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12 juin 2020, 17:00
Un piano malicieux
@Eldarya Gwyneth

Joy était assise sur un tabouret, seule dans la salle de répétition. Elle avait attendue qu'il n'y ait personne, elle n'aimait pas être entendue quand elle jouait, surtout par des inconnus.

Les avantages de Poudlard c'était qu'il y avait une salle de musique avec un magnfique piano à queue, majestueux au son plus que mélodieux. Elle était fière de jouer sur un tel instrument qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir toucher un jour.

Ses doigts dansaient sur l'instrument, appuyant sur les touches de plus en plus vites, de plus en plus forts. La musique envahissait la pièce qui était, il y a quelque minutes encore, silencieuse. La mélodie envahissait son corps, transcendait son être et coulait dans ses veines. Elle ferma les yeux, laissa la musique l'envahir complètement, ne faisant plus qu'un avec l'instrument.

Elle jouait la neuvième symphonie de Beethoven. Aussi appelé hymne à la joie. Elle ne jouait que la partie du piano, imaginant sans mal les autres instruments de l'orchestre autour d'elle. Elle aimait cette musique, c'était celle-ci qu'elle avait entendue en premier, celle qui lui avait fait découvrir le monde classique et romantique.

La mélodie était entraînante, pleine de joie et de paix. Typiquement le genre de musique qui n'allait pas avec la personnalité de Joy. Pourtant elle adorait cette musique, sans comprendre pourquoi. Elle ne se reconnaissait pas dans ce morceau mais il lui apportait quelque chose dont elle avait besoin : l'espoir.

《Personne ne remarque ta 𝐭𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬𝐬𝐞, personne ne remarque tes 𝐥𝐚𝐫𝐦𝐞𝐬, personne ne remarque ta 𝐝𝐨𝐮𝐥𝐞𝐮𝐫.
Mais tout le monde remarque ton 𝐞𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫.》

14 juin 2020, 20:13
Un piano malicieux
@Joy Turner
décembre 2044

Le Parc, la Tour d'Astronomie, la salle de Répétition. Trois lieux qui m'animent le coeur et l'esprit de façon incroyable.
Aujourd'hui, mes pas me mènent à la salle de Musique. La Musique. Cette âme, cette entité, pour moi c'est une personne à part entière. Elle me transcende, me parcourt le corps et m'englobe par tous les interstices. Je la vis, constamment.
Elle me rend triste, elle me rend heureuse. Elle me rend.
Sans elle, aucune émotion, aucune vie.
Je pense donc je suis ? Non. J'écoute donc je suis.

On dit que la Musique commence là où s'arrête le pouvoir des Mots. Elle a toujours commencé, pour moi. Les mots ni les gestes n'ont de valeurs à mes yeux.
Je resterai neutre à une insulte. Je resterai neutre -je crois- à une déclaration.
Je ne pleure pas ni ne ris à l'entente de paroles.
Mais j'ai déjà inondé mon visage de larmes à l'écoute d'une Musique. Telle est ma vie. Les Autres n'ont aucun pouvoir sur moi.
Sauf s' Ils s'en servent...

Je l'entends, cet air connu. Cet air "joyeux".
Mes pas se stoppent. Et je suis pétrifiée.
Pétrifiée à l'idée que des émotions telles que celles que je ressens à ce moment, puissent m'envahir.
Pétrifiée à l'idée qu'une personne puisse me rendre si... *je ne trouve pas de mot adéquat*

Il n'est pas joyeux, cet air. Des images étranges s'allient entre elles dans mon esprit. Je ne sais pas ce que je vois. Des choses heureuses. Je vois une femme assise à son piano, elle me regarde, immensément sublime. Et je souris.
Je souris
Comment puis-je avoir l'air si heureuse ?
Je ne souris jamais
Alors pourquoi, là, dans des souvenirs que je n'ai pas, je le suis ?
Non, ça n'a pas de sens.

Une goutte, puis une autre, tombent sur ma robe. Je... *je pleure*
Ma main monte à hauteur de mon visage et essuie ma joue... trempée. *pourquoi ?*
Je la regarde, perplexe. Je ne comprends pas.
Mais plus la mélodie se mure dans mes tympans, plus les images étranges s'impriment dans mon esprit. Et plus mes yeux deviennent flous. Il faut que ça s'arrête.

Je retrouve l'usage de mes jambes, et j'entre dans la salle. Une personne est assise devant le piano et ses doigts courent sur le clavier. Je ne la regarde pas. Je ne veux pas savoir qui elle est, je m'en fous.
Juste, laisse-moi en paix. Tais-toi.

Je lui tapotte l'épaule. Qu'elle sursaute ou pas, je m'en fous.
Je pose mes yeux inondés de larmes sur son visage sans la regarder. Mon visage n'exprime rien, seules les larmes me trahissent. Qu'elle me prenne pour une tarée, je m'en fous.

« Arrête. »

Aucun autre mot, aucune autre pensée ne me vient à l'esprit ni ne peut traverser mes lèvres.
Qu'elle s'énèrve, je m'en fous.
Moi, je veux juste que ces images disparaissent à jamais.
Ce n'est pas Moi.

Je n'suis qu'une Ombre. Mais les étoiles peuvent pas briller sans ténèbres.

15 juin 2020, 23:50
Un piano malicieux
Joy était plongée dans sa musique. Elle ne faisait plus qu'un avec le piano. Seuls ses doigts semblaient animés, le reste de son corps était immobile, comme inhabitée. Les yeux clos, la mélodie m'envahissait et le monde avait disparu.

Aussi n'entendit elle pas la porte s'ouvrir et quelqu'un venir. Absorbée par son jeu, elle ignorait que quelqu'un venait de pénétrer dans la salle. Que quelqu'un venait d'entrer dans sa bulle intime, que quelqu'un venait de lui voler le son de sa musique sans son autorisation.

Elle mettait toute son âme dans son jeu. Soudain, elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle sursauta, causant quelques désagréables fausses notes dans son jeu qui était encore parfait il y avait à peine quelque secondes et que cette fille venait de gâcher.

Elle se tourna vers l'intruse, bien décidée à lui faire passer l'envie de l'interrompre alors qu'elle jouait. Mais elle se figea. Elle s'était attendue à voir un préfet la reprimandant d'être ici ou un autre élève qui viendrait réclamer le piano. Ou à n'importe quoi d'autre que ce qu'elle avait sous les yeux.

Une fille brune portant un uniforme de Serdaigle la fixait. Elle était impassible, le visage froid. Joy avait l'impression d'être face à une statue. Froide et figée, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Pourtant son visage de glace était taché de larmes. Et ses yeux semblaient rougis.

Joy ne comprenait pas : est-ce que c'était elle qui l'avait fait pleurer ? C'était étrange car cette musique n'était pas le genre à faire pleurer. Jouait-elle si mal ? Non, la fille aurait été énervée pas aussi... bouleversée. Joy n'arrivait pas à saisir ce qu'il se passait. L'incompréhension se lisaient dans ses yeux noisettes.

Avant qu'elle n'ai pu dire quoi que ce soit, l'inconnue dit d'un ton ferme :

- Arrête.

Joy fronça les sourcils. Qui étaient cette fille pour lui demander d'arrêter de jouer comme ça, sans même un bonjour ou un s'il-te-plait. Sans aucune raison, juste comme ça.

Cela ne ressemblait pas à une tentative de l'embêter puisque la fille avait vraiment l'air d'avoir été touchée par la musique. Mais Joy détestait qu'on lui donne des ordres, encore plus quand il n'y avait pas lieu d'être. Et que cette fille qu'elle ne connaissait ni d'Adam ni d'Eve lui ordonne d'arrêter ne lui donnait envie de ne faire qu'une seule chose : continuer à jouer.

- Et je peux savoir pourquoi ? demanda Joy sur un ton légèrement défiant.

Elle laissa tomber ses doigts sur le clavier, provoquant un bruit chaotique puis posa sur ses mains sur ses hanches. Non, elle n'allait pas se laisser faire.

《Personne ne remarque ta 𝐭𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬𝐬𝐞, personne ne remarque tes 𝐥𝐚𝐫𝐦𝐞𝐬, personne ne remarque ta 𝐝𝐨𝐮𝐥𝐞𝐮𝐫.
Mais tout le monde remarque ton 𝐞𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫.》

23 juin 2020, 23:13
Un piano malicieux
Pourquoi ?
Oui, pourquoi cette réaction ? Moi-même je n'y comprends rien.
Et pourtant, tout ce que je sais, c'est qu'elle doit arrêter de jouer. Vraiment.

Tout ce que je sais, c'est que quand la mélodie s'arrête, les images s'arrêtent. Et c'est tout ce que je voulais. Ne plus connaître cette incompréhension.

« C'était quoi ? »

Je ne réponds pas à sa question et je passe le revers de ma manche sur mes joues et mes yeux pour me nettoyer en reniflant légèrement.
Quelle étrange réaction.
Je connais cet air, bien sûr que je le connais. Cet air, cette mélodie tant connue. Bien sûr.
Pourtant tout s'embrouille dans ma tête, toute la Musique s'embrouille dans un concert symphonique sans queue ni tête.

Soudain je réalise.
Me mettre à la place des Autres ? Très peu pour moi. Et pourtant je sais les sentiments que l'on peut ressentir face à une condescendance telle que j'ai pu montrer.
Qu'ils se la prennent en pleine tronche, mon arrogance. Mais pas entre Maîtres de la Musique.
Alors, je réalise.
*ne t'excuse pas*

« Tu joues bien. Mais pas ça. Pas cette Musique. Je ne veux plus jamais l'entendre. »

Presque froide, je ne sais pas si cette réponse, n'argumentant en rien ma réaction face à cette pauvre fille, la satisfera.
Je m'en fiche.
Qu'elle me frappe, je l'ai déjà dit.

« Pourquoi ça existe ça... Joyeux, à d'autres. »

Murmure adressé au Vide, le regard fuyant et les bras croisés sur ma poitrine. Je reste face à elle, face à l'Instrument.
J'ai envie de jouer, pour me changer les idées.
Mais la place est prise.


Navrée pour l'attente, @Joy Turner
Ma couleur est #58A1D9 , si jamais tu souhaites me citer ~

Je n'suis qu'une Ombre. Mais les étoiles peuvent pas briller sans ténèbres.

24 juin 2020, 11:36
Un piano malicieux
Pas de problème pour l'attente et merci pour ta couleur ;)


Cette fille ne répondit même pas à sa question, elle ne semblait même pas savoir elle-même la réponse. Joy soupira. Qui était cette fille étrange ?

- C'était quoi ?

Quoi quoi ? La musique ? Elle ne la reconnaissait peut-être pas, Beethoven était un moldu après tout. Mais pourquoi s'en préoccupe-t-elle ?

- La neuvième symphonie de Beethoven, répondit-elle. Tu comptes partir ou continuer à m'empêcher de jouer ?

Elle était vraiment remontée contre cette fille. Qu'on l'interrompt en plein jeu était une de choses qui pouvait lui faire péter un câble. Encore plus quand on avait aucune raison valable de l'interrompre. Rajouter à ça le fait que cette fille lui donnait des ordres et on avait la recette parfaite pour mettre Joy en rogne.

- Tu joues bien. Mais pas ça. Pas cette Musique. Je ne veux plus jamais l'entendre, dit elle froidement.

Cette fille ressemblait à un robot, sèche et froide. Joy comprenais pas en quoi cette musique en particulier la gênait. Peut-être qu'il y avait une signification cachée pour elle ? Peut-être qu'elle lui rapellait un moment de sa vie qu'elle préfèrait oublier ? La Gryffondor connaissait ça. Les musiques faisaient revivre des souvenirs. Entendre la lettre à Élise, la musique favorite d'Harper et qui passait à son enterrement la faisait pleurer comme jamais elle ne pleurait.

Mais Joy n'avait pas envie de se montrer empathique et compatissante. Cette fille s'était permise de l'interrompre sans même s'excuser et voilà qu'elle devrait compatir ? Non. Elle n'allait pas se laisser marcher sur les pieds aussi facilement.

- Mais t'es qui toi ?

Le mépris. C'était la carapace la plus épaisse. Quand Joy ne comprenait pas, quand elle ne voulait pas comprendre... elle se cachait derrière un masque de mépris. C'était sa façon de se protéger, de ne pas paraître faible.

La fille avait les bras croisés et regardait ailleurs. Elle semblait vraiment mal malgré le masque de froideur qu'elle portait. Ainsi, Joy et elle partageait ça... les masques. La Gryffondor l'entendit murmuré quelque chose pour elle-même. Elle n'y prêta pas attention. Si elle voulait l'insulter, elle n'avait qu'à le faire. Ce serait toujours plus clair que sa froideur mélancolique.

《Personne ne remarque ta 𝐭𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬𝐬𝐞, personne ne remarque tes 𝐥𝐚𝐫𝐦𝐞𝐬, personne ne remarque ta 𝐝𝐨𝐮𝐥𝐞𝐮𝐫.
Mais tout le monde remarque ton 𝐞𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫.》

01 juil. 2020, 23:38
Un piano malicieux
Beethoven, évidemment. Comment ai-je pu ne pas le savoir ?
Je ferme les yeux et soupire doucement. Mais quand mes paupières se referment, les images reviennent à moi. Elles existent, maintenant. Elles sont là, ancrées dans ma mémoire.
Inconnues. Erronnées. Elles ne sont pas à moi et pourtant elles m'envahissent.
Je secoue la tête comme si le mouvement pourrait m'en défaire *impossible*.

L'Autre souhaiterait que je m'en aille, et je ne peux que la comprendre.
Elle m'en veut de l'avoir dérangée, et je ne peux que la comprendre.
Et pourtant, je n'ai pas envie de m'en aller. Pas encore.

« Mais t'es qui toi ? »

Froideur, mépris, haine camoufflée.
Évidemment.
Que répondre à ça ?
Les bras toujours croisés sur ma poitrine, j'entrouve les lèvres pour parler mais ne laisse passer qu'un souffle. Tout est dit : je ne sais pas quoi lui dire.
*ne t'excuse pas*
Et pourquoi pas ? Après tout, je suis la fautive. Si les rôles étaient inversés, je serai sans aucun doute beaucoup plus froide et condescendante qu'elle ne l'est avec moi en ce moment.
Alors, pour une fois, je ravale me fierté.
Mon ton ne se fait pas plus chaleureux pour autant. Je suis qui je suis.

« Je suis la personne qui t'a dérangée et je m'en excuse. Vraiment. »

Elle possède des yeux qui ne m'ont pas l'air factices ; elle s'appercevra donc d'elle-même à quelle Maison j'appartiens. Si cela l'intéresse.
Je renifle à nouveau et soupire.
J'ai besoin de me changer les idées, et pour ça, une seule solution. Une seule.

« Est-ce que t'as fini ? J'ai besoin de jouer. »

C'est ça, un besoin. Il faut que je le fasse.
Trouver une échappatoire
Partir loin d'ici
Parcourir le Monde musical

C'est là tout ce que je souhaite.


@Joy Turner

Je n'suis qu'une Ombre. Mais les étoiles peuvent pas briller sans ténèbres.

12 juil. 2020, 00:32
Un piano malicieux
@Eldarya Gwyneth désolée du retard.


Joy voyait à quel point la jeune fille semblait triste. Elle avait l'air perdue, presque en lutte mentale contre quelque chose que la Gryffondor ne comprenait pas. Pourtant elle sentait que cette fille avait des problèmes et elle ressentit une étrange once d'empathie pour cette fille. Et surtout une curiosité quand à pourquoi une musique la mettait dans un tel état.

Elle sembla hésiter avec de répondre à sa question. Elle finit par murmurer quelque chose qui ressemblait plutôt à des excuses. Ce n'était clairement pas la réponse que Joy attendait vu qu'elle ne savait toujours rien de plus sur cette fille bizarre. Elle s'était attendue à ce qu'elle quitte la pièce après cela mais elle resta là, à regarder Joy de ses yeux noisettes glaçants.

- Est-ce que t'as fini ? J'ai besoin de jouer.

Elle ne manquait pas de culot quand même ! L'interrompre en plein morceaux et lui demander d'arrêter sans même expliquer pourquoi, rester froide et distante sans même donner son nom et finalement lui demander à elle de partir. Joy pinça ses lèvres entre elles, elle n'avait aucune envie de laisser cette fille gagner.

À partir du moment où elle l'avait interrompue, Joy avait vu ça comme un affront. Elle était entrée en guerre avec la Gryffondor et combattive comme elle était, il était hors de question qu'elle abandonne et leve le drapeau blanc. C'était sa bataille, le piano était son élément et personne n'avait le droit de lui demander de partir.

Joy ne reculait jamais devant un défi. Elle n'allait pas faire exception pour cette fille bizarre.

- Non. Je n'ai pas fini, répondit-elle sèchement.

Elle posa ses doigts sur le clavier et voulut reprendre l'ode à la joie pour provoquer la fille mais elle n'eut curieusement plus le cœur à ça. Comme si elle se rendait compte que ce morceau faisait trop de mal à l'autre pour qu'elle puisse volontairement le jour devant elle sans avoir de remords.

Alors elle continua sur sa lancée de Beethoven et interpréta les premières notes de la sonate au clair de lune. Elle était gênée par la présence de cette fille mais rapidemment, elle oublia totalement le monde autour et se laissa plonger dans la musique.

《Personne ne remarque ta 𝐭𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬𝐬𝐞, personne ne remarque tes 𝐥𝐚𝐫𝐦𝐞𝐬, personne ne remarque ta 𝐝𝐨𝐮𝐥𝐞𝐮𝐫.
Mais tout le monde remarque ton 𝐞𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫.》

20 juil. 2020, 19:59
Un piano malicieux
Évidemment qu'elle ne veut pas. Évidemment.
Pourtant, moi j'en ai envie.
Je soupire et clos mes paupières. En même temps, j'aurais répondu de la même manière, à sa place. Ou je n'aurais même pas répondu du tout, une personne comme je suis actuellement ne m'aurait tout bonnement pas inspiré confiance. Elle m'aurait fait peur. Elle m'aurait énervée.
Mais ce n'est pas la question.

Cette fille, cette gryffondor, elle est à ma place. Une place qui me revient de droit, surtout en ce moment. C'est comme ça, et pas autrement.
Je fronce les sourcils et croise mes bras contre ma poitrine.

J'avance d'un pas. Mes lèvres s'entrouvrent pour exprimer mon mécontentement. Mais l'Âme de cette fille s'envole, à ce moment précis. La Musique revient. Alors mes mouvements se stoppent et je déglutis, apeurée.
Je ne sais pas si une musique m'a autant mis dans cet état. J'ai peur de ce que je vais ressentir. Effroi, peur, crainte, terreur... Tant de synonymes pour exprimer un même sentiment. Un sentiment froid, absurde. Un sentiment qui ratatine la fierté et la confiance en soi.
Je ferme les yeux et grimace.

Mais ce n'est pas l'Ode à la Joie que j'entends. C'est une mélodie bien plus mélancolique, triste, sombre.
Alors, finalement, je renais.
Un Clair de Lune.
Magnifique

Je m'assois au sol et m'adosse contre le pied du piano, posant mon crâne sur l'instrument ébène.
Je n'ai pas l'habitude d'écouter d'Autres jouer. C'est moi, que j'écoute d'habitude. Mais être spectatrice est une immense opportunité. Le Rêve, l'Apaisement, la Douceur.
Cette mélodie sombre me transperce. Elle m'envahit de toutes ses notes, toutes ses Âmes. Et je L'aime.

L'élève de Beethoven s'arrête finalement, laissant traîner l'écho des dernières notes. Et... C'est à ce moment là, quand je passe une paume sur ma joue. C'est à ce moment là que je vois de l'eau briller sur ma peau.
La Pluie de mes yeux. Elle a coulé, encore. *pourquoi ?*
Je ne le saurais jamais. Je ne sais pas si j'ai envie de le savoir.

« Tu le vois, toi aussi, le Clair de Lune ? »

Une étrange manière de dire qu'elle joue bien, cette fille que j'ai dérangé et qui m'en veut.
Étrange, oui, c'est ce que je suis, aux yeux des Autres. De tout le monde. De moi-même.
C'est si beau, d'être étrange. Dans un monde si normal.


@Joy Turner

Je n'suis qu'une Ombre. Mais les étoiles peuvent pas briller sans ténèbres.

24 août 2020, 20:06
Un piano malicieux
Les doigts de Joy se remettent à leur danse et elle se laisse emporter par la musique. Les yeux clos, elle se sent totalement envoûtée par la mélodie. Les notes arrivent en vagues comme si elles s'ecrasaient contre une petite barque qui voguait doucement sous un romantique clair de lune. La douceur, la mélancolie, l'amour et la tristesse de la musique résonnait en elle.

Il lui sembla qu'une larme coula le long de sa joue pour tomber sur une touche blanche. Elle n'y fit pas attention. Elle était submergée par la musique, ses doigts dansant sur l'instrument. Elle ne pensait plus à rien si ce n'était aux notes qui s'enchaînaient.

Quand la sonate fût terminée, elle sentit ce sentiment de béatitude et de passion la quitter, comme à chaque fois qu'un morceau qu'elle jouait s'achevait. Joy tourna la tête. Et alors seulement elle remarqua que la fille était toujours là. Elle aurait cru qu'elle serait partie au début de la musique mais elle l'avait écouté.

D'abord cela l'énerva. Elle n'aimait pas qu'on l'écoute, encore plus en douce. Sa musique c'était un bout de son âme, elle n'aimait pas partager cela aux autres. Mais sa colère fâna vit quand elle remarqua que la jeune fille semblait troublée, comme si la mélodie l'avait touchée au plus profond d'elle-même.

- Tu le vois, toi aussi, le Clair de Lune ?

Elle sourit. Évidement qu'elle le voyait. Elle voyait tout ! Du clair de lune à la barque sur le lac en passant par les étoiles. Elle voyait ce qu'elle entendait. C'était comme ça.

- Je le vois toujours.

Puis elle se leva et fit un signe vers le tabouret, l'invitant à s'y installer.

- Maintenant voyons voir ce que toi tu vaux.


Désolée pour le retard @Eldarya Gwyneth

《Personne ne remarque ta 𝐭𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬𝐬𝐞, personne ne remarque tes 𝐥𝐚𝐫𝐦𝐞𝐬, personne ne remarque ta 𝐝𝐨𝐮𝐥𝐞𝐮𝐫.
Mais tout le monde remarque ton 𝐞𝐫𝐫𝐞𝐮𝐫.》

12 sept. 2020, 13:19
Un piano malicieux
Rien n'arrive au moment où l'on s'y attend. Tout arrive au moment même où l'on n'y pense plus. La vie est ainsi faite : ironique, mesquine, difficile.

Il y a quelques minutes encore, tout ce que je souhaitais était de virer cette fille de
mon tabouret et pouvoir m'approprier mon instrument une nouvelle fois. Et puis, elle s'est mise à jouer une mélodie que j'apprécie énormément. Mon esprit s'est envolé, loin de tous ces caprices. Et je ne voyais plus rien, n'entendais plus rien d'autre que la Musique et le clair de Lune.

Désormais, alors que je n'y pensais même plus, elle me propose sa place. À mon tour de lui montrer "ce que je vaux". Enfonçant mes iris dans les siennes, je tente de déceler un piège, une mesquinerie quelconque. Rien. Simplement de la curiosité. Étrange.
Je me lève en m'appuyant sur l'objet de ma convoitise et lui fais un signe de tête en guise de remerciement. À quoi bon s'attarder sur des comportements incompréhensibles ? Je ne comprends pas les Autres, c'est ainsi.

Grande inspiration.
Grande expiration.
Paupières closes.
Grande inspiration... Et mes phalanges se posent délicatement sur le tapis noir et blanc.
Y a pas à dire, je me sens tout de suite mieux. Tout de suite à ma place. Je suis née pour être assise à cet endroit, nul part ailleurs.
La Musique m'a créée, m'a aidée, m'a fait grandir, m'a tant appris. La Magie ne vaut rien comparé à la Magie de la Musique.



Quelques notes fendent l'écho de la pièce. Douces, valsantes, comme une légère pluie d'avril. Je m'imagine un coucher de soleil sur une plage de sable fin, sans personne. Sans vie. Les quelques vagues viennent s'écraser sur l'étendue dorée, et la lumière du crépuscule enveloppe le ciel de ses couleurs orangées, rosées et jaunes. Splendide.
Je suis dans un rêve éveillé.

Dans la pièce, la mélodie est calme, ronde, transperçée par une nostalgie implacable.
Ma touche personnelle.
Après tout, la mélancolie est simplement le bonheur d'être triste.


@Joy Turner

Je n'suis qu'une Ombre. Mais les étoiles peuvent pas briller sans ténèbres.