"-Ils ont pas expliqué pourquoi?
-Non juste qu'elle était annulée c'est tout! Pas de Pré-Au-Lard aujourd'hui!
-Je suis dégoûté j'ai plus de rocher au chocolat."

C'était sûr la sortie à Pré-Au-Lard était annulée, Christopher avait entendu la conversation depuis son fauteuil habituel sur lequel il passait le plus clair de son temps à relire ses cours auprès du feu . Les doutes qu'il avait entendu depuis la veille étaient confirmés. Une aubaine pour lui, il pourrait emprunter un passage secret qu'il avait repéré sur sa carte du maraudeur et se rendre à Pré-Au-Lard pendant que personne n'y serait. Il ne risquerait pas de s'y faire repérer par des élèves plus âgés.

Il remonta dans le dortoir des garçons et ouvrit le coffre au pied de son lit. Il en sorti une boîte en bois de cerisier, dedans se trouvait un tas de feuilles de parchemin il en sortit celui qui l’intéressait tant. Sa carte de maraudeur. Il y jeta un coup d’œil après avoir dit la formule adéquate pour bien repérer l'endroit de départ du sousterrain. Il fallait se rendre aux sous-sols, le passage semblait débuter dans un renfoncement d'un mur, il avait déjà prévu d'y aller mais n'avait pas fait de repérage, il prit ses affaires et sortit du dortoir. Il verrait bien sur place.



Les sous-sols étaient sombres et glauques, comment les Serpentard pouvaient se plaire à passer par là tous les jours pensa l'aiglon qui appréciait encore plus les hauteurs de sa salle commune. Seul un tableau représentant un champ de jonquilles avec en premier plan des brins de muguet aux énormes clochettes égayait un peu le lieu. Un écran de nature dans un couloir qui semblait la fuir. Arrivé dans le renfoncement que représentait la carte Christopher ne vit rien, un vide avec aucune porte, pas de trappe rien.

Plein d'espoir le blond pris sa baguette et en formant une spirale avec prononça "Revelio!". Mais ce fut sans réussite. Un autre essai puis il tenta dans le vide "Alohomora!". Toujours rien! C'était pas possible, le passage secret commençait ici il en était sûr, il avait vu et revu sa carte. "Lumos!" Il devait bien y avoir une ouverture. Éclairant le renfoncement de sa baguette il chercha la moindre trace d'ouverture dans les murs. En passant sur le sol il aperçût un carré de briques plus propres. Elles ne semblaient pas avoir traversé autant d'années que les autres. Se pourrait-il que le passage soit bouché? Il reprit sa carte et regarda l'endroit où il était. Il vit alors son image tapotant quelque chose avec sa baguette avec une bulle ou était marqué "Dissendium". Après avoir rangé sa carte, il tapota alors les briques en prononçant la formule, mais toujours rien. Son désarroi laissa place à de la panique quand il entendit des bruits de pas lointains qui semblaient s'approcher. Éteignant rapidement sa baguette il s'enfonça dans l'obscurité espérant que la personne qui arrivait passe sans le voir.

Deux suçacides, trois sachets de gnomes au poivre et une poignée de caracollants. C'est tout ce qui restait dans la réserve de sucrerie de la petite Alice. Les stocks avaient disparu à une vitesse extraordinaire, s'en était presque inquiétant pour la silhouette de la fillette. Mais il était hors de question d'attendre les vacances de Pâques pour remplir sa réserve, le simple fait de savoir qu'elle pouvait se retrouver à court de bonbon dérangeait beaucoup Alice. Il fallait refaire ses stocks au plus vite.
Alice s’accroupit devant sa malle. Elle souleva son contenu avec précaution jusqu'à en extirper sa carte maraudesque. Après l'avoir glissé dans la poche de sa cape, la fillette remit la malle à sa place. Il ne fallait pas que Thalea ou Irisia se doute de quoi que ce soit, la discrétion était importante pour faire ce genre de chose. Chaque détail comptait et il ne fallait en omettre aucun. Personne ne devait savoir qu'une fois encore, Alice s'apprêtait à rejoindre Pré-au-lard.

La porte de la salle commune se referma dans son dos. Alice jeta un coup d'oeil à droite, à gauche. Il n'y avait personne, et c'était tant mieux. Il n'y avait pas de temps à perdre, qui sait quand est-ce que monsieur Saunders ou miss Kwon passeraient par ici ? Oh si monsieur Saunders la surprenait à rejoindre Pré-au-lard... son père en serait aussitôt prévenu, et s'en était hors de question. Il fallait faire vite.
La fillette s'engouffra dans le couloir, ses pas guidés par les souvenirs de ses trop nombreuses visites à Pré-au-lard ? Alice réussissait à se perdre tout le temps, dans tous les étages possible, mais le chemin à prendre pour rejoindre ce passage secret était encré dans sa mémoire. Question d'habitude.
Malgré sa volonté d'être discrète, ses pas résonnaient dans le couloir. Alice jeta un rapide coup d’œil au dessus de son épaule pour s'assurer qu'elle n'était pas suivie. Non, elle était seule. Pour combien de temps, ça elle l'ignorait. Alice accéléra le pas.
Bien vite, Alice arriva dans le couloir où se trouvait le passage secret. Alors qu'elle se rapprochait, la fillette tira sa baguette de sa ceinture et lança « Lumos ! ». Son extrémité s'alluma d'un faisceau de lumière blanche qui illumina quelque peu les obscurités du couloir. Légèrement aveuglée, la Serpentard papillonnait un peu des yeux. Alors que sa vision lui revenait, corps entier se tétanisa en voyant une masse dévoilée par la lumière. Elle ne l’avait pas vu, ni même entendu ! La fillette se recula d’un pas, sa main sur le coeur. Quel farceur, il avait bien faillit lui faire avoir une crise cardiaque !
Les yeux d’argent de la petite fille s’écarquillèrent en reconnaissant le garçon.

« - Christopher ? C’est bien toi ? Tu m’as fait peur !

Bien sûr que c’était lui, Alice n’eut aucun mal à le reconnaître. La terreur qui avait momentanément siégé sur le visage d’Alice avait disparu pour laisser place à un grand sourire. Elle était si contente de le voir.

- Que fais-tu ici ? Demanda la fillette en s’avançant vers lui. Tu... »

Alice posa ses yeux sur le renfoncement du mur qui menait au passage secret. Elle jeta un nouveau à regard à Christopher. Était-il en train d’essayer de quitter Poudlard, lui aussi ?

Les pas se rapprochaient, pire encore un faisceau lumineux vacillait dans le couloir et grossissait à mesure que les bruits s’amplifiaient. Dans quelques secondes la personne serait devant le renfoncement où se terrait Christopher. *Allez passe vite sans regarder par ici s'il te plaît...* Difficile d'expliquer qu'il était en train de se terrer dans un endroit sombre des sous-sols, seul et sans lumière. Il essaya de s'enfoncer encore plus bien que ce soit impossible mais il dût vite trouver une histoire à raconter pour justifier qu'il essaye de se cacher ainsi, la lumière l'éclaira d'un coup et l'aveugla si bien qu'il ne voyait pas qui était au bout de la baguette. *Ça y est c'est fini à moi la punition et la beuglante de mes parents.*

"- Christopher ? C’est bien toi ? Tu m’as fait peur !"

Cette voix... Il la connaissait si bien, elle résonnait nuits et jours dans sa tête. Si douce et agréable, elle lui fit apparaître le même sourire qu'il arborait chaque fois que sa propriétaire se trouvait à ses côtés. Ce fut un soulagement que ce soit elle et pas quelqu'un d'autre. Il n'avait pas à lui trouver une excuse alambiquée pour lui justifier sa présence ici si elle le lui demandait. Il avait suffisamment confiance en elle pour lui dire la vérité sans avoir peur de sa réaction ou qu'elle le dénonce.

"Que fais-tu ici ? Tu...
-Alice! Heu et bien... Rassuré par la présence de la jeune fille il ralluma sa baguette afin d'y voir plus clair et surtout en profiter pour pouvoir admirer sa camarade. La couleur si particulière de ses cheveux et de sa peau réfléchit la lumière qui émanait de sa baguette et apporta encore plus de luminosité. Je voulais aller à Pré-Au-Lard, on m'a parlé d'un raccourci qui commençait ici. Mais heuu il a dû être bouché ou je ne sais pas quoi je n'arrive pas à le trouver... Et toi? Pourquoi tu es venues te perdre dans ce couloir sombre? "

D'un coup il n'avait plus envie d'aller à Pré-Au-Lard, il aurait bien l'occasion d'y aller une autre fois. Sa seule envie c'était de rester avec Alice, depuis l'épisode de la St Patrick ils n'avaient pas passé de moment ensemble, c'était l'occasion. Elle était seule, peut-être disponible pour passer du temps avec l'aiglon. Il imagina alors rapidement avant qu'elle ne réponde toutes les activités qui pouvaient s'offrir à eux plutôt que de parler ici dans un couloir glauque. La douceur du printemps était installée dehors, pourquoi ne pas aller au parc se poser à l'ombre d'un arbre et se raconter leur vie. Ou non! Il avait trouvé mieux. Enfin lui donner ce cours de vol promis il y a plus d'un mois. Rien ne les empêchait cette fois, ils avaient toute la journée devant eux et le ciel s'y prêtait.

Quel plaisir de revoir Christopher en tête à tête ! Bien que le lieu ne soit pas idéal pour une jolie rencontre pleine de jolie sentiment, Alice était on ne peut plus heureuse de voir le garçon. Comme à chaque fois qu'il était à proximité d'elle, son petit cœur s'affolait et sa mâchoire lui devenait douloureuse à force de sourire.

« - Alice! Heu et bien... Je voulais aller à Pré-Au-Lard, on m'a parlé d'un raccourci qui commençait ici. Mais heuu il a dû être bouché ou je ne sais pas quoi je n'arrive pas à le trouver...

Bouché ? Alice haussa un sourcil en observant le renfoncement dans le mur. Quand est-ce que cela aurait été fait ? Ce n'était pas de veine, ce passage secret était le plus pratique pour la fillette et surtout, celui qu'elle utilisait tout le temps !

- Et toi? demanda le garçon. Pourquoi tu es venues te perdre dans ce couloir sombre?
- Je voulais rejoindre Pré-Au-Lard moi aussi... Je n'ai presque plus de bonbons. Et puis il fait beau aujourd'hui, j'aurais volontiers fait d'autres emplettes.

Alice ne craignait pas qu'il la sermonne, qu'il la dénonce ou qu'il la dissuade de faire ce qui lui plaisait. Christopher était un gentil garçon et il respectait la fillette. Il ne chercherait pas à lui nuire d'une quelconque façon : il n'était pas ce maudit Brett.
Son regard d'argent se reposa sur le renfoncement du mur.

- C'est dommage, nous aurions pu y aller ensemble...

A l'idée de se promener dans les rues de Pré-Au-Lard aux côtés de Christopher, les joues de la fillette s'empourprèrent. Ce serait un moment magnifique ! Il ne fallait pas laisser passer une chance de passer un joli moment avec le Serdaigle si cher à son cœur enfantin.
Alice souleva sa cape du mieux qu'elle le pouvait et s'accroupit pour regarder une dalle qui lui semblait suspecte : elle était indemne, vierge de toute trace du temps.

- Oh non, se lamenta la petite tête blanche. Tu as raison, on dirait qu'il a été condamné. J'espère que les autres passages n'ont pas été découvert... Quelle plaie...

Pas de bonbons pour la fillette... tant pis, elle en demanderait à Irisia et Thalea. Alice se releva et ajusta sa robe, soucieuse de la retombée de ses pans. Elle reposa ses yeux sur Christopher. Ils ne pouvaient pas aller à Pré-Au-Lard, mais il était hors de question qu'ils repartent chacun de leur côté. Cela faisait trop longtemps qu'ils n'avaient pas passé du temps ensemble. Pour deux enfants qui avaient déclaré vouloir passer du temps l'un avec l'autre, les occasions avaient été peu nombreuses.

- Il fait beau dehors... on pourrait passer du temps ensemble, rien que tous les deux... Sur un balai, par exemple ? »

C'était le moment rêvé ! Les plans de Christopher et les siens étaient tombés à l'eau, ils étaient seuls et en plus, il faisait beau dehors. Il fallait en profiter, et ne pas laisser le garçon s'en aller. L'aigle devait apprendre au serpent à voler.

Alice avait donc prévu elle aussi de se rendre à Pré-Au-Lard. Christopher était encore plus dégouté de constater que le passage était bouché et inaccessible. Encore plus quand la jeune fille émit le regret de pas pouvoir y aller ensemble. Le blond ne répondait pas, il était absorbé par son imagination dans laquelle il se baladait main dans la main avec elle sous les rayons du soleil à travers les rues du village. Loin de Poudlard, des autres et de leur scommérages, loin d'une commentatrice envahissante, loin de Fiss et ses avis sur la douce Alice. Juste elle et lui.

"-Oh non. *Pouf* La bulle imaginaire dans laquelle il était éclata le ramenant à la réalité. Tu as raison, on dirait qu'il a été condamné. J'espère que les autres passages n'ont pas été découvert... Quelle plaie..."

D'autres passages? L'espoir renaissait en lui, il y avait d'autres passages permettant de se rendre à Pré-Au-Lard? Il ne les avait pas remarqués, il avait découvert celui-ci et s'en était contenté. Pourquoi en chercher cinquante, en connaître un seul suffisait après tout. Mais force est de constater qu'il aurait dû analyser l'ensemble de la carte.

"-Il fait beau dehors... on pourrait passer du temps ensemble, rien que tous les deux... Sur un balai, par exemple ?
-Tu lis dans mes pensées. J'étais justement en train d’espérer... Enfin de me dire qu'on pourrait aller enfin voler ensemble comme je te l'avais proposé."

*Rien que tous les deux* il entendait encore la voix d'Alice dire ces mots dans sa tête. C'était si facile avec elle, tout laisser penser qu'ils étaient sur la même longueur d'onde, les mêmes envies au même moment. Le même désire de passer du temps ensemble. C'était trop beau pour le jeune blond.

"-Allons-y du coup si c'est ok pour toi."

Les deux enfants prirent alors la direction du terrain d'entrainement abandonnant ainsi l'appel de leurs estomacs désireux de sucreries de chez Honeydukes.



Avec joie Christopher constata que le terrain était désert. Ils ne seront que tous les deux dans les airs. Alice pouvait bien être ridicule sur un balai, il n'y a que lui qui pourrait le constater. Il prit la direction de la remise à balais où son Manchevif était entreposé.

"Tu n'as peut-être pas de balai personnel. Si tu veux je peux te prêter le mien je prendrais un de l'école ça me dérange pas. Il saisit son balai et le tendit à Alice. C'est un cadeau de mon père. Il me l'a offert quand je lui ai annoncé que j'étais pris dans l'équipe de Serdaigle. Il était tellement content de me voir suivre les même pas que lui."

Il prit un balai de l'école, un vieux Brossdur 1. Bien entendu il était moins fringant que son Manchevif. Il en avait déjà utilisé en première année durant les cours de vol comme tous les élèves à Poudlard. Mais pour l'utilisation qu'il allait en faire aujourd'hui il ferait très bien l'affaire.

Sa proposition plaisait à Christopher. Mieux encore, il avait eu la même idée. Les deux enfants étaient sur la même longueur d'onde. C'était si agréable de parler avec quelqu'un de similaire à Alice, et pourtant rien ne laissait supposer que les enfants avaient des points communs. Leur similitude était ailleurs, personne ne pouvait comprendre cette subtilité qui les unissait. Ils étaient tous trop bête, ou trop jaloux de ce bonheur qui les avait saisi.

« - Allons-y du coup si c'est ok pour toi.
- Nous pouvons y aller, répondit Alice avec un sourire.

Rien qu'eux deux dans les cieux. Alice allait enfin pouvoir réaliser ce doux rêve qui l'aidait à s'endormir chaque soir.


Le terrain d'entrainement était impressionnant, il fallait bien l'avouer. Alice se sentait toute petite au milieu de tout cet espace, qu'est-ce que ce serait lorsqu'elle sera dans les airs ? La fillette suivait Christopher, son regard vadrouillant de droite à gauche. Il n'y avait qu'eux, c'était merveilleux, ce moment n'appartiendrait à personne d'autre qu'aux deux enfants. Alice espérait que personne n'aurait la brillante idée de venir perturber leur moment rien qu'à eux.
Christopher conduisit Alice à ce qui se trouvait être la remise à balais. La petite Sangblanc les regardait l'un après l'autre. Certains étaient plus jolis que d'autre, certains étaient bien moins entretenus que les autres.


- Tu n'as peut-être pas de balai personnel. Si tu veux je peux te prêter le mien je prendrais un de l'école ça me dérange pas.

La main de Christopher se saisit du manche d'un balai qu'Alice avait catégorisé comme "joli et bien entretenu". Il était vrai qu'elle préférait utiliser le balai de Christopher plutôt que ceux de toute l'école. A l'idée de toutes les mains qui avaient empoigné tous ces manches, Alice se sentait nauséeuse. Heureusement, Christopher était un gentil garçon, poli et serviable. La fillette se sentait vraiment chanceuse lorsqu'elle le regardait.
Christopher tendit son balai à Alice en racontant :

- C'est un cadeau de mon père. Il me l'a offert quand je lui ai annoncé que j'étais pris dans l'équipe de Serdaigle. Il était tellement content de me voir suivre les même pas que lui.

Alice se souvenait de leur première rencontre où le garçon lui avait révéler que son père avait été un joueur de Quidditch professionnel. Il devait être vraiment très fier de son fils, c'était certain. Bien sûr, il avait d'autre raison d'être fier de son fils, mais le fait de savoir qu'il aimait les même chose que son père devait être un accomplissement personnel pour lui. Alice se prit à penser à son propre père. Alice aurait aimé suivre la voie qu'il avait choisi, celle du combat contre les mages noirs, celle de la protection de la population... mais ce n'était pas pour elle. Il fallait alors le rendre fier d'une autre façon.

- Il devait être vraiment ravi, dit Alice en se saisissant du Manchevif avec délicatesse. Je vais en prendre grand soin, je te le promets. Et si je tombe... eh bien, je m'arrangerai pour ne pas tomber dessus ! Ou alors, tu m'attraperas en pleine chute !

Alice rit légèrement en regardant le garçon. Il avait beau être attrapeur, récupérer Alice en plein vol était certainement hors de ses compétences mais l’imaginer n’en restait pas moins amusant.

- C’est vraiment gentil de me prêter ton balai, ajouta Alice. Merci beaucoup pour ta confiance ... Bien, à partir de maintenant, tu es le professeur et moi l’élève, et je vais être très attentive, tu verras. »

Si toutes les matières avait pour professeur Christopher, certains cours seraient bien plus passionnants...

"- Il devait être vraiment ravi. Je vais en prendre grand soin, je te le promets. Et si je tombe... eh bien, je m'arrangerai pour ne pas tomber dessus ! Ou alors, tu m'attraperas en pleine chute ! "

L'idée qu'Alice tombe n'avait rien de très amusant pourtant la jeune fille en rit, nerveusement l'aiglon la suivit mais il n'avait pas envie de la voir tomber, il ferait son possible pour la rattraper bien sûr mais il ne voulait pas qu'elle se blesse.

"- C’est vraiment gentil de me prêter ton balai, ajouta Alice. Merci beaucoup pour ta confiance ... Bien, à partir de maintenant, tu es le professeur et moi l’élève, et je vais être très attentive, tu verras.
-De rien, je me fais pas de soucis tu ne vas pas tomber, on va rien faire de très dangereux juste t'aider à être à l'aise pour commencer. Christopher passa le balai de l'école entre ses jambes et après une ferme tape du pied au sol s'élança dans les airs. Vas-y fait comme moi, envoles-toi de juste quelque centimètre et regarde-moi."

Comme toujours une fois dans les airs il était plus assuré, le temps était bon, pas de vent, du soleil, c'était parfait pour aider Alice à être à l'aise sur un balai. Il avait eu le temps depuis leur discussion en tribune pour réfléchir à ce qu'il pourrait faire pour l'aider le plus possible. Il savait comment éviter qu'elle n'ait peur.

"-Continue de me regarder, ne regarde pas en bas et autour, juste moi. Fais-moi confiance. Il posa la main sur le bout du Manche Vif sur lequel était Alice. Et du coup oui mon père était ravi, il jouait en tant que poursuiveur mais il dit toujours que j'ai les qualités pour être batteur ou attrapeur. J'ai essayé les deux, je préfère quand même attrapeur même si j'ai pas été très bon contre Serpentard. L'amertume habituelle au souvenir de ce match se faisait un peu ressentir même si il avait réussi à passer à autre chose surtout grace au match nul entre Poufsouffle et Gryffondor qui laissait toute les chances aux Ailes d'Airain de gagner le championnat. Mais Tally me fait confiance, je vais jouer titulaire contre Gryffondor, je vais tout donner."

Monopoliser la parole n'était pas dans ses habitudes mais l'idée était de focaliser Alice sur autre chose que son vol, la faire prendre de la hauteur sans qu'elle ne s'en rende compte. Pour ça rien de mieux que de lancer une conversation, tout pendant qu'il parlait Christopher la fixait des yeux, il profitait de l'instant et avait du mal à rester concentré. Il était si content de pouvoir soutenir son regard sans que cela ne soit trop bizarre ou gênant. Il s'élevait de plus en plus, entraînant la serpentard avec lui sans qu'elle ne s'en rende compte. Les deux ados étaient à plusieurs mètres à présent.

"-Et toi? Parle-moi de toi, ta famille. Ils font quoi dans la vie tes parents?"

Il était impatient d'en savoir plus sur Alice, elle le captivait et avait sûrement plein de chose à raconter. Mais il devait faire attention, ils avaient atteint une dizaine de mètres et elle ne s'en était pas encore rendu compte. Si elle perdait l'équilibre il se devait d'être réactif pour la retenir.

Mots soulignés pour la CdC

Le balai passé entre ses jambes, l'angoisse la gagnait aussitôt. Elle grimpait en elle avec rapidité, et Alice ne parvenait pas à la chasser. Le fait de savoir qu'elle allait s'élever dans les airs, abandonner le sol rassurant ... c'était terrible. Mais c'était rationnel, après tout. Tomber lui ferait très mal ! Et puis, si un orage se déclarait pendant leur vol ? Ils seraient immédiatement électrocutés ! Il y avait des milliers de raison de rester au sol et de laisser le ciel aux oiseaux.

La voix de Christopher peinait à atteindre Alice. Elle savait qu'il parlait, elle l'entendait... mais ne parvenait pas à l'écouter. Trop de chose tournait dans sa tête. Et puis, elle le vit frapper du pied pour s'envoler. Il n'était pas bien haut, et lui demandait de faire de même. Il fallait faire confiance à Christopher, il savait ce qu'il faisait. Alors, Alice frappa le sol de son pied, comme elle l'avait apprit en classe. Aussitôt, elle s'éleva dans les airs. Pas très haut mais... c'était suffisant pour la crisper toute entière. Elle n'aimait pas cela, elle n'aimait pas être éloigné de la terre ferme, elle n'aimait pas cette instabilité dans laquelle elle était précipitée !


Alice releva sa tête du vide sous ses pieds pour braquer ses yeux dans ceux de Christopher. Oui, il fallait le regarder, l'écouter lui et seulement lui. S'accrocher à son regard et à ses mots. Il fallait lui faire confiance.
Mais comment faire confiance alors que son corps entier était tétanisé ? Ses muscles lui en devenaient douloureux. *C'est haut, c'est haut, c'est haut, c'est certainement très haut..* Christopher parlait, il fallait l'écouter ! *Mince et si je tombe ?* Le sourire qu'étira soudainement Alice ressemblait plus à une grimace qu'à autre chose. Il n'était pas naturel, du tout.
Alice, toujours plongée dans le regard de Christopher, sentait qu'elle bougeait. Étaient-ils en train de s'élever ? A combien de mètre ? Oh non, pas des mètres... Il ne fallait surtout pas défaillir et tomber. Surtout pas ! Qu'est-ce qui lui avait prit d'accepter de suivre Christopher dans les airs ? Elle n'était pas prête, pas du tout. *Il me fait confiance, voilà pourquoi je suis dans les airs avec lui*

Cette fois, la question de Christopher parvint à être entendue par Alice. Voulait-il vraiment discuter, alors qu'ils étaient perchés à Alice ne savait combien de mètres ? Il était vraiment très brave, et n'avait peur de rien. Il était un peu fou, Alice ne s'en serait jamais douté. Un petit rire nerveux s'échappa des lèvres d'Alice.

« - Mon ... mon père est le chef du bureau des Aurors, au Ministère de la Magie. C'est lui qui dirige tous les Aurors de Grande-Bretagne.... Ma mère, elle, ne fait rien. Et... et la tienne ?

Parler de son père apportait du réconfort à Alice, et elle en avait drôlement besoin. Elle se sentait pousser des ailes lorsqu'elle pensait à lui. Dans les airs, c'était tout de même pratique. Le sourire d'Alice s’adoucissait légèrement. Toujours crispée sur son balai, la petite fille se décida tout de même à détourner son regard de Christopher.
Et elle regretta immédiatement. Les yeux ronds, Alice contemplait avec terreur Poudlard comme elle ne l'avait jamais vu : de haut. Elle voyait le sommet des murailles grignotées par le lierre et cette simple vision la terrifiait. Son rythme cardiaque s’accéléra. Ce qu'elle aurait préféré être assise dans l'herbe à chercher des trèfles à quatre feuilles... Surtout, il ne fallait pas regarder en bas ! Surtout pas. Son regard se reposa sur Christopher. Alice avait les grelots.
Mais il ne fallait pas lui dire, de toutes façons il allait le voir. Non, il fallait qu'elle montre à quel point elle pouvait dépasser cela. Du moins, essayer. Alice n'était pas doté du courage que l'on attendait de Gryffondor, mais elle en avait certainement bien plus que certains lions de cette maison ! Seulement, il fallait se calmer pour le trouver, ce courage. Et cela, c'était compliqué.

- Christopher... je te remercie de prendre un moment pour passer du temps avec moi.... Ça me fait très plaisir. »

Passer du temps avec Christopher, oui, c'était un réel plaisir ! Mais il aurait peut-être été plus judicieux de lui proposer une promenade dans les couloirs plutôt qu'un cours de vol. Au moins, dans le couloir, si on tombe on ne rejoint pas les anges.

A dix mètres du sol, il voyait Alice crispée, elle voulait faire bonne figure en souriant mais ses lèvres formaient un rictus bien loin du doux sourire que Christopher appréciait tant. Elle n'avait pas quitté son regard, elle ne devait pas savoir à quelle hauteur ils étaient.

La tentative de diversion de l'aiglon semblait bien marcher. Si tôt qu'elle se mit à parler de son père il crut la voir plus détendue. C'était donc la fille du chef des Aurors... Lui qui rêvait d'en devenir un, il parlait à la fille de ce qui pourrait être un jour son futur patron. Mille et une questions lui venaient en tête, il s'était déjà renseigné sur tout ce qu'il devait apprendre, mais entre la théorie et la pratique il y avait un écart plus grand que celui qui sépare l'Angleterre de l'Australie. Il voulait en savoir plus sur le père de la jeune fille, sur son parcours, sur ce qu'il a pu vivre en tant qu'auror, mais était-ce bien le moment? Et surtout est-ce que c'était le plus important dans sa relation avec Alice? Ils auraient bien le temps un jour de parler de leurs ambitions et futurs métiers, mais pas aujourd'hui. Là il avait une mission, faire qu'Alice se sente à l'aise dans les airs. Pour le moment elle faisait de beaux efforts, elle restait accrochait aux yeux de Christopher et se laisser faire.

Elle voulait en savoir plus sur sa mère, sa mère qui s'occupe de moldus... A l'idée de lui dire son métier il entendit la voix de Fiss MacTairdelbach dans sa tête, "Elle est horrible avec les gens qui ont un parent moldu". Sa mère n'en était pas une mais elle dédiée son temps et sa magie à eux, est-ce qu'elle jugerait ça? Mais déjà est-ce qu'elle était vraiment comme Fiss le dit? Pour le moment elle agissait à l'opposé de ce qu'il lui avait dit, elle le laissait lui apprendre à voler en l'écoutant. Là dans les airs elle n'était pas la fille fière et hautaine qu'elle paraît à terre, elle paraissait bien plus fragile. Non Fiss devait se tromper c'est évident, pour le moment il voyait en elle une chocogrenouille à la fraise avec la carte d'Harry Potter à l'intérieur!

Mais avant que l'aiglon ne puisse répondre à sa question elle se mit à regarder autour d'elle. Il perçut un instant de panique en la jeune fille qui revint vite à ses yeux.

"- Christopher... je te remercie de prendre un moment pour passer du temps avec moi.... Ça me fait très plaisir."

Elle venait d'affronter la vision du vide et était toujours cramponnée sur son balai à plus de 10 mètres de la terre ferme. Elle pouvait être fière d'elle, c'était déjà énorme. Christopher lui en tout cas était fier de son amie. Il lui sourit pour lui montrer, il voyait bien qu'Alice avait peur si haut et pourtant elle ne l'exprimait pas plus que ça. Le plaisir de passer du temps avec était partagé mais de voir qu'elle lui faisait confiance au point de rester ainsi à une telle hauteur le touchait.

"-Ca me fait plaisir aussi, tu te débrouilles très bien je t'assure! Soudain il eut une idée, il fallait habituer Alice à être dans les cieux, lui faire vaincre sa peur. Doucement, sa main toujours sur le MancheVif, il descendait jusqu'à remettre les pieds à terre. Je peux te proposer un truc si tu veux pour t'aider. Que tu montes avec moi sur mon balai. Ca va te permettre de te concentrer sur ce qui t'entoure sans avoir peur de tomber. Tu auras juste à te tenir et me laisser gérer, tu peux me faire confiance je te ferai pas tomber."

Dans sa poitrine, son coeur frappait fort. Pas comme lorsqu’elle voyait Christopher. C’était différent. A cet instant précis, même si il était là, ce n’était pas cette joie qui l’étreignait. C’était la peur, l’horrible peur de tomber. Elle ne voulait pas regarder en bas. Elle ne voulait pas ne dépendre que du balai. Elle voulait marcher, sentir le sol sous ses pieds. Sentir cette stabilité qui lui fallait à tout prix.
Christopher trouvait qu’Alice se « débrouillait très bien ». Elle, se trouvait lamentable, pitoyable. Elle se sentait prise au piège. C’était terrible. Pour un premier moment rien qu’à eux, Alice faisait mal figure. Elle n’aimait pas cette image qu’elle renvoyait d’elle, celle d’une peureuse. Lui qui était si confiant dans les airs, si majestueux, il devait la voir comme une masse informe et ridicule.

Et puis, leurs balais se mirent à descendre doucement. Alice s’était aussitôt cramponnée avec plus de force si cela en était encore possible. Ils tombaient ? Non, non, la descente serait plus violente. Non, Christopher les faisait regagner le sol. Alice était tellement soulagée. Finalement, cela n’avait pas été aussi terrible ... Il ne fallait seulement pas qu’on lui redemande de retourner dans les cieux avant une bonne dizaine de jour.

Ses pieds finirent par toucher le sol. Une vague de bien être frappa aussitôt Alice qui poussa un grand soupir de soulagement. Enfin, enfin, elle ne risquait plus de mourir ! A présent, il leur fallait un bon chocolat chaud. Ou une tisane, une merveilleuse tisane.
Christopher prit la parole... mais ce n’était pas pour l’inviter à déguster une boisson chaude au bon goût de sécurité.
Il voulait retourner dans les airs, avec Alice sur son balai. Son coeur se calmait seulement et il voulait recommencer ? Il prenait son rôle de professeur très à coeur. Alice ne pouvait pas refuser, même si elle avait seulement envie de partir en courant. Elle voulait passer du temps avec ce nouvel ami. Elle voulait le rendre fière, qu’il la considère comme quelqu’un de fort et de courageux. Il fallait qu’elle se montre digne de fière.

« - À deux sur ton balai ? Demanda Alice en éloignant le Manchevif de ses jambes. Mais... nous allons tenir dessus ? Nous ne serons pas trop lourd pour lui ? Il ne va pas céder ...?

Céder et ainsi les précipiter dans le vide, sans que rien ni personne ne puisse les sauver. Alice se mit à inspirer puis à expirer. Elle avait peur, tellement peur. Mais il fallait être courageux. Pour lui.

- Je te fais confiance, dit-elle en relevant ses yeux sur Christopher. »

Son père lui repérait sans cesse qu’offrir sa confiance était la plus belle chose que l’on pouvait faire pour quelqu’un. Il disait aussi qu’il fallait prendre gare à toujours la donner à ceux qui la méritent vraiment. Christopher faisait partie de ceux là. Elle le suivrait les yeux fermés si il le fallait. Elle savait qu’il la protégerait. Il était si gentil, si bienveillant. Il débordait d’une simplicité qui saisissait le coeur d’Alice, habituée aux masques et aux déguisements. Lui, était sincère, elle le savait.