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19 déc. 2019, 15:39
Force et Dignité  solo 
Dans la nuit du 1er novembre 2044

« Она маленький волк... »
Le corps de l’enfant s’agita en un frémissement. Une caresse humide et rugueuse venait de gratifier sa joue, Alice en était certaine. Un coup de langue, c’était cela. Ses grands yeux ouverts dans l’obscurité, elle demeurait silencieuse, attendant le nouvel assaut. Mais rien ne vint. Rien qu’un sifflement lointain et constant.

Du bout de ses doigts, Alice vint pour vérifier si sa joue était belle et bien humide, mais lorsque sa peau la frôla, elle écarta sa main comme si le feu l’avait brûlé. C’était rugueux, mais ce n’était pas humide. C’était douloureux, et pourtant insensible... était-ce bien sa joue ?

Alice se redressa péniblement sur son séant, le corps endolori. Mais que diable lui arrivait-il ?
Elle voulu appeler sa meilleure amie pour la réveiller et la questionner sur la situation, sur son état, mais le nom d’Irisia mourut contre ses lèvres. Sa mâchoire était maintenue fermée, et lorsqu’Alice essaya de forcer, la douleur irradia son visage. La panique la saisissait. Quelque chose n’allait pas.

Jetant ses jambes sur le côté, Alice quitte la chaleur des draps pour trouver la fraîcheur du sol sous ses pieds. Ses jambes étaient nues, partiellement couverte par une sorte de robe misérable qui ne lui appartenait pas. * Irisia ! * L’appeler était inutile, il fallait aller à son lit.

Mais ses jambes flanchèrent sous son pieds et son corps gagna le sol dans un grand bruit, rompant momentanément le sifflement persistant. Aucun mouvement. Pas d’Irisia pour se moquer de sa chute pour ensuite l’aider à regagner son lit. * Ce n’est pas ma chambre * Pas de tapis verdoyant pour amortir sa chute, ni de drap de satin auquel s’accrocher. En guise de table de chevet de bois, une autre blanche, la photo de son père et elle remplacée par quelques petits flacons inconnus, leur contenu scintillant sous un rayon lunaire.
Le froid du sol mordillant ses cuisses nues, Alice prenait toute conscience de la pièce dans laquelle elle se trouvait.

L’infirmerie.
Dernière modification par Alice Sangblanc le 04 janv. 2020, 13:57, modifié 6 fois.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN
19 déc. 2019, 21:12
Force et Dignité  solo 
De quel mal souffrait-elle ? Sa joue, certainement, la douleur était sourde, mais bien présente. Oh oui, elle la sentait brûler lentement sa chaire.
Alice porta ses doigts à son visage, évitant de toucher la zone douloureuse. Encore un touché rugueux, qui parcourait son visage, traversait son nez et terminait dans ses cheveux. L’effroi la saisissait.

Avait-elle reçu un coup sur la tête pour être ainsi momifiée ? Cela expliquerait l’insoutenable bruit qui lui faisait bourdonner les tympans. Mais Alice n’avait pas mal à la tête. Sa joue, c’était autre chose.
Peut-être que quelqu’un l’avait frappé ? Cela ne serait pas si étonnant que cela, on l’avait déjà menacé de la tabasser. Oui, c’était peut-être cela, mais Alice n’en gardait aucun souvenir.
Piteusement, se cramponnant à son lit, Alice se releva, ses jambes tremblaient un peu sous l’effort. Elle resta statique un moment, respirant doucement, se forçant à rester calme. En apparence, Alice l’était, Alice l’était toujours. Mais elle ne pouvait se mentir à elle. La vérité, c’était qu’elle avait peur, peur d’être salement blessée, d’avoir perdu ces jolies dents. Peur d’être enlaidie par une bête histoire de règlement de compte qui ne la regardait pas, elle qui était seulement coupable d’être la sœur d’une brute.
Il fallait qu’elle sache ce qui lui était arrivé, ce qui endolorissait sa joue.

Alice relâcha son lit pour attraper le petit plateau posé sur sa table de chevet. Elle en retira les fioles, mais prit tout de même un instant pour observer leurs étiquettes. Essence de dictame, essence de murlap... Alice déglutit. Elle était peu réactive à la médicomagie, comme l’était ses frères, son père et son grand père, et cela depuis toujours. Est-ce que ces deux fioles avaient remplacé les sorts de guérison qui auraient pu lui être prodigués ?

L’enfant s’assit sur son lit, le plateau métallique tremblait sous ses doigts. Alice observait son visage bandé avec angoisse. Il était encadré par de longues mèches rougeâtres et poisseuses, parsemés d’un gris sale. C’était du sang, c’était beaucoup de sang, mêlé à - Alice porta une mèche à son nez - ... dieux, de la cendre ? Il s’était passé quelque chose de grave. L’avait-on brûlé, marquée au fer rouge comme une bête de rente ? Avait-on collé son visage dans les braises de la salle commune ? Tout, mais pas ça. Pas ça.

Avec hésitation, elle glissa son doigt sous le noeud derrière son oreille, et tira, lentement.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN
19 déc. 2019, 22:21
Force et Dignité  solo 
La bande coulait entre ses doigts. Petit à petit, sa mâchoire se libérait, mais la douleur rendait tout mouvement douloureux, il ne fallait rien dire, ni même mastiquer pour se souvenir de la sensation que cela faisait.
Son visage lui apparaissait toujours un peu plus. La peur la rendait fébrile, quand bien même Alice voyait son reflet sans boursouflure. Il n’y avait pas eu de coup. Et sa joue, alors ...?

La longue bande de tissu s’échoua au sol, frôlant les pieds d’Alice. L’air frais vint caresser sa joue rendue boîte par le bandage. Un bienfait de courte durée.
Les yeux larmoyants, Alice observait cette compression, cette énorme compresse qui lui couvrait la joue, toute la joue. Elle était collée, et certainement douloureuse à retirer. Mais la curiosité n’avait que faire de ce fardeau. Alice devait savoir.

Alors, ses doigts tremblants virent se saisir de l’extrémité de la compresse pour la retirer. Avec lenteur, car il fallait détacher le tissu de ce que la douleur annonçait comme une plaie. Une plaie immense.
Et ça apparaissait.
Le plateau glissa entre les doigts d’Alice, s’échouant au sol dans un fracas qui rompit le bourdonnement. A ses pieds, Alice observait avec horreur le reflet que lui renvoyait le métal.
C’était gravé dans sa chaire, si profondément qu’Alice n’osait l’imaginer. Boursoufflé, d’un rouge vif, sa peau déchirée en de longues coupures. Une lame de couteau fouillant sa chaire avec une cruelle précision. Un mot terrible jaillissant de son agonie. Un mot pour désigner celle qu’elle était aux yeux de ceux qu’elle haïssait.
Une Traîtresse.

L’explosion, la fumée, les mangemorts, les lamentations, le sang. Carry Harrison, sa baguette brandit sur le dos d’un élève, son sort. Le rire terrible. Sa lente agonie.
Tout lui revint au visage en une bourrasque de sensation. Un haut le cœur la saisit avec tant de brutalité que son corps s’arc-bouta pour rendre tout ce qu’elle avait avaler ce terrible soir.
Elle resta un moment penchée en avant, hoquetant piteusement, sanglotant.

« Irisia... » gémissait-elle, sa voix déformée tant par la souffrance de sa joue que par sa gorge tapissée. « Irisia, si’te plaît.. »

Ses pleurs muaient ses mots en une plainte immonde. Elle était laide. Que quelqu’un lui vienne en aide. Pour une étreinte, pour une caresse, pour un miracle. Qu’on lui rende ce qui lui a été retiré. Sa dignité.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
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19 déc. 2019, 22:56
Force et Dignité  solo 
Les larmes avaient cessé de couler, son corps s’était arrêté de trembler. Alice s’était allongée lorsque le balai magique était venu nettoyer son vomi. Elle n’avait rien dit, ne l’avait pas même regardé. Elle ne voulait plus regarder quoi que ce soit, apeurée à l’idée de voir son reflet. Ça n’existait pas vraiment si personne ne le voyait. La douleur, c’était son affaire, son cœur souffrait suffisamment pour pouvoir encaisser encore un peu plus.

Sa gorge se serra. Non, Alice était incapable de subir ça. C’était porté un trop lourd fardeau. C’était assumer avoir été faible. Assumer d’être rendue laide. Quelle humiliation.
Alice étouffa une plainte attristée contre ses doigts. Ça n’avait pas pu arriver, pas à elle. Elle avait toujours fait les bons choix ! Elle était devenue une gentille fille ! Elle n’avait pas hésité lorsqu’il avait fallu se ruer dans le sang pour sauver ce garçon d’une hémorragie qui l’aurait tué ! Elle avait bondit pour protéger son prochain lorsque Carry avait voulu achever un autre garçon !
Et tout ça pour quoi ? Une mutilation. Elle avait été défiguré parce qu’elle avait été gentille.


Alice se recroquevilla sur elle, ses jambes contre sa poitrine, et se remit à pleurer dans ses mains. C’était terminé, tout était terminé. Elle ne voulait plus grandir et devenir une belle dame comme tante Élise. Elle ne le pourrait plus, personne ne voudrait d’une balafrée comme compagnie. Personne ne la regarderait plus jamais comme une Sangblanc, fière et digne.
C’était pas présent et à jamais une petite masse informe. Une petite chose malheureuse que l’on couvre de regard empli de pitié.
Elle n’était plus rien.
• FIN •

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