Esmée avait attendu la fin des examens pour lui annoncer la nouvelle. Cap’tain Peterson allait arrêter le Quidditch. Leo n’en revenait pas. Esmée Peterson, celle qui l’avait recrutée au début de sa première année. Esmée Peterson, celle que tout le monde connaissait déjà à l’époque comme l’ introvertie mais intimidante Capitaine des Griffes Ardentes de Gryffondor. Elle allait arrêter le Quidditch. Plus jamais, elle ne disputerait de match vêtue de sa robe rouge et or au numéro treize, sous les acclamations du public. La rousse ne parvenait pas à imaginer l’équipe sans sa capitaine. Et pourtant, cela avait déjà été le cas une fois. Pour la dernière rencontre de la saison, Cap’tain Peterson n’avait pas joué mais suivi le match depuis les tribunes. Alors, elle n’avait pas totalement été remise de sa blessure. Leo n’oublierait pas de si tôt comment la brune avait mordu l’herbe en voulant montrer une feinte de Wronski à Arya, puis, comment elle avait néanmoins pris la batte lors de la se onde partie du match contre les Crochets d’Argent pour soutenir son équipe. Son deuxième argument avait été le travail scolaire, mais pour être honnête, Leo avait plutôt pensé qu’il s’agissait-là d’une simple excuse secondaire. Parce que manquer un match pour cause de blessure n’était pas cool. Mais maintenant, la rousse se rendait compte que c’était beaucoup plus sérieux, cette histoire d’examens. Esmée avait choisi d’arrêter le Quidditch pour pouvoir se concentrer sur la scolarité et ses notes.

Leo aurait aimé pouvoir lui en vouloir terriblement, de les abandonner comme ça. Et pourtant, elle n’y parvenait pas. La pique de colère progressivement transformée en déception puis en incrédulité qui l’avait envahie lorsque la capitaine avait annoncé la nouvelle, avait finalement été englouti par l’épaisse masse d’autres sentiments que Leo éprouvait à son égard. Le simple prénom d’Esmée éveillait en elle un mélange profond d’admiration et de reconnaissance, qui restaient plus fort que tout le reste. S’échappait finalement seul un doux filet de tristesse, en écho au départ d’Esmée.

Vendredi, Leo avait passé son dernier examen. La rousse ne s’était pas vraiment prise à l’avance pour réviser, mais avait passé l’entière semaine précédent la semaine des examens à travailler. Pourquoi n’avait-elle pas réussi à faire comme tout le monde, c’est à dire absorber progressivement la matière au fur et à mesure qu’elle avait été abordée en cours? Leo avait désespérément essayé d’assimiler tout d’un coup, bombardant ainsi son cerveau d’informations. Rapidement, la capacité de retenue avait été atteinte . Mais les matières n’avaient de loin pas toutes été révisées. Tandis que sa mémoire ployait sous les dates historiques, les gestuelles, les particularités d’ingrédient ou encore la disposition de certaines étoiles, Leo essayait d’absorber encore plus d’informations. C’était comme ramasser des champignons. Une fois une grande brassée cueillie, il fallait s’en séparer et les poser dans un panier. Autrement, en se baissant pour en saisir un autre, quelques champignons déjà ramassés retombaient sur le sol. Les formules de métamorphose tentaient de se serrer au côtés des chevaliers de la table ronde. Dame Genièvre menaçait de dégringoler dans l’oubli - heureusement que Lancelot parvint à la retenir de justesse par la main. La couleur finale d’un somnifère atterrit brusquement en plein millier, éjectant brutalement les différents sorts permettant s’ouvrir une porte. L’utilisation principale Béosard ne tenait plus qu’à un fil, que tout s’immobilisa, comme soudainement emprisonné sous une couche de glace. Le cinq juin était arrivé. La semaine s’était déroulé calmement. Sans stress particulier, Leo allait mécaniquement à ses examens, remplissant ou démontrant ce qui était resté dans les filets de sa mémoire, laissant vide ce qu’elle n’avait pas eu le temps de réviser ou ce qu’elle avait oublié.

Et bien rapidement, tout cela fut terminé. Le samedi arrivé. C’est là qu’Esmée lui avait parlé. La Gryffondor avait eu tout la journée puis celle du dimanche pour réfléchir... et était entre autres venue à la conclusion suivante: les examens étaient passés, la fin de l’année presque arrivée, les cours peu importants à ses yeux - mais le vol d’autant plus. C’est ainsi que ce lundi, Leo n’avait pas enfilé son uniforme mais une robe de Quidditch. Le Comète sur l’épaule, elle était partie en direction du terrain d’entraînement, tandis que tous ses camarades se rendaient en cours.

Quelqu'un, elle ne voit pas qui, lui donne un coup d'épaule vicieux en passant près d'elle. Elle grommelle des jurons — inventés, sans le moindre mot vulgaire car les professeurs ne sont jamais loin — avant de poursuivre sa lecture d'un des livres empruntés à la bibliothèque, traitant des runes. Autant prendre un peu d'avance dans le programme.
Elle n'avance pas bien vite et comme elle ne regarde pas vraiment où elle va, il est selon elle du devoir des autres élèves de faire attention. Il lui semble pourtant que peu d'entre eux aient assimilé cette donnée pourtant pas bien compliquée. Étant de constitution solide, ce genre de coups ne la dérange pas particulièrement, mais elle n'aime pas que les gens se croient tout permis. La fois suivante, elle marche donc de façon très... appuyée sur le pied de la personne. Et recommence ainsi avec toutes les suivantes qui s'avisent de la bousculer. Et cela, tout en continuant à lire. Un exploit qui la rend particulièrement fière d'elle-même.
Elle repense à ses examens, qui se sont à peu près bien passés. Très bien, même, mais il est naturel de stresser un peu, ce qu'elle a fait tout au long des dernières semaines. Elle les a cependant réussis sans trop de difficultés, sans avoir trop à se creuser les méninges. En même temps, c'est pas comme si je n'avais pas déjà lu tout le programme depuis des mois... Une idée de génie qui lui a épargné plusieurs semaines de révisions intensives et des maux de crânes dont elle se serait bien passée en ce mois... très chaud. Carrément ! Rien que de penser aux températures, elle en a des bouffées de chaleur.

La deuxième année ferme d'un claquement sec le livre, avant de le ranger dans sa besace avec les autres. Un objet de plus et le malheureux sac rend l'âme. Il est si chargé qu'elle en a mal à l'épaule et ce n'est pas peu dire, car elle a désormais l'habitude de trimballer le poids d'une vingtaine de gros livres chaque jour et pratiquement toute la journée. Et la plupart de ces bouquins ne me sont même pas utiles pour cette année !
Elle passe la bandoulière à l'autre bras, histoire de soulager le droit. Elle regarde sa montre, elle a encore le temps pour rejoindre son premier cours de la journée. Elle en profite donc pour regarder un peu autour d'elle, alors qu'elle passe près du hall d'entrée. Dans à peine deux semaines, elle sera rentrée chez elle. Elle essaie donc de mettre à profit les minutes qu'elle a devant elle pour s’imprégner du château. La plupart des élèves autour d'elle sont en uniforme. Tous, en fait. Sauf... C'est Ginger, en tenue de Quidditch ? La rousse semble se diriger vers le terrain d'entrainement, avec son balai. On est lundi. Lundi ! On doit aller en classe ! L'autre Gryffondor n'a pas l'air de l'avoir compris. Et elle va apparemment s'entrainer. La brunette l'observe en se mordillant la lèvre. D'un côté, tant mieux si elle s'entraîne, car elle peut progresser et faire gagner des matchs à leur maison, de l'autre... elle va nous faire perdre des points si elle se fait remarquer ! Et ce n'est clairement pas le moment, avec la Coupe des Quatre Maisons qui sera décernée bientôt. Déjà que les rouges et ors ne sont pas en excellente posture, inutile de les enfoncer encore plus.
La gamine prend donc la décision de suivre Ginger — ou Leo, si elle se rappelle bien. Elle essaie de courir, mais avec tout ce qu'elle porte, elle est vite épuisée. L'autre à déjà un peu d'avance, aussi redouble-t-elle d'efforts pour la rejoindre. Bien contente d'avoir laissée sa cravate au dortoir, car ce stupide bout de tissu n'aurait servi qu'à la gêner, elle tente en même temps qu'elle galope d'ouvrir quelques boutons de sa chemise. Elle transpire un peu. Alors qu'elle est à dix mètres de sa cible, elle s'arrête soudain de courir, en nage. Leo peut l'entendre de là, pas la peine qu'elle se fatigue encore plus.

—Eh ! Mais qu'est-ce que tu fous, Ginger ?!

Elle continue en marchant, passe sa main dans ses cheveux humides. Les avoir coupés est une vraie bénédiction. Qu'est-ce qu'ils pouvaient être encombrants !
La besace cogne contre sa hanche. Pas très fort, mais la dureté de ce qu'elle y a mit lui fait faire la grimace et elle lâche son chargement. C'est comme si il lui avait poussé des ailes, elle avance désormais bien plus vite.

—Si quelqu'un t'voit... Tu vas avoir des gros problèmes et la maison aussi !

Elle a quoi dans la tête, sérieux ? Les sourcils froncés, elle contemple durement la rousse. Avant de la voir dans le dortoir des filles, elle a toujours été persuadée que Leo était un garçon. D'ailleurs, la première fois qu'elle l'a vue chez les filles, elle a failli crier à l'invasion. Elle s'est retenue à temps et a fini par piger qu'il ne s'agissait pas d'un garçon. Le choc a été brutal.

Sans grande surprise et à sa grande satisfaction, la rouge et or aperçut finalement l’étendue verte du terrain d’entraînement s’étendre à ses pieds - vide. Les six frères se dressaient droits et fiers comme toujours aux deux extrémités, gardiens des lieux, surplombant de leur gigantisme tout le terrain. A la vue de cet ensemble tout aussi intimidant que stimulant, un large sourire barra le visage de la gamine. Alors que, n’y tenant plus, elle allait s’élancer, courir quelques pas avant s’arrêter le temps de descendre le balai de son épaule puis de l’enfourcher et enfin décoller; une voix parvint à ses oreille.

Son nom. Leo se figea sur place. Merde. Quelqu’un était derrière elle. L’avait soit suivie, ou alors vue de loin puis rejoint. La Gryffondor n’avait pas songé à la possibilité d’être interceptée par quelqu’un. Leo réfléchit quelques secondes, puis, n’ayant pas réellement trouvé d’excuse valable ou alors crédible justifiant sa présence, se retourna.

La première chose qu’elle ressentit en voyant la mystérieuse personne fut une vague de soulagement. Une Gryffondor. Et par dessus le marché, Leo la connaissait. De nom et de vue, du moins, les deux filles n’avaient jamais réellement eu affaire l’une à l’autre, même si elles étaient de la même promotion. Katherine Bailey. Mais le soulagement ne fut que de courte durée. Voilà que la brune ouvrit à nouveau la bouche et que des mots empreints de reproche s’en échappaient. Instinctivement, Leo baissa le ton tout en jetant quelques coups d’œil rapides autour d’elle lorsqu’elle répondit:

« Chhhh, pas la peine de crier! C’est le meilleur moyen d’attirer un préfet!  »

Effectivement, c’étaient eux que Leo craignait. Les professeurs devaient tous donner leurs cours, ou du moins déjà rejoindre leurs salles de classe afin de préparer la première heure. La gardienne savait qu’il n’y avait pas de cours de vol à cette heure, donc le seul potentiel danger du côté professeurs était inexistant. En revanche, il était bien possible qu’un des Préfets n’ait pas cours le lundi matin. Mais que viendrait-il faire ici? C’était ce que Leo tenta d’expliquer à sa camarade de maison:

« Mais non, t’en fais pas. Personne va me voir. Et personne n’aura de problème, promis! Maintenant, fais ce que tu veux, va en cours si t’en a envie, mais moi j’ai vraiment plus important à faire. »

Les examens étaient terminés. Soit elle allait passer l’année (ce qu’elle espérait vraiment), soit non. Mais même dans ce second cas, elle ne pouvait plus rien changer maintenant. Conséquemment, d’après la logique de la gamine, aller en cours était totalement superflu. Que pouvaient-ils bien encore apprendre, aujourd’hui? Des potions qu’elle aurait tout le loisir d’oublier pendant les grandes vacances qui toquaient presque déjà à la porte? Prendre de l’avance sur le programme de troisième année? Des formules qu’elle reverrait de toute manière l’année prochaine? En somme: rien de primordial et rien qui puisse la mettre en difficultés dans le futur.

Leo s’apprêtait à tourner le dos à Katherine pour enfin s’envoler, mais changea d’avis. Désireuse de la rassurer une dernière fois, elle lui lança:

« Regarde, y a absolument personne en vue. Je te promets que Gryffondor ne va pas perdre de points à cause de moi. »

Et même si c’était le cas, ce qu’elle faisait était pour une bonne cause. Les Griffes Ardentes n’avaient vraiment pas brillé, cette saison. Leo devait se tourner vers le futur. Se préparer pour la saison prochaine, leur saison. L’équipe allait devoir bosser. D’un côté, il y’avait leur jeu en commun, leur jeu d’équipe à améliorer. Des éléments techniques et tactiques. Mais de l’autre, il fallait que chacun et chacune prenne le temps de s’améliorer individuellement. Cela pouvait résider dans des détails. Une pression sur le manche de son balai afin de prendre les virages plus rapidement. Un mouvement de poignet au moment du lancer du Souafle pour lui donner rotation et modifier légèrement sa trajectoire. Trouver l’angle de frappe particulier au cognard pour lui faire exécuter le fameux doublé, figure particulièrement compliquée qui consistait à le faire ricocher sur le premier adversaire pour en toucher un second. La liste était longue, et tout ça demandait du temps. Et ce temps, il fallait bien le trouver quelque part.

D'abord, j'ai pas crié. Juste un peu élevé la voix pour que Leo puisse l'entendre, mais rien de trop fort, elle n'est pas débile. Surtout que si un préfet se pointe, elle aussi pourrait avoir des problèmes. Et ça, c'est hors de question. Elle a souvent fait des bêtises — et hormis une fois ou deux elle ne s'est pas faite prendre — et même si elle s'était faite attraper, elle aurait assumé. Là, non, clairement pas. Hors de question d'avoir un retenue parce qu'elle a essayé de faire que, justement, la rousse n'en ai pas.
Elle est plutôt contente que sa camarade ait peur qu'un préfet se ramène. Ça sera sans doute plus facile de la convaincre de rentrer au château. Il faudra quand même qu'elle trouve les bons mots, aussi y réfléchit-elle tandis qu'elle s'avance pour rejoindre Leo. Mais avant qu'elle ait pu trouver quoi que ce soit, la gardienne essaie de la faire lâcher l'affaire en prétendant que personne ne l'a verra et qu'elle a plus important à faire. Il est vrai que l'équipe de Gryffondor à grand besoin d'entrainement, mais elle ne pourrait pas trouver un autre moment ? Genre... après les cours ? Mais elle est trop ébahie par le peu de logique de l'autre pour lui en faire la réflexion. N'importe qui peut la voir, enfin ! Si elle, elle l'a vue, pourquoi pas un autre ? Ou plusieurs ? Et il y a peu de chances qu'ils soient tous de Gryffondor...
Une nouvelle fois, l'autre deuxième année tente de la convaincre. La brune secoue vivement la tête.

—Mais bien sûr... T'es au courant que genre tout le monde peut t'voir d'une fenêtre ? Encore plus si t'es dans les airs ! Faudrait que tu ailles dans la Forêt Interdite pour être vraiment camouflée ! Sauf que c'est plus possible, lui lance-t-elle d'un ton bas, agacée.

La Forêt Interdite... Merde, faudrait pas que je lui donne des idées, moi ! Elle serait bien capable de trouver un moyen d'y entrer. Quoique, si personne ne peut voir Leo, ça ne la dérange pas vraiment. Il faut juste qu'elle évite de se faire manger par une créature car la métisse n'a pas particulièrement envie de sa maison perde sa gardienne. Pas trop, non. Ce serait plus que problématique. Et puis, vu que c'est elle qui lui aura donné l'idée d'aller dans la forêt, ça voudrait dire que c'est elle qui l'a conduite à la mort. Oups ! Non, pas "oups". Plutôt "désastre-monumental-qui-la-conduira-à-la-folie". Elle hoche intérieurement sa caboche. Déjà qu'elle est un peu dérangée du ciboulot, pas la peine d'en rajouter avec un meurtre sur la conscience. En plus, ça serait pas cool pour son karma. Mais de toute façon, elle ne pourra pas y aller, se rassure-t-elle.
Et la Salle sur Demande ? Si Leo se concentre bien, elle pourrait avoir un super terrain. Et n'aurait aucune chance de se faire repérer. Mais ça serait dévoiler l'existence de la Salle. De sa Salle. Bon, techniquement, ce n'est pas la sienne vu qu'elle n'y est pas retournée depuis novembre, mais quand même. Cet endroit compte pour elle et elle n'a pas envie que toute l'école soit au courant de ce lieu et vienne l'accaparer. Nan mais oh.
La jeune fille croise les bras en réfléchissant à un plan pour que sa camarade ramène ses fesses au château. Elle n'en a pas vraiment, aussi dit-elle ce qu'elle pense :

—On a plus que quoi... Deux semaines à tirer ? Moins quatre jours avec les week-end ? C'est vraiment la mer à boire ? Sans compter que tu peux t'entrainer tous les aprèms, non ? Et peut-être cet été aussi. J'te demande pas d'avoir de bonnes notes ou même d'écouter, juste d'être présente !

Elle a conscience qu'elle commence à s'échauffer, s'enflammer, mais c'est vraiment important. Elle se doute que sa maison ne va pas gagner la Coupe — même si elle prie pour ça —, n'empêche, elle n'a quand même pas envie que les rouges et ors terminent avec un score de pacotille. On est pas des rigolos. Pas du tout. Et l'adolescente ne va laisser passer aucune occasion de le prouver.

—La première personne qui te voit et qui n'est pas de notre maison... Même si elle est elle-même en train de sécher, elle va aller le dire. On est pas les meilleurs cette année, mais je ne vais pas leur laisser ce plaisir ! On ne va pas se faire humilier !

Elle pose ses mains sur ses hanches, l'air plus déterminée que jamais. Si Ginger ne veut pas la suivre, tant pis pour elle, elle l'a tirera par la racine des cheveux si c'est nécessaire. Elle s'en fiche si elle a des chances de se prendre des coups de balais. Elle est même prête à se battre. Mais pas trop, parce que si on se fait choper, ça fera deux fois plus de points retirés. Donc, juste ce qu'il faut. Parole d'honneur, elle va aller dans sa salle de classe, de gré ou de force !

Leo lança un long regard à la rouge et or qui lui faisait face. Elle sentait que sa camarade de maison, en Gryffondor exemplaire, n'allait pas lâcher le morceau si facilement. Quelque part, la rousse devait avouer que ses arguments n'étaient pas idiots et que son raisonnement tenait la route. Quelque part tout au fond (mais alors vraiment tout, tout tout au fond d'elle, tellement au fond qu'elle ne voulait presque pas l'admettre), Katherine avait peut-être, éventuellement, il fallait l'envisager : raison. Ou du moins pas tout à fait tord, oui, formulons-le comme ça.

C'était bien vrai, après tout : elle allait avoir du temps pour s'entraîner. Certainement pas durant l'été – en effet, Liverpool n'offrait pas de terrain d'entraînement propice au vol sur balai – mais avant et après. Et durant les vacances, la rouge et or allait faire ce qu'elle avait déjà fait l'année passée : faire avec les moyens du bord. Autrement dit : pas grand-chose, mais ce qu'elle pouvait pour ne pas perdre la forme. Rhaaa qu'est-ce que cela pouvait être injuste ! D'autres pourraient continuer à jouer et s'entrainer tout l'été ! Mais bon, elle devait être honnête : Leo avait également hâte de rentrer chez elle et de retrouver Gran'Da et Grand'Da après tout ce temps passé loin de sa maison !

S'arrachant à ce fil de pensée, la joueuse des Griffes Ardentes reporta son attention sur la Gryffondor. Un petit sourire s'installa au coin de ses lèvres.

"Bon. Tu comptes me faire chier jusqu'à ce que je vienne, hein ?"

C'était en réalité une presque-affirmation, plus qu'une question. Oui, Katherine allait certainement insister jusqu'à ce que la rousse se résigne, peu importe le moyen. L'anglaise ne voulait même pas exclure la possibilité que sa camarade de maison serait capable d'alerter un professeur ou un préfet de la présence de la Gryffondor ici sur le terrain, simplement pour la faire rentrer sagement au château. Parce qu'en effet, Leo savait reconnaître la détermination lorsqu'elle la voyait et là, les points ainsi plantés sur les hanches, la Gryffondor dégageait une détermination intense, la même qui se lisait dans son regard, dans sa posture et dans ses mots. Qu'est-ce qu'elle était agaçante, sa camarade de maison... mais en même temps, elle était agaçante d'une façon quelque part admirable, agaçante admirable, pas juste agaçante agaçante. Est-ce que cela faisait sens ? Peu importe, pour Leo en tout cas, oui.

Finalement, la joueuse de Quidditch lâcha un gros soupir et reprit en levant les deux mains comme en signe de capitulation :

"Bon tu sais quoi, t'as gagné. De toute façon, c'est pas en débattant avec toi que je vais m'entraîner... Du coup je viens sagement avec toi en cours et tu trouves une excuse pour notre retard. Deal ?"

Elle lui tendit une main, comme pour conclure un marché. Autrement, elles pourraient toujours y aller sans excuse... mais si ce qui comptait autant aux yeux de Katherine étaient les rubis rouges du sablier de Gryffondor, ce n'allait pas être une arrivée tardive sans solide explication qui allait aider. Dans tous les cas, c'était donc le moment de retourner au château.

Ce n'étaient pas quelques heures de cours qui allaient venir à bout de Leo Ginger, ça non. Et encore moins maintenant. Car en effet, Esmée Peterson lui avait non seulement annoncé son départ de l'équipe... mais aussi que cela allait être elle, Leo, qui allait prendre la relève. Leo Ginger, capitaine des Griffes Ardentes de Gryffondor. Cela sonnait bien, non ? Et puis peut-être aussi que c'était-là la raison profonde pour laquelle Leo avait finalement entendu raison et accepté de suivre sa camarade. Elle allait dorénavant être capitaine de l'équipe de Quidditch de sa maison. Son image allait dorénavant être encore plus étroitement liée à celle de son équipe. De ce fait, il fallait mieux ne pas se faire remarquer négativement. Non, s'attirer des ennuis par son comportement avant même que sa première saison de capitannait n'ait effectivement débuté, cela n'était vraiment pas nécessaire.


@Katherine Bailey salut ! Je te propose une petite conclusion pour ce RP. Il commence à dater, mais j'avais pris beaucoup de plaisir en écrivant. Dans tous les cas, je m'excuse pour le grand grand grand (!) retard. Au plaisir de, peut-être, te recroiser un jour !