mais jamais je ne pourrais, c'est vrai. Alors je raconte. Dans l'espoir qu'ils finissent pas gagner...
»

Mes yeux sont écarquillés. Ma bouche est entrouverte. Et je fronce lentement les sourcils, parce que je ne suis pas sûre d'aimer cette histoire là, cette histoire où Père et Mère sont des méchants. Pourtant, c'est une histoire de héros. Demain, Ama continuera de parler, de raconter, et ce sera une histoire encore plus passionnante, mais triste, parce qu'elle est vrai. Ces gentils résistants me font rêver, alors que je dois être de l'autre côté. Je n'aime pas cette histoire, en fait. Ou plutôt, si, elle est superbe. Mais un peu inquiétante.
Pour l'heure, Ama finit :


« On les nomme l'Ordre du Phénix... »



Écroulée. Brisée. Dévastée. Éclatée. Diffractée.

Je me sens morte. Moi aussi, je me sens morte. MORTE ! JE VOUDRAIS ÊTRE MORTE, COMME SCYLLA, AVEC SCYLLA !

Mes rêves deviennent mes cauchemars. Mes héros deviennent mes ennemis. Père et Mère avaient raison. Ils ont toujours eu raison. Raison de tuer Ama, car je sais qu'ils l'ont fait, ils ne l'ont pas seulement renvoyés. La haine s'affichant sur le visage de Mère lorsqu'elle nous a surpris en train d'écouter les histoires sur l'Ordre était trop forte. Ils ont eu raison de la tuer.

L'Ordre a enlevé ma sœur. L'Ordre a tué ma sœur.

Très bien. Désormais, je vais tuer l'Ordre.
Les éliminer. Tous, jusqu'au dernier.
Père et Mère peuvent compter sur moi. La gamine idiote et rêveuse est morte avec Scylla. Désormais, je vais la venger. Je vais devenir une Mangemort, moi aussi. Je vais servir le Seigneur, pour tuer mes ennemis. Je les hais. L'Ordre et son chef : Dumbledore. C'est lui qui a dû organiser cela. Lui qui a dû ordonner cela.

Oui, Albus Dumbledore et l'Ordre du Phénix ont dû apprendre ce qu'était ma sœur, et tenter de l'enlever pour l'utiliser à leurs fins. Mais ils l'ont tué ! POURQUOI ILS L'ONT TUÉS ?!

Et c'est de ma faute. J'aurais pu l'empêcher. Alors je dois me rattraper.

Je m'appelle Alba, j'ai 10 ans et demi, mon monde s'est écroulé et je jure que j'éliminerai jusqu'au dernier allié de ceux qui ont tué ma sœur.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]