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12 mai 2020, 12:47
Les Cordes du Silence.


16 Novembre,
Salle de répétition.

@Deryn O'Connors


Les couloirs étaient glacials en ce mois de Novembre. Des arabesques de gel avaient commencé à se dessiner sur les vitres et l'air piquant était un appel muet aux Flocons à s'étendre sur le château et ses environs.

Elle avait laissé sans regret la salle commune chaude, peuplée de Joie, de conversations sur Noël et sur les vacances à venir pour la froideur des couloirs.
Les Mots l'avaient écœurée.
Encore plus depuis le début des Lettres.

Ces Lettres, chargées d'Orage.
Elles lui avaient fait si mal.
Et elles continuaient.
Ces Lettres, chargées de Mensonges.
Venant d'Eux bien sûr.
Mais d'Elle aussi.
Ces Lettres chargées de Menaces.
Des Mots qui cognent.
Qui la font coupable.

Alors elle était sortie pour se perdre dans le froid. Celui-ci l'engourdissait, ça faisait du bien. Il lui permettait d'oublier. Pas longtemps. Juste assez pour se calmer.
Sa main était cramponnée sur l'étui Noir.
Il lui faisait plus peur. Elle avait pas joué depuis longtemps, mais ce n'était qu'un détail.
Ses doigts danseraient bientôt avec autre chose qu'une Plume.
Une Plume qui lui arrachait le cœur à chaque fois qu'elle l'effleurait.

La salle de répétition semblait vide. Pas un souffle de vent. Pas un murmure. Juste elle.
Elle poussa les lourds battants avec son dos, et marcha jusqu'au centre.
Là, elle s'assit sur le sol de pierre froide, ouvrit l'étui.
Le bois foncé aux reflets d'or brilla fugacement à la lueur des bougies.

Elle sortit la résine, qui répandit son odeur de pin dans la salle froide.
Elle frotta longuement l'archet, perdue dans ses pensées.
Le vent claqua dehors.

Un sursaut.
Elle se dressa sur ses pieds comme un ressort.
Le cœur battant à tout rompre, elle place l'instrument sous son menton.
Son violon, puisqu'il fallait le nommer.
Il avait toujours été là.
Elle l'avait haït au début.
Haït au point qu'elle avait voulu le fracasser sur le sol.
*Le briser en morceaux comme son cœur. *
Mais à chaque fois que cette pensée venait, alors toute sa colère s'évaporait. Tout, jusqu'à la dernière once de haine et de rébellion. Il ne restait plus qu'un gouffre de tristesse à la place de sa poitrine.
Alors elle recommençait.
Encore et encore.
A se tordre les doigts sur des notes lointaines.
A se briser les os en un maintien d'archet douloureux.

Maintenant qu'elle était là, seule, dans cette salle avec le vent qui murmurait comme la Mer dehors, elle se sentait seule.
Seule, abandonnée.
Elle sortit d'un geste fluide sa baguette et ensorcela le piano et respira un coup avant de se lancer.

Alors les notes commencèrent à sortir.
Justes.
Simples.
Elles explosaient dans le silence.

*Danse Macabre*.
Un artiste Moldu l'avait composée, cette Danse.
Elle en avait assez de Danser.
Danser sur du papier.
Danser dans les flots d'élèves pour se frayer un chemin hors des salles de cours.
Danser au milieu de ses Cauchemars pour les fuir.

Y avait tout qui dansait.
Les flocons dans le vent.
Dansent.

Le Lac paisible caressé par le Vent.
Danse.

Ses Notes dans cette salle.
Dansent.


Alors elle oublia.
Elle oublia qu'elle était seule.
Elle oublia qu'elle était différente.
Elle oublia jusqu'à son nom.
Pour se perdre.
Se perdre pour toujours.
Dans cette Danse.
Dernière modification par Alison Morrow le 26 avr. 2021, 14:14, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

13 mai 2020, 23:15
Les Cordes du Silence.
Deryn trainait dans les couloirs. Les veracrasses étaient tous endormis maintenant. Elle avait le roman d'Edmund à lire mais pas l'envie dans l'immédiat. Prendre l'air lui aurait fait du bien, mais les bourrasques glaciales qui l'avait accueillie à l'entrée du château avait eu raison de sa motivation et elle arpentait désormais les couloirs endormis, emmitouflée comme rarement.

Alors qu'elle s'était perdue dans ces pensées, ce fut un bruit qui attira son oreille.
Non pas un bruit, un son.
De la musique ?
Ca faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas écouté de … musique…
Ca remontait à cet été, à la maison.

Tel un loup pistant sa proie, elle se mit à marcher à pas feutrés, s'arrêtant à chaque coin de couloir pour tendre l'oreille et débusquer la source de cette musique. Elle arriva près d'une porte entrouverte. Elle n'était jamais venue dans ce secteur du château ou en tout cas n'avait jamais poussé cette porte. N'osant pas entrer, elle s'adossa au mur près de l'entrée et ferma les yeux.

C'était du violon. En un instant, Deryn s'envola en Irlande, chez elle, dans le petit pub où elle se rendait avec ses parents. Les ambiances feutrées d'hiver où la joie semblait se refléter jusque dans les flammes de l'âtre. Ces moments en suspens quand une voix montait soudain, triste et profonde et où le violon semblait pleurer les larmes que les hommes autour retenaient. Elle revit ensuite les chaudes soirées d'été où tout le monde se retrouvait dehors pour rire et danser aux sons des cordes folles.

Deryn rouvrit les yeux. Elle se rendit compte que ses doigts dansaient comme si les cordes de sa harpe s'étaient trouvées là. Elle poussa un soupir et se pencha à l'intérieur pour voir qui jouait. C'était une Poufsouffle, une première année comme elle. Elles étaient ensemble en cours mais ne se connaissaient pas vraiment.

En silence elle resta l'observer un instant. Elle semblait ne faire qu'un avec son instrument, vibrant avec lui. Deryn sentit un petite pointe de jalousie poindre. Tout à coup, sa harpe lui manquait terriblement. Elle n'y avait pas pensé jusque là mais en voyant l'union entre la fille et son violon, elle sentit une boule se former au fond de sa gorge. La mélodie s'arrêta et Deryn, qui hésitait à disparaître comme elle était arrivée décida finalement de saluer sa camarade.

"Salut. C'était… beau ce que tu jouais. Tu le connais bien ton violon."

Poufsouffle vult !
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"Seul on va plus vite mais, ensemble, on va plus loin" #PouffyFamily

16 mai 2020, 10:09
Les Cordes du Silence.
Dernier mouvement de cette Danse.
Puis le Silence qui retombe, comme des feuilles soulevées par un coup de vent.
Elle l'écoute un instant, goûtant à sa simplicité.

Cette Danse l'avait replongée dans des Souvenirs qu'elle avait voulu oublié de toutes ses forces.
Maintenant, ses bras semblaient être devenus gauches et pendaient le long de son corps, l'un agrippant l'archet si fort que ses phalanges étaient blanches.
L'autre tenait délicatement le violon.
Une parfait image de son état d'esprit : apaisée par ce son et souffrant par les bribes de mémoires qui ne voulaient pas s'enfoncer dans les méandres de son esprits, loin sous la surface de sa conscience.

"Salut. C'était… beau ce que tu jouais. Tu le connais bien ton violon."

Une voix qui claque.
Elle brandit l'archet devant elle comme si c'était sa baguette.
Mais non. Elle ne pouvait rien faire avec.
Juste jouer.

Il ne lui permettra pas de se défendre.
Se défendre de qui?
Elle sait pas.

Elle sait juste que son cœur bat à mille à l'heure, comme s'il ne pouvait pas retrouver un rythme normal, que sa poitrine tremblait, comme trop chétive pour résister à l'action exercée par son cœur sur elle, que ses cheveux masquaient un de ses yeux, que l'autre flamboyait d'un mélange mesuré de peur et de colère.

Puis, elle la reconnait.
Une première année, elle aussi.
Une poufsouffle.

Qui a entendu.
Elle en train de jouer.
Elle a pourtant attendu la fin de son morceau.
Pourquoi est-ce qu'elle lui en veut autant?

Car t’espérais le calme.
Et elle a eu agitation.
Car t’espérais le Silence.
Et elle a eu bruit.
Car t’espérais une conversation seule.
Et l'autre est arrivée.

Mais, elle peut pas lui en vouloir d'avoir été attirée par la musique.
Elle connaît ce que ça fait quand on est trop longtemps séparé de ce qu'on aime.
*Ça fait mal.*

Alors, elle baisse lentement son archet.
Elle réprime le flot de Mots amers se pressant contre ses lèvres.

"Tu joues d'quoi toi?"

Si ça se trouve, elle joue de rien.
Non. Sinon elle serait pas venue.
T'en sais rien.
C'est vrai. Et elle s'en fout.
Tu vas la faire se sentir mal à l'aise.
Tant mieux. Comme ça elle pourra être de nouveau Seule.
T'es méchante. Comme Eux.
Eux sont pas méchants! La ferme!

Les yeux rivés dans ceux de l'autre, elle attendit sa réponse.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

17 mai 2020, 22:19
Les Cordes du Silence.
Au moment où la jeune fille se tourna vers elle, elle reconnut la violoniste mais son prénom refusait toujours de revenir. Deryn réfléchissait intensément… Elle devait connaître son nom, c'était obligé… Miss Morrow… Oui, c'est comme ça que les profs l'appelaient… Le prénom était sur le bout de sa langue… Alice ? Non ce n'était pas ça. Pourquoi diable n'arrivait elle jamais à retenir les noms dans ce château !

La réaction de la musicienne provoqua chez la petite irlandaise un léger mouvement de recul.
Visiblement, elle n'était pas d'humeur à partager sa musique. Brandissant son archet comme une arme, elle semblait se défendre face à l'intrusion de la petite brune. La boule qui s'était formée dans la poitrine de Deryn grossit encore un peu mais en même temps, elle ne savait rien de cette fille. Elle avait surement des raisons de ne pas vouloir partager cet instant. Cependant, elle avait posé une question alors, puisqu'elle l'avait de toute façon dérangée, autant prendre le temps de répondre.

- Je… Je fais… faisais de la harpe. Quand j'étais chez moi je veux dire. Mais depuis que je suis ici ben… je ne joue plus parce que ben… je n'ai pas de harpe dans ma malle. Mon grand frère jouait du violon. Parfois on allait au pub pour l'écouter participer aux sessions… C'était super.

Elle se tut un instant, à nouveau perdue dans quelques souvenirs, hésitant à partir. Mais, d'en parler, avait encore plus fait ressortir ce manque de musique qui s'était soudain révélé à elle quelques instants plus tôt. Elle sourit et ajouta, hésitante sur le seuil de la porte.

- Ce qui est drôle, c'est que je n'ai jamais touché un violon. Je n'avais pas le droit d'approcher de l'étui noir. Pourtant, lui, il jouait de temps en temps sur la harpe… Je… Je vais te laisser si tu préfères être tranquille. Merci pour… ce petit concert à ton insu.

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20 mai 2020, 09:39
Les Cordes du Silence.
Elle lui avait fait peur.
Elle l'avait vu dans ses yeux.
Elle l'avait vu dans son mouvement de recul qu'elle n'avait pas maîtrisé.
Et pour une fois, elle s'en fichait.
Elle en avait assez. Assez de tout, assez de respirer, assez faire vibrer les cordes, assez d'avoir mal, assez de faire du mal, assez de réfléchir, assez de courir sans but, les yeux aveugles pour essayer d'oublier ses cauchemars meurtris.

Puis l'autre se mit à parler.
Sa voix tremblait peut-être un peu.
Comme des Cordes.
Elle jouait de la harpe.
Cordes qui vibrent, aussi.
Elle aimait certainement battre la mesure avec son pied au rythme des violons.
Rythme des Cordes.

Maintenant elle avait mal.
Elle se rappelait la souffrance de jouer, la souffrance de devoir faire sortir une note juste de l'instrument creux, creux comme sa poitrine où son cœur sombrait un peu plus chaque jour, creux comme chaque Mot qu'elle disait pour assurer qu'elle allait bien, creux comme ses Nuits, depuis longtemps blanches et passées à veiller...
Veiller quoi, d'abord?
Rien de précis.
Juste un évènement qui n'arriva jamais.
Et elle continuait pourtant.

Mais maintenant, dans cette salle, avec cette fille, avec ses Mots, avec son histoire, avec le froid et le vent, elle pouvait comprendre.
Elle pouvait comprendre que la fille avait mal.
Mal car elle était séparée de son instrument.
Son cœur ne pouvait plus vibrer et battre avec les cordes.
Ses poumons respiraient un air vide de toute mélodie.
Ses pensées tournoyaient sans but, sans aucune note pour les guider.

C'est tout du moins ce qu'elle ressentirait si on la privait de son violon.
Personne n'avait eu le droit d'y toucher.
Personne n'y avait porté attention, chez elle.

Puis y a eu les Mots.
Les Mots qui lui transpercèrent le cœur, qui lui firent immensément regretter sa réaction.

- Ce qui est drôle, c'est que je n'ai jamais touché un violon. Je n'avais pas le droit d'approcher de l'étui noir. Pourtant, lui, il jouait de temps en temps sur la harpe… Je… Je vais te laisser si tu préfères être tranquille. Merci pour… ce petit concert à ton insu.

*Non!*
Elle pouvait pas partir maintenant!
Elle pouvait pas partir comme ça!
Elle pouvait pas!
Elle avait pas l'droit de lui faire ça!
Elle...Elle...

"Attends!"

Attends, parce que t'es la seule à qui elle peut parler.
Attends, parce qu'elle t'as fait mal.
Attends, parce qu'elle veut s'excuser.
Attends, parce qu'elle s'en veut.
Attends, parce qu'elle veut réparer.
Est-ce que tu peux comprendre ça, autre qui a entendu les notes?

"Attends, j'vais... J'vais t'montrer..."

Elle tendit l'archet vers la fille.
Vers Deryn.
Elle ne voulait plus s'en servir pour blesser.
Elle voulait réparer ce qu'elle avait fait.
Sinon, elle n'osera plus jamais la regarder.
Parce que tout aura été...
*De sa faute.*

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

20 mai 2020, 21:24
Les Cordes du Silence.
Elle sortit de la pièce en essayant de ne pas faire plus de bruit qu'elle n'en avait déjà fait. Elle franchit le seuil quand un cri la retint.

"Attends!"

Me montrer ? La petite brune fit des yeux ronds avant de faire volte face. Sa camarade lui tendait son archet. Deryn était médusée. Elle allait vraiment lui montrer ? Un sentiment de soulagement et une gratitude immense envahirent Deryn. Elle se sentait soudain légère comme un ballon, presque des larmes au bord de ses yeux.

"C'est ... C'est vrai ? Vraiment ? Tu me montrerais ?"

Elle se dirigea vers la violoniste, hésitante. A quelques pas de l'instrument et de sa maîtresse, elle s'arrêta impressionné. Elle observait l'objet. Car oui, c'était un objet, même si c'était aussi bien plus. Deryn essaya de définir plus précisément ce qu'était son instrument à ses yeux... Presque un être vivant... Ou peut être une petit bout d'elle même.

"Quand as-tu commencé à apprendre à jouer du violon ? Moi c'est ma tante qui m'a appris à jouer de la harpe. J'ai commencé quand j'étais petite. Je jouais sur sa harpe à elle au départ."

Elle se tut un instant, perdue dans les courbes du violon. Un silence un peu long mais qui ne la gênait pas. Quand elle partait avec son frère en randonnée, tous les deux restaient parfois silencieux pendant de longues périodes écoutant seulement le bruit du pas des chevaux, le grincement des cuirs, la respiration des uns et des autres. Elle aimait ces silences qui en apprenaient parfois plus qu'on ne le pensait.

"Tu crois que tu pourrais m'apprendre à en jouer ? Enfin à essayer d'en jouer !"

Tout à coup son cœur s'allégea, un sourire fendit son visage et elle se mit à rire doucement.

"Je suppose qu'on ne dompte pas un violon en quelques leçons. Il doit falloir des heures et des heures de grincements douloureux."

Elle sourit à Alison… Oui… c'était ça son prénom. Pas Alice. Alison.

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22 mai 2020, 15:49
Les Cordes du Silence.
Elle retenait son souffle, son archet tendu, les yeux suppliants, le cœur au bord des lèvres.
Fallait que Deryn se retourne.
Fallait qu'elle se retourne.

Les pas...Ils s'arrêtèrent, enfin.
La jaune fit volte-face, la surprenant presque, mais permettant au filet d'air qui gonflait ses poumons de s'échapper par sa bouche entrouverte.

"C'est ... C'est vrai ? Vraiment ? Tu me montrerais ?"

Le Soulagement l'empêchait de faire un geste de plus.
Elle était figée dans cette position, osant à peine respirer pour ne pas briser les Mots qui flottaient encore dans les airs.
Ils décidèrent cependant de se poser doucement devant elle, à ses pieds, luisant à la faible lueur des bougies.

Elle hocha la tête timidement, n'osant plus ouvrir la bouche de peur que les Mots ne sortent, ne blessent et détruisent.
Elle voulait pas faire ça.
Pas cette fois.

"Quand as-tu commencé à apprendre à jouer du violon ? Moi c'est ma tante qui m'a appris à jouer de la harpe. J'ai commencé quand j'étais petite. Je jouais sur sa harpe à elle au départ."

Une famille aimante, qui l'aidait, la guidait, l'admirait dans ses progrès.
Voilà à quoi avait dû ressembler le passé de la Jaune.
Elle serra fort les lèvres pour retenir la tornade de Mots gonflant ses poumons, guidés par Jalousie, qui lui faisait serrer les poings jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanche, aiguisait ses Paroles et ses Pensées, faisant brûler ses yeux de flammes incandescentes.
Elle avait pas connu.
Normal.
Elle était différente d'Eux.
ils avaient raison de la traiter comme ça.
Elle n'avait que ce qu'elle méritait.

Elle repensa aux Lettres qui lui faisaient si mal jour après jour, brûlantes de haine et d'espoirs tués dans l’œuf, flamboyantes de courage et d'autorité, augmentant la brisure de la chose battant de plus en plus faiblement chaque seconde sous sa poitrine.

La jaune avec elle voulait apprendre à jouer. A jouer de son violon.
Le reste de son cœur parti en cendres qui s'envolèrent avec le vent.

Quand elle lui plaça l'archet dans la main et le violon sous le menton avec délicatesse, elle se rendit compte de ce qu'il était pour elle.
Il était elle.
C'est pour ça que tout le monde s'en foutait.
C'est pour ça que seule grand-mère s'en occupait.
C'est pour ça qu'elle s'entendait aussi bien avec lui.
Car lui aussi, il l'était.

*Rien*


"T'attends pas à réussir. Y aucune chance."

Les Mots étaient de nouveau blessants, mais dit avec un calme encore pire que s'ils avaient été hurlés. Son visage de marbre regardait simplement le bois doré briller dans d'autres mains que les siennes, l'archet mal empoigné.
Il fallait du temps pour le dompter.
Du temps et des Larmes.
Du temps et des Pensées Noires.
Du temps et un Cœur Vibrant de Douleur.

C'était ce qu'elle avait.
C'était ce à quoi était nourri son violon.
Mais et la Jaune? Si elle lui faisait découvrir la Joie? S'il voulait plus revenir?

Peur tournoyait à présent, l'enveloppant de ses ailes d'obscurité, lui montrant tous les Cauchemars dissimulés par des Ombres pires encore.
Elle secoua ses longs cheveux pour les faire retomber devant sa tête, tandis qu'elle plaçait les doigts de la Jaune sur l'archet.
Tant pis si elle les lui tordait.

Le pouce, en dessous. Le majeur en face. L'annulaire sur la partie en noire. L'auriculaire au-dessus de l'archet. L'index au milieu.
C'était dur. Ça faisait mal. C'était son instrument.

Elle plaça l'autre main sur les cordes, paume vers le haut soutenant la touche, elle les écarta pour jouer un la, en espérant que celui-ci ne sonnerait pas trop faux.

Elle prit la main tenant l'archet et la fit glisser délicatement sur les cordes, sans trop appuyer, aussi vif qu'un souffle de vent.

Le son explosa dans le Silence qui s'était installé.
Les cordes vibrèrent longtemps sous ses doigts et ceux de la Jaune.
Puis elle lâcha le tout, d'un coup, brûlée par les reproches que lui adressait son violon, par le biais des Ombres.

Elle sentait ses doigts trembler, mais ses pensées étaient loin, assaillies par des nuées d'oiseaux Noirs croassant des Mots aussi aiguisés que des Lames.

"Vas-y..."

Une prière. Un murmure.
Vas-y...
Prouve-lui qu'elle fait pas une erreur.
Vas-y...
Prouve-lui qu'elle peut résister aux Ombres.
Vas-y...
Prouve-lui qu'elle n'a pas abandonné son instrument.
Vas-y...
Prouve-le lui...
*S'il te plaît...*

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

23 mai 2020, 12:00
Les Cordes du Silence.
Deryn se laissa faire tendit qu'Alison lui plaçait les doigts correctement sur ce bel instrument.
Dis donc, il en fallait de la souplesse.
Quand Le son jaillit, elle sursauta presque.
C'était étrange de ressentir le son de cette manière.

Elle sourit, hésitante sur la marche à suivre une fois que sa camarade se fut reculée un peu.
Elle frotta timidement l'archet à nouveau sur les cordes.
Tout doucement.
Elle les effleurait à peine de peur de faire une bêtise.
Le faible son la rassura et elle recommença l'exercice en y mettant un peu plus de conviction.

Des sons sortirent mais pas des notes, loin de là.
La résonnance dans son bras surprit la petite brune.
Elle remarqua qu'Alison semblait étrange.
Peut être avait elle peur pour son instrument.
Deryn avait elle-même si peur de l'abimer d'une façon ou d'une autre sans le vouloir.
Elle ne voulait pas garder trop longtemps ce trésor.
Elle tira doucement le violon de sous son menton et le tendit délicatement à sa propriétaire.

"Merci. Je suis contente d'avoir essayer au moins une fois. Peut être qu'un jour, j'apprendrai à en jouer. J'ai toujours aimé le son du violon. Par contre c'est drôle… Moi, quand je joue de la harpe, le son sort par en dessous et résonne dans mon ventre et ma poitrine. Je peux poser mon oreille contre le bois près de mon épaule. J'ai l'impression de la tenir dans mes bars, presque de lui faire un câlin. Avec le violon ça résonne dans mon bras. Et mon menton semble vouloir vibrer. C'est amusant de voir comme chaque instrument respire de façon différente."

Elle se tut un instant, cherchant les mots et les yeux d'Alison pour la remercier et lui faire comprendre à quel point elle était toucher par son geste généreux. Finalement, ce fut simplement :

"Merci. Vraiment."

Les grands discours n'étaient pas sa spécialité.

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25 mai 2020, 17:50
Les Cordes du Silence.
Un petit sourire sur les lèvres de la Jaune.
Il lui fendit le cœur.
Elle semblait émerveillée par l'instrument, ses reflets, ses sonorités.

Puis lorsque le son jaillit de nouveau, vacillant, un peu effrayé, Alison ne put retenir son coeur de sombrer dans les souvenirs.
C'était exactement le même son discret et timide que lors de ses débuts.
Souvent après ce son, il y avait les Larmes.
Il y avait les Disputes.
Il y avait les Mensonges.
Il y avait la Colère.

Mais ici, ce son prenait un sens tout autre.
C'était comme une découverte, lente et assurée.
Elle ne pouvait s'empêcher de se dire que la Jaune faisait bien de ne pas appuyer l'archet de tout son poids contre les cordes. Il n'en sortait alors que du Silence.

Les sons, tels des nouveaux-nés fragiles, s'évanouissaient rapidement dans les airs. Parfois, un semblant d'écho suffisait à les ramener.
Ils se répercutaient alors, se mêlant entre eux, deux timbres totalement différent, formant des dissonances exquises, semblable à celles des chœurs de cathédrales.

Puis, elle vit brusquement le violon se matérialiser sous son nez.
Ses pensées avaient suivi le cheminement des bribes de Notes de son violon, les avaient regardé flotter dans les airs, mais avait oublié qu'il ne jouait pas seul.

Elle le reprit avec un petit sourire, le tenant contre sa poitrine pour entendre les battements de son cœur résonner faiblement dans le violon, remontant le long de ses doigts, chaleureux.
C'était comme étreindre quelqu'un, de pas totalement vivant mais dont il subsistait un sursaut de Vie suffisant pour faire battre un cœur.
*Battre?*
*Abattre.*

Pour faire abattre un cœur.

Ses yeux se rembrunirent.
Comme toujours, les Mots aimaient se compléter et briser ses seuls instants de Paix.
Comme toujours, les Mots blessaient et riaient de leur réussite.
Comme toujours, les Mots...

"Merci. Vraiment."


Ceux-ci explosèrent dans le Silence.
Elle ne s'était pas rendue compte que la Jaune avait parlé un long moment, sur les notes et les instruments.

Seul un était resté gravé dans sa mémoire.
*Respiration.*
C'était évidement primordial pour bien jouer.
C'était évidement primordial pour vivre.
C'était évidement primordial pour trouver la Paix.

Mais ici, il prenait un tout autre sens.
Les cordes éteintes vibraient légèrement des battements de son cœur.
Un léger son, inaudible.
Il respirait, son instrument.
C'était une partie d'elle, la plus belle certainement, la seule dont on pouvait admirer sans crainte la beauté.
Il était son opposé : fier, magnifique, captivant de par ses Notes, droit dans son maintien, élégant par ses courbes, ses intonations douces forçaient le respect et l'admiration.

Puis une vérité la frappa.
La Jaune.
Elle respirait plus.

Elle a plus...
...Son instrument.

Il lui manque...
Une partie d'elle.

Elle l'est...
Brisée.


La Curiosité prit le dessus des pensées tourbillonnant dans sa tête.
Elle allait blesser.
Elle allait faire mal.
Elle n'allait pas épargner.

"Il... Il est où, l'tiens? Pourquoi t'as abandonné l'tiens?"

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29 mai 2020, 00:17
Les Cordes du Silence.
Le mien ? Mon violon ? Mais je n'en ai pas. Sans quitter le bel instrument des yeux ni sont demi sourire elle tente de comprendre ce que lui demande sa camarade car… ça ne peut pas être ça. Son cerveau finit par faire la connexion voulue. Son instrument. Et bien… Il est… à la maison. A Moycullen. Probablement dans le coin du salon, loin de la cheminée et de la fenêtre pour éviter que les cordes ne se tendent ou ne se détendent de trop comme ça, l'accord est moins long. En même temps, vu que personne n'en joue, l'accord sera à revoir.

"Ma harpe est restée chez moi.
J'ai… J'étais partie en vacances chez mes grand-parents quand j'ai reçu ma lettre.
Ils habitent Londres.
Du coup, je ne suis pas repassée par la maison. J'habite du côté de Galway.
Mes parents m'ont envoyé quelques trucs par hiboux mais une harpe…
Tu imagines le pauvre hibou avec une harpe accrochée aux pattes. Parce que même si ce n'est pas une harpe classique avec pédales et tout, c'est quand même un peu grand.
Il faudrait une nuage de hiboux… Pas très discret…
Ca me manque la musique. Je ne m'en étais pas rendu compte jusque là. Mais en t'écoutant…
Je crois que de te sentir en harmonie avec lui, j'étais… "

Elle fit une grimace avant de se moquer d'elle même.

"J'étais jalouse je crois. C'est un peu stupide hein ?
Tu accepterais de m'apprendre quelques trucs au violon un jour ?
Peut être que je pourrais en emprunter un à quelqu'un.
C'est surement plus facile à trouver dans une malle qu'une harpe. "


Elle observa sa camarade, les yeux plein d'espoir mais se demandant si Alison avait vraiment envie de partager ça.

"Après ne te sent pas obliger hein. Je comprendrais très bien que tu veuilles garder ces moments là pour toi… "

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