15 février 2043



Violet avait passé une nuit épouvantable. Se sentant plus fatiguée que d'ordinaire, aux prises avec un mal de tête, et un peu nauséeuse, elle avait jugé judicieux de rejoindre son lit sans tarder, quitte à renoncer à la partie de Bavboules organisées par ses camarades.

*Y'aura une autre occasion* s'était-elle dit.

Mieux valait être en forme pour le lendemain, jour du dépôt des candidatures auprès des trois élèves chinois séjournant au château. Ces derniers seraient amenés à s'affronter dans une compétition magique pour la conquête d'une récompense que Miss Loewy et le Doyen avaient qualifiée d'exceptionnelle. Ils devraient pour cela chacun choisir un ou une partenaire parmi les poudlardiens de deuxième ou de troisième année, qui les épauleraient lors de trois épreuves jugées et notées par Miss Almeida et la directrice. Violet, impressionnée par leurs démonstrations d'arrivée¹, avait tout d'abord hésité à se porter volontaire - et si elle n'était pas à la hauteur ? Les chinois avaient l'air bien plus avancés qu'elle en termes de magie !-, mais sa soif d'aventures, de gloire et de connaissances l'avait emportée, si bien que quelques heures après l'annonce des deux chefs d'établissement, elle avait commencé à réfléchir à ce qu'elle pourrait bien dire ou faire pour inciter les élèves de Zhuangyàn à retenir son intervention. Elle avait fait des recherches sur leurs Ecoles, la symbolique de l'animal les caractérisant et leurs créatures de lien ; elle avait listé ses qualités et spéculé sur l'approche qui conviendrait le mieux aux deux jeunes gens devant lesquels elle comptait se présenter, à savoir Chu-Jung et Quiong. Pas que Mei ne l'intéresse pas également, au contraire, mais sa personnalité la rebutait. Son impolitesse et son mépris, à son arrivée, lui avaient déplu, et bien qu'elle ait pressenti du potentiel et une certaine détermination derrière ses apparences je-m'en-foutiste et ses allures de défi, elle préférait ne pas s'en approcher.

*Ce genre de filles, c'est pas celles dont je m'ferai des amies*, avait-elle songé.

Alors, collaborer avec elle ? Si c'était pour qu'au moindre faux pas, à la moindre hésitation, ou simplement parce qu'elle ne la jugerait pas à la hauteur, elle la traite comme elle avait traité tout le château, non merci ! Elle préférait l'avoir comme rivale pour tenter de la remettre à sa place, même si cela s'annonçait difficile. Dans tous les cas, si elle voulait concourir, il fallait qu'elle soit choisie, et pour cela, la première étape était de se présenter devant les deux autres. Or, cette première étape avait semblé assez vite compromise : à peine sous les couvertures, la Serpentard s'était mise à frissonner et avait senti les premières courbatures faire leur apparition.

*Oh non* avait-elle pensé. *Non, c'est vraiment pas le moment !*

Se persuadant que cela irait mieux après une bonne nuit de sommeil, elle avait rapidement relu ses notes de candidature et éteint la lumière. Malheureusement, le marchand de sable s'était fait désirer : sa fébrilité grandissante l'avait retardé. Quand elle avait finalement rejoint le pays des rêves, c'était des paysages cauchemardesques qu'elle avait visité avant de brusquement se réveiller vers quatre heures du matin, en sueur. Comprenant qu'elle avait probablement de la fièvre, elle avait doucement quitté son lit pour se désaltérer dans la salle de bains, espérant du même coup apaiser un peu sa gorge qui commençait à la brûler. Mais à peine avait-elle mis pied à terre qu'elle avait été prise de vertiges.

*Il faut que je réveille quelqu'un, pas le choix... J'dois aller à l'infirmerie.*

Rassemblant ses maigres forces, elle s'était penchée sur la couche d'Elaïna et, sa DDM prévenue, avait été transportée sur un brancard jusqu'à l'endroit en question. Là, elle avait été contrainte de boire deux-trois mixtures peu ragoûtantes avant de sombrer dans un sommeil sans rêves. A son réveil, elle s'était sentie mieux, mais l'infirmière lui avait annoncée qu'elle ne sortirait pas de sitôt.

*Et voilà, c'est vraiment pas de bol... J'peux pas participer aux sélections...*

Déçue, elle avait laissé éclater son chagrin et alternait à présent entre ruminations et somnolence. Quelques heures passèrent, l'ennui vint la titiller. Ouvrant son rideau à la recherche de compagnie, elle aperçut, sur le lit d'à côté, une fille qu'elle avait déjà vu en classe.

- Salut, lui dit-elle simplement. Alyona, c'est ça ?


¹L'Azuré et le serpent blanc

@Alyona Farrow et voilà, prend ton temps pour répondre et dis-moi si tout est ok

Je n'ai jamais mis un pied ici. Jamais mes petits pas n'ont foulé ce sol froid et austère. Jamais mes mains d'enfant n'ont parcouru ces grandes pierres grises et ternes à la recherche de failles ou d'imperfections, même minuscules. Jamais mon souffle ne s'est propagé et dissipé dans cet endroit bruyant mais plein de vie -oui, je la sentirais presque hurler autour de moi, peinte sur les visages à mes côtés, hurlant dans leur corps. Jamais mes yeux bleus avides de Voir ne se sont posés sur ces lits durs et occupés, ces murs froids et étouffants, ces fenêtres laissant entrer une douce lumière désirée et ces arches rondes. Jamais mon cœur n'a battu en ces lieux, entouré par ces quatre murs dans cet endroit puant les problèmes et la douleur. *Jamais*. Que j'aime ce mot quand il est signe de nouveauté, mais seulement quand il permet de nouvelles choses, car les choses nouvelles nous apportent toujours quelque chose d'intéressant. Je n'avais jamais été à l'infirmerie jusqu'à aujourd'hui, et maintenant, c'est fait et je ne sais si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. Mon instinct m'hurle que c'est une bonne nouvelle, mais je ne comprends pas pourquoi. Qu'y a-t-il d'intéressant et de bien à être allongée sur un lit dur et à rester immobile, envahie par la souffrance alors que je pourrais courir dehors et m'enivrer de l'air de l'Hiver ? Alors, peut-être que Merlin est seul à savoir pourquoi être dans ce lieu semble être au fond de moi-même une bonne nouvelle. Oui, c'est certain, Merlin et seul à le savoir car moi je ne sais pas.

L'Infirmerie me fait penser à Grand-Mère. Elle me racontait des histoires sur sa "belle époque" comme elle aimait l'appeler. Elle me parlait de ce désir au fond d'elle, venu petit à petit comme une évidence, qui la poussait à aider les Autres quitte à y laisser toutes ses forces. Elle me parlait en souriant, le regard illuminé mais perdu, contemplant un point qu'elle seule semblait voir, me décrivant l'endroit magnifique où l'Espoir et les Miracles fleurissaient dans tous les cœurs telles de belles roses, fantastiques mais dangereusement belles. J'étais assise face à elle sur une vieille chaise à bascule, les pieds pendant dans le vide, les yeux ronds, la bouche grande ouverte, buvant ses paroles, tissant ce souvenir basé sur des souvenirs. Grand-Mère me dépeignait la vie dans l'Hôpital sorcier où les gens repartaient en souriant et où les guérisseurs étaient heureux, amoureux de leur travail et du bonheur qu'ils créaient en soignant les gens. Mais jamais Grand-Mère ne me parlait de l'envers de cet endroit. Car chaque endroit a un envers, n'est-ce pas ? Je crains que l'envers qu'elle me cachait soit plus dur que je n'ose l'imaginer. Alors, je préfère ne pas découvrir cet envers et concentrer ce souvenir et les pensées qui l'accompagnent sur l'endroit du lieu.

Je me retourne dans ce lit dur sur lequel je suis allongée depuis déjà deux heures. Une grimace passe brièvement sur mon visage, trahissant ma souffrance inhabituelle. *Par Merlin...* Je ne supporte plus cette douleur qui hurle dans mon ventre. Cette douleur qui cri sous ma peau sa propre colère inarrêtable, qui, si proche de mon âme ébranlée, fait battre à toute allure son cœur et hurler sa vie, qui se moque de mon bien-être, qui éclate dans ton mon corps, qui s'égosille dans mes veines à clamer sa présence et qui semble me rendre plus vivante. La Vie fait-elle donc si mal ? Vivre est-il si douloureux ? Parfois, je me le demande, et j'ai peur de vivre. Je ne supporte plus cette douleur qui m'accompagne depuis ce matin, m'empêchant de bouger, d'agir, d'esquisser ne serait-ce qu'un seul mouvement ou de vivre comme les Autres. Je déteste cette souffrance qui me rend inutile. Mes poings sont serrés et mon corps, replié contre lui-même. J'ai essayé de chasser la douleur et de l'ignorer. Mais rien n'a fonctionné. Elle est toujours restée, depuis ce matin, sans me quitter, sangsue incontrôlable, bout de verre sous la peau, et cela malgré mes efforts. Elle est toujours là et je me lasse d'elle et de sa présence.

Alors que j'arrive enfin à trouver une position qui m'est plus confortable, le rideau blanc qui me fait face est soudainement tiré pour dévoiler une fille de mon âge, de Serpentard il me semble. Je crois que je l'ai déjà vue. En fait, il me semble qu'elle est dans ma classe. Je cligne plusieurs fois des yeux, incertaine, essayant de distinguer des détails de son visage qui pourraient me permettre de me souvenir. Ses lèvres s'entrouvrent alors qu'elle me parle. Je ne me souviens plus de son nom. Je l'ai pourtant au bout de la langue. Mes sourcils se froncent tandis que j'essaye de me souvenir. Elle a un joli nom, cela j'en suis certaine. Elle et moi n'avons jamais réellement parlé mais je crois qu'elle est gentille. Je ne l'ai jamais vue faire des choses irréfléchies. Et puis, elle connait mon nom, c'est déjà une bonne chose.

« Bonjour. »

Ma voix est encore incertaine. Je crains que l'Autre ne le perçoive dans mes paroles. Durant un instant, j'essaye donc de me reprendre. Je passe un coup de langue sur mes lèvres, essaye de sourire à la Verte et remue un peu dans l'espoir de pouvoir me redresser ; mais c'est peine perdue : la douleur revient en hurlant, paradant et vêtue de ses plus beaux atours.

« Oui c'est moi. »

Douleur. Mes muscles se crispent. Je respire calmement. *J'n'en peux plus. Quand est-ce qu'elle s'en ira ?* Alors qu'elle commence à se retirer doucement, je me remets à sourire, cherchant à cacher celle qui me fait grimacer.

« Et toi ? C'est quoi ton nom déjà ? »

*Violet*, comme les fleurs. Oh, que j'aime ceux qui portent le prénom de certaines fleurs. La vision que j'ai d'eux dans mon esprit est tout de suite plus douce, plus agréable. Peut-être est-ce pour cela que ma camarade me paraissait être gentille avant qu'elle ne me rappelle son nom, celui-ci était resté gravé dans mon esprit comme un parfum délicat. Violet, tu apportes de belles images dans mes pensées ; je revois le parc de Poudlard, je revois les champs de mon enfance, je ressens l'herbe me frôler la peau et les odeurs viennent me séduire. Le contraste est dur avec le lit sur lequel je repose, la situation dans laquelle je suis plongée, la douleur qui me malmène le ventre, comme si j'avais avalé une tempête au petit-déjeuner. Cependant, ces images qui viennent naviguer dans mon crâne me font du bien, elles me permettent d'échapper quelques instants à cette salle et à ses murs clairs.

Une mauvaise grippe ? Je ne pense pas avoir ça. En fait, je ne sais pas vraiment ce que j'ai. J'ai mal au ventre. Ce n'est pas la première fois que j'ai mal au ventre, mais à Poudlard, c'est d'autant plus étrange. Je me sens enfermée dans cette pièce alors que je pourrais parcourir le château tout entier, être aux côtés d'Anaë, continuer à découvrir les livres de la bibliothèque, me glisser sous les arbres du parc baignés par la lumière hivernale. Mais je suis coincée ici. Au moins, je ne suis pas seule, ce sera peut-être un séjour moins désagréable.

« Je ne sais pas vraiment, avoué-je doucement, presque timidement. J'ai mal au ventre, et ce matin j'avais la nausée. » Je fronce les sourcils, brutalement inquiète. « Tu penses que c'est grave ? J'aimerais bien sortir rapidement d'ici. » Une moue déçue me glisse sur le visage. J'ai besoin de parcourir le château, pas de rester là !

Anaë est obnubilée depuis quelques jours par la présence de la délégation de Zhuangyán, elle ne me parle que de cela et de ce concours qui est organisé. Comment aurais-je pu lui demander de se balader dans le château avec moi alors que c'est aujourd'hui que nous pouvons candidater pour ce concours ? Elle n'aurait jamais voulu m'accompagner. J'aurais dû marcher seule dans ce grand château, avec tous ces portraits qui me regarderaient passer. Peut-être que ce n'est pas une si mauvaise nouvelle d'être à l'infirmerie. Cela m'évite une journée désagréable. Au moins, ici, je ne suis pas seule, et je découvre de nouvelles choses, de nouvelles sensations.

« Je ne sais pas... Tu ne les trouves pas un peu intimidants ? » Un drôle de sourire gêné s'installe sur mes lèvres.

Suis-je étrange pour les trouver intimidants ? Ils ne sont pas d'ici, ils ont un autre point de vue sur la Magie, et ils attirent tous les regards de l'école. M'installer à leurs côtés pour leur parler et chercher à les accompagner dans ce concours magique ? Je ne sais pas si j'y serais parvenue. Anaë le fera sans hésiter. Mais moi ? Oh, je ne me sens pas prête pour tout cela, pas vraiment à la hauteur. Cependant, je comprends la déception de Violet. N'est-ce pas une occasion unique qui se présente à nous ? C'est idiot de passer à côté. Finalement, mon mal de ventre me donne une bonne excuse pour ne pas y aller. Je n'aurais pas à expliquer à Anaë que cela ne faisait un peu peur, que je ne me sentais pas prête à tenter ma chance. Peut-être qu'elle ne m'en voudra pas trop. Je l'imagine déjà m'accueillir, les sourcils froncés et son regard trahissant son incompréhension. Si je lui dis que j'ai dû aller à l'infirmerie parce que je ne me sentais pas bien, elle ne me poursuivra pas avec ses questions et sa déception.

« Mais c'est dommage qu'on se retrouve ici aujourd'hui. »

La douleur dans mon ventre me pousse à changer de nouveau de position sur mon lit. C'est une douleur désagréable, mais je sais qu'elle passera. Pour l'instant, elle me paraît être comme un écho à la douleur qui s'étale dans mes pensées. J'ai peut-être manqué une occasion incroyable en venant ici. La délégation de Zhuangyán... Ils ne reviendront probablement plus lors de ma scolarité. Et je suis à l'infirmerie, malade.

« Non, non, ça va, répondis-je rapidement à la Verte, pour la retenir. «  J'ai mal, mais je vais déjà un peu mieux. » Mon regard attrape brutalement celui de ma camarade. « Dis, tu penses qu'il y aura d'autres occasions comme celle-là ? Je veux dire, tu penses qu'il se passera de nouveau de grandes choses, comme l'arrivée d'une délégation étrangère ? C'est si dommage de se dire que c'est peut-être une occasion unique, et que nous l'avons ratée... »

/!\ Pour les curieux et la modération : Violet étant mon ancien PJ, j'ai obtenu l'accord par hibou de l'équipe de validation des PNJ pour poster exceptionnellement dans ce RP avec mon compte actuel jusqu'à ce que le RP en question soit terminé. Cette autorisation m'est accordée pour ce RP seul.



La Serdaigle elle-même s'inquiétait de son état. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle avait mais ses symptômes ne laissaient planer aucun doute sur le fait qu'elle était malade.

- Tu penses que c'est grave ? avait-elle demandé à Violet, expliquant qu'elle aussi était impatiente de sortir de l'infirmerie.

- Aucune idée, lui répondit la rousse, qui n'avait aucune connaissance médicale. Mais quelque soit c'que t'as, j'pense que Mme Lloyd saura t'remettre sur pied le plus rapidement possible !

La plupart des élèves ne restaient pas bien longtemps à l'infirmerie, les potions permettant d'accélérer grandement le processus de guérison.

*J'dois avoir un peu plus qu'une grippe du coup...* réfléchit Violet. *Sinon d'la Pimentine aurait suffit et je s'rais déjà dehors...*

Elle soupira avant de reporter son attention sur sa camarade. Cette dernière trouvait manifestement les élèves de Zhuangyán intimidants, même si elle ne l'avouait pas directement mais plutôt à travers une question à destination de Violet, qui sourit.

- Oui, j'les trouve intimidants... c'est vraiment impressionnants c'qu'ils sont déjà capables de faire à leur âge, j'ai l'impression qu'on est nuls à côté d'eux ! Mais en même temps, ils ont commencé l'école si jeunes, c'est assez logique qu'ils soient si forts... Alors si les directeurs veulent qu'on fasse équipe, c'est une opportunité en or pour progresser, apprendre de nouveaux sorts et prouver c'qu'on vaut ! En plus qui sait, ptêtre que nous aussi on a des choses à leur apprendre ? J'vois pas trop quoi au premier abord mais... si c'était pas l'cas, pourquoi nous d'mander d'faire équipe ?

Elle marqua une pause pour se laisser le temps d'étudier la question.

- Ptêtre qu'ça a avoir avec le fait qu'ils ont pas l'droit d'utiliser leur créature-de-lien ? Ptêtre que sans elle ils sont beaucoup moins forts ?

Elle fronça les sourcils. Est-ce que les créatures-de-lien étaient des sortes de catalyseurs comparables aux baguettes magiques ? Assurément non, sinon sans elles, ils ne seraient plus capables de faire grand-chose...

- J'espère qu'on en apprendra plus dans les semaines à venir, même si on prend pas part à la compétition... souffla-t-elle tandis qu'Alyona lui affirmait ne pas avoir besoin de l'infirmière.

- Ok, comme tu veux, acquiesça-t-elle en l'écoutant continuer :

- Dis, tu penses qu'il y aura d'autres occasions comme celle-là ? Je veux dire, tu penses qu'il se passera de nouveau de grandes choses, comme l'arrivée d'une délégation étrangère ? C'est si dommage de se dire que c'est peut-être une occasion unique, et que nous l'avons ratée...

- Qui sait ? Après tout, Poudlard ne cesse de nous surprendre... r'garde tout c'qui s'est passé ces dernières années ! Bon c'était pas très marrant mais ça s'inscrit dans l'Histoire...

Violet se remémora les différents événements qui avaient eu lieu au sein de l'école. Meurtre, attaques, emprisonnement d'élèves... rien de très réjouissant. Elle était contente de n'avoir vécu que l'attaque de Mizar, en septembre, et de savoir que Poudlard pouvait se défendre. Qui sait ce que l'avenir leur réservait ? Pourvu que la compétition se déroule sans encombres... pas comme les deux derniers Tournois des Trois Sorciers, dont l'un s'était soldé par le retour du Maître des Ténèbres, et l'autre par un enlèvement des trois champions... heureusement que tout s'était bien terminé.

- J'me d'mande qui s'ront les trois chanceux qui pourront faire équipe avec les chinois... j'espère que tout ira bien pour eux.

@Alyona Farrow me revoilà, merci pour la mention dans le précédent post !

Une moue déçue me grignote le visage. J'espère que Violet a raison, j'espère pouvoir être remise sur pied rapidement grâce à Miss Lloyd. C'est la première fois que je viens à l'infirmerie et, même si cela m'arrange en quelque sorte d'être ici, je n'aime pas vraiment cet endroit. Rester allongée sur un lit pendant des heures, en attendant que ma douleur passe, ce n'est vraiment pas ce à quoi j'ai envie de passer ma journée. Je me sens si impuissante et inutile ici ! Je ne peux rien faire, si ce n'est attendre, compter les secondes, les imaginer tomber et glisser dans un grand sablier. Je ne peux pas courir, aller dans le parc, me faufiler entre les rayons de la bibliothèque, parcourir tous les couloirs et observer les tableaux. Je ne peux rien faire, je suis piégée ici. C'est vrai, Violet aussi est là, je suis moins seule, mais cela ne m'empêche pas d'être déçue. J'ai si fort envie de quitter cette pièce !

Je change de position dans le lit. La douleur se réveille. Ma moue déçue se transforme en grimace retenue. *Merlin !* Je me crispe et la colère se glisse en souffle chaud dans mes pensées. Je déteste avoir mal ! J'ai toujours l'impression que cela ne va jamais s'arrêter, que c'est éternel et insurmontable. Je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose que sur ma douleur. Elle résonne dans mon ventre, tout en diminuant progressivement. Mais je n'en ai que faire de la sentir se calmer ; je lui en veux d'être là et de gâcher ma matinée.

« Ils ne sont pas rentrés dans leur école à onze ans ? » Ma voix trahit ma surprise face aux propos de Violet. Non, je n'ai pas écouté les explications d'Anaë sur l'école chinoise. J'étais probablement concentrée sur autre chose — un oiseau, un son délicat, des mouvements —, mais j'aurais dû me concentrer davantage sur ce qu'elle m'expliquait ; maintenant je passe pour une idiote. Mais tant pis ! Avant d'apprendre, nous étions tous ignorants.

Mais s'ils ne rentrent pas à onze ans, à quel âge ont-ils été admis dans leur école ? Je garde cette question dans un coin de ma tête, l'y fourre un peu trop vite. Je ne dois pas laisser tomber les mots de Violet qui glissent et qui coulent, et que je ne veux pas perdre. Je dois les retenir, les emprisonner entre mes doigts, les accrocher aux parois de mon crâne. *Des choses à apprendre...* Oh, j'ai soif d'apprentissage ; je brûle de découvrir ; je m'étouffe de curiosité. *Des créatures de lien...* Quel genre de créature ? Et mon imagination s'envole, et les phrases coulent entre mes doigts.

« Des créatures de lien ? Tu penses qu'on peut en avoir, nous aussi, pour être plus fortes ? Mais peut-être qu'on nous apprend des choses qu'on ne leur apprend pas. »

Je ne sais pas vraiment, en réalité. C'est Anaë qui s'est renseignée, qui connaît les autres écoles de magie et les autres manières d'utiliser la magie. Moi, je ne l'ai pas vraiment écoutée parler. La honte me fait rougir un peu à ces pensées. Si mon amie savait tout cela ! Elle m'en voudrait probablement. Alors je m'en veux un peu, pour elle, pour moi. La prochaine fois, j'écouterai. N'est-ce pas en tendant l'oreille qu'on apprend ?

Je me redresse sur mon lit. Il faut dire qu'ainsi allongée, je manque de prestance. J'ai l'air malade, souffrante, faible. En me redressant, je montrerai l'attention que je porte à cette discussion, mais aussi que je vais déjà un peu mieux. Vais-je réellement un peu mieux ? Pas vraiment, mais ce n'est pas important.

Quelles autres occasions pourrait-il y avoir ? C'est certain que les trois élèves qui seront sélectionnés aujourd'hui pourront vivre quelque chose de formidable, et probablement que cela se passera bien, mais pour nous, qu'y aura-t-il ? Je me surprends alors à laisser mon imagination m'emporter. Si une école de magie peut venir à Poudlard, peut-être que d'autres écoles viendront ? Ou peut-être que nous aurons droit à quelque chose de plus grand, de plus incroyable, de plus fantastique ! Ou peut-être que nous ne connaîtrons que cette occasion-ci, dont nous passons à côté. Non, non ! Je ne veux pas penser à cela. Sept années à Poudlard, c'est bien long. Qui sait ce que l'avenir pourra encore nous réserver de beau ?

« Alors pour toi, ce serait quoi, l'événement le plus incroyable qui pourrait se passer à Poudlard ? »

Mes grands yeux brillants de curiosité viennent s'accrocher aux siens. Laisse-moi rêver un peu avec toi Violet !