Toujours plus haut
Premier weekend après la rentrée, 2042
Fin de matinée, temps brumeux, frais
“Aïe ! Mince ! Non… Non.. Non !”
“Aïe…”
Les yeux vers le plafond de la Grande Salle, ses effets éparpillés autour d’elle, son souffle coupé et ses sourcils froncés, Leenore maudit cette maladresse matinale qui ne lui ressemble pas. Malgré plusieurs moulinets de bras, malgré avoir essayé de se retenir au coin de la table, elle avait glissé et s’était étalée au sol, chute inéluctable. Pendant quelques secondes elle n’ose pas bouger, mais un léger rire se fait entendre suivit de bras secourables qui la redressent. Elle remercie l’écharpe rouge et or, un de ses aînées, qui vérifie que tout va bien avant de remonter en salle commune. La violette soupire et bouge chacun de ses membres sans qu’aucune douleur ne se fasse sentir.
*Plus de peur que de mal… Mais quand même, j’aurais du faire attention…*
Heureusement, à cette heure-là il y a peu de monde, alors elle ne s’est pas trop ridiculisée. Elle baille et récupère au sol son courrier cacheté et sa besace qui, fermée, ne s’est heureusement pas répandue avec elle. L’enveloppe est un peu froissée à son coin haut gauche mais rien de très grave. Elle s’en serait voulue si elle aurait dû tout réécrire. Comptant en plus les devoirs qu’elle a déjà à rendre l’envoi de sa lettre aurait été repoussé. Ses parents se seraient inquiétés, du moins c’est ce qu’elle pense. Où alors c’est surtout elle qui veut de leurs nouvelles, ils lui manquent tellement ! Elle ouvre son sac et glisse entre deux pages de son livre de sortilège son bien précieux et en sort la carte de l’école. Bien que les escaliers n’en font qu’à leur tête elle reste très utile pour se repérer. Elle sursaute lorsque l’horloge résonne chaque coup des onze heures.
*Il faut que je me dépêche, comme ça je pourrais peut-être aller voir Isobel après ! Comment on fait pour se retrouver sans téléphone et dans une maison différente ? L'école est si grande ! Tant pis, je chercherais.*
Sa première semaine a été mouvementée à souhait et très vite elle s’était pliée aux horaires et au cours tous plus intéressants et passionnants les uns que les autres. Rencontrer des camarades a été beaucoup plus simple que prévu, il faut dire qu’ils étaient beaucoup de nouveaux, comme chaque année apparemment. Elle ne savait pas que Poudlard possédait autant d’élèves. Mais quand elle avait vu la taille de l’école elle ne pouvait plus douter de sa capacité à tous les recevoir. Rien que pour ces derniers jours, ce matin, elle avait écrit deux parchemins entiers. Parler de ses nouvelles amies, des couloirs, des cours, des professeurs, du lac et surtout du fait qu’elle ait vu des futurs sorciers voler sur des balais lui en avait pris une. Leur demander des nouvelles, leur parler de ses ressentis sur la distance, de Pex et des photos magiques une seconde.
Avec un sourire large l’enfant se hâte vers les marches de la Tour Ouest.
Chaque pas de plus lui semble plus lourd que le précédent, et pourtant, obstinée, elle avance. Parfois elle jette un œil aux meurtrières qui lui offre un visuel sur son avancée, et chaque fois elle ronronne d'être plus haut. Son père en serait fou, ou peut-être pas. Après tout, elle est en sécurité sur ces marches, entourée d'un amas de pierres qui forme la tour ouest. Mais il sait qu'elle aime la hauteur, il sait qu'elle chercherait à tout pris à aller encore plus loin ! Peut-être ne devrait-elle pas lui parler de Quidditch... Non, clairement, ce n'était guère une bonne idée.
*Depuis combien de temps je monte… Il y a combien de marches en tout ? Les sorciers ne connaissent pas les ascenseurs ? Est-ce qu’on peut y monter en balais ? Je me demande si on a une belle vue, tout en haut… J’ai hâte !*
Elle presse le pas malgré que son souffle soit un peu plus court. Elle a bien essayé de sauter les marches deux par deux mais elles sont trop hautes. Et là qu’elle arrive au dernier étage et bien… Certaines marches n’ont pas la même taille alors elle fixe ses pieds pour ne pas tomber. Lorsque là, elle la sent. Ses poils se hérissent et son visage se crispe.
“C’est quoi cette odeur ?! Pouah !”
Aussitôt elle remonte son écharpe chaude jusqu’à son nez et respire l’odeur cette fois douce de la lessive qu’utilise l’école. Comprenant que cette porte donne sur la volière et que si elle l’ouvre se sera pire elle respire un grand coup l’air encore “presque sain” de l’escalier avant de saisir la poignet, la tourner et entrer. Un instant, la magie des lieux lui fait oublier l’odeur et les fientes qui jonchent l’endroit. Une grosse vingtaine d’oiseaux, hiboux et chouettes confondues, l’entourent. Certains dorment là où d’autres la fixent avec attention. Tout en fouillant dans son sac elle se rappelle les paroles entendues en salle commune :
“....on peut envoyer un courrier même si on a pas de chouette.
- Ah bon ? Mais comment est-ce possible ?
- Poudlard a son propre service postal. Dans la volière il y a les chouettes et hiboux des élèves et professeurs mais aussi ceux de l’école. On peut “emprunter” ceux de l’école pour faire parvenir du courrier à notre famille.
- Mais c’est super ça, et du coup, comment on fait pour en avoir…”
Oui, elle se souvient bien de la conversation. Mais elle n’a pas pensé à un problème de taille.
“Mais comment je sais quelle chouette choisir ?”
Le hululement soudain d’une de ses dernières la fait bondir de surprise. Elle rit, amusée et s’approche de la chouette chevêche et grattouille juste en dessous de son bec ce qui lui vaut un second hululement d'appréciation. La violette resserre sa cape lourde et chaude sur elle, contente de l'avoir dans cet hôtel des courants d'air par ce jour si frais. Ne sachant plus quoi faire elle soupire, triste. Elle se perd un instant dans la contemplation du panorama que lui offre les ouvertures de la volière. Néanmoins lorsqu'un bruit sourd se fait entendre elle se retourne, en contre-jour elle ne voit rien et plisse les yeux pour mieux voir.
"Je suis né par curiosité. Y a-t-il meilleure raison de naître ?" - Daniel Pennac
♥ amie des Poufsouffles ♥
(avatar © vasira -deviantartiste)
Fin de matinée, temps brumeux, frais
“Aïe ! Mince ! Non… Non.. Non !”
SBAMM !!!
“Aïe…”
Les yeux vers le plafond de la Grande Salle, ses effets éparpillés autour d’elle, son souffle coupé et ses sourcils froncés, Leenore maudit cette maladresse matinale qui ne lui ressemble pas. Malgré plusieurs moulinets de bras, malgré avoir essayé de se retenir au coin de la table, elle avait glissé et s’était étalée au sol, chute inéluctable. Pendant quelques secondes elle n’ose pas bouger, mais un léger rire se fait entendre suivit de bras secourables qui la redressent. Elle remercie l’écharpe rouge et or, un de ses aînées, qui vérifie que tout va bien avant de remonter en salle commune. La violette soupire et bouge chacun de ses membres sans qu’aucune douleur ne se fasse sentir.
*Plus de peur que de mal… Mais quand même, j’aurais du faire attention…*
Heureusement, à cette heure-là il y a peu de monde, alors elle ne s’est pas trop ridiculisée. Elle baille et récupère au sol son courrier cacheté et sa besace qui, fermée, ne s’est heureusement pas répandue avec elle. L’enveloppe est un peu froissée à son coin haut gauche mais rien de très grave. Elle s’en serait voulue si elle aurait dû tout réécrire. Comptant en plus les devoirs qu’elle a déjà à rendre l’envoi de sa lettre aurait été repoussé. Ses parents se seraient inquiétés, du moins c’est ce qu’elle pense. Où alors c’est surtout elle qui veut de leurs nouvelles, ils lui manquent tellement ! Elle ouvre son sac et glisse entre deux pages de son livre de sortilège son bien précieux et en sort la carte de l’école. Bien que les escaliers n’en font qu’à leur tête elle reste très utile pour se repérer. Elle sursaute lorsque l’horloge résonne chaque coup des onze heures.
*Il faut que je me dépêche, comme ça je pourrais peut-être aller voir Isobel après ! Comment on fait pour se retrouver sans téléphone et dans une maison différente ? L'école est si grande ! Tant pis, je chercherais.*
Sa première semaine a été mouvementée à souhait et très vite elle s’était pliée aux horaires et au cours tous plus intéressants et passionnants les uns que les autres. Rencontrer des camarades a été beaucoup plus simple que prévu, il faut dire qu’ils étaient beaucoup de nouveaux, comme chaque année apparemment. Elle ne savait pas que Poudlard possédait autant d’élèves. Mais quand elle avait vu la taille de l’école elle ne pouvait plus douter de sa capacité à tous les recevoir. Rien que pour ces derniers jours, ce matin, elle avait écrit deux parchemins entiers. Parler de ses nouvelles amies, des couloirs, des cours, des professeurs, du lac et surtout du fait qu’elle ait vu des futurs sorciers voler sur des balais lui en avait pris une. Leur demander des nouvelles, leur parler de ses ressentis sur la distance, de Pex et des photos magiques une seconde.
Avec un sourire large l’enfant se hâte vers les marches de la Tour Ouest.
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Chaque pas de plus lui semble plus lourd que le précédent, et pourtant, obstinée, elle avance. Parfois elle jette un œil aux meurtrières qui lui offre un visuel sur son avancée, et chaque fois elle ronronne d'être plus haut. Son père en serait fou, ou peut-être pas. Après tout, elle est en sécurité sur ces marches, entourée d'un amas de pierres qui forme la tour ouest. Mais il sait qu'elle aime la hauteur, il sait qu'elle chercherait à tout pris à aller encore plus loin ! Peut-être ne devrait-elle pas lui parler de Quidditch... Non, clairement, ce n'était guère une bonne idée.
*Depuis combien de temps je monte… Il y a combien de marches en tout ? Les sorciers ne connaissent pas les ascenseurs ? Est-ce qu’on peut y monter en balais ? Je me demande si on a une belle vue, tout en haut… J’ai hâte !*
Elle presse le pas malgré que son souffle soit un peu plus court. Elle a bien essayé de sauter les marches deux par deux mais elles sont trop hautes. Et là qu’elle arrive au dernier étage et bien… Certaines marches n’ont pas la même taille alors elle fixe ses pieds pour ne pas tomber. Lorsque là, elle la sent. Ses poils se hérissent et son visage se crispe.
“C’est quoi cette odeur ?! Pouah !”
Aussitôt elle remonte son écharpe chaude jusqu’à son nez et respire l’odeur cette fois douce de la lessive qu’utilise l’école. Comprenant que cette porte donne sur la volière et que si elle l’ouvre se sera pire elle respire un grand coup l’air encore “presque sain” de l’escalier avant de saisir la poignet, la tourner et entrer. Un instant, la magie des lieux lui fait oublier l’odeur et les fientes qui jonchent l’endroit. Une grosse vingtaine d’oiseaux, hiboux et chouettes confondues, l’entourent. Certains dorment là où d’autres la fixent avec attention. Tout en fouillant dans son sac elle se rappelle les paroles entendues en salle commune :
“....on peut envoyer un courrier même si on a pas de chouette.
- Ah bon ? Mais comment est-ce possible ?
- Poudlard a son propre service postal. Dans la volière il y a les chouettes et hiboux des élèves et professeurs mais aussi ceux de l’école. On peut “emprunter” ceux de l’école pour faire parvenir du courrier à notre famille.
- Mais c’est super ça, et du coup, comment on fait pour en avoir…”
Oui, elle se souvient bien de la conversation. Mais elle n’a pas pensé à un problème de taille.
“Mais comment je sais quelle chouette choisir ?”
Le hululement soudain d’une de ses dernières la fait bondir de surprise. Elle rit, amusée et s’approche de la chouette chevêche et grattouille juste en dessous de son bec ce qui lui vaut un second hululement d'appréciation. La violette resserre sa cape lourde et chaude sur elle, contente de l'avoir dans cet hôtel des courants d'air par ce jour si frais. Ne sachant plus quoi faire elle soupire, triste. Elle se perd un instant dans la contemplation du panorama que lui offre les ouvertures de la volière. Néanmoins lorsqu'un bruit sourd se fait entendre elle se retourne, en contre-jour elle ne voit rien et plisse les yeux pour mieux voir.
"Je suis né par curiosité. Y a-t-il meilleure raison de naître ?" - Daniel Pennac
♥ amie des Poufsouffles ♥
(avatar © vasira -deviantartiste)
Toujours plus haut
Dans la salle commune des gryffons.
" J'étais pourtant sûr de l'avoir réussit... J'ai même cité le cétoscope-truc là ! Pff... 'Acceptable', 'ac-cep-table'... "
Assis aux pieds d'un fauteuil, Elijah avait les coudes posés sur la table basse, le menton calé dans le creux de sa paume. Face à lui, cerclée de rouge, elle était là... à le toiser, à lui tirer la langue, à le narguer : sa première 'mauvaise' note... Il s'était bien passé cinq minutes depuis qu'il avait commencé à fixer son A façon 'baisse les yeux'. Elle plierait, elle s'avouerait vaincue, elle capitulerait sous le joug de son regard meurtrier et ondulerait en un O bien-tracé-bien-net...
" Alleeeez Eli, respiiiire ! C'est qu'un devoir, qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Et puis tout le monde s'en fout de l'astronomie... " Ezekiel, un aîné qui aimait bien l'asticoter, était allongé en diagonale sur le fauteuil au bas duquel le rouquin se trouvait. Il remuait dans le vide ses deux jambes, lesquelles menaçaient à tout moment de heurter l'arrière du crâne du rouquin.
" C'est facile pour toi de dire ça, tu connais pas ma mère ! "
Ezekiel pouffa de rire. " Si t'avais été malin, tu ne l'aurais pas habituée aux O et aux E d'entrée de jeu. "
Elijah haussa les épaules et poussa un long soupir. Il était de ces élèves qui étaient très mauvais en pratique, mais qui se rattrapaient dans la théorie. Les devoirs : c'était son dada ! Il avait réussit à n'avoir que des O et des E dans toutes les matières, jusqu'à ce que tombe son premier devoir d'astronomie. Un A, me direz-vous, c'pas mal ! Pas extraordinaire, bien sûr, mais au dessus de la moyenne !
Seulement voilà, quand vous ne parvenez pas à lancer de sortilèges, que vous faites exploser vos potions en cours, que vous glissez de votre balais le premier jour, et que vous n'arrivez même pas à teindre un poil de bras en métamorphose... vous vous en tenez à ce que vous savez faire le mieux pour équilibrer la balance. Dans le cas d'Elijah, donc : obtenir de bonnes notes. Quand quelque chose relève le niveau, vous vous y raccrochez de toutes vos forces : vous visez l'excellence ! Et recevoir un A... bah non... y a même pas de 'a' dans 'excellence'...
Zek, le voyant tout pensif, lui ébouriffa les cheveux.
" Allez ptit loup, tu prends ton courage à deux mains, tu montes à la volière, t'envoies un hibou à ta mère, et hop ! Terminé bonsoir ! "
" J'aurais dû le lui annoncer il y a déjà une semaine... ça peut bien attendre une de plus non ? J'ai pas envie d'aller rejoindre les mous du bec à plumes... Et puis la volière ça PUE, c'est HAUT, c'est LOIN, et même qu'il fait FROID, et que même que je suis sûr qu'il va PLEUVOIR ! Et que... "
Ezekiel soupira et leva les bras au ciel. " Vis ma vie de pénible... Tu vas la boucler et te tirer d'ici ou est-ce que c'est ton slibard que j'tire jusqu'au sommet de ton crâne ?? "
" ... T'es pas obligé de le dire sur ce ton, espèce de sale derrière de murlop tout lisse... "
Ezekiel lui pinça l'oreille. " Qu'est-ce que tu as diiit ? J'suis pas sûr d'avoir bien compriiis ? "
" Aïe Aïe Aïe ! Oui, bon, bah ça vaaa, j'y vais... " une claque derrière la tête plus tard " J'Y VAAAAAAIS !!! "
Dix minutes plus tard, Elijah grimpait péniblement à la volière. Son enveloppe à la main, la mine renfrognée, il avançait au ralenti et trainait des pieds. Si le vent pouvait souffler d'un coup et le faire chuter dans les escaliers : un petit séjour à l'infirmerie l’empêcherait d'envoyer sa missive. Et sa maman oublierait sans doute sa note si elle le savait entre la vie et la mort ! Peut-être lui enverrait-elle même des chocolats ?
* Pas d'échappatoire possible... Quand faut y aller... *
Il souffla un grand coup et s'engouffra dans la tour, son nez coincé entre deux de ses doigts pour l’empêcher de respirer l'odeur pestilentielle qui y régnait.
"Chalut les poulettes ! Ch'est mouaaaaaaaaah ! " entrée fracassante : checked. Avoir eu l'idée de vérifier que la tour était vide avant de se lancer : pas checked...
" Heeeeeeeeeey... " le rouge lui monta aux joues alors qu'il agitait les pistolets formés par ses pouces et ses index dans la direction de... " Leeeeen... Héhéhé, j'espère que je t'ai pas fait peur... "
Il marqua un temps d’arrêt pour siffloter en regardant le plafond avant d'ajouter :
" ... Beau temps n'est-ce pas ? "
Ce fut, bien sûr, ce moment que choisit une énorme bourrasque de vent pour s'engouffrer dans la tour et leur ébouriffer les cheveux... Mais il n'en fit pas grand cas, car il remarqua que Leen se dirigeait vers...
" Ne t'approche surtout pas de Frangefreluche ! Il est complètement pété de l'armoire et gnaque tout ce qui bouge ! "
Figé dans son geste, un hibou ébouriffé doté d'une frange coupée bien droite recula lentement, le bec toujours ouvert.
" J'étais pourtant sûr de l'avoir réussit... J'ai même cité le cétoscope-truc là ! Pff... 'Acceptable', 'ac-cep-table'... "
Assis aux pieds d'un fauteuil, Elijah avait les coudes posés sur la table basse, le menton calé dans le creux de sa paume. Face à lui, cerclée de rouge, elle était là... à le toiser, à lui tirer la langue, à le narguer : sa première 'mauvaise' note... Il s'était bien passé cinq minutes depuis qu'il avait commencé à fixer son A façon 'baisse les yeux'. Elle plierait, elle s'avouerait vaincue, elle capitulerait sous le joug de son regard meurtrier et ondulerait en un O bien-tracé-bien-net...
" Alleeeez Eli, respiiiire ! C'est qu'un devoir, qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Et puis tout le monde s'en fout de l'astronomie... " Ezekiel, un aîné qui aimait bien l'asticoter, était allongé en diagonale sur le fauteuil au bas duquel le rouquin se trouvait. Il remuait dans le vide ses deux jambes, lesquelles menaçaient à tout moment de heurter l'arrière du crâne du rouquin.
" C'est facile pour toi de dire ça, tu connais pas ma mère ! "
Ezekiel pouffa de rire. " Si t'avais été malin, tu ne l'aurais pas habituée aux O et aux E d'entrée de jeu. "
Elijah haussa les épaules et poussa un long soupir. Il était de ces élèves qui étaient très mauvais en pratique, mais qui se rattrapaient dans la théorie. Les devoirs : c'était son dada ! Il avait réussit à n'avoir que des O et des E dans toutes les matières, jusqu'à ce que tombe son premier devoir d'astronomie. Un A, me direz-vous, c'pas mal ! Pas extraordinaire, bien sûr, mais au dessus de la moyenne !
Seulement voilà, quand vous ne parvenez pas à lancer de sortilèges, que vous faites exploser vos potions en cours, que vous glissez de votre balais le premier jour, et que vous n'arrivez même pas à teindre un poil de bras en métamorphose... vous vous en tenez à ce que vous savez faire le mieux pour équilibrer la balance. Dans le cas d'Elijah, donc : obtenir de bonnes notes. Quand quelque chose relève le niveau, vous vous y raccrochez de toutes vos forces : vous visez l'excellence ! Et recevoir un A... bah non... y a même pas de 'a' dans 'excellence'...
Zek, le voyant tout pensif, lui ébouriffa les cheveux.
" Allez ptit loup, tu prends ton courage à deux mains, tu montes à la volière, t'envoies un hibou à ta mère, et hop ! Terminé bonsoir ! "
" J'aurais dû le lui annoncer il y a déjà une semaine... ça peut bien attendre une de plus non ? J'ai pas envie d'aller rejoindre les mous du bec à plumes... Et puis la volière ça PUE, c'est HAUT, c'est LOIN, et même qu'il fait FROID, et que même que je suis sûr qu'il va PLEUVOIR ! Et que... "
Ezekiel soupira et leva les bras au ciel. " Vis ma vie de pénible... Tu vas la boucler et te tirer d'ici ou est-ce que c'est ton slibard que j'tire jusqu'au sommet de ton crâne ?? "
" ... T'es pas obligé de le dire sur ce ton, espèce de sale derrière de murlop tout lisse... "
Ezekiel lui pinça l'oreille. " Qu'est-ce que tu as diiit ? J'suis pas sûr d'avoir bien compriiis ? "
" Aïe Aïe Aïe ! Oui, bon, bah ça vaaa, j'y vais... " une claque derrière la tête plus tard " J'Y VAAAAAAIS !!! "
Dix minutes plus tard, Elijah grimpait péniblement à la volière. Son enveloppe à la main, la mine renfrognée, il avançait au ralenti et trainait des pieds. Si le vent pouvait souffler d'un coup et le faire chuter dans les escaliers : un petit séjour à l'infirmerie l’empêcherait d'envoyer sa missive. Et sa maman oublierait sans doute sa note si elle le savait entre la vie et la mort ! Peut-être lui enverrait-elle même des chocolats ?
* Pas d'échappatoire possible... Quand faut y aller... *
Il souffla un grand coup et s'engouffra dans la tour, son nez coincé entre deux de ses doigts pour l’empêcher de respirer l'odeur pestilentielle qui y régnait.
"Chalut les poulettes ! Ch'est mouaaaaaaaaah ! " entrée fracassante : checked. Avoir eu l'idée de vérifier que la tour était vide avant de se lancer : pas checked...
" Heeeeeeeeeey... " le rouge lui monta aux joues alors qu'il agitait les pistolets formés par ses pouces et ses index dans la direction de... " Leeeeen... Héhéhé, j'espère que je t'ai pas fait peur... "
Il marqua un temps d’arrêt pour siffloter en regardant le plafond avant d'ajouter :
" ... Beau temps n'est-ce pas ? "
Ce fut, bien sûr, ce moment que choisit une énorme bourrasque de vent pour s'engouffrer dans la tour et leur ébouriffer les cheveux... Mais il n'en fit pas grand cas, car il remarqua que Leen se dirigeait vers...
" Ne t'approche surtout pas de Frangefreluche ! Il est complètement pété de l'armoire et gnaque tout ce qui bouge ! "
Figé dans son geste, un hibou ébouriffé doté d'une frange coupée bien droite recula lentement, le bec toujours ouvert.