Irene avait passé l'après-midi sur son balai. Quinze jours s'étaient écoulés déjà et elle n'avait toujours pas digéré la victoire des Hel's. Son équipe l'avait bien compris, du moins la jeune fille le pensait-elle... Et elle avait reprit des entraînements intensifs, demandant à ses joueurs de donner le meilleur d'eux-même. A la fin de celui de ce jour là, la jeune Serdaigle avait décidé de rester un peu seule pour profiter un peu du temps relativement calme et du soleil timide, qui peinait à réchauffer les étendues gelées et immaculées du parc. 

Perchée sur son balai, elle avait profité de la sensation grisante pour laisser son esprit s'évader. Les larmes avaient coulées, la joie et des rires aussi... Elle savait pensé à sa famille, à son frère, à l'avant-veille. Irene avait cru voir sa fin arriver quand, perchée en haut de la tour d'astronomie à la recherche de calme elle avait vu l'armée noire apparaître sur les rives du lac gelé. Elle avait assisté de loin aux événements, incapable ou presque de reconnaître les silhouettes minuscules qui avaient dansé loin en dessous d'elle, mais devinant sans peine que la Directrice, une partie du corps professoral et l'actuelle dirigeante du Conseil des Sorcier étaient de la partie. Plus tard dans la soirée, elle avait laissé traîné ses oreilles et avait entendus certaines rumeurs qui l'avaient laissée perplexe. Nul doute qu'elle ne tarderait pas d'ailleurs à passer du côté de l'infirmerie pour essayer d'en savoir ou juste voir plus. 

A un moment, Irene décida de se reconcentrer sur son vol et de s'entraîner à faire divers accélérations et ralentissements brusques, changer de trajectoire brusquement, imaginant le cognard la poursuivant et tâchant de "l'éviter" au dernier moment. La seconde d'après, c'était la jeune rousse qui se mettait à poursuivre un cognard invisible, inexistant, qui faisait des embardées essayait d'analyser des trajectoires imaginaires pour prendre des "racourcis" et l'intercepter. Quand elle en eu assez de ce jeu, elle se contenta simplement de se laisser voler tranquillement, prenant de la hauteur petit à petit, admirant le parc qui s'étendait à sa vue, cherchant dans le paysage un endroit où s'enfuir, un lieu à simplement admirer, une place qui lui couperait le soufle et la pensée. 

Arrivée à une certaine hauteur, Irene ressentait le froid qui traversait ses vêtements malgré les couches superposées qu'elle avait décidé de porter. Elle se décida à mettre fin à ces délices de vol et de retourner au château, chercher un livre captivant ou encore la compagnie de quelqu'un, que ce fut celle son meilleur ami ou celle de n'importe qui d'autre, tant que ça l'occuperait... La capitaine des Ailes d'Airain monta donc, dressant son balai pratiquement  à la verticale, prenant de la vitesse et de la hauteur. Puis, à un moment, elle tira à nouveau sur le manche, se renversant en arrière pour inverser entièrement le sens de sa course dans une espèce de looping interrompu. Pendant les quelques instants où elle se retourna, la jeune fille eu l'impression étrange de flotter, que le bas et les haut se mélangeaient alors que dans son champs de vision tout était flou, mélangé. Elle vit une palette de bleu, de blanc et de gris se dévoiler et tourbilloner, jusqu'à ce qu'elle sente la gravité la tirer tête en avant. Là, elle plongea, prenant de plus en plus de vitesse, sentant le vent lui gifler le visage, l'adrénaline faisant battre son coeur alors qu'une joie intense accompagnée d'une peur de s'écraser se dispersait dans tout son corps, lui donnant une énergie folle et une envie de hurler cette joie. 

Elle se laissa ainsi tomber vers le sol quelques instants avant de tirer de toutes ses forces sur le manche de son Comète, pour le redresser et remonter légèrement, perdant peu à peu sa vitesse. Enfin, quand l'aterrissage lui paru moins dangereux, Irene se dirigea pour de bon vers le sol, en douceur. Ses pieds entrèrent en contact avec le sol dur et glacé dans un bruit sec et elle accompagna son atterrissage en faisant quelques pas, le balais entre les cuisses, avant de s'immobiliser complètement et de descendre de sa monture. Elle tremblottait encore de sa descente rapide, l'adrénaline parcourant encore son sang et stimulant la joie de la jeune fille. Irene lâcha son balai sur le sol à côté d'elle et se pencha en avant, les mains sur les genoux, tâchant de reprendre sa respiration et de retrouver son calme, ses entrailles diffusant encore une douce chaleur au creux de son ventre. 

Aujourd’hui, Le soleil était présent mais sa chaleur manquait à l’appel. Les nuages étaient inexistants et pourtant je commençais à sentir comme des perles d’eau caresser mon visage quand je m’étais arrêter pour prendre du temps à observer le ciel. Le ciel, un endroit que j’avais envie de revoir de plus près mais qui m’avait été retiré depuis que je n’avais pas été retenu pour la sélection titulaire des Crochets d’Argent et si l’on rajoutait maintenant ma punition, voler faisait plus partie des rêves que de ma réalité désormais.

Ma tâche aujourd’hui consistait à nettoyer chacun des vestiaires de chaque maison. A première vue, la tâche s’annonçait simple mais c’était loin d’être le cas car il y’avait un détail en particulier que je n’avais pas pris en compte : l’odeur. Comment décrire avec des mots ce que j’ai pu sentir pendant que je nettoyais de fond en comble les vestiaires de chaque maison ? Je n’en ai pas la moindre idée et très franchement j’ignora ce qu’il fabriquait dedans mais ce que je sais, il faisait forcement plus que se changer à l’intérieur. Il y’avait de tout, de la boue, des gants et j’ai même eu l’horreur de trouver une chaussette sale dans les vestiaires des Poufsouffle. Y’avait-il vraiment un joueur qui était partie avec une chaussette au moins ? Ah beurk non ! Je ne voulais pas savoir et sans perdre une seconde je suis allée jetée l’arme du crime dans une poubelle.

Je n’avais encore jamais réellement travailler aussi vite depuis toute ma vie. Motivation où peur, l’odeur avait un effet qui m’avait poussé à tout nettoyer le plus vite possible en espérant que je n’avais rien bâclé même si au fond de moi j’en avais la vague impression. Point positif, c’est qu’après le nettoyage, plus aucun vestiaire ne sentait le napalme et que désormais les joueurs avaient des vestiaires tous propres qu’ils pouvaient utiliser quand ils le souhaitaient.

Après avoir jetée les équipent de survies que l’on m’avait donné à savoir, un masque pour l’odeur, des gants pour manier les éléments radioactifs, une fille aux cheveux de feu en train de s’entrainer seule sur le terrain d’entrainement attira mon regard ainsi que ma curiosité. C’était la première fois que je la voyais et à voir sa façon de se déplacer avec son balai, il ne faisait aucun doute qu’elle était joueuse de Quidditch. La fille sur son balai, se déplaçait avec grâce et vitesse. J’avais déjà vu des professionnels magner leur balai avec perfection ces mouvements dont je suis en train d’être témoins, étaient quasiment digne d’être des mouvements de professionnels. Mais comment réellement jugé ? c’était un entrainement et non pas un match mais il n’en naguère moins que cette fille s’avait s’y prendre avec un balai.

La tête levée dans les airs à regarder le spectacle que cette bleue me donnait, je sentais mon sourire s’élargir mais aussi l’envie de monter sur un balai avec elle pour m’amuser et profiter d’un petit moment de répit. Mais quand on est puni, ce genre de droit devait être à oublier au plus vite sous peine d’avoir encore plus mal et surtout de s’attirer encore plus d’ennuie. Soudain, la fille à la comète tira sur son balai et commençait à s’envoler dans les cieux les plus haut. Que faisait-elle ? était-elle devenue folle ? Si elle continuait, la pression avait des chances de l’écraser et elle s’évanouirait ! Pour cette distance, ses chances de survies étaient quasiment de nul et pourtant après une poignée de secondes, l’Aigle redescendit en piquez à vive allure et fendit l’air sur son passage.

Moi ? J’étais bouche bée et émerveillée en même temps. C’était… de l’art de la voir voler. La vitesse qu’elle venait de prendre était complètement maîtriser et quand elle fut au niveau du sol, je n’ai pas pu empêcher mon corps de se diriger vers elle en courant tout en l’acclamant comme un fan l’aurait fait.

-Par Circée ! Quel plongeon incroyable ! Je n’avais jamais vu ça de toute ma vie ! Dis-je en regardant le balai puis le visage de la joueuse de Quidditch qui avait l’air tout aussi excitée que moi. Tu es incroyable ! Moi pensais que je me débrouillais bien sur un balai, j’étais bien loin du compte ! Je t'ai vu monter dans les air avec ton balais pour redescendre en piquer comme une fleche à toute allure ! C'était woaouh, et je--

Dans mon discours je m’étais arrêtée quand mes yeux rencontrèrent les siens. Un ange ? Vu sa façon de voler, il était fort à parier qu’elle en soit une. Un ange aux cheveux de feu, un regard vert clair hypnotisant et des tâches de rousseurs lui donnant un visage innocent et rayonnant. Mon ventre me faisait mal, ma tête me donnais le tournis et…Mon cœur s’emballait. Je…Je ne savais pas trop ce qui était en train de m’arriver et pour des raisons bien obscure, mon regard n’arrivait pas à se détacher de cet ange tombé du ciel. Mes mains devinrent moites, mon souffle était court et si cela ne suffisait pas, mon front commençait à perler de sueur. Je sentais la panique grandir en moi et dans les derniers ressources de courage qu’il me restait, j’essayais de faire quand même bonne impression.

-Et je… je voulais te dire que tu es magnifique—Enfin que TA FACON DE VOLER est magnifique ! T-tu voles depuis longtemps comme ça ?

Ma langue avait fourché et mes yeux se fermèrent pour ne pas succomber au ridicule que sa phrase allait générer. Je ne comprenais toujours pas mon comportement, pourquoi diable, mes sens étaient en alertes ? C’était comme si…j’avais perdu le contrôle de mon corps entier et que j’étais en train de devenir stupide par sa seule présence…Mince, qu’est ce qui m’arrivait ?

Un sourire flottait sur le visage d'Irene qui, malgré ses deux pieds bien ancrés dans le sol, se sentait légère, comme encore dans les airs. Elle voulait profiter encore un peu de cette sensation, de n'avoir personne d'autre avec...
--Par Circée ! Quel plongeon incroyable !

Surprise, Irene releva la tête vers la provenance de cette voix qui venait de faire éclater la bulle d'Irene. Il y avait des gens ? Elle pensait pourtant être seule. C'est alors qu'elle la vit. La fille qui s'approchait d'elle tout en déblatérant un monologue à la vitesse de la lumière. Un monologue emprunt d'admiration et de tout un tas de compliments. Un monologue qui s'essouffla légèrement quand les yeux d'Irene croisèrent ceux de la jeune fille qui parlait. Carry. Carry Harrison, la Carry qui avait attaqué Alice Sangblanc pendant la bataille du bal... Qui l'avait défigurée. La serdaigle s'était souvent demandé : qu'est ce qui avait bien pu motiver une telle violence ? Avait-ce été juste la panique ? ça avait été un tel bazar ce bal... Irene réprima un frisson. Mais elle ne recula pas. Carry semblait pas hostile et surtout, elle n'avait plus de baguette, plus de maison... en bref Irene ne risquait rien. Théoriquement. Pourtant, même si Carry n'avait jamais parue si folle que ça aux yeux d'Irene quand elles étudiaient encore dans la même classe, la jeune rousse ne fut pas rassurée de voir la jolie brune se troubler un instant.

Carry sembla se ressaisir rapidement et continua sur sa lancée, complimentant Irene dans un lapsus qui ne troubla pas plus que cela la batteuse des Ailes d'Airain, malgré la gêne évidente de son interlocutrice dont les yeux marron furent brièvement masqués par des paupières honteuses.

De son côté, Irene ne savait pas trop comment recevoir la chose. D'abord, elle venait d'être interrompue alors qu'elle se croyait seule et tranquille. Ensuite, elle devait bien avouer qu'elle n'était tout de même pas très à l'aise face à Carry. Après tout, le statut de sang d'Irene avait beau ne pas être connu de tous, l'ancienne verte était connue pour son aversion envers les nés-moldus. Avait elle eu connaissance de ce petit détail concernant l'aiglonne ? Irene en doutait, sa pauvre camarade était traitée en pestiférée depuis les événements du bal et son "renvoi" de Poudlard, elle n'avait donc théoriquement pas eu l'occasion encore de le découvrir. Ses compliments étaient-ils donc sincères ?

Le rose empourpra les joues d'Irene. Elle n'était pas particulièrement timide ni particulièrement modeste, au contraire, elle pensait avoir une bonne connaissance de ses capacités et se savait pas mauvaise chevaucheuse de balai. Non, ce qui la mettait dans l'embarras, là, c'était qu'elle ne savait absolument pas quoi répondre ni comment réagir et encore moins quoi ressentir.

Maladroitement, Irene finit par dire, en observant le visage de Carry, évitant ses yeux et s'arrêtant au final sur son nez :
-Merci... ?

La jeune fille marqua une pause hésitante, vérifiant qu'il n'y avait personne d'autre aux alentours, avant de terminer finalement, d'une voix peu assurée :
-2 ans...
Avant de préciser précipitamment :
-Intégré l'équipe l'année dernière.

Irene espérait détourner l'attention de sa camarade en parlant des Ailes d'Airain. Cependant, elle espérait presque que la conversation ne durerait pas tant que ça, si elle se faisait surprendre en train de parler avec Carry, Irene ne doutait pas qu'elle le regretterait, que ce soit en étant punie ou juste vis à vis des autres élèves de Poudlard. Mais si quelque chose la retenait ici, de la pitié peut-être, la jeune rousse ne fit pas un mouvement, restant face à Carry, les bras ballants, incapable de décider quoi faire. Finalement, elle choisit de planter son regard vert droit dans celui, marron, de Carry. Irene venait de réaliser que la punie encourrait probablement beaucoup plus qu'Irene à s'approcher d'une autre élève, surtout d'une née-moldue. La discussion serait donc probablement brève et Irene pourrait peut-être trouver des réponses à ses questions en échange de quelque précieuse attention portée à l'ancienne verte. Et puis elle n'avait rien d'autre à faire à part aller prendre une douche et se changer.

Alors, toujours le regard planté dans celui de Carry, Irene laissa une question lui échapper du bout des lèvres, sans agressivité aucune, juste de la curiosité brillant au fond des yeux :
-Pourquoi t'es là ?
Irene doutait que Carry ai le droit de voler et elle ne l'avait jusqu'à présent vue sévir que dans le château. Peut-être que les tribunes n'avaient pas encore été nettoyées du dernier match, quinze jours plus tôt ? un goût amer remplit la bouche d'Irene en songeant à ce dernier match, match de défaite pour les Ailes d'Airain.

Je la gênais, ça s’entendait dans ses réponses. Elles étaient courtes et ne cherchait pas à faire la conversation comme je l’espérai. Que dire et que faire dans ces cas-là ? La forcer à parler pour avoir une conversation ensemble ? Non, brusquer une petite perle comme elle me donnerait forcement de mauvais points a son égaré et qui plus est, elle devait sans aucun doute déjà avoir entendu des choses à mon sujet d’où le fait qu’elle se montrait plutôt réticente à me parler. Je n’ai jamais été très forte pour me sociabilisée avec les autres et c’était même encore plus dur quand il s’agissait de se faire des amies, Irene Gates ne faisait pas exception malheureusement. Chaque mot qui voulait sortir de ma bouche mettaient énormément de temps à trouver leur chemin jusqu’à mon cerveau.

-Ce que je fais la ? Eh bien…Tu sais je suis punie et j’ai du ranger et nettoyer les vestiaires de chaque maison, l’odeur était un enfer et la crasse était partout. Essayai-je de dire en riant sans trop me forcer. Et puis ensuite, je t’ai vu en train de voler et comme je n’avais pas d’autres taches en attendant, je suis restée pour te regarder.

Combien de fois avais-je envie de me frapper la tête contre une batte pour me faire taire. J’avais l’impression de sortir une flopée de débiliter qui n’allait jamais s’arrêter. Je sentais toujours le sang en train de me monter à la tête et au point ou j’en étais, j’étais presque persuadée que j’étais en train de rougir devant la joueuse des Serdaigle. Mais il n’y avait pas que cette Irene avec qui j’avais envie de faire connaissance, il y’avait aussi son balai. Pendant la conversation, ma conversation valsait de son visage a son magnifique balai. Un Comète, un balai simple mais qui pouvait devenir redoutable entre les mains d’experts comme celle que je venais d’observer.

-C’est un Comète, n’est-ce pas ? *Thanks captain obvious*. Je faisais partie des Crochets et j’en ai vu des semblables au tiens. Tu en fais vraiment que depuis deux ans ? A te voir j’ai l’impression que tu es née avec un balai dans les mains !

Blablabla, je parlais et parlais encore pour me rendre compte qu’au final ce n’était pour rien dire. Je savais très bien ce que je voulais mais ma bonne conduite qui résidait en moi m’empêchait de demander comme une malpolie. De plus elle et moi on ne se connaissaient pas encore très bien, pourquoi est ce qu’elle accepterait de me rendre service ? Et pourtant, plus je la regardai et plus j’avais envie le sentiment qu’elle deviendrait quelqu’un d’important pour moi, comment est ce que je pouvais le dire ? est-ce que répondre l’instinct serait une réponse trop clichée ? Surement, mais c’était comme ça que je le ressentais.

Mes jambes toutes molles me firent faire un pas vers Irene, mes mains devinrent encore plus moites qu’elles ne l’étaient déjà alors que je me voyais me rapprocher d’elle. Dans ma tête le temps s’arrêta, plus ne fonctionnait correctement dans mon corps et mon cerveau avait prit la décision de s’éteindre au pire moment m’empêchant ainsi de réfléchir à une solution à mon actuel problème. Allait-elle dire oui ou bien allait-elle me dire non avant de me laisser seule sur le terrain d’entrainement ? Mon frère disait souvent que la meilleure façon de savoir c’était de demander, en demandant il y’avait cinquante pour cent de chance que cela devienne un oui et cinquante que cela soit un non. Il avait raison.

-Dit…Est-ce que je peux te demander un service s’il te plait ? Je sentais mes mains tremblées et une boule d’anxiété en train de me dévorer de l’intérieur. Voila, je vais être franche avec toi… J’ai fais des choses inacceptables un peu plutôt dans l’année et…on m’a privé de tout. De maison, de me faire des amis, de cours, d’activités extra-scolaires et de magie. Le truc c’est que…la chose que je préférai le plus à Poudlard, c’était de voler sur un balai et ça aussi on me l’a retiré… je voulais te demander…Est-ce que je peux t’emprunter ton balai pour que je puisse faire un seul tour pendant une toute petite minute, s’il te plait ? Je sais que cela va à l’encontre du règlement mais…J’aimerai m’amuser un tout petit peu avant de retourner à mon travail d’elfe de maison…

Ma gorge était serrée et ma voix commençait à se briser. Je me sentais gênée de demander, voir même supplier. Demandée ainsi n’était pas dans mes habitudes, mais mon niveau de divertissement était au plus bas et regarder les autres élèves s’amuser entre eux me rendait envieuse et dépressive, comme je commençais à l’être maintenant, réalisant ce que j’étais en train de demander à une inconnue.

- M-mais si tu ne veux pas, ce n’est pas grave ! Essayai-je de me rattraper in-extremis. Je c-comprendrai que tu refuses de prendre des risques et dans ce cas-là, j’essayerai de trouver a-autre chose pour m’amuser.

Autre chose ? Oui mais quoi ? Mon emploi du temps était surchargé et aujourd’hui, c’était un miracle que personne n’avait de travail à me donner et dans ce tout petit trou dans mon planning, j’avais vu une minuscule opportunité de pouvoir retrouver gout à l’amusement.

En entendant la réponse de Carry, Irene grimaça, compatissante, les vestiaires n'étaient clairement pas l'endroit dans lequel il était le plus agréable de rester, surtout pour les nettoyer. C'était sûr, Carry était bel et bien punie pour qu'on lui confie de telles tâches, Irene n'était même pas sûre qu'on le demandait pour une retenue classique. Elle eu alors une pensée inquiète pour ses affaires laissées dans les vestiaires bleus et sa baguette magique, Carry avait-elle vu la baguette ? Non elle risquait trop gros, elle n'avait pas pu la lui emprunter... même si jeter un bon Recurvite, si elle savait le faire, lui aurait épargné pas mal de temps. Irene essaya de ne pas laisser paraître ses doutes, mais son regard inquiet s'était porté vers la porte des Vestiaires bleus.

Irene ne remarqua donc pas la rougeur sur les joues de Carry. Du moins, pas immédiatement. Quand Carry se remit à parler, à propos du balai d'Irene, la jeune rousse se reconcentra sur son regard marron. Les paroles de la jeune brune éveillèrent l'intérêt de la capitaine des Ailes d'Airain. Ainsi, sa... son ex-camarade avait joué chez les Crochets d'Argent ? Le regard brillant Irene leva la main sur son balai et lui intima de se mettre debout. L'instrument, comme aimanté, bondit dans la main de la jeune fille qui la tendit vers Carry pour lui permettre de mieux l'observer. Dernier cadeau reçu par ses parents depuis qu'elle avait décidé de rester à Poudlard pendant l'été, il lui était particulièrement précieux et elle en prenait grand soin, en attestait son apparence semblant neuve, le verni toujours aussi brillant, les brindilles taillées parfaitement. Présenté comme cela, Carry ne pouvait ignorer le sigle Comète 180 brillant sur la bague des brindilles, répondant à la question sans que la jeune rousse n'ai besoin de parler.

Alors qu'Irene commençait à se demander pourquoi les joues de Carry semblaient plus rouges, cette dernière fit un petit discours qui parvint à distraire Irene de ce mystère. Des choses inacceptables, c'était rien de le dire, pensait Irene, après tout, elle avait quand même défiguré Alice et la manière dont elle l'avait fait avait été particulièrement dangereuse, la jeune brune aurait tout à fait pu mal doser son sortilège et tuer la fillette diaphane. Irene ne pouvait donc pas complètement s'insurger de la punition qui avait été donnée à son ancienne camarade, aussi cruelle que cette punition semblait être. En revanche, elle n'arrivait pas à se défaire d'une certaine pitié pour Carry. Cette dernière avait perdu sa maison, sa baguette et du jour au lendemain avait été bannie des esprits, le pire étant qu'elle le voyait de ses propres yeux, qu'elle le vivait. C'était comme si elle était devenue complètement invisible et inaudible aux yeux de tous ici, sans que rien ne puisse y remédier.
- Le truc c’est que…la chose que je préférai le plus à Poudlard, c’était de voler sur un balai et ça aussi on me l’a retiré… je voulais te demander…Est-ce que je peux t’emprunter ton balai pour que je puisse faire un seul tour pendant une toute petite minute, s’il te plait ?

Irene se décomposa à vue d'oeil en entendant la requête de Carry. Lui prêter son balai ? Elle eu un infime mouvement de recul. Irene pouvait comprendre que voler puisse manquer à Carry, à vrai dire, la jeune rousse ne pouvait plus imaginer sa vie sans passer un peu de temps juchée sur son balai. Mais elle ne se voyait pas pour autant laisser l'ancienne Serpentard lui "emprunter" son précieux comète, pour plusieurs raisons. D'abord c'était son balai. Ensuite, Irene risquait très gros à parler à Carry déjà, mais encore plus en lui prêtant son balai et en la laissant voler dessus. Enfin, mais c'était moins grave aux yeux d'Irene, Carry risquait aussi beaucoup si elle se faisait attraper. Irene prit alors un air gêné et répondit, incertaine :
- Je... Pas une bonne idée..., Irene avala sa salive difficilement et tenta de s'expliquer, Si... quelqu'un te voit... T'auras de gros problèmes...

Irene avait du mal à soutenir le regard de Carry, c'était presque comme si elle se sentait coupable de lui refuser cela... Irene ne se l'expliquait pas, elle n'avait pas de problèmes pour dire non et s'affirmer habituellement, mais était-ce la situation de Carry, le danger qu'elle pouvait représenter pour Irene ou... autre chose, la petite rousse ne se sentait pas bien ou légitime...

-C-C ’est vrai, bégaya la fillette en se rendant compte du ridicule de sa requête. Qui irait en plus prête son bien le plus précieux à une inconnue…. Je te demande pardon…

Carry resta figer pendant un instant en entendant la réponse d’Irene. Elle était déçue évidemment mais elle savait qu’au fond, la jeune Serdaigle n’avait pas tort. Si un professeur venait à passer par la et voyait sur un balai, cela causerait sa perte. Mais c’était son vœu le plus cher, retrouver cette folle sensation de chute libre quand elle piquait vers le sol, cette sensation de sentir son cœur remonter dans sa poitrine à chaque virement. Mais tout cela n’était plus qu’un rêve, un lointain souvenir.

Craignant d’avoir effrayée la troisième année, Carry recula tout doucement de son interlocutrice en essayant de réprimer cette grimace de déception et de compréhension sur son visage. Même si le désir en elle était grand, elle savait que la capitaine des Ailes avait raison. Dans un soupire remplit de résignation, elle rassembla ses forces pour sourire malgré son chagrin et essaya de paraitre la plus compréhensible possible.

-Tu as surement raison…Essaya d’articuler Carry en reprenant, je me doute bien que si jamais je me fais prendre, je risquerai d’avoir de gros ennuis et…Je ne pense pas en vouloir plus que je n’en ait déjà.

Carry se laissa tomber au sol sur ses fesses. Dans un mouvement qui se répétait, elle tournait la tête de gauche a droite pour essayer de voir si elle était surveillée comme elle le pensait. Mais après maintes et vaines tentatives, il était clair que si elle l’était, ceux-là devaient avoir recourt à un certain type de magie. Et puis de toute façon, si jamais elle repérait ses surveillants, que ferait-elle ensuite ? Rien, exactement.

Abandonnant ses recherches, elle laissa pendant un instant son regard vagabonder sur Irene et son balai. Cette chevelure de feu hypnotisant, sa tenue bleue et bronze volant contre le vent. Extérieurement elle éprouvait une certaine jalousie de la jeune Serdaigle mais intérieurement, elle était en complète admiration devant ce petit ange qui savait voler tel un faucon. Même si les secondes paraissaient comme des heures, même si Gates n’avait pas acceptée de prêter son balais, Carry ne voulait pas mettre un terme à leur rencontre, c’était trop rapide, trop brusque. Même si cela devait faire trois ans qu’elles étaient dans la même classe, la fillette n’avait jamais vraiment osée lui adresser la parole.

Cependant il y’avait quelque chose qui gênait Carry dans cette petite discussion qu’elle était en train d’avoir. Les réponses qu’Irene donnaient étaient…simples. Elle avait l’air de se contenter du stricte nécessaire, juste de quoi se faire comprendre «2 ans, intégré l’équipe l’année dernière, pas bonne idée, quelqu’un te voit, tu auras de gros problèmes ». Certaines phrases n’avaient même pas de sujet. Et c’est après avoir remarquée cela qu’un flash marqua l’esprit de Carry. Si elle, voulait parler avec la troisième année de Serdaigle, ce n’était peut-être pas le cas inverse.

Elle avait lu à la bibliothèque un livre qui s’appelait « Comment se faire des amis » et dans ce livre il était dit que si une personne se contentait de faire de phrase simple c’était qu’elle que la conversation gênait la personne ou qu’elle voulait l’écourter autant que possible pour s’en aller. Était-ce le cas pour Irene ? Carry était dans le doute, si Irene voulait vraiment la faire partir, elle lui aurait tout simplement dit non avant de s’en aller sans même chercher à comprendre le pourquoi, a moins qu’elle soit extrêmement polie de s’en aller et attend patiemment que Carry s’ennuie de la conversation.

Les pensées de Carry s’emmaillaient les unes aux autres. Avec cette question qui flottait dans sa tête, elle ne savait si parler avec Irene était quelque chose de bien ou non car si jamais c’était le cas, elle devrait s’excuser au plus vite avant de la laisser tranquille car elle ne voulait pas que cette conversation tourne au harcèlement. Elle avait déjà une réputation de monstre, autant ne pas lui rajouter un autre titre qui lui serait néfaste.

Distraite avec ses mains arrachant l’herbe entre ses pieds, Carry baissa son regard par terre et se demandait comment devait-elle s’y prendre pour rendre une conversation intéressante. Elle et Irene avait un gros point commun, le Quidditch. Mais de quoi pouvait elle bien parler pour éviter de recevoir une réponse brève comme « ouais, non, je ne sais pas, etc. ».
Soudain, Carry eut une idée qui lui traversa l’esprit. Elle se releva d’un bond et s’avança avec enthousiasme en direction d’Irene avec le sourire.

-Dit…Je viens de réfléchir a ce que tu as dis et il y’aurait peut être autre chose qui pourrait me faire plaisir. Carry hésita un instant réfléchissant aux mots qu’elle allait employer. Est-ce que tu pourrais…jouer encore un petit peu avec la balle comme la lancer dans les cerceaux comme s’il s’agissait d’un entrainement et…si jamais on nous demande ce qu’on fait, tu dis que tu t’entraines et moi que je suis simplement ta ramasseuse… ? lui demanda-t-elle en baissant les yeux presque honteuse de sa propre demande.

Voler et regarder quelqu’un voler étaient deux choses complètement différentes. Carry se rappela qu’elle n’avait pas pu voir les matchs de Quidditch de cette année et elle se rappela que voir quelqu’un voler pouvait se montrer tout aussi intéressant voir amusant. Ayant vu la façon de voler de la capitaine des Ailes d’Airain, elle savait qu’elle pourrait s’en prendre plein la vue mais après…Est-ce qu’Irene allait accepter cette nouvelle requête ? Au fond-elle, Carry espérait que oui car elle adorerait voir Irene voler une nouvelle fois.

Irene observa simplement Carry reculer. Elle sentait bien que sa réponse ne lui avait pas vraiment plu, ou plutôt l'avait déçue, mais la jeune fille ne pouvait que se sentir soulagée de voir l'ancienne Serpentard reculer sans faire d'histoire, avoir une réaction aussi calme et compréhensive. En revanche, la petite rousse s'attendait à tout sauf voir sa camarade s'écrouler ainsi au sol. Sans trop savoir que faire, Irene regardait Carry de haut, gênée par cette situation sociale à laquelle elle n'avait pas l'habitude. Et elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine pitié à voir la brunette agiter sa tête dans tous les sens, semblant chercher quelque chose, probablement pour vérifier qu'aucun prof n'était en vue. Inquiète, Irene jeta un rapide coup d'oeil autour d'elle, non, dans la douceur de cette fin d'après-midi, les deux jeunes filles étaient bel et bien seule sur le terrain. Ce qui arrangeait Irene qui commença tout de même à se chercher une excuse à sortir si jamais quelqu'un se pointait à l'improviste.

Un silence pesant et gênant s'installa doucement entre les deux jeunes filles. Un silence de ceux qu'Irene détestait tant, le silence qui indiquait en général que les personnes suivant la conversation n'avaient que peu à partager ou plus rien à se dire et que poursuivre dans cette voix reviendrait à une perte de temps. Pourtant, Irene avait besoin de s'occuper l'esprit et elle était descendu de son balai pour peut-être retrouver un peu de compagnie. Oui, mais voulait-elle vraiment de la compagnie de Carry Harrison, celle qui était presque renvoyée, faute de mieux, suite à son attaque sur Alice ? Et d'un autre côté, sa pitié parlait, les professeurs avaient interdits aux élèves tout contact avec Carry, dans la mesure du possible. Cet exil forcé, être ignoré à longueur de journée, cela paraissait un châtiment plutôt cruel à la petite rousse, même pour le danger que sa camarade pouvait représenter. Enfin quand elle avait une baguette, Irene doutait que la jeune brune soit vraiment du genre à se servir vraiment de ses poings.

Irene observait Carry arracher son herbe avec curiosité. A quoi pouvait-elle bien penser ? Commençait-elle à avoir des remords et à se rendre compte de la gravité de son acte lors du bal ? Ou était-elle seulement frustrée de ne plus pouvoir voler ?

Quand la brunette se redressa brusquement, une lueur un peu folle dans les yeux, Irene retint un mouvement de recul et écouta la proposition avec méfiance. La jeune fille prit le temps de réfléchir, prudente. Jouer devant Carry ? Cela ne demanderait pas beaucoup à Irene qui serait au moins loin de Carry dans les airs. Cependant, la jeune fille venait de passer l'après midi sur son balai et elle devait avouer qu'elle n'était pas certaine d'avoir assez d'énergie pour recommencer encore un long moment. Sans compter qu'elle se voyait mal aller redemander les balles à Mr Saunders alors qu'elle les lui avait rendu un peu plus tôt dans l'après-midi. Mais, faire une balle ce n'était pas impossible, après tout, Irene avait des affaires dans le vestiaire, la jeune fille savait qu'elle pouvait toujours se débrouiller. Pourtant, Carry méritait-elle vraiment qu'Irene brave autant les interdits et risque autant de se faire punir ?

Irene, après quelques secondes de silence à dévisager Carry sans rien laisser paraître de ses doutes, finit par simplement demander, le regard plongé dans les yeux marrons :
- Tu regrettes ?
Irene laissa quelques secondes passer avant de préciser, la voix neutre :
- Pour le bal ?
Un simple petit pli soucieux entre ses deux sourcils roux laissait paraître la gravité et l'importance que la question avait pour Irene. Elle voulait savoir ce que Carry pensait et ressentait suite à ce bal, elle voulait comprendre. Et surtout elle en avait besoin pour choisir ce qu'elle ferait de la question de la jeune brune, si elle accepterait ou non une partie de la proposition. Irene sentait qu'elle jouait à un jeu dangereux, mais elle se laissait guider par la curiosité et la pitié (si tant était qu'elle la ressentait encore après la réponse de Carry).

Carry leva un sourcil en direction d’Irene. C’était une question qu’elle ne s’attendait pas à répondre. Le bal, le fameux bal d’Halloween qui avait lieu au château et qui avait été un tournant dans la vie de Carry. En y repensant, il était normal qu’Irene en ait entendu parlée, la nouvelle s’était rependue comme graines au vent et le fait que Carry avait perdu sa baguette n’avait fait qu’amplifier l’extension de la nouvelle…Si seulement elle pouvait retourner dans le temps…Si seulement elle avait réussi à se maitriser ce jour-là.

Passant d’un simple regard interrogateur a un sourire coupable, Carry ramena sa tête en arrière et ferma les yeux pour essayer de se préparer du mieux que possible pour répondre à la question. Pourquoi voulait-elle savoir ? Était-ce si important pour elle de savoir si elle regrettait ? Ce qui était fait était fait et carry avait eut son lot de punition et d’humiliations pour comprendre que ce qu’elle avait fait était une agression plus que dangereux et que personne ne pouvait laisser passer un tel geste. Elle prit une longue inspiration et laissa chacun de ses muscules se relaxer quand elle expira.

-On a brisé ma baguette, humilié aux yeux de tous les élèves, interdit de communiquer avec tout les élèves, j’ai perdu mes amis, mon droit d’étudier, mon droit de pratiquer mon sport préférée et on m’a force à être au service des professeurs en tant que cobaye. Aujourd’hui je ne suis plus rien, pas de magie, mes parents qui sont contre moi et quasiment plus personne sur qui je peux demander de l’aide.

Une larme coula le long de la joue de Carry qui s’empressa de l’essuya d’un revers de manche.

-Je le regrette amerement, oui. Renifla-t-elle discrètement. J’aurai dû me maitriser, j’aurai du ne pas me laisser aller… J’étais animée par la vengeance contre Rufus Williams et Alice Sangblanc s’en est mêlée et ça m’a rendu furieuse. Et aujourd’hui cette vengeance m’a menée à ça aujourd’hui. Carry haussa les épaules et se désigna elle-même d’un geste de la tête en sentant sa voix qui commençait à s’effondrer sous l’émotion. Je suis l’équivalente d’une cracmol dans ce château et je me hais pour être devenue ainsi. Si je pouvais retourner dans le temps, si j’avais le pouvoir d’effacer ce présent, je l’aurais fait ou j’aurai corrigée mon erreur. Mais tout ça c’est impossible… Je suis condamnée à vivre sans magie et quand je renterai chez moi, mes parents se débarrasseront surement de moi…

Pour Carry, ses mots n’étaient pas exagérés. Ses parents avaient déjà reniée une fois leur fils et c’était une chance qu’ils acceptent son retour dans la famille. Mais le cas que Carry était en train de vivre était particulier et le fait qu’elle ne puisse pratiquer la magie aux yeux du gouvernement faisait d’elle une cracmol dont ses parents allaient certainement mépriser. Au fin fond de son esprit, elle savait que sa mère la ferait disparaitre d’une façon ou d’une autre et savait que son père ne ferait rien pour l’en empêcher… Carry avait apporté tellement de honte envers la famille qu’elle avait le sentiment d’être devenue quelqu’un d’impardonnable pour ne pas dire un cas désespéré.

En regardant sa situation, chaque jours qu’elle passait était une torture, un pas de plus vers la chaise électrique qui portait le nom de parents. Beaucoup était pressée de voir les vacances arrivées mais Carry, elle, les redoutait. Avant l’exécution du prisonnier, il était dit généralement qu’on leur autorisait un dernier repas de leur choix avant de disparaitre de la surface de la Terre mais même Carry n’avait pas le droit a se genre de traitement de faveur et c’est pourquoi elle avait pris le risque de demander à Irene de lui laisser une chance de s’amuser une dernière fois sans lui dire qu’il y’avait des chances qu’elle ne revienne pas à Poudlard pour expérimenter ce plaisir qu’était de voler parmi les nuages. Si seulement elle avait retenu sa main…Si seulement elle n’avait pas cédé à cette folie…Elle serait aujourd’hui entourée d’amis avec qui rire et ne se serait pas retrouvé toute seule à supplier une inconnue à faire des tours sur un balais pour le simple plaisir de la regarder s’amuser.

-Je ne suis pas un monstre… Et je ne veux pas en être un…Finit-elle par dire dans une voix complètement brisée, je voulais juste me faire justice moi-même… Mais J’ai perdu le contrôle et je réalise à quel point ce que j’ai fais est mal…Dans les couloirs, on me regarde comme un animal et beaucoup souhaite qu’on m’abatte tel quel…Mais… J’aimerai continuer à vivre…Vivre juste un peu…Un tout petit peu…Juste assez pour qu’un jour on me pardonne…même si je sais maintenant que c’est trop tard…

Carry tourna son regard triste et desolee vers Irene et laissa un rire lui echapper entre ses sanglots.

-J’aime me faire espérer…Me raccrocher à un brin d’espoir… à n'importe quoi...ça rend les choses plus simple à accepter quand tout est vraiment finis… Et qu'il ne reste plus rien à sauver...

Irene observait Carry avec une attention extrême. Cette dernière laissa planer un silence quelques secondes, les yeux fermés et la tête renversée en arrière, un sourire énigmatique sur les lèvres, sourire qu'Irene ne savait pas trop comment interpréter. La jeune rousse, silencieuse préféra ne rien dire, attendant d'avoir sa réponse, une réponse que sa camarade prenait le temps de murir. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Que faisait-elle ? Cherchait elle ses mots, était-elle incapable de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait, avait-elle honte ou encore voulait-elle simplement trouver le meilleur moyen de tromper Irene ?

La réponse arriva, non portée par une exclamation défensive, mais bien par une voix serrée et une perle brillante roulant sur la joue de la jeune brune. Oui, manifestement Carry regrettait son geste. Pourtant Irene n'arrivait pas à faire le ménage dans ses doutes, les regrets de Carry, s'ils étaient sincères, n'étaient que tournés vers elle-même, vers ce qu'elle avait perdu, pas vers le fait qu'elle avait attaqué violemment une élève. Bien-sûr, c'était mieux que rien, peut-être était-ce même un bon début, mais rien ne prouvait que l'ancienne Serpentard allait réussir à comprendre vraiment la gravité de ses actes.

Pourtant la brunette n'avait pas terminé sa litanie. Irene l'observait sans vraiment rien laisser paraître, incapable de faire un choix dans ses sentiments qui semblaient aussi certains qu'une girouette, écoutant la suite du mea culpa de la jeune fille. Un mea culpa qui ressemblait plus à ce que la petite rousse attendait, sans pour autant la convaincre totalement. Pourtant, Irene bien que généralement peu empathique, n'était pas une sans-cœur pour autant et la détresse de ce que vivait Carry, même si mérité, parvint à adoucir la jeune Gates.

Irene laissa tomber son balai sur l'herbe, l'objet devenant handicapant dans le mouvement que la jeune fille amorçait, puis elle s'accroupit pour se mettre à la même hauteur que Carry et plongea ses yeux verts dans le regard marron. Elle resta immobile ainsi quelques secondes silencieuse, établissant un contact, puis, enfin, ouvrit la bouche et glissa doucement :
- T'as pas besoin de magie

Irene était un peu maladroite, pas vraiment douée, elle le savait, mais elle continua quand même :
- Pour être qui tu veux.

Elle coupait chaque phrase d'un silence, sans ciller, comme pour donner plus de valeur à ses mots, même si elle les cherchait :
- En faisant des efforts, en devenant meilleure, tu auras plus de valeur, même sans magie, que ce que tu as été avec de la magie, au bal.

Irene avait le coeur battant, elle savait que ce qu'elle venait de dire ne plairait peut-être pas à Carry, mais c'était un risque à prendre. Elle continua, prête à s'enfuir si elle voyait le moindre mouvement suspect chez Carry :
- Vivre sans magie est possible. Et puis, si tu montres que tu changes, que tu veux te faire pardonner, si t'es sage, peut-être que tu... que tu pourras reprendre tes études ?

Là, la petite rousse eu un doute, c'était un peu présomptueux de supposer ça et pas forcément bien de faire miroiter cet espoir à sa camarade. Elle n'était même pas sûre que c'était possible. Mais si ça pouvait permettre à Carry d'apprendre à vivre sans magie quelques temps, à se rendre compte que ce n'était pas si terrible et qu'on y survivait très bien, lui montrer qu'elle n'était pas si différente des moldus qu'elle semblait peu apprécier, peut-être que ça valait le coup de tenter.

Irene décida néanmoins de dévier le sujet, se laissant tomber sur les fesses et enserrant ses genoux de ses bras, toujours en observant Carry. La petite rousse posa son menton sur ses genoux et demanda, un peu hésitante :
- Il avait fait quoi Rufus ?

Elle dénoua un de ses bras juste le temps de ramener négligemment derrière son oreille une mèche qui s'était échappée de sa natte et qui lui traînait sur le visage, avant de reprendre sa position : genoux repliés sous son menton, les bras serrés autour, observatrice attentive de son interlocutrice.


CdC octobre 2020

Carry écouta en silence ce que disait la rousse sans sourciller. Vivre sans magie était quelque chose d’impensable pour elle qui avait vécu avec ce don toute sa vie. Difficile à croire que la magie n’était pas indispensable alors qu’elle a accompagné la jeune sang-pur depuis sa naissance. Dans sa tête, c’est en prenant du recul que Carry réalisa ce que voulait dire la jeune Serdaigle. Pas besoin de magie pour devenir qui l’on voulait, devenir quelqu’un de meilleure dans l’espoir de faire grandir sa valeur après d’autrui et il est vrai que sans magie, elle n’aurait peut-être pas subit cette punition qu’elle est actuellement en train de subir.

-C’est…Vrai que sans magie je n’en serai pas là aujourd’hui, admit Carry en arrachant l’herbe qui se trouvait entre ses doigts. Cependant, Gentil ou méchant… Tout cela n’est qu’un point de vu. Être gentil ou méchant ne veut rien dire, on te jugera plutôt si ta façon de penser conviendrait aux mœurs de la société actuel et aujourd’hui, ce que je fais dérange aux yeux de tous parce que je cries mes idéaux différentes des leurs, haut et fort. Pour moi tout ce que j’ai fait était légitime… Je voulais juste…Prendre ma revanche sur l’humiliation qu'il ma faite.

Les poings de la fillette se resserrent sur eux-mêmes. Penser a ce qu’avait Rufus lui restait toujours en travers de la gorge. Honneur bafouée, Humiliation à souhait, non même en prenant le même recul qu’elle avait pris pour étudier les paroles d’Irene, Carry n’aurait jamais laissée le crime de ce sang de bourbe impunie. La rage au ventre, les dents grinçants de haine, elle était partagée entre le regret et l’envie de lui faire payer encore plus…

Un moment plus tard, Irene tira l’ex Serpentard de ses pensées et lui demanda ce qu’avait fait Rufus. Ne savait-elle pas ? n’était-elle pas la quand Carry s’était levée sur la grande table et… D’un mouvement de tête frénétique pour faire ressortir ce souvenir abominable, Carry chassa ces brides de pensées honteuses qui la hantait en essayant d’évaluer la situation. Devait-elle raconter ce qui s’était passée a Irene ? Ou garder cette histoire pour elle afin de ne pas se blesser plus que d’avantage. Apres mure réflexion en pensant le pour et le contre, Carry prit une profonde respiration et se libera de toute penser négative pour s’ouvrir entièrement. Dévoiler un moment de faiblesse du passé, n’était-ce pas un geste de « gentillesse » ?

-Juste après la rentrée… Il a échange ma boisson avec une potion de confusion sans que je m’en rende vraiment compte… Je l’ai bu et je me suis sentie bizarre avant de monter sur la table de Serpentard à déclarer des choses, Carry marqua une pause en fermant les yeux avant de les réouvrir lentement au ciel, obscènes m’attirant les moqueries de tout ceux présents dans la grande salle ce jour-là. Ensuite pendant le bal, je voulais faire payer à Rufus de la façon la plus cher possible pour m’avoir humilié et je pensais qu’avec mon costume et mon masque personne ne me reconnaitrait…Mais Alice Sangblanc m’a démasquée est intervenue. Ça m’a rendu furieuse et j’ai perdu mes moyens, la suite, tu la connais.

Irene montait considérablement dans l’estime de Carry. Parmi tous les élèves de Poudlard, c’était la première qui s’intéressait vraiment à la racine du problème, a la cause de ce qu’était devenue la jeune Sang-pur. Est-ce qu’elle comprendrait le geste de Carry ? Probablement pas, en la regardant physiquement, Irene ne semblait pas être le genre de personne à rechercher à se venger. Mais qui sait ? Derrière ces visages d’ange se cache parfois des sourires de diable et la petite rousse ne faisait pas exception même si au fin fond elle, Carry aimerait que la jeune joueuse de Quidditch soit quelqu’un de compréhensive.

-Ce que j’ai fais est mal, c'est un fait. Je n’aurai jamais dû faire du mal à Alice et je te le redis encore une fois je le regrette… Je veux juste me débarrasser de cette étiquette de monstre que l’on me donne dans le château et vivre normalement…