Le printemps s'était déjà bien installé sur les verts paysages écossais, apportant avec lui son lot de douceur et d'amertume sur les élèves de ce château. En effet, le ciel avait beau être d'un bleu dénué de nuages, les arbres couverts de fleurs aux parfums légers et enivrants, les oiseaux chantant leur tendre étreinte avec la renaissance naturelle, je n'étais, quant à moi, pas d'humeur à me laisser emporter par de telles niaiseries. À vrai dire, j'étais d'humeur particulièrement morose aujourd'hui et je ne savais que faire pour que passe cet état de brume qui semblait s'être installé dans ma tête brune. C'était sans doute la lettre de papà qui m'avait miné le moral ? Non. C'ÉTAIT la lettre de papà qui m'avait miné le moral. "Ton oncle et moi avons des choses à régler à Firenze. Je ne peux malheureusement pas t'en dire d'avantage. Je t'aime, mon fils." Pourquoi ne me fait-il pas confiance ! Je suis plus un bébé, je sais très bien me défendre seul... et je vais lui prouver.

Je me suis mis en route vers le terrain d'entraînement. À cette heure-ci, les lieux sont calmes et dépeuplés. Les élèves de septièmes années venaient de temps en temps s'entraîner en vue de l'arrivée prochaine de leurs ASPIC et les professeurs avaient donc mis à leur disposition quelques mannequins afin qu'ils puissent perfectionner leurs lancés de sorts. Parfait ! Je vais leur faire leur fête à ces tas de ferrailles. J'avais emprunté, à la bibliothèque, un livre traitant des sortilèges de défense de niveau expérimenté : "Défense Contre les Forces Obscures - Le Guide du Sorcier Adulte". J'ouvre le gros bouquin poussiéreux en son centre et tombe sur un sortilège que je ne connaissais pas. "

“ Expulso ” (Sortilège de Renvoi)
MALÉDICTION DE NIVEAU 6
↪ Repousse l'objet visé dans une direction voulue par une petite explosion.

Niveau 6 ? Pfff... Je suis pas une chochotte moi ! J'hôte ma cape de sorcier, mon pull noir et ma cravate qui entravaient grandement mes mouvements, ne gardant sur moi que ma chemise blanche immaculée. Levant ma baguette en direction du mannequin rouillé, je tente de lancer le sort en lisant les indications disponibles.

- Expulso !

Mais le mannequin ne bouge pas d'un pouce.

- Expulso ! EXPULSO !!!

Une détonation se fait entendre au bout de ma baguette et une vague d'étincelles rouges vient me frapper en plein visage, provoquant ma chute sur la pelouse verte. J'étais légèrement sonné et mis un petit moment avant de me remettre du choc. Mon arcade gauche me picotait. Je porte ma main vers mon front afin de voir ce qui provoquait cette sensation désagréable. J'avais du sang sur les doigts. Super... Un pansement de plus sur ma tête d'ahuri... Toujours allongé dans l'herbe, je tourne instantanément la tête lorsque j'entends le froissement d'une cape s'approcher de l'endroit où je gisais.

- Alice ?

En cette belle journée d'avril, je décidai de profiter du beau temps mais aussi des merveilles de la nature puisque le printemps, ayant fait son apparition peu de temps auparavant, avait laissé apparaître de nombreux arbres fleuris et surtout de magnifiques plantes.  Je me rendis dans le parc et commençai  à admirer les différents paysages mais aussi les différentes plantes. Dès que j'en trouvais une particulièrement jolie, je ne pouvais m'empêcher de la dessiner sur un carnet. C'était un carnet que j'avais reçu à mon anniversaire par mes parents et depuis, dès que je me sentais morose ou triste ou encore en colère, j'exprimais mes sentiments en écrivant, en coloriant ou en dessinant. Il était vrai que certaines pages étaient noirs de gribouillages que je n'arrivais même pas à réécrire mais cela m'importait peu. 

Malgré la fraîcheur du mois d'avril, pas mal d'élèves était en train de se prélasser au soleil ou à rigoler ou encore à jouer. Je me souvins tout à coup d'une plante que j'avais repérée cet hiver non loin du terrain d'entraînement de Quidditch . Je décidai de m'y rendre pour voir dans quelle état était la fleur. 

En arrivant près de l'endroit, j'aperçut au loin un jeune garçon, je crois (ou une fille avec de très courts cheveux) se diriger vers le terrain d'entraînement. Cet élève portait un livre sous son bras et ne semblait pas être en 7eme année.  Normalement durant cette période seule les élèves de 7 ème année allaient s'entraîner sur le terrain d'entraînement pour leur ASPIC ce qui provoqua ma confusion. Je suivis du regard l'élève et au final me dirigeai vers la plante que je recherchais. D'où j'étais, je pouvais voir le terrain d'entraînement et l'élève qui semblait vouloir s'entraîner. 

Je commençais à dessiner la plante lorsque je fus arrêté par un puis deux cris. Je me tourne vers l'endroit D'où ils venaient. Je m'aperçut que l'eleve essayait de lancer un expulso. Normalement, c'est un sort difficile à maîtriser et ce fut le cas pour l'élève qui commençait sûrement à s'énerver vu sur le ton qu'il employait pour jeter son sort. Je récupère mon carnet et m'avance vers le garçon pour lui dire de se calmer car s'énerver comme cela pourrait avoir de grosses conséquences. Je n'eus même pas le temps de l'interpeller qu'une vague d'étincelles  alla directement vers le visage de cet élève. L'élève tomba au sol et je décidai d'aller lui prêter main forte. 


Plus je m'approchais plus je voyais les couleurs de l'élève en question et je remarquai que c'était un Serdaigle. J'arriva à deux pas du Serdaigle et le reconnus. Je l'avais croisé de nombreuses fois dans la salle commune des Serdaigle mais il me semble qu'on a du avoir quelques cours ensembles. Je remarque immédiatement qu'il est blessé au niveau de l'arcade gauche. Le pauvre il a déjà pleins de pansements et il en aura bientôt un nouveau maintenant. Je cherche dans ma mémoire pour retrouver son prénom.  Je sais que je le sais mais impossible de m'en souvenir. Lui par contre se souvient de mon prénom puisqu'il m'interpelle. Au bout de quelques secondes je me souviens enfin de son prénom. C'est Celo ! Par contre son nom c'est une autre histoire. Je ne le retrouverai pas tout de suite...


Je m'approche et m'accroupis à côté de Lui.

- Ça doit faire mal ! Tu t'es pas blessé autre part que sur l'arcade sourcilliere ? Tu veux que je t'accompagne à l'infirmerie pour qu'on te soigne ?

Je me rends compte que je suis entrain de le harceler de question alors qu'il vient de se prendre un sort en pleine tête.  Je vérifie quand même rapidement son arcade gauche. Elle me semble bien amochée. D'ailleurs, je réalise que Celo est de la même année que moi et que normalement il n'a pas le droit d'utiliser le sort. J'hésite à lui en faire la remarque puis je me dis que oui parce qu'il aurait pu se faire beaucoup plus mal voir blesser quelqu'un d'autre dans les alentours.

- Celo, tu devrais pas lancer des sorts qui ne sont pas de notre niveau. Tu aurais pu te blesser plus grièvement, voir blesser quelqu'un.

Je me redresse difficilement en poussant contre la pelouse fraîche du terrain d'entraînement. En y repensant, j'avais bien fait de choisir ce lieu pour m'entraîner à lancer ce sort. L'herbe avait un peu amorti le choc, contrairement à un sol de pierre qui m'aurait causé un traumatisme crânien considérable. Je m'assois sur l'herbe et frotte mon sourcil gauche qui piquait de plus en plus. L'entaille devait être profonde vu la quantité de sang qui s'était retrouvée sur ma main. Bon sang, j'espère ne pas tâcher ma chemise...

Alice, accroupie à mes côtés, me demanda si je n'étais pas blessé ailleurs. Bonne question ! J'inspecte mes bas et mes jambes, fléchissant et étirant mes membres afin de m'assurer de leur bon fonctionnement. Une légère douleur traversait mon poignet droit tout en remontant vers mon coude. Je tire ma manche tout en oubliant le sang sur mes mains. Tâchée... Il faudra la récurer, celle-là aussi. Mon bras n'a rien, juste un bleu. Apparemment, à part mon sourcil en sang et ce bleu sur l'avant-bras, j'étais intacte.

- Merci Alice, ça va aller. La coupure me pique toujours et me fait légèrement crisser des dents. Pas la peine de déranger l'infirmière pour si peu.

Après avoir essuyer l'hémoglobine de ma main dans la pelouse verte, je me relève et sens tous mes muscles se contracter. Ça n'était pas super agréable mais j'étais en pleine possession de mes moyens... je crois... Je risquerai d'avoir de magnifiques courbatures le lendemain matin et je songeais déjà au cours de vol que nous devrions avoir l'après-midi suivant. Autant dire que mon petit accident tombait mal. J'époussette mon pantalon et ma chemise afin d'en retirer les brins qui s'y étaient accrochés. Bien plus puissante que la douleur physique, je devais faire également face à la douleur morale que m'incombait l'échec de ce lancé. J'étais terriblement déçu par ma prestation. J'aurais largement pu le réussir, c'était une certitude ! Je regarde Alice dans les yeux. Elle avait l'air inquiète pour moi et d'une certaine façon, cela me rappelait un peu plus que cet entraînement était voué à l'échec. Mais je m'entête. Je ne voulais pas perdre la face devant la jeune fille. Je lui réponds en tentant de contenir ma colère envers moi même :

- J'aurais pu le faire ! Ce foutu sort est même pas si compliqué au final. J'ai juste été nul ce coup-ci.

Je cherche ma baguette du regard. Elle avait du tomber pendant ma chute. Je la retrouve un peu plus loin et part la ramasser. Elle non plus n'avait pas grand chose, juste un peu de terre sur le manche. Je retourne vers Alice et lui dis d'un ton que je voulais ferme et sûr de moi :

- Tu n'as aucun soucis à te faire. La situation est sous contrôle.

Je regarde Celo vérifier qu'il n'avait aucune autre blessure. Lorsqu'il releva un peu sa manche, je compris qu'il avait dû se faire mal quelque part. Je pus apercevoir  un bleu au niveau du poignet du garçonnet. Pour l'instant ce n'était pas trop grave mais demain il aura sûrement un magnifique bleu sur le poignet qui le ferra souffrir pendant plusieurs jours. 

Même si Celo me remercie et m'indique que tout va bien, je doute un peu. En effet, après un loupé pareil ce n'est pas raisonnable de vouloir continuer surtout si c'est pour soit empirer soit se reprendre un sort. Lorsque le Serdaigle se releva, je le doutais bien qu'il allait continuer à s'entraîner et qu' il n'abandonnerait pas si facilement. Je pensais cependant que c'était une très mauvaise idée. Il devait sûrement d'être fait plus mal que ce qu'il disait. Les garçons et leur égo à toujours se croire plus fort que ce qu'ils sont réellement.

De plus après avoir m'avoir regardé pendant quelques secondes, il commença à s'énerver. Sûrement contre lui même. Enfin, je l'espère.  Puis il se retourne  et va chercher sa baguette. Je le regarde ramasser sa baguette et légèrement la nettoyer. 

Il se redirige vers moi et les mannequins. C est bien ce que je disais: les garçons ont un trop gros égo. Ils ne réalisent même plus la dangerosité de leurs gestes.

Et comme pour être sûr de ce qu'il va faire, il tente de me rassurer mais sûrement aussi à se rassurer lui même . Je décide cependant à intervenir.

- Celo je crois pas que ce soit une bonne idée. C est beaucoup trop dangereux et je pense que clairement aucun première année à le niveau pour ce sort puisqu'on l'apprend en troisième année je crois. Tu as eu de la chance tout à l heure, tu n'as blessé personne et tu ne t'es pas fait mal mais ça n'arrivera pas tout le temps.  

Je m'approche de lui et tente de lui prendre sa baguette.

C'est un peu surpris que je vois la main d'Alice s'approcher lentement de ma baguette magique afin d'essayer de s'en saisir. "Je crois pas que ce soit une bonne idée, avait-elle dit." Pourquoi tout le monde passe son temps à me dire que ce que je dis, ce que je fais n'est pas une bonne idée ? Pourquoi Alice éprouvait tant le besoin de s'assurer que je ne me fasse pas mal et surtout, que je ne blesse personne ? Pourquoi parlait-elle comme mon père, comme ma mère et comme mon oncle à la fois ? Les lieux étaient déserts. C'est d'ailleurs pour cela que je les avais choisis. Le seul qui aurait pu un tant soit peu se faire du mal ici, c'était moi. J'esquisse donc un mouvement de recul afin de mettre ma baguette hors de portée de main de la jeune fille.

- Y a personne ici, Alice. Le seul qui aurait pu se faire mal c'est moi. Je marque une courte pause afin de jauger sa réaction. J'ai fait attention, je suis venu là exprès.

C'était vrai, les cinquièmes et septièmes années étaient en cours tandis que les autres élèves devaient être bien trop occupés à flâner dans les couloirs du château pour se rendre compte de l'existence même de cet endroit. L'avantage du travail, c'est qu'on est souvent seul à vouloir le faire et que, par association d'idées, on veut souvent le faire seul. Un sortilège de troisième année, avait-elle dit ? Impossible. Je les maîtrisais presque tous... Je me dirige vers le livre posé au sol, toujours ouvert à la bonne page. Je le ramasse et retourne vers Alice afin de lui montrer.

- Je pense que c'est un sortilège de sixième année. Un truc pour les grands quoi. J'ai vu Leonard Chatterton s'entraîner à le lancer l'autre jour... Pourtant, lui non plus pas n'a pas l'âge ! Et il y est arrivé... C'est... Injuste.

Le mot m'était resté en travers de la gorge, refusant de sortir et de se révéler au grand jour. Cela dit, il ne fallait pas être mentaliste pour le deviner. Toute une année passée à exceller dans les sortilèges de défense, pas un seul échec, pas une seule blessure due à ce cours. Et voilà que je tombais sur un os aujourd'hui alors qu'un idiot de cinquième année le réussissait les yeux fermé ! Oui. C'était bel et bien injuste.

Je tends le live à Alice afin que celui-ci ne me glisse pas des mains. (En réalité, c'était plutôt pour éviter que je ne le jette avec fureur dans la cheminée de la salle commune.) Je devais me rendre à l'évidence. Je ne ferais pas le poids cette fois-ci.

- Tiens. Ce sort était nul de toute façon. Trop facile pour moi. En trois essais je l'aurais maîtrisé.

Je mentais mais ce n'était rien. Les petits mensonges font partie de la vie. Jamais personne ne m'arracherait l'aveu de mes échecs. Les gens devraient se contenter de mes pansements. Ils parlaient suffisamment à ma place.

- Bon... Vu que tout ça est dangereux et tout... On fait quoi ?

Je m'apprêtais à me saisir de sa baguette lorsqu' il fit un mouvement de recul. Je fus assez surprise de sa réaction ne m'y attendant pas du tout. En entendant sa réponse, je compris qu'il n'avait pas compris que j'étais à côté et qu'il aurait pu tout simplement me blesser. Même si, je m'inquiétais plus pour lui que pour moi.

Lorsque Celo se mit à se comparer avec Léonard Charleston, je comprit qu' il avait un problème avec l'injustice et qu'il ne l'acceptait pas. La raison restait cependant en suspend car je n'en n'avais aucune idée puis surtout je connaissais Celo que de réputation. En effet, beaucoup le surnommait le "casse-cou"ou l homme aux pansements. 
Je pris le livre dans ma main et le serra de peur qu'il le reprenne. Avait-il décidé d'abandonner? Apparemment, c'était le cas enfin je l espérais. 

Je tilta tout de suite lorsqu'il dit qu'il l'aurait réussi en trois coups et qu'il était trop facile. Il ne voulait pas reconnaître son échec. Il pense sûrement que je vais lui dire qu'on rentre au château mais c est bien mal connaître la vrai Alice. On ne peut pas être fort partout et reconnaître ses faiblesses c est montrer sa force et aussi connaître ses limites. Et je n'apprécie pas vraiment les personnes qui essayent de s'enfuir après un échec , ce n'est pas comme ça qu'on gagne des batailles. 

- Très bien je te prend aux mots. Donc dans deux coups, tu l'as parfaitement maîtrisée et ni blesser personne c est à dire toi compris ? Et ben ! J'ai hâte de voir ça et évite de te défiler puisque c est un sort "trop facile ".

Je ne disais pas ça pour me moquer de lui mais pour lui montrer ses limites. Je l'avais sur le côté et me dit que je pouvais rajouter un côté piquant à ce petit manège. 

- D'ailleurs si tu reussis je ferais ce que tu veux pendant une journée si tu ne reussis pas c est toi qui feras tout ce que je veux pendant une journée. 

Bon sang... Elle veut vraiment me pousser dans mes retranchements ! Comme c'est... problématique. Me voilà dans une situation bien épineuse. En effet, j'étais confronté à un sortilège qui n'était pas de mon niveau et avais explicitement dit à Alice que j'étais en mesure de le maîtriser. Malgré ma tentative de dissuasion, elle semble toujours vouloir me voir à l'oeuvre. Maîtriser un sort de sixième année alors que je n'étais qu'en fin de première ? C'était impossible. Je regarde la jeune fille, d'abord surpris par sa proposition. Elle me disait de ne pas m'exercer et maintenant, elle voulait que je le lance en trois coups ! Un peu contradictoire... Cependant, je ne pouvais pas me défiler désormais. Mon honneur était en jeu. J'allais devoir m'en sortir coûte que coûte.

Je sors ma baguette de ma poche. Les rouages de mon cerveau se mettent en marche, tournant à plein régime, chauffant l'intérieur de ma boîte crânienne comme une cocotte minute. L'idée de génie allait arriver, je le sentais. Réfléchis Celo. Qu'avait-elle vu ? Elle avait sans doute entendu mes cris... Caspita. Tu ne me facilites pas la tâche, Alice. Expulso... ça ressemble à Repulso ! Un simple sortilège de troisième année... J'avais une chance de le réussir.

- Me suis trompé de formule tout à l'heure. J'étais en colère et j'ai mélangé les deux... C'était "Repulso" que j'aurais du dire, pas "Expulso". J'ai vraiment la tête en l'air parfois !

Je tends ma baguette vers l'un des mannequins en face de moi. Prenant une grande inspiration, je concentre toutes mes forces dans un sentiment adéquat. Celui du rejet. Comme quand mon père ne veut rien me dire, comme quand mamà ne veut rien me dire, comme quand Zio ne veut rien me dire. Loin de moi. Je m'en fiche. Partez aussi loin que vous voulez, je m'en fiche ! Je m'en fiche. JE M'EN FICHE !

- REPULSO !

Un jet de lumière sortit de ma baguette et frappa le mannequin en plein ventre. Celui-ci fut projeté en arrière sous la force de l'impact et atterrit lourdement un peu plus loin. Et d'un. Je vise maintenant le deuxième. Je te déteste, Conrad Bumberterry. Je hais ce que tu es et ce que tu représentes. Je hais ta personne et tout ce qui t'entoure. Sort de ma vie, crétin ! Va t'en. DÉGAGE !

- REPULSO !

Le deuxième mannequin rejoint le premier, se fracassant sur le métal rouillé de son camarade. Et de deux. Plus qu'un. Je tends une nouvelle fois ma baguette vers ma dernière cible... Joy... Pourquoi m'as tu fait ça... Pourquoi ? Ma main vacille, les larmes me montent aux yeux. Mon coeur bats la chamade tandis que ma voix tressaille. Joy...

- Repulso...

Le dernier mannequin tombe et je le rejoins. À genoux sur la pelouse, j'ouvre les vannes de mes yeux et laisse mes larmes couler le longs de mes joues. Un sanglot s'échappe de ma gorge, le traître... Moi qui me croyais vainqueur, me voilà vaincu...

J'attendais impatiemment de voir Celo à l'oeuvre.  J'avais entendu dire qu'il arrivait à maitriser des sortilèges des années supérieures.  En regardant la couverture du livre, je pus y lire " sixième année ". Je me mis soudain a douter sérieusement de mon idée.  Et si jamais, il se blessait ce serait de ma faute et pas de la sienne vu que je l'aurai poussé à effectuer ce sort . 

Mon attention se redirigea vers le petit serdaigle lorsqu'il s'approcha des mannequins. 
Il commença a essayer de justifier son erreur précédente mais personnellement je voulais juste qu'il essaye et qu'il s'en sorte indemne. 



Celo se concentra quelques instants mais pour moi ce fût une éternité car je ressentais de la peur mais aussi de l'impatience. Je pus enfin voir un brin de lumière s'échapper de la baguette du sorcier tandis que celuu-ci criait la formule d'une voix ferme. Le brin de lumière toucha la cible qui sous le coup de l'impact était tombé lourdement au sol. Je me leva pour aller féliciter Celo lorsque je le vis se tourner devant un deuxième mannequin. Quoi ??!! Mais je ne lui avais juste dit  de réussir le lancer de sort pas de le faire un grand nombre de fois. Avant que je n'eus le temps de l'en empêcher un deuxième rayon lumineux quitta la baguette de celo et alla mettre a terre le mannequin. Cependant, quelque chose avait changé dans sa voix. Je ne saurais dire quoi mais il était différent.  Il se tourna de nouveau vers un troisième mannequin et cette fois ci il lança son sort en prononçant faiblement le sort avant de s'effondrer quasiment en même que le mannequin sur le sol. 

A ce moment, je ressentis de la culpabilité mais aussi de la peur . Il c'était peut-être blessé voir pire!! J'accourus vers lui et j'entendis un sanglot venant de lui. Que devais-je faire ? Je venais de faire pleurer un de mes camarades à cause d'un défi idiot. Je me decida à lui faire un calin. Je me souviens que maman m'en faisais tout le temps quand ça n'allait pas. 

-Celo ça va aller. Je suis sincèrement désolé que tu pleures à cause de moi, je voulais pas promis. 

Je luis caressai légèrement le dos comme le faisait ma maman. C était hors de question que je laisse Celo dans cet état.  

Imbécile. Tu es faible. Faible, faible, faible... Alors que ce mot tournait inlassablement dans ma tête embuée, les flots qui s'échappaient de mes yeux ne semblaient vouloir s'arrêter. L'hémoglobine qui recouvrait mon visage se mélangeait peu à peu à l'amertume salée de mon liquide lacrymal. La colère et la tristesse, unies l'une à l'autre, formaient une unique entité visqueuse, hideuse et douloureuse sur tous les plans. L'herbe engloutissait une à une chaque goutte de ce liquide émotionnel corrosif. J'avais cédé. J'avais laissé s'effondrer les barrières pourtant robustes de mon coeur fragile. Cette faiblesse était déchirante et insupportable. Je voulais que ça cesse, que s'arrête ce spectacle absurde, que mes larmes sèchent et que mes plaies cicatrisent. Cette souffrance, exacerbée par les récents évènement auxquels j'ai du faire face, était à l'origine de mes sanglots. Mes gémissements incontrôlés laissèrent place à de chaudes larmes silencieuses lorsqu'Alice m'étreignit.

Ses bras autour de mon corps tremblant m'apportèrent un halo de chaleur qui constituerait ma murailles provisoire. Des protections éphémères le temps que mes propres forteresses ne se reconstruisent. Mon front, calé au creux de son bras, cherchait une protection que mon esprit venait de perdre. J'avais besoin de sécurité. J'étais faible. La jeune fille devait s'imaginer qu'elle était la cause de mon chagrin, cependant il n'en était rien. Mes raisons lui étaient bien étrangères et malgré la nudité de mon coeur piqué à vif, je posais la première brique de ma nouvelle muraille spirituelle.

- Je pleure pas... Je... C'est pas de ta faute.

Toujours lové dans son étreinte réconfortante, je ferme les yeux. Mon coeur reprend peu à peu un rythme normal et mon souffle est de moins en moins saccadé. Je pose la seconde brique de ma muraille.

- Je suis désolé que tu ai vu ça... N'en parlons plus... s'il te plaît...

Je me libère en douceur de ses bras guérisseurs et me relève avec peine. D'un revers de manche, j'essuie les larmes et le sang de mon visage. Mes yeux sont encore gonflés mais il ne pleureraient plus. Du moins, pas avant ce soir.

- Je... Je vais aller à l'infirmerie je crois. Cette foutue coupure me fait un mal de chien, haha !

De part ce rire chancelant, je posais la dernière brique de mon édifice protecteur. Pour combien de temps tiendrait-il cette fois ? Je ramasse le livre, ma cape et ma cravate. La chemise était dans un sale état mais avec le bon sortilège il n'y paraîtrait rien.

- Je dois y aller Alice... Merci.

Se retourner. Se mordre la lèvre. S'enfuir...

Je laissa Celo. J'étais perdu avais-je eu raison de faire ça ? Le pauvre garçon pleurait a chaudes larmes. Je ne savais pas comment  réagir. Devais-je lui essuyer les larmes ? Celo tremblait et j'avais peur que Celo se sentes mal. 

Lorsque Celo me répondit que ce n'était pas de ma faute, je fut vraiment heureuse que ce n'était pas de ma faute. Mais je sentais que Celo n'allait toujours pas très bien. J'écouta attentivement tout ce que Celo avait à me dire et je ne pus m'empêcher de me poser des questions mais bon c'était indiscret surtout vu l'état de Celo. 

Tu n'as pas à t'en faire Celo ! Je serais muette comme une carpe, je ne le dirais à personne ! Tu peux compter sur moi. Oui, tu devrais y aller avant que ta blessure s'infecte et que ça te fasse encore plus mal que maintenant. 

Je sentais qu'il voulait seulement ne plus m'affronter et s'en voulait sûrement que je l'ai vu dans cet état.  Je m'en voulais un peu de l'avoir poussé. Au final, c'était quand même un peu de ma faute si il était dans cet état. 
Lorsqu'il me remercia, je sentis un peu triste mais je ne pouvais lui en vouloir de s'échapper. Il se retourna, je devais partir le laisser seul mais si ce n'est pas la meilleure solution. Si j'écoutais les conseils de ma maman, je ne devrais pas le laisser seul mais là je ne pouvais pas je sentais qu'il devait être seul et que c'était ce qu'il voulait. Je me leva et me décida à repartir vers le château. Je regarda une dernière fois Celo et me dirigea vers l'entrée de Poudlard. 

De rien