Le cours de divination est fini. J'ai le temps de monter au dortoir me changer pour enfiler un legging et des tennis. Il me reste trente minutes avant de retrouver la première année au terrain d'entrainement.
Je vais donc prendre mon temps, j'ai pas envie de courir, il fait trop chaud pour ça. Au moins, le beau temps va accompagner cet entrainement improvisé. Enfin improvisé, pas vraiment, j'ai quand même demandé au professeur Saunders l'autorisation de venir avec Eileen pour l'aider dans son apprentissage du vol.

La rouquine était venu me trouver lundi dernier après mon cours de vol, pour me demander mon aide. Sur le moment, j'avais pris ça pour une blague. Cette fille ne devait même pas savoir comment je m'appelle et elle voulait que je l'aide à réviser son vol sur balai, pour son examen de fin d'année. J'ai hésité un long moment. Les gens avec qui j'ai échangé des mots depuis que je suis arrivée dans ce château, se comptent sur les doigts de la main. Alors, passer toute une fin de journée à apprendre et à donner des conseils à une autre élève, ça ne me ressemble pas vraiment. Mais en même temps, elle ne me connaissait pas et elle a dû faire preuve de courage pour venir m'aborder et me demander un coup de main. C'est pas facile d'admettre ses lacunes. Et le courage, c'est quelque chose que je respecte. Et puis, je ne me voyais pas lui dire non, elle avait l'air tellement gentille et embarrassée. Sans compter que je m'en serais voulu de lui refuser mon soutien juste à cause de ma foutue timidité. Et puis, savoir qu'elle pourrait rater son examen de vol à cause de moi, par manque d'entraînement... Ça ne me disait rien d'avoir ça sur la conscience. Donc j'avais finalement accepté. C'est pourquoi, au lieu d'aller plonger le nez dans un manuel à la bibliothèque ou d'aller caresser les touches noires et blanches en salle de répétition, je suis là, dans le dortoir, en train de retirer ma robe d'étude et de nouer mes mèches blondes dans un chignon informe.
Mon legging en lycra noir surmonté d'un top gris, enfilé, et mes tennis dans les pieds, je redescend les escaliers de la tour Ouest en direction du parc et du terrain de Quidditch.
Dehors, l'air est doux, et je profite de chaque rayon du soleil de cette fin de printemps. Cette chaleur qui vient se poser sur ma peau est un délice... J'ai presque envie de changer mes plans et d'aller m'allonger dans l'herbe près du lac... Mais non. Eileen compte sur moi.
Je marche donc d'un pas léger jusqu'aux vestiaires.
Je dois être en avance, Eileen n'est pas là. Alors, je m'installe près de l'entrée du bâtiment, dans la pelouse verte, en tailleur et j'offre mon visage à l'astre brillant.

@Eileen Jones

Elle ne savait pas ce qui lui été passé par la tête ce jour là. Aller demander à une fille qu'elle ne connaissait absolument pas de lui rendre un service, de l'aider ? Jamais elle n'aurait fait cela. Et pourtant elle l'avait bel et bien fait, elle n'avait pas rêvé. Elle voyait la fille, assise à même le sol, de là où elle était, et à moins que la Serdaigle attendait quelqu'un d'autre, cela prouvait bien que rien de tout cela était un rêve. Au contraire.
Eileen marchait en regardant ses pieds fouler le sol à une telle vitesse qu'elle ne les voyait pas réellement. Elle venait de sortir de son cour de Sortilèges, et s'était fait violence pour ne pas courir dans les couloirs. Elle n'avait même pas eu le temps de monter à son dortoir pour poser ses affaires, ni de passer à la bibliothèque ramener le livre sur la corne de bicorne dans les potions qu'elle avait prit quelques semaines plus tôt.
Il faisait chaud, trop chaud pour elle qui ne supportait pas la chaleur. Elle regrettait un peu ces périodes de pluie, où un véritable déluge s'écoulait sur le château. Mais le beau ce n'était pas si mal non plus, étant donné qu'elle n'aurait pas pu être là aujourd'hui si il avait plu.
Elle s'approcha de la fille, un sourire timide pendu aux lèvres. Cela lui faisait du bien, de sourire. Ses mains tenaient fermement le bas de son t-shirt.

- Euh... Salut ?

Eileen était un peu gênée, et quelque part cela se comprenait. Elle n'aimait pas demander de l'aide aux gens, se sentait idiote et inutile lorsqu'elle le faisait. Elle se mit à fixer l'entrée des vestiaires, espérant qu'elle s'y retrouverait dedans, et qu'il n'y avait pas le chambard. Elle se tourna vers la fille aux cheveux blonds, puis baissa la tête aussitôt. La Troisième Année était un peu plus grande qu'elle, mais cela suffisait pour qu'Eileen se sente comme un petit lutin à côté d'elle, et elle était encore gênée d'être allé la voir pour lui demander de l'aide.

Mots soulignés pour la mission de la CdC de Juillet.
Désolée pour le retard Dis moi si quelque chose ne va pas

Mes yeux sont fermés, profitant des derniers rayons du soleil. Teintant mes paupières d'orange. J'entend Eileen avant de la voir. Son pas décidé couche l'herbe sous ses pieds. Elle marche rapidement. Lorsque j'ouvre les yeux, je l'aperçois, le regard baissé. Ses affaires de classe encore sous le bras. Elle doit sortir de cours et n'a pas dû avoir le temps de passer ranger ses trucs au dortoir.
Je souris, en voyant qu'elle a le même tic que moi. Elle aussi tripote l'ourlet de ses vêtements. A moins que cela n'ait aucun rapport, la première année semble aussi gênée que moi. Pourtant elle m'offre un sourire. Timide mais un sourire quand même, chaleureux et sincère. Il s'accompagne d'un salut, tout aussi timide.
Puis, son regard se porte sur le vestiaire avant de revenir sur moi. Oui, Eileen est timide, et ça ne fait aucun doute, quand elle baisse les yeux de nouveau.
Bon, il va falloir que l'une de nous arrive à entamer la conversation, sinon le cours va être compliqué et très très long...

Eileen avait eu le courage de me demander mon aide et, vu que je suis la plus vieille, elle doit s'attendre à ce que je prenne les choses en main. Je suis pas du tout à l'aise avec ça mais on va pas rester devant les vestiaires à attendre que la nuit tombe.
Alors, posant mes mains sur l'herbe courte, je me lève. Je frotte mes fesses avec mes mains pour retirer les brins d'herbes collés à mon legging. Je lui lance un sourire, en essayant de paraître la plus naturelle et à l'aise possible. Je suis pas sûre que ce soit vraiment concluant.

Je suis nerveuse. Instinctivement, je mord l'intérieur de ma joue. Allez, au Diable la timidité ! Et puis, Eileen a besoin de moi et on a pas beaucoup de temps. Alors je respire avant de lâcher d'une traite :
"On a une heure pour s’entraîner. Mr Saunders m'a dit qu'on pouvait emprunter des balais dans les vestiaires."
Puis, joignant le geste à la parole, je me dirige vers les vestiaires. Ça sent le renfermé la dedans. Je vois des balais posés contre un mur près de l'entrée. J'en prend un qui me semble pas mal et en bon état. Puis, je me retourne vers Eileen, et avec un grand sourire, j'essaie de la rassurer... Ou alors c'est moi que j'essaie de rassurer, je sais pas trop... Mais d'un air enjoué, et souriant, je lui lance :
"T'inquiètes, tu vas être une championne et l'exam sera dans la poche !"

Elle vit la Serdaigle se relever, enlever l'herbe collée à son leggins avant de se tourner vers elle. Eileen se força à lever le visage, et écouta ce que sa camarade lui disait. Elle hocha plusieurs fois la tête puis regarda autour d'elle, sans doute pour vérifier que personne n'était présent.

- Ok !

Elle sourit avant de suivre Gabriella dans les vestiaires. Elle grimaça en entrant, ça sentait le renfermé, mais elle ne dit rien. D'un autre côté, c'était souvent cela dans les vestiaires, ou les locaux où étaient rangés les tapis dans le gymnase. Ca puait le renfermé, et à force, elle commençait à avoir l'habitude... Elle souffla à Gabriella qu'elle allait se changer, et se dirigea vers un coin de la pièce.
Eileen était toujours en uniforme, sortant à peine de cours. Elle avait pensé à mettre des vêtements plus adaptés pour voler que l'uniforme de l'école dans son sac après le repas, et l'enfila en un rien de temps. Lorsqu'elle revint vers la Troisième Année, et qu'elle entendit ses mots et son air enjoué, ses joues s'empourprèrent aussitôt. Rouge et gênée, elle marmonna un «merci» d'une petite voix.
Elle prit un balai qui lui paraissait en bon état, regarda la Serdaigle, ne sachant ni quoi dire ni quoi faire.
La petite Jones inspira, jeta un coup d’œil à Gabriella et se dirigea hors du vestiaire, la boule au ventre. Elle ne savait pas si la Serdaigle la suivait, mais elle avançait, jusqu'à poser son balai dans l'herbe, le regardant comme si il était la pire chose qu'il existait au monde.

Mes mots, plutôt que de la rassurer, semblent la gêner. Ses joues deviennent rouge écarlate. et me me remercie d'une voix presque inaudible. Décidément, cette fille et moi nous ressemblons beaucoup sur certains points.
Je souris à cette idée. Ça fait du bien de savoir que je ne suis pas la seule à être timide et mal dans ma peau. Je chasse rapidement cette idée de ma tête. Non ça fait pas du bien. Surtout si la première année le vit aussi mal que moi. Est-ce qu'elle aussi à l'impression d'être une ombre ? C'est vrai que depuis quelque temps, grâce à Bad, je sors peu à peu de l'obscurité. Et Will aussi, m'a aidé à voir la lumière, même dans les moments sombres. Alors je sais, maintenant, à côté de quoi je suis passé depuis trois ans.
Je ne la connais pas, pourtant, j'ai un pincement au cœur en pensant qu'elle aussi frôle peut-être les murs quand elle marche dans les couloirs, que le soir ses larmes mouillent son oreiller... Alors, j'espère vraiment qu'elle ne vit pas ça. Non, j'espère qu'elle sourit et qu'elle est heureuse.

Elle passe devant moi, avec un balai et se dirige vers le terrain d'entrainement. Je la suis, sans dire un mot. Je respecte son stress. Et puis je ne sais pas trop ce que je pourrais lui dire... Je suis pas vraiment douée pour ce genre de chose.
Alors, j'avance, je laisse mes pieds aplatir l'herbe à chacun de mes pas. je respire et je profite des rayons chauds du soleil.
On arrive au terrain et elle pose son balai dans la pelouse. Je dépose le mien juste à côté. Son regard est comme... horrifié ? Comme si, en fait, ce n'était pas une question de lacune dans la matière, mais une vraie peur de voler. J'ai un peu de mal à comprendre comment on peut avoir peur de ressentir une telle liberté. Mais la peur est souvent irrationnelle et inexplicable.
Je ne veux pas la paniquer, je choisis donc d'utiliser la méthode "Lizzie". Tante Lizzie explique toujours qu'il vaut mieux voir le bon côté dans toute chose et que si on ne le voit pas, c'est qu'on prend pas cette chose dans le bon sens.
Alors, au lieu de la mettre face à ses peurs, je prend le bon côté des choses.
Je m'assoie en tailleur dans la pelouse, et lui souris, l'invitant à m'accompagner.
Distraitement, je joue avec les brins d'herbe que je caresse du bout des doigts. Puis, d'une voix claire et douce, que je veux rassurante, je lui demande :
"Alors, dis moi ce que tu ressens sur un balai. Qu'est ce que tu aimes quand tu voles ?"

Elle avait détourné les yeux de son balai, à l'approche de la Troisième Année. Pourquoi le regardait-elle ainsi, comme si c'était le pire objet que le Monde avait créé ? Elle aimait voler, lors qu'elle y arrivait. Ça la délivrait de quelque chose qu'elle n'arrivait pas à saisir, d'un sentiment qu'elle n'arrivait pas à comprendre. Alors pourquoi fusillait-elle le balai du regard ? Nul ne savait, elle encore moins.
Elle soupira, s'assit face à la fille, en tailleur, jouant avec les brins d'herbe pour calmer ses nerfs. Elle voulait réussir à voler, tout le temps, pas seulement à la fin des cours de Vol.

- Alors, dis moi ce que tu ressens sur un balai. Qu'est ce que tu aimes quand tu voles ?

Elle regardait les brins d'herbe s'échapper de ses doigts, réfléchissant à ce qu'elle pourrait répondre. Ce qu'elle ressentait sur un balai ? Elle ne l'avait jamais compris. C'était trop ambigu pour elle. Trop compliqué. De même que ce qu'elle aimait lorsqu'elle volait. C'était trop flou dans son esprit.
Elle aimait juste. Beaucoup. Sentir le vent siffler dans ses oreilles, ses cheveux voler derrière elle, portés par le courant... La même sensation qu'elle avait lorsqu'elle passait d'une barre à l'autre, avant. Seulement là, elle avait un balai entre les jambes, et elle n'avait rien à rattraper, elle tenait juste le manche du balai, si fort que ses phalanges en devenaient blanches.

- J'sais pas. J'aime juste bien.

Il y avait une grosse part de mensonge dans sa phrase. C'était ses instants de liberté, lorsqu'elle parvenait à décoller. Donc elle n'aimait pas "juste bien". Elle aimait tout court. Elle aimait beaucoup. Énormément. Mais le dire lui était bizarre. Comme si... Comme si ce n'était pas elle qui disait réellement cette phrase. Alors que si, c'était bel et bien elle qui prononçait ces mots.

- 'Fin en vrai j'oublie un peu tous mes problèmes, donc ça fait du bien. Juste que je décolle pas tout le temps...

Elle soupira, ferma les yeux quelques secondes pour les rouvrir et plantes son regard un peu perdu dans celui de la fille.

- Et toi ?