Blaze attendit que les bruits de pas s'éloignent avant de sortir timidement la tête de ses couvertures. Ulysse l'avait interpellé, lui demandant ce qu'il devait faire pour être un pro du lancer de crottes de nez. Mais le jeune Serdaigle ignora royalement sa question. Une expression de jalousie barrait son visage. Il foudroya son camarade du regard. 

« J'hallucine, comment la vie est trop injuste ! On a tous les deux une entorse et toi pourtant tu vas pas en cours demain alors que moi je dois y aller, c'est trop pas juste du tout, pfuh ! » grommela-t-il en croisant les bras. Il jeta un regard assassin à Ulysse. Blaze pouvait très bien décider de ne plus lui adresser la parole, mais s'il faisait cela, le potentiel de joueur professionnel de lancer de crottes de nez du dénommé Ulysse pourrait être gâché. Pour le bien de tous, il devait apprendre à utiliser son don. Il fit alors un gros effort pour prendre sur lui et se pencha vers le Gryffondor. 

« Bon. De toute façon, faut bien t'entraîner, pas le choix. J'ai entendu parler de la salle sur demande, est-ce que tu sais comment la trouver ? Si on pouvait s'y rendre, ça s'rait l'endroit idéal pour t'entraîner, y aurait sûrement tout ce qu'il nous faut et on pourrait faire ça loin des regards indiscrets, si tu vois ce que je veux dire. Tu as un don unique, si d'autres apprennent que t'es capable d'éjecter des perles nasales aussi loin, ils seront très jaloux. Il faut être prudents. » fit Blaze avec gravité. Il ne plaisantait pas. Au contraire, il était parfaitement sérieux et pensait tout à fait ce qu'il disait. Après tout, c'était logique, non ?

« Voici c'que je te propose : on trouve cette fameuse salle, et on s'entraîne tous les lundis après les cours. Okay ? Je te montrerai les techniques de pro, sois en sûr. Tu deviendras le plus fort. » Sur ces mots, il tendit sa main à Ulysse. Il ne restait plus au Gryffondor qu'à la serrer pour sceller leur engagement.

Lorsqu'il se tourna vers moi, Blaze avait l'air très jaloux. Pourquoi ? Une mimique d'incompréhension s'afficha sur mon visage. Le regard noir que me lança mon camarade m'empêcha de poser une quelconque question. Déçu et interloqué, je me remis bien droit contre mon oreiller - au prix de la douleur de ma cheville, qui m'arracha de nombreuses grimaces et grognements. Je croisais les bras en entendant les paroles de mon camarade, décidant de bouder. Il était jaloux juste parce que je n'avais pas cours demain alors que lui, si ? Quel gros bébé, celui-là ! Moi, j'aurais mille fois préféré aller en cours avec une cheville en bonne état plutôt que de rester enfermé dans une salle aussi blanche que le paradis - un paradis qui pour moi était un enfer. Cette pensée m'arracha une nouvelle grimace. Je n'avais pas l'habitude de préférer les cours à autre chose, mais au moins, pendant l'école, je ne souffrais pas comme je souffrais à l'infirmerie.

Blaze se pencha vers moi et commença à me parler d'une certaine Salle sur Demande et de mes futurs entrainements, mais je l'ignorais. Je n'aimais pas les gens jaloux qui jouaient aux faux-amis et qui profitaient de mes talents ! Les bras croisés sur ma poitrine, les yeux rivés vers le fond de l'infirmerie, je l'écoutais parler sans réagir. Les compliments et les affirmations de mon camarade ne me perturbèrent pas plus que ça dans ma bouderie. En ignorant ses paroles, je voulais que Blaze comprenne que je n'aimais pas qu'on soit jaloux de moi - malgré mes multiples dons et talents que certains enviaient. Mais lorsque mon camarade me proposa de s'entrainer tous les lundis soirs après les les cours dans cette mystérieuse salle et me tendit la main, je tiquais.

J'avais une envie irrésistible d'acquiescer et de serra sa main car l'aventure me tentait. Et puis je voulais découvrir la salle sur demande, dont tout le monde parlait mais que personne ne trouvait. Je portais ma main droite à mes cheveux, mon resserrer mon élastique. Jetant un coup d'oeil à Blaze, j'arrêtais aussitôt de bouder et dit d'une voix sévère :

"J'suis OK pour mon apprentissage, mais à une seule condition : t'arrêtes d'être jaloux. J'aime pas les gens jaloux. D'accords ?"

J'espérais secrètement qu'il dise oui et que je puisse enfin serrer sa main toujours tendue... qui allait l'être encore un bon bout de temps s'il n'était pas d'accords.

Alors que Blaze expliquait la marche à suivre pour l'entraînement de son camarade, celui-ci adoptait un comportement plus qu'étrange. Il ne le regardait pas. Les bras croisés, il semblait soudainement très fasciné par le plafond de l'infirmerie. Blaze leva le regard, tentant de comprendre ce que ce plafond avait de si extraordinaire pour que son jeune camarade ne le lâche pas des yeux, mais il ne vit que de la pierre, des poutres, et même quelques discrètes toiles d'araignée. Rien de fabuleux, en somme. Alors, qu'est-ce qui intriguait autant Ulysse ? Le garçon avait bien du mal à comprendre. Mais si l'autre persistait à lui accorder aussi peu d'attention, alors il finirait par bouder. D'ordinaire, il était plutôt facile à vivre en dehors de ses crises de colère, mais la douleur à la cheville le rendait particulièrement grognon. 

Blaze resta un moment la main tendue. L'autre indiqua finalement ce qui le tracassait, et le jeune Serdaigle ne put s'empêcher de grimacer. Bien évidemment, il était jaloux, et c'était une tête de pioche donc il n'en démordrait pas. N'importe qui serait jaloux ; après tout, il y avait cours d'histoire de la magie le lendemain. Il fallait vraiment avoir un morceau de nénuphar enroulé dans de la fourrure en guise de cerveau pour ne pas être content de rater ces cours-là. Mais bon, il valait mieux que Blaze mette sa jalousie de côté avant que l'autre ne retourne sa veste et déclare qu'il n'avait plus besoin d'entraînement. 

« D'accord, j'accepte de pas être jaloux, mais c'est bien parce que t'es sympa et parce que t'es doué pour lancer des crottes de nez. J'espère qu'on deviendra copains. On est quand même liés par les liens sacrés de l'entorse de la cheville. Ulysse j'ai-zappé-ton-nom, je ferai de toi un pro. »

L'heure du midi arriva bien rapidement. Blaze put enfin quitter l'infirmerie. Il sortit de son lit et s'étira comme un chat, non mécontent de son sort. Certes, il allait en cours le lendemain mais il pouvait encore jouer tout l'après-midi. Il fit ses lacets -avec un peu plus de difficulté pour le pied qui portait une attelle au niveau de la cheville, et se redressa.

« Ahh ça fait du bien. J'espère qu'il y aura du poulet à la broche à manger ce midi. Allez, salut Ulysse, bon courage pour ton ennui futur dans cette infirmerie trop calme ! T'as qu'à t'entraîner d'avance pour les lancers de crottes de nez, comme ça on aura déjà progressé. » 

Il lui adressa un signe de la main puis quitta l'infirmerie.
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Mots en gras : Mission de la Cabane de Cristal

Je lorgnais la main encore tendue de mon camarade, résistant à l'envie de la serrer et de m'excuser pour ma mini bouderie. Ce n'était pas mon genre de faire la tête aux gens, et je n'aimais pas le faire. Mais j'étais dans une situation me forçant à bouder pour obtenir ce que je souhaitais. Mon regard dévia vers la tête de Blaze lorsqu'il accepta ne plus être jaloux. Il dit qu'il espère que l'on deviendra copain. Je fronçais les sourcils à cette phrase. Ce n'était pas que je n'aimais pas me faire des copains - j'adorais ça, même - mais je n'aimais pas me faire des copains qui profitaient de mes talents, ni me faire des copains qui étaient jaloux. Je me forçais pourtant à opiner du chef et le laissais continuer. Il blablata sur les liens sacrés de la cheville puis sur mon futur de pro de lancers de crottes de nez.

Je me décidais enfin à attraper sa main (toujours tendue, au passage) et à la serrer, avec la tête des chefs d'état Moldus lorsqu'ils rencontraient un autre chef d'état d'un autre pays. Puis je dis solennellement, lentement, jouant mon rôle de pro de lancers de crottes de nez très à coeur :

"J'accepte bien évidemment d'être ton élève, très cher Blaze Sans-Nom. Et merci de m'aider."

Je lui adressais mon plus grand sourire en guise d'excuse et de remerciement, puis me plongeais dans mes pensées. Les yeux rivés sur l'horloge en face, je comptais les minutes qui passaient dans le silence. L'infirmière arriva un peu plus tard pour faire mon bandage. Une fois ma cheville rouge et gonflée enrubannée dans un tissu blanc qui me serrait, elle repartit. Blaze et moi échangions parfois quelques phrases, mais pas grand chose. Quand la grande aiguille arriva sur le douze, dans l'horloge, mon camarade sauta sur ses pieds et me souhaita du courage pour mon ennui futur dans l'infirmerie trop calme. je lui tirais la langue, faussement énervé et le narguais :

"Je vais m'ennuyer, certes, mais je ne vais pas avoir cours demain..."

Puis il partit, me laissant seul face à mon ennui. Durant toute l'après-midi, je dormis, je m'entrainais au lancer de crotte de nez, je parlais avec une autre malade... Et je m'ennuyais.