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10 janv. 2019, 19:43
 Fanfiction  Oubliettes
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L'oubli n'est pas un vide,
C'est un tout qui vous dévore.



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Prologue

Chapitre 1


... à venir...

Dernière modification par Cyanna Hillways le 04 févr. 2019, 18:58, modifié 4 fois.

Être ou ne paraître.
Gérante du Club de poésie avec Harriet Greenwood - 6ème session en cours !

11 janv. 2019, 18:59
 Fanfiction  Oubliettes
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Tu es assise dans un bar dont tu ne connais même pas le nom. Tu ne sais pas si tu y es déjà allée.

Il semble être là pour les filles, tu sembles être la pour te saouler, un chocolat chaud à la main. Depuis ton réveil, cela t'arrive souvent. Lui aussi, doit avoir l'habitude de chercher une partenaire d'un soir. Vos pratiques sont finalement similaires : il cherche des filles ; et toi, le bruit, la foule. Tu te fonds dans la masse et te délectes de chaque rire, frissonnes à chaque bruit de verre qui tintent, savoures chaque paroles indistincte dans ce flot d'étrangers et ronronnes en symbiose avec les appareils électroniques.

Ce soir, c'est toi qu'il a choisi. Lui aussi veut ronronner et frissonner. Il te tourne autour. Tu es sa proie, son jouet, sa poupée. Aurais-tu été en colère
avant ? On t'a dit que peu importe, ce qui comptes, c'est maintenant. Tu ne les croies pas, ils ne savent pas, eux.

Tu ne bouges pas, à vrai dire, tu ne cilles pas, tu écoutes : ses charmes ; la foule. La foule ; ses charmes. La foule te charme ; il charme la foule.

- B'jour.

Son haleine est alcoolisée. Tu ne réagis pas, le regard perdu dans le vide.

- Moi c'est Damien. Et toi ?
- J'sais pas.
- Comment ça tu sais pas ?
- J'sais pas qui je suis.

Il te lance un des sourires aguicheurs qu'ont les plus beaux parleurs. Cependant, derrière son regard envieux, un autre émotion semble se cacher derrière les traits de son visage. Tu es trop perturbée pour le remarquer.

- Philosophe ou timide ?
- Rien.



Être ou ne paraître.
Gérante du Club de poésie avec Harriet Greenwood - 6ème session en cours !

01 févr. 2019, 18:45
 Fanfiction  Oubliettes
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Respire… Inspire… Resp… *sanglot*

Les larmes ne coulent pas, elles ne peuvent pas. On pleure souvent des choses que nous avons connues et, qui, pour une quelconque raison, nous manquent. Tu as su pourquoi. Tu ne sais plus, tu ne sais plus rien.

Les mots te manquent. Ils sont pourtant là, ils affluent à tes lèvres, veulent glisser, s’échapper, les sons veulent courir le long de ta gorge sèche, rouler sur ta langue. Mais tu ne peux pas et seul le silence répond à tes appels.

*sanglot*

Tu as mal, mal au coeur, au corps. Il te fait souffrir, tes yeux te brûlent et les larmes ne viennent pas les humecter. Ton cerveau te balance des sons, des images, des bribes d’informations, des souvenirs, des échos : une pêle-mêle de choses indiscernables qui tourbillonnent sans fin dans ta tête.
Tu as mal, à la tête. C’est comme si on te frappait à l’aide d’un marteau, comme si tes souvenirs voulaient rentrer dans ton crâne par la force, mais que la porte de ton cerveau leur restait close. Comme si tout autour de toi tournait sans que tu puisses mettre des mots dessus, sans que tu puisses te souvenir de ce que tu appelais parole et des sons qui y étaient associés.

*Sanglot*

Tu étouffes. Non, tu t’étouffes. Tu es la source de ton mal, tu es la seule cause qui te fasse tant de mal. La source de ton problème c’est toi. Non. C’est rien.
Comment…? Comment exprimer le sentiment qui t’habite ? Comment dire que tu es vide ? Comment dire que le vide est pesant et qu’il grandit ? C’est rien. Ton problème n’est rien. Rien que le néant, le vide. Comment dire à quoi ressemble le vide, l’infini : le rien. Tu le vois, mais il n’y a pas de mots. De toute façon, les mots sont dans le vide, ils ont été absorbés. Les seuls syllabes qui ont encore un sens dans ta tête sont celles-ci : Rien. Et, rien ne te semble plus beau, plus vrai. Mais il te dévore, te tue à petit feu et embarque ce qu’il restait de toi. Le vide, celui que personne ne peut décrire, tu trouverais mille façons de le faire mais tu n’as pas les mots. Personne ne peux le faire mieux que toi. Personne ne sais ce qu’est le rien, personne sauf toi.
Noir ? Non, pas du tout. Blanc ? Encore moins. Certains diront « gris ? » avec un sourire. Non, toujours pas. Le vide n’a pas de couleur, de teinte, de nuance. Les malins diront « transparent ? » Non, il y a quelque chose derrière le transparent, or, il n’y a rien. D’autres diront que ni le blanc ni le noir ne sont des couleurs et que, le rien peut donc être dit noir ou blanc sans être une couleur. Mais non. Le rien est une chose sans définition, quelle qu’elle soit, et pourtant, il est là.
Partout, omniprésent, gigantesque, imposant. Et il est tout cela sans être quelque chose, il n’est rien mais vous envahit. Il est mais il n’est pas. Et tu tombes, tu tombes loin, profond, « en » lui. Enfin, tu ne sais pas jusqu’où puisque le rien n’a pas de fin.

Ça doit être ça : Infini. Ce mot te fait peur. À toi, à tous les hommes, ils voudraient que cela soit « rationnel » : l’espace est infini, les nombres le sont, c’est « possible ». C’est possible mais inimaginable. Et quand quelque chose est inimaginable, qui a pu l’imaginer possible ? Qui a pu voir l’invisible pour confirmer sa présence ? L’Homme s’octroie toujours des droits invraisemblables.

*sanglot*

« Homme ». Tu ne sais même plus ce que c’est. Ce que ça veut dire. Qu’est-ce qu’un homme ? Est-ce le bipède ? Celui qui « ressent » ? Celui qui se distingue par ses prouesses d’esprit ? Le créateur, comme il aime s’appeler, du feu ? Celui qui dit ressentir et qui fait la guerre ? Celui qui aime et déteste ? Celui qui a des sentiments et qui les bafoue ? L’égoïste ? La chose qui invente des mots pour se définir ? Celui qui pose des questions ?
Tu ne sais pas. Mais tu sais que tu es l’un d’entre eux : tu es un Homme. Ces pensées résonnent en toi mais elles sonnent creuses.

*sanglot*

Pourquoi ? Pourquoi ? Qui ?

*sanglot*

Voilà. Nous y sommes : « qui ? » Tu évites la question. Elle te brûle, te dévore et tu te sens tomber dans le néant, l’infini : rien. Le rien et l’immensité du monde t’absorbent et ils te font mal. L’univers s’oppose à ton insignifiance. Qui es-tu ? Pourquoi ?

*sanglot*

Inspire… Expire… Là… Inspire… Expire…

Tu essayes tant bien que mal de te calmer, de ralentir ton coeur qui s’emballe et d’attraper quelques bouffées d’air respirable. Tu es hors d’haleine mais l’air qui arrive dans tes poumons ne semble pas les alimenter. Ta cage thoracique se soulève, vite, haut. Tu trembles et si tu avais quelque chose dans le ventre tu le vomirais tout de suite, seule un peu de bile sort de tes lèvres sèches. Tu as peur, tu es effrayée et tu ne comprends pas ; tu ne sais pas. Ça te tue. Tes yeux sont plissés et tu sais que même si ils étaient ouverts tu ne verrais que le néant. D’ailleurs tu n’es que ça : le néant. Tu ne sais pas qui tu es, où tu es, pourquoi. Tu ne sais rien : rien de rien. Le vide. Tu es une coquille, vide. Tu fermes fort les yeux pour oublier ces pensées intrusives, invasives. L’air te manque toujours autant.

As tu une famille ? Des « amis » ? Quel âge as-tu ? Quel jour sommes nous ? Où sommes nous ? Pourquoi ? La question revient sans cesse.

*sanglot*

Un bébé apprend à reconnaître l’odeur de sa mère dans les heures qui suivent sa naissance. Il la reconnaîtrait entre mille. Un enfant répond à son nom très tôt : il a besoin de s’identifier. Il apprendra à dire le nom de sa famille en premier, pour se situer, pour dire c’est « mon » papa et « ma » maman, c’est de là que je viens. Il aura une figure, un exemple, un modèle à suivre.
Qui as-tu ? Un père ? une mère ? Des frères ? Des soeurs ? Un partenaire ?

Tu ne peux ni te définir, ni te situer : tu es perdue dans le néant et l’infini.

Les sanglots ne s’arrêtent plus. Tu te convulsionnes.


Être ou ne paraître.
Gérante du Club de poésie avec Harriet Greenwood - 6ème session en cours !