Lahira poussa une exclamation de surprise. Cette allée était merveilleuse. Grouillante de vie. Des personne, beaucoup, marchaient, riaient, criaient.
Ils étaient tous habiller bizarrement. Sûrement des habits de sorcier. Contrairement à la sorcière qui l'avait amener au "Chemin de Traverse", ces gens avaient de longue robes noires, ou alors de couleur pétantes, comme vert émeraude, ou violet. Certains avaient des chapeaux pointus.
Le regard aiguisé de Lahira nota que beaucoup de ces gens, ces "sorciers", avaient des longs bouts de bois, fin. Peut-être était-ce ça, les "baguettes" dont avait parlé Amanda, la sorcière qui l'avait accompagnée ? La brunette sursauta quand une gerbe d'étincelles vertes éclatèrent au bout d'un bâteau de bois. Quel monde étrange...

A côté d'elle, Amanda souriait. Grande, la peau pâle, les cheveux longs et brillants, très noirs, et avec ses yeux de jais, légèrement bridés, elle était jolie. Elle dégageait une certaine prestance. Lahira en avait été étonnée.

Tu veux que je t'accompagne faire tes achats ? demanda Amanda.

Lahira réfléchit un instant, puis répondit :
Non, ça va, merci. Je pense pouvoir me débrouiller.


La jeune femme sourit. Quelle drôle de petite fille ! D'habitude, les jeunes sorciers qu'elle accompagnait étaient tous perdus, sans repère, et requéraient son aide. Elle répondit, sans s’inquiéter, car la future sorcière semblait très indépendante :
D'accord, pas de problème. On se retrouve devant le glacier, juste ici, vers seize heures. Tu as plus de deux heures pour faire tes "courses", donc profite !

Lahira observa le glacier qu'elle avait désigné. Il s'appelait "Glaces Florian Fortarôme". Elle mémorisa sa devanture, et son emplacement, avant de se mettre en mouvement. Amanda s'était déjà éclipsée.

La petite orpheline décida de d'abord traîner un peu dans la grande rue. Elle regarda ce que faisaient les passants. Certains retraient dans les boutiques, d'autres flânaient dehors, comme elle. Il faisait beau, et chaud. Une agréable après-midi.
Elle se passionna d’observer. les faits et gestes d'une famille nombreuse. Certains des enfants semblaient aller dans la même école qu'elle, celle dont Amanda lui avait parler. "Poudlard".
Ils étaient six, tous blonds, sauf l'homme. La mère, une grande femme blonde, à l'air contrarié, parlait haut et fort pour que ses enfants l'entendent. L'homme à côté d'elle, eut-être son mari, était effacé et sans expression. Il ne s'occupait pas des ses enfants, lui. D'ailleurs, la mère lui lança plusieurs regards réprobateurs.
L'aînée des enfants était une fille, grande et blonde, comme sa mère. Elle semblait s’ennuyer à mourir, et elle était habillée normalement, avec un jean et un T-shirt.  Un garçon, qui paraissait le plus grand après la fille, âgé, peut-être, à peu près de douze ou treize ans, souriait largement. Puis suivaient deux filles, une de la même taille que Lahira, l'autre beaucoup plus petite, qui tenait la main de sa grande sœur.

La brunette s'approcha d'eux, avant de s'asseoir sur un banc juste à côté de la boutique où, apparemment, ils voulaient entrer.

Déborah ! Surveille un peu ta sœur ! Anita, tu peux arrêter un peu ton caprice, oui ! s'égosillait la femme blonde.

Déborah semblait être la fille blonde de la même taille que Lahira, et Anita, l'aînée. Cette dernière refusait de rentrer dans la magasin, une boutique nommé Apothic'herbes.

Maman, j'ai faim... gémit la plus petite des filles.
On mangera plus tard, Margot ! Anita, pourquoi tu ne veux pas venir ? s'exclama la doyenne.
Déjà que je vous accompagne, je ne vais pas entrer dans un vieil endroit qui vend des yeux de poiscailles et des algues venimeuses ! répondit Anita.

La mère soupira. Elle était fatiguée, ça se voyait. Déborah peina à tenir sa sœur, Margot, en place, et le garçon, le grand frère, avait tout simplement disparu.

Où est passé Jasper ? demanda Déborah, agrippant la main de Margot.
Je ne sais pas... Après tout, il est assez grand... Anita ! Tu comptes aller où, comme ça ? répondit sa mère.

Je m'en vais ! J'en ai assez de ce monde de tarés !
Attends ! Déborah, garde Margot, je la ramène à la maison. J'en ai pour une bonne heure.

Après ces paroles, la femme rattrapa sa fille aînée, essayant de la raisonner, mais Lahira ne les entendaient plus. Le père, qui n'avait rien dit depuis le début, suivit sa femme en jetant des regards courroucés autour de lui, ce qui étonna beaucoup la brunette. Elle avait pensé qu'il était totalement indifférent à ce qui l'entourai.

Déborah, j'ai faim !

Lahira se retourna. La fillette blonde, Margot, suppliait presque sa grande sœur. Cette famille traversait décidément une grande crise. Déborah, au milieu de tous ça, ne devait pas en mener large. Lahira aurait aimé être à sa place, même si ça ne devait pas être facile, mais juste pour avoir des frères et sœurs.

Je sais, je sais, Margot, mais j'ai pas d'argent, et je dois encore faire mes achats !

Lahira décida d'aller à leur rencontre. Déborah avait l'air de rentrer, elle aussi, à Poudlard.

Tout va bien ?

Déborah jette un regard curieux à Lahira, avant que ses joues rosirent. Elle a honte que tous les passants ont pu voir leur scène de crise. 

Oui, oui, ça va. Pourquoi ? Enfin...heu...Moi, je m'appelle Déborah.

Lahira faillit lui répondre : "Je sais, j'ai tout entendu", mais ça aurait mis la fillette encore plus mal à l'aise, et Lahira par la même occasion.

Comme ça, répondit la fillette brune. J'ai vu que tu étais...un peu...heu...désemparée. Enfin bref, moi, c'est Lahira. Tu rentres à Poudlard ?
Oui ! répondit Déborah, souriante, maintenant. En première année. Tu aimerais aller dans quelle maison ? Moi, je ne sais pas vraiment ! Elles ont toutes l'air bien ! Mais je pense que Poufsouffle, enfin non, peut-être Serdaigle, ou non ! Gryffondor, me correspondrait bien. Bref, tout sauf Serpentard, je crois...
Heu... Pardon ? Quelles maisons ? Pouf-quoi et Ser-quoi ? s'étonna Lahira, ne comprenant rien.
Poufsouffle et Serdaigle ! Les maisons de Poudlard ! Ah mais... Désolée, tu es d'origine moldue ?
Je crois que c'est moi qui est désolée, car je ne te suis pas du tout.

Lahira était vraiment perplexe. Apparemment, Amanda ne lui avait pas expliqué grand chose.

C'est pas grave ! s'exclama la blondinette. Tu veux bien que je t'explique ?

Lahira hocha la tête, et Déborah se lança dans ses explications :
Alors : Poudlard, l'école des sorciers est divisé en quatre maisons, quatre clans, ou familles, on peut dire. Ces maisons répondent à nos caractéristiques mentales. Donc, à notre arrivée à Poudlard - c'est un château, on est réparti dans l'une des...
Déborah ! J'ai faim... gémit de nouveau Margot, le visage peiné.

La grande sœur s'agenouilla pour être à la taille de Margot, et lui dit :
Je sais, mais je n'ai rien pour t'acheter de la nourriture. On va devoir attendre que maman revienne.
Quand ?
Juste une petite heure, je pense...

Le visage de Margot se décomposa, et des larmes commencèrent à couler sur ses joues rebondies. Déborah soupira avec force et prit Margot par les bras :
On attends, un point c'est tout ! Moi aussi je ne suis pas contente, mais je n'en fait pas un caprice. Alors tu arrêtes de pleurer et tu te calmes !

Déborah se releva, et s'adressa à Lahira :
J'en peu plus... soupira Déborah. Margot a déjà sept ans, et elle continue de faire des caprices comme si elle en avait trois. Et puis, ma mère ne peut jamais s'occuper d'elle...
Et ton père ? questionna Lahira.
Mon père ? Il s'est barré il y a deux ans. Le gars que tu as vu, c'est mon "beau-père".
Ah.

Le mot avait été prononcé avec beaucoup de dégoût.

Tu ne l'aimes pas ?
Non. Il est insupportable. Je comprends que ma mère est envie de refaire sa vie, mais franchement, il...

La blondinette s'arrêta soudain, et rougit. Elle bafouilla :
Je... J'suis désolée, je te connais à peine et je te parles de mes problèmes de famille... Je t'embête, c'est tout...
Non ! J'aime bien t'écouter. Enfin, si ça ne te dérange pas. J'ai pas vraiment de famille, donc...

Déborah jeta un regard interrogateur sur Lahira, mais ne posa pas de question. Elle reprit :
Bon, OK. J'ai une grande sœur, Anita, qui est moldue...heu, donc, sans pouvoir magique. Elle est compliquée, très...explosive. Ma mère doit la gérer, entre mon frère, Jasper, qui a un de plus que moi, qui disparait tout le temps, et Margot, qui fait ses caprices. Donc... Bah je me retrouve avec Margot tout le temps sur les bras. C'est pour ça que j'ai envie d'aller à Poudlard. Je vais enfin avoir un peu de liberté.
C'est drôle, commença Lahira. Moi c'est tout l'inverse. J'ai toujours été toute seule, très libre. Aller à Poudlard va me permettre de socialiser et d'être un peu cadrée.

Même en dehors de leur court de vie, les deux filles étaient parfaitement différente : Lahira, avec ses cheveux noirs et lisses, sa peau mat et ses yeux sombres, et Déborah, avec ses cheveux blonds dorés, ondulés, sa peau claire, et ses yeux verts d'eau. Et leur caractère : la brunette était impulsive et solitaire, la fille blonde, calme et entourée.

Lahira allait proposer d'aller faire un tour dans les boutiques pour occuper Margot, et qu'elles puissent continuer à discuter. Mais avant qu'elle n'ouvre la bouche, une tête blonde appart derrière Déborah. Il était blond comme sa sœur, les cheveux couleur or et ébouriffés, les yeux verts d'eau rieurs. Il avait l'air avenant et sympa.

On y va, Déb ? dit-il.
Oui, répondit-elle. T'as de l'argent pour acheter à manger à Margot ?

Puis elle se tourna vers son amie brune :
C'est mon frère, Jasper. On se revoit à Poudlard, hein ?

Lahira acquiesça en silence, les yeux toujours rivés sur Jasper. Les trois blonds s'éclipsèrent, laissant Lahira plantée au milieu de l'avenue, les joues rougies.

Lahira secoua ses cheveux noirs et se remit en route. Elle regarda autour d'elle, se délectant de toutes ses nouveautés. Mais le visage de Jasper revenait sans cesse quand elle fermait les paupières.
La brunette décida de se changer les idées en rentrant dans une boutique. Elle flâna devant chacune d'elles, se penchant pour observer les vitrines poussiéreuses. 
Un coup d'œil à sa liste à sa liste lui permit de savoir qu'elle allait acheter beaucoup de livres. Ne trouvant pas de librairie, elle s'approcha d'une petite dame, emmitouflée comme si on était dans un tempête de neige.

Bonjour, Madame… Je cherche une librairie. Vous pourriez m'indiquez la boutique, s'il vous plaît ?

La grand-mère répondit une phrase en un français trop rapide, avec un accent bizarre qui sonnait mal aux oreilles de Lahira. Elle ne comprit que les mots :"peste", "incapable" et "incroyablement effarant". 
La jeune fille recula sous le doigt crochu que lui appuyait la dame sur la poitrine, comme une accusation.

Un homme d'âge mûr vient finalement à son secours, sûrement le fils de la "folle". Il la calma en quelques mots français, que Lahira ne comprit pas, puis s'adressa en anglais parfait à elle :
Désolé, ma grand-tante est un peu nerveuse. Vous cherchez une librairie ? C'est juste à droite. La boutique s'appelle "Fleury et Bott", vous ne pouvez pas la rater.
Il n'y a pas de souci, heu...monsieur. Merci pour l'indication ! s'empressa de dire Lahira avant de détaler.

L'homme avait raison, Lahira tomba tout de suite sur la boutique. La vitrine montrait un large choix de livre, avec chacun un aspect et une taille différent. La brunette les trouvait quand même sacrément gros et...poussiéreux.
Elle prenait son temps pour inspecter la vitrine, quand elle aperçu un éclat doré à sa droite. Elle tourna furtivement la tête, voyant arriver Déborah, Jasper, Margot, et leur mère qui était revenu. Aucune trace du beau-père.

Sans demander son reste, Lahira ouvrit la porte de la librairie et s'enfonça dans la boutique.

Suite : à venir.