Sombres augures
Fin mai 2044, un mercredi soir
Le hibou était arrivé dans un tel état d'épuisement que Panthéa l'avait directement ramené à la volière après avoir reçu le pli qu'il transportait. Trop perturbée par l'état de santé du volatile, elle n'avait même pas encore pris le temps d'ouvrir la lettre.
Après l'avoir déposé sur le rebord d'une fenêtre de la volière, elle sortit quelques miettes de sa poche - des restes de gâteaux secs, elle en avait toujours sur elle - et les tendit à l'oiseau qui les picora sans se faire prier.
Tandis qu'il se régalait et piaillait avec férocité, la jeune fille sortit la lettre de sa robe de sorcier et l'examina de plus près. Cela faisait des mois qu'elle n'avait rien reçu, et son étonnement était d'autant plus grand que la lettre était déjà ouverte. Quand elle jeta un oeil au pli qu'elle contenait, Panthéa s'aperçut aussi que le papier utilisé était grossièrement froissé. Soit son auteur n'était pas très soigné - cela aurait été probable si l'auteur avait été son frère, mais il ne lui écrivait jamais - soit ... soit le mot avait déjà été manipulé, et quelqu'un l'avait lu.
Outrée à la pensée que l'on puisse consulter son courrier sans son autorisation, et avant qu'elle n'ait eu la chance de le faire, la jeune fille fronça les sourcils et sortit le pli avec colère, l'ouvrant sans plus de manière.
Ses mains tremblaient, d'abord de colère, maintenant de tristesse. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi ne viendraient-ils pas la chercher ? Pourquoi n'y avait-il que sa mère qui partirait en vacances ? Pourquoi le ton de son père lui semblait si solennelle ? Pourquoi cette lettre ressemblait à un terrible "au revoir" ?
Ma chère fille, ma tendre petite puce,
Nous ne viendrons pas te chercher à la gare au mois de juin. Tu resteras en sécurité à Poudlard, là où tes professeurs pourront veiller sur toi.
Maman part en vacances, loin de la maison. Ton frère reste au pensionnat où il sera très entouré par ses amis.
Je suis au regret de ne pas pouvoir t'en dire plus. C'est une époque bien sombre, ma chérie.
Promets-moi, je t'en prie, de toujours te rappeler que je t'aime. De toujours te rappeler qui tu es, et d'où tu viens.
Ton père,
Edwin
Elle ne comprenait pas tout. Ou plutôt, elle avait peur de comprendre. Peur de l'importance que ce mot allait avoir dans sa vie, peur de sa signification, peur de ses implications. Elle se doutait du lien entre la situation actuelle du château, le comportement de ses professeurs et la lettre de son père, qui lui était parvenue après des mois de silence de la part de sa famille toute entière. Elle ne les avait pas revus depuis Noël.
Le coeur déchiré et les pensées en vrac, la jeune fille se laissa glisser contre le mur de la volière, le mot toujours dans les mains et les larmes aux yeux, tentant vainement de relire les écrits de son père pour en saisir un sens qui lui échappait encore.
Théana : there's alchemy between us
"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
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