Trinity sortait de son cours de sortilège. Étant midi, tous les étudiants se pressaient pour aller remplir leurs estomacs affamés dans la Grande Salle, avides de chair, d'eau et de nourritures capables de correctement les rassasier.

Les professeurs eux aussi sortaient de leurs salles, regardant d'un air affectif pour certains, un peu plus blasé pour s'autres les masses d'élèves surexcités rejoindre leurs amis respectifs pour aller choisir leur place.

Et au milieu de tout cela se tenait Trinity. Debout, seule, marchant lentement contre le flot d'élèves. Seule son écharpe vert et argent apportait une touche de couleur à son habillement.

Depuis quelques jours, elle se comportait comme un spectre. Silencieuse, muette, lente et réservée, elle ne levait plus la main en classe, ne saluait plus ses amis lorsqu'elle les croisait. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Les couloirs se vidèrent, le flot ininterrompu d'élèves et de professeur convergea vers la Grande Salle et s'y confina. Tous les estomacs furent remplis, toutes les gorges asséchées furent rafraichies, tous les esprits satisfaits.

Tous ? Eh bien non. Notre petite Trinity se tenait debout, dans un couloir, serrant contre elle son sac, la tête baissée. Elle aurait pu être en marbre que ç'aurait donné la même immobilité.

Seulement, cette immobilité n'était pas complète. Sa joue gauche était perlée d'une larme salée, qui la brûlait.

Lentement, la jeune fille ferma les yeux. Lentement, elle s'effondra, telle une rose coupée que l'on laisse tomber à terre.

Noir.

Arya sortait de la Grande Salle en courant. Elle s'était pressé pour manger le plus vite possible dans l'espoir de terminer son devoir de métamorphose avant son prochain cours dans une heure. Par manque d'inspiration pour ce dernier, elle l'avait repoussé le plus possible, mais maintenant, elle n'avait plus le choix. Si elle ne voulait pas recevoir une nouvelle mauvaise note, elle allait devoir se confronter à ses fameux exercices.

Elle se dirigeait vers la salle commune des Gryffondors lorsqu'elle entendit un bruit incongru dans son dos. Elle se retourna et vit une élève allongée au sol, évanouie. Arya ouvrit de grands yeux surpris. Ni une, ni deux, elle se précipita vers l'élève et tente de la réveiller. En la retournant, elle ne put s'empêcher de laisser échapper une exclamation de surprise.

- Trinity ?

La peau de la Serpentard était blanche comme un linge. Elle ne connaissait pas bien la première année, mais l'avait déjà croisé plusieurs fois et passé du temps avec elle en compagnie d'autres amis.

Comme elle ne se réveillait pas et qu'il n'y avait personne d'autre dans le couloir, Arya passa un de ses bras autour de son épaule pour la porter jusqu'à l'infirmerie, qui était heureusement juste à côté. Par chance, même si Arya était très petite, elle n'eut aucun mal à transporter la Serpentard. Elle fis le chemin sans même que Trinity ne bouge le petit doigt. Arya commençait à sérieusement s'inquiéter.

Heureusement, Mme Lloyd était dans l'infirmerie, et non en train de manger dans la Grande Salle. Elle l'interpella tout en déposant Trinity sur le premier lit libre. L'infirmière la questionnant sur l'origine du malaise de la Serpentard, Arya tenta d'expliquer du mieux qu'elle pouvait le peu qu'elle avait vu.

- Elle est tombée dans le couloir, je ne sais pas pourquoi... Je ne sais pas ce qu'elle faisait, je n'étais pas avec elle.

Pendant que l'infirmière auscultait la malade, Arya était loin de penser à son devoir de métamorphose. L'infirmière annonça qu'elle allait chercher quelque chose dans son placard, et Arya en profita pour lui demander :

- Je peux rester ? Jusqu'à ce qu'elle se réveille ?

L'infirmière accepta à contrecœur, mais seulement parce que c'était midi et qu'il n'y avait presque personne. Arya s'assit sur le bord du lit, observant le visage figé de Trinity. Qu'avait-elle donc ? Pourquoi s'était-elle évanouie au milieu du couloir ?

Trinity tentait tant bien que mal de reprendre conscience et pleine possession de ses mouvements. Elle ne voyait rien, et cela la rendait folle. Elle ne pouvait que sentir des bras la soulever et la poser sur une surface moelleuse et fraiche. Un lit, certainement l'un de l'infimerie.

Les paupières lourdes, les membres amorphes, elle était dans l'incapacité de s'exprimer. Pourtant, dans l'épais brouillard qui la bordait, elle parvenait à entendre des mots, et une voix. Familière. Celle d'une fille, une amie.

Après quelques secondes de réflexion, non facilitées par son état, Trinity reconnut la voix de son amie Arya. La timide et courageuse Arya, qui se montrait si digne d'être une Gryffondor.

Au bout d'un certain temps, elle sentit qu'elle pouvait remuer la main droite, qui était-par chance !-celle qui se trouvait du côté d'Arya.

Elle la souleva lentement, doucement, puis la laissa retomber, faiblement. Arya sembla s'en rendre compte, et Trinity murmura, soulagée :

- Où suis-je... Arya ? Comment je suis arrivée ici ? Je suis à l'infirmerie ?

Elle essaya de se lever, mais l'infirmière la regarda d'un air de dire "Attention, vous pourriez bien regretter cela, car je vais vous attacher de force au lit si vous ne restez pas bien immobile et sage".

Elle se laissa donc retomber sur le lit, abandonnant l'idée de sortir au plus vite.

Au lieu de cela, elle retourna la tête vers Arya et lui demanda, cette fois d'une voix plus assurée :

- Qu'est ce qui s'est passé ?

Arya sursauta lorsqu'elle senti la main de Trinity. Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué que la Serpentard avait lentement levé la main. Elle prévint l'infirmière, qui revint au lit à petits pas. Quand elle demanda comment elle était arrivée à l'infirmerie, Arya répondit :

- C'est moi qui t'y ai emmené, y a à peine quelques minutes.

Elle essaya de se lever, mais l'infirmière l'en dissuada d'un simple regard. Elle semblait fatiguée, et était encore pâle.

- Tu t'es évanouie tout à l'heure dans le couloir, alors j'ai pensé qu'il valait mieux t'emmener voir Madame Lloyd. Tu te sens mieux ?

L'infirmière lui posa alors une série de question sur sa santé, si elle était diabétique ou ce genre de chose. Arya avait envie de lui demander d'arrêter d’assommer la Serpentard avec toutes ses interrogations, et de la laisser se reposer. Elle se pinça les lèvres pour s'empêcher de lui dire ses quatre vérités. Après tout, c'était peut-être très grave et elle n'y connaissait rien en médecine.

La jeune Gryffondor remarqua que l'infirmière lui posait des questions notamment sur son alimentation. Fronçant les sourcils, Arya commença à écouter plus attentivement les réponses de Trinity.
Avait-elle déjeuné ? Si non, pourquoi ? Le stress ? Elle pouvait comprendre qu'entrer à Poudlard était éprouvant, mais ils étaient établis dans l'école depuis presque trois mois. Alors, quoi ?