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26 sept. 2018, 01:42
Les Démons de la vérité  Solo 
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Ne vous est-il jamais arrivé de ressentir la pression d'un regard ? Des yeux lourds de sens vous écrasant. Ce poids absurde et étouffant ? Une force si âpre qu'elle semble vous attirer vers le sol, puis, une fois plaqué contre celui-ci, le voyage empire dans une démesure infinie. Le sol vous recouvre au point de vous engloutir et vous tombez dans des ténèbres qui vous empêche de partir ? Votre envie de vous réveiller est si puissante que votre cœur percute votre poitrine, d'une telle intensité qu'il vous est impossible de respirer. Vous tombez, tombez, tombez, la gorge serrée. Les flux d'air se font rare, vous n'avez plus aucun pouvoir. Malgré la vitesse de la chute, vous ne ressentez aucune air sur votre nuque, vos cheveux sont figés et le temps s'est arrêté. Dans une ultime tentative vous essayez de mouvoir votre corps vers une échappatoire. Impossible le vide ne vous permet pas d'atteindre la moindre victoire. Vous vous faites toute petite, détournant le regard emplis d'espoir vers la seule sortie. Finalement, vous voilà à regarder le sol, prise dans cette camisole.

Cela faisait une heure que je patientais devant la salle commune des verts. Impossible de rentrer. J'attendais. Les seuls mouvements de ce couloir humide était ceux des années supérieures. La maison des jaunes et des rouges, mais jamais de vert. Toujours les mêmes regards tourné vers moi, je détournais le mien vers mes pieds, à la seconde où je croisais le leur. Je n'arrivais jamais à soutenir le regard des autres, leurs jugements infernal. La fatigue commençait à me gagner. Je déposais mon dos sur les pierres froides de ce château. Mon corps glissa le long de la roche puis une fois au sol je plongeais ma tête entre mes genoux. Je patientais, j'avais espoir qu'un membre de mon groupe passe pour m'ouvrir l'accès à mon lieu sacré.

Mon cœur se sera lorsque les bougies qui éclairaient le couloir sombre s'éteignaient. La couleur chaude du feu laissa place au noir. Ce noir que je ne supportais pas, me laissant seule avec les sensations que ma peau pouvait capter. Le moindre frisson me faisait sursauter, cette sensation d'être attaquée par un insecte alors qu'un cheveu venait juste d'effleurer mon mollet. Je sanglotais, *Où es-tu Charlie ?* Mes pensées orientées vers mon frère absent était douloureuse. La brulure d'une séparation, pourquoi ne devait-il pas être un sorcier ? Pourquoi ne pouvait-il pas être la ? Veiller sur moi en ce lieu ? Le temps passait, je n'avais plus aucun repère. Mes yeux s'étaient habitués à cette absence de lumière, mais il m'était encore impossible de voir correctement et de voir loin. Je relevais mon corps en m'appuyant sur la roche. Sans décoller ma main de la paroi je la longeais. M'éloignant peut à peu de ce portrait qui ne s'ouvrait qu'en prononçant le mot de passe.

Mes pas étaient lourds, ma respiration courte. Je luttais contre moi-même, je luttais contre ces sensations désagréables qui se jouaient de moi. Peu à peu, une ombre se dessinait. Je ne pus m'empêcher de déglutir. Je me tournais alors vers la source de lumière. Elle était au bout du couloir, pétrifiée j'étais spectatrice de la scène. Le petit point de lumière s'arrêta à mis parcours avant de disparaitre. Je venais juste de comprendre que c'était une personne qui venait de rentrer dans l'espace que je convoitais. Mes jambes se mirent à courir dans la direction, mais à peine arrivée face au tableau celui-ci était déjà refermé. *Non, n...non* C'était un véritable cauchemar. Ma seule échappatoire venait de s'envoler. Mais comment diable, ne m'avait-elle pas vue ? Pourquoi elle ne m'avait pas attendu ? À genoux sur le sol je frappais contre le tableau des deux points. Envahis de colère, de peur, de déception. L'angoisse remontait, le noir me hantait.

Je sentais ma respiration qui ralentissait, je suffoquais tandis que je prenais des bouffés de plus en plus grosse pour compenser. Anxieuse, l'épouvante d'une nuit dans ce couloir était trop à supporter. Je remettais ma tête entre mes genoux, j'attendrais qu'une nouvelle personne m'ouvre. Je venais à peine d'arriver en ce lieu que je me sentais en perdition, loin de mes habitudes, de mon réconfort. Seule, dans le froid, dans le noir. Une pression sur mon épaule m'effraya, je relevais lentement la tête alors que mes mains tremblaient. En face de moi je vis une lumière puis, un visage apparaitre. Mon corps voulait reculer, mais le mur l'en empêchait, j'osais croiser ses yeux, son regard n'était pas malveillant. Je sentais que celle-ci parlait, mais je ne pouvais lire ses lèvres. Elle me prit par la main et me tira. Elle s'efforçait de me faire tenir sur mes jambes fébriles pendant qu'elle me baladait. Impossible de me calmer, impossible de fuir j'étais à sa merci et je ne savais pas ce qu'elle voulait faire de moi. Les sorcier étaient ils tous gentils ? J'étouffais. Finalement, la fille poussa une porte.

Derrière elle, une grande salle remplie de lits. Une femme fit son apparition, toujours supportée par l'épaule de cette fille, la dame prit le relais avant de m'asseoir sur un des lits. Je tombais, tombais dans les limbes, dans un cercle vicieux ou mes sens me trahissaient. Ma vue ne suffisait plus, mon odorat fut agressé par un mélange. Je refusais d'ouvrir la bouche, je refusais de m'abaisser à boire leurs potions dans le but de me faire du mal. Je sentais mon corps se raidir, droite comme un piquet, impossible de s'échapper. Je ne pus retenir mes larmes alors que seul mes yeux pouvaient bouger. Elles réussirent à m'administrer leurs mixtures horribles. Ma respiration reprenait peu à peu un rythme normal. Alors que la dame se penchait vers moi, mon corps reprenait peu à peu sa liberté. Elle commença à parler lentement, ses lèvres étaient jolies, je comprenais ce qu'elle disait. ¤Miss ça va ? Votre camarade vous a trouvée dans le couloir vous sembliez avoir du mal à respirer¤ Je séchais mes larmes avec le revers de ma manche puis, je me mis à signer. •j'étais bloquée dehors• Son visage se referma. Elle ne comprenait pas un mot de mes signes, c'était la même expression que les amies de mes parents ou de mon frère la première fois que je leur parlais. ¤ Désolée, je ne comprends pas, vous ne pouvez pas parler ?¤ Je fis non de la tête. Elle continua de me poser des questions fermées. Quand elle comprit alors, elle m'apporta un parchemin et une plume pour écrire.

La lumière de la lune traversait les hautes fenêtres de l'infirmerie. Je me glissais sous les draps sereine. Les rideaux ouverts, j'avais ma veilleuse, le noir ne me prendrait pas cette nuit là. Mes démons, chassés je m'endormais dans cette pièce, sous l'œil inquiet de l'infirmière.

CR Always <3