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26 nov. 2018, 17:05
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
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Début Octobre 2043
Premier post réservé à Aelle Bristyle


Parmi les rares fois où je recevait des lettres ,mes préférées étaient lorsqu'elles parvenaient de ma famille et plus particulièrement mon frère. Et ce matin j'avais eu le bonheur de voir une chouette me faire don de l'un de ses écrits.
"Salut petit seur. J'espere que tu va bien , et que tu revien a la maison pour noel [...] "
J'avais tressaillis dès les premières fautes. Mon frère bien que plus grand que moi avait toujours eu un problème grave avec l'orthographe c'est pourquoi je résumerais sa lettre à ; quelques banalités recouvertes d'un fouillis d'excuses a propos de son comportement et garnie par un résumé foireux de la situation a Londres. J'en avait déduit que tout allais bien pour lui et m'était penchée sur la seconde partie de la lettre ,celle écrite par mon père. La première depuis que l'année avait commencé...
"Bonjour Jenny, comme tu peux le constater ton frère n'a pas encore progressé malgré ses cours particulier. Tu t'en doute, ici tout va pour le mieux alors ne traînons pas et venons en au sujet de ma lettre ; toi. J'aimerais que tu me décrive précisément comment se passe ton arrivée à Poudlard. La directrice te semble t'elle compétente ? Et as-tu au moins un professeur sur lequel compter en cas de problème ?

Je te laisse me répondre dès que tu en trouveras le temps, ta mère te fais de gros bisous. Nous nous revoyons donc pour noël, soigne toi bien,

Ton père, Ellias Poirrefresh."
Clair et concis, comme d'habitude mon paternel était efficace. Je me souvint du jour où j'ai reçu ma lettre, un nombre effrayants d'inquiétudes avaient semblé le parcourir alors. J'avais donc décidé de ne pas perdre plus de temps pour le rassurer et avait fait un passage en trombe dans ma salle commune, bousculant deux ou trois élèves au passage , pour me saisir de mon sac remplis de plumes et papier à lettre.

Je m'était couverte d'une écharpe pour braver l'automne sachant que la volière n'était pas la meilleure place du château en terme d'isolation. Et j'avais courût a travers le château d'un pas trop pressé pour mon cœur. Quand j'arrivait en haut de la tour dans la salle sans fenêtre le froid me transit alors que mes poumons eux étaient encore en feu. Je pris une minute pour me reposer avant de me rendre compte que j'étais venue ici mais sans avoir écrit la lettre, alors je devrais le faire là dans le froid... Je tâtait un peu la pierre et constatait sans étonnement qu'elle était effroyablement dépourvue de chaleur. Mais sans trop avoir le choix je m'assis là en tailleur et subtilisait mon écharpe à mon cou pour me couvrir les jambes et la taille. Pour peu que la pierre éclaircie par le gel ne me vole pas toute ma chaleur corporelle j'allais pouvoir écrire. Alors je posais mon encrier a ma droite et une feuille devant moi en équilibre sur un livre large. Puis je secouai un a un mes doigts dans l'espoir de chasser l'engourdissement qui m'empêchais de les sentir et je posais ma plume dans l'encre et sur le papier.
"Bonjour papa, constatant ton inquiétude j'ai décidé de te répondre dès que ta lettre m 'est parvenue. Ma rentrée se déroule à merveille contrairement a ce que tu peux croire, je ne peut encore juger des qualités de notre directrice ne l'ayant que rarement croisée mais une chose est sûre ; elle inspire crainte et respect chez les élèves. Je me renseignerait sans aucun doute sur les mystères qui planent autour d'elle un jour ou l'autre mais pour l'heure j'ai un monde à apprendre et tu sais a quel point ça peut être délicat. La bibliothèque est un refuge, j'y passe beaucoup de temps a lire. Mais ça ne signifie pas que je ne m'intègre pas ,d'ailleurs je partage un dortoir avec quatre filles et..."
Je m'arrêtais d'écrire sentant une chaleur sur mes joues. Dans le froid presque hivernale un regard s'amusait a me brûler l'épiderme. Je relevais donc les yeux de quelques centimètres,juste assez pour apercevoir une paire de chaussures a l'entrée de la pièce.

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

09 janv. 2019, 18:45
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Début octobre 2043
Volière - Poudlard
3ème année


Je glisse la main dans ma poche pour caresser le parchemin enroulé sur mes mots. J’essaie de ne pas me sentir honteuse, mais c’est difficile. Les mots de Zakary me sont devenus familiers. Je les ai lu, encore et encore. La deuxième fois que j’ai pris connaissance de son courrier, je suis parvenu à ne pas pleurer. J’ai lu sa lettre rapidement, puis je l’ai froissé et fourré dans ma valise. Je ne l’ai plus touché ; jusqu’à ce matin. J’ai alors pris conscience que je ne me souvenais guère de ce que je lui ai envoyé. Je sais néanmoins que j’ai parlé de choses dont je ne voulais pas parler, surtout pas à ce Grand Con de Zakary. A Zakary. Mais je l’ai fait, et ce souvenir est cuisant dans mon esprit. Honteux, même. J’en garde une impression étrange ; comme si, avec mes mots, Zak’ pouvait me percer à jour. Ce qu’il semblait avoir fait, au vu de sa réponse.

Je secoue la tête pour me sortir ces idées de la tête et j’entreprends de grimper les escaliers qui mènent à la volière. La tête baissée sur mes pieds, je regarde où je vais. Je me laisse porter par le moment, mes doigts caressant sans trop y penser mon parchemin. Emmitouflée dans ma cape et mes pas m’éloignant du brouhaha du château, je me sens mieux. Ici, le silence est roi. Il règne sur mes pensées et caresse tendrement mon coeur. Le bien-être qu’il m’offre éloigne le froid qui me rigidifie le bout des doigts.

Arrivée au sommet de la tour, je m’arrête. Je souffle, les genoux pliés pour atténuer la douleur que l’effort leur impose. Je me retourne pour regarder les escaliers et ne force en rien le sourire mutin qui se dessine sur mes lèvres. *J’vous ai eu !*, pensé-je presque fièrement avant d’entrer dans la volière.

Le hurlement des bestiaux me frappe et sans plus regarder devant moi je courbe la nuque pour jeter mon regard dans les hauteurs du plafond. Des oiseaux stagnent sur toutes les poutres, leurs cris font grimacer mes oreilles et sourire mon coeur. Je fouille les plumes à la recherche du hibou de mon frère qui aime s’arrêter quelques jours à Poudlard avant de repartir avec mon courrier. Je ne le trouve pas, mais ne m’en fait pas : il viendra quand il le souhaitera. L’idée de rester quelques temps ici, à l’abri des Autres, me plait et j’avance dans la pièce.

Je m’arrête net quand je l’aperçois. Ma bouche se défait de son sourire et mon corps se fige ; une fille. Une Autre. Je grimace sans m’en cacher. Une brique de lassitude me tombe sur le coeur et courbe mes épaules ; le moment était trop beau pour être réel. De ma hauteur, je la regarde. Assise par terre, parchemin sur les genoux et visage levé vers moi. Elle me regarde comme je la regarde ; lorsque je me rends compte de cela, je détourne les yeux.
Mon coeur abîmé de surprise bat un peu plus fort qu’auparavant, mais rien d’inquiétant. Mes projets semblent irréalisables et je me surprends à vouloir me hâter d’envoyer mon courrier pour m’échapper de ce moment. Moment qui semble propice à la discussion. Ah, doux Merlin, ce que je peux haïr que les Autres me parlent sans me connaître !

Lasse avant même d’être agacée, je montre mon dos à l’Autre et me tord le cou pour trouver Varb. Le volatile est nul part. Je me penche pour regarder derrière les chouettes et les hiboux, mais rien à faire ; il n’est nul part. Je soupire un peu, grimace, puis :

« Varb ? j’appelle. Varb ? »

Je laisse le temps s’effilocher.
Une seconde.
Deux secondes.
Je jure entre mes dents et m’éloigne du centre de la pièce. Je choisis la fenêtre la plus éloignée de l’Autre-envahissante et m’y accoude tout en prenant soin de me tenir dos à elle.

Le corps transi de froid et le visage frappé par les bourrasques de vent je balaye des yeux les environs. Une couche de nuages cache l’horizon et les pics des montagnes. Ne sont visibles qu’un bout du lac qui reflète le ciel et le parc harassé par le vent. Je pose ma tête contre le mur de pierre. Je me demande ce que Zakary pensera de ma réponse. Non. Ce qu’il a pensé de mes précédents hiboux. J’ai peur qu’il parle à Papa et Maman, mais le souvenir de ses mots chasse bien vite mes craintes : il n’en fera rien, il me l’a dit lui-même.

12 janv. 2019, 17:43
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Je lève la tête. Elle est plus grande que moi, mais je suis au sol alors je ne me rends pas compte du nombre de centimètres qui nous sépare, seulement du nombre d'années. Elle me fixe, son visage s'est tordu en une grimace aussi je lui ai sourit. L’amabilité ne m'a jamais paru hors de portée alors pour le peu que me coûte ce mouvement je peux bien faire l'effort. Au moins elle saura que je n'ai pas comme intention d'être aussi froide que la pièce.

Mes doigts n'ont pas été réchauffés par l'écriture, alors je range tout. J'écrirais plus tard, mon père attendra un jour de plus peut être, mais il n'aura qu'à penser que le hibou était lent…ou la chouette selon ce que je choisirais. J'ai fermé les deux lanières de mon sac, les glissant dans les boucles métalliques avec une grande concentration. Puis je me suis levé pour faire face à la jeune fille de toute ma petite taille. Face ou dos d'ailleurs, car elle ne semblait pas d'humeur à discuter… Mais je ne pouvais pas ainsi juger un livre à sa couverture, au fond peut être mourrait-elle d'envie de parler. Seuls ses actes me le diraient.

J'entendis sa voix, qui ne m'indiqua rien de particulier. Elle appelait un nom. Un nom qui ne sonna pas très beau dans sa bouche d'enfant mais peu importe. Ce devait être le nom d'un oiseau puisqu’elle regarda le plafond. À moins qu'elle ai renommé une tuile et qu'elle ai l'espoir de la voir venir jusqu’à elle... Si j'avais eu un hibou je lui aurait donné un nom bien plus joli je pense...quelque chose comme Plume ou un truc qui sonne doux. J'aime mieux la douceur ouais.

J'hésitais, piétinait un peu d'un pied sur l'autre, avant de faire un pas vers elle. Et si elle n'était pas d'humeur à discuter ? Car tout en elle semblait me repousser, sa posture et sa manière de ne plus me jeter un seul regard depuis la vilaine grimace de tout à l'heure... Quand on entre dans une pièce et qu'une personne y est assise et vous regarde il est convenable de la saluer. Mais visiblement la fille n'était pas convenable et si elle n'était pas polie je n'aurais pas la grâce de lui foutre la paix. Je m'armais de mon plus beau sourire, au cas où l'idée lui viendrait de se retourner, et me décidait à l'interpeller :

- Varb c'est une façon de dire de quelqu'un qui est brave à l'envers ? C'est le nom d'un oiseau ici ? Non je demande ça parce que je pourrais t'aider à le trouver, j'ai pas mauvais œil.


"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

12 janv. 2019, 19:24
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« Varb c'est une façon de dire de quelqu'un qui est brave à l'envers ? »

Le dessin des montagnes et du lac se brise quand sa voix me frappe. Comme si j’étais incapable de supporter cette intrusion dans mon intimité, ma nuque se rompe et ma tête tombe vers l’avant. Je ferme un instant les yeux, l’espoir renversant mon âme : elle va s’en aller, m’oublier et ne pas me parler.

« C’est le nom d’un oiseau ici ? »

Parfois, je souhaiterai ne pas être moi. J’aimerai être capable de me retourner et de lancer un sortilège de mutisme à cette Autre ; tout comme j’aurai dû le faire pour la Mcwood de la dernière fois. Mais je ne suis que moi et je sens avant même de le comprendre que je n’ai pas l’intention d’agresser l’Autre ; malgré toute mon envie intérieure de le faire. J’ai à peine le temps d’ouvrir les yeux et de les lever vers le ciel que l’Envahissante me noie sous son flux de paroles inutiles :

« Non, je demande ça parce que je pourrais t’aider à le trouver, j’ai pas mauvais oeil. »

Je ricane un petit peu, peut-être parce que pour une fois une réponse me saute à l’esprit et s’échappe de ma bouche :

« J’aimerai qu’tu l’aies, » dis-je en secouant la tête et en m’éloignant de la fenêtre.

Je soupire profondément avant de me retourner, mes sourcils se fronçant naturellement au-dessus de mes yeux. Je tombe dans le regard enlunetté de la fille et je l’examine sans trop y penser ; en la regardant du haut de sa tête au bas de ses jambes. Je me stoppe sur l'écusson qui habille sa robe *Aodren* et ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour mon frère. Finalement, je baisse la tête et fourre mes mains dans mes poches ; je n’ai ni l’envie de parler, ni celle de me coltiner une Autre sans intérêt.

« Varb c’est pas un oiseau, dis-je d'une voix lasse en tournant la tête pour regarder les volatiles. C’est un hibou. Et j’vois pas comment tu pourrais l’trouver, tu sais pas comment il est. »

Je fais quelques pas vers les perchoirs les plus proches et lève lentement la main pour caresser la tête d’une belle chouette effraie. Je me tord encore le cou, mais cette fois-ci je ne cherche pas Varb que je sais absent. Non, je viens de me souvenir de Hibou-aux-yeux-jaunes ; j’aimerai le revoir. Mais lui non plus n’est pas présent. Je suis seule avec cette Autre débile et ma lettre que je sens contre le bout de mes doigts, dans le secret de ma poche. Plus les secondes passent, plus le temps sera long avant que Zakary ne prenne connaissance de mes mots. C’est une bonne chose. *Mais il mettra encore plus de temps à m’répondre*. Mon coeur se serre ; je l’ignore.

Penser à Zak’ me fait penser à la Maison et la Maison me plonge dans les sombres abysses de ma tristesse. Et ma tristesse me fait penser à des choses auxquelles je ne souhaite pas songer ; par Merlin, je ne sais même plus que faire de mes pensées, comment pourrais-je savoir quoi faire d’autre ? Je soupire, encore, et me déplace pour caresser un tout petit hibou aux longues aigrettes. Un sourire caresse mes lèvres en l’observant ; son air déluré me plait. Et quand j’approche mes doigts de sa tête, il hulule avec force, ce qui me plait davantage. Je m’arrête à dix centimètres de sa tête et reste ainsi, jugeant son regard tout comme il juge le mien. Peut-être me sautera-t-il dessus pour me becqueter le doigt. Ce ne serait pas la première fois. Je jouais souvent à ce jeu avec Varb, à la maison. La bestiole de mon frère avait beaucoup moins de patience que celui-ci.

14 janv. 2019, 22:16
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Je souris de compassion. Ses sourcils froncés, son ton condescendant, sa manière de me reluquer de haut en bas, tout indique qu'elle est...caractérielle. Elle ne veut clairement pas de moi ici, elle ne veut de personne. Les relations sociales ne l’intéressent donc pas ? Alors si je me a mettait à dos aucun moyen qu'elle rapplique avec toute une bande d'idiot à ses côtés... J'allais pouvoir parler franchement et c'était tant mieux car je n'avais pas envie de jouer la carte de l'amabilité aujourd’hui, surtout face à une fille aussi méprisante.

- Je m'appelle Jenny, tu t'en fiches mais ça m'est égal au moins tu ne me reprocheras pas de ne pas te l'avoir dit.

J'hésitais à lui faire remarquer que techniquement les hiboux faisaient partie des oiseaux. Mais je trouvais l'idée basse, elle le savait elle voulait juste trouver un prétexte pour me donner tort. Pour utiliser des négations, parce que tirer la tronche devait être plus simple pour elle.

Ce genre de gens désagréables on en trouvait pléthore à poudlard. Je ne sais pas ce qu'ils trouvent d’intéressant à l'idée de ne pas se faire d'amis et de rester acariâtres mais en tout cas ils le font bien. C'est peut-être une mode, un truc pour se donner un genre... J'ai du mal à comprendre ce qu'ils veulent. Parfois ils veulent juste que personne ne leur parle mais il y en a pour qui c'est tout autre chose. Il y en a qui cherchent à attirer l'attention à tout pris, ils aiment que les gens parlent d'eux, ils aiment être le centre de l'attention. Horripilant.

- Tu devrais essayer de sourire c'est vachement reposant.

Le mien, sourire se fit moqueur juste le temps d'un court lapsus physique. On ne pouvait pas dire à cet instant que je riais d'elle. On pouvait simplement constater que je prenais un malin plaisir à lui parler quand elle n'avait pas le moins du monde envie de discuter avec qui que ce soit.

Elle regardait chaque hibou comme si seul son Varb importait. Finalement allait-elle se décider à prendre l'un d'entre eux ? Je commençais à m'ennuyer à parler à ce fantôme de paroles. Je m'approchais d'une chouette un peu laide, petite et au plumage embroussaillé et lui caressait consciencieusement le dos pour remettre les plumes en ordre. Elle se renfrogna semblant préférer la tranquillité à l'affection. Je retirais rapidement ma main écarquillant les yeux lorsqu’elle se tourna pour essayer de me mordre. J'en profitais pour me tourner vers la petite fille.

- Tiens j'en ai trouvé une qui à un caractère similaire au tien ! Elle te conviendra peut-être même mieux que ton Vrab...varb.

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

16 janv. 2019, 17:57
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Le petit hibou me regarde de ses grands yeux. Il fixe ma main sans se détourner, sans bouger ; peut-être même sans respirer. Inconsciemment ou non je l’imite : je me fige, j’apaise ma respiration jusqu’à la retenir entièrement et j’attends. J’observe. Les hiboux sont des créatures extraordinaires. Ils semblent comprendre bien plus facilement que les humains les comportements. Ils ont une sensibilité qui m’atteint plus que celle de mes semblables ; j’ai une pensée pour la fille que je devine dans mon dos. Elle, je ne sais pas si elle pourrait me comprendre. Elle est là alors que je ne souhaite pas l’être et elle parle sans que je ne le veuille. Je décide de m’en trouver agacée, mais seulement parce qu’il est bien plus facile de penser ainsi. Je sais d’avance que je parviendrais plus rapidement à la faire fuir en tirant la tronche qu’en agissant autrement. Et je n’ai de toute manière pas l’envie d’être autre chose avec cette Autre. Elle est aussi insignifiante que les fientes qui parsèment le sol de la volière. Je souris légèrement de cette pensée.

Le petit hibou bouge soudainement et je retire violemment ma main. Je me rends compte de mon erreur trop tard ; surprise, la bestiole qui avait seulement eu l’intention de se décaler, hulule en ma direction et ébouriffe ses plumes. Je grimace, désolée de l’avoir effrayé, mais elle s’envole pour se poser sur une poutre dans les hauteurs du plafond. Je soupire, dépitée.
Je me sens au bord du désespoir quand l’Autre prend la parole dans mon dos :

« Je m'appelle Jenny, tu t'en fiches mais ça m'est égal au moins tu ne me reprocheras pas de ne pas te l'avoir dit. »

Elle est plus proche que ce que je pensais. Je me tourne à moitié vers elle afin de l’avoir sous les yeux.  Elle me regarde, le corps figé, se contentant de bouger ses lèvres qui ne servent qu’à raconter des inepties.
*C’est vrai que j’m’en fiche*, songé-je en la regardant. Finalement, peut-être qu’elle peut se montrer capable d’une certaine forme de compréhension.

Je hausse négligemment les épaules en réponse à ses paroles avant de m’éloigner de quelques pas, me rapprochant ainsi de la fenêtre que je viens tout juste de quitter. L’idée de répondre à l’Autre, seulement pour la voir s'agacer, m’effleure l’esprit mais j’abandonne aussitôt ; je n’ai ni l’envie, ni d’intérêt à agir ainsi. Je souhaite seulement voir Varb se ramener pour qu’enfin mon courrier parte retrouver Zak’. *Dépêche-toi, foutu Varb !*, lancé-je au ciel en regardant les environs d’un air incertain.

Puisque le Destin veut se jouer de moi, la fille reprend la parole à cet instant et ma tête se tourne naturellement vers elle. L’entendre me conseiller de sourire est étonnant et je fronce les sourcils, perplexe. *Elle se moque ?*. Son intonation et sa face ne me donne aucune information sur ces paroles ; se moque-t-elle ou me conseille-t-elle ? Son sourire me laisse une impression déstabilisante qui me déplait et j’essaie d’en comprendre sa provenance. Quand elle bouge, je la suis du regard. J’aimerai savoir comment m’en détourner, mais je n’en semble pas capable. Sa voix m’a placé devant un gouffre et je crois que j’hésite à sauter dedans les pieds joints.

*J’l’aime pas*, décidé-je alors. A l’observer à la dérobée comme je le fais, je me rends compte de sa tenue pleine de confiance et de ses gestes irritants. Je comprends qu’elle n’a pas l’intention de partir. Et je comprends qu’elle m’agace. Et ce sentiment me déplait particulièrement, car je n’ai aucune envie d’être agacée aujourd’hui. Ni même d’avoir affaire aux Autres. Ni même d’essayer de comprendre les Autres ou de me faire comprendre des Autres. J’ouvre la bouche dans l’intention de le lui signaler quand :

« Tiens j'en ai trouvé une qui à un caractère similaire au tien ! s’exclame-t-elle en se tournant vers moi. Elle te conviendra peut-être même mieux que ton Vrab...varb. »

*Qu’est-ce qu’elle ra…*. J’avise la chouette et son air renfrogné. *Oh*. La bestiole a davantage l’air dérangé que agacé. Mais, comme moi, elle semble prête à sauter sur la fille pour lui faire ravaler son sourire débile ; ou, au choix, lui bousiller les doigts.
Malgré tout mon désintérêt, mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines. Mon impatience me saute au visage et elle me fait plus plaisir qu’autre chose. Je me redresse et m’avance vers la fille. Je la regarde sans détour, plongeant mes yeux charbons dans la couleur terne que protègent ses énormes verres :

« Tais-toi ! » lui dis-je sans réussir à cacher mon agacement. Et sans pouvoir m’empêcher de me trouver particulièrement gêné de réagir si facilement à ses mots. « J’m’en fous des autres, j’dois prendre Varb. »

Deux mètres tout au plus nous séparent quand je m’arrête, hésitante. Mes pensées brouillonnes s’agitent dans mon crâne et je n’arrive à en saisir aucune. Comme la dernière fois devant Mcwood je me sens démuni face à l’attaque, comme s’il n’y avait aucun moyen de défense se présentant à moi. Alors, d’une voix beaucoup moins affirmée, je jette :

« J’veux pas parler. »

Cela sonne davantage comme une supplique qu’une affirmation ; ce constat me reste dans la gorge et je me force à détourner les yeux pour que l’Autre ne voit pas mon trouble : pourquoi ai-je l’air si minable ?

« Alors me parle pas, » beuglé-je soudainement, comme pour contrebalancer mes anciennes paroles.

Sans ne plus regarder la fille, je retourne me placer auprès de la fenêtre. Je me place de sorte à la voir du coin de l’oeil, une étrange crainte pulsant dans mon coeur. Je croise les bras sur ma poitrine et balance mon regard sur l’horizon.

17 janv. 2019, 20:29
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Elle s'est tournée vers moi et a haussé les épaules. Erreur fatale, tu m'as montré que tu m'apportais de l’intérêt ne compte pas sur moi pour te lâcher. Peut être que la fille apprendras que la carte de l'indifférence est le joker le plus efficace qui soit. Répondre aux altercations extérieures c'est dire oui au contact humain, c'est signifier qu'au fond on aimerait bien quelque chose. Pas forcément parler, mais quelque chose c'est déjà un tout et quand bien même tout c'est rien, et bien on peut faire un quelque chose d'un rien.

Le pauvre oiseau avec lequel elle semblait se plaire à eu peur d'elle. J'ai de la peine pour elle. Le seul avec qui elle voulait entrer en communication qui la fuit, c'est tout de même triste d'une certaine manière. Son visage est si neutre qu'elle n'aurait même pas eu l'air vexée de cet abandon si elle ne s'était pas éloignée en direction de sa fenêtre.

Son ton est tantôt empli de doute tantôt plus agressif. J'ai un instant l'envie d'avoir un mouvement de recul devant se comportement mais un sourir compatissant nait sur mon visage. Elle ne le verras pas puisqu'elle est de dos mais j'ai réellement de la peine pour elle. D'autant plus de peine que je ne compte pas la laisser en paix. Je ne sais pas ce qu'y m'y pousse, mais lorsque je croise une personne horriblement malpolie je ne peut m'empêcher d'avoir une irrésistible envie de l'embêter qui encore une fois va me pousser à la récidive.

- Tu t'es déjà renseignée sur la psychologie ? Non parce que je me demande sincèrement si tu as un trouble du comportement ou si c'est juste ma tête qui te revient pas.


Je marquais une pause le temps de rire. Je ne sais pas si mon rire était sincère. Je crois plutôt qu'il était juste gêné.

- Je ne sais pas si il y a une assistante sociale ici... Mais enfin, ne te renferme pas trop sur toi même. Si tu as des problèmes tu peux en parler, personne ne te jugeras.


Je ne savais pas moi même pourquoi je me fatiguais à lui proposer ça. Les gens qui avaient besoin d'aide souvent la refusait lorsqu'elle était proposée sous cette forme. Il fallait plus de délicatesse, réussir à amener la conversation doucement, prendre son temps. Mais je manquais de temps et peut être comprendrait elle le fond de ma pensée. J'était sincèrement désolée pour elle mais je ne pouvait me contraindre à accepter son agressivité comme si celle ci était tout à fait ordinaire. Personne dans ce château ne m'a encore adressé ainsi la parole...

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

24 janv. 2019, 10:01
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Le dessin des nuages dans le ciel ne me permet guère de me détourner de la Présence qui trône sur mon esprit ; l’Autre est une poussière qui salit la toile de ma patience. Bras croisés sur ma poitrine, je tente de contenir l'agacement qui me fait bouillir. Et si je suis tenté de le laisser me brûler, je ne le fait pas ; pourrait-il seulement se transformer en rage ? J’ai l’impression que des années se sont écoulées entre aujourd’hui et la dernière fois que mon sang a vibré de colère.
*Nan, y’a eu Gil’Sayan*.
Mais ce n’était pas une rage sauvage, ce n’était pas la passion rageuse qui m’avait secoué ma première année ; ne suis-je plus donc celle que j’étais alors ? En une fraction de seconde, se dessine sur mon esprit un souvenir dans lequel je prend plaisir à me bousiller la main contre un mur. Aussitôt, une nuée de frissons dévalent mon dos. *Pas ça*. Un sentiment inexplicable m’oblige à repousser cette image loin de moi. Je n’aime guère repenser à mon comportement d’autan. Cela me laisse une sensation désagréable dans le coeur.

Sous mes yeux, le ciel est changeant. Les nuages bougent et glissent sur la toile bleue. Le vent me gifle le visage, mais il est plus agréable que les yeux de l’Autre que je sens sur mon dos. Comme si moi et elle étions liées. Je grimace, quelle idée stupide.
Mon souffle ne veut pas se calmer. Il est tremblant et haletant. Pourquoi ? Mes mots résonnent encore dans ma tête ; et si, en retour, elle m’en balance d’aussi puissants dans la tête ? *J’la frappe*. Ouais. Ouais, je lui bousille ses lunettes. Je me sens prête à le faire, je me réjouis de m’imaginer le faire. Mais au fond de moi, je me revois face à Mcwood et je crains ne pas en être capable.

« Tu t'es déjà renseignée sur la psychologie ? me lance l’Autre de sa voix de Fille-insupportable. Non parce que je me demande sincèrement si tu as un trouble du comportement ou si c'est juste ma tête qui te revient pas. »

*Que…*
Mes épaules se raidissent, mais je ne me retourne pas.
Elle rit.

« Je ne sais pas si il y a une assistante sociale ici... Mais enfin, ne te renferme pas trop sur toi même. Si tu as des problèmes tu peux en parler, personne ne te jugeras. »

Le temps qu’il me chatouille l’estomac, mon rire, et remonte dans ma gorge, il prend une ampleur si grande que je ne peux le retenir ; je ricane. Non pas d’un rire qui explose, mais d’une vague qui renverse. Un ricanement qui fait se soulever mes épaules et postillonner ma bouche. Le son de ma Surprise résonne dans le vent et explose dans mes oreilles ; l’Autre l’aura entendu, c’est certain. Trop tard, je lève la main pour la poser sur mes lèvres. La pulpe de mes doigts est fraîche sur ma peau.
Je baisse la tête et ricane encore, ma bouche s’étirant en un simulacre de grimace. Ma nervosité est dégueulasse à entendre.

Les paroles de l’Autre me narguent. Elles me donnent envie de me fendre de rire et de pleurer. J’ai envie de me retourner et de la secouer, cette fille aux gros verres. Lui dire d’aller se faire foutre, de s’occuper d’elle et de m’oublier. J’ai envie de me retourner et de lui dire que oui, sa tronche ne me revient pas, que oui j’ai un problème et que oui j’ai envie de la frapper.
Je prends une respiration trop grande pour moi qui peine à se frayer un passage jusqu’à mes poumons. Puis, quand le rire-chose quitte mon visage et mon corps, je me retourne.

Elle est grande pour la pièce, cette Autre. Une grande fille qui me mate sans aucune peur dans le regard ; une humaine tout à fait proportionnée, tout à fait comme il faut, tout à fait sans défaut. Ses yeux de boue me jugent. Je les sens, même s’ils sont cachés derrière ses verres. Je sais qu’elle me juge.
La pensée fuse si vite dans mon crâne qu’elle m’explose les rétines : *elle sait !*. Mes yeux s’écarquillent devant l’Autre et l’évidence me donne un coup au coeur : l’Autre sait que je suis qui je suis et elle profite de sa position pour me reprocher ce que tous me reprochent. Être Moi.

Une moue déforme mon visage. J’essaie de ne pas ressentir la peur qui me noue les entrailles ; c’est difficile.
Dans les couloirs, les Regards ont cessé ; un peu. Les Autres murmurent quelque peu sur mon passage, certains me frappent de leurs mots, d’autres se contentent de leurs yeux pour me bousculer. Je pensais que cela s’était calmé. Mais ils sont toujours là et ce constat me fait mal. L’Autre en face de moi est la preuve de ce que je redoute.

Ses derniers mots, *idiote*, me reviennent à l’esprit ; ils nourrissent mon malaise. Elle sait et elle fait partie de ce groupe que j'exècre : ceux qui pensent que parce que je me suis fait dégager du château je suis prête à tout. Les connards qui se permettent tout.

« J’ai d’jà c’qui faut, » craché-je d’une voix lente sans pouvoir cacher ma rancoeur. 

Je soutiens son regard, mais bientôt cela m’est impossible. J’ai mal de me voir dans ses yeux.

« En fait…, » commencé-je avant de me taire, songeuse. Je me décale du mur, puis finalement m’y adosse, bras croisé sur ma poitrine. « Ta tête m’revient pas, rajouté-je d’une voix forte. Et j’ai un trouble du comportement. »

Mon coeur s’ébat.
Mais je suis seule ici ; les bestioles ne peuvent rien retenir de mes mots.

« Alors rest’pas. »

Je baisse la tête, m’enfonce en moi-même. La boule dans ma gorge a pris des proportions énormes. Merlin, j’ai besoin d’être seule.

« Vaut mieux pas, » dis-je encore. Cette fois-ci, je quitte mon mur, je m’approche de l’Autre. Je parviens à jeter mon regard charbon dans ses yeux. Je leur insuffle toute la force que je peux trouver en moi ; je n’en ai que peu. « J’pourrais t’frapper. Puis après, j’pourrais avoir envie d… D’t’embrasser. »

Cette idée me rebute à un si haut point que j’en frémis ; mes poings se serrent frénétiquement le long de mon corps et je dois m’exhorter au calme pour les calmer. L’embrasser. Je ne sais même pas ce que cela signifie réellement. Je ne sais surtout pas ce que cela signifie dans mes mots. Embrasser, c’est un mot d’Adulte. Un mot qui signifie toujours plus que ce que l’on pense. C’est un mot qui Touche et j’espère de tout mon coeur que l’Autre le sera au point de se barrer.

*Dégage, dégage, dégage*, chante mon esprit. Il chantonne lourdement dans mon crâne. Comme un espoir, comme un souhait. Il chantonne lourdement.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 24 janv. 2019, 21:50, modifié 1 fois.

24 janv. 2019, 20:59
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Je crois entendre depuis le ciel cyan derrière la fenêtre le cri d'une mouette à l'agonie. Mais non, ce n'est qu'un rire guttural, celui de ma camarade. Le bon cœur n'y est pas, c'est complètement nerveux, on y sent tout l’énervement que j'invoque en elle. Elle est vraiment insupportable en fait... cette fille fait peur et est insupportable voilà.

Finalement la chouette est morte, le rire s'arrête. Elle se retourne de manière théâtrale, quel horrible cadavre. Ses yeux ne pas vides, bien au contraire ils reflètent tout ce qu'elle ne veut pas dire. Une bouillie de ce que j'interpréterait comme de la haine, de la rage et peut être une pointe de peur.
Son visage est comme fendu en une grimace, je me demande si elle sait seulement contrôler les muscles de son visage.

Finalement la mouette revient à la vie pour beugler sa haine. Elle me chante sa mélopée avec une envie de me voir partir étonnement effrayante. Véritable ode à la fureur. J'essaye de lui offrir un sourire plus doux, pour possiblement la voir se calmer. Mais moi étais-je calme ? Il me semblait à présent sentir mon cœur battre trop rapidement et mes jambes trembler légèrement. Des envies furieuses naissaient en moi sans que je ne puisse lutter.

Je ne devrait pas...non je ne dois pas la provoquer ! Mais à peine l'ordre résonne t'il en moi, j'ai déjà avancé d'un pas. Ne pas chercher les ennuis, c'est un des conseils primordiaux que l'ont t'as donné Jenny. Un deuxième pas et je ne suis soudainement plus très loin d'elle. Toujours mon sourire désormais insolent figé sur les lèvres. La violence je n'aime pas ça. Fuit ce que tu n'aimes pas. Tais toi maintenant, ne fait plus rien et écoute les menaces, le chant de la mouette est mauvais augure, il te prévient du tsunami à venir. Personne ne veut avoir à traverser un tsunami mais je connais le sortilège tête en bulle, je m'en sortirais.

- Eh bien vas-y ! Frappe moi. Je sais que tu n'auras envie de rien, ton corps crie ton dégoût.


Et je croise les bras, la regarde et admire mon exploit maintenant accompli. Les mises en gardes paternelles auront donc été inutiles... Je ne comptait me rendre coupable de rien, j'assumerais les coups qu'on m'offrirait sans broncher. Mais je savais que le risque n'était pas si grand. La fille était trop faible, un trouble du comportement ne suffirait pas à la faire passer à l'action. Je savait qu'elle ne ferait rien, et c'est pour ça que je prenais ce risque. Oui je prenais le risque car il n'y en avait en réalité pas, c'était ça.

"Comme l'a dit une sagesse profonde, plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte."

25 janv. 2019, 16:32
Instinct De Papier  Libre   RPG+ 
Mon coeur bat encore des mots que j’ai osé lancé. Je serre les poings et j’essaie de paraître sûre de moi. *J’le suis*. Vraiment ? *Non*. La crainte pulse dans mon corps ; cette idiote. Peur de quoi ? Je ne le sais pas. Je ne peux être sûre que d’une chose : je me sais incapable de sauter sur cette Autre débile pour lui refaire le visage. Merlin, cette seule pensée suffit à me donner envie de hurler ! Pourquoi ne puis-je pas me défendre, comme avant ?

Je suis tenté de me retourner maintenant pour lui montrer que sa réaction importe peu, que j’agis librement et indépendamment d’elle. Mais à peine cette idée traverse-t-elle mon esprit que l’Autre se transforme.
Le coeur tremblant, j’observe son visage ; son sourire, fade, se fend soudainement en une grimace qui me fait frissonner. La tête de la moquerie s’installe devant moi et je dois me faire violence pour ne pas baisser la tête devant cette attaque vicieuse. Mon coeur se serre et, malgré moi, je me demande quoi faire si  jamais elle vient à m’attaquer physiquement. Dans ma tête, je me vois déjà brandir ma baguette et lui cramer le sourire avec un joli incendio. Inconsciemment, j’approche ma main de ma poche dans laquelle se trouve ma baguette.

J’ai l’air si petite devant elle ; est-ce seulement une impression ? Son dos droit et son regard franc m’effraie. Elle joue à celle qui sait où elle va, qui sait ce qu’elle veut. Je lance un regard à son écusson. *Serpentard*. Et très sûrement en troisième année. Peut-être quatrième ? *Non*. Elle a pas la tête pour. Troisième alors ? Je ne l’ai jamais vu auparavant, mais les Autres ont si peu de place dans ma mémoire.
Qu’est-elle capable de me faire ?

Elle fait un pas vers moi, je plonge ma main dans ma poche et entoure de mes doigts moites le bois de ma baguette. Mon coeur se met à battre aussi fort que souffle le vent. Contre le dos de ma main, je sens la lettre dédiée à Zak’. Lui, il aurait certainement pas peur d’une idiote de ce genre. Après tout qu’est-ce qui m’empêche de me défendre ? Hein ?
*Loewy*, murmure mon esprit. Non, elle ne peut rien me faire. N’est-ce pas ? La réponse importe peu : je tremble.

Un deuxième pas et la fille est toute proche de moi. Pas assez pour qu’elle puisse me toucher, mais assez pour que je puisse apercevoir les éclats dansants de la lumière dans ses yeux.

« Eh bien vas-y ! » me sort-elle alors. *Quoi, t’embrasser ?*. Je fronce les sourcils et je me redresse. Mais je suis toujours aussi minable, je crois. « Frappe moi, me défie-t-elle. Je sais que tu n'auras envie de rien, ton corps crie ton dégoût. »

Elle croise les bras, me jauge du regard de Celle-qui-règne. La colère s’infiltre dans mes veines. Je la sens arriver avant même qu’elle ne s’installe ; mon coeur me brûle et un brusque tremblement me secoue les épaules. Ce n’est pas la colère qui me fait trembler, ni même la rage qui force mon regard à se faire haineux et mon nez à se plisser. Non, c’est la frustration. Je le comprends alors que l’Autre se tient ainsi devant moi, comme si elle venait de m’expulser du château, et qu’elle s’en gaussait. *C’est ça, ris !*. Elle se fout de moi parce qu’elle peut me faire tout ce qu’elle veut.
Mon coeur s’emballe furieusement et toute pensée quitte mon crâne.
Avant même de songer à ce que je devrais et ne devrais pas faire, j’agis. Par Merlin, j’ai besoin de me défaire, juste un instant, de tous les interdits que les Adultes m’imposent. Ils m’étouffent, ils me tuent à petit feu !

La gorge broyée par mes ressentiments, je franchis la distance qui me sépare de l’Autre et la pousse violemment du bout des bras. Mes mains appuient sur ses épaules de fille idiote et, yeux fermés, je pousse aussi fort que je le peux avant de me retirer précipitamment et me reculer, le souffle court. Sans attendre, j’arrache ma baguette magique de ma poche et la lève devant moi. Je recule encore, et encore, et tourne dans la pièce pour ne pas la laisser me surprendre. Je n’entends rien d’autre que mon coeur qui bat, je ne sens rien d’autre que la chaleur qui secoue ma peau et les frissons qui court sur mes membres.