Inscription
Connexion
07 mai 2020, 05:27
Une étrange rumeur
@Alison Morrow
Désolée pour le retard, il me manquait des renseignements sur le fonctionnement de l'infirmerie...
Je n'avais pas recroisé Alison depuis qu'on s'étaient quittées dans les couloirs il y a une quinzaine de jours. je pensais qu'elle me sortirait de la tête une fois replongée dans le cycle manger-cours-devoirs-dormir mais c'était peine perdue. Ses yeux émeraudes tels des pierres précieuses brillaient encore sur ma rétine. Je brûlais de la revoir mais je n'étais pas sure que ce soit son cas. Je n'avais donc pas forcé les choses, attendant que le destin provoque notre rencontre à nouveau.
J'avais arrêté d'aller à la bibliothèque car j'avais peur de ce qu'il se passerait quand je la reverrai. Peur de ce qui pourrait ne pas se passer.
Mais en arpentant les couloirs du château en ce samedi, j'avais entendu une étrange rumeur selon laquelle Alison serait à l'infirmerie car elle se serait évanouie. J'avais donc décidé d'aller la voir. J'espérais que cette rencontre ne serait pas trop étrange. Je redoutais qu'elle me repousse ou pire, qu'elle ne me reconnaisse pas. Après tout, j'étais assez banale et des grandes filles aux cheveux marrons et aux yeux verts devaient être assez communes.
Lorsque j'arrivais dans le hall, je repérais le bureau de l'infirmier à gauche et la salle d'attente à droite. Les patients se trouvaient en face mais je ne savais pas où je devais aller.
Finalement, je me décidais d'aller dans la salle d'attente, je pensais avoir besoin de demander des renseignements mais je la vis dans une quatrième pièce, en train de lire. J'allais à sa rencontre et lorsque je fus à son niveau, je pris une chaise, m'assis à coté et attendis qu'elle me remarque.

Écrire des étoiles ou peindre l'univers ? Telle est la question...
08 mai 2020, 09:59
Une étrange rumeur
12 Mai
Infirmerie


Elle se souvenait de bien des choses.
Elle se souvenait de la masse de corps qu'elle tentait de fendre.
De cette masse dans laquelle elle essayait d'avancer, d'échapper à l'Autre.

L'Autre.
Elle se souvenait de ses Mots acérés, de ses invectives, de ses rires secs.
Une grimace naquit sur son visage.

Elle se souvenait des hurlements de l'Autre se rapprochant, d'elle prise au piège.
Elle se souvenait des iris flamboyants qui la fixaient.
Elle se souvenait de son cri lorsque l'Autre l'avait cogné.
Elle se souvenait des milliers d'yeux, semblables à ceux de corbeaux la fixant sans relâches, muets tandis qu'elle tombait au sol.

Puis les murmures.
Les Ombres noires se déversant de ces milliers de bouches, grasses, suintantes, collantes, la forçant à rester au sol, s'infiltrant dans ses yeux, ses narines, ses oreilles, bouchant sa vue, enveloppant ses oreilles d'une brume d'obscurité noire comme la Nuit.
Elle avait perdu pied. Elle bougeait même plus, ses yeux aveugles fixés au plafond, la poitrine tressautant sous les attaques de ces murmures se renforçant, hurlant de plus belle, la cognant contre le sol.
Les pierres avaient retenti de galops effrénés de milles pieds effrayés, comprenant seulement que les Ombres n'allaient être d'aucune pitié.

Et alors y avait eu le noir.
Calme. Profond.
Elle avait cessé de fixer le plafond couleur nuit. Elle avait cessé d'écouter les ombres couleurs Mort.
Elle avait fermé les yeux.
Elle avait eu l'intention de ne plus jamais les ouvrir.

Dans cette sombre pénombre, elle se sentait bien.
Aucun cauchemar pour la torturer au fond de son lit.
Aucun murmure pour la rabaisser.
Aucun soupir pour la dissuader.
Aucun Mot pour la frapper.
Elle avait voulu mourir, alors.
Mourir pour retrouver ce calme.

Puis y avait eu des voix. Des voix qui avaient vomies des flots d'ordres et éclaté une lumière blanche devant ses yeux.
Elle les avait brusquement ouverts, les refermant puis s'était terrée sous une couette elle aussi d'une blancheur immaculée, lui bouffant ses émotions avec sa blancheur propre, voulant effacer ses souvenirs de force avec sa couverture immaculée.
Elle avait hurlé jusqu'à ce qu'on la laisse tranquille, laissant les flots se déverser en une marée noire de sa bouche, ensevelissant le blanc de ce nouveau monde, repoussant les mains l’agrippant.

Maintenant elle était seule.
Seule au milieu de cette luminosité éclatante.
Elle aurait voulu que la Nuit engloutisse le jour pour retrouver le noir et son silence, appelé *Inconscience.*

On avait déposé ses affaires de cours à-côté d'elle... Et son carnet.
Elle bondit sur lui, comme une lionne voulant protéger son petit et le garda serré un long moment contre son cœur.
Le ruban l'entourant n'avait pas été défait.
Elle caressa sa couverture comme s'il s'agissait d'un gros chat.
Elle saisit sa plume sur le dessus de la pile et se lança dans la réalisation d'un nouveau dessin, le nez collé au papier pour ignorer le monde.

Mais y a eu le raclement de chaise.
Y a eu ta tête qui s'est relevé, tes yeux emplis de brumes d'orages foudroyant l'importun.
Y a eu ce choc avec les yeux verts.
Les yeux qu'elle avait essayé de ne jamais recroiser.
Mais elle était plus surprise.
Elle avait plus peur.
Y avait un orage entourant son cœur.
Noir.
*Comme les ombres.*

"Qu'est-ce que tu fous ici?"

Pas de soucis! Reprenons notre Danse.
Dernière modification par Alison Morrow le 01 juil. 2020, 10:54, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
12 mai 2020, 05:49
Une étrange rumeur
Je pensais vraiment qu'elle était en train de lire mais visiblement, j'avais du oublié sa deuxième passion: le dessin. En effet, lorsqu'elle releva ses cheveux, je vis qu'elle était penchée sur un dessin.
Ses yeux, toujours aussi verts et perçants croisèrent les miens. Je lui fis un petit sourire timide tout en me rappelant de ne pas la toucher. J'avais déjà fait cette expérience la dernière fois et bien que c'était agréable, je ne souhaitais pas me faire rejeter - ce qui était moins agréable. Déjà, ça commençait:
Qu'est-ce que tu fou ici ?
Je ne savais quoi lui dire, j'avais envie de la taquiner mais je craignais sa réaction. Je ne savais pas si elle était susceptible ou si elle trouverait ça amusant. En fait, je la connaissais beaucoup moins bien que je ne l'aurais voulu.
Je... Je suis venue voir comment t'allais.
Elle allait peut-être trouver ça bizarre vu qu'on ne s'était parlé qu'une seule fois mais elle avait l'air très solitaire et je ne voulais pas qu'elle soit seule. Bien sur, je n'allais pas lui répéter ça. Je me décidais, cette fois, à engager la conversation:
Tu dessine quoi ?
J'aurais pu regarder directement mais pour avoir eu une amie qui dessinait, je savais qu'il vallait mieux demander avant d'aller mettre mes gros doigts sur sa feuille.

Écrire des étoiles ou peindre l'univers ? Telle est la question...
15 mai 2020, 12:18
Une étrange rumeur
Elle avait à peine posé cette question qu’elle aurait voulu pouvoir retenir les Mots cinglants sortis de sa bouche.
Elle avait été agressive dès ses premières paroles et le regrettait amèrement.

Elle peut pas comprendre, tu sais.

Oui.
Elle est pas comme toi et c’est normal.
Oui.
C’est même mieux pour elle.
Elle sait.
Elle sait que personne peut la comprendre.
Parce que personne ne peut tant qu’il n’a pas connu les Ombres.

Et les Ombres... Elle faisait tout pour une personne ne les connaisse.

Les Mots la surprirent.
Elle releva brusquement la tête, surprise encore une fois du courage de la griffonné. A sa place, elle serait restée silencieuse ou elle s’était partie dès la fin de sa question.
Et pourtant... Elle était restée.
Et elle lui avait amenée les cours.

Son cœur loupa un battement lorsqu’elle se redressa rapidement, soudainement captivée par ce que venait de dire la Rouge.
Celle-ci semblait un peu gênée.

Mais Alison était aux anges. Un poids immense dont elle n’avait pas pris la totale ampleur s’envola de sa poitrine, se désagrégeant en fines particules d’invisible dans les rayons couleur pêche du soleil.
Elle allait continuer ses études.
Elle allait savoir les secrets.
Elle allait découvrir les mensonges.
Elle allait oublier les Ombres.

Et rien que pour ça elle aurait voulu remercier la gryffone de tout son cœur, lui exprimer les Mots qui ne sortaient pas, qui restaient bloqués dans sa gorge.
*Lâches.*
Elle avait envie de hurler sur eux, de les forcer à sortir.
Mais les Mots sont indépendants.
Mais les Mots sont libres.
Mais les Mots sont changeants.
Alors elle se tait.

Elle préféra se concentrer sur la deuxième question d’Ivy.
Elle fut une nouvelle fois surprise que celle-ci n’ait pas immédiatement saisit le carnet sur lequel elle dessinait pour observer les lignes de son crayon s’entremêler pour créer des formes.

"C’est... C’est"

Les Mots se refusaient à sortir, ils luttaient, emmêlait sa langue qui se figeait sous leur emprise.
Elle se battit avec eux pendant des secondes s'étirant, comme élastiques.

"C'est des Mots... Libres..."




Elle sentait que leur début de conversation allait s’essouffler, donc elle la reprit.

"Ça t'plaît? J'y avait jamais pensé mais les dessins nous reflètent... J'me découvrirai jamais entièrement, j'pense."

Elle fit une pause pour avoir la force de continuer.

"Merci pour... Pour... T' sais quoi."

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.
29 mai 2020, 08:58
Une étrange rumeur
Je ne savais pas pourquoi elle était comme ça mais elle semblait avoir des difficultés à se confier aux gens. Je décidais d'être douce en espérant qu'elle me ferait suffisamment confiance pour me parler. Je la voyais hésiter sur les mots à dire alors je lui fis un sourire que j'espérais encourageant et attendis.
Je n'avais pas l'habitude d'être celle qui parle le plus, d'ordinaire, j'étais celle qu'on devait pousser à se confier. Je savais ce que c'était d'être enfermé dans sa bulle et de ne pas vouloir en sortir alors j'allais devoir attendre qu'elle soit prête à me laisser entrer dans sa bulle.
Enfin, elle pris la parole, toujours hésitante:
C'est... C'est... C"est des mots libres
Elle me laissa voir son dessin et j fus saisie d'une sensation de liberté quand je le vis, je compris l'allusion aux mots libres.
Elle me surpris ensuite en relançant la conversation ce que je lui étais très reconnaissante de faire:
Ça t'plaît? J'y avait jamais pensé mais les dessins nous reflètent... J'me découvrirai jamais entièrement, j'pense.
Je réfléchis un instant à ce qu'elle disait.
C'est...beau. Je ne dessine pas mais je crois que je comprend ce que tu veux dire.
Je la vis faire un dernier effort pour parler:
Merci pour... Pour... T' sais quoi.
Je n'étais pas sure de savoir de quoi elle parlait. Ça aurait pu être de la comprendre, d'être venue, d'avoir parler avec elle. Mais comme je n'avais pas envie de la brusquer, je lui fis simplement un sourire.
Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Écrire des étoiles ou peindre l'univers ? Telle est la question...
03 juin 2020, 19:51
Une étrange rumeur
Qu'est-ce qui t'es arrivée ?

Elle claqua d'un coup le carnet, le soustrayant à la vue de la rouge.
Ses mains le tordaient dans tous les sens, accentuant les craquelures qui n'avaient cessé d'apparaître sur sa couverture depuis le début de l'année.
Que répondre?
Les pensées se pressaient, se succédant les unes aux aurtes beaucoup trop rapidement pour qu'elle puisse s'en saisir.
Elle hésitait entre "rien du tout", "C'est pas tes affaires" ou encore tu peux pas comprendre.
Rien de très concluant somme toute.

Le crayon dans sa main tourbillonnait dans sa main, au rythme des pensées se succédant.
Puis sa respiration se calma enfin.
Elle n'avait pas trouvé de solution, mais elle ne voyait plus pourquoi elle se stresserait.
Au pire, elle blessait.
Au mieux, elle faisait arrêter les questions.
Et qu'est-ce qui pourrait faire pencher la balance? Des Mots.

Encore. Tout revenait toujours à eux.
Elle secoua la tête, et tenta un sourire rassurant à l'encontre de sa camarade.
Un reflet dans la vitre lui renvoya son image.
Elle, minuscule, étendue au milieu de draps blancs comme la neige, ses cheveux peignés cascadant sur les coussins.
Des larges cernes violettes soulignaient ses yeux, œuvre d'Insomnie.
Sa bouche était craquelée, là encore décimée par des dents blanches risquant à tout moment de se teinter de rouge.

Que devait-elle répondre à la Gryffone.
Car, elle ne pouvait pas se taire indéfiniment.
Elle essayait de repasser son emploi du temps dans la tête sans pour autant mettre le doigt sur les cours de la journée.
Elle se tordit les mains avec angoisse, tendant la peau jusqu'à la faire se fissurer.
Pourquoi elle n'arrivait pas à s'en souvenir ?

Peu à peu les souvenirs revinrent.
Le jeudi, elle commençait pas potions. C'était là où elle se rendait avant... Avant...
*La Chute.*

Le noir, autour d'elle, silencieux.
La lumière, atténuée et douce.
Le sol, doux, l'enveloppant comme un cocon froid.
Les paroles, lointaines, effacées dans le vent.
Le vent, lui-même retenant sa respiration.

"J'crois... J'crois que j'me souviens plus... Y avait du noir. Du noir, partout. Que du noir."

Elle laissa les battements de son cœur se calmer, entrer en harmonie avec le Silence.
Les secondes s'écoulèrent, longues, silencieuses.
Elle n'entendait plus.

"T'as... T'as d'jà rencontré le Vide?"

Un soupir fatigué s'echappa de ses lèvres.

"C'est si beau... "

Elle ferma les yeux, se laissant envahir par un bourdonnement léger et obscur.
Néant l' appelait.
Elle tomba à nouveau dans ses douces caresses.

FIN

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.