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16 sept. 2019, 10:18
La voix est la prison. La musique en est la sortie
Salle de répétition de Poudlard.
Année scolaire 2044-2045
2nd année de Roman Blackbirds
2nd année d’Anathema Lydon
Mercredi 14 Septembre 2044
IH

Assis au piano, je laissais le temps s’écouler. Mes doigts frappaient les touches sensibles et les sons frappaient mon cœur presque insensible en apparence. Je ne suis pas un virtuose, je ne suis pas mauvais. Je suis un entre-deux, comme toujours, comme ma personne, ni l’un, ni l’autre. Aujourd’hui, je joue du Chopin, la partition de sa Valse posthume repose devant moi, je ne l’utilise pratiquement pas, une fois que j’ai vu les notes, je les retiens. Ce morceau n’est pas très compliqué, mais je m’entraîne, je ne suis qu’au début de son apprentissage. Alors je répète. Main droite en premier faisant attention aux placement des doigts pour le suites, puis main gauche. Le début est comme un zig-zag, je passe des basses au ténor toutes les mesures. Je joue les mains séparéé, c’est bien plus simple pour un début. Puis, plus le lentement, les deux en même temps. C’est lent, mais c’est beau.
EH

Cela se voyait même si le garçon avait du mal à exprimer ses émotions et ses pensées, il volait, son esprit volait et son visage révélait qu’il était joyeux et concentré. Son regard ne se posait presque plus sur le clavier tandis qu’il répétait inlassablement le premier thème de cette Valse entraînante. Ce qui était certain, c’est qu’un calme absolu régnait dans cette pièce où le garçon était seul. Il connaissait les bases de la musique, du Solfege, il s’agit comment fonctionnaient les accords, les airs. Roman savait comment la théorie était, il restait la pratique, c’est pour quoi il s’entraînait en improvisation, mais pas cette fois-ci, peut-être après ? Sait-on jamais ?
Dernière modification par Leta Blackbirds le 17 sept. 2019, 09:00, modifié 1 fois.

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

16 sept. 2019, 22:03
La voix est la prison. La musique en est la sortie
Je suis gong et ouate et chant neigeux. Je suis le cœur vibrant, aux tonalités d’angoisse.

Le pas tranquille d’une après-midi, poussé par la découverte. L’esprit ailleurs, le regard lointain. Les bouclettes survolent un esprit couronné d’épines. Tout va si vite, mais jamais assez loin. Assez près. Il ne sait où il en est, où aller. Les réponses ne sont jamais évidentes, ou limpides. Il faut toujours supposer un implicite.

Le grand cœur de bois enchagriné du violon le réconforte.

Il n’aime pas la cravate. L’idée d’avoir quelque chose autour du cou l’exaspère. Mais il n’aime pas sortir du rang, se faire remarquer. Ça n’apporte jamais que des contrariétés. Il préfère déposer son regard ailleurs et mettre sa cravate dans son sac de cour, quand lesdits cours sont terminés. Le temps passera, et peut-être finira-t-il par retirer ses chaussures avec. Pour casser l’oppression et avoir une sensation de vrai sous la plante des pieds.

L’esprit est à l’aveuglette et sans cravate. Mais autour de son cou, un foulard. Délicat, une odeur de jasmin. Un rouge profond, carmin, et des motifs argentés. A son doigt, une bague. Simple chevalière de famille : une rose dans un camé, entourée d’épines.
Des souvenirs de sa mère. Des empreintes laissées là avant de partir.

Hors des murs, c’est le silence. Entre les murs, il y avait toujours du bruit. Tout le monde parle tout le temps. Le bruit des chaises, des couverts. Un qui tousse, un qui renifle. Les pages qui glissent et les bâillements en bulles. C’était insupportable. C’était trop.
Avec son cœur de verre, il se sentait déborder d’angoisse.

Quand cela arrivait, il tâchait de prémunir la crise. De garder le foulard de sa mère contre lui, d’imprimer le motif de la bague dans sa peau. De dessiner, de travailler sur les potions. Ou bien, d’aller pratiquer un peu de musique. Il n’oubliait pas ses projets, ses aspirations. Voulait écrire une sonate plus jeune. Voulait rendre son ancien maître de musique fier de lui. Cet homme engagé par sa mère qui lui avait appris le piano, le rock moldu et les plus grands classiques. Voilà l’intégralité de son répertoire musicale : le classique, le baroque et le rock. C’était assez représentation de son penchant pour les étrangetés.

Alors, après quelques tours et détours, et n’ayant de toute façon pas l’envie de se consacrer à une rédaction sur des pratiques de magie qu’il ne pourra pas exécuter du fait de son blocage presque maladif sur toutes ces questions, il décide de s’engager vers la salle de musique, de répétitions.
Les couloirs sont vides, les chaises de même. Il espère n’y trouver personne mais discerne le rythme reconnaissable du valse. C’est entraînant et sans plus de cérémonie, le voici contre un mur, à écouter, attentif. Il ne remarque pas vraiment le camarade au piano : se concentre surtout sur la mélodie, les gestes. Il y a quelque chose de simple et presque de libérateur, à l’entendre jouer.
C’est fait sans cris. D’une simplicité d’enfant.

Method in the Madness
Ière année RP : 2043-2044
Théana : there's alchemy between us

17 sept. 2019, 19:32
La voix est la prison. La musique en est la sortie
IH

J’étais un enfant, et l’enfant faisait sans cesse des erreurs. Et l’erreur est l’une des plus belles chose qui pouvait arriver aux enfants. Car l’erreur permettait d’apprendre, que le feu brûle, qu’une aiguille pique. L’erreur apprenait aux enfants les dangers, elle leur apprenait aussi comment s’améliorer en tout instant.

Et là, dans cette pièce, je faisais des erreurs pour m’améliorer. Une fois le premier thème appris, je commençais le second. Plus simple a la main gauche. Mais d’une complexité plus élevée pour la droite. Alors je m’entendais faire des erreurs, améliorant les glissements, les positions. J’avançais à tâtons dans ce tunnel mélodique aussi sombre qu’il pouvait être clair.
EH

Roman ne voyait pas l’autre qui s’était introduit dans la pièce, du moins, il était trop concentré sur ce qu’il faisait pour s’intéresser à autre que chose que ses deux mains. Le son qui parvenait à ses oreilles étouffait lui aussi le monde extérieur. Il n’avait aucun moyen, et surtout aucune raison, de regarder autour de lui. Mais le hasard frappa une nouvelle fois, laissant les yeux de Roman vagabonder autour de lui, ne se focalisant plus seulement sur le piano. Et cela causa sa perte. Il vit le garçon, l’autre. D’une mélodie unique, le son devînt muet, les doigts de poussaient plus les touches. Roman s’était tout simplement arrêté. Son corps avait une nouvelle fois dit stop. Et tandis qu’une perle de sueur naissait au dessus de ses paupières, le Serpentard se lissa les longs cheveux qu’il portait sur sa tête, jusqu’à se cacher une partie de la tête avec. Sa bouche ne pu formuler qu’un amas de voyelles et de consonnes incompréhensibles.

Ah euh mais je...


Il était encore et encore bloqué. Et il en avait marre.

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

21 sept. 2019, 16:53
La voix est la prison. La musique en est la sortie
Quelques couacs, quelques erreurs. Une compréhension que l’on s’approprie. C’était une mélodie d’apprentissage comme il avait pu en faire tant et tant de fois. Assis à son piano, celui autrement de pur décoration dans le château familial. Les doigts s’envolaient sous l’impulsion des accords. Et il tissait des mots sans paroles. Des notes qui se lient les unes avec les autres comme un collier de perles qu’il devait dérouler. Car personne à par lui n’en était capable.
Tout comme personne à part ce camarade musicien n’était capable d’étaler les perles, puisque c’était sa partition, sa musique, sa séance de perfectionnement.

Il battait la mesure dans sa tête, réfléchissant à la mélodie, anticipant les notes. Un fa qui passe, c’est parce qu’il va y avoir un si ensuite. Là, c’est un accord, enchaîné à un autre. Là le rythme doit rester lent et avoir une brusque accélération, mais pas trop vive non plus. Car c’est une valse, et qu’il faut laisser aux danseurs la possibilité de tournoyer tranquillement et de reprendre ensuite leurs positions en toute convenance.
C’était assez amusant de penser que la valse était une danse convenable, alors qu’avant sa popularisation, c’était quelque chose de profondément indécent. La musique, d’ailleurs, avait des notes d’indécence parfois. Un soupçon d’envol qui rendait l’ensemble bien moins étriqué que le corset de société dont beaucoup veulent se vêtir.

Ce corset qu’il portait lui-même, car il voulait être normal, sans pour autant savoir comment faire.

Certaines notes étaient fausses et pendant son écoute, il se prit à s’arracher des morceaux de sa lèvre inférieure puis supérieure, réfléchissant à l’erreur, ce qu’il aurait mieux valu faire. Comme un jeu d’énigme, puisqu’il n’avait pas la partition sous les yeux. Il ne pouvait qu’imaginer les possibles.
Son regard fixait la danse des doigts musiciens, et à l’arrêt, il se mit à légèrement froncer ses sourcils blonds. Ne regardant toujours que les doigts, que les notes, n’ayant pas vraiment d’autres intérêts pour le reste.

« - Pourquoi s’arrêter ? Il ne faut pas s’arrêter car pas possible de continuer après. L’arrêt ne permet pas redémarrer, pas comme avant. Continue. Il faut finir, car sinon, pourquoi commencer si tu ne finis pas ? Finis. »

Et pour ponctuer sa phrase, il fit un geste de la main, celle occupée à arracher les morceaux de peau labiale, pour l’enjoindre à continuer. Car l’arrêt était synonyme d’échec.
Il se mordit la lèvre, tandis que son autre main, son autre bras depuis le début lui serrait l’estomac. Un peu plus depuis qu’il avait conscience d’avoir été remarqué. Geste qui pouvait ainsi penser qu’il n’avait pas pour vocation d’être remarqué. Sauf si cela lui permettait d’avoir accès au piano pour lui tout seul. En ce cas, il voulait bien être remarqué. Comme les épouvantails, afin de faire fuir les merles.
Même si les merles jouent rarement des valses au piano.

Method in the Madness
Ière année RP : 2043-2044
Théana : there's alchemy between us

23 sept. 2019, 09:38
La voix est la prison. La musique en est la sortie
IH

L’autre avait parlé, coupant court à mes protestations muettes. Et face à cet inconnu qui paraissait gauche, la métaphore de Baudelaire prit tout son sens, moi qui l’avait appris par Papa, lu, déchiffré grâce à lui. Le garçon était cet Albatros maladroit dans les bateau qu’est notre monde. Et malgré ses efforts pour marcher, il ne pouvait faire que voler. Comme moi, nous étions ces es rois de l’azur, maladroits et honteux, . Nous ne pouvions faire que voler.
EH

Entendant le discours du garçon étrange, Roman était surpris. Et les attitudes de l’autre le stupéfiaient elles aussi. Il avait pour la première fois l’impression d’avoir quelqu’un qui pouvait comprendre pourquoi il ne pouvait pas parler, il avait l’impression d’avoir quelqu’un face à lui qui pouvait le comprendre. Alors, comme par magie dans ce monde de magie, tout s’envola. Ses peurs, ses dégoûts, ce blocage, il n’avait suffit de rien, de rien pour que son esprit se libère, pour cette fois. Alors, prenant une inspiration, il se leva doucement. Il chercha un petit siège des yeux, à hauteur de celui qu’il occupait quelques instants plus tôt. Il le prit et l’installa à sa gauche, laissant un siège vide à côté de lui. Comme une invitation, un signe.
IH

Alors j’oublie, j’oublie ce que l’on m’a appris, j’oublie la partition pleine de notes devant moi. Et une mélodie s’échappe de mes doigts. Traduisant la liberté, la joie, sans aucune prédestination. Je joue, attendant que je puisse me fier aux accords de la basse.
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6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

14 oct. 2019, 20:59
La voix est la prison. La musique en est la sortie
C’était comme entendre une langue inconnue dont on reconnaît les accents, mais dont la majeure partie du vocabulaire nous échappe.
C’était la découverte, aussi, d’un territoire inconnu que l’on n’osait pas explorer.

Il se tenait un peu en retrait face à cet Autre et à sa passion. Ce merle pianiste qu’il observait de loin, sous des cils fatigués. Il tenait sa peau sensible entre deux de ses doigts, se balançant légèrement, avant de percevoir le geste d’invitation à le rejoindre, rendu plus explicite encore par l’ajout d’un tabouret du côté des graves.
Il n’était qu’observateur, obstiné dans sa passivité. Laissant surtout à l’autre merle, le temps d’apprivoiser l’espace de ses notes, de ses paroles sans mots. De laisser couler sa mélodie du bout de ses doigts. Quelque chose qu’il ne lui aurait peut-être pas associé, le voyant ainsi, solitaire, l’aile à demie posée, prête à s’envoler.

Ça s’envolait, joyeux, et lui cherchait une surface de moire sur laquelle il pourrait laisser glisser ses doigts.

Alors, il accepta l’invitation. Sans un bruit, seulement en gestes. Il s’avança, tranquille, presque sur des pas de poussières, pour ne pas déranger la mélodie. Pour lui-même s’éteindre et laisser ainsi plus d’expression par ce medium.

Doucement, il vint s’asseoir à côté de lui. Pas trop proche, mais suffisamment pour que ses mains délicates puisse se poser sur les touches. Ou du moins, rester un instant au-dessus de ces galets noirs et blancs. Il sentait les vibrations, était attentif à la mélodie du merle. Et quand enfin il jugea sa phrase terminée, poursuivi la conversation d’un « la », partant dans une autre octave, plus grave. Peut-être un peu plus solennel que la mélodie précédente. Quelque chose que lui-même avait envie de dire en retour. Des couleurs qu’il voulait rajouter à cette partition. Les siennes. Pour se présenter.

Method in the Madness
Ière année RP : 2043-2044
Théana : there's alchemy between us

16 oct. 2019, 09:45
La voix est la prison. La musique en est la sortie
J’avais décidé, pour cet instant court, de ne faire parler que mes pensées. Car l’instant était beau. Et que je ne voulais pas me concentrer sur las actions, pas maintenant. Alors, je n’avais, tu n’avais que mes pensées. Car c’était beau, d’une mélodie aiguë, joyeuse, nous étions passé à autre chose, plus grave, plus mélancolique. Car l’autre m’avait rejoint, et ses doigts abîmés pianotaient doucement, rageusement, donnant un sens à seulement une note.

Il été vrai que je m’étais interrogé sur l’immensité des musiques qui pouvaient exister. Comment avec seulement 7 notes pouvions-nous écrire autant d’airs différents. Puis, peu à peu, la solution s’était imposée à moi, il y avait les dièses, associés aux bémols, il y avait donc 12 notes. Mais ce n’était pas assez, il n’y en avait pas assez à mon goût. Alors, j’ai compris, il fallait ajouter les tierces, on pouvait aussi les inverser, alors, et les accords, ceux de septièmes, je dépassais largement la soixantaine de possibilités. J’avais compris à quelle point la musique était infinie. Et aujourd’hui, nous créions quelque chose d’unique.

De même que je mettais un peu de moi dans la musique, je percevais la personnalité de jeune garçon. Une personne suave, cassée, maladroite, mais cette gaucherie était élégante, fine. Je ne savais pas top quoi en penser. Mais en continue a jouer, je n’ose pas m’arrêter. Je met de moi, j’essaie de montrer mon histoire, qui sais, la musique me permet peut-être d’exprimer ce que je ne dis pas à voix haute...

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

01 nov. 2019, 20:35
La voix est la prison. La musique en est la sortie
Créer, c’est saisir l’instant. L’attraper pour le faire sien. Cela implique toujours un don. La création, ce n’est jamais innocent, ou facile. Il faut troubler et être troublé. Faire voir quelque chose. C’est souvent donner du sens, expliciter une vision du monde, dire d’une autre façon. Une façon plus vraie, plus juste.
Lui, ne pouvait s’exprimer que par la création. Son pendant, la destruction, n’étant pas pour l’instant d’actualité.

Il ne pouvait s’exprimer qu’ainsi, car c’était le seul langage qu’il comprenait. Il pouvait rester des heures dans un musée ou dans une salle d’opéra, à en comprendre et étudier toutes les nuances dans les tons et les tonalités. C’était un beau langage qui élevait ses sentiments. Les faisaient paraître justes, vrais, légitimes, alors que lui-même, n’était rien de tout cela.

Ses mains sur les touches suivant le ton de sa pensée, dans ces tonalités graves aux accents, non pas de plainte ou de demande, mais de présentation, tout simplement. C’était une présentation double, duelle, car il s’appuyait sur la mélodie de l’autre pour jouer la sienne. C’était plus simple ainsi que par le biais de la conversation. Il semblait mieux comprendre. Il lui semblait qu’il pouvait comprendre, ce que l’autre lui disait.
Et c’était un instant… Finalement, si doux.

Il n’y avait pas cette violence ou cette constante impression de mal-faire qu’il pouvait ressentir dans ses interactions sociales. Là, c’était calme, malgré la tempête dans son cœur. L’autre, la corneille… Sentait-elle cette tempête ?

Il n’explicitait pas, jamais. Se contentait de couches juxtaposées. Quand il dévoilait, c’était inconscient. Et toujours, une autre couche prenait le relais.

Là, la couche en question, fut une note, ultime, pour mettre un terme à leur mélodie commune, quand il sentit qu’il était en train d’en dire trop. Qu’il ne devait pas trop en dire. C’était une note, toute simple, toute fausse. Faussement exprès. Dissonante et absurde en conclusion de cette présentation en duo.

Et pendant un instant, un autre, déjà passé, il laissa cette note si mal formée s’étendre dans l’air, contemplant ses doigts sur l’ivoire des touches.
Il avait pu se présenter.

Method in the Madness
Ière année RP : 2043-2044
Théana : there's alchemy between us

06 nov. 2019, 08:34
La voix est la prison. La musique en est la sortie
IH

Dans un monde parfait, il faut des différences. Pour justement montrer que ce monde n’est pas parfait. Et ça, c’est parfait. Paradoxal.

Et comme je le disais, la musique est infinie. Et grâce à ça, notre futur sera infini. Qu’il finisse sur une note majeur. Ou une note mineur.
EH

Horreur, l’autre à joué une horreur. C’est tout simple. Il a fait la différence de notre mélodie si parfaite. Roman ne sait pas quoi en dire. C’est la fin brutale d’un rêve, d’un si beau rêve. Et bien que l’autre soit à la basse, Roman à la mélodie, ils se ressemblaient tellement. Ils avaient tout les deux quelque chose de brisé. Comme un oiseau qui ne peut plus décoller, car son aile, sa précieuse aile, est cassée. Le temps coule. La note résonne, puis, Roman, libre, appuie sur deux touches la mi. On finit mineur... la musique, pas la vie. Car de ma bouche sort des mots.

Je suis Roman, Roman Blackbirds. Et toi tu es quelqu’un de maladroit, de cassé, mais tu n’es pas que ça, tu es un coeur, une élégance, une force. Voilà ce que j’ai lu. Ce que j’ai entendu.


Comprendra-t-il qu’en lui donnant ces informations Roman lui posait une question ? Peut-être bien que oui. Peut-être bien que non.
IH

Car il y avait quelque chose de révélateur dans la musique. Quoi que l’on fasse, quoi que l’on joue. Là donc dont on le faisait, la façon dont on l’interprétait. Tout cela comptait, il n’y avait pas que la soixantaine de notes, d’accords possibles. Il y avait le tempo, le rythme.

Et avant tout,

Il y avait

L’émotion.

6e Année - 17 ans - transgenre - Dynastie Blackbirds

07 nov. 2019, 11:24
La voix est la prison. La musique en est la sortie
Ça ne plaisait à personne, de terminer sur un échec. D’atterrir et de se casser une cheville. De tendre la main vers les étoiles tout en se sachant embourbé dans la gouttière. De peindre et faire dépasser, baver. Ne pas pouvoir réparer la faute et devoir rester, avec cet échec sur le papier, ou dans l’air.

L’autre, la corneille, n’avait pas supporté l’imperfection, le grotesque de cette note dissonante, qu’il avait laissé flotter par envie. Il s’était empressé de la diminuer, de la faire taire. De mettre du beau sur le monstrueux.
Lui, aurait bien aimé, que ça se finisse sur cette note qui n’avait rien à voir avec le reste. Sur ce contraste brutal, en échappatoire volontaire. Par l’affirmation de vouloir poursuivre la mélodie à deux, il se sentait de nouveaux pris au piège, un peu trop vulnérable. Il l’était, c’était évident, de par sa sensibilité et son incapacité fondamentale à ne pas être honnête. Mais tout ça, c’était de l’inconscient. Consciemment, il se devait de resserrer le corset des convenances. C’est lui, qui choisissait de le porter. Ce n’était pas pour que quelqu’un, une arriviste de corneille, vienne lui défaire ses nœuds.

Il l’observe, avec ce regard clair, ce mélange d’un bleu pâle et d’un vert d’eau. Une couleur glauque : les mêmes yeux que sa mère, que son grand-père, que son parrain. De même que ses boucles. Les preuves physiques qu’il était bien davantage un Rosenthal qu’un Lyndon.
Et pourtant, l’air froid d’une noblesse éprouvée depuis plusieurs siècles et le ton autoritaire qu’il adopte, avec une aisance propre à ceux qui savent et doivent imiter, ne cachent pas son héritage Lyndon.

« - Non. » Incisif, comme le verre qui se brise. « - Moi, je suis normal. » Chaque syllabe était articulée afin d’enfoncer cette idée dans l’esprit de l’autre qui avait osé dire quelque chose de profondément et intimement honnis. Il n’était pas différent. La différence, c’était pour les faibles, ceux qui ne parvenaient pas à s’adapter. Lui pouvait rentrer dans le moule. Il n’avait juste qu’à essayer plus, encore. Mais c’était possible.
L’autre, par contre : « - C’est toi, qu’est différent, avec ton toucher de corneille. »

Et c’était catégorique. Car il n’avait pas qu’à corriger et convaincre une seule personne, de sa profonde normalité. C’était les autres le problème, pas lui. C’est eux, qui sont étranges et différents.
Pas lui.

D’un geste automatique, il passa une main sur son cœur, frottant un peu le tissu qui le séparait de la peau, et la peau sous le tissu, qui le séparait de l’organe, avant de se lever, mesurant ses gestes, les calculant comme lors de ses cours de danse. Car il sentait bien, qu’il en avait trop dit, que l’autre voulait soulever le voile. Il sentait son regard et tâchait donc de se rappeler des postures et comportements de ceux qu’il observait lors des bals et des représentations. Pour paraître et effacer l’être.
Parce qu’il n’y avait, de toute façon, rien de plus à voir.

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