Cela fait à présent quelques jours que tu es ici, Petite. Quelques jours. Pas assez pour que le temps te semble long. Il y a tant de choses à découvrir ! Tant de lieux insoupçonnés ! D'étranges objets, de sorts, d'effets... Comme ce premier soir. Tu as eu peur, ce premier soir, dans la Grande Salle, en voyant le plafond "magique", le ciel ouvert, la pluie tombant mais ne te touchant pas. Tu as eu peur, mais cette pièce est désormais ta préférée. 

Non, le temps n'est pas long. Et pourtant... Quelle est cette pointe d'acier qui se fit sentir dans ton coeur ? À chaque fois que l'on te demande quelle est ta "maison", un pic glacé s'enfonce dans ta poitrine et tu réprimes un frisson. Tu ne sais pas vraiment ce que c'est. Du moins, tu ne saurais pas nommer ce mal qui t'habite. Mais tu pressens que la séparation de ton frère est la cause de cette douleur. 

*Amel.*

Parfois, la nuit, son nom résonne dans ta tête. Une voix répète sans cesse ces mêmes syllabes formant ce nom. Un nom que tu as crié, hurlé, pleuré, murmuré, susurré, écorché, rétréci, bafouillé, épelé... Un nom que tu as presque prononcé plus de fois que le tien. 

Ce nom. Son nom. 

À chaque fois que la voix prononce son nom, un coup de pinceau est ajouté au tableau. Les traits s'ajoutent, se multiplient, se superposent et finissent par former son visage. Ses traits ronds et enfantins, son sourire, ses larmes, sa surprise, sa douleur. Tout se mélange et Il apparait : ton Frère. 

Tu "l'aimes". C'est la seule personne envers qui tu as déjà pensé ces Mots. Ces Mots si puissants que, si tu les prononçais, ils arracheraient une partie de Toi, de Vous. Oui, tu l'aimes. Mais la pensée est suffisante. Et pourtant... Peut-être aurais-tu eu le temps de e lui dire avant de partir...

Tu n'as pas versé une larme en lui disant au revoir. Tu sais qu'il aurais pensé que tu n'allais pas être heureuse. Il aurait alors été, lui aussi, malheureux. 
Et puis, "Heureuse", tu vas l'être, non ? Un doute te saisis en pensant cela. Mais qu'importe, tu es à Poudlard, comment, dans un tel lieu, peut-ton être malheureux ? Impossible. Tu réprimes ces pensées et attaches les mots aux pattes de l'oiseau choisi. Tu ne connais pas son nom. C'est une chouette grise à l'air sympathique.

Comment Maman va-t-elle faire pour cacher le hibou à tes frères et soeurs ? Bonne question. Tu souffles un mot à l'animal qui porte tes lettres :

- Je t'en prie, sois discret.

La chouette n'a pas de réaction. Tu t'éloignes d'elle et elle s'envole en hululant, porteuse des lettres que ta main a tracé :

Papa, Maman,

Ne lisez pas cette lettre près d'Amel, Cora, Robin ou Julie !

Je suis désolée si le hibou a été vu par l'un de mes frères et soeurs. Je lui ai pourtant dit de faire attention. J'espère qu'il va comprendre.

Je suis bien arrivée au château. C'est très joli et surtout très grand. Je me suis perdue plusieurs fois... C'est vraiment immense, comme t'avais dit Maman ! Il y a plein de monde partout, tous en robes noires, comme dans les livres. c'est un peu bizarre... J'ai commencé les cours, potions, métamorphose, sortilèges, c'est vraiment différent de la maison et du CM2.
En parlant de maison, je suis à Poufsouffle. Tu m'avais dit que tu étais à Serdaigle Maman... Je suis désolée... J'y suis pas. Mais t'avais dit que c'était pas grave.

J'aime bien cette école. Et la Grande Salle me plait beaucoup ! Le plafond est très beau, c'est un ciel comme je les aime !

J'ai lancé mon premier sort ! J'ai pas réussi du premier coup mais je suis sûre que je vais finir par y arriver. Je serais une bonne sorcière.

Les filles sont gentilles dans mon dortoir, je pense que je vais être bien à Poufsouffle. Vivement qu'Amel me rejoigne !

À bientôt,
Votre fille,
Cyanna.

Amel, Cora, Julie, Robin,

Salut tous les quatre ! Je suis bien dans ma nouvelle école. Les gens sont sympas et me ressemblent. Je crois que je vais me faire des amis. mais je ne vous oublie pas !

Votre rentrée c'est bien passée Cora et Amel ? Vous avez des amis dans vos classes ? J'espère que oui.

Je me perds un peu dans les couloirs de mon nouveau collège mais j'arrive toujours à retrouver mon chemin.

Julie, arrête d'embêter ton frère et ne pleure pas, on se revoir bientôt.

Robin, arrête de sucer ton pouce quand je reviens et tu seras un vrai grand.

Cora, sois sage à l'école arrête de faire des blagues à tes amies si tu veux rester amie avec elles.

Amel, je tu vas m on se revoit bientôt.

La Petite gravit quatre à quatre les marches de l'escalier. Son Petit coeur tremblant d'enfant battait la chamade bousculé par une tornade d'émotions. Dans son coeur se mêlaient joie, appréhension, peur, larmes, rires. Son petit coeur battait, essoufflé de gravir les marches si vite et fatigué par toutes ces émotions qui le faisaient chavirer. Elle soufflait, la petite nageuse. Elle sentait son souffle chaud se mêler à l'air matinal. Elle voyait la fumée sortir de sa petite bouche aux lèvres fines. Elle sentait l'air froid du matin pénétrer dans ses poumons en feu. L'oxygène s'y répandait lentement et telle de la glace semblait figer en un instant tout ce qui se trouvait autour d'elle. Le temps sembla s'arrêter et elle se souvint de la soirée précédente.

*Allongée en travers de son lit elle soupire, lève les yeux au ciel et regarde le plafond fixement. Les minutes passent mais elle reste sans bouger. Aucune réaction. La petite est figée dans un mutisme transcendant temps et espace. Ses pensées se mélangent. Elles tourbillonnent comme le vent d'automne remue des feuilles. Ses pensées sont baladées de-ci et de-là sans qu'elle ne puisse les saisir. Elle souffle. Elle soupire comme ce vent d'automne et chasse toutes ces feuilles mortes. Mais le vent fait tomber de nouvelles feuilles des arbres et son soupir amène de nouvelles pensées. Alors elle s'y abandonne et plonge dans cette immensité.



*Amel ! Amel !*

*L'écho du cri se perd au loin*

*Eh regarde ! *Rire d'enfant* J'ai attrapé une feuille ! Regarde les feuilles qui tombent regarde regarde ! Il pleut des feuilles ! *Rire d'enfant* Regarde Amel ! Regarde moi !* La petite danse sous la pluie de feuille, bras écartés, une feuille morte en main, tournant en rond sur elle même jusqu'à devoir s'asseoir, un grand sourire aux lèvres.

*Cyanna ! Cyanna ! Tiens. C'est pour toi.* Sa voix n'est qu'un murmure. Au creux de sa petite main d'enfant se trouve une minuscule feuille encore verte.

Le tourbillon s'accélère et les souvenirs dansent autour d'elle sans qu'elle ne puisse les arrêter.

*Cyanna ! Viens ! Prends ma main !* Sa main chaude et si puissante malgré sa petite taille, sa main rassurante qu'il lui passait dans ses cheveux...

*Tu pleures ?... Mais pourquoi ? Regarde moi. Tout ira bien. Je suis là.*  Son sourire se grave dans son esprit. Il sèche les larmes de l'enfant. 

*Je te jure. On sera toujours tous les deux ! Promis !*  Il plonge son sous regard dans le sien. Ses beaux yeux bleus. Ses yeux aussi bleus que le ciel ou l'océan. Elle se noie dans ce bleu infini, apaisant.

Mais l'océan se met à rugir et des vagues se forment dans les yeux de son frère. Une vague de colère monte ennui. La colère et le désespoir font chavirer le sourire des deux enfants. Il pleut. Une pluie torrentielle tombe de leurs yeux. L'eau perle sur leurs joues inondées.

*Amel... Je dois... *sanglot* Je dois partir...* Les larmes roulent sur ses joues rondes d'enfant. * Je suis... *sanglot* désolée...*

*T'avais promis !* Les larmes roulent sur ses joues. Il part en courant. Son cri d'agonie résonne dans les tympans de l'enfant.



La petite ouvre ses grands yeux bleus gris. Les larmes ruissellent sur ses joue quand elle pense à sa trahison. Encre pire que ce jour là. Et pourtant... Elle continue. Elles essuie rapidement l'eau de ses joues d'un revers de manche et regarde les lettres posées sur son bureau. Elle les attachera au lendemain à la patte d'un oiseau.*

L'enfant est en haut de la volière. Une gouttelette de sueur perle le long de son échine. Elle a couru par peur de perdre ses bonnes résolutions. Elle va déposer la lettre. Oui. Elle doit le faire. Maintenant. Avant de tout avouer à Amel.

Contenu des lettres :

Papa, Maman,

Tout va toujours pour le mieux. Je ne m'ennuies pas à Poudlard. Je découvre de nouvelles choses tous les jours. Le monde des sorciers est incroyable. J'aimerais tant que tu puisses un jour voir ça Papa ! Tu serais ravi ! Je me demande comment j'ai pu passer à côté de ça si longtemps... C'est extraordinaire !
J'ai rencontré des gens plutôt sympas à Poudlard... mais j'ai toujours un peu de mal avec les autres... Mais je vais réussir ! Je n'ai pas encore vraiment d'amis... Dès fois je me sens un peu seule. Surtout que j'ai l'impression d'être une des rares enfants à ne pas connaître ce monde. Alors je vais à la biliothèque pour lire. L'autre jour je me suis perdue... J'ai rencontré deux filles très gentilles. Une est dans ma maison, à Poufsouffle.
Je me demande aussi pourquoi je suis à Poufsouffle... Qu'est-ce qui me lie à cette maison... J'espère le découvrir un jour.
Que dois-je faire pour Amel ? Je ne lui dis toujours rien ? C'est dur... Il ne sait pas ou je suis... je ne sais pas quoi lui dire si ce n'est la vérité... C'est terrible... Il a le droit de savoir...

À très vite,
Votre fille.

Cora, Amel,

Oui je te garderai les contrôles Cora... Mais c'est de la triche tu sais. Le collège c'est plein de choses nouvelles. C'est un peu dur. Je ne connais personne pour le moment mais je commence à me faire des amis. Il y a une très grande bibliothèque. C'est génial !
C'est bien si tu as une maitresse gentille Cora mais essaye d'être gentille avec elle toi aussi... Pas de bêtises...
tu vas t'habiter à ne plus me voir Amel. Enfin débarrassé de ta soeur qui t'embête... Tu as des amis dans ta classe ?

Surtout prenez bien soin de vous.

Julie, Robin

Prenez bien soin de vous mes petits, je veux un dessin de chacun de vous pour la prochaine fois !