L'attaque du château et le renversement du Ministère étaient encore sur toutes les lèvres, monopolisaient encore toutes les discussions. Seulement quarante-huit heures séparaient le monde magique de ces événements bouleversants. Les hiboux n'avaient jamais eu autant de travail que maintenant. L'ambiance générale était pesante et l'avenir était devenu incertain.

Une autre péripétie, insignifiante pour la marche du monde, était survenue le deux mai et perturbait encore davantage Ethan. Orphéa et lui s'étaient éloignés depuis qu'Emma leur avait crié rageusement début mars qu'ils étaient amoureux. Un malaise s'était insidieusement installé entre eux. Plus rien n'était comme avant. Leurs contacts étaient devenus brefs et gênés. Était-il vraiment amoureux? Tout ce qu'il désirait, c'était passer du temps avec son amie, pas l'embrasser ou toutes ces choses repoussantes que font les amoureux. Pourtant il sentait qu'Emma n'avait pas tout à fait tort, qu'il y avait un lien spécial qui les liait. Et c'était bien le nœud du malaise. Du moins de son côté.

Il se demandait depuis des semaines si ses sentiments confus envers son amie étaient partagés. Cette autre péripétie survenue deux jours auparavant lui apporta la réponse. Alors qu'il assistait comme toute l'école à l'entrevue internationale, il avait aperçu son amie blottie contre un Serpentard plus âgé. L'évidence le frappa alors de plein fouet.

Son esprit ressassait encore et encore ce qu'il avait vu. Il devait sortir cette fille de sa tête. Ce lien imaginaire n'existait pas, ou avait été rompu par Emma. Ou, pire, celle-ci avait eu raison depuis le début. Les mises en garde d'Elfia lui revinrent aussi en mémoire. Il se mit à maudire sa crédulité. Lui qui voyait du bon en tout le monde, il s'était bien fourvoyé! Tu délires mon vieux, qu'avait-elle fait de mal? Elle n'a jamais rien promis. Ils n'étaient qu'amis. Elle était dans son droit de trouver du réconfort chez qui elle voulait. Ethan était déboussolé et ne savait plus quoi penser, oscillant entre dépit, déception et agacement envers lui-même.

Le jour du cours de métamorphose était devenu synonyme de torture car celui-ci était donné en commun avec Serpentard. Aujourd'hui, Ethan s'était arrangé pour rentrer après Orphéa et s'asseoir aussi loin d'elle que possible, sans contact visuel possible à moins de se plier en deux sur sa chaise. L'heure avait été interminable. Il ne pensait qu'à une chose: fuir de cette pièce. Quand la fin du cours arriva enfin, il sortit en coup de vent en évitant soigneusement de la croiser. Il omit même de prendre sa feuille de devoir afin de gagner du temps. Il préférait encore la recopier d'un camarade au soir. Une fois en dehors de la salle de classe, il prit tout de suite la direction du terrier. Il commença enfin à se détendre quand il entama la descente de l'escalier.

Deux jours. Cela faisait deux jours que le Ministère était tombé. Deux jours que toute la population de  Poudlard s’inquiétait pour ses proches. Deux jours qu’Orphéa était complètement perdue. Elle avait reçu le matin même un hibou de ses parents lui annonçant qu’a la maison tout allait bien. Elle se doutait que tout irait bien pour ses parents, après tout ils étaient tous les deux nés-sorcier. Non elle s’inquiétait d’avantages pour les autres membres de sa famille. Ce qu’elle voulait savoir, c’était si l’oncle Megan et David risquaient quelque chose puisqu’ils fréquentaient des moldus. Billie et Johanne n’avaient pas encore eu de nouvelles de leurs père. Elle voulait également savoir ce que ses grands-parents faisaient. Si elle était sure qu’ils partageaient les mêmes idées que le nouveau gouvernement, allaient-ils le soutenir publiquement ? Alors même que certains de leurs enfants vivaient avec des moldus ?

Elle se posait beaucoup de questions. Et en plus de ça, Ethan se montrait distant. Ou du moins encore plus qu’au cours de ce dernier mois. Après qu’Emma leur ait crié au visage qu’ils étaient amoureux, leurs échanges s’étaient fait brefs et gênés. Mais depuis deux jours, il l’évitait carrément. D’abord dans le parc, où il avait tout fais pour ne pas croisé son regard, puis la veille, où il s’en allait dès qu’elle se trouvait dans la même pièce que lui, et enfin maintenant, en cours de métamorphose, où il s’était sauvé comme un lapin sans même prendre son devoir. S’en était trop pour la Serpentard. Elle voulait simplement savoir ce qui se passait. 

C’est donc d’un pas décidé qu’elle sortit de la salle de cours, sac à l’épaule, pour suivre le Poufsouffle qui se carapatait. Après plusieurs minutes à la suivre d’un pas rapide elle se retrouva au quatrième étage mais elle ne trouva aucune trace de son ami. Elle s’apprêtait à faire demi-tour pour redescendre dans sa salle commune, quand elle entendit quelques notes de piano s’élever dans les airs. La mélodie qu’elle connaissait si bien, était joué maladroitement, mais ne perdait rien à son charme. Intriguée, elle se rapprocha de la salle de répétition et poussa délicatement la porte, pour y trouver son ami, assis devant le grand piano noir.

Le plus dur avait été fait. Il n'avait pas dû affronter le regard d'Oprhéa. Même s'il se détendait, il dévala quatre à quatre les marches de l'escalier. Mais si elle avait la mauvaise idée de le suivre, elle pourrait le voir et l'appeler de loin. Le Terrier était au premier donc il en avait des marches à descendre avant d'être en zone sécurisée. Il décida de se cacher au quatrième. Il ne connaissait pas bien cet étage. Il n'y suivait aucun cours et aucune activité. C'était le moment idéal d'approfondir ses connaissances. Il se dirigea droit vers un local dont la porte était restée grande ouverte.

La salle de répétition! Impossible de se tromper avec tous ces instruments qui trainaient un peu partout. Quel bric à brac! Il s'y réfugia et ferma la porte derrière lui presque complètement. Orphéa ne viendrait jamais ici avant de rejoindre le cachot des Serpentard. Il lorgna du côté du piano, noir comme celui qu'il y avait chez lui à la maison. Sa maman aimait beaucoup en jouer. Il avait passé lui aussi pas mal de temps dessus, même s'il n'avait jamais suivi de cours. Il se débrouillait cependant assez pour y prendre du plaisir.

Ethan ne résista pas à la tentation. Des vagues de nostalgie l'envahissaient en voyant l'instrument. Se raccrocher à des souvenirs de jeunesse lui faisait du bien. Il se rappela un morceau que sa maman lui jouait quand il était triste et qu'il avait appris à jouer en grandissant. Il s'installa sur le tabouret et se mit à le jouer. Ce n'était pas parfait, loin de là, mais l'entendre lui faisait du bien. C'était comme si sa maman était présente et le consolait. Il laissa libre court à ses larmes, comme quand il se réfugiait dans ses bras. Ses joues étaient inondées mais sa douleur était un peu plus supportable. Les fleurs ne fanaient plus dans son coeur, elles étaient simplement devenues grises, sans couleur, sans saveur. Ses doigts se figèrent sur les touches. Oprhéa était apparue à la porte.

La Serpentard resta quelques instants dans l’encadrement de la porte avant qu’Ethan ne la remarque. Elle était un peu surprise de l’entendre jouer, mais elle apprécia la petite mélodie qui s’échappait du grand piano.

Elle s’approcha doucement et viens s’assoir juste à côté de lui sur le siège qui laissait bien assez de place pour leurs deux petits gabarits. Et elle se mit à jouer à son tour. Le même morceau. Pendant que ses doigts parcouraient le clavier, elle pensa à tout ce qui lui était arrivé depuis qu’elle connaissait le Poufsouffle. Depuis leur rencontre dans la salle des trophées, jusqu’à leur après-midi au parc, qui s’était terminée de la manière la plus bizarre qui soit. Et à l’éloignement que cela avait provoqué. 
Elle pensa aussi à Ethan qui s’enfuyait dans les couloirs pour éviter sa présence, et cette pensée lui serra le coeur. Pourquoi faisait-il une chose pareil ? Elle n’avait pourtant rien fais de mal ! Elle voulait simplement que tout redevienne comme avant, quand ils étaient encore... amis. 

Les doigts d’Orphéa quittèrent le clavier quand elle eut fini de jouer, et elle se tourna alors vers Ethan, et remarqua seulement à cet instant les larmes qui coulaient le long de ses joues. La confrontation qu’elle cherchait tant à éviter semblait maintenant inévitable, mais tant pis. Elle voulait comprendre.

« Pourquoi tu m’évites ? demanda-t-elle alors que les larmes commençaient lui montaient aux yeux. Si c’est à cause d’Emma, c’est pas grave, on peut faire comme si elle avait rien dit ! »

C’est vrai, tout était de la faute du boursouflet ! Pourquoi était-elle venue fourrer son nez dans leur relation ? Tout allait très bien avant qu’elle ne s’en mêle. Elle était tellement en colère.

« J’ai juste envie que tout redevienne comme avant, dit la Serpentard alors que ses larmes commençaient à sortir. C’est nul de ne pas être ton amie »

Alors que sa camarade s'approchait, Ethan retirait ses doigts du clavier pour sécher ses joues du revers de la main. C'était peine perdue car de nouvelles larmes remplaçaient déjà les anciennes. Il se bougea sur le siège pour laisser assez de place à Orphéa. Elle se mit à jouer. Elle était tellement plus douée que lui! Il se laissa son esprit vagabonder alors que ses yeux suivaient dans le vague les mains expertes de son amie. Cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient pas passé du temps à deux. Depuis qu'il l'avait vue blottie contre le grand Serpentard, il pensait que cela n'arriverait plus jamais. Mais il était stupide. Ce n'est pas parce qu'Orphéa préférait son Serpentard à lui qu'elle ne voulait plus être son ami.

Les dernières notes s'étaient à peine éteinte que la jeune fille prit la parole. La musique l'avait calmé. Elle jouait si bien. Ses joues encore humides n'étaient plus alimentées par de nouvelles larmes. Orphéa voulait que tout redevienne comme avant et qu'ils soient de nouveau amis. Était-ce possible de simplement rembobiner les sentiments et de faire comme s'il n'avait pas entendu Emma ni vu Orphéa dans les bras de son camarade? Une confrontation avec Emma était inéluctable vu qu'ils étaient affiliés à la même maison. Il l'évitait soigneusement dans la salle commune afin qu'elle ne puisse pas lui demander s'il avait suivi ses conseils, mais combien de temps y parviendrait-il? Il espérait vivement qu'elle finirait par l'oublier. Mais ce qui lui ferait sans doute le plus mal, c'était qu'il reverrait Orphéa encore collée à son Serpentard.

- C'est nul de pas être ton ami aussi, dit-il d'une voix à peine audible en regardant les notes devant lui. Il marqua une pause avant de reprendre. Je pensais que tu ne voulais plus me voir. Et que tu... non... rien.

Il ne préféra se rétracter. Si elle préférait passer plus de temps avec le grand Serpentard, c'était son droit.

Ethan fixait le piano alors qu’il lui répondait simplement qu’il voulait aussi rester son ami. Il lui confia également qu’il pensait qu’elle ne voulait plus le voir, puis se ravisa, ne terminant pas sa phrase, ce qui intrigua d’autant plus la Serpentard. Qu’avait elle donc fait pour qu’il puisse penser de telles choses ? Elle voulait absolument en savoir plus, mais son ami ne semblait pas décider à se confier. Elle avait probablement fait quelque chose qui l’avait blessé, et créé cette distance entre eux. Ou peut-être était-ce tous simplement autre chose ? Elle n’avait peut-être rien fait du tout, et c’était le Poufsouffle qui avait imaginé tout seul qu’ils ne pouvaient pas être amis. L’annonce de ce nouveau gouvernement ? Il savait pourtant qu’elle n’avait rien contre les moldus ou nés-moldus. Ce n’était pas logique. Il fallait qu’elle lui pose la question pour être fixée. Elle se redressa sur son siège, pris une grande inspiration et essuya ses larmes du revers de sa main. Elle renifla bruyamment et finit par trouver le courage de prendre la parole.

« Pourquoi est-ce que je ne voudrais plus te voir ? demanda-t-elle doucement. J’aimerais juste comprendre ce qui se passe. Pourquoi tu pensais ça ? » 

Son cœur se serra alors qu’elle attendait la réponse de son ami. Elle n’avait jamais été autant prise par le suspens qu’a cet instant précis.

Son amie voulait connaître le fond de sa pensée. Est-ce qu'il lui devait une explication alors que c'était elle qui avait décidé de s'éloigner? Il garda le silence quelques secondes pour rassembler ses pensées. Il se remémora cette belle après-midi dans le parc avec elle, et quand tout bascula avec l'intervention d'Emma. Les semaines qui suivirent furent pénibles. Il pensait que les vacances de Pâques seraient suffisantes pour gommer le malaise qui était apparu entre eux mais il n'en avait rien été. De son côté, le temps avait enfin fini par faire son oeuvre. L'impact des paroles d'Emma commençaient à se dissiper, mais la voir si proche d'un de ses camarades Serpentard lui avait fait enterrer ses derniers espoirs d'un retour à la normale. Elle passait énormément de temps avec eux, c'était inévitable que cela se produise un jour. Son amie devait être populaire, chouette et belle comme elle était. Les garçons devaient forcément s'y intéresser. Il avait vu comment ça se passait avec les plus grands dans sa salle commune. Le copain d'Oprhéa devait déjà être au moins en troisième ou quatrième année avec sa taille de géant. Elle devait être flattée qu'un si grand s'intéresse à elle.

Orphéa était déjà passé à autre chose, il devait l'accepter. Bien sûr que rien ne les empêcherait de rester amis, mais il se doutait que ce ne serait plus jamais comme avant. Il devait cependant admettre qu'il avait exagéré quand il avait qu'elle ne voulait plus le voir. Ethan se tourna vers elle pour sonder ses yeux mais il se détourna rapidement, gêné. Son regard descendit vers chaussures. Il faut dire qu'elles l'intimidaient moins.

- Ecoute, Emma a tout fichu en l'air et... je t'ai vue avec ton copain immense de chez Serpentard le jour où l'école a été attaquée. Tu vas vouloir passer beaucoup de temps avec lui. C'est pas grave, j'vais m'y faire, dit-il doucement.

Voilà, c'était sorti de sa bouche. Un poids venait de quitter ses épaules. S'il avait su que cela lui ferait tant de bien, il aurait provoqué cette discussion bien avant. Un sourire timide réapparut sur son visage. La vie pouvait continuer.

Ethan se tourna vers elle doucement et fixa ses yeux quelques instants, avant de détourner le regard vers ses pieds, comme s’il était intimidé. Puis enfin l’explication qu’elle attendait tant arriva. Emma, bien sûr y était pour quelque chose, mais ça elle le savait déjà. Cela renforça Orphéa dans son idée de balancer le boursouflet au fond du lac noir avec un boulet au pied. Mais maintenant que Poudlard se trouvait sur une île entourée d’un dôme de protection magique, elle se demandait si c’était toujours possible.

Ce qui surprit le plus la jeune fille, c’est quand son ami parla d’un grand Serpentard. Son soit-disant copain. Elle comprit qu’il parlait de Rufus, et elle ne savait pas vraiment si elle devait rire devant ce quiproquo. Il pensait vraiment qu’il y avait quelque chose entre eux ? La petite brune ne put s’empêcher de penser que cela ressemblait fortement à de la jalousie, et un sourire apparut sur ses lèvres. Si c’était bien le cas, Emma avait en fin de compte, peut-être raison. Peut-être que ses sentiments bizarres pour le Poufsouffle étaient réciproques. Elle préféra ne pas y faire allusion, honteuse et terrifier à l’idée de dévoiler ce qu’elle ressentait au fond d’elle. La Serpentard préféra se contenter d’expliquer ce qui s’était passé dans la grande salle.

« C’est un malentendu Ethan ! Dit-elle en souriant. Tu sais ce que c’est une crise d’hypoglycémie ? Mme Lloyd m’a dit que parfois quand on a pas assez mangé et qu’on a pas assez de sucre dans le sang on peut faire des malaises. Rufus m’a juste aidé parce que je me sentais un peu faible »

Elle rougit un peu en pensant qu’il l’avait tout de même pris dans ses bras pour la réconforter. Elle se fichait pas mal du Serpentard, mais elle trouvait cela touchant qu’il se soit occupé d’elle ainsi.

Avec toute l'attention dont il était capable, Ethan écoute l'explication d'Orphéa. C'était évidemment plausible. Il avait déjà eu des crises d'hypoglycémie quand il était plus petit et il se sentait tout faible. Il avait l'impression qu'il allait se transformer en flaque. Mais de là à se blottir dans les bras de son camarade? Le sourire qu'elle arborait était sincère mais ses joues rosirent quand elle termina en parlant de Rufus. Difficile d'interpréter ce rougissement.

Le principal, cependant, était qu'elle lui disait que ce grand gaillard n'avait fait que de l'aider ponctuellement. C'était une très bonne nouvelle. Et il se dit même que c'était sympa de la part de Rufus de s'être occupé d'Oprhéa. Le Serpentard remonta en flèche dans l'estime du garçon. Il se sentit un peu honteux d'avoir réagi de la sorte. Après le poids de ses épaules, c'est la tristesse qui était en train de disparaître. La chaleur reprenait de la vigueur dans son coeur.

- C'est vrai, c'était juste une crise d'hypoglycémie? dit-il un peu gêné. C'était... gentil de la part de Rufus de t'avoir... aidée. Les mots sortaient difficilement. C'était une chose de les penser, c'en était une autre de les articuler.

Ethan ne savait plus trop quoi penser. Peut-être qu'Emma n'avait rien cassé. Peut-être qu'elle avait juste mis le doigt sur une corde sensible, et qu'appuyer dessus les secouait trop. Il valait donc mieux éviter de titiller cette corde pour l'instant et faire comme si elle n'existait pas. Les deux enfants n'étaient clairement pas encore prêt de jouer de cet instrument. Il s'apprêtait donc à prononcer un mensonge gros comme le château dans lequel ils se trouvaient, mais c'était la meilleure solution. Celle qui satisfaisait le plus Ethan et, du moins l'espérait-il, Orphéa. Il se tourna une nouvelle fois vers sa camarade, la regarda droit dans les yeux en souriant timidement et tendit sa main droite pour lui faire une poignée de main:

- Amis?

Orphéa guetta avec attention la réaction du Poufsouffle, mais elle avait du mal à déchiffrer son visage. Ses expressions faciales ressemblaient à un mélange de soulagement et de gêne. Il balbutia quelques mots pour affirmer que c’était gentil de sa part de l’avoir aidé. Il lui tendit ensuite sa main en prononçant les mots qu’elle attendait temps. Mais plutôt que de saisir sa main, elle se jeta à son coup et l’enlaça de toutes ses forces, trop heureuse pour faire dans la retenue.

« Evidement patate, dit-elle en rigolant. Evidement qu’on reste amis ! »

Elle resta quelques instants dans cette position, profitant de ce contact, puis en repensant aux paroles d’Emma, elle se dégagea de l’étreinte de son ami légèrement gênée. Elle se rase correctement sur le siège en velours du grand piano. Elle posa une main sur le Do le plus proche et appuya dessus plusieurs fois, ne sachant pas trop quoi faire.

« Tu sais, même si Rufus était mon copain, on pourrait quand même passer du temps ensemble, dit-elle finalement. De toute façon je préfère passer du temps avec toi »

En y réfléchissant, elle trouvait même ça bizarre d’envisager ... sortir avec Rufus. Elle ne le connaissait pas du tout. Même s’il l’impressionnait un peu car il était très grand et qu’il avait l’air très doué, elle préférait rester avec Ethan. Elle repensa encore une fois aux mots d’Emma, et ce dit même que cela serait plus cohérent de sortir avec Ethan. Elle tenta de ne pas rougir et chassa ces idées de son esprit. Décidément, le Boursouflet avait vraiment foutu un sacré bazar dans sa vie.