RPG+ privé
En cours
Avec Taylor Bagholmes


Septembre 2043

"Ma chère et tendre Katlyn,
Nous souhaitions d'abord te féliciter pour ton admission à Gryffondor. Comme nous sommes fiers de toi ! C'est un rêve qui devient réalité. J'espère que tu te fais de nombreux amis et que la vie à Poudlard te plait. Ici, la maison se fait bien vide sans toi. Tes sourires me manquent, tes petites manies me manquent mais je me dis que c'est pour le mieux. Tout de même, qu'est-ce que je suis triste quand je ne vois pas ta petite tête blonde au déjeuner. Tu me manques tellement, ô, mon ange ! Sois heureuse à Poudlard parce que ton départ ne m'emplit que de tristesse.
D'ailleurs, en parlant de maison, ça ne va pas fort ici. Ton père et ton grand-père n'arrêtent pas de se disputer. Je sais, tu en as l'habitude, grand-père n'aime pas les moldus et continuent de dire sans cesse que nous sommes fous de vivre avec des gens comme eux. Du coup, c'est disputes sur disputes. Ton père essaie de calmer le jeu, comme à son habitude, mais c'est un peu compliqué avec les crises de nerfs de ton grand-père. Qu'est-ce qu'il peut être condescendant ! Ne t'inquiète pas, pour l'instant, la situation est sous contrôle. Ce n'est pas comme au Noël dernier où tout était parti en vrille parce qu'il ne supportait pas que des gens de la race "inférieure" ne le toise. Il a évolué, mais je suis contente que tu ne sois pas là pour voir tout ça parce que son état risque d'empirer comme l'année dernière et Poudlard te sauvera de cette frayeur. Tu n'as pas à t'inquiéter, mon ange. Je te raconte ça pour me confier mais tu n'as pas à te faire de soucis. Papa et Maman sont connus pour savoir se défendre et nous allons défendre nos valeurs comme nous te l'avons inculqué !
Sois douce, ma chère et tendre Katlyn, reste aussi gentille que tu l'es et ne pense pas à la brutalité du monde, même si cette dernière s'est incrustée dans notre chez nous.
Je t'aime.
Maman"

Voilà les doux mais pourtant inquiétants mots que Elena Pavin avait adressé à sa fille, Katlyn Léana Johnson.Mais cela, elle ne le savait pas.

La blonde vénitienne grimpait les escaliers de la volière quatre à quatre. Elle était heureuse. Une lettre pour elle, lui avait-on dit, et de sa mère, qui plus est. Qu'est-ce qui pouvait se trouver être moins enchantant que cette bonne nouvelle ? Pas grand chose, d'après la jeune fille. Son coeur battait la chamade. C'était la première lettre qu'elle recevait depuis son intégration à Poudlard et rien ne pouvait être plus beau pour elle. Il en avait fallu du temps, à sa mère, pour lui écrire mais cela lui importait peu parce que le résultat était là, à quelques mètres d'elle. Un frisson d'excitation parcourut l'échine de son dos, la galopant du haut de sa nuque jusqu'au bas de sa colonne vertébrale. Ses longs cheveux blonds vénitiens caressaient l'air à cause de la rapidité de ses pas et son sourire remontait en esquisse jusqu'au haut de ses joues.

Enfin, elle arriva dans la volière, une excitation encore plus forte dans le ventre. Doucement, elle s'approcha des oiseaux. Une belle chouette hulotte brune tenait dans son bec une lettre blanche. Le milieu de la lettre était un peu froissé du voyage mais cela ne la fit que sourire plus. Cela montrait tout le chemin que sa mère avait parcourut pour elle. Elle tint la lettre chaudement contre son coeur, une sensation de bien-être s'empara de son corps menu. Que de joie se sentait-elle ! Elle regarda ensuite la lettre et d'un geste gracieux et précieux, elle ouvrit la lettre. Une chaleur montait en elle face à tant de bonheur. Elle sortit délicatement le papier plié en quatre et ouvrit la lettre. De ses fins doigts, elle tint la missive avec précaution mais en voyant les lettres s'offrir à elle, son sourire retomba sec. Qu'est-ce que cela voulait dire ? La jeune fille avait envie de pleurer. Pourquoi ? L'écriture sur le papier n'était pas celle de sa mère. Et cette lettre n'était pas la sienne.

À ma fille Taylor,
Ta mère et moi-même avons appris de la part de ta grand-mère que tu avais été envoyée dans la maison Gryffondor comme j'ai pu l'être avant toi, je suis content que tu y sois, j'en suis fier, mais je suis tout de même déçu de ce que tu as fait, pourquoi ne pas nous l'avoir dit ?
Taylor, je sais que tu es timide, car tu es ma fille, mais j'aurais particulièrement aimé que tu me le dises par lettre au lieu de remercier ta grand-mère pour ses milliers de bonbons qu'elle a pu t'envoyer en lui disant dans quelle maison tu te trouvais. N'aurait-il pas été préférable que tu nous le dises à nous, tes propres parents. Je pensais que nous t'avions éduqué d'une manière autre une fille.
Malgré cela, l'ambiance à la maison a changé de manière considérable, difficile d'oublier que tu n'es plus dans ta chambre et que je n'ai plus le droit de te réveiller, mais c'est de cette manière que je vois que tu as grandi et que tu es en âge de d'être la sorcière que tu veux être.
Cependant, j'aimerais avoir de tes nouvelles, te voir me dire que tout se passe bien, que tu as enfin passé cette étape de deuil en te disant que tu peux enfin redonner de l'amitié aux gens qui t'entoure et c'est ce que je veux t'entendre me dire.
Avec hâte de voir le bout d'une lettre de ta part m'arriver.

Ton père.

Des doux mots remplis de fierté, mais à la fois de déception, que Taylor ne reçut jamais...

Cependant, se fut tout autre texte que la jeune Gryffondor découvrit, jamais, elle n'avait pensé recevoir une lettre inter changée, surtout pas en entrant dans la volière et récupérant ce qui lui était dû. Elle avait vu Anderson et s'était dirigée vers lui sans se douter de ce qu'il tiendrait dans sa patte, mais la douche froide lui fut immédiate. Elle venait de découvrir un parchemin dont l'écriture lui était inconnue, elle ne la reconnaissait pas, et surtout le nom sur la lettre n'était pas le sien. Elle ne s'appelait pas Katlyn, mais Taylor.

Mais que s'est-il passé ? Ce n'est pas ma lettre.

Elle baissa la tête, cherchant à comprendre, pourtant, elle continuait à lire les mots qui ne lui étaient pas adressés, apprenant par la même occasion que la sorcière qui devait recevoir cette lettre était dans le même rang de sang qu'elle : Sang-Pur. Et que ses parents avaient aussi décidé de se mélanger au moldu comme l'avait fait sa propre famille à leur arrivée d’Amérique. C'était à la fois troublant, intéressant, mais dans un autre temps, elle voulait retrouver la sorcière à qui cette lettre était destinée, elle devait attendre les nouvelles de sa famille et ne pouvait les avoir parce que c'était une autre sorcière qui la possédait.
Le trouble restait présent, et le resterait sans doute jusqu'à restitution des bonnes lettres.

Katlyn se sentait totalement impuissante au vu de la lettre qu'elle tenait en main mais elle se mit à la lire doucement. Un creux au centre de ses sourcils se forma en lisant les mots inscrits à la main. Des questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi ne pas avoir informé ses parents de son admission à Gryffondor ? Il y avait-il un conflit entre eux ? La blonde vénitienne secoua la tête. Elle savait que là était son plus grand défaut. Essayer de deviner ce qu'est une personne sans le pouvoir, porter des jugements hâtés sans vraiment la connaitre. Peut-être que la prénommée Taylor avait en fait simplement oublié. Qui sait ?

Elle était tellement absorbée par ce qu'elle lisait qu'elle n'entendait même plus les va-et-viens des élèves à la recherche d'une lettre qui leur était adressée, à eux. Après sa lecture, elle releva la tête et lâcha un long soupir. Elle n'allait donc jamais avoir sa lettre. Elle tourna la tête et observa une brune qui devait avoir son âge. Elle l'avait déjà probablement aperçue, que ce soit à la cérémonie de répartition ou dans la salle commune de Gryffondor. Gryffondor. Mais oui ! La fille de la lettre était à Gryffondor ! Et celle qui se trouvait face à elle en portait les habits. Timidement, elle s'avança vers la brunette en train de lire une lettre. Elle ne voulait pas l'interrompre mais elle n'avait pas envie de perdre l'opportunité de pouvoir restituer sa lettre à son destinataire.

Allez, Katlyn, ce n'est pas un si gros effort à fournir !

-Excuse-moi ? Pardon de t'interrompre mais, connaitrais-tu, par hasard, une Gryffondor de première année qui s'appelle Taylor ?

Elle avait sorti cette phrase dans un murmure. La jeune Katlyn était extrêmement timide au premier abord. Cela changeait une fois qu'elle connaissait son interlocuteur mais la première conversation était toujours la plus difficile. Elle ne parlait pas fort, pouvait se contenter de mots-phrases sans jamais vraiment s'ouvrir. Bien sûr, il ne s'agissait là que de cinq minutes de bavarderie sourde. Après, elle se détendait et tout de suite se sentait à l'aise. Elle n'avait pas de difficulté à étendre un feeling avec autrui, juste à le créer.

En attendant sa réponse, elle regarda la brune d'un peu plus près. Elle devait certainement être en première ou en deuxième. Son visage était jeune, comme elle. Il aurait sûrement dû, mais il ne lui était absolument pas familier. Après tout, Katlyn et la reconnaissance des visages, c'était comme associer un vilain avec un gentil, ça n'allait pas ensemble. Souvent, il lui fallait deux ou trois rencontres pour en reconnaitre un, et encore ! C'était sûrement la raison pour laquelle elle n'avait pas encore eu l'occasion de tisser de liens...

Mais patiemment, elle attendit sa réponse en esquissant un léger sourire pour se présenter comme une personne sympathique.

Plongée dans la lettre, la jeune Gryffondor ne put apercevoir ce qu'il se passait, pourtant, elle sentait bien que quelqu'un était non loin d'elle et cela fut confirmée quand elle put entendre les voix des autres élèves de l'école prendre leur dû, et espérait secrètement que la jeune fille décrite dans la lettre soit présente, après tout, elle lisait ce qu'il ne lui appartenait pas. Et pourtant, elle l'appréciait déjà après avoir lu son caractère, les sentiments que la mère de Katlyn portait à sa fille, cela lui faisait chaud au cœur, des sensations d'envie lui parvenait, car même si ses parents l'aimaient et la chouchoutaient, ils étaient très formels quand il s'agissait d'envoyer des hiboux que cela soit à la famille ou pour le travail.

"– Excuse-moi ? Pardon de t'interrompre, mais connaîtrais-tu, par hasard, une Gryffondor de première année qui s'appelle Taylor ?"

Cette question lui était adressée dans un murmure désignant une certaine timidité chez l'émetteur, un trait commun à la jeune Gryffondor qui n'hésita pas une seconde à la regarder, sans pour autant en être déçue. Devant elle se trouvait une jeune fille d'à peu près son âge, mais aussi de sa maison au vu de ses habits rouges et or. Mais cette question la fille sourire.

Connaître une première année du nom de Taylor ? Oui, bien sûr qu'elle en connaissait une puisqu'il s'avérait qu'elle se prénommait elle-même Taylor et qu'elle était une Gryffondor de première année. Alors en un mouvement de tête, elle se permit de lui répondre.

"– Bi-bien sûr... C'est moi... Alors... Tu... Tu dois être Katlyn n'est-ce pas ? "

Mais d'où tires-tu cette conclusion Taylor, ce n'est peut-être pas parce qu'elle te demande, qu'elle a reçu ta lettre et toi la sienne, peut-être que d'autre élèves sont dans notre cas... Peut-être ou pas...

Mais non, elle se doutait qu'il n'y eût qu'elle dans ce cas. Pourquoi donc penser de manière aussi futile. Elle soupira lentement et attendit sa réponse sans pour autant se détourner du regard bleu de son interlocutrice. Ils étaient enivrants, tellement qu'ils plongeaient Taylor dans son plus grand sentiment de mal-être. Sa timidité n'arrangeant rien qui plus est, mais elle était dans un droit tout à fait légitime de penser cela, elle avait lu quelque chose de privé, alors si sa camarade de maison voulait la détester elle le pouvait, puisqu'il était évident qu'elle sache que la vie privée restait la vie privée et qu'il ne fallait pas s’immiscer sans autorisation, sans préavis, ce qui semblait avoir été enfreint à cause de la confusion des lettres entre les deux hiboux des deux jeunes filles.

Ne t'en fais pas Taylor, elle ne t'en voudra sans doute pas, ce n'était qu'une erreur... Une simple et stupide erreur de hiboux, et tu sais bien que l'erreur, tout le monde peut la commettre, alors ne lui en veut pas si effectivement, elle avait lu ta lettre...

Et pourtant, c'était le cas, elle ne lui en voulait pas, l'erreur appartenait à tout le monde, et ce, quelle soit humaine ou animale. Et puis même chez les moldus il arrivait que le courriel ne soit pas livré au bon destinateur, comme quoi au final moldus et sorciers pouvaient se ressembler.

Tandis qu'elle attendait la réponse, Katlyn se balançait sur ses deux pieds. Elle tenait fermement la lettre dans sa main et espérait dans son for intérieur que son interlocutrice allait connaitre cette fameuse Taylor. Elle aurait parue si ridicule, sinon. À devoir chercher une Taylor au coin de chaque couloir du château pour lui remettre une lettre qu'elle avait lue. Encore un autre défaut de la blonde. Les potins, sûrement son plus grand pêché mignon ! Sa curiosité maladive pouvait souvent lui jouer des tours et elle espérait qu'en retrouvant Taylor, il ne s'agirait pas d'un mauvais.

À l'entente de sa phrase murmurée, la brune releva la tête. En bégayant, elle dit :

"– Bi-bien sûr... C'est moi... Alors... Tu... Tu dois être Katlyn n'est-ce pas ? "

Un air surpris s'empara du visage de Katlyn. Alors elle se trouvait face à Taylor, la fameuse fille de la lettre, qui lui demandait si elle, elle était Katlyn ? La coïncidence était si hasardeuse qu'un sourire s'éprit des lèvres de la jeune Gyffondor. Elle trouvait la situation plutôt comique. Elle rabaissa alors son regard sur les mains de la jeune fille. En observant un peu plus, elle reconnut les traits délicats de l'écriture de sa mère.

Un échange de lettre ? C'était donc possible, ça, à Poudlard ?

Ses yeux retrouvèrent les iris de Taylor et elle fronça les sourcils. Savoir que les deux première année se retrouvait dans la même situation la rassurait, elle se sentait déjà un peu plus à l'aise. Mais elle se rappela alors qu'elle avait lu la lettre de la prénommée Taylor et que cette dernière était en train de lire la sienne. Elle était entrée dans la sphère intime de la jeune fille et espérait que ça n'allait pas lui porter préjudice.

"-En effet, c'est bien moi... Je pense bien que c'est ta lettre..."

Elle avait dit ça dans un sourire maladroit. C'était une situation plutôt cocasse face à laquelle elle n'aurait jamais imaginé se retrouver. Quelle rencontre incongrue ! Qui aurait pu croire que ce genre d'erreurs, et pas de moindres, arrivait ? Dans un coin de sa tête, elle espérait que sa lettre n'était pas porteuse de mauvaise nouvelle comme la lettre de Taylor l'était de reproches. Un seul petit reproche mais tout de même, elle se sentait déjà mal pour la jeune Gryffondor qui allait devoir faire face aux dires de son père. Mais d'un autre côté, il y avait également la partie si chaude où il lui disait comme elle lui manquait. Ce n'était peut-être pas bien familier mais probablement qu'à l'écrit, les mots se déposaient de manière plus formelle ?

Elle lui tendit le bout de papier avec précaution, puis reprit la parole en fixant les mains de la jeune fille :

"-Et ce serait possible que tu aies la mienne ?"

"– En effet, c'est bien moi... Je pense bien que c'est ta lettre... Et se serait possible que tu aies la mienne ?
– Ah... Euh oui... C'est effectivement moi qui l'ai reçue... Désolée... Je l'ai lue en pensant que c'était la mienne... Vraiment, vraiment désolée..."

Oui, l'échange était dur, mais il se fit tout de même, Taylor reprit délicatement sa lettre tout comme elle donna la sienne à Katlyn. Cependant, l'échange fut étrange, comment pouvoir relire sa propre lettre alors qu'elle avait déjà été lue ? Elle n'en savait rien, mais elle allait le savoir, le découvrir. Connaître ce qu'elle contenait restait primordial pour elle, savoir qui lui envoyait de ses nouvelles, alors qu'elle n'avait encore rien retranscrit pour sa propre famille, par peur de décevoir, ou par peur de les inquiéter sur le fait qu'elle n'ait pu réellement construire quelque relation amicale que se soit.

La brunette reposa ses prunelles sur celle de sa camarade de maison, cherchant le moindre signe de gêne, après tout cette situation l'était n'est-ce pas ? Elles se connaissaient toutes deux à cause d'une lettre échangée, leurs lettres, et pourtant, en lisant la sienne, elle commençait à regretter de ne pas avoir de parents comme Katlyn pouvait en avoir, la lettre était tellement formelle que cela la dérangeait, l'écœurait, elle voyait bien ce reproche explicitement installé, mais elle ressentait tout de même l'amour de ce dernier, la fierté qu'il lui donnait, sans pour autant apprécier le style formel avec lequel il avait apposé ses mots, son texte.

Un soupir franchit donc ses lèvres et reprit une position peu sûre d'elle tout en restant droite comme un i, bien que cela en fut presque impossible.

"– Je suis désolée que tu ais pu voir le style formel de mon père... À vrai dire, il n'est pas tellement doué pour mélanger les émotions avec ses mots... Pourtant, je sais tout ce qu'il veut insinuer... Sinon... euh... Je..."

Sinon quoi Taylor... Dis-le lui, se sera bien plus simple, mais impossible... On ne s’immisce pas de cette manière dans la vie des gens et tu le sais bien, c'est papa qui te l'a dit, et il te le dira toujours...

La jeune rouge et or le savait parfaitement, or, il lui était totalement impossible de le faire à la fois par principe et par respect de la future adolescente qui se trouvait à l'instant face à elle. Le respect était mutuel et cela se voyait au-delà de leurs timidités respectives, car oui, Taylor le sentait tout simplement parce qu'elle l'était elle aussi, comme si ce défaut se repérait à plus de cent mètres entre personnes atteintes de manière assez haute...
Cependant, tout resta calme entre elles, la situation les paralysait ou tout simplement les rendait inapte à réagir de manière normale, comme un besoin vital. Pourtant, elle se reprenait à leurs manières.

La silence qui régnait entre les deux Gryffondor était assez spécial. L'une ou l'autre parlait mais on pouvait sentir que toutes deux se sentaient coupables de leur acte. S'immiscer dans la vie de quelqu'un, ce n'est pas rien ! Katlyn prit alors la lettre que la brunette lui tendait en un geste simple, peut-être un peu maladroit. Elle sentait bien que toutes deux se rendaient compte de la situation.

"– Ah... Euh oui... C'est effectivement moi qui l'ai reçue... Désolée... Je l'ai lue en pensant que c'était la mienne... Vraiment, vraiment désolée...
-Oh c'est à moi de m'excuser, j'ai lu la tienne aussi..."

Elle était un peu stressée en sachant que la première année avait lu des dires adressés à sa propre personne mais qu'elle l'avait également fait. Dans ce genre de situation, son corps prenait le dessus et ses ongles se plantaient dans ses paumes. Un signe d'angoisse qui avait pour l'habitude de lui laisser des marques. Heureusement, savoir qu'elles étaient toutes les deux dans le même panier la décrispa. 

En même temps que Taylor, elle entreprit de lire les mots de sa mère. Une petite pince au coeur lui vint quand elle arriva au passage dictant les actes de son grand-père. Évidemment, cette querelle n'allait pas être réglée de si tôt. Elle secoua la tête en soufflant, ennuyée. Heureusement que sa douce mère lui avait adressé son amour pour elle, mais tout de même, elle se sentit encore plus mal à l'aise quand elle se rendit compte que la jeune Gryffondor en face d'elle avait lu cette même lettre. 

"– Je suis désolée que tu ais pu voir le style formel de mon père... À vrai dire, il n'est pas tellement doué pour mélanger les émotions avec ses mots... Pourtant, je sais tout ce qu'il veut insinuer... Sinon... euh... Je..."

Sa lecture fut interrompue par la phrase de la jeune fille. Elle releva la tête vers elle et la fixa de ses grands yeux bleus transparents. Un petit sourire désolé prit place sur son visage enfantin.

"- Non, c'est de ma faute ! Je n'aurais pas dû lire ce qui ne m'appartient pas mais... C'est plus fort que moi ! Je suis trop curieuse ! En plus, tu as dû lire tous mes drames familiaux, je me dois te plaindre et de m'excuser encore."

Elle se mordit la lèvre inférieure en creusant le pli au milieu de ses sourcils. Elle replia la lettre et la mit dans sa poche, là où plus personne d'autre ne pourrait la lire. La blonde vénitienne se rappela les mots déposés sur le papier mais secoua la tête.

"- Mais ne t'inquiète pas, je n'en parlerai pas. Promis, je suis une tombe !"

Un petit rire sortit de sa gorge à cette phrase pour essayer de détendre l'atmosphère crispée entre les deux enfants. Elle tendit ensuite sa main devant elle, les doigts pointés vers elle, un sourire sur le visage.

"- Katlyn Johnson, la plus grande fouine que tu rencontreras au cours de ta vie."

Elle essayait de jouer la carte de l'humour, encore une tentative pour détendre l'atmosphère. Après tout, dans ce genre de situation, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

"— Non, c'est de ma faute ! Je n'aurais pas dû lire ce qui ne m'appartient pas, mais... C'est plus fort que moi ! Je suis trop curieuse ! En plus, tu as dû lire tous mes drames familiaux, je me dois te plaindre et de m'excuser encore. Mais ne t'inquiète pas, je n'en parlerai pas. Promis, je suis une tombe ! Katlyn Johnson, la plus grande fouine que tu rencontreras au cours de ta vie."

Ce fut un rire qui prit la jeune Bagholmes, un rire sincère et véritable. Un rire qui n'avait été provoqué que par le recul de cette situation, mais aussi parce qu'elle s'en fichait littéralement de savoir que sa camarade de maison était une fouine. Oui, elle s'en fichait. Pourquoi ? Tout simplement parce que Taylor acceptait tout le monde comme ils étaient et non pour ce qu'ils étaient. Pour elle, personne ne pouvait être identique, s'en était littéralement impossible, alors elle acceptait à sa manière.
Son regard détaillait la réaction de sa camarade, et de peur de la vexer, elle ne put se contrainte à de nouveau s'excuser.

Pourquoi encore ces excuses ? Pourquoi dois-je me soumettre à cette obligation, je n'étais en rien offensante, non, je n'étais pas coupable.

"— Tu sais, ce n'est rien, tout le monde agit comme le veut sa personnalité, et j'accepte cela. Je l'accepte sincèrement. Le principal pour moi, c'est que tu sois sincère avec toi-même. Alors... Merci d'avoir été sincère Katlyn. Merci sincèrement, de plus, je suis enchantée de te connaître, moi, c'est Taylor Bagholmes."

Un nouveau sourire prit place sur son visage, un sourire qui affichait sans retenue toutes les dents de la future adolescente.
Ses sentiments de gêne avaient disparu, avec le recul, aucune des deux n'était fautive de quoi que se soit, ce n'était que le coup du destin, un coup gênant, mais qui se retrouvait drôle en fin de compte. Son sourire ne fana pas, une première, après tout, rien ne menait à une situation de colère, elles étaient quittes puisqu'elles connaissaient des éléments de vie privés de l'une et de l'autre, alors pourquoi tout devrait exploser ? Le fait d'être chacune la tombe de l'autre, d'être la boite de Pandore n'était pas une si mauvaise idée en fin de compte, puisque si la vie de l'une venait à être dévoilée, la seconde n'hésiterait pas à en faire de même, bien que cela ne soit pas dans les habitudes de Taylor.

Un secret reste un secret, une trahison sera et restera une trahison.

Oui, la jeune Bagholmes semblait mettre un point d'honneur sur cette pratique plus qu'archaïque que fut jadis la loi du Talion, une loi qui voulait que le préjudice encourût soit identique au remboursement de "dette" que lui renverra la victime de ce même préjudice. Une loi qui était juste, mais qui pourtant pouvait être dérangeante pour beaucoup, puisqu'un autre proverbe embrouillait à la tête de la jeune fille : ne fais pas aux autres, ce que tu ne veux pas qu'ils te fassent.

Des citations tellement vraies, tellement utiles, mais à les fois tellement contradictoires. Laquelle choisir au final ? Je ne peux quand même pas me permettre de faire cela, même si elle devait le faire par une cause maladroite. Tu dois juste la respecter, Taylor. Juste la respecter.

Un énorme sentiment de soulagement fit tomber tout le poids qui pesait sur les épaules de la petit Katlyn et elle ne put s'empêcher d'afficher un sourire franc face à sa camarade de maison. Le brunette avait tout à fait raison dans ses paroles, le principal était qu'elles soient toutes deux sincères l'une envers l'autre et c'était le cas, pour la ravir. Elle se redressa légèrement et regarda autour d'elle. Il n'y avait personne et seuls les oiseaux avaient été témoins de leur rencontre. Dans un sens, ça la rassura. Personne pour les voir être mal à l'aise mais également personne pour se pencher et lire les lettres de l'autre. C'était un secret qu'elles pouvaient garder entre elles. Quoi de mieux dans une amitié que cela pour la commencer ? 

"- Je suis ravie de te connaitre, Taylor. Et je suis également ravie de savoir qu'on est sur le même piédestal !, dit-elle en rigolant."

Oui, ça lui faisait plaisir de se sentir l'égal de l'autre Gryffondor. Ni supérieure, ni inférieure, le juste milieu. Aucune des deux jeunes filles ne pouvaient prétendre en savoir plus sur l'une que l'autre car elles démarraient toutes deux avec cette lettre.

La blonde vénitienne lui adressa un grand sourire plein de sincérité avant de se retourner, prête à partir. Mais bien vite, elle fit volte-face avec une légère grimace sur le visage, et elle se tortilla légèrement sur ses deux pieds, se balançant de droite à gauche.

"- Désolée, je suis vraiment trop curieuse... Mais ça me ronge, dit-elle sur un ton rempli de remords."

Elle prit une grande inspiration. En effet, la petite Katlyn, malgré qu'elle voulait se faire paraitre pour quelqu'un d'un peu moins curieux, ne pouvait s'empêcher de creuser toujours plus loin. C'était dans sa nature et un jour, ça allait sûrement être cette nature qui allait lui causer de nombreux ennuis. Mais chez une enfant de onze ans, pouvait-on considérer cela comme un pêché mignon ? Peut-être pas, dans tout les cas, ce défaut l'avait poussé à demander plus d'informations à la jeune Bagholmes : 

"- Qu'est-ce qu'il se passe entre ton père et ta grand-mère pour que ça ne lui plaise pas que tu lui aies dit à elle où tu avais été répartie et non à lui ?"

On pouvait observer la gêne de la jeune fille, sa curiosité débordante qu'elle ne pouvait s'empêcher de détester et qui, pourtant, était constamment dans ses gênes. La contrôler ? On le lui dit constamment mais pour une raison inconnue, cette part de sa personnalité prend bien trop souvent le dessus sur les réels désirs de la jeune lionne. 

"- Enfin, non, oublie, je suis désolée, dit-elle en secouant la tête dans l'espoir de se rattraper. Excuse-moi, je suis vraiment trop curieuse. Enfin, sauf si tu as envie de rép- Oh non, dis, Katlyn, arrête un peu !, se gronda-t-elle elle-même."

Elle avait l'impression de paraitre pour une folle face à Taylor, et c'était probablement ce de quoi elle avait l'air mais peut-être allait-elle ne pas lui en tenir vigueur et, qui sait, savoir apprécier cette partie de sa personnalité ?