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04 janv. 2019, 03:37
Aux portes du paradis  Libre 
Samedi, 23h24

Printemps



Souffle d'agonie. L'agonie d'un hiver mourant. D'un printemps chantant. Sécheresse du froid engourdie par le temps. Puis l'eau dangereusement, ruisselle le long de cette terre. Terre embourbée et malmenée. Neige fondu, pour une année perdue. Perdu dans une révolution, libération. Astre de feu pourfendeur, libérateur. La brume s'estompe peu à peu dans les plaines. Réveil des graines... Endormies, sous le règne de glace... Peu à peu, refont surface. Le blanc étouffant... Impuissant. Évolution, ce cycle d'humiliation. Cycle de vie, repère du temps. Une accalmie et pourtant... Jamais de changement. Perdu dans l'immensité, de concepts trop éloigné. Loin dans le ciel, tout cet immatériel. Ces astres immenses, que nos sens se dispensent. Dispenses de toute compréhension, de palpation. Si proche, mais si grand, si loin, mais si petit. Abêtissement, Obscurci. Les rêves s'empare des hommes, mais les hommes s'emparent de tout. Tout, sauf le ciel et les abysses. Abysses des pensées de ceux qui ne font que passer. Passer dans un cycle de vie, pour finalement s'éteindre dans la nuit. Nuit éternelle, dans le vide cruel.

La magie cette hérésie. Faire croire d'un pouvoir. Pouvoir palpable. Différent à chaque instant il peut inverser le temps. Cette fable, cet abattoir. Les âges font leurs chemins. Des bâtiments se dresse en même temps que le destin. Loin dans cette plaine, un édifice emplis de gens. Des enfants. Insouciant, perdu dans un monde hostile. Se pavanant comme des imbéciles. Imbéciles de curiosité, naïf, soucieux de leur image alors que ce ne sont que des mirages. Loin dans le miroir, dans le vide de leurs devoirs, leur yeux plein de désespoir. Désespoir d'une vie médiocre, peint sur les murs avec de l'ocre. Pierre enchantée fait couler l'encre. L'encre est levée le navire part. Départ de nos pensées... Écumées. Chassée de toute réalité. Voyage de nos mirages, coulé par ceux qui se disent sage.

Perdu dans la chahut. Au centre de ce monde biscornu. Les objets volent. Voles les rêves, voles les projets. Projets d'excellence au milieu de certaines danses. Je pense... Pense à m'envoler vers ces rêves égarés. Dans ce qu'ils appellent le silence, je laisse la fenêtre m'accaparer. Les yeux se ferment et danse. Danse dans ce noir affreux. Ce même noir que le vide, ce même noir acide. S'envoler, en voilà une idée. Vers les astres bien au-dessus des pinastres. Supportée par la brise, supportée par la maitrise. Je m'envole loin du sol. En haut de cet ovale, je regarde les astres et leur festival. Mais la médiocrité finie toujours par refrapper. Jamais satisfait on s'élance toujours vers le danger. Danger d'un balais. Volant plus haut au moindre saut. Le froid d'un hiver persistant, je regarde le spectacle envoutant.

Une ombre dans la lune. Opportune. Une frise de cratère. Devant un regard porté par l'air. Loin, bien trop loin du sol. Le froid me camisole. Lumière du ciel, lumière de la terre. J'observe au travers d'une lunette de verre. Le nom du rêve de bonne fortune ? le Friselune.

CR Always <3

08 févr. 2019, 16:48
Aux portes du paradis  Libre 
26 Mars 2044
Alentours du terrain d’entraiment, parc de Poudlard
2ème année


Mélange d’Âmes. Dressée, immobile dans ce lieu étrange, comme pour me soustraire au cours du Temps cruel, je sens la brise fraiche dans mes cheveux. Souffle d’air glacial. Tel un rappel de la Nature, un murmure de Gaïa pour rappeler au Monde que l’hiver n’est pas terminé. Entrelacs de beauté ; printemps et hiver entrecroisés. Ils dansent ; se cherchent. Ils s’appréhendent, se questionnent : qui triomphera donc pour obtenir le pouvoir de cette Nuit si précieuse ? Une Nuit, fragment de Temps. Si brève, si importante. Déterminant, comme ses précédentes, le cours des choses. Qui gagnera ? *J’m’en fous*. Parfois, j’aimerais me comprendre. Chasser les songes doux, raviver la brutalité, c’est tout moi. Ce Moi qui ne devrait pas être Moi ; trouver comment le changer, vite, je vous en pris, Mages des temps passés, présents et futurs. Bien sûr que je ne m’en fous pas ; oh, et si je m’en foutais, cela ne changerait rien. Je crains bien que ce Monde est décidé que mon avis d’humaine l’importait peu ; don ou malédiction ? Peut-être ni l’un ni l’autre. Yin Yang. Ce symbole si mystérieux, si ancré dans les traditions sans être compris. Noir dans blanc ; blanc dans noir. Sombre dans clair ; clair dans sombre. Vie dans mort ; mort dans vie. Nuit dans Jour ; Jour dans Nuit. Enfant dans Grand ; Grand dans Enfant. Bonheur dans malheur ; malheur dans bonheur. Nombre de signes que je comprends, nombre de signes que j’entrevoie sans les vivre. Règles du Monde au nombre infini, toujours à découvrir. *Hiver dans été ; été dans hiver*. Songe soudain au goût de vérité. Cette Nuit est une bataille, mais cette bataille se déroule sous la curieuse forme d’une danse.

Cycle éternel. Les saisons dansent sans fin, tourbillonnant les unes autour des autres. J’observe ce mélodieux ballet de Nuit, guettant l’instant où la chance me sera offerte. Je la saisirai, si elle se présente, je l’attraperai en plein vol tel ces attrapeurs referment leur poing sur cette bille dorée dans ce sport de sorciers si incompréhensible. J’attends le moment où une faille, une porte, se dressera entre l’été et l’hiver. Ouverture merveilleuse. Me plonger dans ce ballet effréné, vivre l’instant, comprendre la métamorphose du Monde. Opportunité chantante. *J’me d’mande si j’aimerai l’faire*. Me mêler à l’été et l’hiver. Ce serait terrifiant, magnifique.

Car ces Nuits d’entre-deux sont des instants précieux. Elles construisent le Nouveau Monde. Renouveau des sens. Le printemps s’avance prudemment, l’hiver règne de façon instable. Soupir gelé. Brise s’enveloppant autour des Âmes, la caresse que laisse le vent sur mon visage est froide comme le cœur de la saison neigeuse. Brins délivrés, l’herbe se dévoile derrière les résidus de neige qui fondent doucement, brillant sous la Lune.

*J’aime bien*, me chuchote une voix silencieuse. Silence conservateur, silence protecteur. J’aime le silence, les paroles brisent les Âmes et défoncent les Êtres. Les paroles sont mensonges, les écrits sont blessants *et libérateurs*, seul le silence est au-delà de la vérité et du mensonge. La Nuit est silencieuse, le moindre murmure ne la trouble pas mais s’aligne dans son cours pour ne devenir que bruit sans signification, particule à part entière du Royaume de Nyx. La douce neige vaporeuse, se métamorphosant en eau aussi fluide qu’un songe muet, ne peut que m’apaiser. Peut-être est-elle la seule à le pouvoir.

Orbe parfait veillant sur le Monde, l’astre lunaire aux nuances argentées nimbe le parc d’un halo de lumière pâle qui se réfléchit sur la poudreuse. Finalement lassée de me tenir droite, debout et immobile comme un arbre — souhaiterais-je donc faire partie de ce Monde parfait, me sentirais-je donc intruse dans ce lieu ? — je prends appui sur un arbre situé à la lisière du terrain d’entrainement. Le terrain, refuge des joueurs passionnés que je ne comprendrai jamais. *’Thus en fait partie...*, vomit une présence vicieuse et invisible ; peut-être mes cauchemars. Je me réprimande avec virulence ce surnom. Arthus. C’est bien une raison pour que je ne comprenne pas. Le Quidditch est irrespectueux, cruel, et il s’enroule autour des règles pour les contourner ; je ne comprends rien à cette chose. Sport intense, certes. Mais point créé pour moi, pour le moment.

Je me laisse glisser le long du tronc, tressaille en sentant les ondes vibrantes que le choc contre le sol laisse dans mon corps. Ma tête s’appuie contre le tronc dur, mon regard virevolte vers le Ciel. Pensée soudaine, née de l’allusion à cet étrange sport. Le vol, lui, ne m’est pas inaccessible *et j’aimerais bien en r’faire*, sauf que non. Plus jamais. Des perles de glace pointent au coin de mes yeux et se mettent à rouler lentement sur mon visage sans que je puisse les arrêter. Joyaux d’hiver. Les larmes sont mes amies, en quelque sorte, après tout elles m’accompagnent où que j’aille. Me libèrent quand je ne peux plus parler. Je bats des paupières, ne tente même plus de chasser mes pleurs. Je suis pitoyable, mais au moins, seule. Seule sous le clair de Lune. *Lune*. Non. La courbe douce du bois me revient en tête. Le souvenir des brindilles fixées au manche dans un délicat assemblage débarque aussi. Chevaucheur de nuage. Tremblements se répercutant dans tout mon corps, *je n’dois pas penser à ça*. Pourtant, je le fais tout de même, n’est-ce pas ? Le beau balai de Maman. Cette virée au dessus des nuages, la Nuit qui avait précédée la Nuit fatidique. L’Aube se levant, le Soleil se réveillant. Tout ça par-dessus la barrière des nuages ; j’avais cru apercevoir le visage fin d’Éos et le char d’Hélios. Le Ciel était devenu accessible ; les Astres étaient devenus rêves.

C’était beau. Et ce balai poussiéreux, tout recouvert d’une couche de poussière grise. Dans la remise, tout au fond du Domaine ; pour que plus jamais je ne l’aperçoive. J’aimerais voler, mais j’en suis incapable. Pas sans Maman. Et donc plus jamais. *Maman*, songé-je. C’est dans des moments comme celui-ci, calmes et paisibles, propices aux souvenirs, que sa Perte me revient en pleine face.
Ce balai pour rendre les rêves réalités. Ce bois soyeux que je ne toucherai plus jamais. Le Friselune, balai de Maman. Celui que j’avais couvé d’un regard plein d’envie, petite, avant de le chevaucher. De voler au cœur des cieux.

Au cœur de cette Nuit hivernale et printanière, au cœur de cet instant hors du Temps où remontent les souvenirs, au cœur de ce lieu de Renouveau, je songe au Passé qui ne reviendra jamais. Les larmes dégoulinent sur mon visage tandis que je tente de perdre mon regard dans le ciel ; *Maman*.

[Thalia existe entre les échos]
[elle persiste, bien que les Mots l’aient abandonnée]