Lundi 25 Août 2042

« Papa, Maman allez on y va ?! » rouspétait Maddie après ses parents. La petite blonde n’était qu’excitation pour son premier jour dans la monde de la magie. En effet, quatre jours plus tôt, elle avait reçu sa lettre d’inscription à Poudlard. Elle avait hurlé de joie, elle qui n’avait jamais remarqué en elle le moindre signe avant-coureur. Sa magie lui venait de sa maman, Lauren qui était sorcière. Sang-mêlée, sang-pur ou né-moldue nul ne pouvait le savoir car elle était orpheline. Elle avait été adoptée à l’âge de quatre ans par une famille classique et ce mode de vie lui avait toujours convenu. Elle n’avait pas trouvé d’utilité à sa magie bien qu’ayant étudié au château dont la réputation n’est plus à faire. Une fois l’école finit, elle avait repris un cursus normal de personne normale. Elle avait rencontré Paul, un moldu et leur vie se déroula de la façon la plus simple du monde. La magie n’avait tout simplement pas sa place. Elle avait adoré ses études à Poudlard et avait brillé à Gryffondor mais voilà, elle aspirait à d’autres choses et au fur et à mesure sa baguette se retrouva quelque part dans une jolie boîte dans son placard. Elle n’avait pour autant jamais caché à ses proches le fait qu’elle était sorcière. Son époux et sa fille était parfaitement au courant et Maddie avait toujours espéré au fond d’elle être douée de magie. Elle avait déjà entendu parlé de Poudlard mais depuis la réception de sa lettre, les questions allaient bon train. Sa maman n’avait plus une minute de répit.

C’était un assez grand chamboulement pour Lauren de voir que sa fille avait hérité de sa magie mais elle était également très heureuse. Plus qu’elle n’aurait cru l’imaginer en fait, car oui, elle avait bien réfléchit à cette possibilité mais cela n’était qu’hypothétique. Une fois la lettre réceptionnée, elle était contente de voir qu’elle n’était pas submergée par l’angoisse mais simplement par la fierté. C’était comme si aujourd’hui, la partie sorcière de sa vie, sa magie, servait enfin à quelque chose, prenait tout son sens. Alors, en ce jour où sa fille allait faire ses premiers pas dans ce nouvel environnement, Lauren alla fouiller dans son armoire. Elle fouilla parmi ses vêtements et trouva la fameuse boîte. C’est avec émotion qu’elle s’en saisit. Elle s’assit sur son lit et déposa le coffret sur ses genoux. Cela faisait tellement de temps qu’elle ne l’avait pas ouvert. Elle resta un moment dans cette position, la main posée sur le couvercle et ses yeux qui le fixaient. Elle se décida enfin à l’ouvrir, son cœur battant fort dans sa poitrine. Elle était là, bien calée dans son écharpe de Gryffondor, sa baguette. Elle l’effleure de son index et ressenti instantanément une sorte d’énergie forte. Le lien était-il toujours là malgré les années ? Cela faisait aussi partie des questions qu’elle se posait : Sa magie serait-elle toujours présente malgré des années sans pratiquer ? Se premier contact la rassura quelque peu. Elle l’attrapa à pleine main et ressenti en elle une chaleur bienveillante. Cette sensation calma ses pensées et elle se sentait désormais prête à accompagner sa fille sur le chemin de Traverse.

Elle descendit les marches d’escalier et son époux, parfaitement conscient de ce qu’il se passait dans la tête de sa femme, l’accueillit en bas et l’a prit quelques instants dans ses bras. « Prête ? » lui demanda-t-il en faisant abstraction des paroles lointaines de sa fille. « Oui, c’est bon. J’ai retrouvé une bonne amie » dit-elle en montrant sa baguette. Paul lui adressa un sourire puis leva les yeux au ciel en entendant une énième demande de la nouvelle sorcière de la famille. « Oui, Maddie on y va ! » lui répondit-il en rigolant face à l’excitation de son enfant. « Se calmera-t-elle un jour ? » interrogeât-il sa femme d’un faux air désespéré. « Je ne crois pas mon chéri, c’est peine perdu à mon avis » répondit Lauren en prenant son sac à main. Le couple sortit de la maison et toute la famille prit la route en direction de Londres.

Dans la voiture, trois états d’esprit étaient réunis. Monsieur Joy était serein, Miss Joy était pensive et Maddie était...et bien elle était Maddie c’est à dire pipelette et excitée. Elle ne trouva cependant pas de réponse à ces nombreuses questions. Ça maman lui disait qu’elle allait tout découvrir par elle-même dans quelques minutes, elle devrait faire preuve de patience. Maddie se renfrogna en entendant ce mot : Patience. Elle le détestait.

La chose qu’elle n’arrivait absolument pas à comprendre, c’était pourquoi son papa ne verrait pas la même chose qu’elle une fois arrivé devant le Chaudron Baveur. Comment cela était-il possible ? La rue est la même pour tous, il ne peut pas y avoir deux choses au même endroit...Ça maman lui avait seulement dit que c’était de la magie. Trop vaste réponse pour une curieuse de son calibre. Une fois arrivé sur Charing Cross road, Lauren indiqua à son époux où s’arrêter. Maddie ne pu s’empêcher de lui demander : « Alors papa, tu vois quoi là? » en pointant le pub du doigt. « Je vois un magasin de disque et une vieille librairie » stupéfaite, Maddie lui décrivit ce qu’elle voyait elle. Cela l’attristait qu’ils ne puissent pas partager cela, eux qui étaient si proche. Elle lui promit de tout lui raconter dans les moindres détails. « Je n’en doute pas venant de ta part » lui répondit son père amusé. Maddie eut un petit rire puis elle détacha sa ceinture, se leva de son siège et bascula en avant pour faire un bisou sur la joue de Paul. Elles descendirent de voiture et Paul reviendrait les chercher dans quelques heures.

Lauren et Maddie se retrouvait à présent toutes les deux face au pub. Sa maman l’informa qu’elle risquait de rencontrer des personnes qui lui sembleraient peut être étranges mais qu’il fallait qu’elle garde l’esprit ouvert. Elle allait découvrir un nouveau monde qui allait lui réserver bien des surprises. Maddie acquiessa et promit d'être discrète. Du moins, elle allait faire son possible. Elle avait surtout très envie d'y aller et aurait pu promettre monts et merveilles si cela lui permettait d'accéder au Chemin de Traverse plus vite. Lauren saisit la main de sa fille et elles entrèrent dans le Chaudron Baveur. Maddie regardait partout, trouvait effectivement plusieurs choses bizarres mais aucun mot ne sortirent de sa bouche. La traversée de l’établissement fut rapide. Elles arrivèrent face au fameux mur de brique. « C’est là, ça y est, tu vas te servir de ta baguette maman ? » Lauren inspira et murmura « Je vais essayer en tout cas ». Elle regarda les briques et ses yeux se fixèrent sur une en particulier. *c’est elle* songeât Lauren. Elle était soulagée de s’en être souvenue. Elle s’approcha et saisit sa baguette. *à nous deux ma belle* pensa-t-elle avant de tapoter trois fois la brique. 

Un passage s’ouvrit et la lumière vint les aveugler. Elles avancèrent de quelques pas et puis après quelques clignements des yeux Maddie discerna le fameux chemin de Traverse. Un grand « Wahhhhhh » sortit de sa bouche. Elle regarda l’ensemble qui fourmillait de monde. Son excitation grandit d’autant plus devant toute cette agitation. Elle tira la main de sa maman pour avancer mais celle-ci ne bougeait pas. A cet instant, une vague de souvenirs envahissait Lauren. Elle se revoyait à l’âge de Maddie, accompagnée de ses parents adoptifs sur ce même chemin.

Elle se revoyait regarder cette même rue bondée, la boule au ventre, ne sachant pas par quoi commencer, ne sachant toujours pas vraiment ce qu’elle faisait ici. Heureusement pour elle, ses parents, George et Maddie Openwise étaient des moldus d’une ouverture d’esprit sans faille et étaient décidés à l’accompagner du mieux qu’ils pouvaient dans cette aventure. Cela aurait pu être déroutant de découvrir que leur fille adoptive était une sorcière mais pas pour eux. Ils avaient pris les choses comme elles étaient venues et puis Madame Openwise avait toujours trouvé que sa fille était spéciale. Elle n’avait jusque là jamais su d’où cette pensée lui était venue car elle n'avait pas été le genre de mère à mettre son enfant sur un piédestal mais ce sentiment ne l’avait pourtant jamais quitté. Elle avait désormais eu sa réponse. Ils ne leur avaient pas fallu plus de temps que de lire la lettre de Poudlard pour accepter pleinement la magie de Lauren. Leur seule inquiétude avait été l’angoisse de leur enfant. Ils avaient avant tout voulu la rassurer et lui faire comprendre que pour eux rien n'avait changé, qu’ils l’aimaient tel qu’elle était et qu’ils feraient tout leur possible pour qu’elle vive au mieux ce bouleversement. Lauren se rappela le moment où elle et ses parents avaient lu la fameuse lettre. Sa maman lui avait dit pour détendre l’atmosphère « Bon et bien c’est une excellente nouvelle, merci ma chérie, ça va nous faire des vacances ! On n'aura pas besoin de faire le tour de tous les collèges du secteur, c’est tout choisi et l’inscription est déjà faite ! Elle n'est pas belle la vie ! » tout en posant tendrement sa main sur la joue de Lauren. Grâce à cela, elle parvint à faire apparaître un sourire et même un léger éclat de rire à sa fille.

*Oh maman* songea Lauren revenant peu à peu dans le moment présent. Revoir le visage de sa mère dans les moindres traits, lui fit ressentir à nouveau à quel point cette dernière lui manquait. Maddie Openwise était en effet décédée juste avant la naissance de la fille de Lauren qui, fruit de l’admiration qu’elle avait pour sa maman, donna ce même prénom à la petite Maddie Joy. 

Cette dernière, elle, était loin d’être impressionnée par le chemin de Traverse ! Elle avait même déjà lâché la main de sa mère pour regarder au travers de la première vitrine qui s’était présentée à elle. Lauren roula des yeux et s’empressa de la rejoindre. « Maddie ne t’éloigne pas ! Allez viens, il nous faut d’abord de l’argent pour pouvoir acheter tes fournitures» dit-elle en reprenant la main de son enfant. Maddie souffla, elle n’en pouvait plus de patienter. « Ne fais pas ta mauvaise tête! Chercher de l’argent sur le chemin de Traverse est une aventure en soi. Je suis sûre que ça va te plaire » s’exclama Lauren en terminant par un petit clin d’œil. Il n’en fallut pas plus pour que les yeux de Maddie s’écarquillent. Elle avait hâte de découvrir ce dont sa maman parlait.

Après avoir failli foncer dans une bonne dizaine de personnes car son regard était fixé sur les devantures des magasins, Maddie arriva devant un impressionnant bâtiment tout tordu. Elle cligna plusieurs fois des yeux mais c’était bien cela, la banque était belle et bien tordue. « Voilà ma chérie, nous voici devant Gringotts. C’est la banque des sorciers. La créature que tu peux voir vers l’entrée c’est un gobelin. Ce sont eux qui gèrent toute la banque. On entre ? » Maddie tâcha d’enregistrer ces informations et fixa la créature dont lui parlait sa maman. Jamais elle n’aurait cru qu’ils existaient vraiment. Elle avait décidément beaucoup à apprendre. Un peu impressionnée devant un tel édifice et des créatures étrangères, Maddie répondit un simple « oui » et suivit sa mère. Elle croisa le regard du gobelin et détourna les yeux aussi vite que possible. Une fois le sas passé, elles arrivèrent dans un hall où se trouvaient des centaines de gobelins. Certains levèrent le nez de leur tâche en les voyant passer mais la plupart étaient trop concentrés. Maddie serra un peu plus fort la main de sa maman. A cet instant même, l’idée de la lâcher lui était inconcevable. Elle était impressionnée. En effet, sa maman avait raison : c’était une aventure! Cependant, elle n’était pas convaincue de l’apprécier. Lauren s’adressa à un gobelin qui lui indiquait vers quel conseiller se rendre. Aucun mot n’était sorti de la bouche de la jeune fille. Elle n’était pas à son aise dans cet endroit. Il manquait cruellement de convivialité. La petite blonde avait hâte de sortir bien qu’elle trouvait le lieu magnifique. Elle observait les colonnes et moulures pendant que sa maman réglait ses affaires. « C’est fini, on sort ma puce » Maddie ne se fit pas prier et marcha à vive allure en direction de la sortie.

« Alors, qu’en as-tu pensé ? » dit Lauren en se mettant face à son enfant. Maddie fit une petite moue et expliqua qu’elle n’avait pas trop aimé l’atmosphère du lieu. « Rrroo c’est sûr que ce ne sont pas les créatures les plus chaleureuses qui soient mais ils ne vont pas te manger ! » Maddie se retint de lui tirer la langue. « Bon, je vais t’expliquer la monnaie des sorciers maintenant » *Quoi ? Ce n’est pas le même argent que nous ?* s’interrogeât Maddie en relevant les sourcils. « Alors regarde, cette pièce s’appelle un Gallion, celle-ci une Mornille et la petite une Noise. Le Gallion vaut dix-sept Mornilles si mes souvenirs sont bons et une Mornille, vingt-neuf Noises » « Ils n’auraient pas pu faire plus compliqué » commenta Maddie. « Ça te fera travailler ton calcul mental, tu en as bien besoin » plaisanta Lauren. Maddie se retint une nouvelle fois de lui tirer la langue mais ne pu s’empêcher de rigoler et d'avouer que sa maman avait bien raison. 

L’heure des achats était arrivé et l’excitation envahissait à nouveau Maddie. Lauren consulta la liste des fournitures et tenta de se remémorer l’emplacement de chaque boutique. « On commence par quoi ? » interrogea Maddie impatiente d’entrer enfin dans un des intriguant magasins qu’elle avait croisé. « Ahah, tu verras bien ! » répondit Lauren qui s’amusait de la situation. Elle prenait désormais un réel plaisir d’être en ce lieu et de faire découvrir tant de choses à son enfant. 

« Tiens, on va aller par ici dans la boutique de Madame Guipure » dit Lauren en attrapant la main de son enfant. « Ah, c’est quoi ? Le magasin de baguette ? Les chaudrons ? » dit Maddie curieuse et enthousiaste. « Non, c’est un magasin de vêtements » répondit sa maman. Maddie était déçue. Elle voulait en prendre pleins les yeux. Les vêtements, elle connaissait, elle en avait plein son armoire. Voyant la petite mine de sa fille, Lauren tenta de l’intéresser : « Tu ne veux pas essayer ta robe de sorcière ? Et un vrai chapeau pointu ? » Maddie releva aussitôt la tête. « Siiii » répondit-elle en ayant retrouvé le sourire. Comment n’avait-elle pas pu comprendre plutôt. Elle aurait dû se douter qu’elle n’allait pas acheter des petites culottes sur le chemin de Traverse ! Ravie, la jeune fille accéléra le pas.

Toutes deux entrèrent dans la boutique et saluèrent les deux sorcières qui travaillaient dans l’établissement. Il n'y avait pas foule, c'était parfait. Lauren et Maddie se dirigèrent vers les robes pour élève qui se trouvaient dans la partie gauche du magasin. Sa maman sélectionna un modèle et proposa à sa fille de l’essayer. « Mais maman, elle est trop grande cette robe » « Tu verras » répondit Lauren un petit sourire en coin. Obéissante mais dubitative, Maddie entra dans une cabine d’essayage et enfila la robe. Instantanément, cette dernière s’ajusta à sa taille. « Ohhh » réagit la petite blonde sous le charme de ce qui venait de se passer. Elle avait ressenti les coutures se resserrer d’elles-mêmes afin de s’ajuster parfaitement à ses mesures. « Trop fort maman ! » s’exclama-t-elle. « Je savais que ça te plairait » rigola Lauren en voyant le visage émerveillé de son enfant. « Bouge pas, je vais te chercher ta cape d’hiver » Maddie acquiesça tout en continuant de se regarder dans le miroir. Elle pouffa quelques fois de rire en se remémorant ce qu’il venait de se passer.

Lauren revint rapidement et Maddie essaya la cape. « Ohh elle est belle, maman » dit la jeune fille tout sourire. Lauren observa son enfant, lui demanda de tourner sur elle-même, de tendre ses bras en avant,... tout cela pour voir si la cape était parfaitement adaptée. Dans le cas contraire, elle aurait demandé si des retouches étaient possibles. « Maman, je peux l’enlever, je meurs de chaud » supplia Maddie alors que sa maman était en pleine réflexion. « Hum, oui c’est bon, désolée chérie. En effet, tu as les joues toutes rouges. Retire-la vite. » avant d’ajouter « Maintenant, c’est le moment du chapeau pointu. Viens, il faut que ces dames prennent la mesure de ton tour de tête » Maddie habillée de sa robe de sorcière déposa soigneusement la cape dans la cabine et suivit sa maman.

La mesure ne prit que trente secondes et la sorcière lui apporta un chapeau à sa taille. « Merci Madame » dit Lauren en quasi-synchronisation avec Maddie. La jeune fille retourna à sa cabine pour voir le résultat. C’était désormais une vraie sorcière. Son visage était radieux et Lauren ne manqua pas de le souligner. « Une vraie petite sorcière, il ne manque plus que la baguette » « On y va tout de suite après ? » interrogeât Maddie, toute excitée. « Non, la boutique est tout au bout du chemin. Gardons le meilleur pour la fin ! » dit Lauren en tapotant un petit coup le bout du nez de sa fille. « Allez, on prend tes gants de protection pour tes cours de potion et on pourra passer à la suite ». « Ok » dit Maddie en se rhabillant. Lauren laissa le soin de payer à sa fille afin qu’elle se familiarise avec sa nouvelle monnaie. Elle n'était pas encore tout à fait au point et demanda plusieurs fois à sa maman de lui rappeler les règles de conversion. Les sorcières étaient amusées et la félicitèrent une fois la tâche accomplie. Elles remercièrent les sorcières et sortirent un grand sac à la main.

« En route pour un magasin qui va te plaire, il s’appelle Fleury et Bott » Etrangement, Maddie ne questionna pas sa maman et se laissa guider. Une fois arrivées devant, elle comprit sans mal ce qu’elles allaient acheter en ce lieu. Elle adorait les livres, c’était donc un pur bonheur d’entrer. Elle prit une grande inspiration pour remplir ses poumons de cette bonne odeur. Lauren eut exactement la même réaction. Elles échangèrent un regard complice suite à ce constat et commencèrent à arpenter les rayonnages colorés. Elles flânèrent un moment dans la boutique juste pour le plaisir. Maddie rigola en voyant un livre traverser tout seul la boutique. Elle vit même une dame récupérer un livre trop haut pour elle en se servant de la magie. Elle avait dit « Accio » puis le nom du livre. Maddie s’amusa à l’imiter. Elle venait de découvrir la formulation d’un sortilège et était sûre qu’il resterait gravé dans sa mémoire. Elles finirent par trouver tous les manuels nécessaires. Maddie avait envie de plonger directement le nez dans son livre intitulé « L’Histoire de Poudlard », elle ne résista pas et l’ouvrit. « Tu le liras une fois à la maison chérie, on n'a pas le temps-là » Maddie fit une petite moue et referma l’ouvrage à contre cœur. Elle allait probablement occuper les jours qui la séparaient de sa rentrée scolaire pour dévorer tous ses manuels, cela ne faisait aucun doute.

Les bras chargés, elles retournèrent sur le chemin de Traverse. « Tu vois, première fois que je regrette que ton père soit un Moldu. S’il avait été sorcier, il aurait pu venir et on aurait pu se servir de lui comme d’une mule » plaisanta Lauren. Maddie explosa de rire et toutes deux prirent le chemin pour leurs prochaines emplettes.

Maddie et Lauren entrèrent dans la papeterie du chemin de Traverse. La jeune fille ne voyait pas trop l’intérêt de s’y rendre. Ils avaient chez eux tout un stock de cahier, de stylos, de classeurs, de feuilles à grands ou petits carreaux. Ils auraient limite pu eux-mêmes ouvrir un magasin.

Une fois la porte franchie, elle se rendit compte que ce n’était pas le même genre de papeterie qu’elle connaissait. Elle ne voyait aucun des articles auxquels elle était habituée. Étonnée, elle se balada dans la boutique et sa maman l’observa faire en attendant les premières questions. Elle vit tout un tas de plume. Elles étaient certes magnifiques, mais Maddie ne comprit pas pourquoi elles se trouvaient dans ce type de boutique. Le papier lui, était d’une couleur plutôt marron et il n’y avait aucune ligne dessus. On était bien loin des feuilles bien blanches où tout était fait pour écrire bien droit. À chaque objet qu’elle croisait, un seul mot lui venait à l’esprit : Pourquoi.

Perdue, elle revint vers Lauren qui l’attendait et comptait à rebours dans sa tête, persuadée qu'une question de sa fille arriverait dans *5, 4, 3, 2, 1* « Mais pourquoi ? » demanda la petite blonde. *Et bingo!* pensa Lauren avant de répondre amusée « Pourquoi quoi ? ». « Pourquoi il n’y a pas de stylo par exemple ? » « Il y a des plumes » dit Lauren en haussant les épaules. Elle s’amusait bien des non-connaissances du monde magique de sa fille. « Très drôôôle » répondit la jeune fille avant de s’impatienter « Allez maman, dis-moi s’il te plaît ». « Désolée, c’est trop drôle de te taquiner. En fait, les sorciers n’écrivent pas avec des stylos, mais avec de belles plumes » « Mais comment on peut écrire avec une plume ? » Maddie ne comprenait décidément rien. « Avec de l’encre tout simplement. Tu sais, dans le temps, à l’époque de tes arrières grands-parents, je dirais, ils écrivaient avec une plume et de l’encre » « Ah bon ? » prononça Maddie comme si c’était la nouvelle du siècle. « Oui et il faudra t’y habituer, car dans le monde de la magie, c’est comme si tu faisais un bon dans le passé. Par exemple, tu ne verras jamais aucune prise électrique à Poudlard. Rien d’électrique n’y fonctionne. » « Mais pourquoi ? » Maddie ne comprenait pas pourquoi ils se compliquaient la vie à ce point, comment c’était possible de vivre sans électricité ! « Ils n’en ont pas besoin, tout simplement. Ils ont la magie. Eux, ils ne tâtonnent pas le mur dans le noir pour trouver l’interrupteur. Ils prennent juste leur baguette et disent « Lumos » » exposa Lauren tout en faisant une démonstration à sa fille qui regarda la bouche semi-ouverte le bout de la baguette de sa maman qui était allumée. « Ok, c’est carrément cool ! Je veux bien vivre au temps des dinosaures rien que pour apprendre à faire ça » dit-elle avec un immense sourire.

Au final, tout cela lui disait bien. Elle était émerveillée par tout ce qu’elle découvrait au fur et à mesure des explications de sa maman. Elle était totalement transportée ailleurs, elle était curieuse et de plus en plus impatiente de faire sa rentrée. Elle retourna alors vers les plumes et cette fois-ci Lauren vint avec elle. La jeune fille ne pouvait s’empêcher d’en toucher quelques-unes et se voyait déjà gratter le papier. Elle allait devoir s’entraîner à écrire avec ce nouvel outil pendant les derniers jours des vacances. Comme si elle était capable de lire les pensées de sa fille, Lauren dit :

« Tu verras, avec un peu d’entraînement, tu te débrouilleras parfaitement. Ça a été difficile pour moi au début, mais j’y suis arrivée alors il en sera de même pour toi »

Maddie lui sourit alors qu’une idée lui venait à l’esprit. D'une voix douce elle demanda :

 « Tu aurais encore ta dernière plume ? » « Oui sans doute » répondit Lauren. « Je pourrais l’avoir pour faire ma rentrée ? » « Bien sûr ma chérie, si ça te fait plaisir » dit sa maman, touchée, en déposant un baiser sur le front de sa fille. « Choisis-en tout de même une autre au cas où, car ma plume n’est plus toute jeune et a déjà bien servi » conseilla Lauren. Maddie en choisie une toute blanche. Elles prirent aussi des parchemins et de l’encre.

La démarche rapide, elles se rendirent à un magasin appelé « Au bon chaudron ». Maddie savait directement où elle mettait les pieds cette fois-ci. Un immense sourire s’afficha sur son visage quand elle arriva vers la devanture et un petit rire s’échappa de sa bouche reflétant son enthousiasme. De beaux chaudrons étaient exposés à l’extérieur, les yeux de la petite fille trahissaient son envie de les toucher et de regarder à l’intérieur au cas où il y aurait une quelconque potion inoffensive de préparer.

Elle poussa ensuite la porte et remarqua directement l’immense chaudron qui se trouvait au milieu de la boutique. Elle rigola en voyant le mot stipulant qu’il fallait effacer ses traces de doigts si l’on touchait un chaudron. Elle était étonnée de constater que la consigne était scrupuleusement respectée en voyant la pile de mouchoirs à l’intérieur du chaudron. Elle ne put s’empêcher de penser que ce n’était pas près d’arriver dans un magasin Moldu.

« Montre ce qui est écrit sur la liste maman s’il te plait» demanda-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds. « Il te faut un chaudron taille 2, des fioles et une balance » lu Lauren en montrant la liste sans toutefois la confier à sa fille. Maddie partit directement à la recherche de son chaudron. Elle trouva facilement les chaudrons destinés à l’apprentissage. Ils étaient empilés au fond de la boutique.

Elle en prit un de la bonne taille et le regarda sous toutes les coutures. Sa maman la rejoignit avec le reste du matériel. Elle regarda l’ensemble qu’elle trouvait très joli. Elle n’était pas sûre de briller dans le domaine des potions, car les sciences étaient son point faible, mais tout cela la motivait et lui donnait envie de se surpasser. Elles en avaient désormais aussi fini avec ce magasin.

Les choses se concrétisaient au fur et à mesure des achats. Maddie avait presque tout pour faire son entrée dans le monde de la magie. Il lui manquait cependant encore une chose essentielle : sa baguette.

« Allez maman, vite, on continue!!! » supplia Maddie sans toute fois taper du pied. « Hey, une minute je te prie, viens donc porter quelques affaires et je serais peut-être plus vive! » répondit Lauren qui croulait sous les fournitures. La future collégienne lança un regard désolé et s’approcha pour saisir l’un des sacs. Lauren chargea le reste à l’intérieur du chaudron et toutes deux sortirent de la boutique.

Lauren raya la liste des fournitures et sourit en voyant qu’il ne restait plus qu’un objet à acheter : la fameuse baguette. La plus belle expérience que son enfant pourrait faire en ce lieu. Elle avait bien évidemment gardé cet instant pour la fin. « Le moment tant attendu est arrivé ma chérie » dit-elle émue en repliant soigneusement le parchemin tout en se tournant vers sa fille. Fille qui avait déserté. « Maddie ? » s’inquiéta-t-elle en regardant les alentours. Elle repéra les longs cheveux blonds de son enfant qui semblait avoir le nez collé à une vitrine. *La prochaine fois, je lui mets une laisse* se dit Lauren en serrant la mâchoire avant de retrouver la jeune fille.

« Te sauve pas comme ça surtout avec la foule qu’il y a ! » gronda-t-elle à voix basse dans l’oreille de sa fille. « Désolée » répondit Maddie tout aussi bas, ne quittant pas la vitrine des yeux. Lauren prêta enfin attention à ce qui obnubilait son enfant : des balais magiques. Sa fille venait sûrement de comprendre que le mythe de la sorcière sur son balai était une réalité. « Oui, tu vas apprendre à voler » dit-elle en passant son bras autour de la taille de la petite blonde. Cette dernière détourna enfin le regard et le tourna vers sa maman. Ses yeux pétillaient de milles feux. « On va acheter un balai ? » demanda-t-elle. « C’est pas sur la liste et à mon époque les première année n’avaient pas le droit d’avoir leur propre balai. L’école t’en fournira un quand tu en auras besoin ». Cette nouvelle ne déçue pas l’enfant, c’était déjà une grande nouvelle d’apprendre qu’elle allait voler.

Bien qu’elles étaient en retard sur leur planning, Lauren proposa à sa fille d’entrer dans la boutique pour lui en apprendre d’avantage sur cette discipline. Elle ne voulait pas que sa fille pâtisse de son choix d’exclure la magie de leur vie. Maintenant que Maddie allait intégrer ce monde, elle se devait de la préparer au mieux malgré la peu de temps qu’il restait avant la rentrée scolaire. L’événement allait sûrement se montrer stressant pour Maddie alors autant que cela se fasse avec un maximum de connaissances. Il était urgent de rattraper tout ce temps perdu. Lauren en prenait de plus en plus conscience. 

Lauren entraîna Maddie face à une affiche accrochée à un des murs intérieurs de la boutique. Elle était en l’honneur des Canon de Chudley. « Tu vois ça c’est une équipe de Quidditch ! », Maddie la regarda avec une grimace. Lauren enchaîna « C’est LE sport sorcier par excellence alors retiens bien ce mot. J’assistais aux matchs de l’équipe de ma maison à l’époque. J’étais une vraie groupie » dit-elle en rigolant. Maddie fit de même avant de demander plus d’explications. Lauren lui expliqua grosso modo le but de ce sport mais ne se souvenait plus de grand-chose en matière de règlement. Elle lui précisa que c’était tout de même assez complexe. Maddie n’en perdit pas une miette. Elle fit ensuite le tour de la boutique pour voir les différents produits dérivés et savait déjà que tout cela lui plaisait bien qu’elle n’était pas une grande sportive. Elle se sentait plus l’âme d’une fervente supportrice à l’image de celle qui lui servait de modèle.

 « Allez, assez traîné. Le moment le plus important de la journée est arrivé » dit Lauren en retrouvant l’émotion qui l’avait quitté au moment de la disparition de sa fille. « Il est temps d’aller acheter ta baguette ! ». Maddie reposa immédiatement la casquette qu’elle était en train d’essayer et se précipita vers la sortie. Le Quidditch était vite oublié face à l’événement qui l’attendait.

Trop impatiente, Maddie avait une bonne avance sur sa maman qui parvenait tout de même à bien avoir son enfant dans son champ de vision. Maddie regardait à droite puis à gauche à la recherche d’une boutique au nom d’Ollivander. Cette dernière se trouvait tout au bout du chemin. Maddie s’arrêta net en la voyant. Elle n’osa pas approcher. Elle était impressionnée mais ce n’était pas que cela qui la retenait. La boutique lui faisait un peu peur. Pas de jolie vitrine, pas vraiment d’éclairage. Elle avait beau tendre le cou, elle ne distinguait rien. Elle préféra donc attendre sa maman. Essoufflée par la cadence de sa fille et par le poids du chaudron rempli, Lauren encouragea sa fille à avancer tout en se dirigeant elle-même vers la porte. « En avant, en plus on a de la chance il n’y a pas la queue » dit-elle en poussant la porte.

Elle entra alors que Maddie restait cachée derrière elle. « Bonjour, l’être caché derrière moi va faire sa première rentrée à Poudlard et vient donc acheter sa baguette »dit Lauren un brin moqueuse. Le vendeur rit légèrement et dit bonjour à son tour. Sa voix était douce et assez rassurante pour que Maddie sorte de sa cachette. « Bonjour » dit-elle à son tour tout en observant l’arrière-boutique. Il y avait là un choix de baguettes impressionnant ! Le vendeur lui indiqua qu’il devait prendre quelques mesures. Maddie le laissa faire et retrouvait tout son bagou au fur et à mesure. « Et bien, on peut dire que vous aimez les baguettes vous ! Il y en a combien ici ? Mille ? Dix-mille ? » Monsieur Ollivander se contenta d’un petit sourire avant de lui dire qu’elle allait pouvoir passer aux essais. Maddie était prête et regardait avec intérêt l’homme faire son choix. Elle avait l’impression qu’il cherchait à ressentir une certaine vibration en passant dans les rayons. Comme si les baguettes lui parlaient.

Il annonça : « Dix-sept centimètres, bois de châtaigner et plume de phénix. Tenez et faites le geste » termina-t-il en tendant la baguette à Maddie. Elle se saisit de l’objet mais ne savait pas ce qu’elle devait faire. *C’est quoi le geste ?* se demandait-elle. Comme si elle devinait les pensées de son enfant, Lauren montra un geste simple à son enfant. Maddie l’imita mais absolument rien ne se produisit. Elle essaya encore et encore avant qu’Ollivander ne lui dise qu’il ne servait à rien de s’acharner. Ce n’était tout simplement pas la bonne baguette pour elle. Elle en essaya d’autres et le constat était le même. Cela n’enleva rien à la motivation de la petite blonde qui s’amusait à voir la pile de baguettes s’accumuler et la queue se former à l’extérieur. « vingt-trois virgule un centimètres, bois de châtaigner et ventricule de dragon devrait faire l’affaire ». Maddie s’en saisit et contrairement aux autres fois, elle ressentit une énergie parcourir l’entièreté de son corps. Retournée par ce qu’elle venait de ressentir, elle lâcha la baguette. « Désolée, désolée » dit-elle en se baissant pour récupérer sa précieuse alliée. « C’est la bonne » dit simplement le vendeur qui ne semblait pas lui en vouloir. Maddie acquiesça d’un hochement de tête, toujours troublée. Lauren était fière de voir sa fille en possession de sa baguette, elle en avait les larmes aux yeux. Elle ne put s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur en pensant à son époux qui n’avait pas eu la chance d’assister à cet événement si important dans la vie de sa fille.

Maddie se remit vite de ses émotions et paya rapidement Monsieur Ollivander. Elle aussi pensait à son papa avec qui elle avait une relation très fusionnelle. Elle l’imaginait en train de les attendre dans la voiture et elle ne voulait plus traîner. Fini pour elle le lèche-vitrine, les découvertes en tout genre sur le monde qui l’attendait. Tout cela était enchanteur mais elle voulait désormais retrouver le monde Moldu afin de partager tout cela avec Paul. Elle ne prêta pas la moindre attention aux boutiques d’animaux ni même au marchant de glace. Lauren comprit bien l’intention de son enfant et parvint à suivre le rythme imposé. La journée avait été riche en émotions pour elle aussi, peut-être même plus que pour sa fille. Elle se sentait heureuse mais épuisée à la fois. Il lui tardait également de retrouver le calme de son foyer. Elle savait bien que plus rien ne serait désormais comme avant, la magie faisait à nouveau partie de sa vie, de leur trois vies et face à ce constat, un grand sourire illumina son visage.