Alice!! Il devait trouver Alice, il voulait lui parler, lui raconter son rêve, lui dire qu'il l'a dans la tête et qu'il veut passer du temps avec. Tout aller vite dans tête, ses pensées partaient dans tous les sens, il s'imaginait les mots qu'il lui dirait, son nom tambourinaient dans sa tête *Alice, Alice, Alice*. C'était peut-être le réveil en sursaut après ce rêve qui faisait son œuvre, mais il devait la trouver.

Il parcourait les couloirs, était aller voir devant l'entrée de la salle commune des Serpentard, personne n'avait su lui dire où elle était. La seule chose qu'il savait c'est qu'elle n'était pas dedans, pas dans la bibliothèque, pas dans les couloirs, pas dans le parc, nul part... Sa quête semblait perdue, il ralentissait le rythme de sa course, épuisé d'avoir fait 2 fois le tour du château pour rien. *Et si je lui écrivais..* En voilà une bonne idée! Il n'aurait pas à chercher ses mots face à elle. Et si elle s'en fichait de ce qu'il voulait lui dire il n'aurait pas à subir sa réponse. Il n'avait pas songé à sa réaction jusque-là... Si elle s'en fichait ... Si la sensation qu'il avait eu en tribune était fausse? Si ce qu'il ressentait était à sens unique? Nan il ne fallait pas penser à ça ! Nan surtout pas!

Décidé Christopher alla dans son dortoir écrire sa lettre tout en se rassurant sur le fait qu'elle aussi avait paru passer un bon moments avec lui. Son sourire n'était pas anodin, elle avait surement capté l'importance de ce moment partagé ensemble.

Alice,

Depuis cet instant en tribune je pense beaucoup à toi, j'ai cru comprendre que pour toi aussi ce moment était particulier. J'ai rêvé de toi aujourd'hui et je ne crois pas que ce soit un hasard. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais j'ai envie de passer du temps avec toi, de mieux te connaître car tu me plaîs. Si tu as envie que l'on se revoie renvoie-moi un hibou et dis-moi où et quand tu veux que l'on se retrouve.

Bisous,

Christopher

Puis il se rendit à la volière pour envoyer un hibou porter sa lettre à la Serpentard. La bête n'aurait pas à faire un trop long voyage, s'en était presque ridicule d'ailleurs. Mais c'était moins gênant que de faire passer la lettre par intermédiaire qui aurait pu lire ses mots. En arrivant en haut de la tour, le sursaut. Elle était là!

"Alice!"

Sur le coup de la surprise il laissa échapper son parchemin qu'il avait enroulé sur lui-même. Le rouleau tomba ainsi au sol et roula jusqu'aux pieds de la jeune fille.

Sa plume quitta enfin son parchemin devenu noir de mot. Confortablement assise sur l'une des fenêtres vierge de toute fiente, Alice relisait la lettre rédigée à son père. Les cours, les commentaires des professeurs, les potins des couloirs, les rumeurs, les discussions avec ses amis... mais pas toutes. Dorian Sangblanc n'entendrait jamais parler de la discussion que la fillette avait eut avec Orphéa. Jamais. Qu'en dirait-il ? Oh non, jamais il ne devrait savoir. Il ne devait pas entendre parler de Christopher pour l'instant. Seulement pour l'instant. Alice avait tant envie de lui en parler, pourtant. Elle crevait d'envie de lui dire qu'elle pensait à lui au réveil et au couché. Elle voulait lui dire qu'à chaque fois qu'elle voyait un aigle bleu étampé sur une robe, elle regardait tout autour pour voir si Christopher n'était pas dans les parages. C'était tordu, complètement tordu, et elle le savait. C'était ça, le pire.

Satisfaite de son écriture, Alice ferma soigneusement son parchemin et rejoint un hibou robuste qui semblait s'ennuyer dans son coin.

« - Bonjour, dit-elle à l'attention de l'oiseau. J'ai une lettre à te confier, elle est à l'attention de Dorian Sangblanc. Il est en Irlande, à Limerick.

L'oiseau finit par se tourner vers la fillette. Alice, voyant cela comme un acquiescement, vint attacher la lettre au hibou. Elle aimait être ici, entourée de tout ces rapaces nocturnes. Elle aimait entendre leur hululement tout autour d'elle. C'était un joli chant de fin de journée, il était apaisant. Bien sûr, il fallait faire abstraction des odeurs qui régnaient dans la volière mais ce n'était pas pire que l'odeur de la vase près du lac.

Le hibou prit son envol après qu'Alice ai soigneusement expliqué où elle pourrait trouver son père. La fillette retourna alors à son sac pour ranger ses affaires.

- Alice !

La petite Sangblanc se tourna alors, un sourire aux lèvres. C'était lui, c'était bien lui. Elle l'avait reconnu, rien qu'à la voix. Cette voix qu’elle s’était remémoré pour ne pas l’oublier. Il était là, dans l’encadrement de la porte, ses yeux droits sur elle. De sa main venait de s’échapper un parchemin qui vint rouler jusqu’aux pieds de la fillette. Lorsqu’elle le sentit frappé contre sa bottine, Alice glissa ses yeux dessus. Elle s’abaissa, le ramassa et releva ses yeux sur Christopher.

« - Tu as l’air surpris de me voir ici, dit la fillette en souriant.

Elle aussi l’était. Alice venait d’y penser et ... le voilà. Si cela pouvait marcher tout le temps ...
Alice s’avança vers Christopher, jusqu’à se planter à quelques pas de lui. Son sourire ne quittait pas son visage. Elle était si heureuse de le voir ! Et surtout, de savoir qu’il se souvenait d’elle. Après tout, était-ce possible d’oublier... ça ?

- Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlé... comment vas-tu ? »

C’était bête comme question ! Si bête ! Mais Alice ne savait pas quoi dire, elle se sentait démunie... mais elle voulait lui parler. Elle en avait besoin.

Il l'avait cherché partout, sauf ici, et elle était maintenant devant lui. Si belle à ses yeux avec son sourire. Il aurait aimé lui sourire également mais il était pétrifié intérieurement. Alice avait vu le parchemin à ses pieds et venait de le ramasser. Elle tenait entre ses doigts la confession d'une part de ses sentiments, il n'y disait pas qu'il l'aimait mais ce qu'il y avait écrit ne laissait que peu de place à une interprétation éloignée de l'idée qu'il éprouvait quelque chose pour elle. Il s'était fait à l'idée de passer par une lettre et qu'il ne verrait pas ainsi sa réaction, qu'il n'aurait pas à subir sa raillerie si elle ne voulait pas passer du temps avec lui. Il voulait qu'elle lise ce mot, mais pas devant lui. Et elle tenait le rouleau sur lequel, il s'en souvenait, on pouvait lire "Alice" sur la partie visible. *Pourvu qu'elle n'y prête pas attention et me le rende* se dit-il. Le temps d'un bref instant il regarda par une des fenêtres de la volière et se dit que de sauter à travers elle lui permettrait d’échapper à ce moment déplaisant. Mais la douce voix d'Alice interrompit cette idée absurde.

" - Tu as l’air surpris de me voir ici.

*Pas qu'un peu oui*.

-C'est que heuu.. J'ai l'habitude d'être seul ici, je m'attendais pas à trouver quelqu'un ici, encore moins toi.. Mais je suis content de te voir!"

Si seulement il était tombé sur elle plus tôt, il n'aurait pas eu cet effet de surprise, il se serait peut-être montré plus à l'aise, plus confiant et lui aurait dit ce qu'il avait sur le cœur. Mais elle était ici et voilà qu'elle s’avançait de son pas naturellement élégant vers lui avec son sourire si envoûtant. Plus elle s'avançait plus l'aiglon rougissait. Cela lui rappelait quand lui même s'avançait vers elle pour lui embrasser la joue. Ses yeux allaient du parchemin au regard argenté de la Serpentard, jusqu'à ce qu'elle s'arrête à seulement quelques pas de lui.

"- Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlé... comment vas-tu ?
-Oui, je...ca va. Et toi? Tu fais quoi? Tu envoyais une lettre aussi?"

Qu'il était bête, *Non elle voulait juste profiter de l'odeur de fiente* pensa-t-il. C'était impressionnant comment être seule avec elle l'intimidait tout à coup. Il était pourtant heureux de la voir mais n'arrivait pas à le montrer. Il repensa à cet instant en tribune où tout avait été simple avec elle. Enfin un sourire se dessina sur son visage, il se détendait petit à petit en pensant à ce moment précieux auquel qu'il n'avait de cesse de rappeler nuit et jour. C'était il n'y a pas si longtemps, 4 jours, mais il avait l'impression que ça remontait à bien plus loin tant elle lui avait manqué depuis.

Ses yeux ne se détachaient plus du garçon. Elle n'y arrivait pas. Alice avait envie de se noyer dans ses yeux, ceux qu'elle avait tant espéré revoir. Cette fois, ils n'étaient rien que pour elle. Aucun match de Quiddich ne viendrait les soustraire à elle, aucune maudite balle n'attirerait son attention. Cette pensée était angoissante, mine de rien. Ils étaient là, tous les deux, seulement accompagné par le hululement des chouettes. Seulement Christopher, et elle.
Alice se sentait étrangement stressée. Ses mains étaient moites, son cœur battait fort, elle était mal à l'aise. Pourtant, Alice était si heureuse de le revoir, de l'avoir rien que pour elle au moins quelques instants ! C'était assez contradictoire, et Alice ne savait pas s'expliquer ce qu'elle ressentait, à cet instant présent. Elle voulait comprendre, mais n'y parvenait pas.

Christopher, le visage virant au rouge, jetait quelques regards au parchemin qu'Alice avait ramassé. Il voulait le récupérer. Bien sûr qu'il voulait le récupérer ! C'était le sien ! Pourquoi ne lui avait-elle pas rendue avant... c'était gênant à présent. Et puis il devait être humidifié par ses mains moites. *La honte...!* Et si elle lui rendait de suite, il allait l'envoyer, et repartir. Et Alice ne voulait pas qu'on lui arrache sa présence. Pas tout de suite. Elle voulait profiter de sa présence, autant que possible.

« - Et toi? Tu fais quoi? Tu envoyais une lettre aussi?

Un sourire venait de naitre sur le visage du garçon. Un sourire qui désarma la fillette. Elle avait oublié à quel point il était beau, ce sourire. Quatre jours, comme c'était long sans le voir. C'était bête, mais ce simple sourire la rendait très heureuse. Elle savait qu'il était pour elle, pas pour le match, pas pour un commentaire dans les tribunes, pas pour une stupide chanson de supporter. Non, ce sourire était pour elle, et elle en était certaine.
Alice prit un petit instant pour se remettre de sa contemplation, et répondit :

- Je venais écrire pour mon père, j'aime bien écrire avec le hululement des chouettes. Et là, je viens de lui envoyer sa lettre. Je lui en envoie une tous les jours pour lui raconter mes journées.

*Mais de ça, il s'en fiche ! Tout le monde s'en fiche ! * Bien sûr qu'il s'en fichait, pourquoi n'avait-elle pas répondu seulement "oui, j'envoyais une lettre" ? Il n'y avait pas besoin de raconter sa vie à tout bout de champ. Christopher allait la prendre pour une insupportable petite bavarde. Ses doigts se crispaient autour du parchemin du garçon. Il fallait lui rendre, mais... non. Non.
La fillette étira un délicat sourire pour chasser toutes les idées qui rebondissaient dans son crâne. Ce n'était pas le moment de se poser mille et une interrogation. Christopher était là, devant elle. Elle qui avait tant espérer le revoir, il ne fallait pas laisser cette chance s'envoler.
Elle rangea ses mains dans son dos, gardant ainsi le parchemin auprès d'elle. Armée de son sourire, la fillette regardait le garçon dans les yeux.

- J'attends toujours ton invitation officielle à venir voler en ta compagnie, dit elle avec un air malicieux. Ne dois-tu pas m'aider à être plus à l'aise sur un balai ? »

Voilà. Ça, c'était parfait ! Alice souriait, Alice était satisfaite, Alice redevenait maitresse de son petit cœur. Il fallait que cela dure !

- Je venais écrire pour mon père, j'aime bien écrire avec le hululement des chouettes. Et là, je viens de lui envoyer sa lettre. Je lui en envoie une tous les jours pour lui raconter mes journées.

Avec plaisir Christopher constata qu'Alice avait la décence de répondre à sa question malgré qu'elle soit stupide. C'est vrai que la volière en dehors de l'odeur désagréable qui s'y imposait parfois était un endroit idéal pour écrire. Entre la vue qui surplombait le château, le calme, les hiboux. Le blond comprenait tellement qu'Alice venait ici pour écrire à son père. D'ailleurs il se fit la réflexion que lui n'avait pas écrit depuis un moment à ses parents et à sa sœur, pourtant il avait beaucoup à dire à cette dernière. Ne serait-ce que concernant la fille qui se tenait en face de lui. Il n'avait pas encore pris le temps de lui raconter sa rencontre, il aurait peut-être même bien besoin de son point de vue, si seulement il arrivait à mettre de mots sur ce que la première année lui faisait ressentir ce serait bien plus simple.

Devant lui Alice avait toujours le rouleau de parchemin qui lui était destiné dans la main. Mais le sourire de la jeune fille concentrait maintenant toute l'attention du garçon qui se détendait à mesure qu'elle parlait. Il l'avait son moment avec elle, sa lettre perdait de son utilité, il hésitait juste à lui parler de son rêve.

- J'attends toujours ton invitation officielle à venir voler en ta compagnie. Ne dois-tu pas m'aider à être plus à l'aise sur un balai ?

Elle n'avait pas oublié la proposition que Christopher lui avait fait dans les tribunes! Intérieurement Christopher était tellement heureux que ce soit elle qui l'évoque, elle qui montrait de l'intérêt à l'idée de voler avec lui. Il se sentait si bien tout d'un coup, il avait envie d'aller de suite au terrain avec elle.

"-Tu attends? Mais c'est quand tu veux, tout de suite même! Enfin dès que tu as du temps libre je veux dire. On pourra aller sur le terrain d’entraînement et je t'aiderai avec plaisir."

Il ne pouvait plus tellement cacher la joie qu'il ressentait. Il espérait temps passer du temps avec elle et là se dessinait la promesse d'un moment à deux dans les airs. Un moment intime qui n'appartiendrait bien qu'à eux et eux seuls cette fois. Un instant où il savait qu'il aurait toute son attention, qu'elle aurait sur lui ses yeux argentés. Elle lui avait confié qu'elle appréciait sa façon de voler, il pourrait alors la lui montrer sans le stress d'un match et la pression de ses adversaires. Il n'y aurait que du plaisir à vivre et partager avec elle. Il se sentait si euphorique à cette idée qu'il se décida à lui dire une chose qu'il n'aurait jamais pensé pouvoir dire quelques secondes plus tôt.

"-Au fait.. Le parchemin que tu as ramassé.... Il t'est destiné."

Il n'avait d'un coup plus peur qu'elle le lise devant lui, du moins il ne craignait plus sa réaction.

Le sourire d’Alice ne disparaissait pas. Au contraire, il grandissait au fur et à mesure que la fillette réalisait ce qui se passait. Depuis combien de temps n’avait-elle pas été aussi heureuse ? Ces derniers jours avaient été éprouvants moralement. Brett l’avait abandonnée en lui laissant pour seul souvenir des cris et des insultes, Orphéa avait été méchante et avait préféré un Poufsouffle à son amitié. Elle avait perdu les deux amis avec qui la fillette passait ses journées. Bien sûr, il y avait toujours Aliosus, et fort heureusement. Et puis il y avait Irisia et Thalea. Mais ... leur amitié n’était pas suffisante pour combler le vide qu’avait créé la trahison de Brett.
Heureusement, Christopher était apparu dans sa vie. Il avait chassé les nuages pour imposer à son ciel assombri un grand soleil. Sa présence était si douce au cœur d’Alice. A présent qu’il était en face d’elle, Alice le constatait. Elle avait besoin qu’il soit là, auprès d’elle. Il l’a tirait en avant, l’empêchait de s’enfermer dans la tristesse, dans la colère, dans la peur.

Le Serdaigle semblait pressé d'apprendre à Alice ce qu'il savait en matière de vol. Du moins, c'était ce que ses paroles laissaient supposées. La fillette avait envie de lui répondre qu'elle voulait y aller de suite ! Elle ne voulait plus attendre, maintenant qu'il était là. Elle voulait tout faire d'un coup, ressentir cette joie sillonner dans tout son corps, que plus jamais cette douce chaleur ne la quitte. Oublier que ce n'était pas raisonnable, et qu'elle devait cacher cette euphorie.


« - Au fait.. Le parchemin que tu as ramassé.... Il t'est destiné.

Alice haussa un sourcil. Ce parchemin qu'elle tenait dans son dos ? Celui la même qui était le témoin des angoisses précédentes de la fillette ?

- Il m'est destiné ? répéta t-elle, surprise.

Elle n’avait nullement besoin de confirmation : ses yeux voyaient bien son prénom inscrit sur le parchemin. Aussitôt, le rouge lui monta aux joues. Elle releva aussitôt les yeux sur le garçon. Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Il lui suffisait de lire pour le savoir, bien sûr. De lire ce que Christopher avait écrit pour elle. La fillette reporta son attention sur le parchemin.

- Alors... eh bien, je vais le lire, dit-elle.

Ses doigts tremblants avaient déjà dépliés le parchemin, mais ... était-ce bien poli de lire ces mots devant celui qui les avaient écrit ? Le principe d’une lettre était d’en prendre connaissance loin des yeux de celui qu’il l’avait rédigé ! Mais c’était trop tard pour y songer à présent : sa curiosité la poussait à dévorer la lettre dans l’immédiat.

Il pensait beaucoup à elle. Il pensait beaucoup à elle ! Il l’écrivait ! Alice s’empressa aussitôt de lire la suite, avide d’autres plaisirs. Un rêve, il avait fait un rêve en sa compagnie ? Elle voulait savoir quel rêve pour en donner le sens ! Ou au moins en demander le sens à tante Pauline.
« J’ai envie de passer du temps avec toi » Alice poussa un petit rire de joie rapidement étouffé contre ses doigts. Ces mots, la fillette les avait espéré sans se l’avouer. Elle aussi mourrait d’envie de passer du temps avec lui, elle voulait tout savoir de lui, elle voulait qu’il sache tout d’elle. Elle voulait partager son quotidien avec le garçon. Parler avec lui, rire avec lui, faire ses devoirs avec lui, débattre avec lui, jouer avec lui. Être avec lui.

Le sourire de la fillette était grand, douloureux à force qu’il cherche à s’étirer davantage. Elle était joie. Si joie ! Christopher était en face d’elle, il fallait lui répondre ! Lui dire à quel point sa lettre lui faisait plaisir, ô combien elle acceptait de passer du temps avec lui ! Mais tout se bousculait dans la tête de la petite fille. Une avalanche de bonheur venait de s’écraser sur elle. Aucun mot ne réussissait à franchir ses lèvres. Mais il fallait parler !

- Moi aussi je veux passer du temps avec toi. »

Ses mots étaient secoués par un tremblement qu’elle ne réussissait pas à calmer. Son coeur battait si fort ! Elle ressentait une vive chaleur dans tout son corps, mais également des sueurs froides. Elle se sentait heureuse, et angoissée. Et si il se moquait d’elle, et si c’était une blague ?
Et si ...
Et si finalement, il fallait cesser de réfléchir et seulement croire au bonheur qui venait de l’étreindre ? Pourquoi n’y aurait-elle pas le droit, comme Orphéa et son Poufsouffle, comme Brett et Norma ? Alice aussi avait le droit de ressentir de la joie à l’idée de passer du temps avec quelqu’un. Avec Christopher. Et seulement lui.

Il ne pouvait plus faire demi-tour. Alors que Christopher regardait ses pieds, donnant par ci par là des petits coups dans les ossements laissés par les hiboux, Alice avait déroulé le parchemin et elle commençait à le lire tout en ayant les joues rouges. Gênée ou touchée? Il se rappelait les mots qu'il avait écrit, il se les répétait en tête comme si il lisait avec elle tout en cherchant à percevoir les réactions que ceux-ci lui provoquaient. Il voyait les yeux argentés de la jeune fille filaient de gauche à droite dans un silence perturbant que seuls les hululements des chouettes troublaient. Mais un rire cassa le ramage ambiant. Un rire doux très vite étouffé mais qui fit si mal à l'aiglon. Elle se moquait... Elle riait de ses mots, elle riait de ce qu'il cherchait à exprimer. L’allégresse de revoir Alice disparut, laissant place alors à une gêne qui lui comprimait l'estomac. Il regrettait de lui avoir dit que cette lettre était pour elle, de lui avoir laissé l'occasion de la lire devant lui.

"- Moi aussi je veux passer du temps avec toi."

La Serpentard lui souriait, elle semblait sincère, elle ne se moquait donc pas... Le blond devint tout rouge, le sourire concurrençant celui de la jeune fille. Les montagnes russes à nouveau, comme dans les tribunes. Ses pensées, son cœur, son estomac tout passait de l'extase à la détresse pour retourner à nouveau à l'extase. Il n'avait aucun contrôle sur tout ça quand il était en face d'elle. Un plaisir dans les hauts un malheur dans les bas, allait-il ressentir ça à chaque fois qu'il serait en sa présence? La réponse d'Alice était brève, elle n'avait pas relevé qu'il avait rêvé d'elle, qu'elle lui plaisait. Mais Christopher appréciait ça, elle ne posait pas trop de questions, elle se contentait d'exprimer son envie réciproque de passer du temps avec lui. Il aurait tout le temps de lui raconter son rêve plus tard si elle le souhaite. Quand lui-même aura compris ce qu'il pouvait signifier.

"-Ha oui? Et bien heu... On aura l'occasion en allant voler rien que tous les deux comme convenu. *Attend est-ce qu'au moins elle veut qu'on soit que tous les deux?* Enfin à moins que tu souhaitais qu'il y ait d'autres gens avec nous."

Il espérait très fort qu'elle ne désire que lui et personne d'autre. Il voulait être juste avec elle, il pourrait être lui-même, lui dire des choses qu'il ne voulait qu'aucune autre personne n'entende. Regardant brièvement par la fenêtre il vit le soleil qui s'abaissait à l'horizon. La nuit s'annonçait, il était trop tard pour y aller maintenant et de toute façon vu les températures, voler n'était pas une bonne idée si il voulait qu'Alice n'attrape pas froid.

"-Dès qu'il ferra un peu plus chaud on pourra se retrouver sur le terrain d’entraînement."

Quel était cet étrange sentiment qui lui empourprait les joues et lui secouait le ventre ? C'était aussi agréable que terrible, aussi formidable que terrifiant. Dans sa poitrine, son cœur battait à tout rompre. Elle voulait tant qu'il se calme, redevenir maitresse de son corps mais... était-ce si important ? Elle souriait, et Christopher souriait également. Ça, c’était important. Christopher voulait passer du temps avec elle, et elle désirait passer du temps avec lui. Il ne fallait penser à rien d'autre qu'à cela, et profiter de l'instant. Mais que dirait son Père ?

C’était étrange ce qui lui arrivait. Ses amis s’arrachaient à elle, emportaient avec eux ses sourires et, tout d’un coup, Christopher arrivait. D’un battement de cil, il venait d’envoyer valser tous les vilains mots qu’on lui avait dit, toute la colère et la tristesse qui avait trouvé refuge en son coeur. Se rendait-il seulement compte du bonheur qu’il représentait ?

« - Ha oui? Et bien heu... On aura l'occasion en allant voler rien que tous les deux comme convenu.

La voix de Christopher sortit immédiatement Alice de ses pensés, elle était parti si loin. Voler rien que tous les deux, la fillette en rêvait ... et le craignait également. Et si elle se ridiculisait, et qu’il se moquait ? Non, Christopher n’était pas comme ça. Elle ne le connaissait pas assez mais elle savait qu’il n’était pas comme ça. C’était un gentil garçon, Alice en était certaine !

Avant qu’elle ne puisse lui répondre, Christopher ajouta :

⁃ Enfin à moins que tu souhaitais qu'il y ait d'autres gens avec nous.
⁃ Non, tous les deux c’est très bien !

Quel empressement ... Alice s’en étonna toute seule. L’idée de partager un moment avec Christopher, surtout un moment pareil, lui était insupportable. Tous les deux, rien que tous les deux, ce serait très bien. Personne ne pourrait se moquer d’elle si son vol venait à être désastreux. Il ne le serait certainement pas mais ... il fallait être prudent.

Lorsque Christopher jeta un regard bref sur l’extérieur, Alice en profita pour ajuster une boucle qui lui chatouillait l’oreille. Allaient-ils voler de suite ? Christopher devait y songer ! Évaluait-il les dangers par rapport au vent ? S’assurait-il que le soleil déclinant n’allait pas aveugler les deux enfants ? Alice trépignait d’impatience... son premier vol non encadré avec un professeur particulier, c’était grisant !

⁃ Dès qu'il ferra un peu plus chaud on pourra se retrouver sur le terrain d’entraînement.

Le sourire d’Alice resta figé sur son visage, un instant. Le froid. Bien sûr. Alice n’y pensait plus, mais il fallait bien admettre que la température au sol n’était pas idéale, alors dans les airs... Christopher était vraiment prévoyant.

⁃ Tu as raison. Je suis certaine que le mois de mai sera plus chaud, répondit Alice, son sourire plus grand. Il en faudrait pas que l’on attrape froid !

En réalité, tomber malade était le cadet de ses soucis. Si c'était le prix à payer pour passer un joli moment avec Christopher, elle paierait. Mais il ne fallait pas brûler les étapes, bien sûr. Ils n'allaient tout de même pas aller voler de suite, ce ne serait pas raisonnable... Au diable la raison, Alice avait envie de voler tout de suite !
Mais... non, non, il fallait être raisonnable et attendre qu'il fasse plus chaud pour pouvoir profiter d'un joli moment. Un vrai joli moment. Rien qu'à eux.
Le regard d'Alice se reposa sur la lettre qui n'avait quitté ses doigts. Plus elle la regardait et plus sa joie grandissait. Jamais elle ne s'était attendu à lire quelque chose comme cela. Ce n'était certes pas grand chose, mais c'était pour elle. Rien que pour elle.

⁃ Je vais garder précieusement ta lettre, dit la petite Sangblanc en apportant le parchemin à sa poitrine. Rien n’aurait pu me faire plus plaisir que ça... Je... ce n'est pas facile tous les jours en ce moment... Savoir que toi tu penses à moi, que tu as envie de passer du temps avec moi... c'est important à mes yeux. »

La fillette étira un nouveau sourire pour Christopher, ses petites joues blanches rosies.

"-Tu as raison. Je suis certaine que le mois de mai sera plus chaud. Il ne faudrait pas que l’on attrape froid !"

Alice avait raison même si le fait d'attraper froid il s'en fichait ou du moins il ne s'en inquiétait pas. Il s'était habitué à voler sous des conditions dantesques avec le Quidditch entre la neige où la pluie mêlée au vent il avait eu son lot d'intempérie dans les airs sans jamais tomber malade ou se mettre en danger. Du moins pas plus que ce que le Quidditch pouvait apporter comme dangerosité sous un soleil radieux. Mais la sécurité et la santé d'Alice primaient sur tout le reste surtout qu'elle n'était déjà pas à l'aise sur un balai, il était préférable d'avoir de bonne condition pour l'aider à voler plus sereinement. Celle-ci regardait à nouveau la lettre que l'aiglon lui avait écrite, le sourire qu'elle affichait faisait tellement plaisir à l'aiglon. Il avait choisi ces mots dans l'instant, sans vraiment y réfléchir. Il s'était livré sur ce bout de papier comme jamais il n'avait su le faire, mettant de côté sa pudeur. Face à Alice il se réjouissait de l'avoir fait par écrit car devant les yeux argentés de la jeune fille il aurait à coup sûr bégayé et dit des choses futiles bien loin de ce qu'il lui avait avoué dans cette lettre.

"-Je vais garder précieusement ta lettre. Rien n’aurait pu me faire plus plaisir que ça... Je... ce n'est pas facile tous les jours en ce moment... Savoir que toi tu penses à moi, que tu as envie de passer du temps avec moi... c'est important à mes yeux."

-Ha oui? L'idée qu'Alice n'allait pas bien fit tressaillir Christopher. Qu'est-ce qui se passe?Je suis là si tu as besoin de parler. Tu sais dans ce rêve... En fait je te sauvais d'un danger. Repensant à son rêve il se rappela qu'un autre visage qu'il connaissait qui avait le rôle du bourreau désirant brûler Alice. Je te sauvais d'un de tes copains avec qui tu traînes parfois, Brett je crois, je suis pas bien sûr de son nom... Je sais pas si ça veut dire quelque chose mais en tout cas j'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que ce soit!"

Ça non, il voulait prendre soin d'Alice, la protéger, la sauver comme dans son rêve. L'idée d'être son héros, son sauveur, lui plaisait bien mais cela voulait dire qu'Alice soit en danger et ça c'était inimaginable. L'entendre lui dire que ce n'était pas facile tous les jours lui faisait de la peine, aussi il voulait la réconforter, la prendre dans ses bras comme il l'aurait voulu quelques heures avant dans son rêve. Mais là encore quelque chose le bloquait. Pas de force invisible cette fois, juste une hésitation, une gêne. Était-ce bien approprié? N'était-ce pas trop?

Au moment où ses mots avaient franchi ses lèvres, Alice les avaient regrettés. Qu'est-ce qui lui avait prit de se plaindre devant Christopher ? Il n'avait pas à subir les états d'âme d'Alice, le pauvre ! Et elle, pour quoi passait-elle ? Une pleurnicharde ?

Mais Christopher réagit en gentil garçon. Il semblait s'inquiéter, du moins c'était ce que ses mots laissaient supposer. Alice se sentit immédiatement mieux.
Lorsqu'il évoqua son rêve, Alice sourit. Oh, oui, elle voulait le connaître ce rêve. Tante Pauline disait que les rêves sont des puits de révélation.
Mais elle ci, Alice ne s'y attendait pas. Christopher avait rêvé de Brett. Christopher avait rêvé qu'il l'avait protégé de lui. Ce n'était pas un hasard, ça non.

« - Brett, n'est-ce pas ...

Le ton de la fillette était devenu bien moins agréable qu'elle ne l'aurait voulu. Ce n'était pas de sa faute, l'évocation de Brett la mettait hors d'elle. Tous les souvenirs étaient encore trop frais, toutes les insultes qu'il avait proféré étaient toujours encrées dans sa mémoire.
Le regard de la fillette s’échappa dans un coin de la pièce, elle ne voulait pas que Christopher pense que son regard plein de colère était pour lui.

- Brett, ce n'est plus mon ami. Il a été méchant avec moi, il m'a dit des choses horribles. C'est un méchant garçon, et je pensais qu'il était gentil. Finalement, il s'est montré sous son vrai jour.

Ça faisait encore si mal d'en parler. Alice pensait qu'avec le temps la douleur s'amoindrirait mais c'était même pire.

- Je pensais que c'était mon meilleur ami, souffla Alice d'une voix moins dure. Mais non, je m'étais trompée. Ce n'était qu'un vilain garçon.

Le pieds d'Alice grattait un peu le sol.

- Hier, ma meilleure amie m'a dit des vilaines choses. Elle a dit que j'étais froide et prétentieuse, et sans argument en plus ! Mais je sais que c'est à cause de Brett. Ils ont tout fait pour que je me retrouve toute seule. Ils sont méchants.

Alice prit une grande inspiration en relevant la tête. C'était vraiment douloureux d'en parler, Alice sentait toujours son cœur se serrer à l'évocation de cette trahison. Qu'avait-elle fait pour mériter un tel traitement ? Rien, et c'était ça le pire.
Elle reposa ses yeux sur Christopher. Lui, il était là à présent. Il était gentil, généreux, attentionné. Il était tout ce que Brett et Orphéa n'était pas. Il était son sauveur. Il était celui qui l'avait extirpée de sa coquille toute noircie par la colère et la trahison.

- Mais toi tu m'a sauvée, dit Alice dans un sourire. Maintenant, ça va mieux. Et je sais que tout ira bien maintenant. Comme dans ton rêve... d'ailleurs, tu peux me le raconter ...? »

Christopher avait peut-être fait un rêve prémonitoire ? Peut-être allait-il lui apprendre des choses qu'elle ignorait ? Peut-être que ce qu'il allait lui raconter allait lui faire beaucoup de bien, et allait créer des liens entre eux. Des liens plus forts que ceux qui les liaient peu à peu.