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09 juil. 2018, 19:18
La Charge des Mots  Libre 
Avril 2043 - début des vacances
Librairie le Dôme Libre - Chemin de Traverse
2ème année

Ils bougeaient sous sa peau. Embourbée dans ma lassitude, je me laissais happer par la danse brutale des muscles qui forcent. Le bras s’étira à son maximum, allongeant le muscle qui disparut sous la surface mate de la peau. Puis il se replia sur lui-même et une grosseur impressionnante apparut : une boule de muscles dont le tremblement me décrocha la mâchoire. Et le bras fonctionna encore, vers l’avant et vers l’arrière, tirant et poussant, explosant de sa montagne de muscles ou aplatissant ces derniers sous sa peau frissonnante.

Je suivis du regard une goutte de sueur. Elle traversa les replis de la peau et les coins obscurcis par les muscles. Elle cascada le long du corps pour se perdre sous le tissu clair de la fine robe de sorcier déjà humidifiée par ses soeurs. Sa perte me décue et je remontai avidement mon regard pour suivre l’évolution du muscle sous la peau du bras. Il gonflait et s’étirait, comme un corps languissant respire dans le noir. Je le voyais inspirer lorsqu’il se gonflait sous l’effort et expirer lorsque le bras s’étendait.

La langueur de l’effort qui s’offrait à moi me faisait jusqu’à oublier qui j’étais.

« Tu as finis, Aelle ? »

La voix résonna non loin de moi. Elle résonna tout près du muscle qui, à l’entente même de la voix de son propriétaire, se dégonfla comme un ballon. J’observai la surface sans rondeur de la peau ; ce n’était plus qu’un bras.

Je relevai la tête pour regarder Papa. Il avait déposé son carton sur un meuble un peu moins encombré que les autres et me regardait d’un air sévère. Cette tête-là était bien loin de la beauté que j’avais vu dans ses muscles. Ma main tâtonna mon bureau pour retrouver la plume qu’elle avait lâchée.

« Non, je…, » balbutiai-je en m’écrasant sous ses yeux noirs.

Ah, que ses traits étaient coupants. Dans l’ombre des livres, j’avais l’impression que Papa se transformait.

« Dépêche-toi de finir, dit-il, tu n’as rien fait depuis ce matin. »

Il s’éloigna prestement, non sans oublier la charge qui avait embellit ses bras. Il disparut dans la boutique, si bien que je ne pus me perdre dans le dessin de ses efforts.

« Merlin ! » jurai-je en m’affalant sur le dossier de mon siège.

Mon oreille reposant sur mon bras, les bruits me parvinrent étouffés. Cacophonie inversée qui me donna envie de vomir. Des clients parlèrent à Papa et marchèrent de leur pas d’Autres imposants dans ce lieu que j’aurai aimé fuir. Ma main rampa sur le bureau, abandonnant la plume qui ne m’était d’aucune utilité. Du bout des doigts, je caressai les aspérités de la grande table en bois massif sur laquelle j’étais plus étalée que ne l’étaient mes parchemins et mes livres.

J’étouffais.
Je me sentais oppressé par le Dôme Libre. Les colonnes d’ouvrages et de parchemins s’élevaient si haut autour de moi que regarder en l’air me faisait tourner la tête. Même ici, dans le bureau de Papa, les colonnes ne diminuaient pas ; l’atmosphère austère les rendait plus grandes encore. J’étais dans une prison de papier. Les millions de mots étaient mon sarcophage et les parchemins, le plus beau linceul que je pouvais espérer pour la lente mort qui m’attendait dans mon ennuie.

De ma vision horizontale, je suivis du regard deux parchemins emmêlés qui se débattirent en volant de part et d’autre de la pièce. Le beau matériel allait finir par se déchirer mais je ne fis rien pour les en empêcher : les vulgaires ouvrages braillèrent des sons inhumains en éjectant ci-ou-là des mots de fumée qui s’échouèrent sur le parquet. La Guerre des Bouquins étaient mon seul passe temps. La seule distraction qui pouvait me détourner de mon Apprentissage abrutissant.

Luisante de mon ennuie, j’attrapai du bout des doigts le parchemin plein de ma fine écriture brouillonne. Une envie soudaine de le déchirer me fit tressaillir mais je ne bougeai pas, me contentant de harasser de mon regard cette Chose sans nom. Chacun de ces mots était un frisson de plus sur ma peau ; chaque heure passée à travailler s’inscrivait dans le combat qui faisait rage dans mon corps. Et toutes les questions de Papa sur mon travail me rappelaient ma Haine envers Poudlard. Cela finissait toujours par me faire ressentir la même chose : cette envie déchirante de retourner dans le château.

Son visage se dessina dans les prémices de mon cerveau atrophié par l’ennuie. *Charlie*.
Toujours la même image. Celle de sa main qui s’agrippe au bras de l’Autre Chinoise. L’image s'infiltra dans mes veines ; douloureux poison qui me fit mal. Je m’aimais à l’associer à Charlie. Elle était ma douleur. Merlin, qu’elle m’agaçait.

Je me redressai sur mon siège en poussant un grand soupir languissant. Un souffle chaud qui traversa ma bouche pour s’échouer dans le Bureau-sans-fenêtre. Mon regard rencontra la Lutte des deux parchemins qui avait pris un tournant meurtrier. Blasée par leur combat et mue de l’envie de Tuer la pensée de la Rouge et Or de mon crâne, je jetai un coup d’oeil à la boutique. Pourrais-je m’échapper sans que Papa ne le remarque ?

Les vacances scolaire *foutu Poudlard* venaient tout juste de démarrer, mais le Dôme Libre n’avait pas besoin de cela pour être plein comme un oeuf de Doxy. Des clients passaient devant la porte du bureau, certain me regardait avec intérêt, d’autre ne me calculait pas.

Je laissai tomber mon parchemin en m’affalant sur le siège, les fesses à la limite de s’échouer dans le vide et la tête disparaissant dans le dossier.
Une torpeur inouïe m’envahit les sens.

Premier post réservé. La suite est Libre.

29 juil. 2018, 14:15
La Charge des Mots  Libre 
Elle traînait dans la rue principale du chemin de traverse. Elle devait racheter des fournitures : elle commençait à manquer sévèrement de parchemins et d'encre. Alors, elle cherchait la boutique qui lui permettrait de remettre à niveau ses réserves. Aucun membre de sa famille ne l'avait accompagnée, pas même Lily ;  était-ce une façon de l'exclure ?
Elle maudissait ce don qui coulait en ses veines, tout en le bénissant de lui avoir permis d'aller à Poudlard, de rencontrer certaines personnes, Ada, surtout.

Ses pas - auxquels elle ne faisait pas attention - la menèrent dans une librairie qui n'était pas Fleury et Bott. Bien plus petite. Des livres se trouvaient partout, et oppressaient presque la rouquine. Elle regardait partout, émerveillée par tous ces ouvrages. Pouvait-on y trouver de la fiction ou n'étaient-ce que des livres de cours ?

Dans le fond, une jeune fille, aux cheveux châtains, qui semblait s'ennuyer. Comment pouvait-on s'ennuyer dans une telle boutique ? Aurait-elle déjà lu tous ces livres ? Lucy nourrissait envers cette fille une curiosité inédite, d'autant plus qu'il lui semblait l'avoir déjà vue quelque part. Tout en se baladant dans la librairie, la Poufsouffle réfléchissait. Si elle l'avait déjà vue, c'était à Poudlard. Or, il y avait tellement d'élèves à Poudlard que c'était impossible pour Lucy de retenir autant de prénoms et de visages. Seuls ceux qu'elle dessinait entraient dans sa tête, et elle n'avait pas dessiné cette fille-là.

Elle effleurait les livres du doigt, elle sentait la délicatesse de l'ouvrage remonter dans tout son corps, jusqu'à son cerveau. Depuis toujours, elle aimait les livres, elle en prenait soin pour ce qu'ils représentaient : la culture.

Dans l'esprit de Lucy, la jeune fille, là, savait tout, puisqu'elle bâillait d'ennui dans cette librairie qui emplirait de bonheur chaque lecteur ou lectrice venu-e chercher un ouvrage à délicatement dévorer, venu-e se noyer dans les mots, se soumettre à leur charge et finalement n'être plus rien devant leur force.

Comment s'appelait-elle, déjà ? Elle ne le savait pas, mais elle commençait à ne plus y prêter la moindre attention ; le plus important demeurait la Connaissance qu'elle accumulait dans son esprit, si elle avait lu tous ces livres, et que Lucy pâlissait d'envie de posséder.

Elle se décida donc à interagir avec elle. Un simple mot, qu'elle ne prononçait pas si souvent, finalement :

- Bonjour.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

02 août 2018, 11:57
La Charge des Mots  Libre 
Le son du parchemin qui se déchire, qui s’arrache est une horrible chose. C’est un bruit crissant et épais qui me fait frémir et frissonner. Il fait bouger quelque chose derrière mon estomac, remue un peu l’intérieur de mon corps puis s’éjecte hors de ce dernier pour le laisser pantelant et à bout de souffle.

Couchée tout au fond de mon fauteuil, perdue entre les accoudoirs et le dossier, j’assassinai les deux protagonistes de la Guerre des Bouquins avec mon regard de braise. Le Traité sur l’effet de l’altitude sur la Magie compensatoire hurla à plein poumons, son coeur de papier en proie à la plus intense force du courage ; il se jeta comme un forcené sur L’aride histoire du Carré des Bermudes qui, non content de déchirer du bouquin, ouvrit grand sa bouche de mots pour refermer ses crocs sur Traité. Les deux ouvrages volèrent de part et d’autre de la pièce à grand renfort de cris. Des morceaux de parchemin tombèrent autour d’eux, s’échappèrent dans la pièce ; certains s’infriltrèrent même dans ma chevelure aplatie sur mon crâne. Le Carré des Bermudes prit bientôt l’avantage et il coinça entre sa quatrième de couverture et son dos les pages de parchemin de Traité qui en suffoqua. Je regardai ce dernier se débattre avec une curiosité morbide qui avait le mérite de faire passer les secondes plus vite. Je ne savais pas si l’âme de ce bouquin pouvait disparaître, mais elle était dans tous les cas en train de s'essouffler dans l’étranglement de Carré des Bermudes. La Grande Guerre allait prendre fin et Traité allait tomber vaincu sur le sol.
Il était hors de question que cela arrive ; ils étaient mon seul échappatoire.

Sans les quitter du regard, je tatonnai sur mon bureau à la recherche du parchemin qui avait glissé de mes doigts d’ennuie. Je le réduisis en boule inutile de la force de mes deux mains. Ma bouche pendante et béante laissa s’échapper un bruit appréciateur quand Traité prit sur lui pour abattre sa page de couverture sur la gueule hurlante de son bruit de déchirement de Carré des Bermudes.

Mon esprit nourrit par l’Action, je repoussai ma torpeur en focalisant mon attention sur la Guerre des Bouquins dans laquelle je m'apprêtai à entrer. Je levai mon bras au dessus de ma tête, mon poing cachant l’arme fatale de ma future victoire en son sein ; j’allai envoyer la boule de parchemin sur un Traité et un Carré des Bermudes qui avaient poursuivi leur lutte au sol quand un mouvement sur ma droite accrocha mon regard.

Le bras au-dessus du crâne, le visage déformé par la haine que mène inexorablement la guerre, je me tournai vers la salle des ventes. Prise dans la frénésie de l’action, j’en avais oublié l’endroit où j’étais coincé et le rappel de ce fait pris soin de venir s’écraser contre mon âme pour la faire chavirer du côté de l’ennuie. Je m’accrochai de toutes mes forces à la boule papier, les yeux écarquillés vers une fille qui, au milieu des autres clients qui ne me Voyaient pas, me regardait de tous ses yeux.

Je ramenai mon bras contre mon torse. *C’est qui elle, par Merlin ?*

« Bonjour, » dit la fille. Il n’y avait plus de doute à avoir, c’est bien moi qu’elle accrochait de son regard sombre.

Elle se tenait devant moi sans l’être, espacés comme nous l’étions par deux trois piles de bouquins et un chambranle de porte, et elle me regardait sans détourner le regard.  Dans l’obscurité du Dôme Libre ses cheveux se confondaient et sa peau pâle m’éblouissait. Sa voix m’était parvenue avec une clarté étrange malgré les murmures des discussions et les cris des bouquins.

Je jetai un regard à la lutte des livres avant de le reporter sur elle. Mon coeur s’était emballé à l’entente de sa voix. Cet événement-là n’était pas commun. C’était une Liberté que je n’avais pas connu depuis Poudlard : personne ici ou dans la rue ne venait me parler comme le faisaient les enfants idiots de Poudlard. Cette fille-là venait de me parler sans aucune raison pour le faire ; j’aurai voulu dire que sa gueule de rousse ne me revenait pas et que j’allais me lancer dans ma guerre sans regret après lui avoir fermé la porte au nez mais mon attention ne parvenait pas à se détourner d’elle.

M’appuyant d’une main sur l’accoudoir, je me redressai légèrement, décalant mon dos du dossier. Ma peau se couvrit de frissons. Je frissonnai en regardant cette fille me faire face. Je frissonnai parce que si les discussions avec Papa ou Maman était une boucle mortelle d’ennuie, celle avec cet Autre me paraissait en comparaison d’une fraîcheur inouïe. L’envie de me désaltérer à la source de ses paroles m’arracha soudainement le souffle. Si Elle était là, il n’y avait plus de mots, plus de leçon idiote, plus de Dôme Libre ; il y avait juste une Liberté inconnue qui prenait la forme d’une jeune fille.

Ah, Merlin, j’aimais la Liberté sous toutes ses formes. Et si elle s’était transformé en Kristen Loewy, je l’aurai tout de même serré entre mes bras noueux.

Je refermai ma bouche béante et j’avalai du mieux que je pus ma salive. Ma bouche était sèche. Je fis papillonner mes paupières pour leur faire perdre leur immobilité puis je me laissai lentement retomber contre le dossier du fauteuil.

Elle allait rester avec moi jusqu’à ce que je bouffe tout ce qu’elle avait à me donner.

« Euh…, » fis-je avant de me taire parce qu’aucun mot ne semblait vouloir dire quelque chose.

Je ne savais pas si mon envie de répondre à cette fille était inexistante ou si l’attrait de la guerre était plus beau qu’elle ne l’était.

« Plutôt Traité sur l’effet de l’altitude sur la Magie compensatoire ou L’aride histoire du Carré des Bermudes ? » demandai-je de ma voix rauque en désignant d’un coup de menton la terrible scène de Mort qui se jouait devant moi.

Traité s’était retourné sur le dos et ses pages béantes se faisaient arracher par les crocs meurtriers de Carré. Il les lui arrachait une à une en gueulant pour couvrir les hurlements de la victime ; la scène avait quelque chose d’horrible qui la rendait magnifique. Je me penchai en avant pour regarder avant de me tordre le cou pour voir la fille ; la voir non loin d’ici.

12 août 2018, 17:53
La Charge des Mots  Libre 
BOUM ! Deux livres tombèrent sur le sol, ce qui détourna quelques instants le regard de Lucy - qu'elle avait planté dans les yeux marrons de l'autre fille. Traité sur l’effet de l’altitude sur la Magie compensatoire, se nommait le premier. Qu'était-ce donc que la magie compensatoire ? Lucy imaginait une Magie, telle une montgolfière, qui volait, et qu'il fallait lester pour qu'elle reste stable, et cette image lui plaisait. Elle voulait inventer ce qu'elle ne connaissait pas, et c'était souvent plus joli que ce que lui apportait la Connaissance. Et pourtant, la Connaissance remplissait l'esprit de Lucy, elle s'en nourrissait, s'en gavait sans jamais être repue, alors que ce n'était pas drôle, pas fantaisiste. La Connaissance, c'était pur et dur, sans interprétation, et pourtant, ç'avait un putain de pouvoir sur la jeune fille, depuis toujours.

Sans prêter attention au deuxième livre - après tout, il n'était que deuxième. A quoi ça sert, un deuxième, quand il existe déjà un premier ? - elle replongea ses yeux dans ceux de l'autre fille ; elle voulait se noyer à l'intérieur, s'enivrer de toute la Connaissance que possédait la brune.

La jeune fille se rassit, et Lucy ne fit que quelques pas pour s'approcher un peu : il n'était pas commode de discuter avec quinze mètres d'écart entre les deux personnes. Elle n'avait aucune envie de crier pour que l'autre l'entende, cela signifierait se faire remarquer par tout le monde et se faire voler la Connaissance.

« Plutôt Traité sur l’effet de l’altitude sur la Magie compensatoire ou L’aride histoire du Carré des Bermudes ? »

Et elle montra les deux livres tombés au sol quelques instants plus tôt, qui semblaient tant l'intéresser. Sa voix rauque paraissait étouffée aux oreilles de la jeune fille, manquait-elle d'oxygène, à force de retenir sa respiration devant tant de beauté ?

Cette question surprit Lucy, mais dans le bon sens. Cette fille voyait la Connaissance comme elle, de manière fantaisiste, au goût de beaucoup trop d'adultes et même d'enfants, qui décidaient de ne pas fouiller de cette manière, qui n'apprenaient pas pour le plaisir ultime qu'est l'apprentissage.

Elle n'avait lu aucun des deux livres, mais elle avait vu voici quelques instants le premier. Le deuxième cité l'intriguait... Lequel préférait-elle ? La question était intéressante, et même elle n'en connaissait pas encore la réponse.

- Les deux m'intéressent j'ai envie de Connaître tout l'intérieur, tu comprends, j'imagine. En choisir un est difficile. Mais la difficulté m'intrigue... commença-t-elle posément.

Elle n'avait jamais été aussi calme et loquace avec une jeune fille de plus ou moins son âge. D'habitude, elle se contentait de quelques mots, ou même de monosyllabes prouvant son désintérêt total pour les autres humains. Là, elle n'avait pas l'impression de parler à une humaine, plutôt à un esprit, à une âme, l'enveloppe corporelle ne l'empêchait plus de communiquer.

- Le Traité sur l'effet de l'altitude sur la Magie compensatoire, il me permet d'imaginer ce que peut bien être la Magie compensatoire, et me donne envie de monter dans cette montgolfière qu'elle peut être, de toucher les nuages et les sommets des montagnes. Et L'aride histoire du Carré des Bermudes, il m'intrigue. Une histoire aride, c'est une histoire sèche, une histoire qui contient pas grand chose. Le Carré des Bermudes pourrait être un désert de sable fin dans lequel on peut s'allonger et cramer au soleil, et si son histoire est aussi aride que son sable, c'est un livre qui répondrait à toute mes questions, sans m'en donner d'autres... Et j'aime pas ça.

Elle ne se livrait pas autant, habituellement - sauf avec Ada - mais la façon de communiquer de l'autre fille l'inspirait, elle se livrait, se donnait entièrement, et en échange, elle pourrait avaler toute sa Connaissance. C'était un échange, un peu plus long et complexe que d'habitude, et elle aurait ce qu'elle voulait avec elle.

- Et toi ? Tu les as lus ?

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

15 août 2018, 11:15
La Charge des Mots  Libre 
Le nuage de papier grossissait autour des deux acteurs de la Guerre des bouquins. Sorte d’écran protecteur qui cachait à nos yeux innocents les horribles choses que l’on pouvait voir si les champs de bataille. Mais je savais. J’avais lu. Je savais que si Traité et Carré n’étaient pas des livres, l’air serait rempli de particules carmins ; un nuage de sang serait le seul écran entre la violence de la guerre et nous-même. Les hurlements déchirants de la victime deviendraient quasi-insupportables pour toutes personnes avides de bons sentiments et la rage de Traité serait synonyme d’effroi pour toutes ces oreilles-là. Mais le Traité sur l’effet de l’altitude sur la Magie compensatoire et L’aride histoire du Carré des Bermudes n’étaient que des livres et leur bataille était d’une beauté à couper le souffle. Un événement qui convenait parfaitement à l’arrivée stupéfiante d’une conversation différente. A demi-couchée sur la table, je m’arrachai au spectacle pour regarder la rousse : j’étais heureuse qu’elle puisse assister à cette part de l’Histoire du Dôme Libre. C’était comme un cadeau pour le futur breuvage que son esprit aller m’offrir.

Elle était toute proche dorénavant. Je pouvais voir dans ses yeux marrons son intérêt pour la Guerre des bouquins, je ne dis donc rien à la voir s’inscrire non loin de la pièce interdite aux clients. Qu’elle vienne donc. Je me redressai contre le dossier de mon fauteuil, lui laissant tout le loisir de voir la future mort de Carré. Déjà le souffle de ce dernier se faisait plus court ; Traité lui avait arraché la quasi-totalité de ses pages et s’attaquait maintenant à sa couverture.

« Les deux m'intéressent, » commença l’étrangère à la Parole. Je me tournai vers elle, le regard coincé quelque part entre sa bouche et ses yeux.  « J'ai envie de Connaître tout l'intérieur, tu comprends, j'imagine. En choisir un est difficile. Mais la difficulté m'intrigue… »

Je compris et cela m’étonna. Elle se laissait habiter par la peur de la difficulté, qui n’avait aucun intérêt lorsque l’on étudiait, mais son envie de savoir avait l’air semblable au mien. Elle voulait savoir tout l’intérieur ; c’était une belle façon de dire que l’on voulait arracher tout ce que l’on pouvait d’un livre. Songeuse, je regardai Traité et Carré. Si j’étais aussi féroce que Traité, arrachant dès que l’occasion se laissait saisir le Savoir d’un livre comme il arrachait les pages de Carré, à qui ressemblait le plus cette fille rousse ?

La suite de ses mots me fit sourire : elle ne connaissait aucun de ces livres. Ce n’était pas étonnant, les sorciers préféraient des ouvrages plus courts, plus exhaustifs que ces bouquins qui ressassaient sans se fatiguer une même litanie pour décortiquer jusqu’au moindre de ses détails.
Je me laissai carrément partir en arrière, la nuque pliée vers le plafond et un grand sourire sur les lèvres quand elle parla de montgolfière ; j’écoutai le son de sa voix, bercée par ses histoires rocambolesques sans intervenir parce que ce qu’elle disait me plaisait. C’était d’une douce folie et quand elle cessa de parler je restai quelques secondes ainsi pour tenter de saisir ce qu’elle venait de m’offrir. J’essayai d’oublier ce que je savais pour comprendre comment elle avait pu voir ce qu’elle avait vu dans les titres des deux protagonistes qui se roulaient au sol.

Je tournai la tête vers elle, la joue posée contre le cuir du fauteuil.

« Et toi ? me demanda-t-elle. Tu les as lu ? »

Je l’ignorai, l’esprit toujours hanté de ses précédentes paroles. Son breuvage était plus doux que ce que j’imaginais. Il était plus agréable et plus puissant encore. Il m’obnibulait et j’étais prête à me jeter sur tout ce qu’elle avait à dire. Je n’avais guère conscience, avant de me retrouver à la maison, qu’échanger des paroles futiles avec des personnes que je voyais tous les jours était d’un mortel ennui. Ces dernières semaines, je m’étais surprise à souhaiter découvrir encore toute l’ignorance de la magie de cette serpentard que j’avais rencontrée dans un couloir ; j’aurai même pu apprécier l’ignare Nebor et sa foutue tendance à vouloir tout savoir.

« La Magie compensatoire, c’est pas une montgolfière, dis-je en mirant la rousse de tous mes yeux. C’est même carrément pas une montgolfière. C’est… L’air autour de ta montgolfière. C’est ce truc invisible que t’avales sans t’en rendre compte et quand tu l’sens passer dans ton estomac, tu comprends qu’t’es nulle et que la Magie compensatoire est devenue essentielle. C’est un mythe et une réalité, c’te magie, mais avec elle tu pourrai bien réussir à toucher tes nuages. »

Je m’accoudai à mon bureau sans cesser de la regarder. Je croisai les doigts sur mes parchemins et mes bouquins abandonnés sans remords.

« La victime, là, dis-je en désignant d’un geste du menton le champs de bataille devant mon bureau, il est pas aride. Il répond à toutes tes questions, ouais, mais il t’en fait t’en poser encore et encore. Et quand tu l’auras lu plusieurs fois, tu sauras que toutes tes questions se trouvent dans ses pages mais qu’tu sais pas les trouver. Ça, c’est l’effet du Carré des Bermudes. L’espoir et le désespoir. Et dire qu’y a des cons pour penser qu’ce carré existe pas. »

A présent, Traité voletait dans l’air en battant de toutes ses pages. Il semblait mal en point mais heureux. C’était le grand gagnant. Il avait Tué. Il avait vaincu. Et sa victime gisait à terre, produisant un son entre l’agonie et le râle du desespoire.

« J’les ai lu, évidemment. Et j’les relirai. Tant qu’j’aurai pas d’question. »

Je soupirai en me penchant par dessus mon bureau. Il y avait longtemps que je n’avais pas lu ces bouquins et du temps passerait avant que je ne les lise à nouveau. Aucun d’eux n’était une priorité. Me replaçant contre mon fauteuil, j’étirai mon cou pour apercevoir la boutique qui se dessinait derrière l’inconnue. Papa était tout au fond, en pleine discussion avec un grand basané. A la moindre seconde, il pouvait détruire le breuvage que j’étais en train de boire et je ne le supporterai pas. Je regardai la fille de la tête au pied :

« Ramène-toi, » lui lançai-je en désignant le champs de bataille.

Traité vola plus haut en agitant ses pages, tenant dans sa gueule le corps sans vie d’un bouquin sans âme ; Carré. J’émis un bruit désapprobateur quand il s’approcha de la fille.

« Dégage ! » Je secouai ma baguette devant lui, émettant une petite gerbe d’étincelles qui aurait pu le faire cramer.

La Guerre était finie pour aujourd’hui. Demain, Traité se battrait avec un autre Grand et Carré sombrerait dans l’oubli des perdants. Le premier me tira la langue avant de lâcher son fardeau qui s’écrasa au sol puis il s’enfuit dans la boutique pour aller trouver un place quelconque dans les rayonnages bordéliques de Papa.

Je ne leur lançai qu’un regard avant de porter mon attention sur la fille, moi derrière mon bureau et elle du côté de Ceux qui pouvaient. J’aurai du la détester pour cela mais mon esprit avait décidé de lui prendre tout ce qu’elle avait à me donner.

07 sept. 2018, 19:51
La Charge des Mots  Libre 
Désolée pour le retard…

Elle regarda la bourse qu'elle tenait. Combien de gallions ou de mornilles possédait-elle ? Avait-elle assez pour acheter un de ces livres ? Elle attendait que la fille réponde à sa question, précise son avis sur les livres pour se décider.

L'étrangeté de la brune lui parlait. On lui disait souvent qu'elle était bizarre, dans un autre monde. Eh bien, maintenant, Lucy savait pourquoi : elle avait trouvé son monde à elle, dans cette librairie magique, en face de cette fille que les autres auraient qualifiée de bizarre aussi. Les livres tombés au sol attiraient visiblement le regard de l'autre fille. Elle baissa à son tour les yeux. Les deux livres se battaient encore et toujours. Pourquoi l'autre n'intervenait-elle pas, ne lui répondait pas ? Pourquoi se contenter de regarder la bataille sans rien dire, sans séparer les belligérants ?

*Pourquoi tu m'ignores ? Pourquoi, toi qui est intéressante, tu te comportes comme moi avec les autres ? Serais-je une Autre pour toi ?*

Elle leva les yeux quand elle lui parla, lui expliquant ce qu'était la Magie compensatoire, tout le contraire de ce qu'avait imaginé Lucy. Et cela l'intriguait encore plus. Ses yeux brillaient, d'un éclat de savoir, aspiraient goutte à goutte toutes les paroles, comme pour se nourrir de Connaissance une nouvelle fois, pour appréhender le monde d'une nouvelle façon, en sachant que le monde entier était régi par la Magie compensatoire.

- Tu vois… J'aime pas avoir tort. Parce que la plupart du temps, quand j'ai tort, c'est parce que les adultes, ils voient pas le monde comme moi. Mais là, c'est encore mieux que ce que j'imaginais ! s'exclama-t-elle.

A présent, Magie Compensatoire volait, prenait le dessus sur L'aride histoire du Carré des Bermudes, déclenchant une tempête de sable dans le livre aride, rendant les mots illisibles, et vains devant la force de la nature, et plus particulièrement, de cette Magie compensatoire si incroyable. L'homme et ses mots ne valent rien face à l'Univers, si frêles, si petits, même s'il se croyait souvent beaucoup trop grand. Elle s'apprêtait à demander combien il coûtait, pour l'acheter, bien que sa bourse ne fut pas très remplie, quand elle fut coupée dans son élan par une explication, venant encore une fois la contredire, cette fois-ci sur L'aride histoire du Carré des Bermudes. La fille le désigna comme une victime. Et pourtant, vu les explications passionnées qu'elle donnait à son sujet, Lucy n'aurait jamais qualifié ce livre de victime.

- Comment ça se fait que c'est une victime ? Comment un livre qui contient de telles informations peut être une victime ? Comment il se peut se laisser écraser par les autres ? Il a pas le droit. Il doit résister. Même face à la Magie Compensatoire. Il a pas le droit de laisser les autres prendre le dessus.

Quelques secondes après avoir prononcé ces phrases, l'histoire de ce livre résonnait déjà en elle. C'était comme un écho à sa propre histoire. Mais contrairement au livre, qui semblait contenir tellement d'informations et de questions, elle n'avait pas d'informations à partager avec les autres, de Connaissance à leur donner… Du moins, c'était ce qu'elle pensait. Peut-être parce qu'on lui avait trop fait croire, elle le croyait.

- Ramène toi ! lança la fille, soudainement.

Pourquoi lui parlait-elle ainsi, si subitement ? C'était quoi, cet ordre, lancé comme ça ? Qu'avait-elle de si important à lui raconter pour que cela outrepasse toutes les règles de politesse auxquelles Lucy était si habituée ? Ou alors… Peut-être que la fille en face s'en foutait totalement, des règles de politesse. Peut-être qu'il lui manquait des codes, comme il en manquait à la rouquine. Alors, elle se ramena près d'elle, toute l'histoire du Carré des Bermudes à ses pieds. Et là, la fille lança un tour de magie. Des étincelles brillèrent au bout de sa baguette et atterrirent près des bouquins. Pourquoi tant de haine envers ce livre que Lucy voulait tant dévorer ? Pourquoi lui dire de dégager ? Elle ne comprenait pas pourquoi. Comment autant de colère pouvait sortir d'une jeune fille d'à peu près son âge ?

- Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu lances un sortilège, comme ça ? On n'a pas le droit, en dehors de Poudlard.

Le sortilège qu'elle avait lancé, Lucy ne le connaissait pas. Sans doute étudié dans les années supérieures, l'année prochaine, sans doute. La fille en face ne devait pas avoir plus de deux ans de plus qu'elle. Ce n'était pas possible qu'elle soit majeure, qu'elle ait dix-sept ans. Alors, comment se faisait-il qu'elle puisse lancer un sort alors qu'elle avait la Trace ?

- T'as pas la Trace ? Ou… T'es pas à Poudlard ? Et… Pourquoi ? Pourquoi tu déverses toute ta haine sur le livre ? Il t'a rien fait. 

De toute évidence, elle lui en voulait.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

23 sept. 2018, 11:47
La Charge des Mots  Libre 
Qu’était cet air-là ? Des yeux qui fouillaient les miens à la recherche de la compréhension ; un visage d’enfant en perdition. Elle s’était ramenée près de moi, se cachant sans le savoir des yeux scrutateurs de Papa et de son éducation idiote. Je la regardai avec une attention extrême, cherchant à savoir pourquoi le son pitoyable de sa voix me paraissait soudainement si fade.

Je secouai la tête, un petit rire au bord des lèvres. Je quittai lentement mon bureau, frôlant l’étrange fille rousse, pour aller pousser la porte. Pas trop, pour ne pas que Papa pense que je me cachai de lui, mais assez pour qu’il se dise que j’avais besoin d’intimité. Puis je me retournai, les bras pendants autour de mes hanches, le regard attiré par ma compagne d’infortune.

« Qu’est-ce qu’tu racontes ? dis-je en souriant. C’est des livres, tu t’en rends compte, hein ? Il pourra jamais être blessé parce que j’lui hurle dessus ou quoi. C’est une coquille vide qui sait pas qu'il sait. Tiens, r’gardes. »

Je me penchai pour ramasser Carré. Il lui manquait un tier de la couverture et la quasi totalité de ses pages. Il avait un air déplorable qui me fit grimacer. Jetant un petit regard à l’invitée, j’ouvrai en grand Carré et sans prévenir, j’arrachai la couverture. La main droite qui tenait cette dernière et la main gauche froissant les pages restantes levées autour de ma tête, je plongeai dans les yeux bruns de la rousse, un air satisfait sur le visage.

« Tu vois ? » Je brandis la couverture sous son nez. La chose respirait doucement, il était aisée de l’entendre. « Ça change rien à c’qu’il est et c’qu’il peut t’apprendre. »

Me penchant exagérément en arrière, je balançai les deux morceaux en l’air. Je gardai mes bras au-dessus de la tête, agitant ma baguette magique devant moi. Sans que je ne l’aide, Carré se reconstitua et redevint le beau livre qu’il était. Il me tira une langue de papier puis s’enfuit à son tour en se cognant contre l’armoire. Je le regardai en souriant avant de repartir derrière mon bureau, considérant la rousse du coin de l’oeil.

« C’est qu’un livre, répétai-je. Il va bien, il est r’partit sur un rayon et d’main il se battra avec un autre livre. C’est comme ça, tu voudrais quand même pas qu’il reste à rien faire sur les étagères ? » Je secouai la tête à droite et à gauche, reposant mon crâne contre l’appui-tête. « C’est une victime parce qu’il s’est fait battre comme une loque. Peu importe tout c’qu’il y a écrit sur ses pages : il a perdu. Il était pas assez fort. P’t-être que demain il réduira en charpie un bouquin d’Frewd, mais il a pas intérêt. »

Soupirant fortement, je me laissai tomber sur mon fauteuil, étendant mes pieds sous le bureau. Me rappelant soudainement les derniers mots de la Fille-trop-sensible, je baissai le regard sur ma baguette, caressant doucement le bois. On a pas le droit en dehors de Poudlard. Ainsi donc, elle venait du château, n’est-ce pas ? Une grimace d’agacement déforma mes traits et je pointai résolument mon regard dans ses yeux.

« J’suis plus dans c’château pour un temps non, dis-je d’un ton amer. Mais j’peux faire de la magie en dehors. Et c’était pas un sortilège, c’était des étincelles. T’as jamais fait d’étincelles ? » lui demandai-je en l’analysant de mes yeux sombres.

Elle avait l’air de venir d’une famille de moldu. Elle était aussi ignorante qu’un enfant ; cela ne me dérangeait pas. Les gens ignorant pouvaient poser des questions très pertinentes. Très pertinentes et très idiotes. N’avait-elle donc jamais mis les pieds dans la bibliothèque du château ? Les livres, là-bas, étaient tellement imbibés de magie qu’ils la transpiraient.

26 oct. 2018, 17:41
La Charge des Mots  Libre 
Excuse-moi du retard… 

Ses bras croisées sur son ventre, elle boudait. C'était une réaction extrêmement enfantine, mais elle ne parvenait pas à lui faire comprendre autrement qu'elle était fâchée. Quand arriva alors l'autre fille, avec le cadavre de Carré. Le livre qu'elle voulait lire. Elle comprenait la souffrance du livre, et toute la Connaissance qui venait de s'évader. Et la fille, qui continuait à le maltraiter, comme ça. Elle sentait ses organes se déchirer en même temps que la page du livre, sa gorge se serrer, quand elle froissa ce qui lui restait dans la main gauche.

- Arrête !

Son crâne était sur le point d'exploser. Trop de bruit, plus cette maltraitance gratuite du livre, qui lui donnait envie de pleurer. Elle recula, se boucha les oreilles et ferma les yeux quelques secondes. C'était mieux comme ça.

- Peut-être qu'ils sentent rien, mais c'est la Connaissance. C'est la Connaissance que tu détruis en détruisant le livre. C'est l'enveloppe autour de la lettre. Si tu brûles l'enveloppe, tu brûleras la lettre avec. C'est ça que tu veux, toi ?

Elle releva les yeux, et vit le livre en train de se réparer et retourner à sa place. Par quelle magie pouvait-il faire ça ? C'était juste pas possible. On répare pas un truc comme ça. L'espace d'un instant, elle avait oublié qu'elle se trouvait dans un autre monde, qui n'était pas soumis aux mêmes lois que le sien, où c'était possible de voir un livre se réparer seul. Mais au moins, il allait bien.

- Mais… Il est vivant ? C'était pas toi qui le faisait bouger ? C'est comme ça tous les jours ? Et puis, c'est qui, Frewd ?

Beaucoup de questions, comme dans sa tête pleine d'interrogations. La fille en face serait-elle en mesure de lui répondre ? Au fond d'elle, elle savait qu'elle serait extrêmement déçue si elle ne le pouvait pas. Ca voudrait dire qu'elles étaient arrivées à la fin de la conversation, qu'elle lui avait tout donné ce qu'elle savait. A partir du moment où iels ne pouvaient plus répondre à ses interrogations ou lui en susciter d'autres, elle considérait les autres comme inutiles.

- T'y étais, ça veut dire. Pourquoi t'y es plus ?

Elle se remémorait où elle avait pu apercevoir ce visage, un poil familier. C'étaient surtout les yeux qui la fixaient qui lui rappelaient quelque chose.

- Tu me dis quelque chose, mais je connais pas ton nom. T'es la fille qui a pas voulu bouger quand on l'a appelée, dans la Grande Salle. C'est pour ça, que t'es plus à Poudlard ?

Les étincelles…

- Je sais peut-être en faire, mais je me rappelle pas, maintenant. J'ai pas une bonne mémoire. Mais si tu veux, tu peux m'apprendre, ou me réapprendre.

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre

31 oct. 2018, 18:06
La Charge des Mots  Libre 
Cette rousse était un gouffre de parole. Elle s’agita face à moi, me mirant de tous ses yeux et déblatérant sans s’arrêter. Mes mains jouaient avec ma baguette, passant sous et sur le bois, m’amusant de ne jamais la sentir m’échapper. La tête penchée sur le côté, j’écoutai. Ses nombreuses questions étaient emmerdantes ; sacrement emmerdantes. Mais l’idée même d’y répondre m’excitait. J’avais une réponse pour chacune d’elle et je connaissais d’avance le plaisir que cela serait d’y répondre.
Pourtant, quand elle évoqua Poudlard, mon visage se tordit en une grimace qui resta quelques temps durant sur ma face ; je savais que j’aurais dû mentir. Elle avait visiblement compris sans comprendre. C’était amusant et agaçant en même temps.

Je croisai les mains sur mon ventre, la baguette coincée entre mes doigts. Je poussai un énième soupir.

« Pas la fille qu’a pas voulu bouger, non. J’ai bougé j’te rappelle ! J’suis allé sur l’estrade. » Pour la peine, pour les souvenirs qui faisaient trembler mon coeur, je lui lançai une regard noir à cette Rousse-qui-parlait. Sentant les prémisses de mon agacement, je me redressai et posai mes coudes sur le bureau. Je plongeai mes yeux dans son regard sombre : « T’as raison. P’t-être que si j’avais pas bougé je s’rais encore là-bas. »  

Ma voix était moqueuse. Son doux poison se répandit sur ma langue et j’affichai une grimace dégoûtée. *’fais chier, celle-là*. Finalement, j’attrapai mon parchemin à peine entamé et j’en déchirai un morceau que je réduisis en boule entre mes doigts. Mieux valait oublier Poudlard et tout ce qui pouvait s’y référer ; sauf cette fille et ses questions : j’allais lui bouffer son essence.

Je me penchai sur le bureau pour jeter un oeil dans la boutique, surveiller que Papa ne se ramène pas ici. Puis, jugeant la rousse aux bras ballants du regard, je me levai, envoyant mon fauteuil valdinguer contre le mur et abandonnant le morceau de parchemin froissé sur le bureau.

« Touche à rien, » m’exclamai-je en ouvrant la porte de l’arrière-boutique.

Je m’engouffrai dans la salle principale, avisant d’un coup d’oeil les quelques clients qui trainaient dans les parages. Papa était non loin du rayon qui m’intéressait. Je slalomai entre les étagères, frôlai avec une mine dégoutée une petite femme replète puis apparus dans mon rayon favori. Sans regarder les indications, j’allai au bout de l’allée et je me hissai sur la pointe des pieds pour attraper un épais bouquin au dos beige. La bestiole était lourde ; je la caressai d’un doigt, un sourire éclairant mon visage.

« T’as toujours été mon préféré, » chuchotai-je en le serrant contre mon buste.

Trésor en main, j’effectuai le trajet inverse. Papa était de retour derrière son comptoir et quand il me vit arriver, il haussa un sourcil dans ma direction. Je lui montrai la merveille que je tenais dans les bras et il m’offrit un petit sourire qui balaya mon coeur dans ma poitrine.

« Un peu de Frewd mais n’oublie pas ton travail, » me dit-il.
« T’en fais pas pour ça, » marmonnai-je en lui lançant une oeillade en coin.

Je poussai soigneusement la porte de l’arrière-boutique derrière moi, rassurée d’échapper au regard de Papa. Avisant la fille dans la pièce, je soupirai ; elle n’avait, semble-t-il, pas bougé. J’allai directement vers elle et je lui fourrai le bouquin dans les bras.

« Frewd, c’est un génie. Comme Merlin mais en moins mort. Faut connaître ça, lui lançai-je en faisant les gros yeux. C’ui-là, c’est l’premier d’son oeuvre Les dérivés des lois magiques. Si tu sais pas comment l’monde sorcier marche, c’qui s’rait bizarre, il raconte tout là-dedans. J’t’assure que c’est mieux que les bouquins qu’on a à l’école ! Ce livre te fait voyager et en même temps il est si dingue qu’il t’colle le cul à ta chaise ! »

Je secouai la tête, un sourire dansant sur les lèvres. Je m’appuyai sur mon bureau et croisai les bras sur ma poitrine. Je regardai le livre dans les bras de la fille ; c’était une bonne place pour lui.

« Lui, personne lui arrache ses pages. Mais j’crois qu’c’est P’pa qui fait en sorte que ce soit comme ça. Mais sinon, il en tabasse plus d’un. Et c’est carrément comme ça tous les jours ! j’affirme avec véhémence en me jetant sur le regard de la rousse. Les livres magiques, bah c’est magique. Certains font rien d’leur temps mais chez nous, ‘y font c’qu’ils veulent. »

Je reniflai en me redressant légèrement. Je n’avais jamais réellement compris ce que les Moldus pouvaient bien trouver aux livres Moldus ; bien qu’ils soient aussi intéressants que les nôtres, le fait qu’ils passent leur vie sur une étagère sans se battre les uns avec les autres me laissait perplexe. La magie était tellement naturelle ; il devait être bien désagréable d’en être dépourvu. Je frissonnai en jetant une oeillade à la fille. Elle, elle n’était foutrement pas transpirante de Magie. Je la fouillai du regard, me penchant légèrement en avant pour trouver sa baguette magique. Je n’en vis aucune trace et mon nez se fronça.

« S’tu veux faire des étincelles, dis-je d’une voix moqueuse, faudrait p’t-être avoir ta baguette dans les mains. T’sais, c’est au contact de la peau qu’elle réagit l’mieux. »

J’agite lentement ma baguette devant moi, la regardant évoluer au travers l’air. J’exerçai une légère pression sur mes doigts pour la sentir plus proche encore de ma peau.

« Les étincelles, ça vient comme ça. Ca s’apprend pas. Tout l’monde en fait. C’est un peu sa façon à elle d’parler, marmonnai-je en couvant ma moitié du regard. J’sais pas comment ça s’apprend. J’crois que… Qu’il faut qu’tu veuilles que ta magie sorte. »

Je levai un peu le menton, jugeant la rousse de mon regard sombre.

« Essaie, » invitai-je en la désignant négligemment du bout de ma baguette.

05 janv. 2019, 13:56
La Charge des Mots  Libre 
Vraiment désolée pour le retard, je t'envoie un hibou pour t'en expliquer les raisons.

Des étoiles dans les yeux, Lucy fixait l'autre fille de son regard innocent et envieur. La brune d'en face dégageait tellement de savoir, et d'assurance… Elle aurait voulu s'emparer de cette assurance, surtout. La connaissance s'acquiert, mais pas cette aisance face à quelqu'un. Et surtout face à une assemblée.

L'autre fille s'en alla, après avoir parlé de Poudlard. Lucy se demandait pourquoi elle partait : l'avait-elle blessée sans le faire exprès, comme à son habitude ? Son hypothèse fut réfutée quand la brune revint avec un gros livre - pas déchiré, celui-là. Les yeux de la rouquine continuaient de briller. Elle avait toujours aimé les gros livres, même si elle avait un peu de mal à les lire.

- Donc, ça, c'est toute la magie ? Y a tout là-dedans ?

Lucy reçut le livre dans les bras. Il pesait une tonne. Elle se demanda si elle pouvait le ranger dans son sac à dos, mais n'osa pas, de peur de passer pour une voleuse. La description qu'en faisait l'ancienne élève lui donnait très envie. Un peu comme L'aride histoire du Carré des Bermudes. Cette librairie était un lieu de culture magique, qui différait de tout ce que la Poufsouffle avait pu connaître auparavant ; tout lui faisait envie, ici.

- Donc ton père peut maîtriser les livres magiques ? Comment il fait ? demanda-t-elle, surprise.

Elle pensait que les livres faisaient tous ce qu'ils voulaient, qu'on les réparait après, mais qu'on ne pouvait pas les empêcher de se battre, de voler dans tous les sens… Or, la fille lui indiquait le contraire. Avec elle, Lucy découvrait tous les rouages de la magie qu'elle ne connaissait pas encore.

« S’tu veux faire des étincelles, faudrait p’t-être avoir ta baguette dans les mains. T’sais, c’est au contact de la peau qu’elle réagit l’mieux. » lança la jeune fille.

Avec tout ça, la rouquine aurait presque oublié les étincelles. Impatiente d'en faire, elle posa le livre sur la table la plus proche, et sortit sa baguette de son sac à dos. Elle ferma les yeux, et sentit la connexion s'installer peu à peu, par les nuances de couleurs qui s'installaient dans sa tête. Lorsque Lucy arriva au magenta, elle savait que c'était temps, et, juste avant que la couleur vire au violet, elle ouvrit les yeux soudainement. Mais une angoisse la prit à la gorge, rompant la connexion. La Trace… Aurait-elle des problèmes ? Elle n'avait pas envie de se faire sanctionner. Les rumeurs disaient qu'on cassait les baguettes…

- T'es sûre que j'aurais pas de problème ?

Luehssyie Woudde Pecker ~ Jerry -4e année RP~#PouffyFamily
Quasi absente jusqu'au 14 septembre