Philippe marchait sur le chemin de Traverse, cela faisait un an, déjà un an que sa vie avait changé, un an qu'il avait découvert ce monde aux merveilles inimaginables et plein de danger, un monde rempli de magie et de mystère. Un monde dans lequel ses proches vivaient: sa femme, sa fille et même sa belle-mère. Ses fils seraient peut-être eux aussi plongé dans ce monde inconnu, ses tout petits fils, adorables garçons pas toujours obéissants. Un an déjà que Valentine ne vivait plus chez elle la plupart de l'année, il ne pouvait la voir que pendant les vacances ! Il n'avait de ses nouvelles que par hibou ! Par hibou ! Ce monde avait radicalement changé son existence jusqu'alors paisible.

Il regarda Félix, petit bout de chou aux cheveux d'ébène qui lui tenait la main, l'entraînant vers une boutique, ou une banque, il ne savait pas trop.

- Allez ! Viens Papa ! Dépêche-toi !

L'homme eut un sourire, il aimait son fils de tout son cœur, tout autant qu'il aimait sa fille ou sa femme ou Louis, garçon solitaire qui ne s'arrêtait jamais. Quoi qu'il arrive, il fonce, prêt à tout pour parvenir à ses fin, il était empreint d'une détermination sans faille. Et sa fille, presque douze ans. Alors qu'il lui semblait que la veille encore elle tenait dans ses bras. Tant de temps était passé depuis cette époque, tant d'événements étaient survenus qu'il ne saurait tous les lister.

Sa femme marchait à ses côtés, disant des choses que Philippe ne comprenait pas, sans doute des histoires de chaudrons ou de balais volants, un truc de sorcière qu'il n'était pas en mesure de saisir. La famille paraissait normale parmi la foule de passant portant capes et chapeaux pointus.

Ils entrèrent dans une boutique de chaudrons, ces marmites n'attiraient pas vraiment Philippe, il préférait marchait dans la rues pavée. Quand ils sortirent enfin, un quart d'heure s'était écoulé, et chaque minute paraissait interminable.
Un fois dans la ruelle, Philippe crût reconnaître quelqu'un, il ne savait pourtant pas qui, il avait seulement une impression de déjà-vu. Hors, il ne connaissait aucun sorcier en dehors de sa famille. Comment était-ce possible ? Il avait sans aucun doute rêvé, mais tout de même… Il était certain d'avoir déjà vu l'une des têtes présentes. Mais, qui ?

J'espère que le titre et le post vous conviens 

En ce mois de juillet, il faisait particulièrement chaud ; un temps tout à fait propice pour déguster une glace, ce qui tombait bien puisque Sigmund Charleston aimait tout particulièrement les crèmes glacées. C'était en partie pour cela qu'il était venu sur le Chemin de Traverse : les glaces de Florian Fortarôme comptaient parmi les meilleures. Après s'en être régalé, il était entré dans la Ménagerie Magique, le regard attiré par les cages d'animaux visibles à travers l'oriel qui faisait office de vitrine. A l'intérieur, un chat doté d'impressionnantes moustaches lui avait fait de l’œil, étalé de tout son long dans sa petite cage, le regard fier. Estimant qu'il avait vraisemblablement quelques honorables qualités en commun avec le félin, le sorcier n'avait point hésité et était ressorti avec la petite cage contenant son nouvel ami, baptisé Moustache ; un nom plutôt commun pour un chat mais qui prenait tout son sens si l'on en jugeait par l'aspect des deux compagnons. 

Satisfait de ses nouveaux achats, il ne manquait plus qu'une bonne Bièraubeurre au Chaudron Baveur et il pourrait retourner chez lui. C'était une journée plutôt calme, surtout pour un mois de juillet, mais certaines familles faisaient d'ores et déjà les achats de leurs enfants pour la rentrée à Poudlard. Sigmund observait ces gamins ahuris qui sortaient des boutiques, émerveillés par leurs nouvelles fournitures scolaires. Certains étaient très jeunes et entamaient probablement leur première année. Son regard s'attarda sur une famille en particulier ; un couple d'une quarantaine d'années accompagné de trois marmots ; la plus âgée étant probablement élève à Poudlard. L'homme lui rappelait vaguement quelque chose, mais il ne parvenait pas à remettre un nom sur ce visage familier. C'était un vague sentiment de déjà-vu ; comme s'ils s'étaient déjà croisés il y a plus longtemps qu'il ne pouvait se le remémorer. Cela n'avait pourtant rien d'étonnant ; la communauté sorcière était relativement limitée et, se baladant très souvent au Chemin de Traverse ou même à Pré-au-lard, il voyait souvent les mêmes visages. Mais pourtant, il aurait juré avoir face à lui non pas un sorcier, mais un moldu.

Las de se torturer l'esprit ; et aussi parce qu'il aimait bien papoter, il s'avança vers la petite famille, tout sourire. 

« Bonjour ! Belle journée, n'est-ce-pas ? » lança-t-il joyeusement à la petite tribu. Son regard se posa sur l'homme. « Sigmund Charleston. » Il lui tendit la main. « Mais nous nous connaissons déjà, je crois ? Votre visage m'est familier. »

Philippe cherchait toujours ce visage si familier qui pourtant ne lui revenait pas en tête. C'était comme si le souvenir de cet personne s'était-il perdue dans le dédale qu'est la mémoire. La famille s'était tue, chacun marchait en silence, ils se dirigeaient ensemble vers la ménagerie magique, leur fille ayant insisté pour passer y faire un tour. Elle aimait beaucoup les animaux et cela n'étonnerait pas son père si elle décidait un jour d'en adopter un, et sans doute ce jour était plus proche qu'il ne le pensait auparavant. S'il voyait que la blonde trouvait son bonheur dans la boutique un peu spéciale, il comptait bien le lui offrir, bien qu'il n'ai pas d'argent sorcier. Il scrutait la foule du regard, observant chaque détail qui aurait éveillé en lui un souvenir depuis longtemps enfoui. 

Soudain, il le vit, cet homme à longue moustache qui avançait vers lui et qu'il était certain d'avoir  déjà rencontré. Monsieur-Grande-Moustache s'arrêta devant les Edin et dit:
« Bonjour ! Belle journée, n'est-ce-pas ? »
Le père de famille allait répondre mais sa femme prit les devants: 
«Oui, idéale pour faire des achats !»
L'homme regarda Philippe, qui je savait toujours pas où ils s'étaient rencontrés, il se présenta:

« Sigmund Charleston. »  il marqua une courte pause et en dit la main au moldu qui la lui serra puis le dénommé Charleston continua: « Mais nous nous connaissons déjà, je crois ? Votre visage m'est familier. »
Philippe se présenta à son tour:

« Philippe Edin. Et voici ma famille » dit il en jetant un coup d'œil à sa femme ses enfants. 
« Effectivement, c'est aussi ce qu'il me semble. Vous êtes un sorcier n'est-ce pas ?»
Cette question permettrai à Philippe de savoir plus exactement à qui il parlait. Peut être était-ce le père d'une amie de Valentine, et peut être était il lui aussi sans pouvoirs. Il l'observa attentivement en attente de réponse mais aussi de souvenirs. Il ne savait pas pourquoi, d'anciennes images remontaient à la surface de son esprit, elles dataient de l'époque où il était encore enfant, des souvenirs d'école, d'événements qui l'avaient marqué mais qu'il n'était pas en mesure de se remémorer.

L'homme se présenta à son tour. Philippe Edin. Sigmund avait vu juste : il connaissait cet homme ; son nom lui était bien familier. Philippe lui demanda s'il était un sorcier. Étonnante question : ils se trouvaient sur le chemin de traverse, rue commerçante exclusivement sorcière. Les très rares moldus qui y allaient étaient parents de jeunes sorciers qui faisaient leurs achats pour Poudlard. Sigmund n'était accompagné que de Moustache, son nouveau compagnon fraîchement acquis. Aucun marmot à lui à l'horizon. 

« Bien sûr. » répondit-il, stupéfait. Cela sonnait comme une évidence. « Pas vous, il me semble ? ». Sur ces mots, Sigmund adressa un sourire à l'ensemble de la petite famille, les observant avec attention. Ils semblaient avoir déjà fait quelques emplettes. Il reporta son attention sur Philippe. En l'observant de plus près, l'image d'un petit garçon souriant aux grands yeux bleus cachés derrière de petites lunettes se formait dans son esprit. Peut-être était-ce... ?
 
« A tout hasard, étiez-vous à l'école primaire de Calveley, entre... 2000 et 2004 à peu près, si mes souvenirs sont exacts ?  » s'enquit Sigmund, à peu près certain d'être sur la bonne liste. Si c'était bien lui, quel hasard de le croiser à nouveau, surtout sur le chemin de traverse ! Il n'avait que de vagues souvenirs de l'école primaire -et pas forcément des très bons. Ses années à l'école ne s'étaient pas très bien passées, et ses parents avaient fini par le retirer du système scolaire pour continuer son éducation à la maison avant d'entrer à Poudlard. Même si ces années regorgeaient de mauvais souvenirs, certains visages lui évoquaient une certaine sympathie, comme celui de Philippe -si c'était bien le Philippe qu'il avait connu, qui aurait peut-être pu devenir son ami si le destin en avait décidé autrement.

Ça y est ! Il se souvenait ! Le nom très original de l'homme en face de Philippe lui revenait en mémoire, il savait où il avait croisé, non, pas croisé: côtoyé le sorcier face à lui ! Derrière ce visage adulte, ressortait celui de l'enfant bouc-émissaire des idiots de la cour de récréation. Ses doutes furent certifiés par la question que lui posa le dénommé Charleston. Et Philippe, faisant le calcul mentalement, mit quelques secondes à répondre :

- Oui. C'est ça, le débuts des années 2000. Vous y étiez aussi non ? 
Il marqua une courte pause puis repris:
-Vous êtes Le Sigmund Charleston n'est ce pas ?

Pendant longtemps, durant les années que son interlocuteur avait passé à l'école, beaucoup se moquaient de lui, et Philippe ne pouvait qu'observer les fauteurs de trouble, redoutant qu'on se mette à se moquer de lui si on le voyer aider le jeune garçon. Mais il essayait tout de même d'aller voir celui ci quand il était sûr que personne ne le verrait, et essayait de le rendre heureux à son moyen: l'humour. Sa joie contagieuse se remarquait sur son visage, toujours souriant. Philippe trouvait Sigmund gentil, bien qu'ils n'aient pas eu l'occasion de bien se connaitre. Et ça l'énervait vraiment qu'on puisse s'en prendre à quelqu'un qui n'avait rien fait pour le mériter. À quoi ça sert ? À rien. C'était la seule et unique réponse à cette question.

Ces événements avaient marqués le petit garçon à l'époque, il essayait d'aider le sorcier, sans savoir qu'il en était un, puis un jour, celui-ci avait disparu. Laissant les enfants maltraitants, sans "victime" possible dans leur catégorie d'âge. Sans personne pour se passer les nerfs de leur taille. Ils avaient ensuite décidé de s'en prendre aux plus petits. 

Mais une question trottait dans la tête de Philippe depuis qu'il savait qui était l'homme en face de lui, il regarda sa famille, ils l'observaient tous avec un regard interrogatoire, et le père leur répondit d'un signe plutôt discret qu'il leur expliquerait plus tard. Il reporta son attention à celui qui aurait pu être son ami et lui demanda :

- Qu'avez vous fait après être parti ?

C'était donc bien lui. Quelle coïncidence de se voir à nouveau dans de telles circonstances. Il n'aurait pas imaginé que l'un des moldus de cette petite et vieille école en briques puisse se retrouver un jour lié d'une certaine façon au monde des sorciers. 

« De toute évidence. » répondit-il, pensif. La question suivante du moldu le laissa perplexe. « Je doute qu'il y ait eu beaucoup de Sigmund Charleston à cette époque dans cette petite école, donc oui. » Avait-il quelque chose de spécial ? Enfin, oui : il avait toujours été le gamin un peu bizarre, et pour cause : à Wettenhall, les Charleston étaient les seuls sorciers à bien des miles à la ronde. Si le nom "Charleston" était assez commun ; le prénom "Sigmund" l'était beaucoup moins et constituait, tout comme la bizarrerie du gamin un peu idiot qu'il était, source de bien des moqueries. Il se demandait quels types de souvenirs son nom évoquait à l'homme qui lui faisait face. Un peu gêné, le sorcier ne savait pas quelle attitude adopter. 

« Eh bien. » répondit-il finalement après une courte hésitation. « Mes parents ont continué mon éducation à la maison, et à onze ans, je suis entré à Poudlard. Et vous, que faites-vous là aujourd'hui ? » Son départ de l'école primaire avait fait un peu de bruit parmi les parents d'élèves, à l'époque. Dans un petit village comme Wettenhall, tout se savait. Le jeune Charleston n'allait plus à l'école et pourtant ; la famille n'avait pas déménagé. Voilà qui pouvait paraître étrange aux yeux de certains, mais ils ignoraient bien que les Charleston étaient en réalité des sorciers. Sigmund observa la petite famille, son regard s'attardant un peu sur la plus âgée des trois enfants. « C'est votre aînée ? Elle va faire ses études à Poudlard ? »

La réponse qu'attendait Philippe ne se fit pas attendre. A peine eut il posé la question qu'on lui répondit. Ah. Donc il n'y avait pas eût d'enlèvement extraterrestre ou quelque chose dans le genre, comme l'avaient imaginé les élèves de l'école primaire à l'époque. Le père de famille ne savait pas quoi dire, et il crût un moment que Charleston allait partir mais non, il lui posa seulement une question. Philippe répondit immédiatement, il avait décidé de ne pas laisser au silence le temps de s'installer:
«Nous sommes ici pour acheter les fournitures de mistinguette»
Il désigna sa fille en la regardant derrière lui, cette question avait rappelé au moldu qu'il n'était pas seul et que sa femme essayait d'expliquer aux enfants ce qu'elle même ne savait pas. En clair, elle improvisait. Philippe regarda sa fille et finit par dire en réponse à la seconde question de Charleston:
«Oui, c'est la bien plus grande. Elle va entrer en seconde année de Poudlard.»
Philippe ne savait plus quoi dire, comment faire pour continuer la conversation ? Son cerveau travaillait à toute allure, cherchant une idée et son regard se posa sur petite cage que tenait Charleston. À l'intérieur, on pouvait distinguer un chat rayé avec d'immenses moustaches. Philippe eut un petit sourire et dit:
« Il s'agit de votre chat n'est ce pas ? Vous lui avez donné un nom ?»
Dans son dos, il entendit Sophie dire au plus petit qui répondait ensuite.
«Tu as vu Félix ? Le monsieur a un chat. »
« Bah. C'est ça un chat ? C'est petit un chat. Pourquoi c'est petit un chat ? Pourquoi il ressemble à Minouche ? »
Philippe oubliait parfois que son fils voyait tout par rapport à sa taille et s'étonnait que dès qu'une chose était plus petite ou plus grande que ce qu'il pensait. Le père eut un petit rire intérieur en se disant que Félix voyait tous les jours le chat de leur voisins qui portait le nom de Minouche. Le garçon devait sans doute croie qu'il s'agissait du nom de l'espèce !

Sigmund sourit à la petite blonde aux yeux bleus. Ainsi, elle devait avoir le même âge que son filleul, Elian. Il la reverrait probablement à Poudlard et repenserait alors à cette rencontre avec Philippe. 

« Nous nous reverrons alors ! » s'exclama-t-il en s'adressant à la jeune fille. « Vous êtes encore trop jeune pour étudier mes cours, mais nous nous croiserons dans Poudlard. Je serai professeur d'étude des moldus à la rentrée.  » 

Pendant ce temps, le reste de la famille Edin s'intéressait au nouveau chat de Sigmund, qui dormait paresseusement dans sa cage de transport. Il ne fallait pas que le sorcier tarde à rentrer ; il faisait très chaud, ce qui ne devait pas être agréable pour la boule de poils qui roupillait en attendant de découvrir son nouveau chez soi. 

« Oui, je viens tout juste de l'adopter, il me faisait les yeux doux à la Ménagerie magique. Vous ne trouvez pas qu'il a de superbes moustaches ? J'ai pensé à l'appeler Moustache, justement par rapport à cela !»

Le plus jeune des enfants posa plusieurs questions, visiblement intrigué par l'animal. Cela fit sourire Sigmund, qui se fit la réflexion que ce gamin ressemblait beaucoup au garçon qu'il avait connu quarante ans plus tôt, à l'école de Calveley. C'était bien le fils de Philippe. Quelle jolie petite famille ! Le sorcier en ressentait presque une pointe de jalousie. Il regrettait parfois de ne pas avoir eu d'autres enfants. Plutôt qu'une question d'envie ; c'était surtout Ellen qui n'avait pas vraiment la fibre maternelle, et qui d'une façon ou d'une autre, avait fini par le convaincre qu'il n'était lui-même pas un très bon père. Tenir un enfant dans ses bras lui manquait parfois ; et Elian commençait à être un peu grand pour squatter ses genoux et se faire border dans son lit après avoir raconté une histoire. Et Beth, n'en parlons pas. Il n'avait pas vu son unique enfant depuis des mois. Peut-être connaîtrait-il un jour à nouveau les joies de la paternité ; on ne pouvait pas savoir ce que l'avenir nous réservait. 

Depuis que la famille avait décidé de se rendre à la ménagerie magique, les événements s'étaient déroulés à toute vitesse aux yeux de Valentine. Un homme les avait abordés et avait lancé la conversation. Il semblait connaitre son père, mais à part ça, Valentine n'avait pas compris grand chose. Avec ses frères, la blonde n'arrêtait pas de questionner leur mère au sujet du passant. Au bout d'un moment, la Serpentard entendit quelque chose qui attira son attention, le dénommé Charleston disait enseigner à Poudlard pour l'année à venir ? Le professeur parla à Valentine qui y répondit:
«Oui, même si le château est grand, on peut croiser tout le monde en une année.»
Puis, gênée que l'attention soit centrée sur elle, elle rougit et laissa la conversation reprendre.

Ainsi donc, le chat de M. Charleston portait le joli nom de Moustache, prénom de circonstance au vue de la moustache proéminente dont le félin était doté. Philippe entendait toujours sa femme expliquer au petit que Minouche était un bébé chat, et que c'était la raison pour laquelle Moustache était un peu plus grand. Félix semblait stupéfait par la nouvelle. Essayant de reporter son attention au professeur, Philippe lui demanda:
«Vous venez souvent ici ? Ou est ce seulement pour préparer votre rentrée ?»
Question que Philippe se posait depuis qu'il avait découvert cet endroit pour la première fois, les sorciers venaient-ils faire toutes leurs courses ici ou bien juste une fois dans l'année ? La seconde semblait moins probable mais expliquerait pourquoi il y avait toujours autant de monde. En reprenant une vieille expression, il pensa: *Ils sont fous ces sorciers !* puis il se mit à rire intérieurement pour cette réflexion. 

Il connaissait désormais un autre sorcier, il n'était même pas sur d'en connaître cinq, mais, qui sait, peut être certains de ses collègues ou de ses amis appartenaient en réalité au monde de la magie. Il passa en revue toutes ses connaissances, qu'est-ce que cela lui ferait s'il apprenait qu'ils n'étaient pas des non sorciers, ou plutôt, des "moldus" ? Ça lui ferait un choc, c'est sûr, mais tout de même, apprendre du jour au lendemain l'existence d'un monde scientifiquement impossible, il ne s'en remettait toujours pas, même un an après. Il faut dire que ça avait radicalement changé sa vie.

La fille de Philippe semblait assez timide ; elle lui répondit tout en rougissant qu'il était possible de croiser tout le monde, même si le château était grand. Effectivement : même avec simplement les repas dans la Grande Salle, cela était possible.

Moins intéressé par le félin que le reste de sa famille, Philippe se tourna à nouveau vers Sigmund pour le questionner.

« Bien sûr ! J'habite à Londres, donc à chaque fois que j'ai besoin d'une bricole, je viens ici. Ou tout simplement pour manger un morceau. Vous avez goûté les glaces de la boutique Florian Fortarôme ? Elles sont excellentes !  » affirma-t-il, le souvenir de sa dernière glace encore frais dans sa tête, datant de l'après-midi même. Il s'était laissé tenter par de la crème glacée goût bulle baveuse ; l'une de ses saveurs favorites.

Le chat Moustache, peut-être réveillé par toutes ces voix et l'attention qui lui était portée, se redressa dans sa cage et s'étira avec force de miaulements. Avec un sourire, Sigmund passa sa main entre les barreaux de la petite cage pour lui caresser la tête et se prit quelques coups de pattes. 

« J'imagine que nous ne sommes pas encore amis. » déplora-t-il en retirant sa main. « Je vais te ramener à la maison. Tu n'auras plus à retourner dans cette affreuse cage et tu pourras gambader partout, promis !  ». Le voilà qu'il parlait déjà à son chat. Il allait passer pour un fou ! Ou alors, Philippe qui semblait grandement méconnaître le monde magique malgré sa femme et ses enfants sorciers, penserait peut-être que le chat pouvait lui répondre. Cette idée fit sourire Sigmund.

« Je vais vous laisser, je pense. J'ai assez pris de votre temps. Bon après-midi à vous, et bons achats ! »