Coincée sur ce lit le soir d'Halloween, Alaska ne pouvait pas rêver mieux. La jeune fille  ponctua cette pensée mensongère d'un grand sourire. Non, elle aurait aimé que sa soirée se passe autrement. Elle aurait aimé dansé avec Mike toute la soirée, jusqu'à ce que ses pieds en saignent. Elle n'avait pas envie de rester dans cette pièce déprimante, à attendre que son état s'améliore. Elle était alors blottie sous cette couverture grise qui la protégeait du froid de la saison. La brune trouvait seulement du réconfort en se tournant vers le Serdaigle, qui veillait sur elle au pied de son lit. 

La jeune fille se donnait beaucoup de mal pour garder le sourire. Elle commençait à se sentir mal, elle se sentait rechuter, comme prise d'un pic de fière. Mais elle le garda pour elle. Elle ne disait pas non plus que cette lumière blafarde était trop violente, et qu'elle sentait l'air humide s'infiltrer à travers ses vêtements. Elle essayait de ne pas trembler. Alaska ne voulait pas qu'il se rende compte qu'elle avait froid, elle ne voulait pas s'ajouter à son inquiétude. Soudain, elle eut envie de vomir, et à nouveau elle anticipa, avant même qu'il ne lui pose la question, comme lors du bal : 

"Je vais bien, ça va." Elle était tellement habituée à prononcer la même phrase, qu'elle l'avait sortie sans réfléchir. C'était devenu un automatisme. Alaska ne cessera jamais de la répéter, même si ce n'était pas vrai. La jeune fille ne mentionna pas non plus son mal de tête, devenu une véritable migraine qui transperçait son crâne. Elle se concentra, inspira et ferma les yeux. Voilà, maintenant elle n'était plus là. S'absenter, c'est ce qu'elle savait faire de mieux en ce moment. Alaska décrochait. Elle s'échappait. Elle sortait de son corps et flottait au plafond pour observer la scène de haut. 

La brune savait que physiquement, elle n'allait pas bien. Elle en avait été consciente pendant le bal, au moment où Mike lui avait proposé cette énième danse. Elle souffrait atrocement, mais elle tenait à profiter de cette belle soirée en sa compagnie, alors elle avait affiché un sourire ravi. Elle avait sourit tant qu'elle avait pu, jusqu'à ce que son corps se lâche totalement. Son corps l'avait comme trahie. 

Alaska n'avait rien dit avant ça. Elle avait continué à danser, même quand la douleur était tellement violente qu'elle n'y voyait plus rien. Elle croyait qu'il suffisait de faire comme si tout allait bien pour être une fille normale - certes un peu trop maigre, et trop pâle, mais qui valser main dans la main avec son partenaire, en flirtant et en papotant. Puis elle était tombée. Elle n'avait pas de mots pour décrire ce qu'elle avait ressenti quand ses jambes l'ont lâché. Ce fut tellement douloureux qu'elle s'en est évanouie. Lorsqu'elle était revenue à elle, le visage du garçon était penché au-dessus d'elle. Elle n'avait pas comprit un traître mot de ce qu'il lui disait, sa voix n'avait été qu'un fond sonore. 

Mike avait accompagné Alaska jusqu'à l'infirmerie, parcourant les couloirs du château plongés dans l'obscurité en souteant la jeune fille. Il ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait : elle était tombé soudainement, comme succombant sous la fatigue, comme si ses jambes ne pouvaient plus soutenir son corps, pourtant si fin. Il aurait bien voulu poursuivre leurs danses dans la salle de bal, les pas qu'il avait échangés avec sa partenaire restaient encore dans sa tête et embaumaient ses pensées. Mais il culpablisait tout de même d'avoir emmené Alaska vers la danse de trop. N'ayant pas mangé de la journée, il aurait dû anticiper qu'elle se sentirait mal. Cependant, la jeune fille avait décidé de repousser les limites de son corps jusqu'à ce qu'elle atteigne le point de non-retour : ce moment où l'on réalise trop tard que l'on est en train de tomber.

Pendant sa chute, Mike avait essayé de la rattraper, mais elle était tombée trop vite. Sa main avait glissé entre ses doigts, et elle s'était retrouvé à moitié consciente sur le parquet de la salle de bal. Il avait veillé jusqu'à son réveil avant de l'amener ici.

Il attendait dans la salle à ses côtés. Il l'observait inquiet par son silence qui occupait toute la pièce. Il n'avait jamais vu l'infirmerie aussi vide : il y avait toujours plus de monde d'habitude, comme si les cours apportaient leurs lots de microbes. Il voyait le teint livide de la jeune fille, blanc comme d'épaisses nappes de brouillard, et les yeux larmoyants, témoignant de la faiblesse d'Alaska. Malgré tout, elle n'osait ce plaindre en sa compagnie, il sentait qu'elle voulait le rassurer. Mais pourtant, son silence l'inquiétait davantage.

« Je vais bien, ça va. Dit-elle dans un sursaut. »

Mike savait que ce n'était pas vrai. Il n'y a pas plus courant mensonge que celui qui dit que l'on va bien alors que rien n'a été demandé. Il n'y a pas plus gros mensonge qu'un ''ça va'', allongé sur un lit d'hôpital. Bien que ce fût pour le rassuré, cela eut l'effet inverse. Il regardait inquiet le jeune fille qui fermait les yeux comme pour se reposer, ou se laisser porter ailleurs, loin des souffrances qu'elle pouvait ressentir. Il s'approcha d'elle, tirant le tabouret sur lequel il se tenait en direction de la Serpentard. Lorsqu'il lui sembla que la jeune fille ouvrit les yeux, il demanda :

« Ça va ? (il sentit sa question un peu ridicule)... Enfin, je veux dire : je sais que ça ne va pas. Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu te sentais mal avant ? »

Il eut peur qu'elle pensât qu'il s'agît d'un reproche et accompagna ses propos d'un sourire, témoin de l'affection qu'il lui portait et tentant de cacher, en vain, son inquiétude. Il posa sa main sur la sienne, un peu timidement comme la première fois, comme si elle lui était encore interdite alors qu'ils avaient passé la soirée les doigts entremêlés. Sa main était froide, sans énergie pour la réchauffer. Il l'observait, lui sourit. Comme si c'était à son tour de rassurer la jeune fille.

« J'ai adoré cette soirée avec toi, mais on aurait dû l'écourter pour que tu te reposes. »

Il retira sa main.

« Je vais y aller, te laisser dormir et recouvrer. Je pense que tu en as besoin, je viendrai demain le plus tôt possible pour prendre de tes nouvelles. »

Il voulait rester, mais il savait qu'elle avait besoin de repos. Il se leva donc avec lenteur, chaque geste accompagné par le regard qu'il portait sur elle.

La colère et la douleur lui brouillaient le regard, faisaient bourdonner ses oreilles. Elle s'imaginait courir. C'était la seule idée qui lui était venu. Dans son esprit, elle reconstitua une scène d'elle même, en train d'arracher sa veste et de courir dans une rue de Londres, bordée d'arbres. Elle ne savait pas où elle allait ni ce qu'elle faisait. Alaska avait besoin de fuir, de se fuir. Peut-être que, si elle courait assez longtemps, elle arriverait au bout du monde et elle tomberait. 

Tout à coup, la voix de Mike déchira l'air. Pas au loin, pas une lamentation longue ou monotone, c'était juste ici, juste à côté d'elle. Deux premières phrases brèves tellement proches qu'elles résonnaient dans son crâne. Cela relevait du réel, ce n'était plus la consolidation de son imagination. 

"Je suis désolée. Je pensais que ça irait mieux. Je pensais que j'étais guérie." lui annonça-t-elle en prenant le temps de respirer entre chaque mots, tant cela lui demandait beaucoup d'efforts. La seconde d'après, le garçon se leva, il commençait à partir. La brune se figea. Elle blêmit. Elle inspira, et retenue son souffle. C'était une statue de pierre. Ou de glace. Elle n'avait pas bougé d'un millimètre, pourtant elle voulait à tout prix se débattre pour le retenir. Alaska n'en avait plus la force, elle n'était même plus capable de d'émir le moindre son, ni de bouger le moindre membres. Dans ses yeux on pouvait y lire le choc, la terreur, et la tristesse. 

Puis le silence retomba. La jeune fille ouvrit la bouche une dernière fois, mais toujours rien. Elle était en colère après elle, mais la colère dans ses yeux perdit de sa force, comme un incendie éteint, et des larmes treillissèrent à la place. Des larmes chaudes coulaient à flot sur ses deux joues. La culpabilité, elle en était rongée jusqu'aux nerfs, jusqu'aux os. 

Il se leva, avec lenteur, comme dans ces songes qui nous paralysent et noient nos mouvements, chaque pas se succédant l'un après l'autre dans une longueur insupportable et insurmontable. Après avoir fait quelques pas en direction de la sortie, il se retourna en direction d'Alaska. Il vit la tristesse dans le regard de la jeune fille, des larmes glissaient le long de ses joues telles de petits torrents sortis de leur lits après une tempête.

Mike fut attristé à son tour. Alors qu'habituellement, il ne montrait pas beaucoup d'empathie, il dut contenir les larmes qui lui montaient aux yeux. Voir Alaska aussi triste le peinait beaucoup. Car il l'aimait.

Il hésita à rester, prendre la décision la moins sage, veiller toute la nuit s'il le fallait, mais cela n'aurait guère arranger les choses. Il fallait qu'elle se repose, et lui aussi. Il sourit alors à la jeune fille, un sourire pour cacher la peine qu'il avait et la culpabilité grandissante qui sommeillait en lui, comme s'il l'abandonnait.

« Au revoir Alaska, repose-toi bien. »

Ses mots résonnèrent un peu maladroitement, légèrement cassés par la tristesse. Il se retourna aussitôt, il avait peur qu'elle remarque ses yeux larmoyants. Une larme coula sur sa joue alors qu'il entama son long chemin jusque la porte qui donnait sur la sortie, son kilt vacillant sous ses chacun de ses pas. Il saisit la poignée de la porte qu'il serra, comme la tristesse serrait son cœur. Il ouvrit la porte et sortie, longeant les murs jusqu'à son dortoir où il irait noyer son chagrin sur son oreiller.





Comme promis la veille, Mike s'était levé de bonne heure pour venir voir Alaska à l'infirmerie. Il n'avait pas beaucoup dormi et espérait que la jeune fille avait trouvé meilleur sommeil que lui. Il avait hâte de la retrouver malgré le fait qu'il avait toujours l'impression qu'il l'avait abandonnée. Il n'espérait qu'une chose : qu'elle ne lui en voulait pas.

Il descendit les escaliers en courant. Il avait revêtu sa robe de sorcier, laissant le kilt de la veille dans son dortoir. Il ouvrit la porte de l'infirmerie et se dirigea tout de suite vers la couchette où Alaska était allongée.

A son arrivée, il ne savait pas si Alaska l'avait vu venir. Il fit le moins de bruit possible afin de ne pas la réveiller dans l'éventualité où elle était encore en train de dormir. Sur sa table de chevêt, il trouva le Germini qu'il avait offert à la jeune fille et qu'elle avait attaché à ses cheveux. Il était un peu mal en point, défraîchie par les mouvements de la veille. Mike le prit dans ses mains et le déposa dans le verre d'eau qui se trouvait sur le meuble. D'un coup de baguette, il raviva la fleur qui retrouva de son éclat. Il s'en alla ensuite se rasseoir sur le tabouret, à la même place que la veille, attendant une réaction de la jeune fille.

Mike... Sa voix tremblait, elle serra les poings. Alaska pouvait lire la peur dans le regard du garçon, car elle savait qu'elle faisait peur à voir, elle savait qu'elle était si ralentie, alanguie. La jeune fille fut brusquement secouée d'une toux rauque et caverneuse qui l'ébranla tout entière. Elle avança le cou, cherchant de l'air, les tendons saillants, sa bouche s'ouvrant et se fermant en vain... Elle ressemblait à un oisillon abandonné. Merci d'être revenu, merci d'être là. murmura-t-elle, impuissante et secouée par cette toux qui faisait trembler son dos osseux. Les yeux vagues et l'air complètement absent elle continua : C'est bon signe de te voir, bientôt ça ira mieux, ça va déjà mieux. La jeune fille posa une main sur son bras et regarda la fleur, puis le garçon. Au bout de quelques instants, son visage s'anima d'un doux sourire. 

Alaska n'avait pas chercher à comprendre pourquoi le Serdaigle avait fini par s'éclipser la veille. Il n'avait sûrement pas l'habitude de voir une minuscule silhouette recouverte d'un drap, d'une enfant aussi frêle et pâle, d'une fille à bout de forces. J'ai l'air pathétique, désolée. La brune se redressa sur son lit. Son corps menu semblait perdu dans sa chemine de nuit d'hôpital que lui avait enfilé l'infirmier. Sa maigreur était impressionnante : l'une de ses épaules pointaient, à peine plus grosse qu'un vif d'or. Elle est jolie, ma robe ? demanda-t-elle ironiquement. Monsieur MacDarroch a découpé mon costume préféré. Tu te rends compte ? C'était totalement inutile, il aurait très bien pu faire ça autrement, en me portant ou je sais pas... Non, il a fallu qu'il ruine mon kilt. La préfète se mit à rire, puis sa voix se brisa et une lueur de colère brilla dans ses yeux : 

Merde, dit-elle en se frottant les paupières. Chaque fois que je pense à ce bal, j'ai la rage. Cette soirée n'aurait pas dû se finir comme ça. Elle arrivait à se révolter dans l'état de faiblesse où elle se trouvait, mais c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour s'accrocher. L'écossaise se couvrit le visage de ses belles mains, mais ses doigts était trop amaigris pour le dissimuler. Merde ! gémit-elle. Je voulais pas que tu aies à voir ça. Elle secoua la tête, regarda Mike et sourit. Le silence s'installa. Elle avait l'impression que ce silence était en train de les engloutir, qu'ils ne pourraient jamais le briser, mais Alaska n'était pas du genre à se laisser avaler par un simple silence. Dans quelques jours, je serais prête à courir entre ses lits. affirma-t-elle en souriant. Dans pas longtemps, je vais pouvoir me trémousser sur de la musique, comme au bal, tu te souviens ?

A peine fut-il assis qu'une petite voix attira son attention. C'était Alaska, bien évidemment. Bien que chevrotante et un peu faible, il avait reconnu sa voix et souriait déjà alors que leur discussion commençait. Elle le remercia d'être venu entre deux toux. Ça allait mieux, disait-elle, mais le garçon continuait de voir la minceur de sa partenaire, ses bras fins comme si aucune chair ne les abritaient, et ses joues creuses qui l'inquiétaient tout de même. Son visage pâle manifestait sa faiblesse, mais malgré tout, il avait toujours plaisir à noyer ses yeux dans les siens. Un sourire illumina le visage de la jeune fille et la lumière qu'il dégageait sembla se refléter dans les iris bleus du garçon.

"J'ai l'air pathétique. Dit la jeune fille.
- Non, répondit-il, ne sachant vraiment quoi dire. Il trouvait évidemment que la serpentard n'avait rien de pathétique. Tu es juste un peu malade."

Il la regarda ensuite se relever, elle lui montra sa robe d'hôpital, comme si elle venait d'acheter la robe de leur prochain bal. L'entendre rire lui fit du bien, comme un soulagement, comme si tout ce qui s'était passé la veille s'évaporait petit à petit. Il sourit à nouveau et lui répondit:

"Oui, elle est jolie, elle te va bien... Enfin... je préférais ton kilt d'hier!"

C'était maladroit. Il eut un rire gêné.
Il eut tout de même un petit pincement au cœur en entendant que l'infirmier avait dû ruiner son costume afin de lui enfiler ce vêtement d'hôpital. La tunique écossaise lui allait si bien.

Puis tout d'un coup, Alaska se prit de colère, repensant au bal qui s'était terminé trop tôt. Il était du même avis, certes, il aurait voulu que leurs danses s'éternisent, qu'il continue à la faire tourner. Mais raisonnablement, ils auraient dû s'arrêter lorsqu'Alaska avait ressenti les premiers signes de malaise.

"Dans pas longtemps, je vais pouvoir me trémousser sur de la musique, comme au bal, tu te souviens ?"

Evidément, c'était hier. Pensa-t-il. Il sourit à la jeune fille et répondit:

"Bien sûr, comment pourrais-je oublier! Ce n'était pas aussi long qu'on ne l'aurait souhaité, mais ce fut l'un des meilleurs moments de ma vie. Et je sais qu'on aura l'occasion de rattraper ça bientôt."

Il s'avança vers elle, le ton joueur.

"D'ailleurs, je vois que tu as changé de costume. Vraiment terrifiant. Si je le pouvais, je vous inviterais à danser sur-le-champs."

Après les derniers mots de Mike, la jeune fille se sentit tout à coup agitée par un sentiment inconnu, violent, qui lui donnait la sensation qu'elle pouvait soulever des montagnes. C'était de la colère, de la rage, une révolte froide qui coulait dans ses veines, vive et aiguë. Elle comprit à présent pourquoi certaines personnes avaient besoin de se révolter pour se sentir exister, et elle pensait justement à cette chanteuse que Diesel aimait bien. Elle avait raison, le sentiment d'injustice et la colère qui en découle nous rendent plus fort.

C'était chouette quand même. Si on oublie... haleta-t-elle en marquant une pause, qu'on a finit dernier au concours de danse. Son rire cristallin lui avait demandé tellement d'effort, qu'il s'atténua rapidement. Il la fit également tousser si violemment qu'elle en faisait trembler le lit et la petite table à côté. Ce n'est rien. Alaska respira avec application, pour reprendre son souffle et lui laisser le temps de s'en remettre. 

Tu essayes de me séduire ou quoi ? se moqua-t-elle en s'essayant la bouche du revers de la main après les nombreux compliments du garçon à son égard. Son poignet était si maigre qu'on se demandait presque comment il pouvait soutenir sa main. La brune se redressa à nouveau sur son oreiller, on aurait même dit qu'elle rougissait face à ses paroles. Il y avait maintenant dans son regard une paix qui l'emportait hors de cette pièce, loin des remèdes magiques et de la blancheur stérile, loin de son corps faible et émacié. Elle était ailleurs, avec Mike. Et elle n'était plus malade. Dès que le Serdaigle avait passé cette porte, elle s'était sentie soudainement plus forte. C'était le seul qui lui faisait oublier sa peur.  

Oh ! Je prends ça comme une proposition, et pourquoi pas maintenant ? Il faut juste mettre des bougies, pour une ambiance plus romantique, recommanda-t-elle en enlevant le drap blanc qui la recouvrait. 

Alaska semblait aller mieux, un sourire égayait son visage et ses yeux étincelaient en le regardant. Elle évoqua le concours de danse qu'ils avaient pitoyablement perdu. Mike esquissa une grimace avant de rigoler à son tour. Ils avaient fait de leur mieux, mais leurs quelques maladresses, couplées au fait qu'Alaska se sentait pas très bien, avaient été remarquées par le jury. Il faut bien l'avouer aussi, les autres couples avaient bien dansé.

La jeune fille toussa, ses côtes si fragiles et visibles semblaient à deux doigts de se briser. Le lit trembla sous les secousses en un couinement bien audible. La serpentard était aussi frêle que les pieds de ce lit caduc. Sa maigreur faisait peur à voir, et il l'aurait sans doute était si ses sentiments ne lui brouillaient pas la vue, amenuisant tous les défauts de la fillette.

"Tu essayes de me séduire ou quoi ? Lui répondit Alaska tandis qu'il lui parlait."

Le jeune rouquin se mit à rougir. Ce n'était pas son intention, du moins, c'est ce qu'il pensait. Il sentit une gêne et sentit son cœur battre sur ses tempes. Il baissa la tête un peu timidement, lui qui ne l'était pas tant avec d'autres personnes. La serpentard avait cet effet sur lui : de réveiller cette timidité dû des émotions qu'il n'avait encore jamais ressenties, brisant cette pudeur derrière laquelle il avait l'habitude de se cacher. Il ne répondit pas à sa remarque, comme honteux. Mais la jeune fille s'amusa de son comportement, ce qui le fit rire à son tour.

Quand il lui proposa de danser, la jeune fille sembla ravie. Elle se releva en enlevant les draps qui la recouvraient, et nota qu'elle voulût des bougies pour plus de romantisme. Le garçon prit la remarque au premier degré.

"Oui, c'est bien dommage... Mais si tu veux, je peux aller en chercher! Proposa-t-il alors."

Voyant qu'Alaska ne semblait pas vouloir le voir partir, il se résigna dans sa quête et attrapa ses mains pour mêler ses doigts aux siens. Il plongea à nouveau ses yeux bleus dans les pupilles de sa cavalière.

Bon sang, ce qu'il avait les mains chaudes. Alaska l'attira à elle, son bras paraissait tellement squelettique par rapport au sien, qu'on aurait dit qu'ils n'étaient pas de la même espèce. Mais la jeune fille ne voulait pas paraître faible devant lui, ni même perdue. Car même si ça ne se voyait pas, parfois ça lui arrivait. Et quand c'était le cas, elle ne passait pas des plombes à se torturer. Elle agissait plutôt que de rester plantée là à attendre que ça se passe. C'est ce que la brune décida de faire : elle allait agir. Dis, tu m'en veux beaucoup ? Parce que... on pourrait reprendre cette soirée où nous en étions. Suffit d'un peu d'imagination pour reconstituer la salle de bal, la musique, et... Agir, Alaska voulait agir, elle ne voulait pas que le rôle du Serdaigle se borne à monter la garde à son chevet. C'est pourquoi elle arrêtera de parler, puis attrapa la main de Mike afin de la mener jusqu'au creux de sa hanche, et elle resta là, en silence, à contempler la surface lisse de sa peau, couverte par ses taches de rousseurs. La troisième année tendit ensuite les bras et noua ses doigts glacés autours des siens, avant de valser de droite à gauche sur un rythme régulier.

Le temps qu'elle avait passé dans ses bras lui sembla bien trop court, mais il fut forcé d'être interrompu par le couloir fortement éclairé, où il résonnait des bruits de pas. La lourde porte s'ouvrit sous leurs yeux, et Alaska se détacha immédiatement de son cavalier, gênée par la situation. De ses ongles, elle agrippa ses propres épaules à travers le tissu de sa tunique blanche. Son regard fuyait celui du garçon, et incommodée, elle se rassit timidement sur son lit les bras croisés.

Le flot d'élèves qui venait de passer la porte semblait agité, et l'infirmier aussi. Tous venaient rendre visite à leurs amis, blessés durant le bal. La pièce se remplissait de monde, et comme prise de panique, Alaska n'était plus sûre de ce qu'elle voulait. Elle voulait se cacher, se fondre dans le décor, disparaître... L'écossaise chuchota doucement en s'allongeant sur le lit : Je peux plus... Enfin, j'en peux plus. essaya-t-elle d'insinuer. Oui j'en peux plus, j'ai pas dormi de la nuit il me faut du repos. Sans même adresser un regard au garçon, elle se tourna dos à lui, les mains jointes contre sa joue, puis ferma les yeux sans pour autant s'endormir. Elle pensait déjà à plus tard, où elle attendrait que Mike soit complètement endormi pour prendre la fuite, ainsi que pour prendre le temps de réfléchir dans la salle sur demande, comme elle avait l'habitude de faire constamment : s'isoler pour faire le point avec elle-même. 

FIN DU RP.