Premier Novembre. @Arya Nightshade

Il entra dans l'infirmerie comme si de rien n'était avant de regarder les lits pleins. Lui avait été réveillé -et avait trouvé particulièrement dommage de ne pas avoir pu voir toute la scène- et était retourné dans son dortoir en traînant des pieds. La soirée avait un gout de défaite, de ne pas avoir vu tout le film et de s'être arrêté après le début, bien avant toutes les aventures. C'était comme s'endormir devant Avengers 1 et se réveiller devant Endgame, quand tout était fini. C'était nul et surtout, c'était pas drôle. En plus de ça, il devait avouer qu'il n'était pas à l'aise. On l'avait attaqué hier, on lui avait jeté deux sorts dans le but de le blesser. La magie n'était pas une bonne chose, il le savait bien avant tout cela mais le chaos du bal avait juste sonné la cloche, réveillant ses angoisses et ses plans de fuite.

Il y avait eu des gens au bal, des gens qui cherchaient à faire souffrir les gens comme lui. Il savait qu'on ne voulait pas de lui ici, ce n'était pas nouveau et le fait que personne ne cherche à savoir si les nés-moldus étaient bien intégrés en était la preuve, mais il y avait un fossé entre savoir ça et le vivre pour de vrai. Se sentir en danger, comme un animal en cage et sans aucun moyen de se défendre contre ceux qui usaient de la magie quand il ne savait toujours pas le faire. Il se sentait de plus en plus éloigné de tout ce monde bizarre et il n'en pouvait plus. 

Il savait qu'il y avait une personne qui avait utilisé ses poings et il l'avait en visuel, mais ne connaissait ni son nom, ni son prénom et encore moins sa maison. C'était pour cela qu'il était ici, une sorte de curiosité malsaine de voir si elle était morte ou salement amochée mélangée à de l'admiration pour ce qu'elle avait fait. Comparé à certains lâches, elle avait été très courageuse, même si particulièrement stupide, de son point de vue. Il n'était pas bien mieux mais son instinct l'aurait empêché de faire quelque d'aussi idiot. Malgré ça, elle avait gagné un gros point avec Edwin. C'était une fille qu'il avait envie de rencontrer, simplement pour voir si elle avait aussi mauvais caractère qu'il l'imaginait. Elle était chouette. 

Il s'arrêta devant un lit et posa ses yeux sur le visage à sa portée. Il aurait mit sa main à couper que c'était elle, même sans savoir si ça pouvait repousser avec la magie ou quoi que ce soit. Elle semblait salement amochée mais elle vivait. Il ne savait pas ce qu'il aurait fait face à un mort.

-J'te donne un point sourire, c'tait grave classe hier. 

Idiote. Elle avait été complètement, entièrement, intégralement, indéniablement idiote. À quel instant se lancer sur un ennemi parmi tant d'autres lui avait paru être une bonne idée ? À présent que tout était terminé, à présent qu'elle ressassait les souvenirs de la veille, cette décision lui semblait être la plus stupide qu'elle ait jamais prise. Elle aurait pu rester cachée, peut-être qu'elle en serait ressortie indemne.

Elle ne gardait que de vagues souvenirs de comment elle était arrivée à l'infirmerie. La fin du bal lui revenait floue, par flashbacks de l'instant où son père lui était apparu alors qu'elle souffrait dans le trou, alors que tout le reste de l'action se déroulait au-dessus d'elle. Elle se souvenait vaguement qu'on lui avait fait avaler quelques potions au goût ignoble. Mais elle n'en avait pas réellement conscience à cet instant, et n'avait pas protesté. On lui avait placé son bras droit dans une écharpe, on l'avait installé sur l'un des lits de l'infirmerie et on lui avait expressément demandé de rester ici jusqu'à nouvel ordre. Au début, Arya avait dormi, épuisée par le bal et ses blessures. À présent, elle était tout à fait consciente et réveillée, occupée à faire un bilan de son état physique.

Après avoir bu les potions, elle avait peu à peu cessé de tousser, et la douleur dans son ventre s'était estompée. Pourtant, elle continuait de voir le regard de cet élève lorsqu'il lui donnait des coups de pieds dans l'estomac, alors qu'elle était déjà vaincue. Ce regard l'avait hanté sans relâche depuis qu'elle s'était réveillée, et ne cessait de le croiser où qu'elle posât le sien.

Son bras ne la faisait plus souffrir tant qu'elle ne tentait pas de la bouger. Elle avait essayé, et l'avait amèrement regretté les minutes qui suivirent sa tentative. Elle avait aussi remarqué, bien plus tard, qu'on lui avait collé un pansement sous son œil gauche, là où le sortilège de découpe l'avait frôlé. Un simple pansement moldu, pour une blessure qui lui avait causé bien plus de frayeur. Que serait-elle devenue, si le sortilège avait atteint sa cible et qu'elle était devenue aveugle ?

Alison allait être furieuse quand elle l'apprendrait. Et ses autres sœurs se moqueraient certainement d'elle. Elle savait qu'elles n'étaient pas présentes au bal, elles avaient horreur de ce genre d'évènement. Au moins, elle n'avait pas été témoins de la faiblesse dont elle avait fait preuve.

C'est donc dans cet état qu'elle se retrouvait à présent, le regard fixé au plafond, voyant quelque chose que d'autres ne voyaient pas. Elle observait le regard chargé de haine de cet élève, qui se mélangeait avec le regard du fantôme de son père. Elle ne parvint à détourner les yeux que lorsqu'elle entendit une voix, d'abord lointaine, s'adresser à elle.

Elle ne connaissait pas ce garçon, elle en était certaine. La mémoire pouvait très bien lui faire défaut, mais jamais elle n'oubliait de visage. Elle ne comprit pas immédiatement ce qu'il avait dit et se contenta donc de le fixer dans les yeux, les regards de ses fantômes qui l'observaient en parallèle. Puis elle se força à se rappeler ce qu'il avait dit. Elle ouvrit la bouche, mais elle était sèche, et sa voix rauque, comme si elle n'avait pas parlé depuis des semaines. Sans doute un effet secondaire du goût atroce des potions.

- J'suis pas d'humeur à sourire. C'était tout sauf classe hier. C'était débile.

Elle aurait voulu se retourner, mais son bras blessé l'en empêchait. Elle continua donc de le fixer sans sourciller.

Elle était en colère, remarqua-t-il, à moins qu'elle ai juste un humour nul ou un caractère de crotte. Il haussa les épaules avant de s'asseoir par terre, devant son lit. Il savait pas si elle pouvait le voir d'où elle était mais lui le faisait très bien.

-Tu veux un verre d'eau ?

Elle avait la voix plus grave que la sienne, et c'était sûrement parce qu'elle n'avait pas bu ou parlé depuis longtemps. Il n'allait pas lui dire que c'était génial, parce qu'elle ne l'aurait pas bien prit et, de ça, il en était réellement certain. Il comprenait pas bien pourquoi, après-tout elle n'avait rien fait de nul hier, elle avait juste été particulièrement stupide et tête brulée, mais n'était-ce pas une Gryffondor, d'ailleurs ? Il n'en savait pas grand chose, mais à deviner, il aurait donné cette réponse.

-Ouais, débile. Mais tu as fais quelque chose, au moins.

Il n'allait pas la remercier, parce qu'il n'avait ni l'envie, ni le besoin de le faire. Elle n'avait rien fait pour lui, et s'il devait se l'avouer, qu'elle ait été là ou pas, ça n'avait rien à changé au sort qu'il s'était prit ou à la tournure qu'avait prit le bal par la suite. En clair, si elle était restée dans son coin, ça aurait eu le même effet, au final, simplement elle ne serait pas allongée ici comme un cadavre. Elle devait être la personne la plus proche de la couleur d'un cadavre qu'il n'ai jamais vu, s'il était totalement honnête, et le blanc éclatant de la salle n'aidait en rien cette impression. Il n'avait jamais aimé les hôpitaux pour ça. C'était déjà assez déprimant comme ça, pourquoi fallait-il rajouter du blanc partout ? Des couleurs pastels donneraient un peu de vie au lieu, ça ferait ressembler les hôpitaux à autre chose qu'une morgue. Peut-être qu'ils préparaient les patients, pour qu'ils sachent où aller une fois morts ? Suivre la lumière blanche.

C'était un peu débile. Il se demanda quelques secondes s'il, un jour, il ne ferait pas quelque chose pour changer cette infirmerie de couleur. Elle serait bien plus accueillante et, peut-être que les patients arrêteraient de déprimer. Il savait que c'était le pire dans une maladie ou dans une blessure, de déprimer. On pouvait pas dire que ça aidait les gens à se battre, même si dans son cas à elle, il n'y avait pas à le faire. Il savait même pas comment elle était encore vivante, vu ce qu'on lui avait raconté, elle aurait dû avoir de graves blessures. Il se doutait que tout allait plus vite dans ce monde de bizarres. Même la médecine, tout était amélioré. Pourquoi n'en faisaient-ils pas profiter le monde des moldus ? Même en secret ? Était-ce parce que les potions ne fonctionnaient que sur des sorciers ? C'était pas juste, si les deux mondes se mélangeaient leur savoir ce serait si utile. Moderniser le monde des sorciers et aider la médecine moldue, mais bon, c'était sûrement impossible, que ce soit pour un monde ou l'autre.

-Au moins si t'avais clamsé ça aurait été en faisant un truc d'utile pour les autres. Même si c'était un peu con.

Le garçon lui proposa un verre d'eau. La fillette se força à faire disparaître tout mépris de son visage. Ses nerfs étaient à vifs, mais ce n'était pas une raison d'être exécrable. Elle avait juste eu une mauvaise nuit, nul besoin d'étaler son mauvais caractère pour que tout le monde le sache. Elle inspira un grand coup pour tenter de chasser la brume qui obscurcissait ses pensées.

- Je veux bien, merci, répondit-elle après quelques secondes.

Elle ignorait où il allait pouvoir chercher un verre d'eau, mais c'était gentil à lui de lui proposer, au moins.

Il s'était assis au bout de son lit, aussi se redressa-t-elle pour ne pas le perdre de vue. Ce geste réveilla une douleur dans son estomac mais elle retint une grimace pour garder un visage impassible. Était-il venu juste pour voir à quoi elle ressemblait après tous les coups qu'elle s'était prise ? L'est gonflé, c'lui-là.

- Mais ceux qui n'ont rien fait sont les plus sages tout de même, non ? C'est des affaires d'adultes ce genre de choses. J'aurai pas dû me mêler à la bagarre. Ça a pas vraiment aidé.

Son ton avait perdu tout dédain et elle avait parlé comme si elle avait abordé un sujet sur la météo. Le regard dans le vide, elle imagina un instant ce qu'il se serait passé si elle était restée dans son coin, à l'abri. Peut-être aurait-elle tout de même été blessée, dans le désordre qu'était devenu le bal. Mais en tout cas, elle n'aurait pas été ainsi tourmentée. Pas autant.

Elle leva un sourcil en entendant le garçon parler de sa mort comme si de rien n'était. Si elle n'était pas dans cet état, elle aurait certainement sauté du lit et aurait trouvé n'importe quel prétexte pour chercher la bagarre.

- Et t'es venu juste pour me dire ça ? Tu t'ennuies beaucoup dans ta vie ?

Il observe autour de lui. Où trouver un verre d'eau ? Il y en a quelques uns sur une des tables de chevet d'un lit inoccupé alors il se lève, marche quelques pas et s'en empare : logiquement personne ne doit avoir craché dedans et ça doit juste être de l'eau normale, et de toute façon il saurait pas faire apparaître de l'eau donc elle devra se contenter de ça. Il se rapproche de la fille et pose le verre sur le petit meuble à côté de son lit, elle le prendra si elle le souhaite et, au pire, il aura quand même essayé d'être gentil. Il se rassoit au bout du lit, de façon -encore une fois- à ne pas écraser les pieds de l'autre mais à ne pas rester debout comme une perche inutile. Et puis il trouve ça mieux d'essayer de se mettre un peu à sa hauteur au moins un minimum : se mettre par terre aurait été mieux mais il n'a pas envie. De cette façon il n'est pas totalement en train de l'écraser, elle qui ne peut pas se lever. 

- Souvent les adultes c'est les plus cons, alors affaire d'adultes ou pas, on est tous dans la merde à cause d'eux. Et puis, s'ils foutent rien avant qu'il soit trop tard, faut bien que quelqu'un fasse un truc. Pas que j'ai fais un truc moi-même, mais peut-être que ce que t'as fais ça a fait diversion pour pas que je m'en prenne plein la gueule, je sais pas trop. Je suppose que je dois te dire merci, mais on sait pas comme ça se serait passé si t'avais rien fait. 

Il observe l'autre quelques instants. Elle n'a plus rien à craindre, elle. Ce n'est pas comme s'ils connaissaient son nom, pas non plus comme s'ils pouvaient aller balancer son nom quelque part à des gens qui ne rêvent que de faire souffrir les autres.

- Harrison m'a balancé là bas, alors je suppose que ma vie c'est assez de la merde maintenant pour que je ne trouve rien d'autre à faire que venir ici. Je sais même pas si quelqu'un va pas me prendre en traître dans un couloir pour me saigner comme un porc. A la base je pensais me casser en arrivant : ça aurait été classe comme dernière action au château, de venir te voir, mais au final je pense que ça sert à rien. Il hausse les épaules. Au moins toi on a pas sortit ton blaze dans une salle remplie de débiles masqués. Tu t'en sors mal mais ça aurait pu être pire si t'avais croisée Carry je-suis-la-victime-de-l'histoire Harrison. 

Le garçon lui apporta un verre d'eau. Après quelques secondes d'hésitation, Arya s'en empara et trempa ses lèvres dedans. Bon, au moins, c'était bien de l'eau, il n'avait pas cherché à l'empoisonner. Le liquide coula dans sa gorge, chassant le goût des potions infectes qu'on lui avait faites avaler. Elle remercia le garçon d'un signe de tête. Elle écouta ses paroles avec attention, tentant de comprendre son point de vue qui lui semblait si étranger.

- Donc, si je suis ta logique, je devrais continuer de me jeter sur les gens quand il me semble que c'est la seule chose à faire ?

Elle prit une nouvelle gorgée et haussa les épaules.

- Ça a le mérite d'être simple, au moins.

La Gryffondor fronça les sourcils en l'entendant parler de sa propre situation. Elle inclina la tête sur le côté. Un né-moldu. Elle ne se souvenait plus très bien de ce qu'il s'était passé dans la salle de bal avant qu'elle n'intervienne, mais elle savait que quelqu'un avait dénoncé des nés-moldus. Il devait en faire partie.

- C'est l'avantage quand on ne parle quasiment à personne, laissa-t-elle échapper. Je doute que tout le monde connaisse mon statut de sang.

Elle se mordit aussitôt les lèvres. Ce n'était certainement pas le genre de paroles qu'attendait le garçon. Elle aurait mieux fait de la fermer.

- Désolée, j'aurai pas dû dire ça. Je m'appelle Arya, au fait.

Elle aurait aimé pouvoir l'aider, lui dire qu'il n'avait rien à craindre à Poudlard, mais elle détestait mentir. Elle se sentait soudainement débile de se plaindre de sa propre situation. Il avait tout à fait raison ; une fois guérie, plus personne ne la poursuivrait. Lui avait encore le monde entier à ses trousses. Un monde qui n'attendait qu'à ce qu'il trébuche.

En fait, elle le faisait vraiment rire. Elle n'avait ni sa langue dans sa poche, ni l'intention de l'avoir. Et c'était vraiment cool. Beaucoup à Poudlard faisaient semblant d'être de bonnes et gentilles personnes alors que la seule chose qu'ils voulaient faire c'était taper dans des murs et être cassant avec tout le monde. C'était quelque chose qui ne changeait pas vraiment entre ici et le monde des moldus, au moins, il n'était pas trop dépaysé. Il n'avait jamais su si c'était pour devenir populaire, avoir des amis ou juste si c'était parce que leurs parents étaient derrière, mais ça l’ennuyait les gens comme ça. Ça lui donnait envie de leur casser la tronche, juste pour voir s'ils resteraient dans leur petite comédie de gamin parfait après ça. Mais il n'avait pas vraiment de bonne raison pour les frapper, alors il attendait juste de voir si, miracle, quelqu'un serait assez stupide pour l'emmerder alors qu'il avait déjà comme plan de leur envoyer son poing dans la tronche. Forcément, personne ne le faisait, et c'était particulièrement ennuyant. 

- J'ai pas dis ça, juste que quand tu penses que c'est la bonne chose à faire, faut l'faire, même si tu te dis que c'est con après. Au moins, t'auras fais quelque chose. Dit-il en haussa les épaules, comme si sa phrase était juste une vérité universelle. C'est mieux que de rester comme les dizaines de cornichons qu'on rien foutu et qui passent dans les couloirs en hurlant à quel point c'était terrible et à quel point ils ont été courageux. Continua-t-il en faisant de grands gestes avec ses mains.

Il fit une pause et réfléchit quelques secondes. 

- Pourquoi tu t'excuses ? T'as rien dit de mal en plus, c'est con. Si j'avais pas foutu un pain à Harrison, elle m'aurait pas balancé, tout comme si j'avais pas parlé à des gens, elle aurait jamais sur que j'étais né-moldu, c'est la vérité. Il haussa à nouveau les épaules. Mais je m'en fou un peu. De toute façon, qu'elle m'ait balancé ou pas, j'aurais toujours eu une jolie cible rouge dans le dos. 

Il essaie de paraître éloigné de tout ça, mais s'il devait se l'avouer, ça l'angoisse un peu comme situation. Il ne sait pas ce qu'il va se passer, pas plus qu'il sait s'il va rester en sécurité ou pas. Au final, il ne peut rien faire à part attendre. Attendre que ça passe ou attendre de voir jusqu'à quand ça va passer avant de lui revenir en pleine tronche pour lui foutre un tacle de la mort. 

- Oh, au passage, moi c'est Edwin. Mais j'suppose que j'porte mal mon nom, disons que j'ai pas vraiment Win à c'bal. Dit-il en essayant de détendre un peu l'atmosphère. 

Un sourire vint fleurir sur ses lèvres pendant un court instant. Finalement, heureusement qu'il était venu lui rendre visite, même s'il n'était poussé que par une curiosité qui la dérangeait. Au moins, elle n'était pas restée coincée avec elle-même, en face de ses fantômes, et pouvait penser à autre chose. C'était déjà mieux que rien.

- Merci, je répèterai cet argument si on me dit que j'ai fait un truc débile pendant le bal. Et je les traiterai de cornichon. Bien trouvé.

Arya réfléchit un instant. C'est vrai, pourquoi s'excusait-elle ? Elle comprenait ce qu'il voulait dire, mais n'était pas prête à l'accepter. Tout paraissait si simple, pourtant c'était si compliqué.

Il parlait de son statut délicat comme s'il parlait de la météo. La fillette n'était pas dupe, elle n'avait pas besoin d'un panneau pour savoir qu'il déplorait cette situation. Il n'en ferait même pas mention, autrement.

- Il y a énormément de nés-moldus. Ceux qui sont pour le régime actuel ne peut pas tous les chasser. Y aura toujours des gros cons pour te faire chier, bien sûr, mais... J'ai envie de dire, dans un film, ce serais toi le personnage principal, et pas eux. Si ça peut te réconforter.

Elle lisait plus qu'elle ne regardait de films, mais sa mère avait toute une collection de DVD qu'elle avait pu visionner avant qu'elle ne parte pour Poudlard. Mais, généralement, elle ne parvenait pas à rester immobile devant la télé pendant très longtemps, et finissait toujours par partir avant la fin du film. De ce fait, elle avait retenu toutes les premières scènes des films qu'elle avait regardé, mais ne savait jamais comment finissaient les personnages. Comment finira-t-il, lui ?

- Personne n'a vraiment "win" à ce bal, des deux côtés. Ça paraissait peut-être une bonne idée sur le papier, mais en pratique, c'était juste une catastrophe sur pattes, répondit-elle sur le même ton.

Il sourit à nouveau en secouant la tête de droite à gauche. Au pire, tu réponds pas dit-il en haussant les épaules. Il y aurait toujours quelqu'un pour lui dire que ce qu'elle avait fait, c'était con. Il y aurait toujours des gens qui trouveraient ça stylé. Tout le monde se sentirait assez important pour pouvoir ajouter sa petite remarque, mais personne ne serait assez intelligent pour juste fermer sa gueule. Au fond, elle devait le savoir aussi, qu'elle serait probablement pas tranquille tout le temps avant un bon moment. Il trouvait ça con lui, tout ceux qui lui inventeraient des raisons, qui essayeraient de comprendre pourquoi elle avait fait ça. Personne n'était dans sa tête, et il espérait qu'elle ne perdrait pas son temps à tous leur répondre, sinon elle y passerait toutes ses journées.

Bien sûr que ce serait moi le héro rit-il regarde moi, avec mon visage d'ange et mes gros bras musclés Il fit un geste exagéré pour se montrer, en sachant parfaitement que son visage n'était pas digne d'un héro, tout comme ses bras ne sauraient pas être assez musclés pour le faire ressembler à Hercule. Mais l'autodérision, lui ça l'amusait alors il se foutait de sa gueule tout seul, même si, si quelqu'un s'était foutu de lui, il lui aurait envoyé son poing dans la gueule. Tous les sorciers sont dans la merde, pas que nous. Pis si certains commencent à dégager d'autres, ça s'arrêtera jamais Il haussa les épaules.

Il hausse les épaules. Il ne pourrait pas vraiment dire si le bal avait été une catastrophe ou si les gens masqués avaient eu ce qu'ils voulaient : foutre le bordel et insérez dans le crâne de certains que même à Poudlard ils ne seraient pas tranquille. Le fond avait touché tout le monde, ça avait pas d'importance que le reste ai été une catastrophe. De toute façon, je serais bientôt plus là pour voir tout ça, et puis si les gens veulent continuer à faire des conneries, je m'en balek complet. Ils ont juste été cons, et nous aussi on l'a été. Personne m'avait jamais dit que je devais apprendre à me battre contre des débiles masqués, c'est peut-être un truc dont on aurait dû nous prévenir, nah ? Il se frotte le visage en baillant De toute façon, ici, si t'écoutes certains, c'est un paradis de sécurité et le monde des bisounours, peut-être qu'à un moment donné fallait que quelqu'un leur botte le cul pour qu'ils comprennent que c'était pas le cas

Arya haussa les épaules. Oui, au pire, elle pouvait ne pas répondre. Même si elle n'était pas du genre à rater une occasion de traiter quelqu'un de cornichon. Quand on la provoquait, elle ne savait jamais comment réagir au quart de tour. Comme beaucoup, c'était toujours plusieurs heures plus tard, quand elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, que la réplique parfaite lui venait à l'esprit. Si elle pouvait rembobiner la scène par moment, juste pour avoir l'occasion de paraître badass avec des mots, et pas avec ses poings, pour une fois. Elle était quasi certaine que plus d'une personne dans le monde pensait qu'elle se servait rarement de son cerveau. Et dire qu'elle était choixpeauflou avec Serdaigle... ça devait simplement être des restes de gènes familiaux, car elle ne voyait pas comment cette maison aurait pu lui correspondre, finalement. Le choixpeau avait dû la confondre avec l'une de ses cinq sœurs. Même s'il fallait le vouloir, pour les confondre. Elle n'était ni grande, ni blonde, ni futée. Si elle ne ressemblait pas autant à son père, elle aurait juré avoir été adoptée.

Elle sourit quand Edwin voulut lui montrer ses muscles. Elle aurait voulu lui dire que tous les héros n'étaient pas parfaits, mais au lieu de ça, elle leva les avant-bras et déclara, comme si c'était la chose la plus évidente de toutes :

« Le monde part en cacahuètes ! »

Edwin ne semblait pas très optimiste par rapport à Poudlard et au régime. Arya le comprenait, il n'avait vu que ça. Elle avait l'impression que le monde était plus simple quand elle était petite. Bien sûr, tout le monde avait cette impression, parce qu'on n'était pas forcément touché par les problèmes des grands, et les grands en retour n'informaient jamais les enfants justement pour ne pas gâcher leur enfance. Il n'empêche, elle savait qu'avant que Parkinson ne prenne la tête du pays, c'était plus calme. Moins compliqué. Ou tout du moins, moins voyant.

« Ça pourra pas rester comme ça pour toujours. J'suis sûre qu'un jour ça s'arrangera, même si ce sera jamais parfait. »