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31 mars 2020, 21:04
Un aigle blessé  Privé   RPG+ 
18 Décembre 2045


Son souffle était complètement saccadé alors qu'elle se dépêchait dans les couloirs bondés.
Elle venait de passer quasiment tout l'après-midi à papoter avec Lily-Rose, sa nouvelle amie qu'elle s'était faîte depuis un peu plus d'un mois. Leur passion pour les animagus les avait rapprochés, créant ainsi une forte amitié entre les deux sorcières. Émeline passait beaucoup de temps avec elle, parfois elle avait l'impression qu'elle pourrait discuter avec la Poufssoufle pendant de longues heures. Elle n'était pas idiote, très ingénieuse pour son âge et dotée d'une curiosité qui n'avait pas l'air d'avoir de fin. En effet, la rencontrer était une merveilleuse chose pour la Serdaigle.

Cependant, alors qu'elles riaient toutes les deux dans la grande-salle. La petite sorcière avait complètement oublié qu'aujourd'hui elle devait aller voir Matthew qui devait l'attendre avec impatience. Ce fut Lily-Rose qui lui posa un moment la question " Comment va ton ami à l'infirmerie ? ". En entendant cette question, Émeline se leva de sa chaise précipitamment. Pauvre Matthew ! Comment elle avait pu ne pas s'en souvenir ? Elle s'excusa rapidement auprès de son amie et lui expliqua qu'elle devait vite se rendre à l'infirmerie avant que les visites ne soient interdites pour les élèves.

Ses frêles jambes s'étaient élancées dans les couloirs. Alors qu'elle courait, ses cheveux partaient un peu dans tous les sens dans son dos, le bruit de ses pas se perdait dans le brouhaha des autres élèves. Plusieurs fois elle dû bousculer du monde pour pouvoir passer. De sa bouche, son souffle effréné en sortait. Elle qui détestait être en retard quelque part, c'était encore pire en sachant qui[ elle faisait attendre. Sur une des marches qu'elle était en train de monter pour se rendre à l'infirmerie, son pied glissa. Un élève plus âgé la rattrapa par un coup de chance. Elle le remercia rapidement, sans même accorder un regard à cet élève.

Quand elle arriva enfin devant l'infirmerie, elle ne s'arrêta pas pour reprendre son souffle comme l'aurait fait d'autres. Elle poussa de toutes ses forces la porte de l'infirmerie pour rentrer à l'intérieur. Elle ne pouvait pas perdre plus de temps. Il fallait qu'elle le voie !
Son uniforme était un peu défait quand elle s'avança jusqu'au lit de son ami. Celui-ci était toujours allongé, comme depuis le premier jour qu'il était arrivé à l'infirmerie. Ses longues mèches de cheveux cachaient son visage. Il ne lui accorda même un regard alors qu'elle venait de s'arrêter à côté de lui. Le sorcier n'avait pas pu ne pas remarquer sa présence à cause de son souffle ressemblant à celui de quelqu'un sortant d'un marathon.

Une légère perle de sueur coula sur sa tempe droite et ses joues avaient rosies à cause de l'effort qu'elle venait de faire. Mais elle s'en fichait, au moins, elle était arrivée à temps. C'était avec une voix enjouée qu'elle commença à lui parler.

-Coucou Matt, je suis désolée ! J'étais avec Lily-Rose et je n'avais pas remarqué l'heure. Tu vas bien aujourd'hui ? Tu as moins mal au dos ? Moi cet après-midi j'ai discuté de Strangulots avec Lily-Rose, c'était super !

Son panache était toujours là malgré son accoutrement. Eh oui, rien ne pouvait contenir sa joie quand elle rendait visite à son ami. Rien, ni personne.

Scintillante petite étoile, souriante au matin et désireuse le soir
02 avr. 2020, 16:01
Un aigle blessé  Privé   RPG+ 
Les longues et interminables heures sont passées incroyablement lentement. Je crois avoir perdu la notion du temps. Combien d’heures écoulées depuis mon réveil ? Et quelle heure est-il ? Quelques heures, certainement. Mais avec un ressenti qui se compte en jours. C’est infernal ! Mais qu’on m’achève ! Pourquoi est-ce que c’est aussi long d’attendre l’arrivée de quelqu’un venant me chercher pour me dire « Monsieur Maguire ? Votre famille vous attend à la grande porte du château. Pour rendre votre convalescence plus confortable, le corps enseignant et la direction vous donnent l’autorisation de rentrer chez vous. Nous vous souhaitons un prompt rétablissement ! » Même avec moins de politesse et avec plus de flegme britannique, je crois que je l’accepterais sans hésiter ! Je dois me rendre à l’évidence. Ce n’est pas aujourd’hui que ce jour arrivera. Le Soleil termine sa course quotidienne dans le ciel. Les heures de visite vont bientôt se terminer. Je n’ai vu personne. Tout le monde qui fait un séjour à l’infirmerie depuis quelques temps a droit à un peu de visite. Tout le monde. Ils rient tous, ils ont droit à de la gentillesse, de la proximité, et peu importe le reste. Ils y ont droit. Ils ont de la visite. Pas moi. Moi, qu’est-ce que j’ai ? Une personne. Une seule personne qui vient me voir pour ne parler que de quelqu’un que je ne connais pas et qui me rend malade rien que par l’évocation de son nom. Je sens l’acidité de mon estomac remonter dans ma gorge. Je sens mon rythme cardiaque s’emballer. La fièvre monter. Mes mains deviennent moites et sont en sueur. Mais comment.. ? Comment est-ce qu’une personne qui nous est totalement inconnue peut nous mettre dans un tel état ?! J’ai du mal à me calmer. Je ferme les yeux, essayant de m’endormir...

- Tu sembles beaucoup lui en vouloir, Matthew Maguire...

Je reprends conscience dans la tour blanche. Le jeune homme est loin devant moi, assis en tailleur sur un tapis bleu azur, devant une statue identique à celle qui trône la salle commune et entouré de deux flambeaux de flammes bleues. Sa voix porte si loin que j'ai l'impression de parler avec lui comme s'il était à quelques centimètres de moi... Il semblait lire. Je n'ai pas vu quel livre il était en train de lire. Mais s'il est ici, c'est que je dois au moins le connaître de titre... Il me parle. Mon camarade spirituel se lève, laissant retomber son livre, négligemment. Je le regarde dans les yeux alors qu'il poursuit.

- J'ignore comment elle réagirait si elle apprenait tout ce qui ronge ton cœur...
- Qu'est-ce que mon coeur a à voir dans cette histoire..?
- La fatigue et la solitude altèrent-elles ton esprit à ce point ? Allons, tu es malin, tu devrais être capable de comprendre ce que j'essaie de te dire...
- Non, je ne comprends pas ! Est-ce qu'il s'agit d'une plaisanterie de mauvais goût ?
- Matthew Maguire... Mais que t'arrive-t-il ? Ton esprit perd ses repères, une animosité certaine s'empare de toi, tu es énervé et je ne crois pas que ton état s'améliore avec le temps... Qu'est-ce qui te dérange tant dans ta vie ?

Je vois rouge. C'est alors que je me mets à vomir tout une tirade...

- Ce que j'ai ? Ce qu'il m'arrive ?! Vous êtes dans mon esprit, vous voyez ce que je vois, vous vivez ce que je vis, vous me voyez sombrer, devenir fou petit à petit et vous OSEZ me demander ce qui me dérange dans ma vie ?! Je vais vous le dire, alors ! Voilà des MOIS ENTIERS que je suis dans un putain d’exécrable lit à l'infirmerie, que j'ai le corps brisé, que je ne fais rien de mes journées confiné entre quatre murs sans pouvoir sortir, interdiction à laquelle je ne peux pas essayer de déroger parce que je ne peux LITTÉRALEMENT pas bouger et que personne ne vient me...
- « Personne », tu dis, Matt..?

Je suis coupé dans ma tirade. Une voix familière. Une douce voix très agréable à entendre... Mais, hélas, cette voix, je la reconnais... Cette voix vient de derrière moi, en même temps que ses bruits de pas qui s'approchent de moi. Je tremble. Je tourne la tête et je croise son regard.

- Emi...
- Tu es sûr que tu veux finir cette phrase ?
- Mon expertise dans ce domaine reste limitée. Mais il me semble que ta chère camarade a raison... Ce n'est pas le confinement qui te rend fou. Pas seulement, du moins... Es-tu certain qu'il n'y a que ça qui va mal dans ta vie ? Est-ce que tu veux terminer cette phrase ?

Je ressens un profond malaise. Je me sens obligé de m'asseoir. La suite des événements risque de ne pas me plaire... Je vois le jeune homme et Emi s'approcher de moi, s'asseyant à côté de moi. Nous formons une sorte de triangle... Emi me touche alors l'épaule. C'est alors que le jeune homme s'adresse à moi. Mon corps se retrouve engourdi, comme parcouru par de l'électricité... Une sensation de bien-être et un sentiment inconfortable indescriptible que je ne ressens que pour la première fois de manière aussi intense.

- Il n'y a pas que ça. Tu ignores juste quel nom mettre à ce que tu ressens pour ta camarade... C'est humain. C'est de ton âge... Même si te connaissant, j'aurais cru que ce genre de crise ne viendrait que bien plus tard dans ton adolescence... Comme quoi, même moi, je peux être dans l'erreur...
- Qu'est-ce que ça veut dire..?

Emi enlève alors sa main de mon épaule, me serrant dans ses bras. J'ai l'impression d'être en train de brûler... Je respire fort. Elle aussi. Bruyamment. Vraiment. Elle brise la monotonie de notre conversation muette en me parlant à l'oreille de sa petite voix devenant de plus en plus rauque au fil de sa phrase...

- Accepte la réalité, Matt... Lily-Rose t'a remplacé...

Je ressens comme un volcan en éruption en moi. Une tempête infernale. Un orage sans fin. Des hurlements incessants. Tout cela en l'espace de quelques secondes. Elle s'évanouit dans une explosion de plumes blanches. Comme si elle n'avait jamais été parmi nous... Je deviens fou...

- Je crois que c'était une mise en garde... Prends garde, Matthew Maguire...

Je reprends brusquement conscience. Je vois alors Emi à mes côtés, complètement débraillée avec la cravate de travers et les cheveux maculés par ce qui semble être de la sueur... Je tourne les yeux vers elle quand elle s'adresse à moi... Je crois que j'aurais préféré ne pas entendre sa phrase... Le volcan en moi se remet à entrer en éruption. Son sourire, sa voix chantante et douce, son regard amical et bienveillants, tout ça va disparaître en l'espace d'un instant... Comme possédé, les yeux cernés de colère, je lui réponds... Mon cerveau est éteint. Mon esprit est saturé. En roue libre. Je n'ai plus l'impression que c'est lui qui parle...

- Lily-Rose, Lily-Rose, Lily-Rose, Lily-Rose par-ci, Lily-Rose par-là, Lily-Rose par-ci, Lily-Rose par-mi, TOUJOURS LILY-ROSE ! MERDE à la fin ! Y a que ce nom qui sort de ta bouche, c'est le seul sujet de conversation qu'on a depuis des SEMAINES ! Quand t'oublies pas de venir me voir... Tu crois pas que j'en ai marre d'entendre continuellement ce foutu nom ?! Qu'est-ce que cette Lily-Rose a de plus que moi, au juste ?! Hein ?! Elle peut marcher, c'est ça ?! MAIS MOI AUSSI, j'aurais pu marcher si j'étais pas CLOUÉ dans ce FOUTU LIT ! Pourquoi est-ce que tu viens toujours me voir, si t'as trouvé quelqu'un qui peut me remplacer, au juste ? Tu veux juste te donner bonne conscience parce que c'est pour toi que je suis alité ?! Si c'est le cas, te donne pas cette peine et laisse moi seul ! Va retrouver ta FAMEUSE AMIE Lily-Rose ! Sauf que fais attention à ce qu'elle finisse pas dans un lit, elle ! Bordel de merde, je t'ai fait quoi pour que tu m'abandonnes comme ça, tu peux me le dire ?!

The Foggy Dew
2ème année RP

Méfiez-vous des trèfles...
02 avr. 2020, 17:07
Un aigle blessé  Privé   RPG+ 
Le monde d’Émeline bascula sans qu'elle ne puisse sentir la catastrophe arrivée. Elle pensait, en venant lui rendre visite, pouvoir lui redonner un brin de joie. Pourtant, en le voyant tourner un regard rempli de colère vers elle, au fond de son esprit, une alerte de se déclencha. Pourquoi, pourquoi la regardait-il de cette manière ? Qu'est-ce qu'elle avait pu faire ?

Puis ses mots sortirent de sa bouche. Des mots si violent, des mots si acerbes. La Serdaigle en aurait presque pu reculer sous la pression de la voix de son ami. Elle ne l'avait jamais vue parler ainsi à quiconque, surtout pas à elle-même. Il répéta une ribambelle de fois le prénom de son amie Poufsouffle. Tout ce qu'il lui disait était faux. Pour elle, Lily-Rose était juste une nouvelle camarade qu'elle appréciait. Mais lui, c'était différent, lui, il était son précieux Matt, l'ami qu'elle avait cru perdre dans ses bras. Celui qu'elle avait veillé des heures, attendant patiemment qu'il se réveille de son coma. Celui à qui elle avait rendu visites à n'en plus compter. Celui à qui elle apportait toujours les livres les plus intéressants de la bibliothèque pour qu'il puisse, brièvement, oublier son ennui. Celui à qui elle dédiait ses plus beaux sourires. Celui qu'elle...

Elle tenta de se rapprocher avec une main tremblante. Le sourire qu'elle fit était empreint d'incertitude, ses sourcils étaient froncés. Comment gérer cette situation qu'elle n'avait jamais connu ?

-Enfin Matt..Tu te trompes..Je..

Alors qu'elle était sur le point d'attraper son bras, il l'esquiva d'un geste brusque, la repoussant complètement. En relevant son visage vers lui, elle décela, au fond de ses beaux yeux bleus, un pur dégoût. Son coeur manqua un battement. Elle connaissait ça, elle connaissait ce sentiment. Cela lui rappela un ancien souvenir d'enfance. Ce fameux gamin chantant qui l'avait traité de monstre. C'était le même dégoût, la même sensation de douleur qui la perfora de toute part. Mais là c'était bien plus fort, bien plus brutal, car ce regard venait de lui.
Sans qu'elle ne puisse les contrôler, ses yeux s'embrumèrent de larmes. Elles coulèrent sur ses joues bien rebondies d'enfant. La peine qu'elle ressentait la déstabilisait complètement, elle n'arrivait plus du tout à réfléchir.

Elle fit un pas en arrière. Même si elle avait envie de lui sauter dans ses bras pour lui montrer tout l'amour qu'elle lui portait. Un second pas en arrière ce fit. Même si elle voulait lui hurler que tout ce qu'il pensait n’avait aucun sens. Elle tremblait, ne le regardant même plus. Il venait totalement de la rejeter. Matthew ne voulait plus la voir. Elle ne comprenait pas, elle ne comprenait rien !

Ses pieds commencèrent à se tourner pour la faire partir. Elle n'en pouvait plus d'être ici, plutôt, elle ne pouvait plus supporter ce poids. Quand elle était sur le point de détourner les talons, elle s'arrêta, fixant le sol de l'infirmerie. Elle savait que la colère de Matthieu avait sûrement attisé la curiosité des autres élèves blessés. Au lieu de se laisser emporter à son tour, elle décida de lever une dernière fois son visage mouillé vers lui. Là, elle sourit. Un sourire, bien-sûr brisé, mais bien là.

-Désolée Matt..Merci pour tout.

Elle avait prononcé ces paroles avec peine et beaucoup de faiblesse. Elle n'était même pas sûre qu'il avait pu l'entendre mais elle s'en fichait. Elle voulait juste fuir la douleur qui la détruisait. Ses jambes bougèrent, tout comme son bassin. Désormais, elle était dos à lui, prête à le laisser seul, comme il le souhaitait.

Scintillante petite étoile, souriante au matin et désireuse le soir
11 avr. 2020, 13:43
Un aigle blessé  Privé   RPG+ 
Je me sens envahi par une force, une énergie bien trop forte pour que je puisse la canaliser. Mais d'où est-ce qu'elle vient ? Je ne contrôle rien. C'est comme si ce n'était plus moi qui parlais. Avec une telle déferlante de fureur, je m'étonne moi-même. Où pouvait bien se cacher toute cette force ? Quel a été le déclencheur ? Comment ? Pourquoi ? Je sens une forte pression en moi se décharger au fur et à mesure que je crache des choses à ma camarade. Je n'aime pas la voir dans cet état, mais je me sens un peu mieux quand je lui parle. Des élèves autour de nous nous voient, nous entendent. Mais je m'en fiche. Ils ne m'importent pas. C'est la première fois de ma vie que je m'emporte ainsi. J'ai l'impression de cracher de la lave restée trop longtemps dans mon corps... Cette éruption, je ne la contrôle pas. Elle doit sortir de moi. Elle veut sortir. J'agite les bras, je tremble, je respire fort, je n'arrive plus à rester calme. Il y a peut-être un ou deux jurons dans ma langue natale qui se sont échappés... Je n'arrive plus à suivre le fil de ma tirade destructrice...

Je vois son visage s'effondrer, s'humidifier, les larmes envahir ses yeux. Je l'entends essayer de parler, d'en placer une, de garder la tête hors de l'eau en étant au beau milieu d'une mer déchaînée en pleine tempête. Les flots incessants de mes paroles ont raison de sa résistance mentale. Elle pleure. Touché. Coulé. Je vois l'étendue des dégâts. Elle sourit malgré tout. Malgré sa mine affreuse et ses lèvres tirées par le chagrin, elle sourit toujours... Mais ce sourire est amer. Très amer... Bien trop amer...

Dans la tour blanche, l'homme ne rate pas une miette. Il regarde la scène. Nous la regardons tous les deux. Mais je sens une infernale douleur dans la poitrine. Ma main serre mon torse aussi fort qu'elle peut. J'ai l'impression que des lames sont en train de lacérer mon cœur de l'intérieur... Il me voit me tordre de douleur alors qu'une image fantomatique d'Emi apparaît devant nous...

- C'est douloureux, n'est-ce pas ?
- Qu'est-ce que c'est ?! Pourquoi est-ce que j'ai si mal ?!
- Tu ne devines pas, Matthew Maguire ? Serais-tu aveugle à ce point ?
- Il a raison, Matt. Tu as mal parce que tu m'as fait mal... C'est facile d'en tirer des conclusions...
- La culpabilité...
- Bien, nous avançons...
- J'ai mal... Parce que je me sens coupable d'avoir fait du mal à quelqu'un à qui je tiens...
- Et à quel point tiens-tu à moi ?
- Doucement, il doit ouvrir les yeux... Il doit s'en rendre compte tout seul... Tu y es presque, Matthew Maguire... Ne te mens plus. Regarde la. Et dis lui ce que tu ressens... Je le sais. Elle le sait peut-être aussi...

Je lève les yeux vers la projection d'Emi. J'ai honte de lui faire aussi mal... Je souffre aussi. J'ignore lequel de nous deux souffre le plus... Elle me regarde. J'ai la gorge nouée. Impossible de lui parler. Je n'y arrive pas... Son regard devient inquisiteur. Je n'arrive même pas à me relever, à me tenir droit devant elle... C'est alors que je sens le sel monter en moi et mes yeux s'humidifier. Elle s'éloigne de nous. Elle bouge au ralenti avant de finalement me tourner le dos. Mes yeux ne retiennent plus leurs larmes. Sa voix cassée résonne dans toute la tour... Ce "Merci pour tout" revient inlassablement en moi comme un coup de marteau frappant ma poitrine...

- J'ai ma réponse, Matt... Ne te fatigue pas à me la donner. Je la connais...

Elle marche lentement, s'éloignant de nous. Je regarde l'homme. Puis Emi. Puis ma main imbibée d'un liquide visqueux, chaud et rouge écarlate. J'ai mal... Mais pas seulement parce que je lui ai fait mal... Mais aussi, parce qu'elle part. Je la vois s'éloigner. Lentement. Mais sûrement.

- Tu peux encore la rattraper... Vas-y, vite avant qu'elle ne parte... Tu peux le faire. Laisse-le agir. Laisse-le parler.

Mon corps est lourd. Très lourd. Je peine à le traîner pour le faire tenir droit. Je tiens à peine debout... Mais avec une force dont je ne parviens pas à en déterminer l'origine, j'arrive à la suivre. Je boîte un peu, mais je la rattrape. De justesse, car j'allais tomber, mais je la rattrape. C'est alors qu'un cri puissant s'échappe de ma poitrine...

- Attends, Emi !!

Je tremble de tous mes membres. Je n'arrive plus à tenir debout. Mes bras se sont accrochés à ce qu'il y avait à leur portée. Emi... Mon cœur bat contre son dos lorsque j'entends Emi parler.

- Tu vois... Quand tu veux, tu peux...

Je reprends conscience. Je suis debout. Tremblant. Je suis contre Emi. Je la tiens contre moi. Est-ce que c'est pour ne pas tomber ? Probablement. Mais il y a autre chose... Mon cœur est apaisé à son contact. L'écho de ma voix persiste dans la pièce. Aurais-je crié aussi ici..? Je serre fort ma camarade contre moi. Ma voix se brise alors... J'en perds mon débit de parole normal... Je ne suis plus moi-même.

- Emi... Je suis tellement désolé, Emi... J'ai la hantise qu'elle me remplace un jour... J'ai peur que tu m'abandonnes... Je... J'aurais pas dû m'énerver... Je sais pas, je sais plus... Je ne veux pas te perdre...

Mes bras serrés contre elle tremblent. Je pleure de douleur à l'idée qu'elle parte. Qu'on coupe les ponts pour toujours. Je suffoque. J'ai mal. Je ne veux pas...

- Pars pas... Pars pas... Ne pars pas, Emi, s'il-te-plaît... Je... Je... Je t...

Je n'arrive même plus à prononcer une seule phrase entière correctement, sans devoir retrouver mon souffle ou mes mots... Je dois lui dire... Je dois le faire... Au fond de moi, j'entends des hurlements répétant la même chose. Continuellement. "Dis-lui".

- Je t... Je...

Mes jambes commencent à ne plus supporter d'être sollicitées. Mon esprit est en ébullition. Mon cœur brûle. Mes yeux se noient dans des torrents de larmes... Je ferme les yeux, ne réfléchissant plus. Tout devient noir alors que je termine ma phrase en un murmure à son oreille, à peine audible...

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The Foggy Dew
2ème année RP

Méfiez-vous des trèfles...
12 avr. 2020, 13:22
Un aigle blessé  Privé   RPG+ 
Pourquoi avait-elle l'impression que ses pieds pesaient une tonne ? Elle qui d'habitude possédait un pas léger, celui-ci était à ce moment précis d'une lourdeur pour la petite sorcière...Elle n'avait pas envie de partir, elle ne voulait pas le laisser, mais elle était obligée, c'était ce qu'il voulait. Après tout, il avait fait son choix.

Elle ne voyait plus que la porte de l'infirmerie, celle que devait passer pour permettre à son cœur de respirer. Car oui, elle était comme en apnée. L'air de la pièce avait comme disparu de ses poumons. Vite, il fallait qu'elle s'en aille de cette salle qui la torturait. Plus que quelques mètres et elle pourrait en être libérée. Elle ne faisait pas attention à ses larmes qui étaient désormais en train de mouiller son uniforme.

Elle entendit le soudain grincement d'un lit. Non, ça ne pouvait pas être lui, il n'arrivait plus à marcher depuis l'accident. Un véritable handicapé, tout ça par sa faute. Encore une pression sur ses épaules. Cela devenait encore plus lourd. Ne pas se retourner, avancer, toujours avancer pour fuir la réalité. Des pas précipités se produisirent dans son dos, elle ne pouvait pas y croire, cela était tout bonnement impossible. Sa tête faisait un léger geste de droite à gauche pour se persuader que du contraire.

Un cri, un appel, son prénom. La voix déchirante de son ami qui résonna dans toute l'infirmerie. Deux mains qui s'accrochent désespérément à ses frêles épaules d'enfant. Son corps resta bien droit comme un I, elle ne pouvait plus bouger, elle n'avait plus d'échappatoire. Elle pouvait sentir le torse de Matthew contre son dos. Comme il était plus grand qu'elle, son menton touchait légèrement le haut de son crâne.

Elle tremblait. Pourquoi ? Pourquoi la rattraper après tout ce qu'il lui avait dit ? Ne voulait-il pas ne plus la voir ? Les doutes se précipitaient dans sa tête, brouillant ses pensées. Que devait-elle faire ?

Il parla, s'excusant pour ses paroles. Il avait peur, tout comme elle. Ses mots la déchirèrent de l'intérieur. Il avait l'air d'être si triste, jamais il ne s'était confié à elle comme il était en train de le faire. Elle aurait voulu se retourner pour le regarder mais il la tenait bien fermement dans cette position. Que devait-elle dire ? Sa bouche était sèche, sa langue lui donnait l'impression de ne plus être utilisable. Elle ne pouvait pas le laisser ainsi, pas dans cet état.

Elle remarqua que la pression de sa poigne s'affaiblissait, la bouche du garçon était presque collée à son oreille alors qu'il souffla les fameux mots. Des mots qu'elle avait entendu que venant de ses parents, des mots remplis de sens. Elle le sentit tomber, ses jambes étaient en train de le lâcher. Elle se retourna rapidement et essaya de le maintenir mais ils tombèrent tous les deux à genoux. Émeline avait ses bras sous les aisselles du garçon, tous les deux en face l'un de l'autre, sur le sol de l'infirmerie. Tous les deux pleuraient. La Serdaigle se calma et se rapprocha de son ami pour le prendre un peu plus dans ses bras.

-Je suis..Je suis désolée Matt..Je..Je ne voulais pas te faire de mal

Sa voix était affectée par ses larmes.

-Je..Je suis là, je..je ne pars pas.

Elle le sera bien fort, surement pour accentuer ses dires. En réalité elle ne voulait plus le lâcher. Elle non plus ne voulait pas le perdre, pas Matthew. Elle continuait à pleurer, mais pas de tristesse, c'était du soulagement. Il ne voulait pas qu'elle s'en aille, il voulait qu'elle reste avec lui.
Elle s'éloigna un peu pour pouvoir le regarder, ses yeux cernés étaient envahis par des perles d'eau salée. Ses petits doigts vinrent à la rencontrer de son visage pour les effacer. Les siennes venaient de s'arrêter toutes seules. Tout en gardant sa main sur sa joue, elle lui sourit.

-Moi aussi je t'aime.

Elle avait légèrement penché la tête sur le côté en le disant, souriant avec toutes ses dents. C'était doux à dire, bien moins lourd que la souffrance qu'elle avait dû porter.
Quelques sifflements se firent, les élèves présents avaient entendus ce qu'elle venait de lui dire. Émeline ria de bon coeur, elle trouvait ça amusant de les voir les applaudir. S'ils ne se levaient pas rapidement, l'infirmière allait les gronder. Elle fut la première à se relever et tandis sa main vers lui.

-Aller Monsieur Maguire, il faut retourner à votre lit.

Son côté rieur était de retour, de même que son fameux sourire, celui qui la définissait.

Scintillante petite étoile, souriante au matin et désireuse le soir
13 avr. 2020, 18:03
Un aigle blessé  Privé   RPG+ 
Le temps s'est brusquement arrêté lors de cette étreinte. Je me sens apaisé. Comme enveloppé dans une cape de douceur et de sérénité. Mes larmes sont figées, ma respiration est bien plus calme et contrôlée. Je n'ai, l'espace de quelques instants, plus mal nulle part. Cette parenthèse enchantée dure quelques minutes quand brusquement, je tombe à genoux. Je n'ai pas lâché Emi. Elle me tient contre elle aussi alors qu'une de ses mains vient contre ma joue. Je la regarde sourire. Ses mots résonnent dans ma tête jusque dans la tour blanche. Son murmure est si doux que j'aurais eu du mal à le distinguer correctement si j'avais été plus loin d'elle. Mais ces mots, je les ai très bien entendus. J'en soupire de soulagement et de bien-être... Ces mots enflamment mes joues et ma poitrine...

- Emi... Merci...

J'ai dû prendre plusieurs respirations entre les deux mots de ma phrase tellement je me sens en joie... Peut-être aussi parce que ses mots m'ont littéralement coupé le souffle l'espace d'un instant. Je regarde ses yeux doux et je desserre lentement mon étreinte. Elle ne partira pas... Elle m'aime... Je l'aime... Jamais je n'ai ressenti cette sensation, de toute ma vie. Je crois que c'est ce qui fait partie des choses qui arrivent lorsqu'on grandit... L'enfance semble être si lointaine, maintenant... C'est une nouvelle partie de ma vie que je découvre en étant tout contre Emi. J'ai grandi...

Notre instant hors du temps prend brusquement fin quand Emi me signale qu'il faut que je retourne dans mon lit. Je tourne la tête, douloureusement et vois la distance que mon corps a réussi à effectuer alors que l'adrénaline commandait à mes jambes de bouger, qu'importe le prix. Je regarde à nouveau Emi et je lui réponds alors doucement quelques mots, les traits tirés par la douleur qui revient brûler mes jambes et ma colonne vertébrale.

- Est-ce que tu peux m'aider à retourner dans mon lit, s'il te plaît..? Je crois bien que j'ai bougé pour trois semaines pour te rattraper. Mon corps ne doit pas être d'accord...

Un peu confus, je prends appui sur elle après avoir défait mon étreinte. Brusque retour à la réalité. Je ressens comme des lames sous mes pieds quand j'essaie ne serait-ce que de me relever et de faire le moindre pas. La douleur va de la plante de mon pied jusqu'au bout de ma colonne. Heureusement que ma camarade m'assiste dans cette épreuve de marcher jusqu'à mon lit. Il me semble si loin de moi que je me demande comment j'ai pu franchir cette distance à l'aller. Le retour est beaucoup plus long et fastidieux. Je m'appuie à l'épaule d'Emi et au mobilier alentour. Mon front sue comme jamais alors que je laisse échapper un râle douloureux en me recouchant difficilement... Je pose ma tête sur l'oreiller et m'adresse à Emi, d'une voix faible.

- Merci, Emi... Je ne sais toujours pas ce que je ferais sans toi...

Je lui souris tendrement et avance ma tête de la sienne. Je pose ma main sur sa joue, sentant la chaleur de sa peau envahir ma main. Je ferme les yeux et je dépose un baiser sur son front. C'est le geste le plus affectueux qu'on m'ait fait... Elyon me le faisait beaucoup. Sur ces tendres gestes, l'heure indique que les visites sont terminées... J'ai heureusement le temps de retirer mes lèvres de son front lentement avant de la regarder avec un sourire figé.

- Merci d'être venue aujourd'hui, Emi... Merci beaucoup...

Je ne la quitte pas des yeux. Je ne vois qu'elle. Rien d'autre. Elle part... Et je crois bien m'être endormi après qu'elle ait disparu derrière la porte de l'infirmerie... J'ai dû bien dormir cette nuit-là...

The Foggy Dew
2ème année RP

Méfiez-vous des trèfles...
21 avr. 2020, 14:09
Un aigle blessé  Privé   RPG+ 
21 Décembre 2044


Aujourd'hui, c'était son anniversaire. 11 ans, voilà l'âge qu'elle avait en ce si beau jour de Décembre. Pendant la nuit, la neige était tombée avec douceur sur les terres de Poudlard. Ce fut à son réveil que l'aiglonne l'avait remarqué. La joie l'avait éprise, elle s'était élancée vers le parc avec l'idée de pouvoir marcher sur la glace, comme son père lui en avait parlé des années auparavant. En voulant s'amuser, elle avait rencontré une Serpentarde qui l'avait convié à revenir sur la terre pour ne pas se faire mal. Après ça, elles s'amusèrent ensemble dans la neige d'un blanc immaculé. Émeline ne pouvait qu'être heureuse, Matthew lui avait dit qu'il l'aimait, ils étaient encore des amis, elle ne l'avait pas perdu. C'était bien pour elle le plus beau des cadeaux.

Les heures passèrent dans les rires et les boules de neige. Bientôt, il fallait qu'elle se rende à l'infirmerie pour aller le voir, elle ne voulait plus qu'il ne se sente seul, même en sa présence. Et puis, peut-être qu'il lui souhaiterait un joyeux anniversaire avec un sourire. De plus, elle voulait lui raconter sa matinée qui lui avait bien plu, lui faire comprendre à quel point elle adorait la neige.

Elle courait presque dans les couloirs, avec ses cheveux encore envahi par des flocons. Son sourire était si lumineux sur son visage, elle donnait l'air d'être la fillette la plus heureuse du monde. Parfois elle entendait quelques personnes lui souhaiter un merveilleux anniversaire, elle les remerciait avec bon coeur. Cela était plaisant d'être appréciée.

En poussant les portes de l'infirmerie, elle avait déjà le nom de son ami aux bords de ses lèvres pour l'appeler. Elle trottina jusqu'au lit et poussa les rideaux blancs pour passer sa tête.

- Salut Matt c'est moi...

Sa voix se perdit dans sa gorge. Personne. Il n'y avait personne dans le lit. Matthew n'était plus là. Émeline jeta des regards dans tous les recoins de l'infirmerie pour voir où il pouvait se trouver. Malheureusement, elle ne le vit toujours pas. Ses sourcils commencèrent à se froncer légèrement, ce n'était pas habituel. Elle demanda donc à l'infirmière où se trouvait le garçon. La petite sorcière remarqua de la surprise sur le visage de l'adulte. L'infirmière paraissait étonnée de voir qu’Émeline n'était pas au courant. Elle lui expliqua donc la situation.

La Serdaigle en lâcha son sac. Venait-elle vraiment de comprendre ce qu'elle venait de lui dire ? Cela lui paraissait peu probable. L'adulte lui donna quelque chose. Automatiquement sa main se tendit pour attraper l'habit.
Matthew avait quitté l'école. Tout ce qu'il avait laissé derrière-lui, n'était autre que son écharpe aux couleurs de sa maison, avec un trèfle à quatre feuille cousu sur une des extrémités. Il ne lui avait même pas laissé un mot pour lui expliquer, il ne l'avait pas averti de son départ, alors qu'elle était allée le voir la veille.

Avec force ses petits doigts se refermèrent sur le tissu. Il l'avait laissé, malgré tout ce qu'il lui avait dit. De l'amertume se répandit dans sa gorge. Au lieu de se plaindre, elle releva un visage souriant vers l'infirmière et la remercia pour lui avoir dit. Elle s'en alla de l'infirmerie, serrant toujours dans son poing l'écharpe.

En sortant de la salle, son masque était placé sur son visage. Pourtant, au fond d'elle-même, elle était bouleversée par les cachotteries de son ami. Rien, il ne restait plus rien de lui, à part ce qu'elle tenait dans sa main.
Joyeux anniversaire Émeline Joyner...


Fin de ce RP, merci à Matthew et à tout ceux qui nous lisent :D ! On se retrouve pour la suite !

Scintillante petite étoile, souriante au matin et désireuse le soir