Les yeux embués de sommeil, Lahya marchait, ses pas résonnants dans les couloirs de Poudlard. Il ne restait d’ailleurs plus grand monde au sein de ceux-ci la plupart des élèves étant déjà arrivés dans leurs salles de cours respectives. La Serdaigle n’était pas avec eux car elle ne s’était tout simplement pas réveillée à l’heure. C’était consternant. Elle qui s’était promise de bien commencer l’année et d’essayer d’être studieuse échouait déjà lamentablement. Si elle avait voulut se dédouaner elle aurait pu se rétorquer que c’était la faute de ses insomnies récurantes, ou encore qu’elle ne pouvait rien y faire car s’était son caractère, mais la fillette n’en fit rien. Elle le ferait certainement plus tard, mais pas là, elle n’avait pas le temps. Elle serait assurément en retard... ou peut-être pas, il lui restait quelques minutes.
Lahya soupira en levant les yeux au ciel, quelle idée d’être à Serdaigle ! La salle commune sûrement la plus loin des salles de cours, sauf d’astronomie évidemment. Le destin ne l’aidait décidément pas.
Alors qu’elle arrivait devant les escaliers, ceux insupportable qui bougeaient, la petite sorcière se dit finalement qu’il était temps qu’elle accélère la cadence. C’était beau de déblatérer comme elle le faisait si bien, mais ça ne lui ferait pas arriver à l’heure pour son cours.
Son cours de quoi d’ailleurs ? La fillette effarée se réveilla brusquement au milieu d’un escalier, voilà ce qui n’allait pas ! Elle ne se souvenait même plus d’où elle devait se rendre ! Se retournant vivement pour faire marche arrière et repartir chercher en courant son emploi du temps qu’elle n’avait évidemment pas pris, Lahya se sentit soudainement happé en arrière. Dans sa précipitation elle avait loupé une marche.
Avec un petit cri, la Serdaigle se sentit tomber tandis qu’elle rebondissait durement sur les marches de pierre. Elles lui rentraient dans les hanches ce qui lui fit serrer les dents. Bon sang, elle avait oublié que tomber dans un escalier faisait si mal !
BOUM !
La fillette eut l’impression de faire un fracas assourdissant alors qu’elle atterrissait enfin au bout des marches.
La première sensation qui revint à son cerveau désorienté après sa chute fut la douleur. Elle était mal tombée, c’était le cas de le dire ! Alors qu’elle essayait de se relever, Lahya étouffa une seconde fois un cri. Mais qu’est-ce qu’elle s’était encore faite ?

« J'ai pas envie d'aller en potions. »

Je m'étais levé relativement tôt dans le seul but de me rendre à la volière. Pourquoi ? Pour rien. Strictement pour aucune raison, si ce n'est avoir une excuse pour arriver en retard en potions.

Certes, c'est amusant quand le chaudron d'une personne explose... Mais c'est juste ennuyeux, en dehors : on doit juste mettre des trucs dans un chaudron et remuer, des fois, mais c'est tout. Il faut trois milliards de choses pour préparer une seule mixture qui ne prendra effet que lorsqu'elle sera utilisée et c'est tout ! Dire qu'avec nos baguettes, on a pas besoin de se trimbaler avec quarante fioles préparées au préalable pour avoir un effet similaire... Non, vraiment, je ne comprendrai jamais à quoi sert cette matière. J'y vais juste parce qu'il faut y aller.

Je soupire longuement avant de me lever à contrecœur et d'entamer la longue descente jusqu'aux fins fonds de l'école.

« Si seulement un petit truc pouvait intervenir pour que je puisse éviter de revenir dans ces cachots somb-... »

BOUM !

« Yes ! »

S'il suffisait de demander pour que l'Univers nous fasse un cadeau, il fallait le dire plus tôt !

J'accours à la rescousse de la jeune fille qui s'est lamentablement vautrée au sol en manquant moi-même de trébucher dans la précipitation.

« On va éviter de se ramasser aussi... »

Je descends un peu plus prudemment les dernières marches qui me séparent de la Serdaigle en question avant de prendre un air que j'espère des plus inquiets :

— Ça va ?!

Lahya sentait toujours la douleur la lanciner au niveau de ses hanches et grimaçait. Ce n'était pas possible de se faire si mal en tombant d'un escalier enfin ! Il devait y avoir une explication... Mais la petite sorcière n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps puisqu'un bruit, ou plus précisément des paroles, la tira de ses pensées. On lui demandait si ça allait.
En entendant la voix qui semblait venir d'un garçon à proximité, Lahya commença à paniquer. Pourquoi y avait-il quelqu'un ? Elle ne pouvait même pas se retrouver seule dans son malheur ? Mais apparemment c'était trop demander. En plus de tomber elle venait de se ridiculiser devant quelqu'un qu'elle ne connaissait pas.
Soudain la vérité frappa la fillette tandis que la même pensée commençait à tourner en boucle dans son pauvre petit cerveau.
"Quelqu'un qu'elle ne connaissait pas".
Une peur viscérale chassant momentanément sa douleur envahit Lahya. Elle sentait son cœur battre contre sa poitrine alors que sa gorge se serrait et qu'elle continuait de regarder le sol. Elle ne voulait pas le voir, elle voulait être seule et avoir mal toute seule. Mais elle ne pouvait pas.
Relevant finalement la tête mais ne regardant toujours pas le garçon, la petite sorcière observa les portraits. Ceux-ci semblaient regarder la scène avec intérêt mais détournèrent bien vite leur regard lorsque Lahya les fusilla du regard. Déjà qu'elle s'était ridiculisée devant quelqu'un, elle n'avait pas envie qu'en plus les portraits ricanent de sa chute pendant des jours !
Prenant finalement son courage à deux mains, la Serdaigle se tourna vers son interlocuteur. Elle déglutit tout en essayant de rester positive. Il ne pouvait pas être si méchant... non ? Détournant le regard — il ne devait surtout pas savoir qu'elle avait peur de lui — Lahya ouvrit légèrement sa bouche... pour la refermer aussitôt.
Que pouvait-elle bien répondre à une question aussi stupide que celle qu'il venait de lui poser ? Triturant ses doigts, signe de sa nervosité, Lahya opta finalement pour la sincérité. Répondre qu'elle allait bien aurait été stupide aussi de sa part.

-Je... je me suis faite un peu mal je crois.

Lahya sourit légèrement en regardant à nouveau cette personne lui faisant face, sa peur étant moins présente maintenant qu'elle avait franchi l'étape la plus compliquée.

-Enfin rien de grave !

Toujours au sol, la petite sorcière essaya de se relever afin de retrouver le peu de dignités qui lui restait. Mais alors qu'elle bougeait pour se mettre en position assise, sa jambe commença à la lancer. Le visage légèrement crispé par l'effort demandé à cause de la douleur, Lahya réussit tout de même à se remettre dans une position moins embarrassante et plus convenable, songeant que peut-être le garçon avait eu ce qu'il voulait et qu'il partirait...

... Avant que je ne décrispe les traits de mon visage qui étaient figés dans l'inquiétude une seconde auparavant. Ça ne sert à rien : elle fixe le sol en m'ignorant royalement. Comment pourrait-elle faire la différence entre un air blasé et un air inquiet ?

Le temps commence à se faire long. Je ne vois que trois options à cette gêne qui est en train de s'installer : soit elle a des problèmes mentaux, soit elle est tombée sur la tête et est en train de se remettre de ses neurones perdus, soit elle est perdue dans ses pensées. Pourquoi elle serait perdue dans ses pensées juste après avoir fait une magnifique chute ? Aucune idée. C'est une Serdaigle, après tout. Ils ont tendance à trop réfléchir.

« Dixit le mec qui met trois heures à s'endormir parce qu'il se questionne toujours sur tout et rien. »

Cette pensée me fait effleurer un sourire.

Et voilà ! Moi-même je commence à me perdre dans mes pensées et me faire rire tout seul ! Belle ironie.

Mes yeux papillonnent quelques instants afin de m'accommoder au mieux à ce retour à la réalité. Mon cerveau me repasse les sons qu'il a enregistrés durant ma micro-absence... Toujours aucune réponse.

Mon regard se porte vers la jeune fille. Elle s'amuse à jeter des regards noirs aux portraits aux alentours.

« Décidément... »

Jamais je n'aurai de réponse.

Tant pis : je tiens à sécher cette heure de cours. Elle va aller à l'infirmerie, de gré ou de force.

Je m'apprête à lui saisir le bras quand, enfin, elle porte son regard noisette sur moi ! Et mince, elle est terrifiée et détourne aussitôt le regard.

« À moins que je ne me sois juste pas brossé les dents ce matin... ? »

Perplexe, je pince mes lèvres avant de faire passer mon haleine. Fraîche.

Bah quel est le problème, al-... ?

« Oh ! »

Miracle ! Des mots sortent de sa bouche !

« Allez, elle s'est faite mal ! Direction l'infirmer-... ! »

— Enfin rien de grave !

« Oh non, hors de question, ma petite. Je t'ai promise que tu irais à l'infirmerie et tu vas y aller. »

Je fronce les sourcils d'un air que j'espère être embarrassé en la voyant grimacer.

— Ne dis pas de bêtises : une chute comme ça, ça laisse des séquelles. Ne t'inquiète pas, l'infirmier va te remettre sur pied en moins de deux.

Sans lui laisser le temps de répondre, je passe mon bras gauche en-dessous de ses deux aisselles.

Le Serpentard, parce qu'à la vue de son uniforme c'était bien ce qu'il semblait être, avait l'air moins effrayant jusqu'à ce qu'il ne paraisse pas d'accord avec la jeune fille. Mais Lahya devint de plus en plus perplexe à mesure qu'il déballait sa phrase bien construite à propos de séquelles.
Quelque chose n'allait pas.
Pourquoi s'importait-il de la santé d'une inconnue ? Ça n'avait pas de sens !
Mais Lahya n'eut pas le temps de rétorquer son désaccord puisqu'il s'avança et la prit, certainement dans l'intention de la relever.
Sentant alors ce bras inconnu autour d'elle, la Serdaigle se pétrifia. Il n'avait absolument pas le droit ! Pour qui se prenait-il ? Et tandis qu'elle fronçait les sourcils tout en se retenant de croiser ses bras — en effet, ce serait une mauvaise idée étant donné qu'ils la soutenaient — Lahya se força pour relever les incohérences à voix haute bien qu'elle détestait le faire. Cependant, si cela pouvait le tendre à changer d'avis... ça valait le coup !

-Tout d'abord je ne vois pas pourquoi tu te préoccuperais de la santé d'une fille qui t'es une parfaite inconnue. Et ne raconte pas n'importe quoi, si tu t'inquiétais vraiment tu te préoccuperais de mon avis. De plus je te signale que s'il y avait une minime possibilité que je garde des séquelles, ce qui soit dis en passant est très peu probable, ce n'est pas en me ballotant comme tu comptes le faire que tu vas arranger mon cas. Et pour finir, tu es bien incapable de me porter.

Elle avait peut-être été légèrement sèche, mais au moins c'était dis. Cependant la Serdaigle songea qu'il fallait tout de même qu'elle assure ses arrières, au cas où il y aurait eu un infime risque qu'elle ait tort. La jeune fille détestait qu'on lui démontre que son raisonnement était erronée...
Lahya prononça donc quelques mots qui lui arrachèrent la gorge, mais c'était nécéssaire.

-C'est... c'est possible que la première partie de ce que je viens de prononcer soit fausse, mais, pour ma défense, analyser un comportement humain est bien plus aléatoire !

Satisfaite la jeune fille se tut. C'était bien formulé, clair et net. Le garçon ne pourrait rien nier et tout ce déroulerait comme sur des roulettes ! Rien de bien compliqué !

Je cesse mon geste au moment où elle est entièrement debout. Son côté Serdaigle a repris le dessus et elle me déballe tout son savoir et son intelligence... Ou pas.

Je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux avant de la regarder de travers, choqué par ses propos. Elle est plus égoïste que moi... Voire même plus que mes sœurs ! C'est dingue !

Toute mon envie de l'aider a aussitôt disparu. Je préférerais presque aller en potions : elle ne mérite pas d'une béquille pour aller à l'infirmerie. Et puis, de toute façon, elle n'en a pas besoin, selon elle. Tant pis : je passe à côté de quelques points de maison en plus dans le cas où on viendrait à croiser la route d'un professeur mais je sens que je ne vais pas pouvoir la supporter plus de deux minutes. Qu'elle se débrouille, elle qui est si "intelligente".

« M'ouais, bon... Quand même, des points de maison... Et la possibilité d'arriver en retard en potions. »

Allez, on va en rester à la feinte.

— Très bien.

Je lui retire l'appui de mon bras sans aucune vergogne... Et sans prévenir, aussi. Sinon, c'est pas marrant.

— Je me préoccupe de ton avis : je cesse de t'aider à te relever dans le but de t'amener à l'infirmerie, toi qui pense pouvoir y arriver toute seule.

Je lui sers un sourire que j'espère des plus insupportables : elle a besoin de moi, autant lui faire grincer le plus les dents.

— Je vais suivre tes sages paroles et, la prochaine fois que je verrai quelqu'un faire une crise cardiaque, je vais passer mon chemin en le laissant agoniser. Merci de m'avoir ouvert les yeux sur l'erreur que je faisais en souhaitant aider quelqu'un !

Je ne lui laisse pas le temps de répliquer et tourne les talons. Direction potions.

Si elle veut continuer cette conversation, elle devra m'interpeller. Si elle veut éviter de rester ici jusqu'à la prochaine sonnerie, elle devra m'interpeller. Dans tes dents.

Lahya finit tout de même debout puisque le garçon la releva en la soutenant, même si à vrai dire elle aurait préféré rester assise. Elle sentait sa tête tourner légèrement alors qu'un léger mal de tête affluait en martelant doucement son crâne et la fillette retint un soupir. Génial. Il ne manquait plus que ça !
Reléguant sa douleur au second plan, Lahya observa finalement le Serpentard qui avait les yeux grands ouverts. Comme... stupéfait ? Elle l'aurait vexé ?
Pourtant, le voilà qui acquiesça semblant d'accord, ce que Lahya ne comprit pas. Mais elle n'eut pas le temps de froncer les sourcils en signe d'incompréhension que le garçon enleva brusquement son appui la forçant à s'appuyer sur sa jambe encore douloureuse. Sentant un élancement la vriller jusque dans ses hanches, la Serdaigle écarquilla les yeux au point de voir flou et laissa échapper une exclamation. Il aurait pu prévenir !
Serrant les dents pour faire passer la sensation désagréable que lui avait procurée ce changement d'appui, Lahya essaya tant bien que mal de se mettre dans une position confortable, ce qui était plutôt compliqué. En effet, ayant encore un peu mal partout et la douleur s'étant ravivée, la fillette avait l'impression que peu importe le pied sur lequel elle s'appuyait, les élancements s'accentuaient.
Lahya inspira un bon coup pour essayer de calmer la cadence de son cœur affolé à cause de la surprise puis se rendit compte que le Serpentard avait parlé. Et il lui souriait à présent d'un air suffisant, probablement content de ce qu'il venait de sortir. Cependant, l'unique mot dont la petite sorcière arrivait à se souvenir était "seule". Ou peut-être "seul", elle n'en savait rien.
Mais ce dont elle était sûre, c'était que le sourire du garçon lui faisait froid dans le dos, elle avait subitement envie de courir loin et partir de ce château de fous.

— Je vais suivre tes sages paroles et, la prochaine fois que je verrai quelqu'un faire une crise cardiaque, je vais passer mon chemin en le laissant agoniser. Merci de m'avoir ouvert les yeux sur l'erreur que je faisais en souhaitant aider quelqu'un !

Ah. Effectivement il était réellement vexé, et il lui tournait maintenant déjà le dos pour partir à son cours de la matinée.
Lahya le regarda avec ennuyement s'éloigner. Elle n'avait en aucun cas eu l'intention de l'énerver et s'en voulait un peu. Elle aurait peut-être dû mieux choisir ses mots ?
Mais soudain la fillette blêmit en se rendant compte qu'un détail, et plutôt un gros, avait échappé à son attention. Elle était bien incapable de remonter les escaliers pour aller chercher son emploi du temps et encore moins d'aller en cours. Seulement, la seule personne pouvant l'aider avait l'air de lui en vouloir et n'était pas tout près maintenant qu'elle s'était éloignée.
En même temps Lahya s'était un peu tirée une balle dans le pied, elle aurait dû réfléchir à plusieurs reprises avant d'affirmer pouvoir se débrouiller seule. Enfin maintenant le mal était fait.

-Heu...

La voix de la Serdaigle se répercuta sur les murs interrompant le silence ambiant.

-Je...

Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire ? Déjà, elle détestait crier ce qu'elle était joliment en train de faire et elle n'allait tout de même pas s'excuser ? ... si ?
La fillette inspira un bon coup avant de débiter d'une traite.

-Bon... t'avais peut-être un peu raison. Je... m'excuse.

Elle détestait ça. Tout. De devoir dire au Serpentard qu'il avait raison jusqu'à s'excuser. Ça l'exaspérait.
Et c'est pour ça qu'elle ne put s'empêcher de marmonner à voix haute, ayant légèrement besoin d'entendre le son de sa voix pour se rassurer.

-Enfin bon... voir un... quelqu'un débarquer comme ça en te disant que t'as peut-être des séquelles, franchement c'est pas pour moi. De toute façon je suis pas douée avec les gens, je sais jamais quoi dire.

Et sentant ses paupières s'alourdir à cause du manque de sommeil et de l'adrénaline retombée, Lahya soupira. Elle avait juste envie d'en finir et de dormir maintenant.
Dans le pire des cas, si le Serpentard ne l'avait pas entendue, elle pourrait peut-être songer à faire une sieste dans ces escaliers...

Oh, elle ne s'est pas lamentablement écrasée sur le sol quand j'ai retiré mon bras. Dommage. On ne peut pas tout avoir.

Je continue de descendre les escaliers de mon pas vif... Avant de ralentir un peu la cadence de celui-ci : elle ne m'interpelle pas. Etrange. Peut-être lui faut-il un peu plus de temps ? Pour une Serdaigle, elle semble tout de même être bien à côté de la plaque. Cela ne m'étonnerait pas qu'elle réfléchisse encore à si elle a besoin ou non de mon aide. Que fait-elle dans cette maison ? La légende dit que le Choixpeau avait abusé sur le pur-feu ce soir-là.

« Oh ! »

Un mot ! Non. Une lettre serait plus adapté pour définir cet « Heu... » qu'elle m'a servi.

Mon pas se fait encore plus lent : si elle met autant de temps pour se décider, je vais devoir me taper que plus de marches. Sinon, rien ne m'empêche de continuer ma descente en l'ignorant... Bon, allez, j'entame mon ascension plus tôt que prévu.

« Ce qu'il faut pas faire pour pas aller en potions... »

Je l'entends vaguement s'excuser. Très vaguement. Elle ne semble pas avoir compris qu'elle ne devait pas s'excuser mais revoir son courant de pensées qui est totalement idiot. Le Choixpeau a vraiment forcé sur le pur-feu. Je ne vois pas d'autre option à ce blasphème envers une si noble maison.

Alors que j'atteins enfin une marche relativement correcte, je m'arrête : elle se remet à marmonner ses idioties.

« Et têtue, en plus ! C'est une Gryffondor, pas une Serdaigle ! »

Je finis de gravir ces foutus escaliers. Elle n'a pas bougé. Je pousse un long soupir avant de lui lancer un regard appuyé.

— On va à l'infirmerie ou tu préfères rester là à râler ?

Lahya fixa déboussolée le garçon qui avait finalement rebroussé son chemin et venait de lui parler. Elle ne comprenait pas. Il n'aurait pas dû... s'énerver ? Ou au moins avoir une réaction logique, du style "Tu me fais vraiment perdre mon temps !" ?
Décidément, Lahya n'arriverait jamais à appréhender le comportement de ce garçon. Serait-il possible qu'il y ait un piège... ? La fillette se mit alors subitement à regarder l'être qui se tenait devant elle avec méfiance, doutant de ses intentions. Mais n'ayant finalement pas le choix, elle déclara :

- Je suppose que je peux arrêter de râler, comme tu le dis si bien.

Ce garçon l'énervait. Oui, c'était ça. Il avait ce petit truc suffisant des gens se croyants au-dessus, comme s'il était persuadé de détenir la science infuse alors que c'était certainement faux. La Serdaigle était à présent persuadée qu'il se croyait plus intelligent que tous le monde...
Retenant le soupir d'exaspération qui lui montait aux lèvres, Lahya consentit finalement à bouger en espérant que le temps de latence lors duquel elle n'avait ni parlé ni esquissé le moindre mouvement ait impatienté le Serpentard devant elle. Il ne méritait que ça !
Cette situation insupportait d'ailleurs en touts points la Serdaigle. Pourquoi était-elle obligée d'accepter l'aide de cet intrus déjà ?!
La réponse lui vient immédiatement lorsque sa douleur jusqu'à présent en sourdine revint avec force tandis qu'elle exécutait son premier véritable pas depuis sa chute.
Lahya se mit alors à haïr avec force cet escalier, observant en détail l'objet de sa colère et sa respiration se bloquant. Un simple escalier avec de simples marches qui avait provoqué sa simple chute. C'était si dérisoire.
Jetant finalement un regard sur le Serpentard la fillette songea que si celui-ci daignait de l'aider, essayer de rester agréable avec lui ne ferait pas trop de mal... Enfin, même si c'était mal parti.
Néanmoins, elle pouvait essayer de rectifier le tir, histoire qu'il la laisse tranquille après.
Peut-être lui demander son prénom ? Même si c'était peu adéquat à la situation présente, elle pourrait au moins mettre un nom sur ce visage qu'elle espérait ne plus trop croiser à l'avenir.

- Tu... t'appelles comment ?

Elle opte pour arrêter de râler. Je ne la crois pas apte à tenir cette décision plus de deux minutes... Mais bon, on verra bien.

Je me rapproche donc d'elle avec mon sourire de gamin le plus insupportable qu'il soit. J'espère qu'elle va se souvenir longtemps de ce jour comme le jour où elle a failli éviter le capitaine J-... Euh. Je ne m'appelle pas Jack, moi. Enfin bon, autant lui rendre la journée impossible. Elle ne doit pas avoir beaucoup d'amis avec un état naturel d'esprit aussi égoïste. Elle n'aura qu'à me servir de défouloir à mes heures perdues.

J'interromps cependant ma marche en entendant son énième marmonnement : ce n'est pas une plainte mais... Une question. Et même pas rhétorique ! Du moins je crois.

Je papillonne des yeux d'un air ahuri, ne sachant que faire devant ce geste d'humanité de sa part. Ma réaction est très visiblement exagérée et mon regard jugeur a tout pour croire que je me moque d'elle, que je me moque en montrant mon étonnement face à l'absurdité de sa question. Et c'est le but.

— Et toi ?

N'enfonçons pas le clou : elle essaye de sociabiliser, je ne dirais pas non à une matinée agréable avec une "amie" plutôt qu'avec une petite peste ne cessant de jacasser. Si je ne décline pas immédiatement mon identité, c'est pour la simple et bonne raison de m'assurer qu'elle ne me fera pas de coup par derrière. Certes, elle peut me donner en retour une fausse identité mais, dans ce cas-là, elle ne le regretta que plus.

Sans attendre sa réponse, je réduis la distance qui me sépare d'elle et amorce tout juste un geste en direction de son bras.

— Est-ce que je peux porter ton bras au-dessus de mes épaules dans le noble but de te servir de béquille ou est-ce que tu vas me refaire ton cinéma ?

Je lui ai demandé avant d'agir. C'est déjà ça.