Tu n'avais pas vraiment apprécié le match à sa juste valeur et tu t'en voulais un peu pour cela. Cette situation devenait difficile voire même pénible pour toi. Malgré tout, tu restais heureuse pour tes camarades et tu ne pus t'empêcher une boutade gentille à l'encontre de ton copain et de la défaite de son équipe.

N'allant pas chercher plus loin cependant, tu ne tardas pas à rejoindre la salle commune dans l'espoir de fêter la victoire avec tes camarades de maison.

Pour l'occasion, tu avais laissé Aizon dans les dortoirs. Sa relation avec les garçons restait toujours inchangée et tu n'avais pas envie de gâcher les festivités avec un invité non désiré, même si cela te faisait un peu mal de l'écarter de tout ce qu'il aimait.

Assise sur l'un des sièges de la grande salle, tu cherchais du regard tes copines de classe pour les féliciter pour leurs performances, mais elles brillaient surtout par leur absence… Tout comme Jeffrey d'ailleurs !

Cette fête de la victoire manquait décidément de beaucoup de joueurs, heureusement, la nouvelle équipe de supporter de la maison, elle, elle semblait s'en donner à cœur joie.

Tu finis par quitter discrètement la salle commune après avoir entendue une bride de conversation qui t'avait intriguée et tu ne tardas d'ailleurs pas à chercher Eileen et Aliénor.

Ne les trouvant n'y l'une, n'y l'autre dans les dortoirs, tu pris l'option qui te semblait évidente et tu te dirigea vers l'extérieur du château, chaudement emmitouflée dans une épaisse cape de voyage et un parapluie magique au-dessus de la tête. Tu devais vérifier, juste au cas où, si elles n'étaient pas là.

La visite des vestiaires ne t'apporta pas de réelle réponse, mais une trace de sang fit malgré tout monté ton inquiétude. Tu allais te diriger vers l'infirmerie, quand tu décidas de montrer dans les hauteurs du stade … Juste, ou cas ou …

Ton instinct ne te trompa pas et tu trouvas l'une d'elle, recroquevillé dans un coin des tribunes en face de toi.

Tu la rejoignis en courant et tu t'approchas doucement d'elle, avant de t'agenouiller en face :

"Ali … ?"

L'eau dégoulinait de son visage et de ses vêtements et tu parus immédiatement inquiète. Tu pointas ta baguette au-dessus d'elle pour la protéger un peu de la pluie :

"Tu vas attraper la mort si tu restes comme ça sous l'eau ! Tu ne veux pas qu'on rentre ? Au moins aller se mettre à l'abri ?"

Le tonnerre continué à tonner fortement et une pluie battante s'abattait sur le château, son parc et le terrain de quidditch.

Tu n'osais pas toucher la jeune fille pour l'instant, attendant sa réponse, mais sa mine renfermé ne te laissait présager rien de bon.

La grimace qu’elle avait affichée lorsque son poing était rentré en contact avec le mur ne faisait qu’exprimer un peu plus sa déception. Une fois dehors, la pluie lui arrosait doucement le visage contrastant avec le feu qui brulait en elle. Les larmes inondaient sa peau se mélangeant à la pluie froide. Toujours en tenue de Quidditch, Aliénor avait l’impression que sa tunique jaune pesait plus que d’habitude sur ses épaules. Elle posa ses mains sur le rebord et sa tête tomba en avant. Elle passa une main dans ses cheveux pour venir détacher la demi-queue de cheval qui retenait ses cheveux en arrière. Elle se laissa aller et les sanglots secouèrent son corps de plus en plus. Ses mains se serrèrent autour du bois de la rambarde retenant d’habitude des supportais en folie. Les larmes de la fillette s’éclataient sur le bois déjà trempé. Son geste se répétait en boucle dans sa tête, elle venait de frapper sa coéquipière ce qui ruinait certainement la cohésion de l’équipe. Ce geste n’allait pas rester impuni, mais aucune punition ne pouvait égaler la douleur qu’elle ressentait en ce moment. Son cœur était comprimé dans sa poitrine comme si quelqu’un s’amusait à resserrer l’étau qui l’encerclait. Ses épaules se contractèrent, sa colère devait exploser, s’exprimer. Elle releva la tête des mèches de cheveux barrant son visage. Elle hurla de toutes ses forces comme un loup qu’on avait écarté de la meute.

Elle tomba à genoux vidée de toute énergie, elle voulait remonter le temps ravaler sa fierté et aller dans les vestiaires tête basse.

-Mais t’es conne putain.

Elle frappa une nouvelle fois la paroi maintenant devant elle, une fois, encore et encore se répétant qu’elle était stupide. Sa main s’abima sous les chocs répétés et sa force l’abandonnait peu à peu. Elle se laissa tomber sur le côté assise sur le bois mouillé et Sali des tribunes. Ses larmes ne cessaient pas, elle s’en voulait tellement. En plus elle venait d’abandonner Eileen qui ne devait rien comprendre au comportement d’Aliénor. Elle se retourna pour caler son dos à la rambarde et ramena les genoux vers sa poitrine.

-Colère de merde…

Elle ne se rendit compte de l’état de sa main que lorsque sa main gauche passa sur l’autre. Elle saignait légèrement mais ce n’était rien comparé à la blessure de son cœur. Elle devenait un danger même en dehors des cours pratiques. Cette absence de gestion de ses sentiments devenait de plus en plus critique et il devenait urgent de travailler là-dessus. Sa tête au-dessus de ses genoux, ses yeux se perdaient dans le vide alors que les goutes d’eau tombaient le long de ses mèches de cheveux. Pluie qui d’ailleurs s’intensifia frappant le crane de la fillette et augmentant le poids de ses vêtements. Mais plus rien ne comptait, elle préférait rester planquée ici plutôt que de rejoindre son dortoir qu’elle partageait avec sa coéquipière. Comment allait-elle faire pour affronter son regard, et quand elle l’aura dit aux autres ? Elle n’osait pas y penser.

Le temps n’avait plus aucun sens pour elle, peut-être qu’elle était là depuis 10 minutes ou 2 heures, peu importe. La fillette somnolait alors que ses larmes c’étaient arrêtés, certainement que son corps ne pouvait plus en produire. Elle était au plus mal, le cœur à vif, la main rougie par le sang mélangé à la pluie, tremblante de froid et les dents toujours serrées par la colère sourde qui l’habitait.

C’est alors qu’une voix, comme venant d’un autre monde lui parvint. Son surnom employé par quasiment tout le château. Non elle ne voulait pas, elle voulait rester là, qu’on la laisse seule, elle l’avait mérité. Mais le constat de cette personne qu’elle ne parvenait pas encore à reconnaitre était vrai. Il n’y avait rien de bon qui allait lui arriver ici et elle allait s’en vouloir si elle tombait malade. Elle releva doucement la tête et découvrit Cassandre à sa hauteur. Elle serra les dents de plus belle sans rien dire et par automatisme elle cacha sa main meurtrie. Elle se leva difficilement en s’appuyant sur la rambarde avant de rejoindre les escaliers qui eux restaient relativement au sec. Elle laissa son épaule s’appuyer non loin de l’endroit qui avait subit son tout premier coup. Elle ferma les yeux ne prenant même pas la peine de dégager son visage des mèches qui collaient à sa peau.

-Je ne suis pas de bonne compagnie, tu ferais mieux de me laisser.

Toujours sa main gauche recouvrant ses phalanges abimées, elle chercha Cassandre du regard. Elle essayait de garder un masque neutre sur le visage, mais ses yeux brillaient toujours et sa gorge lui faisait mal. Elle tremblait légèrement ce qui n’aidait pas à rester de marbre. La présence de Cassandre l’agaçait autant qu’elle lui faisait plaisir, soutenue mais coupable.

La jeune fille avait consenti à se lever et à se mettre à l'abri dans les escaliers des tribunes. Elle avait fait tout cela sans prononcer le moindre mot. Tu étais inquiète de la voir aussi dépitée. Cela ne ressemblait pas à l'Aliénor que tu connaissais. Elle qui était habituellement un véritable bout en train … Elle parla alors et a la réponse de la joueuse déchue, tu poussas un long et profond soupir. Cela ne lui ressemblait pas.

Elle te regardait et tu sentais une impassibilité dans son visage, mais son regard lui disait le contraire… Il exprimait un flot d'expression contradictoire. Tu pouvais y lire tantôt un avertissement et la seconde d'après un appel à l'aide. Tu étais perdue par tout cela et tu choisis de te laisser aller à écouter ton instinct. Avec précaution, tu t'accroupis face à la joueuse, posant tes genoux sur les marches inférieures pour la regarder. Tu t'adressas alors d'une voix ferme :

"Je ne vais pas te laisser ici toute seule alors que tu es trempée et que tu grelottes de froid ! On va rentrer à la maison et tu vas aller prendre une douche bouillante et aller te coucher après avoir bu un bol de soupe bien chaud !"

Tu te redressas alors, et tu remontas les marches pour te placer derrière la joueuse avant de lui adresser la parole une nouvelle fois :

"Allez ! Lève-toi maintenant !"

Tu savais que ce n'était pas forcément une façon de faire ou de se comporter que la batteuse appréciée. En temps normal, sa réaction aurait été immédiate et elle se serait rebellée. Mais ce que tu avais devant toi, ce n'était pas l'Aliénor que tu connaissais. Elle semblait… Abattue. La voir réagir comme habituellement te rassurerais d'une certaine façon, mais tu n'étais pas certaine qu'elle parviendrait à retrouver un peu de force moral pour oser agir ainsi. Le mieux était peut-être qu'aujourd'hui et pour une fois, elle se laisse guider.

Elle ne comprenait pas, elle ne pouvait pas comprendre. Aliénor baissa la tête alors que sa camarade passait derrière elle comme pour la pousser et l’empêcher de faire demi-tour. Mais la fillette ne pouvait pas aller en salle commune, pas après ce qu’elle venait de faire et encore moins dans son dortoir. Elle ne pouvait affronter le regard des autres et celui d’Eileen. Elle avait tout gâché et si elle revenait, elle gâcherait encore tout par sa présence.

-Non…

Comme un soupire, un murmure de sa voix éreintée par les cris et les larmes, elle ne voulait ni ne pouvait aller en salle commune. Une crainte de voir ses coéquipiers, d’affronter les regard emplis de jugement de ceux qui allaient entendre parler de cette histoire. Aliénor la furie, l’incontrôlable, celle qui portait vraiment le nom de Hel’s, le démon qui avait sali l’image de sa maison.

Elle se retourna pour faire face à Cassandre et encra son regard au sien. Elle se verrait de l’extérieur elle se sentirait si pitoyable, elle ne voulait pas qu’on la voit ainsi. Elle qui n’avait jamais redouté le regard des autres avait peur de revenir dans sa salle commune alors qu’elle était victorieuse.

-T’as vu Eileen ?

Elle voulait savoir, savoir si Cassandre venait à elle parce qu’elle avait appris ce qu’il c’était passé, savoir si sa coéquipière allait bien, si elle lui avait fait mal, si elle l’avait blessé physiquement ou mentalement. L’inquiétude gagna la fillette et elle se senti d’autant plus mal. Elle était lâche, elle n’affrontait pas ses problèmes. Ses mains se détachèrent et ses poings se serrèrent de nouveau, la colère ne quittant pas les veines de la fillette.

-J’ai tout gâché ! Elle aussi elle va me haïr, de toute façon ils finissent tous par partir !

Tout se mélangeait dans l’esprit de la fillette, elle perdait tout et à ce moment-là, elle avait l’impression qu’elle était la seule responsable de toutes ses pertes. Elle avait perdu ses parents, son ami, maintenant Eileen, une camarade qu’elle appréciait, et certainement sa place au sein de l’équipe de Quidditch. Aliénor n’avait plus rien, elle n’était plus rien. Son poing ainsi que son avant-bras se plaqua contre la paroi et sa tête tomba de nouveau en avant.

-Vas t’en avant que je te fasse du mal à toi aussi.

Grave et dure, son ton exprimait tout le dégout qu’elle éprouvait pour elle-même. Un danger, une bombe a retardement. Sa main droite vint cacher son visage passant entre les mèches de cheveux. Les larmes coulaient de nouveau, plus froides, plus douces, plus lentes.

-Laisse-moi.

Un murmure. Il était destiné à Cassandre, mais Aliénor aimerait que tout ce qu’elle était s’en aille, que cette colère quitte son corps, qu’elle disparaisse et que tout cela soit oublié. Mais c’était impossible.

Voir la jeune fille si forte et si caractérielle habituellement dans cet état n'était pas un spectacle très agréable à regarder. Loin de là. Tu sentais que tu tremblais également. Tu avais peur pour elle, mais tu étais également dans une impasse. Ta camarade était en train de lâcher prise et de perdre pied et ça… Tu connaissais plutôt bien. Tu avais vécu cette même situation l'année dernière quand rien n'allait et tu avais été seule, contrairement à elle. Peu de gens étaient au courant et bien peu de personnes t'avaient aider dans ce que tu avais dû affronter. Ta main s'était posée sur ton ventre, par instinct, juste à l'endroit où se trouvait ta cicatrice. Tu serrais les dents sans ouvrir la bouche et ton visage se contracta de nervosité :

"Je ne partirais pas et je ne te laisserais pas tomber !" Lâchas-tu avec colère aux dernières paroles de la Delphillia.

Tu avais entendu ses paroles et pour l'heure, tu te souciais d'elle et d'elle avant toute chose :

"Pour l'instant, ce qui m'inquiète, c'est toi ! Ce n'est pas Eileen !"

Tu l'attrapas par le bras et sans aucun ménagement, tu l'entraînas avec toi dans la descente des escaliers. Vous aviez toutes les deux la même taille et presque le même gabarit. De plus, tu ne manquais pas d'ardeur, il était certain que tu ne te laisserais pas faire si jamais la jeune batteuse venait à se défendre ou ne pas se laisser faire :

"Ça suffit les caprices maintenant ! On rentre de suite ! Je m'en fous que tu me fasses mal ! T'as plutôt intérêt à bouger ton gros cul Alienor Deliphilia sinon c'est mes pieds que tu vas sentir pour te faire avancer, je t'en fais la promesse !"

A présent, tu t'exprimais avec une certaine colère. Tu n'étais pas du genre agressive dans ce genre de situation, mais tu n'avais pas non plus envie de passer la nuit ici. En plus, il faudrait bien que la troisième année rentre un jour dans la maison et qu'elle affronte les démons qui lui faisait peur. Ça ne serait peut-être pas pour ce soir, mais il était à présent certain que tu n'allais pas la laisser rester ici à se morfondre sur elle-même.

Aliénor sursauta à la voix de Cassandre. C’était certainement la première fois qu’elle lui parlait comme ça ou alors c’était la première fois que ça faisait cet effet là à la petite Delphillia. Quand elle attrapa le bras d’Aliénor elle n’eut aucun mouvement de résistance. Elle se laissa balloter au gré des escaliers. Le match, la fatigue, les larmes, la colère, l’altercation, sa douleur, tout l’avait épuisé à un point qu’elle n’imaginait pas. Elle n’avait plus la force de se battre et c’était certainement la dernière chose qu’elle souhaitait, se battre face à Cassandre. Mais elle ne comprenait pas, elle ne comprenait rien. Pourquoi ne pouvait-elle pas lire dans les pensées de la fillette, ce serait tellement plus simple. Il était presque certain qu’en salle commune à cette heure-ci personne ne voulait d’elle.

-Cassandre…

Toujours aussi faible, le son de sa voix perça à peine au travers des respirations des fillettes. La douleur qui se taisait auparavant dans sa main se mit doucement à lui rappeler qu’elle avait fait une énième erreur aujourd’hui. Sa main picotait comme si on n’arrêtait pas de lui mettre des pichenettes sur les phalanges. Au moins elle, elle n’a pas assez de force pour se péter la main comme son certain d’ancien ami qui lui sert aussi de capitaine.

-Cassandre arrête.

Sa voix avait à peine repris son volume normal, mais elle n’avait visiblement pas toutes les informations sur ce qu’il c’était passé, sinon elle ne saurait pas là et surtout, elle s’inquièterait aussi pour sa coéquipière.
Aliénor s’arrêta soudain dans les escaliers s’accrochant à une poutre pour ne pas être entrainée encore par sa camarade de promotion et aussi pour ne pas se casser la gueule comme une poupée de chiffon dans cet escalier qu’elle avait pourtant dévalé à toutes vitesses il y a peu.

-Cassandre, j’ai frappé Eileen et je l’ai laissée comme ça. C’est pas moi dont il faut se soucier c’est d’elle.

Aliénor essaya de calmer sa respiration et son rythme cardiaque qui avait trop souvent été mis à mal durant cette journée. Aliénor savait qu’elle ne pouvait pas lutter contre Cassandre dans tous les cas, elle avait plus d’énergie et surtout elle était certainement aussi têtue que la fillette. Ce n’était pas la peine de résister. La petite leva les mains au niveau de sa tête pour montrer qu’elle n’allait rien faire, elle se rendait. Mais c’était elle la méchante, si on était dans un film, c’est elle qu’on aimerait voir enfermer dans les cachots. Pourtant elle était là, plus entourée que certaines personnes du château. Elle avait voulu s’en prendre à une Serpentard binoclarde de première année en hurlant comme une chiffonnière au milieu d’un couloir, elle avait finalement frappé sa coéquipière transformant une victoire en un drama inutile. Elle avait tout raté dès qu’elle était sortie de ce match.

Aliénor essayait de te retenir, mais tu avais tellement de hargne en toi que tu restas muette face à sa petite contestation. Pourtant, et cela, malgré son état, à la seconde tentative, elle s'accrocha à l'une des poutres des escaliers ce qui eut pour effet de te faire, forcément, stopper ta marche. Lassée, tu te retournas cependant pour observer la troisième année que tu tentais de ramener de force au chaud, jusqu'à ce que cette dernière te confie ses actions, mais également ses craintes.

Lorsqu'elle leva les mains en signe de défaite, preuve qu'elle se rendait, tu aperçus alors les jointures de sa main ensanglantée. Tu l'as saisie aussitôt sans lui donner le temps de répliquer et tu passas doucement ta main dessus. Tu n'étais qu'à quelques centimètres d'elle, ce geste t'ayant automatiquement rapproché de la joueuse des Hel's.

Tu lui lanças alors un regard plein de reproches. Sans doute, le regard qu'elle aurait aimé voir en toi dès le départ de cette histoire, dès l'instant même où tu l'avais rejoint. Hors, ce n'était pas parce qu'elle avait frappé une camarade que tu l'as regardé ainsi. Tu lui mis sa main face à son visage :

"Et donc, tu te punis toi-même, c'est ça ?"

Tu relâchas la main de la batteuse et tout en continuant de la dévisager, tu la sermonnas :

"Je te pensais moins lâche ! Quand on fait une bêtise, on va s'excuser et on essaye de la réparer ! On ne se punit pas soit même, car ça ne sert à rien !"

Tu te retournas et tu lui attrapas une nouvelle fois la main, la forçant à reprendre sa marche :

"Je ne peux pas être partout malheureusement ! J'irais essayer de retrouver Eileen quand j'en aurais fini avec toi ! Ta punition, c'est l'angoisse que tu vas éprouver jusqu'à ce que tu saches qu'elle va bien à présent et celle-là ! C'est moi qui te l'inflige ! Pas toi !"

La trainer ainsi comme une petite fille capricieuse n'avait absolument rien d'agréable et tu l'as mis en garde :

"Maintenant ! On va arrêter de perdre du temps en remords stupides ! Ce qui est fait, est fait : On ne changera pas le passé, mais on peut s'arranger pour que le futur soit différent ! En attendant de discuter, tu n'as plus intérêt à t'arrêter tant qu'on ne sera pas dans la salle de bain !"

Tu te retournas une demie seconde pour chercher son regard :

"Compris ?" Demandas-tu impérieusement avant de reprendre ta marche jusqu'au château.

La petite Delphillia fut surprise que sa camarade se rapproche d’elle en lui prenant la main. Son regard tomba sur celle-ci elle ne l’avait pas vraiment regardé jusque-là. Ce n’était pas grand-chose, superficiel, mais stupide. Une douleur vive se propagea dans la main d’Aliénor, mais elle s’apaisa presque aussi vite qu’elle était apparue.

Aliénor baissa les yeux quand sa camarade lui mit devant le visage ce qu’elle avait fait. Se punir elle-même ? Peut-être, elle n’en savait rien. Elle avait vécu bien trop d’émotions en peu de temps pour y comprendre quelque chose. Elle soupira doucement et tourna la tête sur le côté pour éviter le regard lourd de sens de sa camarade. Sa main retomba mollement le long de son corps. Mais lorsque le mot « lâche », le regard d’Aliénor remonta immédiatement vers Cassandre et ses yeux s’assombrirent. Elle était lâche ? Non. Elle aurait voulu lui hurler qu’elle n’était pas lâche, mais pourtant… Une voix en elle lui disait qu’elle n’avait pas à retourner en salle commune, que ce soir, elle ne serait pas à sa place et l’autre lui disait qu’affronter tous ses regards étaient nécessaires. Elle regarda de biais Cassandre avant de souffler, elle aimerait avoir des réponses, être sûre d’elle a chaque instant, mais elle en était loin, si loin.

Elle écouta à demi ce que Cassandre lui disait, elle voulait juste en finir vite, oui elle la suivrait, elle baisserait la tête en passant dans la salle commune et se ferait petite dans son dortoir. Juste pitié que ça ne dure qu’une demi-seconde et surtout que personne ne lui parle. Elle n’avait plus de force, pas le courage d’affronter une discussion supplémentaire où qu’on lui demande des explications. Elle voulait juste dormir, même la faim ne la ferait pas sortir de son lit ce soir.

-C’est bon.

Ses paroles pouvaient s’apparenter à un grognement, mais sa fierté en prenait un sacré coup. Elle passa une main dans ses cheveux pour essayer de dégager au mieux son visage avant de suivre Cassandre. Elle marchait relativement doucement, les douleurs du match revenaient l’adrénaline étant redescendue. Elle se massa légèrement l’épaule, elle avait déjà vu pire, au moins son corps était moins abimé que son âme.

-Faut juste s’arrêter aux vestiaires histoire que je me change.

Elle riait intérieurement pour qu’Eileen n’ai pas eut l’idée de rester enfermée dans les dortoirs pendant tout ce temps. Se retrouver face à elle maintenant serait la pire des situations. Mais elle devait enfiler quelque chose de sec, d’autant plus qu’elle devait sentir un mélange de transpiration et de chien mouillé, rien de plus glamour. Histoire de ne pas attirer plus que nécessaire l’attention sur elle, ça allait déjà être assez complexe.

La batteuse céda enfin et accepta de te suivre sans rechigner. Elle t'indiqua qu'il fallait qu'elle passe dans les vestiaires pour se changer et tu approuvas d'un simple hochement de tête avant de la conduire jusqu'au couloir qui menait dans les vestiaires. Ne lui laissant pas alors le loisir de se retrouver seule dans ces derniers pour trouver un instant pour ruminer sa peine et ses agissements, tu t'installas sur un banc et tu croisas les jambes en l'observant d'un air sévère. Lorsqu'elle eut fini de se changer, tu te redressas immédiatement et tu restas à ses côtés pour regagner la salle commune.

Ce passage allait être bien difficile, car certains incorruptible étaient encore en train de fêter la victoire de l'équipe de quidditch. Ils s'apprêtaient d'ailleurs à aller féliciter Aliénor, mais tu les arrêtas d'un regard et d'un signe de la tête en te plaçant entre elle et eux avant de faire grimper la jeune fille dans le dortoir des filles.

Un peu comme une matrone, tu la conduisis à la salle de bain où tu l'as laissas tenter de noyer son chagrin sous la douche alors que toi-même, tu faisais appel à un élément extérieur.

"Maeissa ?"

Ce n'était pas la première fois que tu faisais appel à l'elfe de maison à Poudlard, mais c'était quand même assez rare. En général, c'était surtout lorsque tu ne savais pas comment faire autrement.
Il ne fallut pas très longtemps pour que la jolie elfe de maison fasse son apparition, une mine inquiète se dessinant sur son visage :

"Petite Maîtresse a appelé Maiessa ?"

Tu hochas la tête positivement :

"Excuse moi … Je ne voulais pas t'inquiéter… Je vais très bien !"

Tu affichas alors un sourire de circonstance et, sans remuer les lèvres, tu formulas une question dans ton esprit à laquelle l'elfe apporta immédiatement une réponse :

"Que miss se rassure ! Monsieur et Madame Mcwood se portent très bien. Ils sont très fatigués à cause de leurs journées de travail et de tout ce qu'il y a faire, mais tout va bien à la maison !"

Un soupire apaisé se dessina sur ton visage alors que tu posais finalement la main dans ton menton :

"Une copine ne va pas très bien et je ne sais pas comment faire appel aux elfes de maison du château pour leur demander de l'aide ! Est-ce que tu crois que tu pourrais me préparer un bol de soupe chaude s'il te plaît ?"

Il ne fallut pas plus longtemps à l'elfe pour disparaître alors qu'attendais une nouvelle fois Aliénor qui semblait trainer. À défaut de l'engueuler tu t'appuyas contre la cabine de douche :

"Tu t'en sors où il faut que je vienne te frotter le dos ?" Lui demandas-tu en essayant de mettre un peu d'humour dans la situation.

Soyez pas jaloux les garçons

Une fois dans les vestiaires, Aliénor se jeta sur des vêtements secs, se changer allait déjà lui faire du bien. Elle commença à enlever ses protections de cuir avant que son regard ne s’arrête sur Cassandre qui c’était installée sur un banc le plus calmement du monde. Elle ne voulait pas la lâcher d’une semelle hein. Aliénor leva les yeux au ciel et se changea rapidement des vêtements tout ce qu’il y avait de plus simple et elle se maudit intérieurement de ne pas avoir de capuche pour passer encore plus inaperçu tant pis. Elle souffla et passa une nouvelle fois une main dans ses cheveux pour tout remettre relativement en ordre.

A peine eut-elle fini que Cassandre l’entraina à sa suite dans les couloirs puis dans la salle commune. En voyant l’ambiance festive le cœur de la fillette se serra, elle s’était même gâché sa propre victoire. Elle baissa la tête et marcha aussi vite qu’elle le pouvait en direction des dortoirs derrière une Cassandre qui semblait lui ouvrir le passage comme Moïse l’avait fait dans la bible.

En deux temps trois mouvements elle se retrouvait sous la douche. Elle laissa l’eau chaude couler le long de son corps alors qu’elle s’appuyait négligemment contre la paroi. Elle ferma les yeux alors que ses muscles se détendaient, mais elle ne pouvait retenir les grimaces de douleur qui tordaient sa bouche quand l’eau passait sur sa main droite. Elle était vraiment stupide quand elle s’y mettait. Elle revoyait la scène en boucle, Hannah, la capitaine des Crochets, Wilson le gardien, et Eileen. Le sourire démoniaque de cette blondasse et ses lunettes tombant de son nez. Pourquoi elle faisait ça ? Tout gâcher tout le temps. Aliénor soupira alors que l’eau l’inondait toujours. Chaude, bien plus agréable que celle dehors. Elle entendit des voix, certainement celle de Cassandre. Elle ne s’en préoccupa pas plus que ça, elle était juste fatiguée et cette douche faisait le plus grand bien à ses muscles endoloris.

C’est alors que Cassandre éleva la voix au-dessus du bruit du jet d’eau. Aliénor passa ses mains sous le jet et s’aspergea le visage d’eau en rabattant ses cheveux dans son dos.

-Non ça va t’inquiète.

Elle n’allait pas inviter quelqu’un dans sa douche, voilà qui ne lui serait jamais venu à l’esprit. Elle coupa l’eau à regret et se retourna pour attraper sa serviette qu’elle posait habituellement sur la porte. Bien évidement elle l’avait oublié de l’autre côté avec ses affaires habituelles.

-Tu pourrais me balancer ma serviette s’il te plait ?

La serviette vola au-dessus de la porte quelques secondes plus tard. Aliénor s’en saisit avant de s’enrouler dedans et de sorti de la douche. Elle fit ce qu’elle avait à faire et à peine habillée un elfe de maison lui apporta une soupe. Aliénor ne ressentait pas la sensation de faim jusque-là et s’apprêta à congédier l’elfe mais son ventre gargouilla peu gracieusement. Elle offrit un sourire gêné à l’elfe et un merci avant de prendre la soupe.

-Je vais aller manger ça dans mon dortoir, en espérant qu’Eileen soit pas encore arrivée… Euh, merci.

Un sourire furtif passa sur les lèvres de la fillette avant qu’elle ne s’éclipse aussi vite qu’un vif d’or, mais ce n'était pas suffisant, Cassandre était bien décidée à vérifier qu'Aliénor mangerais cette soupe. Ceci agaça un peu la petite Delphillia, mais elle était bien trop fatiguée pour lui en tenir rigueur. Elle avala la soupe d'une traite avant de rentrer dans son dortoir et tendit dédaigneusement le bol vide à sa camarade avant de passer la porte de la manière la plus silencieuse possible. Une fois dans le dortoir, elle se jeta presque dans son alcove histoire d'être sûre que personne ne la voie, ou n'ai envie de la voir. Elle s'endormit vite, les souvenirs se mêlant aux actes de la fillette. Son sommeil ne fut pas des plus apaisés.

Fin du RP, merci Cassy!