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02 mai 2020, 01:46
 RPG+  Sors de ma tête...
1er mai 2045

Anna arriva dans l'infirmerie en titubant tout en se tenant la tête. Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait mal à la tête, de grosses migraines incessantes qui venaient perturber son travail et son sommeil. Habituellement, elle n'était pas une grosse dormeuse, mais ses migraines lui fournissaient à peine deux heures de repos pour tenir une journée.
A cause de ce manque de sommeil, la jeune Gryffone s'endormait en cours, en faisant ses devoirs et avait de grands cernes jaunâtres sous les yeux en permanence.

Mais si elle était venue à l'infirmerie, c'était pour essayer de trouver un remède, en plus de contre ses migraines, contre les voix. Ces voix qu'elle entendait en permanence dans sa tête, qui la rabaissaient, lui enlevaient toute joie ou bonne humeur. Elle qui était toujours souriante, ce beau sourire avait quitté son visage depuis l'apparition de ces voix maléfiques.
Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne savait absolument pas pourquoi ces horreurs étaient apparues dans sa tête. Elle ne se rappelait pas avoir vécu un événement marquant lors de ces dernières semaines, rien de nouveau à sa routine habituelle. Anna trouvait que ce qui lui arrivait était injuste car elle aidait toujours tout le monde, était toujours gentille envers autrui.
Elle espérait juste que ses voix soient seulement de passage, et que l'infirmier pourrait la soigner et l'aider.

*Tu ne sers à rien Anna, qui voudrait aider une fille comme toi ? Reste malade, tu es seule, tu es folle.*
Ce n'est pas vrai, j'ai des amis qui m'aiment, je ne suis pas seule, pensa Anna de toutes ses forces en s'empêchant de crier.
Elle s'assit sur une des chaises de la salle d'attente recroquevillée sur elle-même, les mains serrées autour de la tête. Elle se retenait de crier, d'évacuer la haine que les voix lui procuraient. Elle n'avait jamais été aussi en colère, même pas contre sa sœur qui l'énervait pourtant énormément.
C'était comme si, depuis toujours, elle accumulait en elle de la haine, de la tristesse sans jamais la faire ressortir ou en parler à quelqu'un.

*Crie, défoules-toi sur quelqu'un, frappes-le, évacues ta haine*
Pas question, je ne suis pas comme ça ! cria Anna intérieurement. Tu ne me connais pas, tu ne sais pas qui je suis. Tu es seulement dans ma tête, tu n'es pas réel.
Toutes ces pensées négatives lui faisaient monter des larmes qui n'étaient pas sorties depuis longtemps. Les personnes présentes dans la salle d'attente devaient la prendre pour une folle mais elle s'en fichait. Elle remua sa tête dans tous les sens, les mains toujours collées sur les tempes, en espérant que de cette manière, les voix sortiraient peut-être de sa tête.
Enfin, elle disait "les", mais avait remarqué qu'elle entendait seulement une voix. C'était comme si une même personne lui parlait. Anna avait l'impression d'être en dialogue avec elle mais dans sa tête, elle se sentait seule, la voix la faisait se sentir seule.

*Tu espères me faire partir ? Mais crois-moi, tu ne te débarrasseras pas de moi si facilement, tu n'es qu'une pauvre fille*

- Stop ! cria-t-elle de toutes ses forces, en se relevant de sa chaise.

Des regards intrigués se tournèrent vers elle et pour toutes réponses, elle leur lança à tous un regard noir. La Anna que tout le monde connaissait n'était pas comme ça, la gentille Anna souriait toujours, mais ce n'était plus la même personne. C'était comme si une autre personne contrôlait le corps de la jeune fille, et qu'elle devait se battre pour essayer récupérer son ancienne personnalité.
L'ancienne Anna disparaissait peu à peu, sous l'emprise d'une voix, d'une âme malveillante qui ne voulait que son malheur.

@Alison Morrow
Dernière modification par Anna Brown le 05 mai 2020, 08:56, modifié 1 fois.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7
02 mai 2020, 10:05
 RPG+  Sors de ma tête...
Un rayon de soleil passait à travers les vitres des couloirs.
C'était agréable de pouvoir sentir un peu de chaleur après l'hiver glacial s'étant déposé sur Poudlard.
Alison fixa les rayons joueurs danser au fil des nuages, les poussières tournoyants doucement dans l'air printanier.

C'était un beau mois qui commençait.
Elle se sentait presque joyeuse.

Pourtant, un détail la chiffonnait sans qu'elle réussisse à mettre le doigt dessus.
Tu y arrives jamais de toute façon.
Arriver à quoi?
A trouver des réponses.
Y a pas de réponses.
Et tes questions?
Elles ont pas lieu d'être. C'est tout de sa faute.
T'es sûre?
Bien sûre que oui. La ferme.

Cette petite voix dans sa tête qui la faisait douter.
Elle ne savait pas pourquoi elle était là. Elle avait pas pourquoi elle l'écoutait.
Elle aurait dû la tuer comme l'Autre.
Mais l'Autre était toujours là.
Et la voix aussi.

Elle passa à-côté de l'infirmerie, suivant des yeux un rayon de soleil qui y entrait paresseusement.
Une voix hurla.
Un hurlement de détresse.
Comme ça devrait être interdit.

Interdit d'avoir aussi mal.
D'avoir autant de mal à parler.
D'avoir tant de larmes refoulées.
D'avoir tant de personnes autour de soi incapables de comprendre.

Ce hurlement elle le connaissait par cœur.
Il avait été sien pendant des années.
Il l'avait consumé de l'intérieur, lui avait déchiré les poumons, la laissant essoufflée et tremblante, les yeux emplis de larmes roulant sur ses pommettes comme si rien n'allait pouvoir les arrêter.
C'était le Vide qui lui avait fait connaître le hurlement.
C'était celui du loup qui hurle à la lune son désespoir.
Celui du cygne sentant la mort le caresser de ses mains fines.
Celui d'un être qui souffre.

Elle pouvait pas laisser ça.
Elle pouvait pas.
Elle devait pas.
Jamais quelqu'un ne devrait avoir aussi mal.
Elle voulait pas que d'autres connaisse ce sentiment.
Pas tant qu'elle pourrait l'éviter.

Elle poussa la porte de la salle d'attente.
Elle reçut un coup au cœur.
Bordel, ça faisait mal.
Son monde s'écroula en lambeaux noirs.

Anna.
Elle ne pouvait détacher ses yeux verts de ce corps dressé et tendu, cette bouche plissée, qui semblait avoir oublié comment sourire, ces yeux orageux.
Mais derrière cet orage... *Douleur*.

Elle souffrait.
Tellement.
Les nuages noirs de ses iris contenaient des larmes trop retenues, des grondements étouffés, qui la bouffaient de l'intérieur, des éclairs de rage contenus.

La voir ainsi lui faisait mal.
Où était Anna?
La figure monstrueuse qui se tenait debout n'était pas elle.
Où était Anna?
Son Anna, souriante, bienveillante, joyeuse.
Où était Anna?
Elle l'avait aidée.
Où était Anna?
Elle l'avait sauvée.

Elle avait disparu. Disparu derrière Haine, cette ombre murmurante, caressante dans ses propos, qui vous laissent un goût amer dans la bouche, vous dirige malgré vous, vous force à frapper.

Elle avança d'un pas dans la salle d'attente.
Le rayon de soleil s'effaça, comme repoussé par les yeux de braise ardente d'Anna.
Elle s'avança.
Elle avait pas peur.
C'était à son tour d'aider.
Elle prit très doucement la main de la gryffondor.

"Viens. Suis-moi."

Sans attendre de savoir si elle allait la suivre, elle ouvrit la porte de l'infirmerie, l'entraîna à sa suite puis claqua les lourds battants derrière elles.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
03 mai 2020, 01:36
 RPG+  Sors de ma tête...
Anna avait l'impression de ne plus pouvoir se contrôler, de ne plus contrôler ses faits et gestes. Elle se demanda intérieurement comme cette voix avait-elle pu prendre possession d'elle si rapidement. Elle devait luter, elle ne devait pas se laisser faire, pas maintenant, pas déjà.
Mais le regard orageux qu'elle avait lancé à toute la salle ne voulait pas s'en aller. Il restait ancré dans ses yeux, tel un enfant accroché à sa vie. Il ne voulait pas la quitter malgré tous les efforts de la jeune fille.
Une personne qu'Anna commençait à bien connaître entra dans la salle. Elle regarda Anna, d'un regard qui était empli de peine et de compassion. Elle commença à s'approcher de la jeune Gryffone et ne recula pas, malgré le regard noir qui pesait sur elle.
Alison.

*Qu'est-ce qu'elle nous veut celle-là. Elle n'a pas intérêt à s'approcher plus sinon...*
Sinon quoi, pensa Anna en coupant La Voix dans son élan. C'est mon amie, tu ne lui feras rien.
La jeune Gryffondor essaya de ne pas résister lorsqu'Alison la prit par la main pour l'entraîner hors de l'infirmerie. La Poufsouffle lui avait dit quelque chose mais Anna n'entendait rien d'autre que ce qui se passait dans sa tête, elle entendait seulement La Voix.

*Ne te laisse pas faire, débats toi. Ne te soumets pas, reste ici et attend que l'infirmier te traite de folle*
Je vais me laisser faire, je vais me laisser faire, se répéta Anna intérieurement. Elle veut m'aider, c'est pour mon bien, il faut que je sorte d'ici.
Elle essayait de se répéter des paroles apaisantes pour calmer sa douleur, pour ne plus entendre La Voix qui lui procurait des pensées négatives.
*Folle*
Elle adoucit son regard et leva la tête vers Alison. Elle ne se laissait pas faire car la voix l'en empêchait, mais elle faisait de son mieux pour laisser la jeune fille l'emporter là où elle le voulait.
Anna baissa sa garde mentale quelques secondes pour murmurer un "merci" à Alison. C'était très dur pour elle de réussir à ouvrir la bouche et de dire une parole contraire à ce que voulait dire La Voix. Elle puisait dans ses forces les plus profondes pour réussir ce grand effort.
Et puis, elle savait très bien qu'Alison ne voulait que son bien, elle voulait l'aidait à son tour pour la remercier de l'avoir fait lors du début d'année.

*Tu n'aurais jamais dû baisser ta garde, il n'y a plus de place pour les sentiments dans ta tête. Tu as perdu, et tu continueras de perdre si tu ne te soumets pas à moi*
"Je te hais" fut la dernière chose qu'elle put penser avant que La Voix prenne de nouveau le contrôle sur tout.

- Lâche-moi, cria Anna férocement, en tirant violemment sur la main que tenait Alison. Ne me touches pas, laisse-moi tranquille !

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03 mai 2020, 14:48
 RPG+  Sors de ma tête...
L’Orage avait disparu pendant une fraction de seconde. Une fraction de seconde où une accalmie s’était faite voir. Un "merci".
Il était beau, alors ce souvenir d'Orage.

Elle s’était détendue face à ce frémissement de lumière et de chaleur dans les yeux de la rouge. Elle avait alors esquissé un petit sourire en réponse à cette chaleur. Elle s’en souvenait. Elle l’avait entendue, hein ? Sinon elle ferait pas ça, hein ?
Mais elle le savait au fond d’elle.
Une ombre de sourire ne peut pas vaincre un orage.

Il était revenu, brusque, violent, destructeur.
Il lui avait craché à la face ses Mots, ses Reproches, sa Douleur. Il l’avait battue, lui avait griffé le visage, vomi son flot d’injures et de rancœur sur elle.

Elle comprenait pas.
Elle comprenait plus.
L’Orage l’avait emportée dans sa tourmente, ses pensées vives comme de la foudre éclatant dans un rugissement de feu dans le ciel noir des Iris de l’être en face d’elle. Elle pouvait plus la nommer autrement. L’être en face c’était pas Anna. Ça pouvait pas être la fille douce et souriante qu’elle avait entendue. Ça pouvait pas car ça lui ressemblait pas. Les gens peuvent changer. Elle était bien placée pour le savoir, mais pas à ce point. On pouvait pas changer ainsi, avec l’inconstance d’un Orage déversant des flots de non-dits acérés sur elle.
Les Mots, hein.

Les Mots peuvent guérir.
Les Mots peuvent blesser.
Les Mots font souffrir,
Les Mots, personne peut s’en passer.
Les Mots ils poignardent,
Les Mots ils rient
De ces rires comme des échardes
Indélébiles, marquant à jamais l’esprit.

Sa main quitte la sienne. Elle hurle de nouveau, et dans son hurlement il y a Colère, Haine et Aversion, tout qui lui fond dessus comme les milles serres acérées de milles corbeaux, ombres noires des enfers.

*Elle souffre*
Elle veut l’aider.
*Elle souffre*
Elle doit pas. Pas ses affaires.
*Elle souffre*
Y a l’orage qui gronde.
*Elle souffre*
Pourquoi elle est là ?

Parce qu’elle est blessée, l’âme en face d’elle. Blessée comme seul un animal traqué peut l’être.
Une blessure affreuse, béante, un trou, infini, empli de la noirceur de *Colère*.

Elle veut pas tu l’sais.
Ah bon ?
Elle a mal.
Elle sait ça. Elle comprend ça.
Tu le sens. Hein, tu les sens.
Elle est comme...? Comme...?
Comme toi.
Elle l’entend alors.
Pas la même.
Y a combien d’Ombres ?
Personne ne le sait. Ni toi. Ni elle.

Un éclair de vérité qui fait frémir son corps.
Comme elle...
Les voix...

L’Autre...
Les secrets...

Faut pas...
Les mensonges...

Jamais...
Impuissance...

Il faut...
*Rien.*


Y a pas de remède. Même le temps n’y fait *Rien*.
Alors elle recule devant l’Orage. Elle s’approche d’Anna.

De cet être. Elle la connaît. Elle lui fera jamais de mal.
Ça c’était l’Anna d’avant.
Et maintenant ?

Elle s’assied sur un lit vide.
L’Orage gronde, frémit. Elle le voit. Elle connaît tous les orages.

« Dis-moi qu’tu m’entends. »

Une supplique dissimulée sous une question. Un espoir dans la tourmente. Une lumière à laquelle s’accrocher. Un répit pour l’âme. Un message du cœur.

« Dis-moi qu’tu t’en souviens. »

Ce souvenir d’Octobre pesant. Elles deux.
Seules.
Apprenant à s’apprivoiser l’une et l’autre. C’était le début de toute rencontre.
Elle fait un signe à cet être.
*Viens, approche toi.*
La barre de métal du lit les sépare.
Les sépare ?
Les protège.
Elle d’Anna ?
Anna d’elle ?

« Raconte-moi. »
Dernière modification par Alison Morrow le 09 mai 2020, 10:11, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
05 mai 2020, 01:09
 RPG+  Sors de ma tête...
Un sourire. Comment résister à cette si belle chose ?
Normalement, personne ne résistait à un sourire, en particulier Anna, mais elle n'était plus maîtresse de ses actes, de ses sentiments. Elle voyait la scène mais ne pouvait réagir, c'était quelqu'un d'autre qui le faisait à sa place. Une Voix. Une inconnue. Une personne qu'Anna avait en elle depuis seulement quelques jours mais qui s’appartenait son corps comme si c'était le sien.
Un pantin, je suis un simple pantin, songea la jeune fille.

Elle essayait de lutter, de faire sortir cette chose d'elle même ou tout simplement de reprendre le contrôle. Mais tous ses efforts étaient vains, elle ne pouvait qu'assister à la scène, sans pouvoir y avoir la moindre place. Elle voyait le regard des gens effrayés, le regard des gens intrigués. Ils devaient tous se demander qui était cette jeune fille qui criait sur son amie. Alison. Elle devait se demander pourquoi la jeune Gryffone réagissait comme ça, si violemment.
C'est mon amie, je ne peux pas lui faire ça...

*Ton amie ? Qui voudrait être ton amie ? Tu es seule*
Ne l'écoutes pas, tu n'es pas seule, se répétait Anna en boucle, pour éviter de croire ce que lui disait La Voix.

Alison s'installa sur un lit vide. La jeune fille voulut la rejoindre, mais une force invisible l'en empêcha.
*Ne l'approche pas*
Voulant quand même rester avec Alison, Anna ne força pas et resta de l'autre côté du lit. Elle pouvait l'entendre et c'était déjà ça. Et puis, la présence de la jeune Poufsouffle la rassurait. Elle savait pertinemment qu'Alison était dans la même situation qu'elle : elle entendait des voix. Une ? Plusieurs ? Elle n'en savait rien, juste que la jeune fille savait ce qu'elle ressentait, elle la comprenait.

- Dis-moi qu’tu m’entends.

Je t’entends. Je t'entends mais je ne peux pas parler, aurait voulu dire Anna.
Elle hocha simplement la tête pour toutes réponses.
Je ne peux pas faire mieux, il va falloir s'en contenter.

- Dis-moi qu’tu t’en souviens.

Bien sûr qu'elle s'en souvenait.
Octobre 2044, dans les toilettes abandonnées. Cette rencontre avait marquée la vie d'Anna. Elle se souvenait de tous les détails, en partant de l'histoire touchante d'Alison à sa voix rauque emplie de tristesse. Anna l'avait aidée, elle l'avait sortie de cette tristesse. Maintenant la jeune Poufsouffle voulait lui rendre la pareille, elle le sentait.
Anna lui lança un regard suppliant, plein de douleur, de tristesse, d'horreur.
Aide-moi, je t'en supplie.

*Comment veux-tu qu'elle t'aide ? Tu ne peux pas te débarrasser de moi, tu le sais bien ? Elle ne te sert à rien, ce n'est pas ton amie*
La Voix avait l'air de vouloir persuader Anna qu'elle était seule, sans amies. Mais elle n'y croyait pas, elle savait qu'elle avait des amies, de la famille qui l'aimait. Elle n'était pas seule et essayait d'en rester convaincue.

- Raconte-moi.

Comment pourrais-je te raconter ce qui m'arrive si je ne peux pas parler ?
Anna tenta de s'approcher et réussit difficilement. Elle ne touchait pas Alison, mais elles étaient assez proche pour pouvoir se regarder dans les yeux.
En réalité, Anna ne savait pas si c'était La Voix qui l’empêchait de parler ou bien elle-même, trop effrayée d'avouer ce qui lui arrivait. Allait-on la prendre pour une folle ? C'était sa plus grande peur, alors elle préférait se taire, rester seule avec elle-même.
Elle ne se rendait sûrement pas compte que l'âme malveillante qui vivait en elle à présent l'avait plus convaincue sur sa solitude qu'elle ne le pensait.
Je ne suis pas seule, je ne suis pas seule, se hurla-t-elle intérieurement.
Cette élan de colère et de peur lui donna assez de force pour ouvrir la bouche et bégayer quelques mots.

- Je... j'entends une voix... je crois que je deviens folle.

Une pause. Prendre son temps, c'est ce qu'elle faisait pour ne pas se brusquer, pour ne pas se refermer.

- Je ne suis pas seule, si ? Tu es mon amie ?

Elle avait l'air d'être désespérée, mais elle avait besoin de savoir, de se rassurer.
Elle murmurait si bas que seule Alison pouvait l'entendre.

- J'ai mal, elle me fait mal. Aide-moi s'il-te plaît.

Un murmure dans ce silence qui plongeait l'infirmerie. Un supplice. Une larme, qui commençait sa course le long de la joue de la jeune fille.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7
05 mai 2020, 15:26
 RPG+  Sors de ma tête...
Elle la vit hocher la tête.
Son cœur se comprima.
Elle avait pas le droit, pas le droit d'avoir aussi mal.
Où était la Joie qui lui était propre?

Mais l'Anna devant elle ne semblait plus qu'être un pantin désarticulé auquel on avait enlevé ses raisons de vivre.
Une marionnette, d'une réalité incroyable et incomparable, mais où seul le feu de Terreur se reflétait dans ses yeux, abîmes d'Ombres.

Elle les avait découvert Anna, ces cauchemars aux paroles sirupeuses comme du miel, câlines mais coupantes comme des lames.
Le regard flamboyant des Ombres la transperça tandis qu'elle sondait les yeux de la rouge.
Elles brûlent, les Ombres.
Elles blessent, les Ombres.
A jamais, les Ombres.
Sans raisons, les Ombres.
Invisibles, les Ombres.
En silence, les Ombres.


Alors bordel, pourquoi faisaient-elles si mal?
Si mal qu'il était impossible de rester de marbre devant les gouffres de détresse qui s'ouvrait sous ses pieds, l'engloutissant, elle et Anna, Anna et ses Ombres, ses Ombres et les derniers reflets d'un soleil noir comme ses cauchemars.

L'orage grondait dans ses yeux, mais il était dirigé contre elle-même. Ça la brisait de voir la gryffone dans cet état. Mais l'accueil des ombres n'était jamais agréable.
*Elles brûlent, les Ombres.*
Et elles faisaient peur. Une peur panique, une vague énorme, qui avale le marin, le voilier, les rescapés, bouffe les écueils, dévore l'écume des autres vagues, prend le dessus, vous enfonce sous la surface, vous écrase jusqu'à vous faire relâcher vos dernières bulles d'air, et alors...
Alors...
Étreinte glaciale et mortelle.
Dernier soupir.
Dernière pensée.
Mort.

"Je... j'entends une voix... je crois que je deviens folle.

Tout le monde est entouré de voix.
Sauf que peu de personnes peuvent les entendre.
*Elles blessent, les Ombres.*
Seul les brisures enfouies peuvent les accueillir, ces Voix.
Des âmes fracturés, disloquées, souffrantes.
Comme la sienne.
Coup de poing qui lui coupe la respiration.

Comme...Comme Anna.

"Je ne suis pas seule, si ? Tu es mon amie ?"

*A jamais, les Ombres.*
Elles rodent derrière vos pas, elles se glissent dans entrebâillement des fenêtres et des portes, respirent les coups de vents des fuites de leurs proies, jouent, tourmentent, torturent jusqu'à la mort, elles frappent et blessent, elles cognent et font hurler.
C'est un Vide qui ne cesse de grandir, de grandir jusqu'à vous bouffer entièrement, vous et vos pensées, vous et en ce quoi vous pensiez vous raccrocher.
Les Ombres te laisseront jamais seule.

*Sans raisons, les Ombres.*
Pourquoi s'acharner avec tant de haine et de violence sur l'être en face d'elle?
L'être qui a laissé grandir en elle cet Orage, Orage tournoyant, s'étendant à ses poumons et ses veines, les remplissant de cette noirceur poreuse qui colle aux mains et aux pas, laissant ces traces Invisibles qui vous suivent, des tâches d'encres indélébiles, corrosives, qui se sont emparées de son corps et le détruit à petit feu.
Et alors, y a plus que le Vide.
Le Néant.
Le Noir.
Vous faîtes plus rien.
Vous laissez le temps ravager l’extérieur.
L'intérieur est déjà sec et fané comme une fleur brûlée par l'hiver.


"J'ai mal, elle me fait mal. Aide-moi s'il-te plaît."

*Invisibles, les Ombres.*
Pourtant elle les voit, elle.
Elle voit leurs rictus grimaçants, leurs longs doigts griffus serrant son cœur, si profondément ancrées qu'elles ne lâcheront plus jamais prise, riant de sa souffrance, se moquant de ses larmes.
Puis y a les hurlements.
Les hurlements pour dire qu'on a mal.
Les hurlements qui poignardent.
Les hurlements qui brisent définitivement.
Et après les hurlements...
Il restait plus rien.
Que les larmes.
Et la méfiance des autres, partout.
Cette méfiance horrible qui suinte des murs, vous jette des regards d'Enfer et de Glace mêlés, vous pétrifient et vous noient sous leurs reproches, leurs murmures, leurs rumeurs.
Tout le monde s'écarte.

*En silence, les Ombres.*
Et alors, vous finissez de mourir.
C'est la fin de Vous.
Mais les Ombres elles ont grossi.
Elles sont énormes, maintenant, ces monstres qui vous habitent.
Le rideau tombe lourdement sur la scène, tandis que vous pleurez les dernières larmes de sang de votre pièce, votre pièce de théâtre qui prend fin à jamais.

"J'les connais. Mais tu les connaîtras jamais comme tu le voudras."

De la lumière sous le rideau. Une personne qui s'est dressée dans le public de marbre.

"Faut pas les écouter."

Une personne qui redemande à voir l'actrice de cette tragédie. Une personne qui veut pas y mettre un terme.

" Faut pas leur faire confiance"

Mais la fatalité elle laisse jamais les histoires comme celles-ci se finir bien. Alors cette personne du public, elle restera anonyme. Elle restera silencieuse, avec ses Mots réconfortants bloqués dans sa gorge.
Et puis la mort vient.

"Faut pas qu'tu penses à elles."

Elle s'empare du corps vide de tout, de l'être inerte pendant misérablement entre ses mains nébuleuses.

"Faut qu'tu parles".

Alors y a l'attente qui commence.
L'attente d'un sursaut.
L'attente d'un signe.
L'attente d'une réussite.
Pour voir l'être se relever.
L'être se battre contre la Mort et son injustice implacable.
L'être parler.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
08 mai 2020, 01:36
 RPG+  Sors de ma tête...
Alison écoutait Anna avec attention, elle comprenait, elle voulait l'aider.

- J'les connais. Mais tu les connaîtras jamais comme tu le voudras.

Elle les connaît, elle n'a jamais réussi à les apprivoiser...
Cette phrase venait de faire comprendre à Anna qu'elle ne pouvait pas connaître La Voix, elle ne pouvait pas la contrôler, la maîtriser. Les larmes continuaient de couler, ce n'était plus une petite rivière mais un océan de larmes qui ravageaient son visage.
*Tu souffres, tant mieux*

- Faut pas les écouter.

*Seule*
Je ne t'écoutes pas.

- Faut pas leur faire confiance.

*Crois-moi, elle ne veut que ton malheur*
Tais-toi, c'est moi amie. Elle m'aide, elle te déteste comme moi.

- Faut pas qu'tu penses à elles.

*Tu ne peux pas m'oublier, je suis en toi*
Sors de ma tête, tu n'existes pas.
Comment faire pour ne pas y penser ? Elle était avec elle en permanence, dans sa tête, à faire la discussion comme si elles étaient deux vieilles amies.
Comment faire pour ne pas penser à quelque chose qui se passe dans sa tête ?
Alison ne pouvait l'aider sur ce point-là. Personne.

*Seul*
Seule elle pourrait peut-être la faire sortir, mais comment ?
Trop de questions se posaient dans la tête de la jeune fille.
Pourquoi moi ?

- Faut qu'tu parles.

Comment en parler si les mots ne venaient pas ?
Comment s'expliquer si elle même ne connaissait pas la raison ?
Parler devenait un effort de plus en plus dur. Ou peut-être était-ce seulement dans sa tête. Elle s'en convainquait elle-même et s'était créée son propre blocage mentale.
*Ça ne sert à rien d'ouvrir la bouche si c'est pour dire quelque chose d'inintéressant*
Je ne dis pas que des choses inintéressantes. Tu ne me connais pas, qui es-tu pour dire des choses pareilles ?
Le blocage mentale était créé par sa propre conscience, qu'elle contrôlait à moitié. Elle aurait aimé le débloquer facilement, mais La Voix n'était pas d'accord. La Voix résistait. La Voix l'empêchait d'exprimer ses pensées.
Il fallait de la force mentale. Beaucoup de force.
Il fallait réussir à combattre mentalement La Voix pour qu'elle puisse parler.
Anna criait, pas à haute voix mais elle criait quand même. Elle hurlait sa peine, sa douleur, sa tristesse. Toutes ces émotions devaient pouvoir se ressentir facilement à travers ses yeux, à travers ses larmes.
Les mots n'étaient pas nécessaires à la compréhension, le regard l'était plus.

*Douleur*
Les larmes continuait de couler. Sans arrêt.
Anna avait mal. Mal à la tête. Mal au cœur.
Je vais réussir à parler. Je vais réussir. Je réussis.

- C'est dur. Je ne comprends pas.

Sa voix était tremblante. Les mots sortaient difficilement mais elle devait le faire, elle devait parler pour évacuer ses sentiments.

- Aide-moi. J'ai mal. Elle me fait mal.

Toujours le même supplice.
Aller, une dernière phrase.

- Il faut qu'elle s'arrête, qu'elle se taise. Je suis fatiguée.

Fatiguer de ne plus dormir.
Fatiguer de résister.
Une envie de tout relâcher.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7
11 mai 2020, 17:42
 RPG+  Sors de ma tête...
" C'est dur. Je ne comprends pas."

Ces Mots.
Cette Voix.
Ils lui font mal. Aussi mal que les Ombres.
Parce qu'elle a pas de réponse à apporter.
Elle ne sait pas comment aider. Elle voudrait. Elle voudrait de toutes ses forces.
Pouvoir prendre la gryffone dans ses bras, connaître le moyen de repousser les ombres.

la Voix qu'Anna entendait, elle n'en avait jamais entendu de semblable.
Les siennes étaient mouvantes, se reflétant dans les vitres nimbées de soleil et les lampes cirées.
Elles grimaçaient, la forçaient à fuir.
Mais Anna pouvait pas fuir.
On peut pas se fuir soi-même.
C'est...*Impossible.*

- Aide-moi. J'ai mal. Elle me fait mal.

Encore cette phrase. Ce murmure.
Cette prière.
Un espoir, un espoir qui la cogne, parce qu'elle sait au fond d'elle que c'est dur.
Que c'est dur, que ça prend du temps, qu'il faut rien lâcher même quand on a envie de se foutre en l'air, de rien dire quand on voudrait parler, d'écouter quand on voudrait la venue de Silence, de souffrir quand on voudrait rire, de blesser quand on voudrait s'excuser.
Elle sait tout ça.

Alors, comment a-t-elle vécu avec les Ombres?
Elle se les est appropriées.
Elle a appris à leur répondre, à s'émanciper, à recouvrir un semblant de liberté.
Et qu'est-ce qui l'a aidée?
L'Autre. Au départ. L'Autre la protégeait de ses consœurs, la prenait dans ses bras, lui chuchotait que tout allait bien se passer, qu'elle serait toujours là.
Alors, elle la croyait car elle voulait la croire.
Elle voulait penser qu'elle pouvait s'en sortir.
Qu'elle pourrait être acceptée au sein de sa famille.

Elle devait chaque journée passée à se lever avec le soleil, à marcher dans les couloirs, à respirer un air pur, elle les devait à Anna.
C'était alors les plus beaux Mensonges.

Tant pis si elle devait mentir.
Les Mensonges l'avaient guérie et blessée à mort.
Les Mensonges l'avaient façonnée de leurs mains noires.
Les Mensonges lui avaient appris les Silences et les non-dits.
Les Mensonges lui avait enseignés l'injustice et les cauchemars.

Mais ils l'avaient fait vivre. Ils l'avaient enveloppé de leurs ombres.
Ces Ombres obscures, lambeaux d'une Déchirure inconnue, qui la suivaient.
Elle s'y était habituée, à les voir.

- Il faut qu'elle s'arrête, qu'elle se taise. Je suis fatiguée.

Ces Mots lui transpercèrent le cœur.
C'était le coup ultime.
Le dernier combat.
L'espoir qui s'évanouissait comme la Nuit au petit matin.

Elle devait pas laisser ça avoir lieu. Parce que sinon, qu'est-ce qu'elle vaudrait?Oserait-elle encore se regarder les matins dans un miroir sans se répéter qu'elle l'avait abandonnée?
Abandonnée alors qu'elle avait si désespérément besoin d'elle?

"T'es pas seule. J'suis là. J'serai toujours là, quoiqu'il arrive."

Elle fixait les yeux d'Orages.
Et elle prit une décision.
Qui lui déchira le cœur.
Mais si Anna pouvait aller mieux alors...Alors...
Elle était prête.
A sacrifier ses Nuits.
A sacrifier ce à quoi elle avait toujours voué une haine féroce.
Prête à Mentir.


"Tout va bien se passer d'accord?"

Cette première phrase lui laissa un goût acre dans la bouche.
Elle crispa les poings, mais se força à regarder la gryffone dans les yeux pour continuer à parler.

"Faut que t'apprennes à la connaître. Faut qu'tu saches c'qu'elle veut."

Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine, si fort qu'il lui donnait le vertige.
Elle avait l'impression que les murs de pierre claires de l'infirmerie allaient s'écrouler sur elle.

"Et quand tu sauras... Alors tu s'ras de nouveau comme avant.

Nouveau mensonge.
Qui lui arracha la bouche et le cœur.
On pouvait pas redevenir comme avant.
Pas après les Ombres.
Jamais.

*Mensonge.*
Mensonge?
*Songe.*
Songe?
*Cauchemars.*
Cauchemars?
*Ombres.*

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
16 mai 2020, 01:17
 RPG+  Sors de ma tête...
- T'es pas seule. J'suis là. J'serai toujours là, quoiqu'il arrive.

Des paroles rassurantes. Des paroles qui veulent tout dire.
Je ne suis pas seule.
Juste une pensée positive, qui nous rassure mentalement, qui nous dit qu'il reste encore de l'espoir, qui nous dit que des personnes sont là, avec nous et pour nous.
*Elle ment*
Alison ne lui mentirait pas, Alison était son amie et La Voix ne pouvait pas contredire ce fait. C'était peut-être un des seuls en lequel Anna croyait encore. Elle avait une amie,une amie qui l'aidait, une amie à qui elle pouvait se confier. La Voix pouvait continuer de lui dire le contraire, elle n'y croirait pas. Pas sur son amitié avec Alison en tout cas.
Son regard se plongea dans celui de la jeune fille, pour essayer d'y chercher la vérité, le réconfort.

- Tout va bien se passer d'accord?

*Mensonge*
Bien sûr que non, elle dit la vérité, tout se passera bien.
C'est comme quand il faut rassurer un enfant apeuré, il faut mentir.
Mentir pour donner une raison de vivre, de tenir bon.
Se mentir à soi-même, se convaincre que nos amis disent vrai.
Se convaincre que tout va bien se passer, que tout va s'arranger.

- Faut que t'apprennes à la connaître. Faut qu'tu saches c'qu'elle veut.


Qu'est-ce que tu veux ?
Un dialogue avec soit-même. Une dialogue avec sa pensée, avec sa tête qu'elle ne contrôlait plus entièrement.
*La mort, le désespoir, la peur*
Cette voix incessante. Pourquoi la rabaissait-elle à ce point ? Pourquoi la mort ? Pourquoi elle...
Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça...
Personne n'en savait rien pour le moment. Pas même elle.
C'est dur de ne pas savoir, de ne pas connaître la raison de sa souffrance.
Anna n'a jamais aimé l'ignorance, elle ne l'aimera jamais. Mais la détester pour avoir de bonnes notes est différent que la détester pour la cause de son état.
Pourquoi ?
Des questions qui passent en boucle dans sa tête qui commence à se briser en de tous petits morceaux, qui ne se recolleront peut-être jamais.

- Et quand tu sauras... Alors tu s'ras de nouveau comme avant.

Un jour peut-être, ça changera. Un jour peut-être, elle redeviendra l'ancienne Anna souriante et joyeuse.
Une lueur d'espoir dans ses yeux bleus. Alison la percevait-elle ?
*Jamais*
L'ombre contre la lumière.
*Des mensonges, que des mensonges*
Qui gagnera ?
La foi et l'espoir ou la douleur et la colère ?
Je gagnerai, je redeviendrai comme avant, Alison me l'a dit.
Personne ne sait si Anna croyait vraiment à ce mensonge, elle l'espérait sûrement. Elle espérait qu'il y ait une part de vérité dans ces paroles, qu'un jour, tout redeviendrait comme avant.
L'espoir la ferait tenir, elle tiendrait jusqu'au bout malgré la douleur et la souffrance.
Une promesse à soi-même.
Mais la jeune fille se questionnait, son esprit vide le lui permettait encore. Elle voulait savoir si c'était vrai, elle voulait vérifier que son amie ne mentait pas, elle voulait qu'Alison l'aide sincèrement.
De la force, il en fallait pour réussir à faire sortir quelques mots de sa bouche.
Pourquoi La Voix l'empêchait-elle de s'exprimer, de parler ?
Anna n'en savait rien, comme à peu près tout ce qui se passait depuis quelques heures, elle ne comprenait pas.

- C'est vrai ? Est-ce que tu dis la vérité ?

Toujours le même murmure.
*Tu n'es pas assez de forte pour faire mieux*
Des paroles tranchantes, démoralisantes. Mais il fallait continuer, dire tout ce qu'elle avait à dire avant de s'éteindre de nouveau.

- Un jour, je vais vraiment ne plus l'entendre ?

Beaucoup de questions, pas assez de réponses.
Trop de questionnements.
*Tu ne t'en sortiras pas*

- Pourquoi ? Pourquoi moi ?

L'ultime question, qu'avait-elle à perdre en la posant à Alison ? Elle ne saurait sûrement pas y répondre. Personne ne le savait.
Anna avait besoin d'aide. Elle avait besoin de l'aide d'Alison pour s'en sortir, pour se tirer vers le haut. Elle avait besoin de trouver la cause, de sortir de son ignorance.

- Aide-moi à l'arrêter, aide-moi à m'en sortir, ne me laisse pas seule...

Toujours le même supplice.
De l'aide, il fallait l'aider avant qu'elle soit définitivement brisée par cette voix, par cette tristesse.

Dans l'équipe des FlashArdentes

Couleur RP : 674ea7
18 mai 2020, 18:27
 RPG+  Sors de ma tête...
- C'est vrai ? Est-ce que tu dis la vérité ?

Ces Mots la blessent.
Elle n'a pas appelé que les Mensonges dans ses paroles.
Il y avait également une infime partie de Vérité, qui tambourinait contre son crâne pour se faire entendre.
Et cette Vérité, elle était moche.
Elle était moche, mais elle était lumineuse, et elle réconfortait. Elle attisait la convoitise, elle pouvait le voir dans les yeux d'Anna en face d'elle.
Cette Vértié, qui blessait tellement, tout le monde la voulait.

On la désirait si fort qu'on en tremblait, on lui abandonnait les Nuits et les Jours, le Soleil et la Lune, les Larmes et les Blessures.
On les lui dédiait, tous, en un poème macabre qui était ficelé par des mains d'une clarté obscure, aussi luisante que les lames d'un couteau.

Ce couteau, on choisissait de se blesser avec.
On allait le chercher.
On allait le prendre pour jouer.
Pour se l'enfoncer toujours plus profondément, dans la poitrine, là où un cœur autrefois intacte de toute brisure repose.
*Tap tap*

- Un jour, je vais vraiment ne plus l'entendre ?

Et il bat, ce cœur.
Il bat à en crever, et chaque nouveau battement le réduit un peu plus en poussière.
Mais c'est ainsi.
Son cœur, à elle, s'était brisé il y a bien longtemps.
Maintenant, seuls des fragments restaient, laissant ce fluide rouge si vital circuler dans ce corps meurtri, lui faisant si mal...
Certains jours, c'était presque insoutenable.
*Tap tap*

- Pourquoi ? Pourquoi moi ?

Et ça c'était la faute des Ombres.
Parce que les Ombres guident les Larmes.
Les Larmes?
Les Lames.
Elles guident le couteau à s'enfoncer le plus loin possible, aident leur victime à l'ôter.
Et lorsqu'elles ont sur la bouche le Mot le plus gentil au monde, elles la repoignardent.
C'est un cycle.
Sans fin.
*Tap tap*

- Aide-moi à l'arrêter, aide-moi à m'en sortir, ne me laisse pas seule...

Elles font peur, les Ombres.
Elles font si peur qu'on s'oublie.
On s'oublie pour mieux les laisser nous gouverner.
On s'efface pour leur laisser la parole.
On se désintègre seconde après seconde, minute après minute, battement de cœur après battement de cœur, respiration après respiration.
Et rien ne pouvait Sauver.
Rien, pas mêmes les Autres gouvernées par les Ombres.
*Tap tap*

Elle l'avait vu, ce phénomène.
Ce phénomène qui réduit à Néant, elle l'avait vu dans les yeux de la Fille des Ombres.
Elle en était restée fascinée et terrorisée.
Les Ombres avaient fait si mal que maintenant on les lisait clairement dans les yeux de la Fille des Ombres.
*Tap tap*
***


Il n'y avait plus un bruit dans l'infirmerie.
Les Mots ne flottaient même pas dans l'air. Ils s'étaient évaporés sitôt sortis. Comme dirigés par les Ombres, pour qu'on n'entende pas Souffrance derrière ce beau visage encadré de cheveux châtains, ce beau visage qui appelait à l'aide inlassablement, cherchant un secours, quel qu'il soit, où qu'il soit, quoiqu'il lui en coûte.

*Tap tap*
*Tap tap*

*Tap...*


Elle bondit sur Anna, lui agrippant la main, l'aggripant si fort que ses ongles entrèrent dans la peau blanche, si fort que ses propres doigts tremblaient devant tant de violence, si fort que des crampes apparurent dans ses doigts.

Elle posa cette main torturée de ses ongles sur son cœur.
*Tap tap*
"J'te dis la vérité maintenant."
*Tap tap*
"Elle est moche mais t'as l'droit d'l'entendre."
*Tap tap*
"Tout l'monde devrait avoir le droit."
*Tap tap*
"Cette Voix elle va pas te quitter."
*Tap tap*
"Mais j'te quitterai pas non plus."
*Tap tap*
"On choisit pas d'les entendre. on choisit pas leur arrivée. On choisit pas."
*Tap tap*
"Mais j'ai choisi de rester. J'veux t'aider."
*Tap tap*
"Essaye... Essaye..."
*Tap tap*
"Essaye d'te concentrer sur moi..."
*Tap tap*
"Raconte-moi une histoire ."
*Tap...*

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.