Alvy,
Voici plusieurs semaines que tu n'as pas répondu à ma dernière lettre. Peut-être n'en as-tu pas eu le temps, mais ce silence prolongé m'inquiète, toi qui me réponds toujours rapidement, je me souviens qu'au mois de novembre tu m'écrivais tellement souvent que je n'avais même pas le temps de répondre à une première lettre qu'une deuxième suivait déjà… J'espère que ce silence n'est pas à cause de moi. J'essaie de me souvenir de ce que je t'ai écrit, je ne vois pas comment j'aurais pu te vexer. Et puis, pour te vexer, toi, il t'en faut beaucoup ! Tu es toujours tellement sûre de toi ! J'aimerais être pareil, parfois ici tout me semble grand, il y a tant de choses qui se passent que j'ai le sentiment que la vie va plus vite que moi. Est-ce que tu connais ça ? D'autres fois au contraire, j'arrive à me sentir chez moi, comme si j'étais à Poudlard depuis déjà plusieurs années, ce sont des moments agréables où je me laisse porter par les choses que j'apprends et les personnes que je rencontre, ce sont les meilleurs moments, avant que je recommence à trop réfléchir… Tu me connais ! J'ai rencontré de nouvelles personnes, il y en a qui te plairait ! peut-être qu'un jour je pourrai te les présenter, ce serait super !

Sinon, j'ai repensé à ce que tu m'as dit dans ta dernière lettre, je n'ai pas su y répondre, c'est aussi pour cela que je t'écris à nouveau sans avoir eu ta réponse… Je comprends que ce soit difficile, je n'ose pas imaginer ce que cela me ferait d'être à ta place, de ne pas avoir de pouvoirs… Finalement les Moldus sont plus aidés que toi, car eux ne savent pas ce qu'ils perdent. Toi tu le sais, et cela me rend triste. Mais pense à tout ce que tu peux faire, la Magie n'est pas tout, il y tant de choses à apprendre, tant de choses à vivre ! Tu ne perds rien car on ne perd que ce qu'on possède, toi tu possèdes des trésors que tu n'as pas perdu, tes parents, ton frère, ton collège (ma mère m'a dit que tu es arrivée première dans ta formation d'art, c'est génial ! Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ?), tu peux faire tout ce que tu veux, tu sais tellement de choses !
Tu me manques beaucoup, parfois je quitterais volontiers Poudlard pour partager plus de moments avec toi. Mais ce que j'aimerais surtout c'est que tu puisses être ici avec moi.

Écris-moi vite que je sache que tu vas bien, embrasse Sandre pour moi.

A très bientôt,
Adulith

Elle soupira en regardant le hibou s'envoler. Elle était inquiète pour son amie, comme un pré sentiment. Même si elle ne savait pas vraiment pourquoi, elle sentait un changement chez Alvy, comme si cette dernière s'éloignait sans qu'elle puisse la rattraper. Elle resta un long moment à fixer l'horizon, le hibou avait disparu depuis longtemps. Elle tourna les talons, le cœur serré, et quitta la volière en essayant de mettre de côté son sentiment d'impuissance.

Adulith,
Non je ne te fais pas la tête, tout ne tourne pas autour de toi. Je suis très heureuse que tu te plaise à Poudlard, mais j'ai beaucoup de choses à gérer ici. Je dois absolument remonter ma moyenne an anglais sinon ma mère va me changer d'école. Et puis le garçon dont je t'ai parlé, Simon, il va sûrement quitter Chloé, la pauvre, elle ne s'y attend pas, en même temps cette fille n'est pas très intéressante...
Je ne regrette pas de ne pas avoir de pouvoirs, de toute façon je ne sais pas ce que j'en ferai, j'en ai pas besoin pour dessiner ou faire de la sculpture, vous avec la Magie, vous ne savez plus rien faire de vous-même, sans baguette vous êtes désarmés ! Ce n'est pas contre toi, mais je me rends compte que je n'ai jamais eu besoin de toutes ces choses.
Au fait, je te souhaite un joyeux anniversaire, j'espère que tu vas organiser une fête digne de ce nom, tu trouveras mon cadeau dans le paquet, j'espère qu'il te plaira.
Sandre demande quand tu rentres jouer avec lui, je lui ai dit que tu viendras nous voir cet été, j'en serai contente moi aussi.
A bientôt,
Alvy

Adulith serra la lettre dans son poing, elle ne savait que penser des paroles de son amie, elle mis le petit paquet dans son sac, elle l'ouvrirait ce soir quand elle sera tranquille dans le dortoir.

Mai 2044

Alvy, j'ai entendu ce qui s'est passé au Ministère ! Je n'ai pas tout compris car j'ai seulement entendu des camarades en parler et j'ai surpris une conversation entre deux professeurs, à priori le Ministère est tombé, c'est bien ça ? Si tu as des détails fais-le moi savoir !
Mais surtout : comment vas-tu ? Est-ce que tes parents ont intégré le nouveau Conseil ? Est-ce qu'ils ont dû partir ? Je crois que le Conseil n'aime pas trop les non-sorciers ou les personnes qui ne sont pas issues d'une lignée de sang-purs, est-ce que ça s'applique au Cramoles ?
Ecris-moi vite je t'en prie, que je sois rassurée ! Certains disent que les hiboux seront surveillés je ne sais pas si c'est vrai mais sois prudente. J'attends de tes nouvelles,
Affectueusement,
Adulith

D'une main fébrile, Adulith ferma la lettre et l'accrocha à la patte d'un des hiboux, elle le regarda s'envoler d'un air inquiet. Elle espérait que cette fois-ci Alvy répondrait vite, elle était réellement inquiète pour son amie, quand elle avait appris la nouvelle elle avait immédiatement couru lui écrire, elle espérait à présent que tout se passe bien pour elle et sa famille. Elle était certaine que les parents d'Alvy ne soutenaient pas le nouveau Conseil, il y avait de grandes chances qu'ils quittent leur place. Adulith s'assit sur un banc et resta là un moment les yeux dans le vague. Tout irait bien.


Juin 2044

Adulith,
Je t'écris rapidement, tout va bien. On va peut-être devoir déménager. Je peux pas t'en dire plus il parait que c'est dangereux même si je ne comprends pas trop ce qui se passe.
Prends soin de toi, on se verra pendant les vacances.
A.

Alvy,
Hier au bal d'Halloween il s'est passé quelque chose de terrible, des élèves se sont déguisés en Mangemorts pour attaquer les élèves, surtout ceux qui ne sont pas des "sangs purs". J'ai eu vraiment peur, je n'imaginais pas que des élèves puisse agir et penser ainsi... J'aimerais t'en parler plus, te dire tout ce que je ressens, mais pour cela il faudrait qu'on se voit. J'ai du mal à écrire tout ce que je pourrais te dire.

Je ne peux pas t'en dire trop, mais je suis inquiète, pour toi et pour mon père, je ne sais pas, j'ai un mauvais pressentiment, les choses vont de pire en pire. Il faut qu'on reste en contact et que tu me donnes régulièrement de tes nouvelles, je suis là si tu as besoin de moi. Mais je crois qu'il faut faire attention à ce qu'on se dit dans les lettres...

Je n'ai pas eu de lettre de ta part depuis le début de l'année, est-ce que ta rentrée s'est bien passée ? Est-ce que ta famille va bien ? J'imagine que tu ne peux pas m'en dire trop mais tout va bien pour tes parents ?
Dans l'attente de ta réponse,
A.

Adulith,
Pour répondre à ta dernière lettre, oui la rentrée s'est bien passée. Je ne t'ai pas trop écrit car je suis très occupée, je passe beaucoup de temps avec mon nouveau petit ami, et les cours d'art me prennent aussi un temps fou ! Je réussis très bien, la professeure dit que je suis une vraie artiste, par contre il faudrait que je m'améliore dans les autres matières il parait. Je me demande bien pourquoi, si j'ai du talent, autant travailler dessus plutôt que de perdre du temps sur autre chose, tu ne crois pas ? Je suis sûre que toi tu ne serais pas d'accord, tu dirais que tout est important etc. Mais je ne suis pas comme toi !
Sinon oui mes parents vont bien, ma mère doit partir en "mission", j'ai pas trop compris pourquoi, mais elle doit prendre le train (oui celui des moldus, dans une vraie gare sans mur à traverser, ça doit te sembler bizarre à toi mais plein de gens le font), elle sera en déplacement un mois entier ! Je serai tranquille, parce que papa il aura du travail lui aussi donc quand je me serai occupé de Sandre j'aurai tout le temps pour moi et mon talent artistique, et un peu mon copain, mais il faut qu'il comprenne que mon art passe avant.
D'ailleurs en parlant de Sandre il te dit bonjour et te demande quand tu viens nous voir. Je lui ai dit que tu voulais pas venir parce qu'il est toujours dans nos pattes alors il s'est mis à pleurer et bien sûr je me suis fait gronder par maman. Vivement qu'elle s'en aille que je sois tranquille !
Pour le bal d'Halloween je comprends que tu aies eu peur, mais ne t'inquiète pas, les moldus aussi aiment bien se déguiser, dans ma classe ils le font souvent, ils devaient juste s'amuser. Ici on s'amuse plus que chez vous j'ai l'impression !

Bises,
Alvy

PS : J'essaierai de t'écrire plus souvent malgré mon emploi du temps chargé, mais ce serait quand même plus simple si tu avais un portable. Oui je sais les trucs de sorciers blablabla, mais quand même.

Ma chérie,
Ton père et moi nous avons une triste nouvelle à t’annoncer. Le train que la maman d'Alvy devait prendre pour son travail a eu un accident. Elle n'a pas survécu. Nous sommes vraiment désolés de t'apprendre la nouvelle par lettre, nous aurions aimé être là avec toi pour te consoler, nous espérons que tu ne seras pas seule quand tu liras cette lettre. Si tu as besoin de nous, n'hésite pas à nous écrire, la directrice est au courant du décès donc tu peux aussi aller la voir si tu as besoin de parler.
L'enterrement aura lieu dans quelques jours, si tu veux venir nous prendrons les dispositions nécessaires.
Sache que nous t'aimons très fort,
Je t'embrasse,
Ta maman qui sera toujours là pour toi

Ma fille chérie,
Si je comprends que tu ne souhaites pas venir à l'enterrement, je ne peux te cacher que j'ai été un peu surpris que tu ne veuilles pas rentrer pour Noël, ta mère et moi serions heureux de t'avoir avec nous malgré les tristes circonstances, et ce n'est pas parce que nous ne le faisons pas à la maison que tu ne dois pas venir.
Je sais que tu n'as pas écrit à Alvy, son père me l'a dit, je sais aussi que c'est compliqué de trouver les mots en pareilles circonstances, mais ton amie a besoin de toi, tu ne pourras pas la guérir de son chagrin mais savoir que tu penses à elle lui fera plaisir. Il te faut être courageuse.
Quoi que tu décides pour les vacances nous te soutiendrons, tu ne veux pas rentrer et nous comprenons que tu aies besoin de temps, même si nous aurions préféré t'avoir avec nous.
A très bientôt ma petite chérie,
Ton père qui t'aime

Alvy, je suis désolée, j'aurais dû écrire et j'aurais dû être là. Ça doit être tellement dur pour toi, et je n'ai pas réussi à venir ! J'ai manqué de courage, j'espère que tu me pardonneras. Je n'arrive pas à imaginer que Sara n'est plus là, ni ce que tu peux ressentir. Je ne sais pas ce qui va se passer à présent, tout change tellement vite.
Ecris-moi vite, donne moi de tes nouvelles.
Je ne te souhaite pas un joyeux Noël car je sais qu'il ne le sera pas, mais je pense à toi et à ta famille.

Adulith,
Il fallait que je t'écrive, mais je ne savais pas comment. Il s'est passé tellement de choses ces derniers mois, et tellement de choses tristes ! J'aurais beaucoup à te dire, mais je sais que même si on était ensemble j'y arriverai sûrement pas.
Oui ici c'est triste, mais Sandre va mieux, moi aussi je suppose. Papa est encore sombre, il arrive pas à s'en remettre.
Je peux pas trop t'en dire, on a déménagé, je sais plus si je t'avais dit dans ma dernière lettre. Je sais c'était il y a longtemps, et en même temps pas tant que ça.
Maman me manque.
Je voulais te dire que je ne t'en veux pas. Je ne pourrai jamais t'en vouloir. Je comprends ton choix, et tu as bien fait. Je sais comment tu es, ça m'étonne pas, et je te comprends je te promets.
J'essaierai de t'écrire plus souvent mais papa me dit que c'est pas prudent. Je pense que ça a un rapport avec les trucs dont on a parlé.
J'ai repris le dessin, je t'en enverrai un, je nous ai dessiné toutes les deux.
J'ai laissé tomber Simon, il était pénible, je te raconterai.
Comment tu vas ? Il se passe quoi dans ton école magique ?
Je ne t'oublie pas. Et je sais que toi non plus.
Tu me manques.
J'arrête là, c'est pas trop mon truc les longs sentiments, je te laisse cet art.
Je t'embrasse,
A.

Adulith relut la lettre une nouvelle fois, les larmes aux yeux. il avait dû en coûter à Alvy d'en dévoiler autant sur ses sentiments. Elle lui en fut reconnaissante. Le poids qui l’oppressait depuis plusieurs semaines disparut, Alvy ne lui en voulait plus. C'était sa faiblesse mais elle se sentait plus forte en sachant qu'Alvy était toujours avec elle. Elle sourit à travers ses larmes, et courut s'isoler dans un coin pour répondre à son amie.