2 septembre 2043

Il n’était que 7h mais Shreya était déjà en route vers la volière, tout bonnement incapable de trouver le sommeil. Elle était debout depuis près d’une heure. Ce n’était pas facile pour la jeune Varma de s’habituer à sa nouvelle chambre, aux autres occupantes… Elle avait attendu Poudlard durant toute son enfance mais maintenant qu’elle y était, maintenant l’adrénaline de la répartition retombée, elle se sentait vidée de force. Vidée de force mais incapable de dormir.

Le manoir lui manquait. L’immense jardin lui manquait. Sa chambre lui manquait ! Sa chambre, avec son lit en baldaquin, sa gigantesque armoire, sa coiffeuse et son grand miroir… Sa chambre, avec un placard ou se trouvaient toutes ses peluches, avec un buffet contenant tous ses livres d’histoire, avec le faux-plafond étoilé qui lui conférait un sentiment d’apaisement et de quiétude a chaque fois qu’elle levait les yeux.

Sans parler de ses parents et du reste de sa famille…

C’était donc une des raisons qui faisait que la volière était sa destination. Puisqu’elle n’avait pu dormir, elle avait décidé d’écrire à ses parents au plus vite. C’était donc chose faite, et si elle se dépêchait de poster sa lettre, ils pourraient lui répondre avant la tombée de la nuit, avec un peu de chance.

Mais alors qu’elle entrait dans la volière, complètement perdue dans ses pensées, et l’esprit un peu embrumé il fallait bien l’avouer, par le manque de sommeil, elle trébucha et s’affala lourdement par terre.

« Ahhhhh ! » s’exclama-t-elle, d’une voix rendue plus aigüe qu’à l’ordinaire par la douleur.

Elle releva la tete. Pour tomber face à quelqu’un qui la regardait, un air indescriptible sur le visage.

Insomniaque. C'était un mot comme un autre mais ça représentait tellement de choses pour elle, notamment son manque de sommeil, sans étonnement. La plupart du temps, elle restait en salle commune ou dans son lit mais des fois, elle sortait en faisant attention à ne pas se faire prendre. Sûrement que bien des gens savaient qu'elle sortait et que cela lui retomberait dessus à un moment donné mais c'était comme ça. La volière n'était pas un endroit qu'elle appréciait particulièrement, tout était bruyant, puant mais pour une fois, ça avait été son refuge. Elle n'y avait été que très tôt ce matin, aux alentours de 5h après avoir accepté qu'elle ne dormirait pas aujourd'hui et que c'était pas très grave. Elle ne savait pas vraiment pourquoi mais le bruit des oiseaux avait toujours eu cet effet hypnotisant pour elle. Sûrement parce qu'elle avait longtemps rêvé d'en être un pour s'envoler et ne plus jamais revenir. L'année ne faisait que commencer mais elle pouvait déjà sentir les changements par rapport à sa première année. Comme le fait étrange que Loïk et Samuel lui avaient demandé de leur écrire, chose qu'elle n'avait jamais fait à par avec Solenn durant l'été.

Cela avait été le silence absolu, autre le bruit des oiseaux avant que la porte ne s'ouvre en grinçant et qu'un corps s'affale par terre, envoyant valser les oiseaux à proximité, par peur. Comme elle hurla, Cassiopée se dit qu'elle dû avoir mal car il aurait été un peu stupide de crier en la voyant elle, puisqu'elle ne devait pas avoir grand chose de menaçant. Prit d'une étrange envie de l'aider, elle lui tendit la main en s’engueulant mentalement. Depuis quand aider les gens faisait partit de ses habitude ? Sûrement un truc qui lui était arrivé cet été. Malheur à elle.

-Allez, lève toi. Sa voix, rauque et sifflante ne devait être à peine plus haute qu'un murmure mais dans le silence presque parfait de la volière, on entendit la phrase comme si elle l'avait hurlé.

- Allez, lève-toi.

La voix de l’inconnue était fascinante. Et elle était belle. Son teint était très pale, elle avait de longs cheveux noirs ondulés et des yeux verts. Mais elle possédait une sorte de prestance, et ses gestes étaient élégants. Shreya se dit qu’elle serait magnifique si elle souriait un peu plus. Ce fut alors qu’elle remarqua des cernes sous ses yeux et elle comprit que son interlocutrice n’avait pas dû dormir beaucoup cette nuit, tout comme elle. La jeune Varma s’intéressait peu aux gens et l’épisode de la veille l’avait montré. Mais elle ignorait pourquoi, cette fille attisait énormément sa curiosité. Elle la trouvait spéciale. Alors, elle accepta son aide et prit sa main, afin de se relever. Mettre sa fierté de côté était bon, parfois.

- Merci, murmura-t-elle en réponse.

Elle ne savait pas quoi ajouter de plus. Mais elle sentait qu’elle le devait. Ce fut alors qu’elle réalisa que sa camarade était une élève de Serpentard aussi, bien qu’elle ne soit pas en première année comme Shreya. Peut-être… Peut-être qu’elle pourrait l’aider ? L’aider à comprendre pourquoi elle se sentait si seule alors qu’elle était bien entourée, l’aider à s’ouvrir aux autres, l’aider à s’accepter comme elle était au lieu de vouloir le cacher.

Car la jeune Varma avait beaucoup réfléchi, durant la nuit. Elle s’était demandée pourquoi son échange avec Thaléa avait été si froid, si impersonnel. Lorsqu’elle n’aimait pas une personne, elle n’hésitait pas à le lui faire comprendre. Alors pourquoi ne l’avait-elle pas fait avec la jeune Kisley ? Pourquoi avait-elle revêtu un masque de neutralité, privilégiant la diplomatie ? Et puis, d’un coup, la réalité l’avait frappée. Sans Neha, ce n’était plus du tout drôle de se moquer des autres. Sans Neha, elle était seule. Et a son tour, elle devenait une de ses personnes inintéressantes, auxquelles personne ne faisait attention.

- Tu… Tu es venue poster une lettre aussi ? demanda-t-elle avec hésitation, la sienne toujours à la main. Je m’appelle Shreya… Et toi ?

Ce n’était pas grand-chose mais c’était un début.

Une lettre ? Si tôt dans l'année ? Non. Qu'aurait-elle à y raconter ? A part la répartition des premières années, il n'était encore rien arrivé et vu qu'elle se fichait totalement des autres et de cette répartition puisqu'il était très probable qu'elle ne parle jamais à aucune des personnes passant sous le choixpeau, pourquoi s'y intéresser et surtout, pourquoi écrire dessus ? Shreya. Varma, si sa mémoire était bonne -et elle l'était. Première année à coup sûr puisqu'elle ne l'avait pas vu l'année dernière et qu'elle faisait partie de cette troupe de nouveaux qui étaient arrivés en salle commune excités comme des puces, bien qu'elle n'ai pas comprit pourquoi ils semblaient si émerveillés à l'idée de dormir dans des cachots. Ils étaient beaux mais sans plus, ça restaient des cachots.

-Non. Pas pour une lettre. j'écoutais le bruit des oiseaux.

Avant que tu arrives avec ta foutue idée d'écrire une lettre  et que tu brises le silence de ta voix. 

-Cassiopée Malory.

On la connaissait à Serpentard, parmi les deuxièmes années comme étant un véritable glaçon, une fille étrange que personne ne pouvait approcher sans se faire regarder de haut. Elle se foutait de ça. Elle savait que c'était la vérité. Elle ne voyait pas l'intérêt à faire semblant d'apprécier une personne depuis qu'elle savait apprécier Solenn. Elle n'avait besoin de personne d'autre, leur duo lui suffisait, même si la troisième année passait du temps seule ou avec d'autres personnes c'était pas grave, durant ses moments là, elle faisait ses devoirs. Elle se tourna vers une des fentes où passaient les hiboux, fixant le soleil qui se levait paresseusement, une jolie lumière orangée l'accompagnant.

Shreya connaissait ce nom ! Mais elle n’arrivait juste pas à se rappeler pourquoi et quand elle l’avait entendu… Était-ce par ses cousines ? Par Priya, peut-être ? Non, cette Cassiopée ne faisait pas partie des simples connaissances des Varma. L’évidence lui apparut alors : on parlait d’elle en salle commune. Et pas qu’en bien… Il était vrai que l’autre Serpentard ne semblait pas extrêmement chaleureuse mais Shreya était de loin la dernière personne qui s’en vexerait. Elle comprenait parfaitement le besoin de se forger une carapace et de s’y cacher. Alors elle ne jugerait pas Cassiopée tout de suite, c’était certain.

- Comment trouves-tu Poudlard ?

Peut-être que la question aurait dû être posée dans l’autre sens. Peut-être que Cassiopée ne voudrait pas lui répondre. Peut-être que c’était trop personnel. Mais Shreya avait besoin de savoir. Besoin de comprendre si quelque chose clochait chez elle ?

- Je… Je ne comprends pas comment tout le monde fait pour être si heureux. Je n’arrive pas à me sentir comme à la maison. Je me sens seule ici, et pourtant je ne le suis pas… ajouta-t-elle, d’un ton beaucoup plus bas.

Un aveu qui pouvait lui couter cher. Tout dépendrait de l’autre élève.

Elle se rappela alors de la raison qui avait amené celle-ci a la volière et le doute s’empara d’elle. Était-elle venue dans le but de rechercher une certaine tranquillité ? Tranquillité que Shreya avait brisé, clairement, et cela dès son arrivée. Mais elle se ressaisit rapidement. Si elle ne souhaitait pas lui parler, elle le lui dirait. Non ? De toute manière, elle n’allait pas essayer de deviner ce que sa camarade pensait, ô combien était-elle intrigante.

Elle détestait Poudlard. Le château était magnifique, les cours intéressants et certaines personnes avaient su prouver leur valeur mais elle n'aimait pas le symbole que représentait Poudlard. La magie avait brisé tout ce qu'elle avait construit en mille. Certes elle avait brisé une existence malsaine et dangereuse pour elle mais elle n'avait pas remarqué à l'époque que ça allait si mal. Elle aurait aimé ne pas s'en rendre compte et rester dans sa petite vie calme et morne. Normale dans sa tête quoique détestable pour les autres. A l'époque, elle se foutait de tout et la seule chose qui l'intéressait était le royaume de sa Paume, tout ce qui n'y était pas n'avait pas plus d'importance que le fait de s'avoir qu'elle n'était pas appréciée par ses pairs. Et pourtant, elle ne dit pas tout ça à l'autre, se contentant d'hocher la tête. Elle n'était pas du genre à tout balancer à une inconnue comme ça. 

Pas comme l'autre qui venaient clairement de lui balancer son masque -très peu réussi- au visage comme si elle se fichait de toutes les choses de mal que ça pouvait lui apporter. Stupide, totalement et complètement stupide. Si idiot qu'elle eu presque envie de rire mais elle n'en fit rien. Rire était aussi utile que l'autre pour notre Serpentard. Ne servait à rien. Et pourtant, elle l'avait regardé avec méfiance, comme si elle ne lui faisait pas confiance, elle l'avait vu au fond de cette tête où il ne se passait rien de bien intéressant. 

-Bienvenue à Poudlard. Tu s'ras jamais heureuse si tu commences comme ça, pense à toi d'abord sinon c'est stupide. 


Désolée pour le retard et le post... Pas trop d'inspi