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21 mai 2020, 01:16
 RPG+  Sors de ma tête...
Un silence froid régnait sur l'infirmerie. Pus un son, plus une parole.
Était-ce seulement dans sa tête ? Ou tout le monde s'était tu, avec une envie profonde de connaître la suite de l'histoire, sa fin.
Cette froideur emporta Anna, elle grelottait à présent, malgré les rayons de soleil de mai qui venait caresser sa peau blanche.
Ces grelottements cessèrent d'un seul coup lorsqu'Alison se jeta sur elle et lui prit la main violemment. Elle lui enfonça les ongles dans la peau, ce qui procura un léger picotement sur les mains de la Gryffone.
Je ne ressens plus la douleur...
Une douleur tellement forte mentalement, que toutes douleurs physiques n'avaient plus aucun effet.
Un léger filet de sang coula de la blessure que venait de lui infliger son amie.
Pourquoi ?
*Elle ne t'aime pas, elle veut te voir souffrir*
Souffrir... ce mot résonnait sans arrêt dans sa petite tête brisée.

La jeune fille déplaça leurs deux mains jointes sur son cœur.
Tap*Tap
Un battement de cœur.
Un espoir.
Une lueur.
Son cœur bat encore malgré la douleur.
Un espoir de s'en sortir, de continuer à vivre.
Mon cœur battra toujours.
Une promesse dans ce silence effrayant. Alison l'entendait, elle entendait tout, Anna en était certaine. Une main sur sur son cœur, à écouter ces battements incessants, les émotions passaient plus facilement. Elles se comprenaient, partageaient le même univers durant quelques instants.

Mais cette lueur s'évanouit lorsque son amie la regarda dans la yeux, et commença à lui raconter la vérité. L'envers du décor, la vérité face au mensonge.
Une vérité dure à avaler, à digérer. Mais la vérité était bien plus intéressante que le mensonge. Et puis, pour vivre, il fallait la connaître. Ne pas vivre dans un mensonge, un faux espoir était le plus important.
Anna retenu des bribes de paroles, sûrement les plus importantes, les plus marquantes.

- La vérité est moche.

Elle le savait depuis le début, mais préférait l'éviter. C'est toujours mieux de se mentir à soi-même plutôt que de regarder la réalité en face.

- Cette Voix elle va pas te quitter.
Mais j'te quitterai pas non plus.


*Douleur permanente*
Je vais souffrir en permanence alors ?
Peut-être que oui, peut-être que non. Il fallait juste s'habituer à la douleur et elle passerait. Ne plus ressentir aucune émotions, plus aucune souffrance, et elle s'en irait. Mais comment laisser partir le bonheur ? Elle ne voulait pas, mais n'avait plus le choix.
Alison resterait avec elle pendant cette période difficile, elle ne la quittera pas contrairement au reste de ses sentiments. Elle lui promettait, et c'était sûrement la seule chose rassurante qu'elle avait prononcé. Elle resterait à ses côtés, tel La Voix dans sa tête.

- On choisit pas d'les entendre. on choisit pas leur arrivée. On choisit pas.
Mais j'ai choisi de rester. J'veux t'aider.

Personne ne choisissait, Anna l'avait bien compris. Mais qui choisirait d'avoir une telle chose en soi ? Personne.
Une hésitation se remarqua dans le regard de la jeune fille. Que pouvait dire Alison pour rassurer la petite fille apeurée devant ses yeux ? Mais elle continua de parler, comme pour apaiser Anna, lui faire penser à autre chose.

- Essaye d'te concentrer sur moi...
Raconte-moi une histoire .


Une histoire ? Quelle histoire ?
Elle suivit les conseils d'Alison, se concentra sur sa voix et sur rien d'autres. Le silence était toujours pesant dans la pièce, la seule chose qui le comblait était La Voix, mais seule elle pouvait l'entendre.
Mais que lui raconter ? Un souvenir heureux ? Anna n'y arrivait pas, elle ne pouvait pas en trouver un, La Voix l'en empêchait, comme si elle ne voulait plus que le bonheur trouve une petite place dans la tête de la jeune fille.
Mais s'en était trop pour elle. Elle avait déjà fait de son mieux pour parler quelques minutes auparavant, mais parler de bonheur lui était impossible. Il fallait qu'elle devienne plus forte, pour réussir à reprendre le contrôle sur ses émotions positives.

- Je suis désolée, je ne peux pas.

Elle ne voulait pas décevoir Alison, son amie qui faisait tout pour l'aider. Mais s'en était trop. La douleur était trop dure à surmonter.

- C'est trop dur, j'essaye mais elle m'en empêche.


Une réalité lui vînt à l'esprit. Il fallait qu'elle sorte, qu'elle s'exprime pour se libérer.
Mais cette vérité était très dure à accepter.
Un ultime effort entre les larmes de douleur. Un ultime essai pour essayer de se faire comprendre.
*Je te contrôle*

- Je ne me contrôle plus, je ne trouve plus le bonheur.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7
24 mai 2020, 18:56
 RPG+  Sors de ma tête...
"Je suis désolée, je ne peux pas."

Abandon.
C'était tout.
Elle ne pouvait pas.
Fallait pas lui en vouloir à ce point.
Maîtriser la rage grandissante dans sa poitrine.
Car elle avait pas le droit de dire ça.
Pas le droit d'arriver dans sa vie, de tout chambouler, d'appeler à l'aide, de supplier, d'essayer de comprendre, avec ses magnifiques yeux-orages qui la terrifiaient, puis de se retirer, comme les vagues après la tempête, calmement et doucement.
Avec trois mots qui déposèrent un voile rouge sur ses yeux.
*Je suis désolée.*

"C'est trop dur, j'essaye mais elle m'en empêche."

Non, elle a pas le droit de dire ça!
Elle a pas le droit de sortir ces Mots, parce que ces Mots ne feront rien à la Voix, ils la conforteront dans ses idées, ils la brûleront jusqu'aux tréfonds de son âme, embrasant son cœur qui deviendra cendre, embrassant ses idées qui deviendront particules.
Et face à elle, en la regardant à-moitié, en l'évitant autant qu'elle la cherchait, en balançant des phrases dans les airs qui tanguaient, instables, semblaient à chaque moment prêtes à exploser et à se mêler avec d'autres, en une réaction infinie.
Audibles, ces phrases, pour ceux aux Ailes déchiquetées.
Pour ceux comme elles.
Et les phrases non-dites mais pensées, elles s'abattaient sur Silence, l'étouffant, l'empêchant de respirer, le tuant, loin, le faisant reculer.

"Je ne me contrôle plus, je ne trouve plus le bonheur."

Les Mots explosèrent à nouveau.
Milles éclats de verre entrant dans sa chair, coupants, y faisant entrer les Ombres qui s'installaient dans son corps, retentir les Voix des cauchemars, soupirer d'aise les plus horribles Souvenirs.

Ses narines se mirent à frémir comme toujours lorsque Colère arrivait.
Mais elle inspira à fond, força ses yeux à acquérir un peu de douceur même si la Colère grondait toujours derrière ses prunelles, calma son visage pour le faire devenir lisse et bienveillant.
Elle voulait pas repousser Colère.
Elle pouvait pas faire ça.

Car derrière Colère et ses Mots, derrière Colère et ses Ombres, il y avait Peur.

Peur était pire. La pire de toutes.
Elle bouffait les entrailles, les retournait, en faisait des corolles de fleurs se réduisant en cendre au moindre bruit, tournicotait ses longs cheveux pâles dans les airs, choisissait sa proie de ses longues griffes fines, les enfonçait lentement dans les cœurs, si profondément qu'elles ne pouvaient plus sortir, indolores au départ puis insoutenables ensuite, brisant l'organe palpitant dans la poitrine.

Et Anna abandonnait.
Alors, elle excitait sa Colère pour ignorer Peur.

Que pouvait dire la gryffone?
Désolée, j'ai laissé la Voix parler à ma place?
Désolée de t'avoir déçue, mais je ne peux pas?
Et elle, alors?
Comment avait-elle fait?
Elle ne s'était pas laissée abattre.
Pas aussi vite, pas sans lutter longtemps.


Elle était injuste, elle le savait.
Elle devait pas faire mal.
La Rouge endurait déjà assez de Souffrance.
Si elle commençait à la détruire à son tour, elle ne résisterait pas.
Ça se voyait dans ses yeux, désolés, suppliants, demandant plus que c'est qu'elle ne pourrait jamais lui offrir.

"Tu la laisses gagner."

Elle devait la faire réagir. Tant pis si elle s'énervait.
Tant pis si elle la repoussait.
Elle voulait se persuader qu'Anna ne laisserait pas la Voix la détruire entièrement, qu'il lui restait un peu d'orgueil car les gryffons en avaient certainement comme tout le monde, encore un peu de force pour s'insurger contre ses Mots.

"Bats-toi putain!"

Elle prit le visage de la gryffone entre ses mains et la força à la regarder dans les yeux.
Regarder ses yeux émeraudes où scintillaient des lambeaux d'Ombres déchirés.
Regarder ses yeux mousse où une détermination sans faille se lisait.
Regarder ses yeux où la provocation luisait.
*Allez, réponds.*

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
26 mai 2020, 23:11
 RPG+  Sors de ma tête...
- Tu la laisses gagner.

Non... ce n'est pas vrai.
*Elle a raison*
Anna aurait voulu crier entre les larmes, exprimer sa colère, sa tristesse.
*Faible*
Il fallait qu'elle se batte, qu'elle résiste.
Mais l'abandon était tellement plus simple. C'était une sortie de secours, qui pouvait empêcher de souffrir, réduire la douleur.
Alison n'était pas fière d'elle, la jeune fille le voyait dans ses yeux. La colère commençait à emplir son beau regard vert.
Elle va m'abandonner ?
Anna voulait de se battre, mais la douleur était si dure à supporter. Pour la première fois de sa vie, la souffrance l'empêchait de tout faire, la souffrance était insurmontable.
Parler devenait difficile. Sourire était devenu impossible.
Elle baissa les yeux. Une larme coula le long de sa joue, et atterrit sur le sol éclairé par la lumière de la pièce. Elle essaya de penser, de réfléchir, de se battre.
Mais les deux mains de la Poufsouffle face à elle lui saisirent le visage, et la forcèrent à regarder droit dans les yeux une Alison en colère.
Un éclair passa dans ce regard verdoyant.
Plus de sourires, plus d'encouragements, plus d'aide. Juste de la colère et de la déception.

- Bats-toi putain!

Une perte de contrôle de sa part. Plus de calme.
Mais il ne fallait pas faire ça, sinon La Voix prenait le dessus. La force qu'Anna utilisait pour rester à la surface s'évaporait, et cette lueur d'espoir coulait en même temps que tout le reste.
Il restait seulement La Voix, et le corps de la jeune gryffone qui lui servait de marionnette.
Je veux me battre.
*Tu ne veux rien, tu ne peux plus rien faire*
Ses parents voudraient qu'elle se batte, qu'elle réussisse à trouver la force pour remonter à la surface.
Alison voudrait qu'elle se batte.
*Impossible*
Je suis désolée...
Une dernière larme vînt se poser sur sa joue, pour laisser place à un autre sentiment.
La colère.
Un éclair passa dans son regard, et se plongea dans celui de la jeune fille face à elle.
Deux éclairs se combattaient en un regard, un coup d’œil. Qui gagnerait ?
La Voix eut envie de sortir, de s'exprimer.
Un mélange entre la vraie Anna et la nouvelle. Entre la force et l'abandon.
Un cri. Un hurlement de colère.
Un combat intérieur, dont tout le monde connaissait l'issue.
Anna se leva d'un bond, sans lâcher le regard d'Alison.

- Qui es-tu pour me dire quoi faire !?

Je ne veux pas dire ça. Alison est mon amie.
*Tais-toi*

- Tu n'es personne ! Laisse-moi seule !

Des hurlements qui résonnaient dans toute l'infirmerie.
Des paroles qui sortaient sans l'accord d'Anna.
Plus aucun contrôle.
*Douleur*
La vraie Anna voulait qu'Alison reste, continue à l'aider. Elle était prête à se forcer de retrouver un souvenir heureux rien que pour lui faire plaisir, pour la rendre fière.
Mais il y avait eu un premier cri, un cri qui avait tout fait basculer et perdre le contrôle.
Si Alison ne bougeait pas, la gryffone allait s'en aller. De toutes manières, l'infirmier ne pouvait rien pour elle, elle avait été naïve de croire le contraire.
Personne ne pouvait l'aider, personne ne pouvait la comprendre.
Enfin si, seulement une personne, mais elle se trouvait en face d'elle et allait sûrement la laisser tomber après ces paroles blessantes. Elles étaient prononcées de la bouche de quelqu'un d'autre, d'une autre pensée, mais la pouffy ne le savait pas. Anna avait quand même l'espoir qu'Alison le sache, et qu'elle ne lui tournerait pas le dos. Après tout, tout le monde a le droit de rêver non ?
C'était une lueur d'espoir dans un océan de noirceur.
Une petite lumière qui l'aiderait peut-être un jour à remonter.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7
31 mai 2020, 09:48
 RPG+  Sors de ma tête...
- Qui es-tu pour me dire quoi faire !?

Colère grondait. Si violemment qu'elle lui faisait presque peur.
La lave s'écoulait dans les veines, avec force, ravageant le corps après avoir envahi les pensées.
C'était des reproches qui sortaient, qui battaient, qui dirigeaient.
Et les reproches avaient raison.
*J'suis Rien.*

- Tu n'es personne ! Laisse-moi seule !

Personnepersonnepersonnepersonnepersonne.
Les Mots se répercutent en un ballet infini, l'emmenant dans leur danse.
Elle essaye de lutter contre eux, mais ils sont plus forts.
Plus grands.
Plus assurés.
Plus... Tout.

Elle essaya de trouver le regard d'Anna, ne sachant si c'était ses yeux qui se détournaient ou ceux de la Rouge.
Elle y voyait briller un mélange unique de Colère, d'orage et d'ombre, teinté de tristesse.
Puis une toute petite Lumière, qui brillait, au fond de la mer bleue sombre.
Comme une petite étoile, perdue dans cet infini de Rage.
Ce n'était peut-être qu'un embrasement.
Un embrasement de colère, une cendre d'argent encore chaude qui allait mettre le feu aux poudres, et déchaîner les Mots contre elle.

Jouer avec le feu faisait mal, trop mal pour qu'elle puisse s'y aventurer.

Les Mots étaient à double tranchants.
Et ils avaient sortis leurs côtés les plus durs pour elle.
Elle avait envie de rire, d'un rire nerveux, devant cette phrase.
Les Mots avaient sortis leurs côtés les plus durs pour elle?
Pour elle, une moins que rien?
Non. Les Mots n'auraient jamais gâché de tels joyaux pour elle.
Le rire continua à secouer en silence ses épaules, mais sa bouche était tordue en un rictus de dégout et ses yeux étaient sombres comme la nuit.
Les Mots n'auraient jamais tenté quoi que ce soit contre elle.
Elle en valait pas la peine.
Comme venait de le dire Anna, elle était personne.

Personne, comparé à Eux.
Personne, comparé à la Rouge.
Personne, comparé à tous les gryffons.
Personne, comparé à tous ceux que la Terre portait.
Personne, comparé à tous ceux que la Vie chérissait.
Personne.
Juste une enfant un peu plus bizarre que les autres, ou un peu plus bête.
Ou un être un peu plus brisé que les autres, un peu plus solitaire.
Une âme un peu plus noire *carrément noire* que les autres, un peu plus renfermée.

Elle les comprenait, les Mots d'Anna.
Pire. Elle les acceptait.
Elle les gravait dans sa mémoire.
Ils ne la quitteraient plus comme ça.

Le rictus sur ses lèvres s'accentua en une grimace franche de dégout.
Du dégout envers elle-même.
Elle riait intérieurement, chaque soubresaut de sa poitrine lui déchirant un peu plus le cœur, la blessant un peu plus profondément, la faisant réaliser les Mots un peu plus durement.
Ses poumons contenaient avec peine les sursauts de son corps.
*Qu'ils les laissent sortir, j'm'en fous. Elle a raison.*

Un goût de cendre avait empli sa bouche.
Le rire avait achevé ce qu'il restait d'espoir en elle.
Elle pouvait rien faire pour aider la Gryffone.
Que parler, parler sans relâche, parler pour ne rien dire, parler pour ne pas la laisser sombrer, parler pour crever le Silence, parler pour ne pas laisser les Ombres le faire, parler pour rassurer, parler pour dire vrai, parler pour mentir, parler pour réconforter, parler pour comprendre, parler pour pas pleurer, parler pour...
Pour rien, au final.
Parce qu'on peut pas parler indéfiniment.
A un moment, les mots se tarissent.
Ils deviennent secs, écorchent les bouches les prononçant, les faisant souffrir au-delà du supportable, les empêchant de continuer leur débit de phrases.
Alors, elles ralentissent.
Puis elle s'arrêtent.
Et le Silence revient.
Le Silence revient, et il a gagné.

Et elle le détestait pour ça.
Elle le détestait pour avoir toujours le dernier Mot.
Elle le détestait pour tuer toutes les fins de phrases, tous les Mots qu'on ne peut plus prononcer, ce qu'on ne peut plus décrire, ce qu'on ne peut plus faire comprendre.
Mais y avait rien à comprendre.
Y avait rien à comprendre sinon qu'il était le plus fort.

Et la Vérité lui rentra de plein fouet dedans.
Elle blessa, encore et encore, parce qu'elle sait faire que ça.
Elle lui crache ses phrases à la face, ses phrases inaudibles que le Silence ne peut pas faire taire.
Elle rit, elle joue, elle pleure parfois, des larmes chargées d'une tristesse morbide.
Et sous ces larmes, elle sourit.
D'un sourire affreux, dévoilant encore bien plus de Mensonges à des oreilles devenues sourdes.

Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle s'était dressée, à-côté du lit.
Droite, la tête haute, essayant pitoyablement de se grandir.
Elle l'était d'ailleurs. Depuis toujours.
*Pitoyablement petite.*
Elle voulait faire comprendre qu'elle résistait.
Un air fier était peint sur ses traits pour dissimuler la Douleur des Mots d'Anna.
Elle voulait plus lui parler.
Pas tant que la Rouge la verrai comme ça.
Et si elle n'arrivait pas à changer, alors tant pis.
Elle lui reparlerait plus jamais.
Elle lui offrirait plus de réconfort. Plus de Mots. Plus de Sons auxquels se raccrocher.

La ligne de non-retour entre elles deux était si proche.
Vibrante, d'une couleur rouge sang, pulsant face à leurs Colères maîtrisées.
Était-ce du regret dans les yeux d'Anna?
Ou juste de la pitié?

Elle serra les dents, plissa les lèvres.
Elle ne devait pas laisser les Mots qui se pressaient sur sa bouche sortir.
Ils feraient encore plus de dégâts.
*Fragile, la Rouge?*
Certainement pas.
Bien moins qu'elle en tout cas.

Elle soupira un instant.
Et les Mots trouvèrent une opportunité de s'échapper.

"J'suis p't'ète Personne, mais toi t'sais pas c'que tu dis. T'as juste Peur, peur qu't'arrives par à la contrôler, et tu la contrôleras jamais, tu m'entends? Maintenant, si faut qu'j'reste pour t'entendre dire ça, c'est non. J'me casse, tu d'vrais être contente. R'viens quand tu s'ras calme. Ou r'viens jamais."

Elle aurait voulu retenir les Mots.
Mais on ne pouvait pas les retenir une fois lâchés dans les Vents.
Ils galopaient, étalons à la crinière de nuage, Noirs comme les Orages, chargés d'une Colère qu'elle n'avait pas su réprimer.

Elle planta son regard vert dans les yeux d'Anna, l'implorant de dire un Mot.
Un seul.
Pour lui prouver qu'elle n'allait pas la laisser ainsi.
Du défi électrisait ses yeux émeraudes, embrumé d'espoir l'atténuant.
*Allez Anna... J't''en prie... Un Mot... Même un seul...*

Puis Colère noya ses dernières pensées.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
03 juin 2020, 23:44
 RPG+  Sors de ma tête...
La Colère pouvait se lire dans le regard d'Alison.
Colère, Dégoût et Tristesse.

- J'suis p't'ète Personne, mais toi t'sais pas c'que tu dis. T'as juste Peur, peur qu't'arrives par à la contrôler, et tu la contrôleras jamais, tu m'entends? Maintenant, si faut qu'j'reste pour t'entendre dire ça, c'est non. J'me casse, tu d'vrais être contente. R'viens quand tu s'ras calme. Ou r'viens jamais.

*Elle n'est personne*
Un douleur intense vînt compresser le cœur de la jeune gryffone.
Les mots prononcés étaient violents, durs à encaisser. Son cœur venait d'être touché profondément, les mots allaient rester graver.
Alison...
Pourquoi tant de colère ?
Elle ne savait peut-être pas qu'Anna ne voulait pas dire ses précédentes paroles. C'était La Voix, encore et toujours elle.
Je ne la contrôlerai jamais.
Les mots sont puissants. Les mots pourraient tuer.
Mais ils disent la vérité. Une vérité dure à entendre, à digérer, mais mieux valait la savoir plutôt que de vivre dans un mensonge continu.
*La simple vérité*
Pourquoi ?
Alison allait la laisser tomber. Elle allait s'en aller, et laisser la jeune fille dans son malheur.
Non !
Un cri impossible à prononcer.
Pourquoi ?
Anna voulait qu'Alison reste près d'elle, la soutienne quoi qu'il arrive.
Elle voulait rester auprès de son amie, une vraie amie.
Mais non, La Voix devait encore tout gâcher.
Contrairement à ce que pensait la jeune Poufsouffle, elle n'allait pas être contente de son départ.
Cela allait l'anéantir encore plus.

"R'viens quand tu s'ras calme."
*Tristesse*
Je ne serais jamais calme.
Elle ne reviendrait donc jamais.
La douleur que lui avait procuré ses paroles l'en empêcherait.
La Voix l'en empêcherait.
La tristesse et la colère l'en empêcherait.
Pourquoi ?
Anna pensait pourtant qu'Alison comprendrait. Elle pensait que ce serait une des seules à la comprendre, la soutenir.
Mais non.
Elle allait partir et la laisser seule.
Seule dans son malheur, dans sa souffrance.
Elle ne comprenait pas que ce n'était pas elle, qu'elle n'y était pour rien.

*Colère*
Pourquoi est-ce que tu m'abandonnes ?
La tristesse se transforma en colère.
Alison n'avait pas le droit de la laisser. Pas dans ce genre de moments.
La souffrance se transforma en colère.
Toutes ses émotions se transformèrent en colère.
Un hurlement venant du plus profond d'elle-même.
La vraie Anna cette fois-ci.
Une colère enfouie depuis bien trop longtemps.
Et un élément déclencheur.
Ce mélange n'est jamais très bon. Il créé une explosion de rage.

- Tu me laisses dans le pire des moments, et je dois encore t'appeler "mon amie" !?

Pourquoi les larmes venaient-elles déjà se mêler à ce discours ?
Cette phrase, elle venait du vrai cœur d'Anna, et non de La Voix.
Pour une fois...
Mais le contrôle ne durait jamais très longtemps. Quelques secondes seulement.
Comment Alison allait-elle savoir faire la différence ? Devinerait-elle quelles sont les paroles d'Anna et celles de La Voix ?
*Nous faisons deux, tu es comme moi*
Anna était tellement en colère qu'elle aurait pu approuver ce fait.
Mais ce n'était pas vrai, elles étaient très différentes l'une de l'autre.
Elles habitaient le même corps, mais ne faisaient pas qu'une.
Elles avaient des manières de penser différentes, essayaient sans arrêt de prendre chacune leur tour le contrôle sur l'autre.
Et La Voix venait de le reprendre, ce contrôle.

- Tu ne vaut rien, t'as qu'à partir j'en ai rien à faire ! Je serais mieux seule. Au moins, je serais pas en compagnie d'une menteuse comme toi, qui me raconte n'importe quoi, et qui crois que j'ai peur.

Ses mots, elle les regrettait. Mais pas La Voix.
La Voix les avait crachés, comme s'ils disaient la vérité.
Toujours le regard noir, avec cette petite lueur de tristesse, elle planta ses yeux azurs dans ceux d'Alison. Un nouveau combat de regard.
Des regards plein de colère et de tristesse.
Elles étaient amies, elles s'aidaient.
Mais cette explosion qui venait de se passer avec fait briser ce fil d'amitié qui était resté solide jusqu'à présent. Pleins de petits morceaux qui n'attendaient plus qu'à être recoller.
Un jour peut-être, Anna l'espérait.
Mais pas La Voix.
La jeune fille, toujours sans son contrôle, se leva d'un bond et se dirigea vers la porte.
Un silence s'était abattu sur l'infirmerie depuis le début de leurs cris.
Des regards de coin.
Peut-importe, je veux être seule.
La jeune fille jeta un dernier coup d'oeil à Alison. Percevrait-elle la lueur de tristesse et de regret malgré la noirceur de ses yeux ?

Après ce dernier regard, la gryffone se retourna tristement et commença à prendre la direction de son dortoir.
La souffrance n'était pas partie, elle était toujours là, et était même encore plus forte qu'avant.
Et La Voix était toujours là aussi, plus puissante qu'avant, plus douloureuse.
Sors de ma tête, je t'en supplie...
*Jamais*

Fin de cette Danse pour moi, je l'ai trouvé magnifique et ai été heureuse de la partager avec toi.
Je te laisse conclure avec l'avis de ta Protégée ^^

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7
06 juin 2020, 19:21
 RPG+  Sors de ma tête...
- Tu me laisses dans le pire des moments, et je dois encore t'appeler "mon amie" !?

Uppercut qui la fait presque se plier en deux de douleur.
*A...Amie?*
C'était comme ça que la Rouge la voyait?
Une Amie?
Une vraie, avec laquelle on... On quoi d'ailleurs? Elle n'en avait jamais eu.

Elle voulait s'avancer.
Elle voulait s'excuser, lui dire que tout allait bien, qu'il ne fallait pas s'en faire, qu'il ne fallait pas croire aux Ombres, que tout pouvait s'effacer au Réveil, au grand, celui des matins orangés tandis que la poussière des songes se dissout dans les rayons du soleil.
Elle voulait lui dire qu'elle serait toujours là pour parler, qu'elle avait parlé trop vite, qu'elle s'en voulait de lui avoir dit ça, qu'elle allait pas l'abandonner.
Elle voulait lui dire de se faire confiance, de ne pas lâcher, d'essayer sans relâcher, de comprendre et de redevenir comme avant.
Elle en pouvait plus de ce visage dévoré par les Ombres, de ces yeux tourmentés par des murmures intérieurs, de ces lèvres immobiles et figées, comme mortes.

- Tu ne vaux rien, t'as qu'à partir j'en ai rien à faire ! Je serais mieux seule. Au moins, je serais pas en compagnie d'une menteuse comme toi, qui me raconte n'importe quoi, et qui crois que j'ai peur.

Deuxième coup qui vida tout l'air de sa poitrine.
Pendant un instant, il lui sembla que l'orage même grondait dans l'infirmerie.
Plus rien ne bougeait.
Tout était figé par la dureté des Mots, par la dureté d'Anna.

Son cœur battait, il lui faisait mal.
Ses mains tremblaient, elle voulait les écorcher.
Sa tête tournait, elle voulait la cogner pour tout remettre en place.

Face à un excès de Colère, elle réagit comme elle avait toujours vu le faire.
Mal.
L'Orage qui parut dans ses yeux ne ressembla en rien à celui qui flambait dans les yeux d'Anna. Plus profond. Plus chargé de peines. Plus dévastateur.
Elle n'entendait plus rien *y a rien à entendre*, que Colère qui dirigeait sa rage contre la Rouge, qui lui répétait sans relâche les Mots qu'elle lui avait craché.
Un, surtout.
Menteuse.

Alors, c'était ça? C'était ça que la Rouge pensait d'elle quand elle l'avait vue, seule, dans les toilettes abandonnée? C'était ça qu'elle croyait quand elle cherchait désespérément à l'écouter? Elle comprenait donc rien? Elle comprenait pas que c'était pas sa faute? Elle comprenait pas qu'elle avait mal? Elle comprenait pas qu'elle était impuissante?
Et maintenant, c'était de sa faute?
Évidemment.
Il faut toujours que ce soit de la faute de quelqu'un.
Quelqu'un, mais jamais soi, non, ça, personne n'osait dire que c'était de Sa Faute.
Il leur fallait des souffres-douleurs, des responsables, des personnes blessées qui ne rétorqueront rien, des coupables qui ignorent leurs faits.

Menteuse.
C'était comme ça qu'elle voulait lui dire la vérité? Ainsi, c'était la vérité d'Anna?
Qu'elle était qu'une *Menteuse*, incapable d'aligner deux mots sans sortir une immondicité?
Elle savait pas combien elle avait souffert pour la rassurer? Elle voyait pas qu'elle était elle aussi seule, avec ses souvenirs, et qu'elle avait mal?

Menteuse.
*Toi, tu vas pas t'y mettre!*
Menteuse.
*Ta gueule!*
Menteuse.
*Arrête de prendre ses Mots!*
Menteuse.
*Elle a pas l'droit! T'as pas l'droit!*
Menteuse.
*Tu mens! C'est toi qui mens!*
Et je suis quoi?
*T'es...T'es... J'sais pas!*
J'suis toi.
*C'est pas vrai! T'es pas moi! Y a que moi et moi seule pour être Moi!*
Alors, je suis quoi, moi?
*T'es...T'es Rien!*
Comme toi.
*Comme moi.*
Toi.
*T'es...T'es... Putain!*

Colère laissa place à la tristesse.
Les faibles digues qui la reliaient à la neutralité cédèrent.
Elle arrêta de faire semblant.
Elle arrêta d'être normale.
Elle arrêta de jouer son rôle.
*Y a personne pour m'regarder.*
Elle laissa s'écouler la Colère en perles brillantes sur ses joues.
Un torrent noya bientôt sa vue, s'enfonçant dans ses vêtements, la faisant trembler de peur, de froid malgré le soleil, de tristesse.
Puis Colère revint de cet accès de remords.

Elle devint froide, l'orage s’apaisa.
Plus un souffle de tourment dans ses yeux.
Elle avait remis son masque de jour, son masque de normalité.
Elle était prête à affronter les regards des autres.

En sortant de l'infirmerie, ils étaient là.
Tous, bouche ouvertes, yeux éteints, avec leurs têtes débiles et leurs début de murmures.
Elle voulut disparaître à leurs yeux.

"Eh, la brune là, il s'est passé quoi?"

Se retournant vers le garçon *deuxième année, serpents* qui avait osé prononcer des phrases de sa voix monocorde et insupportable, elle laissa le reste de sa Colère se décharger sur lui.

"C'EST PAS TES AFFAIRES CRÉTIN!" hurla-t-elle encore sur le garçon qui se ratatina dans son siège, surpris.

En marchant dans les couloirs et en distribuant des coups de pieds aux pierres ne cessant de répéter le Mot d'Anna, la Colère s'éloigna peu à peu.
Mais elle savait ce que cela voulait dire.
Elle brûlait toujours, là, dans son cœur.
Et n'attendrai pas une seconde avant de sortir à nouveau.

FIN


Merci à ta Plume, chère Anna.
Je pense que nos deux Protégées se recroiseront.
A toutes les Plumes ayant lu cette Danse, voici une musique qui témoignera de la tournure de notre Danse. *

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.