Comme chaque lundi, tu finis ta journée assez tôt puisque tu n'as qu'un seul cours l'après-midi, celui de vol, qui ne dure qu'une heure. Contrairement à tes habitudes, tu es une des dernières à rejoindre le château, l'esprit bien trop occupé par diverses pensées. L'énigme de ta cousine te revient toujours en tête, c'est vrai, mais il faut dire que tu es de plus en plus inquiète et ce, grâce à tout ce que tu as pu entendre dans la grande salle par d'autres Serpentard : non pas à propos de toi mais d'un bon ami que tu connais depuis peu. Il semblerait, selon des garçons de ta maison, qu'il n'a pas dormi dans son dortoir ces deux dernières nuits et les premières années disent qu'il n'était pas présent en cours. Tu as du mal à croire qu'il ne soit plus à Poudlard, vu que le renvoi n'est plus possible mais tu ne vois pas d'autres explications logiques. Il n'a rien fait de mal pour se faire renvoyer de sa maison, tu ne sais donc pas quoi en penser. Néanmoins, déterminée à avoir des réponses à tes interrogations, tu te rends à la volière.

Une fois arrivée là-bas, tu te poses à une table et tu prends du parchemin et de l'encre dans ton sac pour t'y mettre au plus vite. Tu ne sais pas s'il est chez lui mais c'est l'endroit le plus logique pour lui envoyer une lettre, non ? Tu te souviens très bien qu'il ne se sentait pas à sa place ici, il n'avait pas l'air d'aller bien, même s'il ne le disait pas vraiment. Peut-être a-t-il réussi à rentrer chez lui grâce à ça ? Cela te semble peut-être léger comme motif mais sait-on jamais, c'est important de faire attention à comment on se sent, tu le sais.

Te souvenant que ses parents sont des moldus, tu espères que cette lettre lui parviendra, où qu'il soit. Tu ne le montres pas mais tu n'es clairement pas rassurée de voir qu'il est introuvable dans le château. Il vous arrive de manger ensemble, le fait qu'il ne vienne pas vers toi pendant près de trois jours est étrange à tes yeux. Il est donc impossible pour toi d'attendre d'avoir une réponse claire suite à ces rumeurs et tu n'oserais pas déranger les professeurs pour une question qui peut sûrement sembler futile à leurs yeux.

Hello Edwin,

Je t'envoie un hibou en espérant avoir une réponse de ta part. Je ne t'ai pas vu depuis près de trois jours et je m'inquiète : Où es-tu ? Pourquoi n'es-tu plus à Poudlard ? En réalité, tu n'as pas besoin de m'expliquer si tu n'en as pas envie, juste un signe de vie me suffira, tu n'imagines pas à quel point je suis inquiète, je pensais qu'on ne pouvait pas sortir de Poudlard, c'est dangereux dehors !

Si vous lisez ceci et que vous êtes les parents d'Edwin, excusez-moi pour le dérangement, je voulais juste savoir où était votre fils car je suis une amie à lui et je ne l'ai pas vu depuis un petit moment et j'essaie de comprendre pourquoi.

Hiboute-moi au plus vite si tu reçois cette lettre,

Ta princesse

Rien que relire ce dernier mot te fait sourire. Un petit paragraphe pour les parents est une bonne idée au cas où cette lettre leur arriverait dans les mains en premier, surtout si le Serpentard n'est pas chez eux. Ils ne vont peut-être pas te répondre mais, au moins, ils ne te prendraient pas pour une folle qui s'adresse à leur fils alors qu'il n'est pas à la maison. Pourtant, tu te dis qu'il n'y a pas d'autres options : soit il s'est bien caché à Poudlard, soit il n'y est plus.

Le coeur lourd et ton esprit encore plein d'incompréhension, tu te diriges vers un hibou Grand Duc, qui appartient à ton frère, nommé Storm. Tu sais qu'il ne l'utilise que pour envoyer du courrier à la famille et Cosco, le hibou familial, devrait revenir demain donc tu te permets, le Gryffondor ne devrait pas t'en vouloir. Tu lui confies la lettre fraichement écrite et tu le laisses s'envoler en espérant recevoir de ses nouvelles dans les prochains jours.

25 Janvier 2045

Le hibou lui avait fait peur en tapant sur la vitre comme un fou, mais Edwin a été le plus secoué par le fait qu'il venait d'un sorcier qu'autre chose. Il ne s'attendait pas à ce qu'on vienne l'embêter jusqu'ici. Il n'avait quitté le monde sorcier depuis quatre jours et, déjà, il avait l'impression que ça faisait des années. Il s'ennuyait, il n'arrivait pas à trouver quelque chose à faire depuis qu'il n'était plus à Poudlard, comme si une partie de lui ne l'avait pas suivi et qu'il ne savait plus quoi faire sans elle. C'était stupide, et il le savait mais il ne pouvait pas imaginer autre chose que de passer ses journées seul à essayer de ne pas y penser. Poudlard le hantait, l'enfer le hantait aussi, tout le hantait et en même temps lui manquait. Il avait essayé les coups, l'écriture et beaucoup d'autres choses, et rien n'y faisait. Il s'ennuyait, il trouvait son quotidien morne et terne. Il ne se passait rien dans sa vie, il passait ses journées à essayer d'oublier les sensations qu'il aimait mais qu'il ne vivait plus. Poudlard lui manquait autant qu'il le terrifiait, et il ne dormait plus. Il marchait, vivait la nuit parce que c'était le seul moment où il arrivait à se sentir vraiment vivant, même si ça ne durerait probablement pas longtemps, il voulait juste profiter de ces quelques heures de répit. Il veut que ça dure, mais ça ne le fera pas, ça ne le fait jamais.

Il attrape le hibou pour défaire la lettre, souriant quand il comprend de qui elle vient. Lili est une des personnes qui va lui manquer, de ça il en est persuadé, mais il pense toujours que revenir chez lui était une meilleure idée que de rester à Poudlard. Même s'il ne trouve pas de sens à ses journées, il se dit que c'est sûrement mieux que de ne leur trouver pas d'autre utilité que de montrer à tous qu'il était naze en cours, naze pour être un sorcier et une pauvre victime qui se faisait attaquer dans les bals. C'était mieux de ne plus avoir de contact avec les sorciers, d'essayer de ne plus en être un, pour de vrai. Il voulait l'oublier, reprendre sa vie d'avant, mais il ne trouvait pas comment faire. Peut-être qu'il devait juste se laisser du temps, comme sa mère ou tout le monde le lui disait. Prends ton temps Edwin, tu verras, ça ira vite mieux une fois que tu auras oublié tout ça. Parfois, il avait envie de les insulter mais il se retenait.

Hey Princesse

Je suis retourné chez moi, à Londres. Maman a envoyé une lettre pour que je rentre, et je pense que c'était mieux. Tu sais, je suis pas un vrai sorcier, je sais pas faire tout ça, tout ce que tu fais toi. Maman avait raison de vouloir que je rentre, elle est géniale en ce moment. On se parle pas souvent mais elle n'a pas crié. C'était de ma faute, depuis que je suis plus à l'école c'est comme si elle m'avait jamais détesté.

Faut faire attention avec les lettres, si ma mère les reçoit, je suis certain qu'elle sera en colère. Tu devrais pas t'inquiéter pour moi, je vais très bien. Londres est chouette, ça n'a pas changé et je suis en sécurité ici, plus qu'à Poudlard. Il n'y aura personne pour m'envoyer des sorts ici, et pas de bal de Noël. J'aurais jamais dû venir à Poudlard déjà, je sais pas pourquoi j'ai reçu ma lettre, ils se sont sûrement trompés.

Ça sert plus à rien de se faire chier avec ça. Comment ça va à l'école ? Je veux pas qu'on s'intéresse à moi.

PS : Le hibou m'a pincé, c'est le tien ? Je l'ai gardé avec moi le temps d'écrire la lettre, mais j'avais pas grand chose à lui donner à manger. Normalement il devrait pas crever pendant le voyage, en tout cas si tu reçois le message, c'est qu'il est vivant, mais je lui ai fait peur.

à plus princesse

Depuis que tu as envoyé ta lettre à Edwin, tu ne cesses d'aller faire un tour à la volière quotidiennement en espérant avoir de ses nouvelles. Pourtant, c'est juste après avoir reçu la une du jour de la Gazette à la table des Serpentard qu'un autre hibou familier s'approche de toi. Il s'agit de Storm, celui qui a envoyé ta lettre à l'ex Serpentard. Tu poses rapidement ta tasse de chocolat chaud et tu lis la lettre. Il te faut plusieurs lectures car tu la lis trop rapidement pour t'assurer qu'Edwin va bien. Heureusement, cela semble être le cas. Lorsque tu lis que sa maman pourrait avoir ces lettres, tu te demandes si tu ferais mieux d'arrêter de lui en envoyer mais tu n'en as pas tellement envie. C'est pourquoi tu réfléchis à une solution.

En pleine réflexion, tu es interrompue par l'oiseau qui décide d'aller rejoindre son maitre. Tu poses ton regard sur la table des rouges et tu vois le regard taquin de ton frère : celui-ci n'a pas l'air de t'en vouloir, tu te contentes donc de simplement lui sourire en retour, avant de terminer en quatrième vitesse ton petit-déjeuner pour rejoindre, dès que possible, la volière.

Tu as rapidement fait un détour dans ton dortoir pour t'armer d'encre, d'une plume et de parchemin puis tu t'installes pour lui répondre.

Coucou,

Contente d'avoir de tes nouvelles et de savoir que tu vas bien ! Je m'inquiétais un peu, tu ne m'as rien dit. Tout se passe bien à Londres ? Il me semble que les Moldus sont remontés ces temps-ci.

C'est dommage que tu ne sois pas resté à Poudlard mais si tu es mieux comme ça, c'est l'important. Tu vas à une école moldue ? Pour les hiboux, j'ai mon meilleur ami qui vit à Londres, un Cracmol, je pourrais peut-être lui envoyer le hibou puis lui demander de te le poster ? Je ne veux pas que ta maman s'énerve sur toi par ma faute. Pour cette fois, j'envoie la lettre avec un hibou de l'école jusqu'à toi mais je ferai comme tu voudras la prochaine fois.

Le hibou qui t'a pincé est Storm, le hibou de mon frère. Mon frère l'a habitué à recevoir une friandise à chaque fois qu'il revient d'une course, c'est sûrement pour ça. Désolée en tout cas !

Sinon ici, j'aurais dit que tout va bien, mais, hier, Parkinson s'est montrée à Poudlard. Nous, les élèves, avons été obligés de retourner au château, je n'ai pas pu voir grand-chose, c'était une lutte pour essayer de voir quoi que ce soit depuis les fenêtres. En tout cas, rien de grave s'est passé et les cours continuent.

Tu veux bien m'envoyer une lettre, au moins de temps en temps, s'il te plait ? Dehors, ça semble dangereux, j'espère que ça ne le sera pas pour toi.

A plus tard !

Lili

Tu roules ta lettre et tu la confies à un hibou afin que celui-ci la donne à Edwin. Tu es rassurée de savoir que tout va bien pour lui mais tu as un peu de mal à comprendre comment il a pu partir de Poudlard : même pour les renvois, la directrice garde les élèves au sein de l'école, tu te demandes comment la maman d'Edwin a pu demander à ce que son fils revienne chez eux. Elle devait être très convaincante car c'est important pour lui d'être dans cette école, il faut qu'il apprenne à maitriser la magie.

Tu finis par te dire que ces raisons ne te regardent pas et tu remballes tes affaires, afin de rejoindre ton dortoir pour, cette fois-ci, prendre ton cahier de musique et aller à la salle de répétition. Tu n'as pas de devoirs à faire et te défouler un peu musicalement te fera du bien, tu le sais. Au moins, maintenant, tu es moins inquiète pour Edwin puisque tu sais où il se trouve. Tu espères qu'il n'aura pas de problèmes car Londres n'est pas une ville très sûre ces derniers temps. C'est à ce moment-là que tu repenses à Thomas : lui aussi y est, tu évites de lui envoyer des hiboux pour ne pas lui causer du tort mais tu te promets de lui en écrire un avant que la semaine suivante ne débute.

30 Janvier 2045

Cette fois-ci, le hibou avait été magnifique, du moins dans les yeux d'Edwin. Il aurait voulu le suivre, non pas pour retourner à Poudlard mais juste pour s'envoler, loin de sa chambre. Il se sentait infiniment mal quand il rentrait chez lui, sa chambre n'avait plus que des airs de prisons avec ses volets qu'il ne pouvait plus ouvrir entièrement. Il savait que c'était de sa faute parce que ce ne serait jamais arrivé s'il ne s'était pas fait prendre à courir pendant la nuit mais ne même temps celui qui l'avait arrêté avait été stupide et personne ne l'avait cru quand il avait dit qu'il n'était pas un voleur. Résultat, sa mère fulminait depuis quelques jours déjà et avait bloqué la sortie à son fils. Il étouffait et n'en pouvait plus, il voulait juste retourner courir à travers les ruelles, défier la nuit de le suivre mais il ne pouvait pas. Quelque chose de gros commence à appuyer sur son cœur quand il se débat avec les chainettes de ses volets pour laisser passer le hibou et sans prévenir, de grosses larmes se mettent à couler sur ses joues. Il veut s'en aller, s'enfuir, s'envoler, juste ne pas rester dans sa chambre. Depuis qu'il est arrivé c'est dingue comme rien ne va comme c'est censé le faire, que ce soit à l'école ou à la maison. Il a l'impression de ne pas marcher droit et que sa mère est encore plus remontée contre lui, quand elle n'est pas dehors à faire la chasse aux sorciers.

D'ailleurs, que dirait Lili si elle savait qu'il rejoignait son avis ? Serait-elle déçue de savoir qu'il collait des affiches, participait à des marches ? Sûrement. C'était un peu le bordel dans sa tête, si être un sorcier ne lui plaisait pas alors il ne voulait plus en être un mais en même temps ça faisait toujours un pincement au cœur de voir que sa mère, que tant d'autres les détestait à ce point. Ils avaient sûrement raison, et Edwin ferait mieux de ne plus se considérer comme faisant partie de ces individus. De ce qu'il pouvait voir à Londres, les sorciers n'étaient pas les bienvenus et c'était sûrement mieux comme ça. Ne plus être un sorcier, s'il essayait assez fort peut-être qu'il pourrait vraiment oublier tout ça. Ce serait sans compter les lettres qu'il recevait et dont il n'avait pas le cœur à les ignorer.

Il ne le dirait pas à Lili : personne ne devait savoir ce qu'il faisait, jamais.

Salut

Je préfère que personne ne puisse lire nos lettres, imagine que le courrier finissait par être fouillé, ou quoi ? Je suis sûr que ton ami n'est pas comme ça, mais j'ai pas confiance. Ce qu'on écrit là, ce n'est qu'à nous, pas vrai ? Je préfère encore que ma mère ne soit pas contente, de toute façon ça ne changera pas grand chose. Maman est déjà en colère contre moi, mais je fais tout pour me faire pardonner. Parfois ça semble fonctionner et parfois, juste après, elle est à nouveau en colère mais elle a raison. Je suis sorti dehors la nuit, elle a mit une petite chaine à mes volets pour que je puisse plus les ouvrir. Elle a sûrement raison, c'est dangereux en ce moment dehors mais j'ai l'impression d'étouffer un peu, tu vois ?

A Londres c'est... bizarre. Les moldus sont remontés mais en même temps je pense qu'ils ont raison. Enfin, je suppose qu'ils ont raison, les sorciers ne font pas que des bons trucs et y'a tellement de monde. Bien sûr c'est pas toi. Y'a des exceptions, toi tu ferais jamais comme ces sang-purs à deux balles. J'y crois fort, ça me permet de pas vous oublier. A l'école je n'ai pas vraiment d'amis, on m'aimait pas beaucoup avant Poudlard et je suppose que ça change pas tellement.

Il s'est repassé quelque chose depuis à Poudlard ? J'espère qu'elle n'a rien fait de mal. C'est à cause des gens comme ça que rien ne va aujourd'hui. Je suis content de ne pas l'avoir vu, j'suis sûr qu'elle ressemble à une poupée. Toutes les pourritures ont de beaux visages, c'est pour mieux te casser du sucre sur le dos après.

Envoies-en moi et je te répondrais, je n'ai pas de hibou et même si t'es une sorcière, ça me fait vraiment plaisir d'avoir de tes nouvelles. Tu me manques.

Ed'

Cela fait maintenant plus d’une semaine qu’Edwin n’est plus à Poudlard et tu ressens un vide que tu appréhendais un peu depuis que tu as appris ton départ : en très peu de temps, vous êtes devenus complices et le fait qu’il ne soit plus à tes côtés est étrange pour toi. Il faut dire que tu as tes petites habitudes et à aucun moment tu n’aurais pensé qu’Edwin ne serait plus au château et ce, du jour au lendemain, sans que tu ne puisses rien y faire. Il ne faut pas non plus oublier que même Carry, une élève qui a fait une faute grave, n’a pas été renvoyée du château donc tu as eu un peu de mal à tout assimiler et parler avec lui via des lettres t’aide à accepter plus facilement qu’il ne sera pas là pendant un petit moment encore.

Tu t’installes à une table de la volière, plume en main, et tu commences à la faire courir sur ton parchemin, tout en zieutant de temps en temps la lettre qu’Edwin t’a envoyée et que tu as lu ce matin afin de lui répondre le mieux possible en n’oubliant pas d’aborder un sujet dont vous avez déjà parlés ou que tu aimerais partager avec lui.

Hello,

D’accord, pas de soucis ! Si ça te dérange pas, on fait comme ça alors. Fais attention quand tu sors, je pense que c’est pour ça que ta maman réagit comme ça mais bon.. des chaines aux fenêtres ??! J’espère qu’elle n’est pas trop dure avec toi en tout cas..

C’est sûr, ce n’est pas tout blanc des deux côtés mais j’espère quand même que ça se calmera, j’ai pas trop envie que ça empire.. Je préfère ne pas imaginer pour le moment, même si c’est dur de ne pas y penser, que ce soit avec mes proches qui ne sont pas forcément en sécurité, dont toi, ou avec les unes de la Gazette. D’ailleurs, hier, j’ai appris qu’il y a eu un attentat au Chemin de Traverse et que la gérante d’Apothic’herbes est recherchée, tu y crois toi ? Ça commence à me faire peur tout ça, surtout qu’il parle d’elle comme une cheffe de la résistance...

Tu allais partager tes inquiétudes à Edwin concernant tes parents et la recherche active d’Erin Grayce mais tu te dis que ce n’est peut-être pas le mieux à faire par hibou. Il sait que tes parents sont dans la résistance, il fera sûrement le lien de lui-même. Ou pas.

Tu reprends ton écrit après un moment à regarder dans le vide, plus inquiète que jamais pour tes proches.

Je n’ai pas tout compris de ce qui s’est passé avec Parkinson mais nous avons pu revoir Dallan Blackwave bien mal en point, ses filles sont même sorties du château quand elles l’ont vu. En tout cas, elle n’a pas détruit Poudlard, c’est déjà ça. Il y a aussi le professeur d’études des moldus qui est absent depuis lundi déjà et personne n’a l’air de savoir pourquoi, un peu comme Miss Montmort pendant ma première année. Je ne sais pas si les professeurs en savent plus mais c’est super inquiétant ça, les cours sont suspendus pour sa matière, du coup.

Sinon, de mon côté, tout va plutôt bien, hormis que tu me manques aussi. Est-ce que tu penses bientôt revenir à Poudlard ? Ça fait à peine une semaine et j’ai dû mal à me dire que tu n’es plus là..

A bientôt,

Lili

Cette dernière phrase, tu as mis du temps à l’écrire, et ce, simplement parce que tu te demandes si tu es bien placée pour lui demander une telle chose : c’est lui qui a choisi de partir et son retour ne te regarde pas, même si tu es proche de lui, c’est en tout cas de cette façon que tu le vois. Tu n’as pas envie de l’influencer dans sa décision mais tu te dis qu’il serait sûrement plus en sécurité à Poudlard et que sa place est ici, à étudier avec les autres élèves, est-ce si déplacé que ça de se demander pendant combien de temps tu devras attendre son retour à tes côtés ? Peu importe, tu finis par confier ta lettre à un hibou de l’école telle quelle après l’avoir relue.

11 février 2045

Vide. Ennui. Tristesse.
Il avait eu une semaine assez chargée et n'avait pas trouvé le temps ou la motivation de même lire la lettre de Lili. Il avait l'impression qu'il s'effondrerait si jamais il osait y toucher et ça lui avait fait peur, assez peur pour qu'il décide de faire comme si de rien n'était. Le hibou avait eu à manger, des parts de son repas qu'il était plus qu'heureux de redistribuer. Il n'avait pas faim, il n'avait pas la motivation de se lever le matin. Il n'avait envie de rien, ne voulait rien faire et ne pouvait rien faire. Il suivait juste les heures de cours au collège. Poudlard lui manquait, Lili lui manquait aussi. Tout lui manquait et en même temps il avait envie de vomir à l'idée d'être un sorcier. Il ne savait plus quoi faire, et peut-être que ne pas lui répondre était la solution. Il aurait dû renvoyer le hibou sans prendre la lettre, pour couper les ponts et pouvoir reprendre sa vie à peu près normalement. Il aurait dû faire ça et il le savait, mais il n'avait pas eu la force. Au lieu de cela, il avait fait durer la lecture, puis l'envoi de la lettre. Et quelque part au fond de son esprit, il s'en voulait parce que ça avait dû signifier que Lili s'inquiétait là où elle était.

Il devrait arrêter de penser à elle, arrêter de penser à Poudlard. Il n'était pas un sorcier, pourquoi s'y accrochait-il, alors ? Tout avait été de la faute des sorciers depuis le début, et ça continuait. Ils lui brisaient la vie, ils n'avaient aucune conscience de toutes les vies qu'ils foutaient en l'air parce qu'ils s'en foutaient. Mais Edwin ne s'en fichait plus, il ne pouvait plus s'en balancer quand sa mère l'emmenait dans de fois faire des manifestations alors même que ses jambes lui faisait mal et que sa tête tournait de fatigue. Il marchait, collait des affiches et allait au lit pour recommencer le lendemain quand il quittait le début d'enfer qu'était le collège. Même si ça n'avait rien de bien là bas, Edwin espérait que ça ne changerait pas parce qu'il n'était pas certain de pouvoir survire à plus. Les autres élèves le regardaient comme un abruti, ils le détestaient, se moquaient de sa mère mais ça n'allait pas plus loin. Ca devait rester comme ça.

Hey

Elle n'est pas trop dure, c'est moi qui suit un abruti. Elle m'aime, elle veut juste que tout se passe bien. Les rues de Londres sont dangereuses la nuit, et peut-être même qu'un sorcier pourrait m'attaquer. Elle veut juste que je ne sois pas blessé, c'est pour ça qu'elle m'empêche de sortir.

Une cheffe de la résistance ? Peut-être que c'est vrai, tu crois que ça veut dire qu'elle est du côté des moldus, ou dans un autre côté ? Peut-être que la résistance c'est comme Parkinson mais en un peu moins pire, mais qu'ils détestent quand même les moldus. De toute façon, à Londres ça commence à bouger de plus en plus. Je suis plus en sécurité ici que je ne l'étais à Poudlard. Là bas y'avait même des élèves qui voulaient me faire du mal. Les moldus ont pas de baguette magique et je sais me battre, si jamais ça tourne au vinaigre je saurais m'en sortir, c'est plutôt toi qui n'est pas en sécurité. Tout peut exploser à tout moment à Poudlard, ça m'inquiète un peu.

Probablement que le prof d'étude des moldus est enfermé dans la cave de sangs purs. Ils détestent assez les gens comme moi pour être de gros cons avec tout ce qui s'y rapproche. Tu me tiendras à au courant ? Je l'avais jamais croisé le prof, mais il a sûrement une famille ou quelqu'un qui tient à lui. Est-ce que tu te rends compte que les sorciers sont tellement monstrueux qu'ils pourraient le priver de ça ? Les anti-moldu, je parle. Ils sont tellement débiles que même tuer des sorciers ça m'étonnerait pas de leur part, je suis sûr qu'ils sont capables de le faire.
C'est pour ça que tu dois faire attention, je m'inquiète.

Je pense pas revenir à Poudlard. Maman est contente que je sois à Londres et puis je suis pas certain que ce soit une bonne idée que je revienne. J'ai jamais été fait pour être sorcier.
Tu me manques vraiment mais c'est mieux comme ça. Je t'inviterais chez moi quand tout sera fini !

Ed'

Plusieurs fois, tu t’es demandée s’il était arrivé quelque chose au hibou à qui tu as confié ta lettre pour Edwin : s’était-il égaré ? Avait-il perdu la lettre ? Tu n’en as aucune idée et tes interrogations commencent à te ronger car tu ne trouves pas normal que le Serpentard ne t’ait toujours pas répondu. Cela fait tout de même plus d’une semaine et, si le problème ne venait pas du hibou, est-ce que cela voulait dire qu’il ne voulait plus t’écrire ? Le seul moyen pour toi de t’en assurer est d’attendre une réponse de sa part, qu’elle arrive demain ou même dans un mois. En attendant, tu ne vas pas renvoyer un hibou, du moins pas tout de suite, ce serait ridicule. Tu patientes, simplement.

C’est avec surprise que tu attrapes la lettre qui t’est adressée alors que tu es assise à la table des Serpentard pour prendre ton petit-déjeuner : à peine as-tu terminé de manger que tu te diriges vers la volière pour y répondre. S’il a pu te répondre et qu’il ne soulève aucun problème à propos du hibou, c’est sans doute qu’il ne voulait pas te répondre tout de suite, non ? D’un coup, tu es prise d’un doute, tu as besoin de savoir ce qu’il s’est passé avant que ton cerveau explose presque littéralement. C’est pourquoi tu laisses ta plume danser sur le parchemin pour coucher tes pensées.

Hey,

Je suis contente d’avoir une réponse de ta part ! Je dois avouer que je commençais à ne plus trop y croire.. Il s’est passé quelque chose ? J’espère n’avoir rien dit de mal dans ma dernière lettre en tout cas.

Fais attention à toi aussi, je comprends un peu mieux le comportement de ta maman mais quand même... Enfin, si ça te dérange pas, c’est le principal. C’est vraiment autant le bazar que ça en ville ? Mince... J’espère que ça va finir par s’arranger, j’ai vu quelques informations dans la Gazette mais je ne pensais pas que ce serait avec de si grandes proportions..

Je pense que Miss Grayce est plutôt pour un retour à la normale, sans les Sang-Pur qui se pensent tout permis à cause du nouveau régime. Enfin, elle est sorcière donc je pense pas qu’elle soit du côté des Moldus, je sais pas trop quoi en penser. En tout cas, elle a dû faire quelque chose pour que Parkinson ne la pense pas de son côté, en toute logique.

Oui, je te dirai si on a des nouvelles ! Pour le moment, rien du tout, j’espère que ça changera rapidement.. Malheureusement, je pense que tout le monde peut être capable de faire de telles choses, sorciers ou moldus, j’avoue que ça me rassure pas du tout mais je ferai attention, promis. Les profs sont là pour nous, j’ai plus peur des conséquences pour ma famille pour le coup. D’ailleurs, mes parents ont décidé de déménager chez mes grands-parents maternels vu qu’ils vivent dans un village entièrement sorcier. Je vivais dans un village principalement moldu avant, je sais pas si je te l’ai dit ? Mais, du coup, on était plus vraiment en sécurité là-bas, je trouve juste dommage de ne pas avoir pu voir une dernière fois la maison dans laquelle j’ai grandi. Ça peut sembler stupide mais j’y ai créé beaucoup de souvenirs..

Ah oui ? D’accord, si tu le dis. Moi, je pense que tu pourrais faire un très bon sorcier mais je respecte ta décision. J’ai hâte de te revoir en tout cas.

Passe une bonne journée !

Lili

Tu décides de ne pas trop t’étaler sur la fin de ta lettre, tu n’as pas envie qu’il comprenne que cette décision ne te convient pas vraiment et te surprend mais c’est sa vie, il a l’air d’être mieux à Londres qu’à Poudlard, tu as bien vu son comportement avant qu’il parte du château et ce n’était pas la forme pour lui. Peut-être que quelques mois en dehors de Poudlard lui rendront les idées plus claires ? Tu croises les doigts, il te semble important qu’il suive les cours de magie pour pouvoir apprendre à la contrôler tout de même.

Tu relis une dernière fois ta lettre puis tu la confies à Storm en espérant avoir une réponse plus rapide, cette fois-ci.

1er Mars.

Est-ce que Lili avait peur pour son hibou ? Enfin, sûrement que oui. Edwin n'arrivait pas à s'y intéresser. Il semblait bien vivre, Edwin lui avait bricolé un petit perchoir et, dès qu'il avait comprit que le hibou ne partirait pas sans sa lettre s'il lui demandait de rester, il l'avait laissé s'envoler. Il revenait toujours, mais Edwin n'avait jamais la force d'écrire. La lecture de la lettre l'avait envoyé dans une spirale d'idées noires et il en était sorti quelques jours après. Entre les deux, ce moldu était mort et lui avait été manifester comme tous les autres. Sur le coup, ça ne l'avait pas dérangé, il avait fait quelque chose de bien, il en avait été persuadé. La nausée qui l'accompagnait depuis lui donnait l'impression inverse. Les remarques au collège empirait, les coups étaient plus fréquents et sa mère semblait encore plus à cran qu'elle ne l'avait été depuis presque deux mois. C'était horrible et il ne savait pas du tout gérer ça. Il savait encaisser les coups et les regards narquois de ses camarades parce qu'ils n'étaient tous que des abrutis de la pire espèce, des imbéciles de première classe. Mais gérer les regards froids de sa mère, ses bousculades dans le couloir ou encore cette façon qu'elle avait de lui balancer les choses au lieu de simplement lui donner ? Beaucoup moins. Ce n'était pas grand chose et pourtant Edwin avait l'impression qu'elle lui enfonçait un poignard dans le ventre à chaque fois. Pourtant, il la suivait dans les manifestations, il restait silencieux à la maison, il acquiesçait à tout ce qu'elle disait mais ça ne semblait jamais suffire et Edwin était totalement perdu. Il ne comprenait plus ce qu'il faisait de mal, ou ce qu'il pouvait faire de plus. Il essayait de toutes ses forces et même avec celles qu'il n'avait plus mais c'était jamais bon. Alors il se portait malade et restait dans son lit. C'était un moyen d'éviter l'école et de n'avoir qu'à gérer sa mère jusqu'à ce qu'elle perde patience et qu'elle le sorte du lit en le tirant par le bras pour le foutre devant la porte jusqu'à ce qu'il se décide d'aller en cours. Elle ne l'y emmenait jamais, elle n'avait pas le temps. Elle ne venait pas le chercher non plus, et ça lui allait. L'école n'était pas si loin de sa maison, une vingtaine de minutes à peine. Il n'avait pas besoin de la déranger juste pour ça.

Ce soir là, il accusait un méchant bleu aux côtes et s'était posé à son bureau. Le retour à l'école avait été violent et il avait besoin d'en parler à quelqu'un, ou juste d'avoir un contact avec quelqu'un qui ne le détesterait pas. Tout le monde semblait le faire autour de lui en ce moment.

Salut

Non t'as rien dit de mal dans ta lettre, j'ai juste du mal à écrire. Je savais pas quoi te répondre, j'avais pas envie d'écrire. Heureusement le hibou est resté, je l'aime bien ça me fait un peu de compagnie.

Y'a un moldu qui s'est fait tué juste après que j'ai lu ta lettre. C'est vraiment le bordel.
C'est super pour toi si tu peux être en sécurité ! C'est dommage que tu doives déménager mais c'est sûrement mieux comme ça, oui. Les moldus sont pas vraiment pour les sorciers en ce moment, à Londres c'est un peu la pagaille.

Victor m'a tabassé aujourd'hui. Mais c'est le seul qui me frappe, les autres me regardent mal.
Ma maman s'en fiche un peu maman me soigne parfois, mais elle n'est pas contente parce que je me bat, et j'ai été parler au proviseur qui m'a dit de faire plus d'efforts pour m'adapter aux autres parce que je suis un peu nouveau vu que j'étais plus là depuis le début de l'année. Je pense qu'il est comme tout le monde. Ils pensent tous qu'elle est folle parce qu'elle manifeste contre les sorciers.
Elle pose des affiches aussi, elle veut tous vous exterminer, parfois à table elle parle de bucher et que ça serait moins cher que le bois pour allumer la cheminée.

Elle me parle un peu moins en ce moment, je comprend pas trop pourquoi, j'essaie de faire des efforts. J'ai du faire quelque chose de mal, mais elle me dit que tout va bien. Je sais que c'est pas le cas.

J'ai posé des affiches aussi. Je te l'avais pas dit parce que c'est un peu minable quand même.
Mais maintenant je sais même plus si les sorciers sont si méchants que ça. Ce sont des monstres, c'est sûr, mais y'a toi et toi je sais que t'en es pas un. Ils auraient pas dû tuer le moldu, et j'aurais pu les oublier et passer à autre chose. Je sais même pas si le moldu est vraiment mort, Roberts là. Mais je pense que si, ou alors il restera pas longtemps en vie de toute façon. Pis vu que ça fait deux semaines, il est sûrement six pieds sur terre.

J'arrive pas à arrêter d'y penser, maman me dit tous les soirs que les sorciers sont responsables de tout ça, et qu'ils doivent tuer d'autres gens aussi. Je la crois, je pense. Je suis plus trop sûr.

En tout cas, maman s'énerve quand elle parle des sorciers, alors j'espère qu'elle aussi elle va essayer de les oublier.

A plus
Ed'

Il donne la lettre à l'oiseau et s'écrase à nouveau dans son lit. A quoi ça sert de mentir à Lili ? Il n'a pas arrêté de lui dire que ça allait.
Mais ça va pas. Heureusement, il doute que cela puisse être pire.
Mais tout empire quand on dit ce genre de choses.

Cela fait maintenant environ deux semaines que tu n'as pas vu Storm revenir à Poudlard et tu ne peux pas t'empêcher de t'inquiéter. Il ne faut pas oublier que ce n'est pas ton hibou, mais bien celui de ton frère, ce qui accentue les choses. La dernière fois, il ne s'est rien passé de grave mais qui dit que, cette fois-ci, ce ne serait pas le cas ?

Ce matin, lorsque tu vois le hibou de ton frère arriver avec une lettre dans les pattes, tu crois halluciner : au début, tu penses avoir mal vu mais, finalement, tu te rends compte qu'il s'agit bien de Storm : Edwin t'as enfin répondu et c'est avec empressement que tu lis sa lettre. Ton petit-déjeuner ne t'intéresse plus, tout ce qui compte pour toi est de savoir ce qu'il a à te dire. Tu comprends, au fur et à mesure de ta lecture, que tout n'est pas si rose et tu es sincèrement attristée par ce qu'il peut t'apprendre dans sa lettre. Tu t'excuses finalement auprès de tes camarades autour de toi et tu te rends dans ta chambre pour écrire ta réponse. D'habitude, tu l'écris à la volière mais tu sais que tu n'y seras pas seule, contrairement à ton dortoir et tu dois dire que, pour aujourd'hui, tu préférais cette option, sans vraiment savoir pourquoi.

Ed',

Oh d'accord, tu me dis si tu veux qu'on s'en envoie un peu moins, je me fâcherai pas, je comprends que ça peut être difficile parfois. Le hibou, c'est Storm ! C'est celui de mon frère mais comme la chouette familiale vient aussi à Poudlard de temps en temps, ça l'a pas dérangé, t'en fais pas.

Ah oui ?! Ils en parlent pas du tout du côté sorcier, c’est bizarre. J’espère que ça va pas empirer, c’est déjà bien triste comme ça… Ça a pas l’air d’aller fort de ton côté, j’espère que ça va s’améliorer..

Je pense que ça dépend des points de vue, difficile de savoir qui sont les vrais « monstres » de l’histoire.. Sans doute un peu tout le monde, que ce soit des moldus ou des sorciers. Je pense que le comportement ne dépend pas de notre nature, c’est à nous de décider comment on agit, c’est ça qui fait de nous des personnes encore plus différentes.

Essaie de ne pas trop penser à ça oui, surtout si ça peut vous énerver. Faut pas lui en vouloir de penser comme ça, elle est moldue donc avoir peur de personnes qui maitrisent quelque chose qu’on ne connait pas est normal. Et t’en fais pas pour les affiches, ça parle beaucoup de tout ça en ville donc je peux comprendre que tu l’aies fait, surtout si ta maman pense comme ça.

J’aimerais te donner de meilleures nouvelles dans ma lettre mais je ne sais pas trop quoi dire de plus, je sais juste que ça fait bizarre de pas te voir à Poudlard mais si tu es bien là où tu es, c’est le principal pour moi. J’espère que l’école moldue te plait ! Si tu as des choses qui se sont passées là-bas à me raconter, je les lirai avec plaisir. J’ai jamais été à l’école moldue, tu sais ? J’ai fait l’école à la maison, plus sûr quand tu as deux parents sorciers.

Je vais te laisser, j’espère t’écrire tout bientôt ! Tu n’es pas obligé de me répondre, savoir que tu me lis me suffit, je te promets.

Fais attention à toi,

Lili

Ça te fait toujours un bien fou de lui écrire mais tu respecteras son choix si jamais il souhaite espacer un peu vos envois. C’est une nouvelle vie pour lui alors, tu peux bien comprendre qu’il est compliqué pour lui de s’adapter et qu’il faut un temps pour cela, d’autant plus que ce n’est pas tout rose ces derniers temps. Seulement, tu n’as pas envie de perdre contact avec lui, tu n’as pas oublié votre première rencontre et tu espères qu’il ne s’éloignera pas de toi maintenant qu’il n’est plus à Poudlard.

Tu dois avouer aussi qu’avoir de temps en temps de ses nouvelles te rassure. A Londres, les choses ont l’air de se passer de façon assez virulente et tu ne peux pas t’empêcher de te demander, lorsque tu es dans tes pensées, s’il va bien. Tu sais qu’il fera attention à lui mais le doute tant que tu n’as pas reçu de réponse de sa part te ronge tout de même intérieurement.

Vous continuez à vous envoyer des lettres jusqu’à la fin de l’année, tout en respectant le rythme qu’Edwin instaure malgré lui. Tu n’as pas envie de lui forcer la main et cela t’a aidé à travailler sur tes inquiétudes que tu as pu avoir pour lui, on pourrait presque dire que c’était un système où tout le monde était gagnant. S’il y a bien une chose à retenir à propos de l’ex Serpentard, c’est que tu n’es pas prête de l’oublier, qu’il soit à Poudlard ou partout ailleurs, et tu espères qu’il l’a bien compris.

Fin de ce RP pour moi, merci Dwindwin

8 Mars.

Cette fois-ci, il a plutôt répondu vite à la lettre de Lili. Elle est tombée dans une période de hausse de moral, pas de baisse comme la dernière. Il se sent un peu moins fatigué, un peu moins à se trainer comme si ses jambes ne pouvaient plus supporter, elles non plus, le poids du monde qu'il laisse peser sur ses épaules sans savoir comment le faire disparaître. Lili n'a pas à s'inquiéter du hibou quand elle l'envoie. Edwin en prend soin, il en prend même soin du mieux qu'il peut. Certes, ce n'est pas idéal et le hibou a l'air de souvent faire la tête quand il le garde dans sa chambre mais Edwin ne prendrait pas le risque que les gens le voient faire plus d'allers-retours qu'il n'en faut à sa fenêtre. Ils pourraient trouver ça bizarre et, plus particulièrement, sa mère pourrait finir par le voir. Ils ont eu de la chance tous les deux depuis le début car elle n'a jamais trouvé quelque chose d'étrange. Elle ne reste pas assez souvent à la maison, et quand elle y est, elle ne peut jamais voir le hibou arriver. Tant mieux.

Il ne sait pas vraiment ce qu'elle ferait contre lui si un jour elle le voyait arriver ou repartir. Edwin est toujours bien plus méfiant quand le hibou s'en va, parce que c'est lui qui choisit à quel moment, là où il ne peut jamais vraiment prévoir quand il arrive. Vérifier que personne n'est dans la rue en bas de chez lui, que sa mère ne compte pas rentrer de suite. Il attend souvent de longues minutes après qu'elle soit partie en voiture pour être certain qu'elle n'a rien oublié et qu'elle ne fera pas demi-tour au mauvais moment avant de permettre au hibou de repartir. C'est épuisant d'être toujours à l'affut de tout, mais c'est bien mieux comme ça. Le hibou -Storm, du coup- semble pourtant se faire à l'idée de rester dans sa chambre et bataille un peu moins. Edwin apprécie beaucoup, cela lui fait de la compagnie et c'est à lui qu'il chuchote ce qui lui manque à Poudlard, comme si l'animal pouvait comprendre, ou comme s'il allait lui répondre. Même s'il sait que non, c'est toujours agréable de discuter avec ses grands yeux curieux et intelligents.

Même si parfois les piafs c'est cons comme des pieds, évidemment.

Lili,

Non, ça va. Parfois j'ai juste du mal à tout faire mais si je n'ai rien pour me motiver, je pense que je pourrais rester dans cet état pendant des mois. Je déteste être vide et me sentir si fatigué de tout alors tes lettres, je les aime bien. Elles me donnent souvent envie de sortir du lit. Savoir que je vais peut-être en recevoir une, et que maintenant le hibou m'attend et ne risque pas de repartir tout de suite après, c'est motivant.

Et ça me fait vraiment plaisir que tu me répondes tout le temps, même quand je met deux semaines à te répondre. Ca arrivera encore beaucoup, je vais pas m'excuser parce que ça aura plus de sens à la fin mais j'espère que tu ne t'inquiètes pas.

Londres c'est une hécatombe sans nom. J'ai un peu peur de ce qu'il va se passer maintenant. Je sais pas non plus si ma mère capte bien qu'elle risque d'avoir des emmerdes si des sorciers la voient poser ses affiches. Même moi, parfois ça me fait mal de les lire et de devoir l'aider à les imprimer. Mais je suis un peu perdu en ce moment. Je sais pas ce que je dois faire, quand, comment ou même comment je me sens. Elle ne m'aide pas vraiment, parce que je ne pense pas comme elle et que je ne me sens pas comme elle aimerait que je me sente. Parfois ça va. Parfois ça va pas du tout.

Je suis content que tu sois toujours aussi rationnelle mais je pense que pour ma mère c'est fichu. Elle a pas juste peur, elle nous déteste. Et, je pense que si elle hait autant les sorciers c'est aussi un peu de ma faute parce qu'elle dit que je suis horrible de l'avoir quitté pour aller à Poudlard. On est tous un peu responsables de la situation, non ? Moi le premier.

L'école moldue c'est... ça va. Parfois ça va. Parfois ça va pas du tout. Les autres pensent que ma mère et tarée et que moi, je suis un attardé parce que je suis pas très doué. Ils m'insultent parfois, parfois je les frappe. On m'aime pas trop, mais c'est un peu comme Poudlard je suppose. Sauf que là, je vous ai pas, Kya, toi, et tous les autres alors je suis un peu paumé.

Fais attention toi aussi, je te tiens au courant pour ce qu'il se passe à Londres et dehors. On doit pas trop vous en dire à Poudlard, si ?
Ed'

Et Edwin le fait au fil des mois. Il lui donne des nouvelles sur lui, sur Londres. Il lui dit absolument toutes les infos qu'il arrive à entendre de la télé ou par sa mère. Il parle souvent peu de lui, et quand il le fait ce n'est pas toujours pour dire de bonnes choses, mais elle est toujours là et Edwin apprécie bien plus Lili d'être là en lettre qu'il ne pourrait apprécier n'importe qui d'être là pour lui à Londres.

Elle est la première à savoir qu'il veut revenir à Poudlard, la seule au courant de tout ses états d'âme. La première à qui il parle de sa maison, de ses angoisses profondes et même s'il a parfois l'impression de l'étouffer avec tout ce qui ne va pas, Lili est toujours là. Elle est toujours douce et logique dans ses lettres et elle l'aide à y voir plus clair, même si tout est plus dur aussi loin qu'elle l'est. Et quand Edwin ne se sent vraiment pas bien, il relis ses lettres et essaie de l'imaginer à côté de lui, assise dans sa chambre à se moquer doucement du bazard ou à discuter les choix de déco souvent débile qu'il fait.

Elle est peut être à des centaines de kilomètres, mais Edwin a l'impression qu'elle n'a jamais été aussi proche de lui.

Merci pour ce RP que j'ai adoré écrire