Solenn entra dans la Volière, une lettre à la main et fronça de suite le nez. Une sorte d’odeur horrible flottait dans l’air. Elle pensa avec un sourire légèrement moqueur que le concierge ne faisait pas si bien son travail. La jeune fille s’avança jusqu’à la fenêtre, en chantonnant tout doucement.  Sans savoir pourquoi, elle était de très bonne humeur aujourd’hui. Elle se sentait de mieux en mieux ici, avec ses nouveaux amis. Une année était passée, et, sans s’en rendre compte, Poudlard était devenu sa deuxième maison à part entière. Elle prit un hibou de l’école, qui grogna juste un peu lors de sa caresse, et y attacha sa lettre. C’était une lettre pour sa grand-mère maternelle. Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vu, Solenn l’aimait tant. Sa grand-mère avait toujours été là pour elle, surtout lors de… « l’accident » de son père. Elle avait soutenu la famille brisée et avait aidé Solenn à reprendre la vie du bon côté. Le hibou se posa sur le rebord de la fenêtre, étendit ses ailes et s’envola dans la légère brume du matin.
Au même moment, une chouette toute blanche passa dans l’ouverture, la jeune fille eut juste le temps de se baisser et la chouette atterrit en urgence sur le sol. Solenn s’approcha d’elle et remarqua qu’elle était épuisée. Une lettre était attachée à sa patte, et l'écriture était petite et renfermée. Une véritable écriture de médecin ! En approchant la lettre, Solenn s'aperçut que c'était du français :



La lettre lui était adressée ! Elle reconnaissait maintenant l'écriture de sa mère. Un sourire franc se dessina sur le visage de la rousse. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas reçu de lettre ! Pourtant, sa mère lui avait dit dans sa dernière lettre qu'elle lui en enverrait une très vite pour lui parler de quelque chose d'important. La Serpentarde détestait le suspens et avait attendu, chaque matin, un hibou ou une chouette la lettre tant attendu. Mais cette dernière s'était faite attendre sans que Solenn puisse savoir pourquoi. Alors, Solenn l'ouvrit avec empressement et commença à la lire, toujours en souriant.

Ma chère Solenn,

Cela fais si longtemps que je ne t'ai rien envoyé ! Excuse-moi, c'est juste que j'étais très très occupé. J'ai tellement de choses à t'annoncer que j'en tremble d'avance ! Je suis désolé de t'avoir fait attendre, je sais que depuis que tu es petite tu déteste les surprises !
Ici, il commence à faire froid. Il y a déjà eu du gel sur les voitures, mais je n'ose pas encore sortir mes affaires d'hiver, je suis bien trop habituée aux hivers de Haute-Savoie. Je ne sais pas si tu te rappelles, mais je t'avais parlé d'un petit chien que nous allions adopté, comme tu en rêvais. C'est un husky, il a les yeux vérons, tu le verras aux prochaines vacances ! Je pense l'appeler Ufli, en souvenir de ta chouette qui est partie bien vite.
Bon, j'arrête de tourner autour du pot, je me lance. J'ai rencontré quelqu'un. J'avais peur de t'en parler, car le souvenir de ton père est encore très présent dans ton coeur. Il l'est aussi dans le mien. Tu sais comment je souffre chaque jour, car tu le vis aussi. Mais tu sais aussi que ton père n'aurait jamais voulu que l'on se terre dans notre tristesse. La maison était tellement vide sans vous deux, cela me faisait si mal à chaque fois que je rentrais du boulot. Alors, quand j'ai commencé à avoir des sentiments pour cette personne, je me suis dis qu'il fallait essayer, et qu'il fallait que je refasse ma vie sans l'oublier. C'est ce que j'ai fait. La personne m'aide à me sentir plus forte chaque seconde et me soutient à fond dans cet événement. Cette personne s'appelle Helen.
Elle a une fille plus âgé que toi et deux enfants en bas-âge et est divorcé. Je sais que tu ne veux peut-être pas tout ça mais c'est mon choix et j'aimerais que tu me soutiennes.
Ses enfants s'appellent Julia, qui a 15 ans, Amy et Adam, ils sont faux jumeaux et ont 5 ans tous les deux. Ce sont de véritables anges, ils te ressemblent vraiment, autant excité que sage. Je pense qu'ils t'adoreraient. Tu pourrais être leur soeur !
Helen est une sorcière que j'ai rencontré pour la première fois au Chemin de Traverse. J'ai beaucoup de chances d'avoir rencontré une sorcière pour ne plus avoir à me cacher. Pour l'instant, Adam et Amy vont à l'école Moldue, car Helen trouve que c'est très important d'apprendre à lire et à écrire convenablement. Ils sont très intelligents et ont compris très vite qu'il ne fallait pas parler de leurs origines particulières.

J'ai tellement hâte de te revoir et que tu rencontres Helen et sa famille !

Je t'aime de tout mon coeur,

Ta maman♥

Après de longues minutes passées à essayer de déchiffrer l'écriture de sa mère et à essayer de ne pas fondre en larmes, Solenn plia la lettre doucement et ses jambes se plièrent tandis que sa robe s’abîmait sur le mur de pierres rugueuses. Une larme puis l'autre vint glisser sur ses joues et prendre le chemin jusqu'à sa bouche. Un mélange d'eau et de sel la réveilla et elle secoua la tête en s'essyuant les yeux. Ce n'était pas une bonne idée de pleurer ici. Au même moment, la porte s'ouvrit.

02 novembre 2042

Alice chantonnait gaiement ! Elle avait reçu une lettre de sa mère ce matin même. Oh bien sûr, des lettres de sa mère, elle en recevait deux à trois fois par semaine, la famille étant très importante chez les Huet ! Mais là, cette lettre était particulière, elle l'informait que la femme de son parrain, qui était aussi le jeune frère de sa mère, allait accoucher d'ici quelques semaines et que le médecin avait la certitude qu'il s'agissait d'une petite fille ! Face à cette excellente nouvelle, la future maman : Linda, avait décidé que sa filleule serait la marraine de sa première fille ! Alice sourit, elle aimait beaucoup les petits enfants et les entendre rire et s'étonner du monde qui les entouraient lui mettait du baume au cœur. Tout en fredonnant l’hymne de Poudlard, elle entreprit de monter les grands escaliers de Poudlard pour ce rendre à la volière. Là bas, elle avait prévue d'envoyer une réponse positive à sa mère : évidement qu’elle acceptait ce rôle de marraine !

Arrivée tout en haut, elle ouvrit la porte, s'engouffra dans la volière et ... s'arrêta nette ! Là, dans un coin, une jeune fille affichait une tête bouleversée et on pouvait voir qu'elle avait pleuré... Alice la dévisagea un peu plus longuement, c'était une Serpentard aux cheveux roux et bouclés, ses yeux était bleus et de nombreuses tâches de rousseurs parsemaient son visage... La fillette se souvenait l'avoir croisé à plusieurs reprises dans les couloirs mais elle ne lui avait jamais vraiment parlé... Du coup, difficile de déterminer son âge ! Elle supposa qu'elle était comme elle, en deuxième année, mais elle ne pouvait pas en être sûr... Puis, elle remarqua que sa camarade tenait une lettre dans ses mains et la fillette se douta tout de suite qu'il devait y avoir des raisons familiales derrières ces sanglots. Doucement, elle s'approcha d'elle et avec affection, elle posa sa main sur l'épaule de la jeune Serpentard :

" Bonjour, es-ce que tout vas bien ? Tu pleures à cause de la lettre ? "

Et sur ces mots, elle attendit la réponse de la jeune fille, espérant que sur le long terme, elle arriverait à la consoler... En effet, Alice détestait voir les gens pleurer, cela la rendait triste...

Solenn, assise à même le sol, essuya ses larmes, réfléchissant par où elle devait passer pour croiser le moins de personnes possibles pour vite aller pleurer sur son lit, quand une fille ouvrit la porte de la Volière. Elle aperçut Solenn, les yeux rouges et s'avança vers elle. La jeune fille semblait jeune, ou du moins elle ne dépassait pas la deuxième année. D'après sa cravate, elle venait de Poufsouffle, la maison des travailleurs, des gentils, la maison qu'avait convoité Solenn. La jeune fille était très jolie, avec ses cheveux bruns chocolat et ses yeux de la même couleur. Elle avait un visage enfantin, sans pour autant faire trop jeune, et cela lui donnait un air adorable. Elle posa sa main sur l'épaule de Solenn. Elle avait l'air réellement inquiète pour Solenn, et demanda doucement :

-Bonjour, est-ce que tout vas bien ? Tu pleures à cause de la lettre ?

Solenn leva la tête vers elle, et ouvrit la bouche pour répondre. AU lieu de mots, ce fut des larmes qui vinrent répondre à la question de la Poufsouffle. Elle hocha la tête à l'affirmative, sans réussir à prononcer une phrase. Elle était si triste, alors qu'elle aurait dû en être au contraire heureuse pour sa mère ! Mais la pensée de devoir "remplacer" son père était trop dure. Des sanglots peu élégants vinrent accompagner ses larmes d'eau salée. La jeune fille resta silencieuse, ce que Solenn remercia en silence. Doucement, elle se calma, et ses pleurs se tarirent. Elle répondit alors à la jeune fille :

-Oui... Ma mère se remarie...

Elle avait besoin de tout raconter à quelqu'un, mais cette fille était une inconnue, et Solenn était trop timide pour vider son sac aussi facilement. Sa timidté n'était pas encore partie, et elle se battait quotidiennement pour parler aux gens. De plus, personne ne connaissait son histoire ici, personne ne savait qu'elle avait perdu son père. Elle était un peu une inconnue pour ses amis, même les plus proches. Elle s'était promise de ne rien révéler à la va-vite, de chercher la perle rare, d'attendre la ou le "meilleur-ami(e)". Mais arriverait-elle à le dénicher ? Ce n'était pas si sûr, avec sa timidité maladive.

" Bonjour, est-ce que tout vas bien ? Tu pleures à cause de la lettre ? "

Lorsque la jeune Poufsouffle prononça ces mots, elle vu la Serpentard relever la tête lentement et ouvrir la bouche, comme pour parler... Sauf qu'à la place des mots, ce furent des larmes qui coulèrent le long de ses joues. Sa camarade hocha la tête à l'affirmative et Alice en déduit qu'elle ne s'était pas trompée à propos de l’identité de la lettre. Elle attendit en silence que la jeune fille se calme. Elle se devait de lui laisser du temps pour pleurer et évacuer un peu de sa tristesse, avant de reprendre la parole. Car elle le savait, quand on était triste, il fallait mieux l'exprimer cette douleur plutôt que de se renfermer sur soi-même ! Alors qu'elle s'était plongée dans ses souvenirs, la jeune sorcière la ramena à la réalité en prenant la parole. La Poufsouffle remarqua rapidement qu'elle paraissait plus calme et que ses pleurs avaient faiblit.

" Oui... Ma mère se remarie... "

C'était donc cela ! Même si Alice n'avait jamais vécu une situation semblable, elle était tout de même capable de comprendre combien ça pouvait faire mal... D'ailleurs, si la mère de sa camarade se remariait, où était donc son père ? Alice supposa que cette dernière avait des parents divorcés mais rien n'était moins sûr : son père pouvait être mort et... Non, Alice se refusa de penser à cette possibilité, ce serait bien trop triste ! Un divorce était un cas beaucoup plus courant ! Elle plongea son regard dans celui de la jeune fille se demandant si celle-ci serait prête à partager le fardeau qu'elle portait sur ses épaules. * Peut-être pas tout de suite ? * pensa t-elle. De toute façon, le mieux était de commencer par faire connaissance, aussi la Poufsouffle déclara :

" Ca va mieux ? Je m'appelle Alice et je suis en deuxième année à Poufsouffle. Et toi, tu es ? "

Solenn n'avait pas été préparé pour ça. Dans son âme d'enfant, elle pensait bêtement que sa mère ne rencontrerait jamais une nouvelle personne et qu'elles vivraient ensemble toutes les deux. Mais même en sachant qu'elle s'était bornée d'illusions, cela lui faisait comme un trou dans le coeur. Elle avait l'impression de se retrouver orpheline, comme si sa mère n'était plus vraiment la sienne... La jeune Poufsouffle attendait pendant ce temps à côté d'elle, gentiment, sachant peut-être ce que c'était, de devoir partager l'un de ses parents avec deux enfants. La jeune fille savait visiblement comment réconforter les gens,e t Solenn avait vraiment besoin d'une personne comme elle, qui la ferait parler et vider son sac. La Poufsouffle lui caressa le dos et elle lui demanda doucement :

-Ca va mieux ? Je m'appelle Alice et je suis en deuxième année à Poufsouffle. Et toi, tu es ?

Solenn avait arrêté de pleurer, et se sentait fatiguée. Ses larmes lui avaient enlevé toute la bonne humeur et toute l'énergie qu'elle avait il y a quelques minutes. Elle répondit à la jeune fille en reniflant encore un peu :

-Oui, merci beaucoup. Je m'appelle Solenn et je suis en deuxième année à Serpentard.

la jeune fille était trop occupée à essayer de ne pas pleurer encore, elle en oubliait alors d'être timide. Elle n'avait même pas les joues rouges, ses yeux faisaient l'affaire. A force de se gratter les yeux, ils étaient rouges sang, donc en plus de voir qu'elle avait pleuré on pouvait croire qu'elle s'était faite agressée et qu'elle avait reçu un coup. Solenn regarda plus en détail le visage de la Poufsouffle. Elle semblait vraiment vouloir l'aider, porter ensemble son fardeau. Solenn n'était pas encore prête, mais savait que si elle se liait d'amitié avec elle elle pourrait lui avouer des choses que personne ici ne soupçonnaient. Vraiment personne. Même sa première amie de Poudlard était dans l'ignorance totale sur le passé de Solenn. Même son petit ami, enfin peut-être ex-petit ami... A cette sombre pensée le corps de Solenn s'affaissa. Elle avait le don de se rendre encore plus triste, et savait qu'écouter de la musique triste française n'allait pas l'aider. Au contraire.

-Je suis désolé de t'embêter avec ça. C'est juste que j'ai l'impression de perdre ma mère...

La jeune fille s'arrêta de pleurer et Alice lui en fut reconnaissante, difficile de ne pas pleurer à son tour en voyant quelqu'un d'aussi triste. La Poufsouffle continua à lui tapoter le dos en attendant que celle ci lui décline son identité, chose qu'elle ne tarda pas à faire en reniflant.

" Oui, merci beaucoup. Je m'appelle Solenn et je suis en deuxième année à Serpentard. "

Solenn donc... C'était un joli nom. Comme elle l'avait devinée, les deux filles étaient de la même année. Alice détailla la Serpentard du regard, elle semblait triste, très triste, et ses yeux étaient devenus rouge vif à force de les frotter. A chaque seconde passée, elle semblait s’affaisser encore plus. Alice aurait voulu la consoler mais elle ne trouvait pas les mots. Un tel chagrin la dépassait. Élevé dans une famille qui la surprotégeait, elle ne connaissait rien du monde extérieur et des ses malheurs... La jeune fille prit soudainement la parole :

" Je suis désolé de t'embêter avec ça. C'est juste que j'ai l'impression de perdre ma mère...  "

A cette phrase, Alice se sentit obligée de répliquer. Elle ne voulait surtout pas que sa camarade pense qu'elle puisse l'embêter. Ca devait être une épreuve terriblement dur à passer et la petite Poufsouffle avait compris que dans ces moments là, c'était bien de pouvoir en parler à quelqu'un.

" Tu ne m'embête pas du tout, ne t'inquiète pas. "

Elle hésita un instant avant de reprendre :

" Je ne sais pas ce que ça fait... de... d'avoir une mère qui se remarie mais... si tu veux te confier, je suis prête à t'écouter. "

Puis, elle fouilla dans sa poche et en sortit un mouchoir qu'elle tendit à Solenn en souriant :

" Prends-le, il est propre. "

Elle posa le mouchoir dans la main de la jeune fille qu'elle espérait ne pas avoir brusquée avec ses propos quelque peu maladroits...


Sincèrement navrée pour le retard

Des larmes presque sèches coulaient encore sur les joues de Solenn, laissant une trace plus sombre que son blanc visage. Alice semblait quelque peu gênée, et Solenn essaya de reprendre contenance. Elle renifla un bon coup, alors que Alice lui assurait qu'elle ne l'embêtait pas. Solenn lui fit un petit sourire triste, pour la remercier de bien vouloir rester près d'elle. La jeune Poufsouffle reprit :

-Je ne sais pas ce que ça fait... de... d'avoir une mère qui se remarie mais... si tu veux te confier, je suis prête à t'écouter.

Elle lui tendit après un mouchoir, propre d'après elle, que Solenn prit volontiers en murmurant un "merci" inaudible. La jeune française se sécha les yeux, puis se moucha dans un bruit de trompette. Elle attendit un peu, les yeux fixés sur le mouchoir tout froissé, et, d'un coup, se lança :

-Je pensais pas que ma mère allait tout de suite se remettre en couple... Cela ne fait que quelques mois que mon père est... parti, et je pensais qu'elle allait rester seule avec moi un peu. Mais non, il a fallu tout de suite qu'elle m'oublie ! Pourq...

La fin se finit dans un gros sanglot, mais la rousse essaya de ne pas se remettre à pleurer. Alice ne devait pas avoir non plus des dizaines de mouchoirs en poche. Solenn se rendit compte qu'elle devait embarrasser Alice, et même si la brune lui avait assuré que tout était bon, elle lui redemanda une seconde fois, tout en se frottant l'oeil droit :

-Tu es sûr que je ne te dérange pas ?

Solenn détestait mettre les personnes dans des positions inconfortables, et là, c'en était une.

Alice attendit que sa camarade se mouche et s'essuie les yeux avant de lui serrer la main pour lui exprimer son soutien. Celle-ci garda tout d'abord le regard rivé sur le mouchoir puis surprit la fillette en se lançant :

" Je pensais pas que ma mère allait tout de suite se remettre en couple... Cela ne fait que quelques mois que mon père est... parti, et je pensais qu'elle allait rester seule avec moi un peu. Mais non, il a fallu tout de suite qu'elle m'oublie ! Pourq... "

Alice était désemparée... Alors c'était ça ! Solenn se sentait abandonnée, pensant que sa mère s'était remariée parce qu'elle ne lui suffisait plus... Était-ce une forme de jalousie au fond ? Sûrement que s'en était un peu, ce sentiment d'abandon. La petite ne savait que faire, elle n'était pas habituée à la tristesse et malgré ça elle ressentait celle de sa camarade. Si sa grand-mère avait été là, elle aurait sûrement été de bon conseil mais entre Poudlard et la France, il y avait un sacré bout de chemin. Ainsi la jeune Poufsouffle devrait se débrouiller seule pour consoler la jeune Serpentard qui ajouta :

" Tu es sûr que je ne te dérange pas ? "

Là-dessus au moins, elle pouvait répondre sans craindre de dire une bêtise :

" Je suis sûr que tu ne me dérange pas oui. "

Elle hésita avant de reprendre, voulant plus que tout ménager Solenn et lui éviter de nouvelles larmes :

" Tu sais... Je ne pense pas que ta mère t'es oubliée. Elle t'aime mais elle aime aussi une autre personne. Je pense... que l'amour ça se partage pas, que c'est illimité et que même si elle aime quelqu'un d'autre, ça ne veut pas dire qu'elle t'aime moins... Fin' tu es sa fille, elle peut pas t'oublier. "

En disant ces mots, elle avait pris soin de regarder ailleurs... Et si elle avait fait du mal à sa nouvelle amie ? Ou que celle-ci se remettait à pleurer... Elle commença à jouer avec ses doigts en comptant les secondes mais n'y tenant plus, demanda :

" Pourquoi il est parti ton père ? "

Très vite, la gentille Poufsouffle l'assura que ses pleurs et sa présence ne la dérangeaient pas. Puis, délicatement, elle lui donna son avis sur l'affaire. Tout en se calmant, Solenn réfléchit aux sens de ces mots. Sa mère l'aimait toujours... Elle ne pouvait pas l'oublier... La petite fille avait totalement raison. Abigail aimait Solenn, cela se voyait dans la lettre. La rousse avait été jalouse. Elle avait pensé un instant que les deux femmes resteraient toujours ensemble, seules, partageant leurs fardeaux respectifs. La mort. Avec un soupir, elle murmura un : "merci" presque inaudible. La brunette avait raison. Sa mère l'aimait toujours autant. C'était difficile pour s'en rendre compte, et l'esprit un peu trop encombré de la jeune Serpentard n'avait pas pu le comprendre tout de suite. Mais c'était comme lors de sa naissance. Sa mère avait multiplié son amour par deux. Son père et elle. Elle sécha ses larmes, avec même un petit sourire sur le visage. Qu'est-ce qu'elle avait honte maintenant, d'avoir pleuré pour cela ! Elle pleurait un peu trop, à Poudlard. Peut-être l'air écossais ne lui réussissait pas... Ça jouait sur ses humeurs...
Puis, tout rebascula. Les larmes lui remontèrent aux yeux, et sa bouche se déforma en une grimace de douleur. Papa ! Où es-tu passé ? Les larmes étaient plus fortes, plus grosses que les précédentes. La douleur dans son coeur qu'elle avait eu lors de l'enterrement revint. Alors, entre deux hoquets de tristesse, elle répondit à la Poufsouffle sans un mot, mais seulement en montrant le ciel avec son index tremblant. Elle n'aurait pas pu lui mentir aujourd'hui. Mais en temps normal, elle arrivait à se contrôler. Peut-être était-ce la lettre qui l'avait rendue fébrile. Sûrement. Elle ne voulait pas pleurer devant tout le monde qui lui posait des questions sur son père !

Alice sourit légèrement en tournant à nouveau son regard vers sa camarade, on aurait dit qu'elle se calmait. Elle eu l'impression que celle-ci lui murmurait quelque chose mais peut-être était-ce simplement son esprit qui lui jouait des tours. Mais dès qu'elle eu posé la question fatale, la figure de Solenn s'assombrit et elle recommença à pleurer. Celle-ci était si rouge et pleurait tellement que la fillette avait peur qu'elle ne fasse un malaise, elle voulut lui prendre la main pour lui transmettre un peu de réconfort mais celle-ci esquissa un mouvement avant elle. Elle leva un index trembla et le pointa vers le ciel. Alice mit quelques secondes à comprendre ce geste. Elle leva des yeux peinées vers sa camarade qui avait perdu son père, et sans même réfléchi, passa ses bras autour de sa camarade et la serra très fort. La petite s'en voulait d'avoir fait ressurgir un tel souvenir dans l'esprit de la Serpentard qui venait de pleurer peu avant pour sa mère remariée. Puis elle se détacha en se grattant les cheveux, embêtée et attristée :

" Je suis vraiment désolée, pardonne-moi, je ne voulais pas te faire penser à... ça... "

Toujours hésitante, elle reprit la main de sa camarade et lui proposa :

" Ca te dirait qu'on aille prendre l'air dehors ? "

Elles commençaient à étouffer dans la pièce où voletaient de nombreux hiboux et si une personne entrait dans la pièce, elle poserait des questions et Alice soupçonnait Solenn de ne pas tenir le coup si cela devait se produire.