Le dernier match n'avait pas seulement été catastrophique niveau score pour l'équipe des Crochets d'Argent, il avait aussi sonné le glas des aspirations de certains joueurs qui avaient préféré raccrocher leurs balais au vestiaire. Eileen, elle-même, y avait fortement songé mais on lui avait toujours dit que le capitaine devait être le dernier à quitter le navire. Et puis surtout, elle avait appris de ses erreurs de l'année précédente. Là aussi ils avaient fait une entame de saison affreuse mais ils avaient su redresser la barre, tous ensemble. D'ailleurs, cette fois-ci, la jeune fille ne s'était pas renfermée sur elle-même, elle était restée à l'écoute de ses coéquipiers, pour les aider à surmonter l'épreuve. Et étrangement, les quelques quolibets qui pouvaient fuser dans les couleurs ne l'atteignaient absolument pas. Elle avait muri et même si le Quidditch était toujours aussi important pour elle, ce n'était plus toute sa vie. Les gens pouvaient se moquer, ça lui passait au-dessus de la tête.

En attendant, elle avait beau avoir maintenu les entraînements comme d'habitude et voir comment elle pouvait restructurer l'équipe, il fallait se faire à l'évidence : ils avaient besoin de nouveaux joueurs. Tous les joueurs faisaient leur maximum mais ils avaient besoin de remplaçants s'ils ne voulaient pas perdre par forfait. Alors voilà, Eileen était donc là, sur le terrain d'entraînement après avoir passé l'annonce en salle commune. Elle avait déjà écarté quelques candidats sans même qu'ils ne viennent sur le terrain, les connaissant et sachant pertinemment qu'ils ne feraient pas l'affaire mais, à présent, elle espérait vraiment avoir de bons candidats. Elle avait donc sorti des balais de l'école, pour ceux qui n'auraient pas le leur, et une malle avec le Souafl et les balles qui lui serviraient. Pour le Cognard, comme il était hors de question de risquer des blessures sur une sélection, elle avait prévu des balles qui ne bougeaient pas par elles-même et qu'elle enverrait vers les apprentis joueurs. Et pour le vif d'or, elle lancerait des balles de ping-pong, tout bêtement.

Restait donc plus qu'à attendre les intéressés...

Bien qu’elle ait un peu le moral dans les chaussettes depuis une dizaine de jours, la jeune Serpentard n’en restait pas moins motivée. Ethan, bien qu’ayant anéanti tous ses espoirs d’un point de vu sentimental, l’avait fortement encouragé à tenter de rentrer dans l’équipe. Et son entrevue avec Monsieur Saunders n’avait fait que renforcer sa détermination. Elle s’était donc promis qu’aux prochaines sélections, elle tenterait sa chance. Mais la petite Orphéa ne pensais pas que cette chance allait arriver si vite. Seulement quelques jour plus tard, elle remarqua en salle commune, un petit papier annonçant les de nouvelles sélections. C’était l’occasion rêvée. La brune n’était qu’en deuxième année, mais elle était fan de Quiddicth depuis sa plus tendre enfance, et elle avait assisté à de nombreux matchs, dont certains professionnels grâce à sa mère. Sa connaissance des règles du jeu était donc parfaite ou presque, et son aisance sur un balai dépassait de loin celle de la plupart des élèves de son âge.

Elle arriva donc sur le terrain d’entraînement balais en main, prête à en découdre. Son assurance s’estompa légèrement quand elle remarqua qu’elle était la première, et donc qu’elle se trouvait seule, en tête-à-tête avec Eileen Eastwood, la capitaine des Crochets. Orphéa ne savait même pas si la troisième année l’avait déjà remarquer, mais en revanche, elle avait passé de long moment à l’observer. Elle la trouvait tout simplement impressionnante, particulièrement quand elle se trouvait sur son balai. Elle se contenta donc d’un petit « Bonjour », n’osant entamer la conversation, tout en espérant que d’autres élèves arriveraient rapidement.

Je tiens mon balais fermement contre moi. Je bosse la remontée à la dernière minute depuis deux semaines, c'est la galère. Je ne peux pas m'empêcher de penser, le balais aide aussi. Si je ne volait pas en nimbus 2001 mais avec ces comètes 290 de l'école -de bons balais on ne peut pas le nier- je ne sais pas si ce serait la même chose.

Je porte aujourd'hui un pantalon bordeaux soutenu par une ceinture en cuir dans lequel j'ai rentré une chemise blanche. J'ai encore ma chevalière en argent sur le doigt et je ne sais même q=plus quand j'ai enlevé mes boucles d'oreille en onyx pour la dernière fois. J'ai dans mon sac des vêtements de Quidditch que j'enfilerai pour les sélections. Je m'entraîne depuis hyper longtemps à frapper des cognard. J'imagine qu'ils représentent la tête de certaines personne ce aide beaucoup mieux à viser. Et puis, si je croise Delphinna sur le terrain, on pourra enfin être dans une équipe différente.

Clac. Ma bulle de chewing-gum rose explose d'un bruit sec. Allez quand faut y aller, faut y allez. Je saute. Le vent est bon. Je serre bien mon ballet, le bois noir peroxydé du ballet est mon issue de sortie. Je me redresse à trois mètres du sol. C'est bien ! C'est un progrès par rapport à ce que j'ai fait auparavant.

J’atterris à environ vingt mètres du stade avec délicatesse avant de descendre lentement de mon balais. Arriver aux essais en balais pourrait peut-être être mal vu. Je marche donc jusqu'à arriver devant la capitaine des crochets d'argent et les autres prétendants au post de joueur de Quidditch. J'ai pris ma batte frappée d'un serpent noir.

« Bonjour à tous. J'espère que je ne suis pas en retard pour les sélections de Quidditch. Dis-je d'un ton vague  »

Il n'avait pas fallu longtemps pour que les candidats arrivent. Le stress de ne voir personne au vu des résultats de l'équipe avait vite laissé sa place à l'excitation habituelle quand il s'agissait de Quidditch dans la tête d'Eileen. Et d'ailleurs, elle avait encore une fois été bête de douter. Oui, ils avaient subi une défaite mais les Crochets n'en restaient pas moins ceux qui avaient fini deuxième l'année précédente et surtout les seuls à avoir battu les tenants du titre. Ce n'était pas rien et la jeune fille reprenait confiance en elle rien que d'y penser. Tant mieux puisqu'elle devait afficher une force sans faille devant les autres, peu importe ce qu'il se passait dans sa tête ! Ils étaient déjà une petite dizaine devant elle. D'autres arriveraient peut-être un peu plus tard mais il était l'heure donc, tant pis pour eux. Ils auraient d'ailleurs intérêt à être vraiment bons s'ils voulaient une chance parce qu'ils paraient avec un gros désavantage en n'étant pas ponctuels. Enfin, là n'était pas le sujet. Elle prit un grande inspiration et afficha un sourire. Elle toussota pour s'éclaircir la voix et se lança :

"Bonjour à tous et merci d'être là. Comme vous avez pu le voir dans l'annonce en salle commune, nous avons deux places dans l'équipe alors c'est le moment où jamais de me montrer ce dont vous êtes capables."

Elle marqua volontairement une pause alors qu'un retardataire arrivait. Elle ne connaissait pas son nom et nota dans un coin de sa tête de faire attention à lui. S'il réussissait, elle prendrait soin à lui faire la remarque sur la ponctualité.

"Pour commencer, je vais vous demander de noter votre nom et votre année sur ce parchemin ainsi que le poste pour lequel vous souhaitez passer la sélection. Vous pouvez en noter jusqu'à deux si vous n'êtes pas complètement fixés."

Elle déroula alors un parchemin qu'elle posa sur la malle à côté d'elle, ainsi qu'une plume et un parchemin. Elle connaissait déjà certains des candidats mais c'était la méthode la plus simple. Et surtout, elle avait vite compris que ça évitait ainsi d'en vexer certains qui pensaient être connus de tous quand ce n'était pas le cas.

J'écoute silencieusement ce que dit la capitaine de l'équipe de Quidditch, le dos droit, le menton haut comme d'habitude. A la suite, je note mon nom en quatrième et mon année. Pour le poste, je marque bien entendu "batteur" mais, je me dis que, en dernier recourt je pourrais toujours m'amuser avec le souafle.

Je viens ensuite me mettre à côté des autres personnes qui ont noté leur nom avant moi et attends patiemment que vienne le moment des démonstrations tout en faisant des bulles peu bruyantes avec mon chewing-gum. Je regarde les différents candidats pour le poste d'un air vague en plissant les yeux de temps en temps pour tenter de remettre des noms sur des visages. Si je veux le poste de batteur, il va falloir que je prouve être l'un des meilleurs candidats pour ce poste -si ce n'est le meilleur, à voir selon leurs performances- ou alors faire un sorte que les autres ratent. Un simple maléfice d'entrave, d'une puissance minime, tout juste assez pour le faire louper le cognard ou se le prendre. Se serait parfait. Mais non, c'est plus discret quand on est spectateur de faire se genre de choses.

Je tient toujours mon balais bien fermement dans ma main gauche, et ma batte personnelle dans ma main droite. Un dernière ligne droite à passer et ce sera bon.

Les candidats arrivèrent uns à uns et bientôt Eileen prit la parole demandant à tous de noter sur un parchemin, son nom, son prénom et son année, ainsi que le poste auquel chacun souhaitait postuler. Orphéa patienta tranquillement que son tour arrive, et elle saisit finalement la plume, et commença à noter toutes ses informations dessus. Avant de noter le poste pour lequel elle souhaitait postuler, la jeune fille parcourut la liste et remarqua qu’elle n’était pas seule à convoiter le poste de batteuse. Elle savait que c’était ce qui lui correspondait le mieux, mais elle voulait mettre toutes les chances de son côté. Elle nota en premier lieu « Batteuse », car c’était ce qu’elle souhaitait par-dessus tout, mais elle rajouta derrière « Gardienne ». C’étaient les deux postes que ses parents avaient occupés à l’époque où ils étaient joueurs à Poudlard. Ainsi, elle marcherait dans leurs pas quoi qu’il arrive. Puis comme elle voulait vraiment faire parti de l’équipe, elle rajouta cette fois-ci entre parenthèses « Peut-importe, tout me convient ».

Elle reposa la plume et se retourna vers le reste des candidats, attendant patiemment que la capitaine donne les premières instructions. Elle en profita pour détailler les autres Serpentard, qui pour la plupart étaient plus vieux, et plus costaux. « Tu as toutes tes chances, tu as toutes tes chances » se répétait-elle en boucle. Une petite voix lui disait qu’il fallait de gros muscles pour taper un cognard avec forces, mais elle s’efforça de la chasser pour se concentrer sur les épreuves à venir.

Comme souvent quand il s'agissait de sélections, le poste de batteur était le plus convoité. C'était amusant d'ailleurs quand on pensait à la notoriété dont jouissaient pourtant les Attrapeurs mais c'est vrai aussi que c'était un poste avec beaucoup de pression et tout le monde ne se sentait pas forcément capable d'endosser le rôle. Et puis, Eileen ne pouvait pas jeter la pierre aux candidats. Après tout, batteur était aussi son poste de prédilection, à la base, même si elle avait évolué à d'autres postes en fonction des besoins de l'équipe. Il fallait d'ailleurs qu'elle se fasse une raison : elle ne reprendrait pas sa batte de sitôt. Du moins, pas en match parce que, justement, pour les sélections, elle comptait bien en faire voir de toutes les couleurs à ses camarades.

"Vu que le poste de batteur est le plus populaire, on va commencer par lui. Et, avant de commencer, j'en profite pour un petit rappel qui est souvent nécessaire, malheureusement : je ne tolérerais aucune triche. Et croyez-moi, compter sur autre chose que vos propres capacités en terme de Quidditch, c'est risqué de réduire à néant et à tout jamais vos chances de rejoindre les Crochets. Même après mon départ."

Chaque année, il y avait des petits malins qui pensaient qu'user de leur baguette était la solution et Eileen ne voulait vraiment pas de ça. Comment faire ensuite confiance à un tel joueur sur le terrain et qui pourrait alors lui prouver qu'il n'utiliserait pas de tels subterfuges en match, causant ainsi la disqualification de l'équipe ?

"Tous sur vos balais et éblouissez-moi !"

Eileen ouvrit la malle et relâcha le Cognard puis enfourcha son balai, sa batte à la main. Elle décolla et frappa un grand coup dans la balle folle vers le candidat qui était le plus proche d'elle. Surpris, il n'eut pas le temps d'esquiver ni même de lever sa batte et se prit le Cognard dans le bras. Et s'il aurait encore pu avoir une maigre chance d'impressionner la jeune fille, il se retrouva déséquilibré et manqua de peu de tomber de son balai. Un de moins.

La capitaine infléchit la trajectoire de son balai pour se placer à nouveau dans l'axe du Cognard et le frappa de nouveau. Cette fois-ci, pas en direction d'un joueur puisqu'elle ne voulait pas tous les tester de la même façon mais vers l'un de ceux qui étaient encore au sol. Lequel des prétendants réussirait à le protéger ? Les paris étaient ouverts.