- Juin 2044 -
- RPG+ -
- Privé avec @Hestia Andrew -

Glissant contre le mur de pierre de l'escalier, je montais une à une, très lentement, les marches. Les pierres étaient glaciales malgré le chaud soleil de juin qui les tapait avec force. Ma main parcourait chacune d'elles avec douceur et lenteur. Mes pas résonnaient dans l'escalier, mes pieds faisant énormément de bruits contre les marches elles aussi en pierres. Mon regard translucide rivé sur un point imaginaire qui n'existait que dans ma tête, je soupirais. Aujourd'hui, et depuis quelques jours, je ne me sentais pas en grande forme. Mon moral était bien bas, et en ce samedi, il l'était encore plus. Je m'étais isolé toute la matinée, sans vraiment connaitre la raison de ma semi-dépression, en évitant un maximum mes amis. Et puis, juste après le repas, j'avais décidé de me divertir en montant dans un endroit où je n'étais encore jamais allé.

Et puis je me suis retrouvé là, dans ces escaliers froids, à grimper les marches pour aller dans la Volière, lieu qui devait surement empesté la crotte de hiboux et la chouette. Il fallait vraiment que je ne me sente pas bien pour aller dans un tel endroit ! Et c'était le cas. Depuis les évènements de mai, le changement de Ministre et de gouvernement, je ne cessais de m'inquiéter pour mon père et sa famille. J'avais peur aussi pour moi, mes amis, le monde magique que j'avais toujours connu. Mon monde avait basculé en un seul jour, et je m'en retrouvais démuni. Etant quelqu'un qui aimait le confort, la routine et les habitudes, je n'appréciais pas tant que ça tous ces changements brusques. C'était pour cela que je ne me sentais pas dan mon assiette ces derniers temps, m'inquiétant du sort de mes parents et de l'absence de hiboux reçus. Etaient-ils arrêtés ? En danger ? M... morts ? A cette pensée, mon estomac se noua. Non, ce n'était tout bonnement pas possible, ils étaient toujours vivants, les méchants ne les avaient pas retrouvés. Ils étaient planqués dans une cité Moldue, protégés, même si mon père était un "Sang-de-Bourbe".

Je finis mon ascension pour arriver sur un palier clos. Je poussais la porte qui m'empêchait de passer, et découvrit une salle circulaire, au sol de paille. Partout au plafond étaient pendus des bâtons ou des cordes afin que les hiboux et les chouettes puissent s'y percher. Une grande fenêtre sans vitres ni volets aérait et éclairait le tout. Mais malgré l'air frais entrant, une mauvaise odeur de fientes et de volatiles n'ayant jamais prit de douche régnait. Je grimaçais avant de me diriger vers la fenêtre en me bouchant le nez. Je m'assis sur le rebords et perdit mon regard dans le vide. Je ne me sentais pas bien, comme si mes poumons étaient serrés dans un étau, qui me donnait envie de pleurer. Mes parents me manquaient.

Et soudain, un hibou venant de l'extérieur fonça sur moi, tenant entre ses pattes une petite lettre. Surpris, je reculais vivement, me mangeant au passage deux ou trois plumes ainsi que recevant des coups de griffes. Je criais avant de jeter un regard assassin à la chouette effraie qui était pénétrée dans la Volière, et qui se percha presque aussitôt sur mon épaule. Je lus le nom de l'élève auquel la lettre était adressée, et poussais un petit cri de surprise en voyant mon nom. Je pris presque aussitôt l'enveloppe, le coeur battant. Et si c'était papa et maman ?

Lorsque la lettre fut ouverte, je l'a lut avidement, les mains tremblantes. La chouette effraie me regardait comme si je venais de débarquer de la Lune. Voici ce que disait la lettre :

Coucou mon Ulysse,
J'espère que tu vas bien. Je suis sincèrement désolée de ne pas avoir put de joindre avant, mais avec l'arrivée d'Ursula Parkinson, c'est très difficile de pouvoir envoyer des hiboux en paix. J'espère que tu ne t'es pas trop inquiété. Mais ne t'inquiètes pas, tout va bien pour nous. Papa ne sort presque plus de la maison par peur de croiser un Manteau Noir ou autre personne peu sympathique, mais moi je continue à aller voir tata.
Bref, ce n'est pas pour parler de nous que je t'envoie ce hibou. C'est pour t'annoncer une assez mauvaise nouvelle. Depuis l'arrivée du nouveau gouvernement, plus aucuns endroits n'est sur et nous sommes tous en danger à présent. C'est pour cela qu'avec Papa, on a décidé que tu resterais à Poudlard pendant les grandes vacances. Ton école est un lieu sécurisé où tu ne risques rien. Je suis sincèrement désolée de t'infliger ça, mais c'est pour ta sécurité.
Je ne sais pas quand est-ce qu'on va se revoir, mais j'espère que ce n'est pas dans très longtemps. Taches de ne pas être trop pénible et évite d'être renvoyé.
Bisous mon chou,
Maman.

Je déglutis avec difficultés, la gorge serrée. Une petite voix à l'intérieur de moi résonnait et me criait "Papa ! Maman !". La dernière phrase de ma mère ne cessait de revenir dans ma mémoire. Je ne sais pas quand est-ce qu'on va se revoir. C'était dur. Ne pouvant retenir encore longtemps mes larmes, je fondis en sanglots. Ma vie partait en cacahuète sans que je ne puisse rien faire.

Comme tous les samedis, Hestia s'était levée tard. Comme tous les samedis, elle avait décidé de rester une bonne trentaine de minutes à essayer de se rendormir. Comme tous les samedis, elle n'avait pas réussi et réfléchissait au sens de la vie, par flemme de se redresser.. Ou à son programme de la journée qu'elle ne respecterait pas. Quoique.. La fillette chercha à tâtons son petit cahier rouge vif auquel elle vouait un culte depuis que Dame Parquet avait pris le pouvoir : c'était le jour des résultats des examens ! Là, en entouré et en souligné trente-deux fois ! C'était le jour de recevoir ses notes !

Cette soudaine motivation remit immédiatement la petite Gryffondor déchue sur pied qui se dépêcha de s'habiller avant d'aller voir les résultats...




Un O ! Non, mieux : un Optimal ! C'était un Optimal qu'elle avait eu en Défense contre les Forces du Mal !! Bon, d'accord, elle avait peut-être eu un Piètre en Histoire de la Magie et un Troll en Vol.. Mais ces matières ne comptaient pas : elles étaient nulles ! Tout ce qui importait, c'était son magnifique Optimal en Défense contre les Forces du Mal et le petit Boursouflet qu'elle avait eu le droit de garder !! Miss Loloway était de loin la meilleure professeure de tout Poudlard ! Ou même de toutes les écoles de tout le monde entier !! Ou peut-être encore de tout l'univers !!!

C'est pourquoi une Hestia surexcitée grimpait les marches quatre à quatre, une enveloppe dans la main gauche et une boule de poils bleue dans la main droite. Peut-être que ses autres matières étaient comblées d'Effort Exceptionnel mais elle avait eu un Optimal en Défense ! Et ça, ça n'avait pas de prix ! La jeune Andrew avait pris le temps de rédiger une magnifique lettre qui vantait les mérites de ses notes et de son nouveau compagnon.

Elle n'avait cependant pas encore réfléchi à un nom pour ce Boursouflet bleu offert par la directrice de maison de Serdaigle.. Azur, peut-être ? Non, donner un nom de couleur n'était pas humain, même pour des animaux ! Asmar, alors ? Elle avait souvent entendu parler d'un Azur et Asmar mais n'avait strictement aucune idée de qui est-ce qu'ils pouvaient être.. Même si ces noms sonnaient étrangement garçon. Mais ce Boursouflet était-il seulement un garçon ?

La brunette se mit à détailler les poils de l'animal en ralentissant sa démarche.. Puis lutta pour ne pas hurler "Mooh, il est trop mignon !" lorsqu'il lui offrit les plus beaux yeux de chiens battus que la Terre n'ait jamais porté. Le silence fut cependant rompu par un bruit.. Par des bruits. Des bruits de pleurs et de sanglots.

Hestia finit rapidement de grimper les marches afin de voir un garçon.. En pleurs. Un garçon aux cheveux longs, tiens ! "Hé, mais c'est Chevelu !". Ah mais oui ! C'était le Gryffondor idiot qui avait essayé de lui piquer son cours d'elle-ne-savait-plus-quoi et qui avait réussi l'amener face à trois méchants Serpentard et une Gryffondor étrange ! Mais pourquoi pleurait-il ainsi ? Il avait raté l'examen de Défense contre les Forces du Mal ? Il n'avait.. Pas eu son Boursouflet ?! Dans ce cas-là, des larmes étaient tout à fait compréhensibles !

La fillette porta délicatement la créature à son épaule gauche avant de se décider à ouvrir la bouche :

- Tu as loupé la Défense.. ?

Les yeux brouillés de larmes, le coeur pleins de tristesse et de colère, je continuais à pleurer, assis sur le rebord de la fenêtre sans vitres. Je donnais un coup de poings rageur à l'air de l'extérieur. Cela n'eut pas effet de calmer la colère sourde qui grondait en moi, mais de me déséquilibrer, si bien que je faillis tomber. Me rattrapant de justesse au rebord, le coeur battant à 10 000 à l'heure, je poussais un soupir. Je jetais un regard vers le vide si attirant, au ciel si bleu qui me donnait envie de m'envoler loin d'ici, loin de la terre et de mes soucis. Ces deniers étaient comme des poids trop lourds sur mes épaules, et j'avais la désagréable impression d'être un chameau portant des sacs trop volumineux dans un désert trop étouffant et chaud. Je tentais d'essuyer vainement le larmes qui coulaient à flot sur mes joues, mais elles étaient trop nombreuses et je n'avais pas assez de détermination pour combattre ce sentiment d'abandonnement qui m'avait saisi dès que j'avais lue la lettre.

Je repensais alors à mon quartier de banlieue pourri, à ses maisons délabrées qui nous servaient de terrain de jeux à mes amis Moldus et à moi, au terrain de foot tout pété où je jouais jusqu'à tard le soir, à mon petit appartement où je devais dormir dans une chambre aussi minuscule qu'un placard à balai... En arrivant à Poudlard, je n'avais pas prévu que toutes ces choses que je haïssais allaient me manquer autant. Et ma famille aussi me manquait, plus encore que ces lieux ayant construis mon enfance. J'avais besoin du grand câlin de ma maman, avec l'odeur de son parfum à la rose écoeurant en plein dans le nez, j'avais besoin des bisous râpeux de papa sur ma joue et de ses caresses dans les cheveux... Et j'avais aussi besoin des blagues de mon frère, de son humour à toutes épreuves. Je savais qu'il était dans le château, quelque part, mais je n'avais pas la force de sécher mes larmes et d'aller le voir.

Je passais une nouvelle fois ma main devant les yeux, dans le maigre espoir de stopper ces sanglots qui semblaient infinis, lorsque j'entendis un éléphant grimpé les marches. Puis une fille brune fit son apparition, et je détournais vivement la tête, me plaquant contre le mur. Je n'avais même pas vu le visage de la nouvelle venue, et je voulais que ça soit réciproque. Si elle voyait que je pleurais, elle allait surement le raconter à tous le monde... Alors que je fermais les yeux pour cacher leur rougeur et que j'organisais à la va-vite mes mèches pour cacher mon visage, j'entendis une voix familière me demander si j'avais loupé la Défense. Elle se coupa, mais je devinais la fin de sa phrase : elle voulait dire la Dafense Contre les Forces du Mal, dont nous avions eu cours tout à l'heure et où j'avais raté l'examen. mais ce problème était tellement insignifiant par rapport à la lettre que je venais de recevoir que je l'avais oublié. Sans me tourner vers Hestia, car c'était belle et bien elle, je l'avais reconnue, je dis :

"Oui, j'ai loupé l'examen, mais... c'est pas pour ça."

Ne pouvait-elle pas partir ? Je n'avais pas envie de lui parler, surtout pas à elle.

Hestia avait plissé les yeux en voyant le garçon essayer désespérément de se cacher.. Se cacher de quoi, d'ailleurs ? D'elle ? Pourquoi se cacher d'une petite fille innocente ? D'ailleurs, il n'était même pas caché : son corps entier était visible.. Il se cachait juste le visage. Peut-être voulait-il qu'elle ne le reconnaisse pas ? Mais ses mèches trop longues ne trompaient pas : il n'y avait que Chevelu pour avoir des cheveux aussi longs en étant un garçon ! Quoique.. Il y avait aussi le batteur des Griffes Ardentes qui possédait une tignasse digne d'une Raiponce version garçon. La fillette n'avait jamais fait le rapprochement entre les deux Gryffondor mais, maintenant qu'elle y pensait, c'était évident ! Étaient-ils frères ?! Cela ne m'étonnerait pas que Chevelu prenne la grosse tête à chaque fois : son frère était celui qui mettait tout le monde hors jeu ! Par contre, il n'avait pas hérité de la carrure de son aîné..

- Oui, j'ai loupé l'examen, mais... c'est pas pour ça.

Il avait loupé l'examen ! Il n'avait donc pas eu droit à un Boursouflet trop mignon ! Pleurer était totalement compréhensible, dans ce cas-là.. Mais comment pourrait-elle réconforter ce pauvre petit.. Ce petit.. "Idiot". Oui, c'était bel et bien un idiot qui était Gryffondor, manipulateur et qui se la racontait trop.. Mais il n'avait pas eu de Boursouflet et, ça, c'était trop injuste.. Même pour un Gryffondor idiot manipulateur qui se la racontait trop nommé Chevelu !

- C'est parce que t'as pas eu de Boursouflet, c'est ça.. ? Si tu veux, le mien est assez joueur, hyper câlin et trooop mignooon ! Je pourrai peut-être te le prêter, de temps en temps ?

"Mais il y a les vacances qui approchent !". Les vacances. Comment avait-elle pu oublier ce détail essentiel ?! Il ne pourrait pas voir ce petit animal durant deux mois !

- Par contre, il y a les vacances d'été qui approchent.. On se remet ça à l'année prochaine ?

"Il pourrait peut-être venir chez toi.. ?". Alors là, hors de question ! Sa bonté avait des limites ! Déjà qu'elle l'autorisait à toucher à son Boursouflet.. "Miss devient possessive..". Elle n'était absolument pas possessive : elle avait la gentillesse de laisser un idiot caresser son Boursouflet ! Et puis, ça voulait dire quoi, possessif ? Quelqu'un qui possédait quelque chose, non ? Alors oui, elle possédait un Boursouflet parce qu'elle avait travaillé dur pour réussir son examen de Défense et pouvoir posséder cet animal !

La brunette tourna machinalement sa tête vers la petite boule de poils bleus posée sur son épaule, s'apprêtant à dire qu'il ne fallait pas écouter son méchant cerveau qui disait n'importe quoi.. Avant de se raviser en se disant que la créature n'avait pas pu écouter la conversation mentale et qu'elle avait un spectateur.. Humain.. Et Gryffondor.

Je n'avais rien contre elle, mais je voulais juste lui coller une claque. Qu'elle arrête de poser ses questions envahissantes et qu'elle parte, voilà ce que je voulais. Mais Hestia ne semblait pas disposée à le faire, ne cessant de me parler de son Boursouflet. Mais qu'est-ce que j'en avais à faire de son examen de Défense Contre les Forces du Mal alors que ma famille me manquait atrocement et que je n'avais pas put les voir physiquement depuis un an, et que je ne les verrais pas encore pendant longtemps ? Ce que les filles pouvaient être pénible et envahissante quand elles s'y mettaient... Je ne voulais pas dire à Hestia ce qui me préoccupait et m'attristait, je ne voulais le dire à personne. Je voulais disparaître dans la pierre du mur contre lequel j'étais affalé, et ne plus ni réfléchir ni parler. Je voulais être confondu avec un minéraux sans vie et sans problèmes. Et je voulais revoir mes parents. J'avais besoin de parler à mes amis, Taylor et Isaac, ou même Deamon. Mais je ne souhaitais vraiment pas parler à Hestia de mes problèmes, cette fille étant insupportable et moqueuse.

Pourtant, aujourd'hui, elle semblait d'humeur joyeuse et gentille. Sûrement parce qu'elle m'avait vu pleurer, et qu'elle n'était pas aussi débile qu'elle en avait l'air. Toutefois, elle devait l'être un peu pour ne pas comprendre que je ne pleurerais pas pour un pauvre Boursouflet - bestiole que je trouvais inutile, soit dit en passant. Elle ne semblait pas non plus comprendre que je voulais qu'elle me fiche la paix une bonne fois pour toute, et qu'elle ne répète à personne qu'elle m'avait vu pleurer. Sinon, cette langue de vipère allait gâcher ma popularité et ma réputation en deux ou trois mots. Essuyant une bonne fois pour toute mes yeux humides et rouges, je baissais légèrement la tête, de façon à ne voir que la boule de poils roses posée sur l'épaule de ma camarade. Celle-ci me demanda alors si on pouvait remettre le planning pour le partage de Boursouflet instauré par elle-même à l'année prochaine, car les grandes vacances arrivaient.

A ces mots, me coeur se déchira, et de nouvelles larmes amères se remirent à couler sur mes joues. Les grandes vacances. Je devrais les passées à Poudlard, et non chez moi en compagnie de mes parents comme tous les autres élèves. Je dis d'une voix rageuse à l'adresse d'Hestia et de Boule-de-Poils :

"J'en ai rien à foutre, de ta bestiole ! Moi, c'que j'veux, c'est rentrer chez moi pendant les vacances, pas d'avoir un doudou vivant !"

J'avais déjà un doudou, mais inanimé. Le pire était que c'était une peluche Boursouflet ressemblant comme deux gouttes d'eau à Boule-de-Poils. Je détournais le regard de celui de la bestiole rose, pour fixer le mur d'en face. J'avais craché le morceau, à présent il me fallait attendre la réaction d'Hestia.

"Ah". Alors il se fichait de son Boursouflet et de ses examens..

- Baah.. Ça réconforte, un doudou vivant.. ?

Hestia avait dit ça en marmonnant à voix basse, comme ça, sans réfléchir.. Puis avait tout de même trouver que réfléchir aux dires de son camarade n'était pas une mauvaise idée. "Il a sous-entendu qu'il ne rentrait chez lui pour ces grandes vacances ?". Ne pas rentrer chez lui ? Comment ça ? Elle avait vaguement entendu parler d'élèves qui ne rentraient pas chez eux à cause du nouveau gouvernement, ou un truc comme ça, mais ne s'était jamais réellement demandé pourquoi. Après tout, elle n'était pas concernée : elles avaient ses deux parents qui l'autorisaient à rentrer ! Elle n'avait pas de quoi se plaindre ! .. Excepté, peut-être, du retour imminent de sa terrible cousine.. Et du probable retour de la petite amie de son cousin ! Et de Christine qu'elle supportait déjà tous les soirs ! Beurk !

Finalement, peut-être que rester à Poudlard était préférable. Quoique.. Elle n'avait pas très envie de rejeter toutes ses larmes hors de son corps, comme le faisait actuellement Chevelu. "Mais non ! T'es forte, tu t'en ficherais !". Peut-être.. Peut-être pas. C'était comme quand elle croyait que c'était facile de sauter du haut d'une falaise pour atterrir dans l'eau.. Alors que, en faite, à cinquante centimètres, ça faisait déjà hyper mal ! "Tu t'égares..".

Ah oui, Chevelu.. Il fallait le réconforter ! Mais comment ? S'il y avait bien une chose pour laquelle la petite Andrew n'était pas douée, c'était pour réconforter les gens.. "Au pire, c'est Chevelu, non ? C'est pas un triple idiot ?". Effectivement.. Elle n'avait même pas besoin de l'aider, finalement !

Pourquoi était-elle venue, déjà ? Ses souvenirs revinrent lorsqu'elle sentit le papier de son enveloppe, toujours tenue en main gauche. Elle se dirigea alors silencieusement vers un hibou de l'école.. Trop silencieusement. Un affreux silence s'était installé.. Silence bordé de gêne, beaucoup de gêne. Comment était-elle censée combler ce vide ? "T'es pas obligée d'interrompre ce silence". Mais comment arranger cette situation autrement ?! Elle ne comprenait rien aux regards qui disait tout des films ! La brunette se surprit à chuchoter à l'adresse de la créature bleue :

- Tu sais comment réconforter les gens, toi ?

.. Puis essaya de ne pas se taper le front en se souvenant qu'elle n'avait pas le don de parler aux animaux.. Et que cet animal, aussi mignon soit-il, ne parlait pas sa langue. La boule de poils bleue la regardait d'ailleurs avec des yeux ronds, les mêmes yeux ronds d'incompréhension qu'à chaque fois qu'elle lui disait quelque chose. "Attends, les yeux d'incompréhension ?". Les yeux d'incompréhension ?! Mais ça devait marcher comme ça, les regards qui disaient tout dans les films ! Par contre, comment en faire un.. ? Elle tourna légèrement la tête, afin que le Gryffondor ne puisse pas voir son visage puis se mit à essayer diverses expressions.. Même si, sans miroir, ce n'était très évident.

Quand je repensais à Boulette - mon doudou Boursouflet - j'eus honte de ce que j'avais dit à propos de ces bestioles poilues et roses. Certes, Boulette n'était qu'une peluche inanimée, mais je l'avais depuis ma naissance et j'y étais attaché. Ce pauvre doudou était abîmé, déchiré, et il lui manquait des poils à plusieurs endroits. L'un de ses deux yeux globuleux avait été arraché, et cette peluche qui avait été mignonne douze ans plus tôt faisait à présent peur. Un enfant de bas âge aurait put en faire des cauchemars, mais moi, j'étais à présent habitué à la vue de mon doudou rafistolé et déchiré de nombreuses fois. Je cachais Boulette sous mon oreiller pour qu'aucuns de mes camarades ne me surprenne en compagnie d'une peluche Boursouflet, ça aurait ruiné ma popularité...

Penser à Boulette me remonta un peu le moral et je séchais définitivement mes larmes. Mes yeux devaient être à présent rouges et bouffis, et Hestia devait bien se moquer de moi, avec son insupportable Boule-de-Poils. Elle ne cessais de me fixer, ce qui me donnait envie de la gifler. Pourtant je ne le fis pas, ne voulant pas déclarer une bagarre dans la Volière, alors que je venais tout juste d'apprendre que je resterais à Poudlard pour les vacances. Je me contentais donc de regarder le paysage ensoleillé en songeant au long été que j'allais passer à l'école. Je ne serais sûrement pas le seul à rester ici, peut-être allais-je me lier d'amitié avec d'autres pauvres élèves contraints de passer leur été à Poudlard, mais mes amis me manqueraient. Isaac et Taylor avaient de la chance de rester... Mais par contre, une chose qui était bien, c'était que cette peste d'Hestia ne serait pas là pour se moquer de moi ou m'embêter.

J'entendis alors un chuchotis, et je tournais la tête vers Hestia. Elle murmurait quelque chose d'inaudible à Boule-de-Poils. Je lui lançais un regard assassin en ricanant d'une voix que je voulais ferme et moqueuse :

"Qu'est-c'que tu dis à ton chéri ? Tu sais pas que les Boursouflets ça comprend pas et ça parle pas, ou t'es encore plus bête que je ne croyais ?"

Je fusillais à nouveau les deux autres du regard, puis descendis de ma fenêtre. Je me plantais devant Hestia et dis d'une voix de défi :

"Si tu dis des choses sur moi, dis-le moi en face. Ah, et, au fait, qu'est-ce que tu voulais faire ? Je ne pense pas que tu sois là pour me réconforter."

... Mais elle n'eut pas le temps d'essayer plus d'une expression de visage : voilà que la voix du Gryffondor jacassait !

- Qu'est-c'que tu dis à ton chéri ?

Non mais pour qui il se prenait ?!

- Déjà, euh..

Son Boursouflet était un garçon ou une fille, déjà ? Bonne question.. Peut-être aurait-elle dû questionner Miss Loloway avant de s'échapper avec la trop mignonne créature ?

Mais bref ! Déjà, euh, que voulait-elle dire ? Elle voulait protester contre les insultes qu'avaient lancées Chevelu et...

« ARGH ! Pourquoi il s'approche ?! »

... Et il continuait de s'approcher dangereusement ! Est-ce qu'il y aurait un contact ? Est-ce qu'il allait la frapper ?

La jeune fille serra ses poings, prête à esquiver et répliquer en cas d'attaque, mais il se contenta de se poster devant elle.

« Pff.. Il est trop lâche pour engager un combat. »

- Si tu dis des choses sur moi, dis-le moi en face.

« Gngngn, je suis trop important et prétentieux, je pense que tout le monde parle de moi à tout instant.. »

Hestia ne pouvait mieux résumer que sa conscience : ce petit garçon aux cheveux trop longs pensait qu'elle parlerait de lui à son Boursouflet - ou sa Boursouflette - à tout beau de champ ! Elle avait une lettre à poster, quand même.

La suite de la phrase laissa la fillette plus indifférente encore.. Même si de la surprise s'y mélangea également : Chevelu négligea la possibilité qu'elle soit venue le réconforter.

« Et bah plus rien ne te retiens de le défoncer ! »

Même s'il avait pleuré comme une chochotte avant ?

« Surtout s'il avait pleuré comme une chochotte avant.. Imagine ce que diraient les Gryffondor. »

À ses pensées, elle leva sa main gauche - qui serrait encore son enveloppe - pour l'agiter sous les yeux de son interlocuteur, prit le sourire le plus insupportable qui puisse exister - même si Jeanie devait la dépasser de loin à ce petit jeu - et commença sur le ton le plus ironique du monde :

- Ça se voit pas ? Je voulais être aux premières loges pour te voir pleurer comme une madeleine et le dire à tout Poudlard !

Mettre la pression, check.

Il fallait maintenant qu'elle réponde aux interrogations posées ! Enfin.. Si on pouvait appeler ça des interrogations.

- Mais oui, bien sûr que je parlais sur toi ! Je disais à mon ami à quel point tu étais beau et fort et prétentieux en plus de tous ça ! Sans parler l'égoïsme et l'arrogance qui sont probablement ce qui me fait le plus craquer chez toi ! MAIS NON, IMBÉCILE, LE MONDE TOURNE PAS AUTOUR DE TOI ET JE T'INTERDIS DE ME TRAITER DE BÊTE ET DE JUGER L'ÉDUCATION QUE JE FOURNIS À MON BOURSOUFLET : JE LUI APPRENDS DES MOTS !

« Oulah.. T'es pas partie totalement en impro, là ? »

Si..

Et elle peinait maintenant à reprendre sa respiration : hurler en disant tout d'une traite n'était vraiment pas conseillé en théâtre.. C'était soit l'un, soit l'autre, les deux en prenant beaucoup de souffle mais, bien sûr, elle n'avait respecté aucune des règles et se retrouvait, maintenant, à bout de souffle.. Mais elle essayait de cacher ça en prenant un air colérique, menaçant et en essayant de faire comme si elle avait une grande carrure.

Généralement, les gens qui étaient comme ça respiraient fort et ils paraissaient quand même effrayants.. Peut-être que ce serait son cas ?

Le visage d'Hestia se tordit en un sourire faux et insupportable, qui eut le don de m'agacer davantage. Elle semblait bien s'amuser à me voir pleurer et à jouer avec mes nerfs fragiles depuis la réception de la lettre. Il faut dire que voir pleurer un garçon de sa classe qui jouait la plupart du temps les gros durs en compagnie de ses amis devait être un régal pour une peste et une commère comme elle. J'eus soudainement honte de mes larmes, et ma gêne fut accentuée par la phrase lancée sur un ton ironique et moqueur qu'elle prononça en m'agitant une lettre sous le nez :

"Ça se voit pas ? Je voulais être aux premières loges pour te voir pleurer comme une madeleine et le dire à tout Poudlard !"

Je sentis mon sang se glacer en entendant ces mots. Mon visage s'empourpra sous le coup de la colère que je ressentais, tandis que j'étais sur le point de coller une claque dont elle se souviendrait à l'horrible Andrew qui se tenait devant moi. Je savais pertinemment qu'elle cherchait à me provoquer et à me faire sortir de mes gonds, mais j'avais une envie irrésistible de la frapper de toutes mes forces pour lui faire le plus de mal possible. Je lui en voulais de m'avoir vu pleurer comme un enfant de cinq ans, je lui en voulais d'avoir un Boursouflet adorable, je lui en voulais de rentrer chez elle pendant les vacances... Je pressentais que m'énerver ne serait pas quelque chose de bon, car c'était exactement ce qu'elle recherchait. Je tentais de me calmer, d'apaiser la rage qui ne souhaitait qu'une chose : se déverser sur Hestia. Cette dernière lança alors d'une voix qui n'avait plus rien de gentil :

"Mais oui, bien sûr que je parlais sur toi ! Je disais à mon ami à quel point tu étais beau et fort et prétentieux en plus de tous ça ! Sans parler l'égoïsme et l'arrogance qui sont probablement ce qui me fait le plus craquer chez toi ! MAIS NON, IMBÉCILE, LE MONDE TOURNE PAS AUTOUR DE TOI ET JE T'INTERDIS DE ME TRAITER DE BÊTE ET DE JUGER L'ÉDUCATION QUE JE FOURNIS À MON BOURSOUFLET : JE LUI APPRENDS DES MOTS !"

Hestia semblait vouloir m'impressionner en se grandissant et en prenant un air menaçant, mais elle se contentait d'être encore plus ridicule. Je la dépassais de toute ma taille, et son visage rouge et essoufflé ne m'effrayait pas le moins du monde. Ses mots, par contre, m'avaient blessé plus que de raison. Prétentieux, égoïste, arrogant, moi ? Mais pour qui elle se prenait, elle ? C'était elle qui n'était qu'une petite peste moqueuse et fière, qui attachait plus d'importance à une boule de poils rose qu'à un être humain de chair et d'os aux prises avec un chagrin ! Et elle osait me traiter d'imbécile, en plus de tout cela ?

Elle avait crier, elle s'était énervée sur moi, alors les hostilités étaient ouvertes. J'avais à présent le droit d'hurler tout ce que j'avais sur le coeur sans craindre des moqueries. La colère qui bouillonnait en moi depuis au moins dix minutes ressortit sous forme de phrase hurlée au visage d'Hestia :

"Je ne suis PAS égoïste ou imbécile, c'est toi l'horrible petite peste fière et commère qui pense toujours avoir raison ! Et d'abords, tu es ridicule à vouloir te grandir comme ça alors que je fais au moins dix centimètres de plus que toi ! Donc maintenant, poste ta stupide lettre et dégage !"

Conseillé par la colère qui me secouait les entrailles, de poussais violemment Hestia de mes deux mains pour la dégager de mon passage, et m'avançais vers le porte en lui lançant un regard menaçant. J'espérais qu'ils tombent à la renverse, elle et son crétin de Boursouflet, et qu'elle comprenne qu'il ne fallait pas se moquer d'Ulysse Mage. Je commençais à descendre les escaliers, sans attendre la réponse de ma camarade. J'en avais marre d'elle, je n'avais plus envie de la voir.

« DÉFONCE-LE ! »

- ... tu es ridicule à vouloir te grandir comme ça...

Ah.. Bah la technique des grands méchants trop stylés ne marchait visiblement pas sur elle..

« DÉFONCE-LE QUAND MÊME ! »

Bien sûr qu'elle allait le défoncer : il venait de la traiter d'horrible petite peste ! D'horrible petite peste ! Certes, ce ne serait pas le premier à la traiter de peste en étant lui-même une peste.. Mais de petite peste.. ! Sans parler du fait que...

Oh non.

Il a osé.

Tout était passé si vite..

Il l'avait bousculée si violemment pour se permettre de passer.. La petite boule de poils bleue avait failli tomber ! Que ce serait-il passé si les réflexes aiguisés de la jeune fille n'étaient pas intervenus ? Que ce serait-il passé si elle n'avait pas rattrapé son doux Boursouflet avant qu'il ne touche le sol ?!

Sa lettre, lâchée dans le rattrapage de boules de poils, finissait sa course vers le sol tandis qu'Hestia était partagée par deux sentiments : le réconfort ou la vengeance ? La paix ou la guerre ? Défendre son allié ou attaquer son ennemi ?

Un simple regard vers cet ennemi suffit à lui faire prendre sa décision :

« Il prend la fuite.. »

Lâche.

S'il croyait qu'il pourrait s'en tirer comme ça..

La fillette déposa vivement son ami au sol, en sécurité, avant de se diriger, plus déterminée que jamais, vers son ennemi, son adversaire, son idiot de service..

« Comment as-tu pu, un jour, l'appeler "camarade" ?! »

Ce mystère restait entier et risquait de l'être durant un bon bout de temps : la guerre avait officiellement été déclarée. Il n'y avait plus de retour en arrière possible. Juste les batailles qu'elle gagnerait toutes et le traité de paix qu'elle lacérerait avec grand plaisir à la fin de cette guerre.

« DÉFONCE-LE ! »

Oh, pas besoin de le dire deux fois..

À peine les escaliers atteint, Hestia se fit un plaisir de pousser délibérément son ancien camarade en direction de ceux-ci dans l'espoir qu'il se casse un bras, une jambe, voire quelques vertèbres.. Une chute de ce nombre de marches devrait tout de même causer de beaux dégâts !

« Fiouf ! Ça fait un bien fou ! »

Satisfaite de sa délicieuse prestation, la fillette retourna, beaucoup moins crispée, vers sa boule de poils sans nom.. Pour la retrouver en train d'avaler la lettre qu'elle avait mis du temps à écrire.

« RESPIRE. »

Respirer, oui.

Elle avait déjà assez défoulé sa haine grâce à cet imbécile, il était inutile de s'encombrer de plus de haine encore.. Même si un punching-ball n'aurait pas été de refus.

La jeune Andrew s'efforça de desserrer ses poings avant de, finalement, revenir auprès de la créature.

« C'est pas si grave : tu vas bientôt les revoir. »