Peut-être que Maisie et Brit' sont tranquillement en train de papoter en Salle Co' et ont zappé qu'il y a entraînement. Leo traversa le vestiaire de gauche à droite. Et si Alaska était coincée dans un couloir en train de se faire embêter par Peeves? Leo tourna les talons et effectua le trajet en sens inverse. J'ai pas dit à Jacob qu'on se retrouve au terrain d'entraînement. Je pensais que c'était logique. Il s’est pas perdu quand même! Leo avait perdu le compte du nombre d'allers-retours qu'elle avait effectué. Traverser le vestiaire ne demandait que quelques-unes des amples et énergiques foulées de la fillette, ainsi le compte devait être assez élevé. Finalement, l'anglaise saisit son Comète qui traînait sur le banc et se dirigea vers la porte pour quitter les vestiaires. Bras croisés, elle se positionna sur le bord du terrain d'entraînement. Son regard décortiqua scrupuleusement chaque centimètre du chemin reliant la pelouse verte et bien entretenue à la grande porte d'entrée du château dans l'espoir de capturer quelque part une silhouette rouge qui se hâtait de descendre vers elle. Rien. Nom d'un chaudron, ils fabriquent quoi!Elle attendit encore quelques instants observant fixement la porte, priant presque pour que celle-ci s'ouvre, mais vainement. Finalement, elle leva même les yeux vers l'arbre le plus proche. Peut-être qu'elle pourrait apercevoir le visage d'Arya parmi les feuilles. La fille avait un étrange goût pour ces géants vert haut perchés sur leurs troncs. Mais là encore, il n’y avait personne.

Pourtant, les instructions avaient été claires et n’étaient absolument pas compliquées. Leo avait intercepté ses camarades à la sortie de cours, dans la salle commune, le matin en se croisant dans la salle de bain, ou encore en interrompant une discussion au milieu d’un repas. Elle avait récolté des « Ça marche », des « Yep, t’en fais pas » et un « D’accord, trop hâte ». Tous avaient reçu et confirmé le message: ce mercredi 15h, entraînement de Quidditch. C'était le dernier avant le dernier match de la saison lors duquel les Griffes Ardentes allaient affronter les Hel's. Poufsouffle était jusqu'à là imbattu dans la compétition. Leo, et elle espérait que c'était également le cas pour le reste de l'équipe, était fermement décidée de changer cela. Et puis, et là résidait presque la partie la plus importante pour la gamine, Gryffondor avait déjà encaissé deux échecs cette saison. Un de plus et ils finiraient derniers du classement, sur la position des gros nulos de l'école. Elle ne le supporterait pas.

« J’leur jure sur les brindilles d’mon balai que si ils font là même chose le jour du match...Non mais c’est juste pas possible en fait! » Leo avait grommelé les mots tout bas, mais de toute manière, il n’y aurait eu personne pour les capter. Toute l’équipe en retard, ça paraissait vraiment invraisemblable. Surtout Ennis. Non. Ennis ne peut pas être en retard. Jamais elle n’est en retard. Une préfète n'est pas en retard!.

Si elle avait eu une montre, Leo aurait pu constater que les aiguilles auraient tout juste indiqué qu'il était 14h56 et qu’effectivement, personne n’était en retard. Pourquoi avait-elle donc l’impression d’attendre depuis des lustres déjà, alors qu’elle avait juste voulu venir quelques petites minutes en avance? Cela ne pouvait pas être le stress, ou bien? Ça ne lui ressemblait vraiment pas. Mais il fallait bien croire que ce sentiment parasite l'avait pour une fois atteint. Quelques jours plus tôt Cap’tain Peterson avait appris à l’équipe qu’elle n’allait pas participer activement au dernier match de la saison. Elle ne s’était toujours pas tout à fait remise de sa prestation de la feinte de Wronski qui s’était terminée avec un bisou au sol de la part d’Esmée. Coriace comme elle était, la capitaine avait ensuite insisté pour prendre la batte pendant quelques minutes de match contre Serpentard afin de tenter de sauver la mise. Tout cela ne devait pas avoir arrangé l’état de son dos. Ensuite, elle avait également mentionné le fait de devoir bosser dur pour espérer passer ses BUSE. Humpf, z'ont certainement oublié le O quand ils ont inventé ce mot! Ces fichus examens qui demandaient des heures de révisions et de préparation allaient priver les Griffes Ardentes de leur Capitaine pour le dernier match de la saison. Gé-nial. Et pour couronner le tout, Cap'tain Peterson avait confié à Leo le soin de gérer le dernier entraînement avec toute l'équipe réunie, qui au passage était également le premier de leur nouveau coéquipier Jacob aux côté des joueuses de Gryffondor au complet. Autant dire que la gamine n'avais pas du tout la pression. Non, juste à peine.

Au tact de l'impatience, ses doigts pianotaient frénétiquement sur le manche de son Comète 260 avant de venir tripoter les brindilles. Si ça continuait, elle allait finir par en casser une. Alors que la rousse était presque certaine d'avoir donnée la mauvaise heure à ses coéquipiers, elle vit finalement les premières silhouettes descendre vers le terrain. Ouf!

Arya avait tenu à entretenir un peu son balai juste avant l'entraînement, juste le temps de s'assurer que les brindilles de son précieux Manchevif étaient bien coupées. Elle prenait le soin de son balai vraiment à cœur, vérifiant quasiment chaque jour son état. Elle ne voulait absolument pas prendre le risque qu'il soit abîmé. Elle ne se voyait pas vraiment redemander à sa sœur l'argent nécessaire pour en racheter un. D'autant plus qu'il avait une valeur sentimentale, c'était tout de même son tout premier balai, celui qu'elle était censée acheter en compagnie de son père, mais qu'elle avait finalement acheté seule.

Une fois chaque millimètre carré de son balai passé au peigne fin, elle se dirigea rapidement vers les vestiaires pour enfiler sa tenue de Quidditch. Leo avait organisé une séance d'entraînement avant le match contre les Poufsouffles, pendant qu'Esmée se reposait. Arya espérait qu'elle allait bien, et que sa blessure causée par la figure qu'elle avait tenté de lui montrer lors d'un entraînement cicatriserait bien.

Comme à chaque fois, la Gryffondor était d'une humeur enjouée, l'effet que lui faisait toujours la perspective de s'entraîner au Quidditch. Elle avait hâte de pouvoir enfourcher son balai et sentir le vent fouetter son visage pendant qu'elle chercherait les viffets. Le besoin de liberté se faisait ressentir dès qu'elle y pensait.

C'est donc en sautillant que la fillette rejoignit le terrain d'entraînement, juste à la suite de Britanny. La météo était beaucoup plus clémente que lors de leur dernier match, alors que la neige leur obscurcissait la vue. Le printemps éclairait le stade de toutes ses couleurs, et Arya dû se faire violence pour ne pas s'envoler dès maintenant.

Elle rejoignit Leo et Britanny, le sourire aux lèvres. Quand Britanny demanda à Leo si tout allait bien, la fillette remarqua alors l'air bougon de leur camarade. Elle la fixa alors, les yeux ronds. Comment pouvait-on faire cette tête à la perspective d'un entraînement ?

Ce mercredi là, Ennis avait rendez-vous à quinze heures précises pour un entraînement de Quidditch. Et pour la première fois depuis son entrer dans l'équipe il ne serait pas dirigé par Esmée Peterson mais par Leo Ginger. Leur Capitaine avait bien dû mal à se remettre de sa blessure. Sans compter les examens... et il semblait qu'elle ait plus ou moins choisi son successeur. Et de l'avis de l'irlandaise c'était un bon choix. Certains auraient pu dire que la troisième année aurait été mieux placée de par son âge. Mais elle aurait refusé. Le préfectorat lui demandait du temps. Ce qui l'avait amené à demander à devenir remplaçante plutôt que titulaire. Et même à demander à Esmée de pouvoir rater de manière occasionnelle un entraînement quand elle ne pouvait faire autrement. Non le choix de Leo était parfait. Elle en avait l'aplomb pour.

La jeune irlandaise regarda sa montre. Elle avait tout juste le temps de remonter à son dortoir se changer et prendre son balai pour redescendre au terrain. Heureusement quelle avait choisi une salle d'études proche de sa salle commune. Sur son lit toutes ses affaires étaient prêtes, elle n'avait plus qu'à enfiler sa tenue sportive typique des courses plus que du Quidditch. Elle prit ensuite la direction du terrain de pas vif et décidé, son balai à la main. Elle retrouva sans mal le reste de l'équipe à quinze heure zéro zéro. Une préfète n'est jamais en retard, ni en avance d'ailleurs. Elle arrive précisément à l'heure prévue!

Un matin, rayonnant entre tous, aux côtés de Meg. J’étais assis avec ma meilleure amie à la table des Poufsouffle, tout occupé à une activité poufsoufflienne par excellence : le repas.

Meg. Miam. Manger. Matin. Autant de mots réconfortants. Deux sourires, l’un à côté de l’autre. Quelques bouchées d’anecdotes, un soupçon d’imitations, deux pincées de blagues. Pour ne jamais être taciturne le matin, il y avait au moins deux recettes imparables : le chocolat chaud et être avec Meg.

Et puis elle vint. Cette drôle de pensée. Que j’étais assis à la table de ceux que l’équipe -nous- allions affronter. Je traçai un X et un V du bout de ma cuillère dans la mousse de mon chocolat fumant. C’était aujourd’hui le jour marqué d’une croiX, celui du Vol, la toute première fois avec les Gryffes ardentes.

La pensée me fit sourire toute la matinée : en mai, j’atteignais ce qui me plaisait, faire partie de l’équipe de mes rêves. Le printemps d’un destin, comme on dirait peut-être dans ce jeu de Poudlard qui consistait à créer des titres pour des romans, matin en apesanteur, matin songeur.

Presque 15 heures - XV comme le gravaient les Anciens. Une nouvelle harmonie. Tout à fait différente de celle en m du matin. Une cadence de combattant, qui claque. Je répétai dans ma tête, pour ne pas l’oublier, très vite : *Qui dit... quiddi-tch dit discipline.*, bien décidé à m'appliquer parmi les Gryffonnes qu'Esmée, la capitaine avait délaissé le temps d'un match pour les Buses. Leo, que j’avais rencontrée une semaine plus tôt, la remplaçerait au poste de capitaine le temps de ce match, en espérant qu’Esmée se remette de sa blessure.

Naturellement, j’avais hâte, très, trop hâte, et j’étais même à l’avance. Peut-être n’était-ce guère une bonne idée ? J’attendis en tout cas à l’intérieur jusqu’à entendre résonner le petit coucou de l’horloge qui indiquait l’heure dite pour sortir.

Quatre Rouges étaient déjà là : Leo, Britanny, Ennis et Arya. C’était impressionnant de se dire que celles que j’avais admiré depuis les tribunes pendant les matchs voleraient en même temps que moi, et plaisant. J’étais très fier. Un grand sourire se dessina sur mes lèvres avant qu'elles ne forment un "Bonjour !". J'aurais bien voulu leur demander comment elles allaient et faire une plaisanterie... mais je me rappelais très précisément : *Qui dit quidditch dit discipline.*

Trois silhouettes armées de balais; il ne pouvait-là que s'agir de ses coéquipiers! Leo ne tarda pas à reconnaître la tignasse rousse de Britanny qui ouvrait la marche, suivie par deux filles plus petites qui devaient être Arya et Ennis. Ben c'est pas trop tôt!
Les deux premières mirent les pieds sur la pelouse. L'anglaise ouvrit la bouche pour lâcher un "yo" à leur adresse tout en tapotant de l'indexe droit son poignet gauche comme pour indiquer une montre imaginaire, mais elle n'en eut pas le temps. Britanny avait été plus rapide, pour lui demander ce qui n'allait pas. Surprise, Leo se tourna vers Arya pour voir ce qu'elle pensait, mais à en juger par l'expression qu'elle affichait elle semblait donner raison à sa camarade. Cela voulait-il dire, qu'un cocktail d'impatience et de stress avec un zeste de hâte et une pointe d'appréhension lui donnait si mauvaise mine que ça? Par Merlin, elle devait se reprendre! Tentant de tordre ses lèvres en un sourire voulu confiant, Leo assura:
" Oh si ça va. J'espère juste qu'on va réussir à bosser comme il faut pour être prêt pour le match. Faudra être efficace, on a du boulot! Oh, salut Ennis!"

La préfète était arrivée. Leo avait volontairement dirigé la conversation vers l'entraînement, laissant de côté ce qui la tracassait. Ça lui faisait tout bizarre de devoir gérer un entraînement. Non seulement, elle espérait plus que tout d'être à la hauteur, mais ce qui la déstabilisait vraiment était la position qu'elle allait avoir face à ses camarades. Ses coéquipiers. Pour le reste de la saison, elle allait être une sorte de vice-capitaine. Ce qui au côté de la fierté, amenait également de la responsabilité. Or, tout ça était le job d'Esmée et non pas le sien. Leo éprouvait une certaine gêne à soudainement être confrontée à toute ça. Diriger l'entraînement et l'équipe. Le mot-clé était Equipe. Pour elle, il n'y avait aucune hiérarchie entre les joueurs, mis à par Esmée qui était la cheffe. Elle avait toujours été un peu distante, contrairement à la fillette, et incitait naturellement au respect. Allait-elle parvenir à gérer tout ça?
Sentant que le silence commençait à s'installer et qu'elle se laissait aller à de mauvaises pensées, la gamine reprit la parole:

"Oh wow, Arya, la forme et courbure de tes brindilles est absolument géniale. On dirait que ton Manchevif est le modèle d'exposition de parade de Keddle & Leather! Tu pourrais jeter un coup d'oeil à mon Comète à la fin de l'entraînement? J'ai essayé de les tailler hier, mais c'est loin d'être parfait. Il à toujours cette tendance à tirer un peu vers la gauche dès qu'on prend un peu de vitesse... Peut-être que t'arriveras à rectifier ça! Eh, mais qui voilà! Yo Jacob! "

L'unique garçon de l'équipe les avait rejoint. Deux fossettes se creusèrent dans ses joues lorsque la gamine lui sourit alors qu'elle posa tapota l'épaule de son camarade d'une main tout en plantant la deuxième sur sa hanche.

"Alors, ça va? Prêt pour cette grande première? "

La première main rejoignit la deuxième de l'autre côté de la hanche, tandis que son regard passa de son nouveau coéquipier au sol, pour constater qu'elle avait oublié de sortir la malle contenant les balles. Bon, te toute manière, tout le monde n'était pas encore arrivé.
Leo tapa une fois dans ses mains afin de se motiver et reprit la parole:

"Ennis, Arya, vous pouvez vite aller chercher la malle dans les vestiaires? Deux battes aussi. "

Une fois les joueuses parties, Leo en profita pour se pencher vers Britanny et lui glisser:
"Eh tu sais ou elles sont Alaska et Maisie? C'est quelle heure?

Les deux camarades envoyées au vestiaire ne tardèrent pas à revenir, Arya les battes sous le bras et Ennis qui faisait léviter la malle du bout de sa baguette. Leo ne put s'empêcher de sourire face à cette démonstration magique de la préfète effectuée avec la plus grande des aisances.

"Pfff, prétentieuse va!"

En tout cas, elle allait garder l'astuce dans un coin de sa tête!

Alaska était en train de piquer le sprint de sa vie. Encore une fois, elle serait en retard quelque part. On ne change pas les bonnes habitudes, comme aurait dit son père.

Elle fonça vers les vestiaires, changea de tenue en un temps record, et constata qu'il n'y avait personne. Elle prit le balai prêté par Poudlard, et courut en direction du stade. La petite avait les joues toutes rouges, preuve de son essoufflement. Et puis, il faisait beau dehors, le soleil tapait, et Alaska avait chaud. Elle transpirait.

La petite sorcière aperçut au loin Leo, Ennis, Britanny, Arya et Jacob, la nouvelle recrue. Elle compris qu'elle était en retard, mais elle ne vit pas Maisie, ce qui la rassura un peu. Elle ne devait pas être si en retard que ça.

Alaska rejoignit le groupe, et se plaça au côté de ses coéquipiers.

- Salut. Désolée du retard.

Ses paroles étaient hachées, à cause de sa respiration qu'elle tentait se reprendre petit à petit. Quand ce fut chose faite, elle regarda autour d'elle. Elle était sûre d'avoir manqué des informations. Alors elle posa la question à Leo.

- Désolée. J'ai manqué quelque chose non ?

Elle avait un peu honte d'elle, mais c'était sa faute. Elle était arrivée trop tard, et elle en était l'unique responsable. Qu'est ce qui lui avait pris ?

A son arrivée, Ennis put constater l'état de nervosité accru de leur capitaine par intérim. Un Philtre de paix lui aurait son doute fait un bien fou tant le stress transpirait par ses pores. Mais la préfète n'en avait pas sur elle. Et puis quand bien même elle était au point sur la théorie, car elle prenait de l'avance sur le programme, autant elle ne savais pas encore la préparer correctement.

- "Bonjour," lui répondit calmement la plus âgée des filles avant que s'installe un blanc qui commençait à devenir étrange quand la rousse tenta de rebondir sur l'entretien des balais. L'effet n'était pas naturel et l'irlandaise sentait bien à quel point la situation pouvait la mettre mal à l'aise. L'arrivée de Jacob sembla l'aider à reprendre une attitude plus classique. Ils n'attendaient plus qu'Alaska et Maisie qui étaient donc définitivement en retard.

Puis Ennis posa son balai au sol et partit avec Arya chercher le matériel demandé. Elle laissa la plus jeune se charger des battes et elle emmena la malle grâce à un sortilège de lévitation parfaitement maîtrisée. Ce qui tira une remarque taquine à Leo. Et la châtain lui répondit par un haussement d'épaule. Autant profiter d'être une sorcière pour ne pas se casser le dos.

Après avoir déposé la malle au sol elle remarqua la présence d'Alaska:

- "Maisie a eu un problème?"

Maisie était apeurée, son coeur palpitait comme jamais. Elle courrait mais ne parvenait jamais à fuir. Le chemin était sans fin, il n'y avait rien qui pouvait l'aider à se cacher. La bête était proche, trop proche. Elle sentait ses pas lourds sous ses pieds, les tremblements étaient si intenses. Soudain, l'immonde bête n'était plus qu'à quelques centimètres d'elle. D'un coup vif et inattendu, celle-ci frappait Maisie qui n'eut guère moyen d'y échapper. Son corps tremblait sur le sol tendait que la bête monstrueuse marchait dans sa direction. L'heure fatidique était arrivée, l'heure où jamais plus Maisie ne verrait le monde...

Enfin, jusqu'à ce qu'elle sursaute dans son lit, des perles de sueurs dégoulinant sur son front et un filet de bave sur la joue.

La jeune fille avait eu la brillante idée de faire une sieste avant son entraînement de Quidditch, afin d'être en forme. Elle ressentait de plus en plus la fatigue ces derniers temps et se reposer un peu lui permettait d'être au taquet et de ne pas décevoir Esmée. C'était d'ailleurs assez compliqué pour elle d'être à la hauteur, les autres semblaient y arriver beaucoup mieux qu'elle et elle avait l'impression de faire trois fois plus d'effort à chaque exercice demandé. Enfin, tous ses efforts payaient finalement, puisqu'elle avait été promue titulaire batteuse, le poste dont elle avait rêvé depuis qu'elle s'intéressait à ce sport.

Alors qu'elle retirait sa couverture de son corps, la jeune fille regardait l'heure. Elle était persuadée qu'elle avait encore le temps de se préparer, mais elle préférait en être sûre. Louchant sur sa montre, elle constata avec effroi qu'en réalité, elle était sur le point d'être en retard. Il était 14h50 et elle avait rendez-vous dans dix minutes.

Dix minutes pour enfiler sa tenue, et courir jusqu'au parc ? Challenge accepté ! Sans perdre un instant, Maisie s'exécutait. Elle enfilait sa tenue, puis courait à toutes jambes. Elle descendait les escaliers en esquivant une marche sur deux -lui manquant de tomber à une ou deux reprises- et se hâtait d'arriver jusqu'au vestiaire où un balai l'attendait.

Lorsqu'elle fut arrivée sur le terrain, elle salua tous les membres de l'équipe qui étaient bien évidemment en train de l'attendre et s'excusa pour son retard. Elle informait par ailleurs Leo qu'elle ne recommencerait plus. Ce sport lui était précieux, elle ne souhaitait pas le perdre.

Son souffle était court, son coeur battait à une vitesse phénoménale, ses yeux étaient rouges au même titre que sa joue. Mais pourquoi ? Maisie avait la trace de son oreiller bien encré dans sa peau. De quoi bien se ridiculiser devant ses coéquipiers...

Enfin, elle était déterminée et inspectait son balai rapidement en attendant les explications de Leo sur l'objectif de cet entraînement.

Un sourire déborda mon visage face à l'entrain communicatif de Leo, enfin... de "notre capitaine", il dut s'étendre jusqu'à mes oreilles où parvinrent ces mots : « Yo Jacob ! Alors, ça va? Prêt pour cette grande première ? ». Je me retins. Pas de plaisanterie, pas de *oui mon capitaine* avec la main collée contre la tempe au garde-à-vous. Ces mots ne franchirent pas ma bouche. Je lui répondis par des yeux qui disent oui, qui se fient à ceux qu'ils rencontrent et par des épaules fermes, qui ne fléchissent pas sous cette main qui les touche. J’étais prêt et j'avais hâte de commencer.

Le moment n'était pas du tout à la plaisanterie alors que les questions rebondissaient en tous sens donnant un avant-goût du méli-mélo de balles à venir : Leo à tous, Alaska à Leo, Ennis sur Maisie à Leo. Bouing, bouing, bouing, les loopings des mots. Une partie de ping-pong en version occidentale et sorcière. Mais motus. Je n'en dirai rien.

Je croisai le regard de Maisie, dernière venue. J'étais très assuré, elle était très timide, peut-être qu'à nous deux, nous trouverions une juste mesure dans la réaction à adopter. J'envoyai un coup d'oeil confiant à la recherche de son regard baissé, sur son visage qui avait pris une légère coloration Gryffondor. Puis je regardai successivement les autres visages situés dans cette zone d'ombre des personnes dont on connaît le nom et la fonction sans connaître la personnalité - Ennis, préfète de Gryffondor, 3ème année ; Arya, attrapeuse des Gryffes ardentes, ... : une énumération extrêmement formelle... Celle-qui-marche-vite, celle-qui-grimpe-aux-arbres me semblait tellement plus palpitant. J’aurais aimé en apprendre plus avant de jouer avec elles, mais peut-être était-ce plus "efficace" ainsi, après tout Ennis était préfète, sans doute l'"efficacité" et les relations de collègues lui étaient plus familières.

Je me focalisai finalement sur le repère volant. Dans ma main, mon balai plus lourd et dur que tous les avions en papier, dont le crin pouvait ouvrir une course rapide et résister, six fois plus dur qu'une brosse. Ajouté à la douceur des picotements de l'air contre la peau, pour caresser les nuages et titiller le ciel bleu au-dessus de nous, le balai offrait un inconnu irrésistiblement plus attirant que toutes les courses.