Inscription
Connexion

29 déc. 2018, 13:45
 Libre  Cueillir le Soleil
Image
Arthus Gil'Sayan
11 ans, Gryffondor


11 Novembre 2043
Terrain d'entrainement — Parc
1ère année



La brise caresse doucement mon visage, ébouriffant mes cheveux qui s'emmêlent dans un fouillis de mèches et tombent devant mes yeux. Ma main se lève doucement pour les saisir et les replacer correctement — pas bien coiffés, oh non ! je me fiche bien que mes mèches soient propres ; je cherche juste à ce qu'elles ne m'obstruent pas la vision. Mes doigts s'accrochent entre deux nœuds et je tire légèrement pour les retirer, avant de jeter un regard à l'objet qui est posé au sol devant moi.

« Debout, » soufflé-je doucement. Aussitôt, il bondit, trouve sa place dans ma paume ouverte en emplissant parfaitement les creux de ma main. Je caresse le bois lustré du manche d'un air mélancolique et admirateur, et je bouge lentement pour l'enfourcher. Enfin. Enfin ce moment que j'attendais depuis si longtemps. Un sourire étire mes lèvres, parce que j'y suis. J'ai volé un balai, enfin, et désormais, je vais faire ce que je rêve de faire depuis toujours.
J'ai volé avec les autres, en cours. Mais j'étais entravé. Désormais, je suis libre. Thalia ne touche plus à un balai depuis que maman est morte, mais moi je n'ai jamais eu le droit d'en enfourcher un tant que ma sœur était là. C'est injuste. Ça a toujours été injuste. Mais là, je vais m'envoler. J'ai pu constater que j'étais doué, en cours. Je sais voler. Maintenant, je vais voler vers le Soleil. Je vais le cueillir, et je vais être libre.

J'exerce une poussée sur le sol, et je m'envole. *J'redescendrais jamais !* me rebellé-je en pensée. Je vole, je parcoure le ciel. Je sens le vent qui caresse mon visage, plus fort que jamais, et mes paupières se ferment sous le poids de son souffle. Je vole. Je sens les rayons du Soleil qui réchauffe ma peau ; si je tends la main, j'attrape le globe brillant. J'attrape mes rêves, je relâche mes points faibles. Je vis ; je vis parce que je vole.
Je vole.
Enfin.

Libre. Entièrement libre.
Dernière modification par Thalia Gil'Sayan le 04 sept. 2019, 18:20, modifié 2 fois.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]

29 déc. 2018, 18:23
 Libre  Cueillir le Soleil
Violence. Danger. Inconscience. C'étaient les trois mots qui venaient à l'esprit de Joy lorsque quelqu'un prononçait le mot « Quidditch ». Elle vouait une haine intense à ce sport depuis sa première année à Poudlard et n'avait jamais interrompu sa lutte pour l'arrêt total et définitif de la pratique du Quidditch dans l'enceinte de l'école. Elle avait même déjà réussi à obtenir un entretien dans le bureau de la directrice pour tenter de la convaincre de la dangerosité du plus célèbre sport du monde magique ; cela n'avait rien donné.

Joy s'était plus ou moins résolue et avait compris que la pratique du Quidditch était trop ancrée dans les mentalités sorcières pour en obtenir le bannissement. Cependant, elle ne désespérait pas complètement ; il était toujours possible de convaincre les esprits les moins bornés que son combat était légitime et nécessaire. Avec le temps, elle pourrait même peut-être constituer une ligue anti-Quidditch capable d'obtenir des changements concrets. 

Depuis la rentrée, même si elle ne l'avouerait jamais, elle menait sa lutte avec un peu moins d'acharnement. La quatrième année était corsée, Joy n'était pas particulièrement douée en magie ; ainsi ses préoccupations scolaires et sociales la rattrapaient et faisaient passer le rêve de la ligue au second plan. Elle n'encourageait pas le Quidditch, bien sûr, car elle croyait toujours dur comme fer en ses convictions, mais elle passait un peu moins de temps qu'avant à tenter de convaincre la population écolière de boycotter les matchs.

Ainsi, au lieu de servir de grands discours anti-Quidditch à un élève de première année, Joy entravait ce jour-là le froid d'octobre avec une idée bien précise en tête ; voler. Voler, toucher le ciel du bout des doigts, voler, défier la gravité, voler, sentir la pointe de ses pieds quitter la terre, voler, épouser les nuages. Elle avait suivi des cours de vol, bien sûr, et n'excellait pas en la matière, principalement car elle n'y avait jamais mis du sien et détestait les incessantes allusions au Quidditch des enseignants. Elle ne comprenait pas pourquoi la communauté sorcière s'obstinait à lier le vol sur balai et ce fameux sport ; voler-tout-court n'était-il pas assez grisant ? Avaient-ils seulement conscience de l'exploit que cela représentait ? Savaient-ils que des milliers de Moldus feraient n'importe quoi pour monter sur un balai, simplement monter sur un balai et filer au gré du vent, sans balle à attraper ni Cognard à éviter ?

Comme presque tous les enfants, Joy avait longtemps rêvé de quitter la Terre pour quelques minutes ; et depuis qu'elle était à Poudlard, cet exploit étant rendu possible, il lui arrivait quelques fois - pas bien souvent - de se rendre sur le terrain d'entraînement quand personne ne l'utilisait pour passer quelques heures sur un balai. Elle n'en parlait pas beaucoup, sans trop savoir pourquoi. Elle avait l'impression qu'il s'agissait de ses moments, d'instants privilégiés, qu'elle ne voulait partager qu'avec elle-même. Elle n'avait pas envie qu'on lui pose de questions car elle n'avait pas envie de répondre. Elle volait et cela lui plaisait, c'était tout. 

Elle tanguait, parfois. Elle se faisait des frayeurs, car elle n'était pas plus douée que les autres ; mais la sensation de liberté, d'abandon, d'oubli... tout cela valait mille fois la peur. Quand elle était haut, très haut dans le ciel, elle avait parfois envie de crier, même si elle ne l'avait jamais fait.

Elle déchanta pourtant bien vite lorsqu'elle aperçut une silhouette dans le ciel tandis qu'elle s'approchait du terrain. Elle crut d'abord que c'était un oiseau, mais non : c'était bien un humain. Le terrain était grand et elle aurait pu, techniquement, voler de son côté et ignorer l'élève. Pourtant, cette présence l'agaça. Elle se dirigea vers la réserve de balais, en attrapa un au hasard - car elle ne possédait évidemment pas de balai, elle volait si rarement qu'il ne valait pas la peine qu'elle débourse un montant astronomique pour un objet dont elle ne se servirait pas souvent.

Elle revint ensuite vers les tribunes, son balai en main. Elle observa la silhouette danser dans les airs quelques secondes puis sortit sa baguette de sa poche et lança un Periculum - qu'elle dosa très légèrement afin que ceux qui se trouvaient dans le parc ne puissent pas repérer les étincelles rouges. Elle voulait que la silhouette soit la seule à les voir. Elle attendit que l'élève descende. 

Elle ne savait pas encore ce qu'elle allait lui dire exactement, mais elle voulait qu'il dégage. Ce moment lui appartenait. 

Les gens du pays pensent que la vie est belle ici. La vie est belle, oui, mais quand on la rêve.

29 déc. 2018, 19:34
 Libre  Cueillir le Soleil
Image
Arthus Gil'Sayan
11 ans, Gryffondor


Fresque travaillée aux multiples détails, le ciel m'éblouissait par sa grandeur et sa précision. Ici, libéré de mon groupe d'admirateurs qui, malgré le réconfort que m'apportait la vision d'un groupe d'imbéciles prêts à faire tout ce que je leur demanderais — je ne me sentais plus seul, plus réduit en miettes par ce monstre qui se trouvait en la personne de ma sœur tellement importante aux yeux de mes parents, enfin, de mon père désormais, en raison de sa différence évidante —, m'étouffait. Oui, je n'en pouvais plus de trainer une bande d'idiots derrière moi, même si j'étais bien obligé, d'une certain manière. Désormais, j'étais connu, j'étais populaire et je tenais à cette réputation plus que réconfortante. *J'aime Poudlard*, songé-je soudainement. La pensée était désormais une évidence ; j'avais crains autant qu'espéré mon arrivée au château à cause des paroles virulentes de Thalia qui dénigraient le lieu — tout en prenant garde à ne jamais insulter sa maison devant moi, bien qu'elle le faisait dès que j'étais absent comme je le savais très bien. Elle ne voulait pas que je ris du choix de ce chapeau moisi, comme elle disait.
Pourtant, moi, je le respectais, ce Choixpeau. Il m'avait envoyé dans la meilleure des maisons, et m'avait du même coup offert l'occasion de m'épanouir enfin. Alors si mes admirateurs m'ennuyaient et m'oppressaient parfois par leur trop grand nombre, j'y tenais tout particulièrement. C'était une question de mérite ; ils étaient là et je croyais en moi-même.

Et là, je m'épanouissais pleinement, plus que je ne l'avais jamais fait jusqu'alors. Le château, je l'avais découvert peu à peu, l'appréhendant progressivement avec toujours une petite pointe de peur mêlée à une grande admiration pour ce lieu qui portait une forte empreinte de Magie. Ma maison... ah, les Gryffondor m'avaient plu dès que j'avais posé mon regard sur leur table qui m'applaudissaient ; je m'étais senti exaltée sous ce bruit qui était dirigé vers moi. Moi ! Ils m'applaudissaient, moi. Et c'était magnifique. J'aime ma maison, je suis ma maison. Quand les autres gagnent des points, c'est comme si c'était moi qui gagnait des points. Le contraire était vrai, aussi.
Mais le vol... j'avais toujours rêvé de voler. Et contrairement à la plupart des né-sorciers, je n'avais jamais pu. Parce que maman était morte, et qu'avant cela, c'était Thalia, Thalia, et encore Thalia. C'était réservé à elle parce qu'elle avait besoin d'être seule, de se sentir aimé, comme disait maman et papa. *J'la hais*, l'insulté-je. Je hais ma sœur car elle m'a volé ce que j'aurais pu être, et que je ne peux commencer ma vie que maintenant, à onze ans. Maintenant, sur ce balai, je vivais une expérience transcendante. C'était éblouissant, de fuser dans le ciel en contemplant les nuages. Je ne sais pas si je voudrais faire du Quidditch ; peut-être. Qui sait ? Je n'ai jamais essayé ; mais je me plais à faire voler mon petit vif d'or, il n'y a aucun doute là dessus.

*Qu'est c'que...*, m'emballé-je. Le Soleil qui brillait devant moi était obscurci — ou plutôt troublé — par des petites étincelles. Un véritable feu d'artifice écarlate bouillonnait sous mes yeux ; ses étincelles semblaient être les larmes de sang de l'astre magnifique. Mais pourquoi... *Pericu-truc !*, compris-je. Le sortilège, là... oui, Periculum, ou quelque chose du genre.
Aussitôt, mon regard se baisse vers le sol et se pose sur une silhouette lointaine. Je suis déjà trop haut pour la distinguer avec clarté ; le sommet des arbres de la Forêt Interdite à la lisière du parc est un peu plus bas que moi.

Qui ? Qui troublait ce moment de plénitude tant attendu ? J'exerce une légère pression sur le bois de mon balai et il s'incline, fusant vers le sol. Le vent et la vitesse me piquent les yeux, je tremble de colère et ne peux plus contempler correctement la beauté du ciel.
J'atterris non loin de la silhouette inconnue et descends sur balai, le gardant en main et m'approchant d'elle. Elle, parce que c'est une fille, une fille blonde, à la cravate de Serdaigle *tous des intellos* et... et plus grande que moi, malheureusement.
*J'vais la tuer*, crié-je, mais je sens bien que ma pulsion destructrice a peu de chance de se mettre en œuvre vu la taille de l'autre, son année apparente et sa sûrement plus importante connaissance en maléfices. Alors je me contente de me poster à deux mètres d'elle et de la foudroyer du regard.

« Qu'est ce que tu me veux, pour m'déranger ? craché-je avec méchanceté. J't'ai rien demandé ! »

Pourquoi, au moment où je suis enfin seul, quelqu'un trouble t-il ma paix ?

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]