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24 août 2020, 16:19
Sous le regard des plumes  PV 
Janvier 2042


Janvier... Nous sommes déjà à la moitié de ma première année à Poudlard. Étrangement, elle est passée très vite, et en même temps extrêmement lentement. Les jours en eux-mêmes étaient lents, mais les semaines s'enfilaient très vite. Ça n'a absolument aucun sens. Bref.

Depuis quelques jours, je suis de retour au château après avoir passé mes vacances de Noël à la maison. Après avoir passé quatre mois quasiment seule, quatre longs mois séparée de mes parents, ça m'a vraiment fait du bien de rentrer. Parce que même si j'apprécie Poudlard (faut dire que la Bibliothèque est géniale et le Parc magnifique), ce n'est pas chez moi. Après toutes ces semaines, je ne me sens toujours pas à ma place ici. Je passe mes journées sans parler à personne pour plus de quelques phrases, et même si j'apprécie grandement ma solitude et préfère "être seule que mal accompagnée", cette solitude forcée me pèse. Encore plus quand je vois tous les groupes d'élèves qui se forment dans les couloirs, occupés à rire et papoter sans se soucier de rien. J'aimerais être à leur place, savoir que peu importe ce qu'il se passe, j'aurais des personnes à retrouver, à qui raconter ce que je veux, avec qui passer du temps. Ça me manque.

Assise dans l'un des nombreux fauteuils de la salle commune, je secoue la tête pour quitter mes pensées. Je n'aime pas rester à déprimer, c'est encore plus déprimant. Après tout, de quoi est-ce que je me plains ? J'étudie dans un gigantesque et magnifique château, dans la maison dans laquelle je voulais être répartie et j'en apprends un peu plus chaque jour sur la Magie. Ça pourrait aisément être pire. Ça pourrait être mieux, mais ça pourrait surtout être pire.
Une fois un peu de positivité retrouvée, je me referme le livre que je bouquinais, puis me lève. Rapidement, je prends la décision de monter à la Volière pour écrire à mes parents. Je ne l'ai pas fait depuis quelques jours, et la lettre de Maman attend toujours une réponse de ma part.

Je passe en vitesse au dortoir, récupère la fameuse lettre ainsi qu'un parchemin, ma plume de corneille et un petit pot d'encre. Depuis que je suis à Poudlard, je n'utilise presque plus mes stylos billes. Même s'ils restent très pratiques et me sauvent encore régulièrement la vie, à mes yeux ils ne sont pas comparables au charme de l'écriture à la plume et au bruit que cette dernière fait en grattant contre le parchemin.

Rapidement, je parcours le court trajet qui sépare notre salle commune de la Volière. Lorsque j'atteins ma destination, je suis ravie de constater que la pièce est vide, excepté les nombreux oiseaux qui s'y trouvent. Je repère rapidement le hibou moyen-duc qui porte la plupart du temps mes lettres, contente de voir que je pourrai une nouvelle fois lui confier mon parchemin.
Même s'il est très pratique que l'école nous mette à disposition des hiboux et chouettes pour envoyer notre courrier, et bien que je n'ai jamais eu de problème pour en trouver un disponible, j'aimerais quand même vraiment avoir un petit hibou juste à moi. Depuis toute petite je passe devant la Ménagerie magique quand j'accompagne Maman au travail, et je rêve d'y entrer un jour pour adopter l'un des merveilleux oiseaux qu'elle y abrite. D'autant plus quand je vois la complicité que Maman a tissée avec Haaw au fil des années, ça me donne vraiment envie de construire la même chose. Peut-être pour mon anniversaire ? Je croise les doigts en tout cas.

Un tour sur moi-même effectué, je repère un petit espace au sol propre où je vais pouvoir m'asseoir pour rédiger ma lettre. Je me mets donc en tailleur, pose mon bout de parchemin devant moi, à côté duquel je place mon encrier, puis je me lance.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

30 août 2020, 19:17
Sous le regard des plumes  PV 
4 JANVIER 2042, 17h12
VOLIÈRE, POUDLARD

Alyona, 11 ans


C'est incroyable. Ce château est incroyable. Déjà plusieurs mois que je passe mon temps ici et il me reste encore des endroits à découvrir. Des recoins inconnus, des pierres non touchées. Je commence petit à petit à progresser dans l'usage de la Magie. Et la Bibliothèque est si grande ! Celle à la maison me semble ridicule à côté. J'ai essayé de repérer quelques livres mais je ne sais pas vraiment par où commencer. À croire que tout cela m'impressionne. Et le Parc ! Il me rappelle tant le jardin de Mamie. Joli souffle de nostalgie. Tout a changé depuis que j'ai reçu cette lettre. Tout me semble différent. J'suis comme perdue au milieu de ce château. Petite barque naviguant sur l'océan de l'inconnu. Mais l'inconnu est si plein de mystères, si nouveau, si intriguant.

Pourtant, il y a quelque chose qui ne me plaît pas dans la vie ici. Je n'arrive pas à mettre la main dessus. Comme un étrange malaise. Ou peut-être un sentiment de gène. Malgré les grains de sable qui s'écoulent dans le sablier, je ne me sens pas chez moi ici. C'est différent. Maman n'est pas là pour me sourire. Papa n'est pas là pour me faire rire. Mamie n'est pas là pour me faire découvrir des choses. Il n'y a que des inconnus. Ils me font un peu peur eux aussi. Je n'en avais jamais vu autant dans un même lieu avant d'arriver à Poudlard. Et puis, ils sont différents de moi. Comme s'ils vivaient une autre vie. Y'a même des sourires sur leurs lèvres et des éclats de rire qui s'échappent de leur gorge. Il y aussi même des Nés-Moldus. Maman et Papa m'ont dit de m'en méfier. C'est un endroit si étrange. C'est pour cela que je suis allée à la Volière.

La Volière est toujours calme, peu importe le moment de la journée. Il y a comme une odeur familière qui règne dans ce lieu. Les oiseaux me font rêver avec leurs grandes ailes et leur bec imposant. Ils sont, par leur présence, presque réconfortants. Et puis, je les trouve si beaux. Papa et Maman ont un hibou tout marron énorme, je l'aime bien mais il est un peu trop nerveux. Mamie aussi elle a un oiseau, c'est une chouette blanche toute petite. Une fois, je l'ai même caressée. Elle est toute douce et si fragile. J'ai dû mal à l'imaginer résister aux hivers difficiles de la Russie mais Mamie dit qu'elle est plus forte que ce que l'on pourrait penser. Et Mamie, elle a toujours raison.

En entrant dans la pièce, l'odeur forte des volatiles m'attaque tandis que des têtes rondes se tournent vers moi. J'me sens bien tout à coup. Il n'y a pas d'Autres. Il n'y a pas de Bruits. Et puis, il y a les oiseaux. Si beaux oiseaux. Apprenez-moi à voler, j'veux passer ma vie libre comme vous à naviguer dans le ciel. Et soudain, un mouvement dans mon champ de vision. Un mouvement humain. *Quelqu'un ?* J'voulais pas moi. J'suis si bien seule avec les oiseaux. Je tourne la tête vers l'Inconnu. C'est une fille. Une fille avec des cheveux bruns. Elle doit avoir mon âge. Elle me dit quelque chose. *Peut-être une fille de mon année ?* Son uniforme est aux couleurs de Serdaigle. Elle est assise par terre. Qu'est-ce qu'elle fait par terre ? Elle n'a pas peur d'être sale par terre ? Moi je n'ai pas peur d'être sale. Mais certains, oui. Maman n'aime pas cela. Je m'approche en silence. J'crois qu'elle écrit. J'entends le bruit que sa plume fait en grattant le parchemin. C'est joli comme bruit. Peut-être qu'elle écrit à sa famille. Ou à ses amis. Je ne sais pas. L'envie de reculer me prend tout à coup. Je la repousse. Ca ne me semble pas être la bonne solution. Si elle est de mon année, je devrais peut-être lui parler. *Pourquoi ? C'n'est pas obligé. Et y'aura certainement d'autres occasions.* Oui mais elle est de mon année. C'est plus poli. J'vais pas partir comme ça. Ca ne se fait pas, non ?

« Bonjour. »

Je ne sais pas quoi ajouter. Je ne devrais peut-être pas la déranger si elle écrit une lettre. C'est mal de déranger quelqu'un. Je ronge mon index, presque inconsciemment, trop gênée face à la présence de cette autre fille. J'devrais peut-être dire autre chose. Un simple bonjour semble étrange. Oh, mais moi je ne sais pas quoi dire. C'était plus facile chez Mamie, quand il n'y avait que les plantes. J'n'avais pas besoin de réfléchir. Pourtant, j'ouvre une nouvelle fois la bouche, comme intriguée par cette Inconnue, poussée par l'envie d'en savoir plus.

« T'es qui ? »

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique
présence réduite

02 sept. 2020, 19:34
Sous le regard des plumes  PV 
Plongée dans l'écriture de ma lettre, je perds peu à peu de vue la réalité. La rumeur des rires et cris des élèves occupés à jouer avec la neige dans le parc du château s'efface doucement, puis avec elle le bruit que font les oiseaux qui m'entourent. Au final, je n'entends même presque plus le grattement de ma plume sur le parchemin que je tiens et qui est maintenant bien rempli de mots tracés à l'encre bleu marine. Rien d'étonnant à ce que je n'entende donc pas plus que le reste la jeune fille qui vient d'entrer dans la Volière, et qui, après quelques instants, s'approche lentement de moi sans que je ne m'en aperçoive.

- Bonjour.

Je sursaute. La voix qui vient briser le calme qui m'entourait me surprends, et par réflexe je relève immédiatement la pointe de ma plume de ma lettre pour ne pas y faire de tâche. Je lève la tête vers la personne qui vient d'arriver, et son visage est celui d'une jeune fille de mon âge que je connais de vue. Je sais qu'elle est elle aussi à Serdaigle et il me semble connaître son prénom, mais impossible de m'en souvenir. La seule chose dont je me rappelle c'est que ce n'est pas un prénom très banal, je ne l'avais jamais entendu avant. Ce qui ne m'avance pas des masses, avouons le.

Sous la surprise, je suis incapable de faire plus que murmurer un ridicule
"Bonjour" qu'elle n'a certainement pas dû entendre vu le faible volume que j'y ai mis. Cependant, mes lèves ont bougé, donc elle a potentiellement compris malgré tout. J'espère en tout cas que ce soit le cas puisque je ne répète pas ma salutation, un peu intimidée par son apparition subite.

En l'observant un peu plus, je me rends compte que malgré le fait qu'elle soit venue d'elle-même vers moi, elle n'a pas l'air beaucoup plus à l'aise que moi. Je la vois porter l'index d'une de ses mains à sa bouche et commencer à ronger l'ongle qui le termine.
*Pourquoi tu me parles si ça te met mal à l'aise ?* Vraie question, elle aurait tout à fait pu s'éloigner après m'avoir saluée pour être polie. Je ne comprends pas la raison pour laquelle elle se tient encore là, clairement gênée, plongée dans le silence. Pourtant je ne dis rien non plus pour combler ce vide, parce que je n'ai aucune idée de quoi dire lorsque ce genre de situation se produit.
Soudainement, je la vois ouvrir la bouche.


- T'es qui ?

*Hein ?* Gros blanc dans mon cerveau pendant quelques instants. C'est vraiment une drôle de manière d'engager une conversation et je ne m'attendais pas du tout à ça. Ce qui me perturbe le plus, c'est pas la question mais la formulation. Ça me semble un peu brutal d'aborder un inconnu en lui disant "Bonjour. T'es qui ?", en tout cas ça me laisse une sensation étrange. Malgré cette sensation, je me rends quand même compte que son ton n'était pas agressif ou autre, donc je suppose qu'elle n'a pas voulu donner cette impression un peu brutale. Mais bon, drôle de manière de demander son prénom à quelqu'un quand même. 'Fin je suppose que c'est mon prénom qu'elle me demande parce que la question n'était pas très précise. Quoi d'autre sinon ?

Me rendant compte que je fais durer le silence un peu trop longtemps et que j'ai conservé un visage surpris, je me reprends. Je déglutis, puis lui réponds un peu plus fort que tout à l'heure.


- Hm... Je m'appelle Solwen. Court silence. Et toi ?

Pour ne pas rester plantée là, figée comme une statue, j'entreprends de refermer mon flacon d'encre pour ne pas risquer de provoquer bêtement un accident que je serais tout à fait du genre à engendrer. Je remets une mèche rebelle de mes cheveux derrière mon oreille gauche puis relève ensuite les yeux vers la jeune Serdaigle toujours debout devant moi.

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"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

27 sept. 2020, 18:31
Sous le regard des plumes  PV 
Navrée pour ce retard...

Peut-être ai-je parlé trop vite. Peut-être est-ce trop brutal, trop direct, trop agressif. Mais j'ai l'impression que c'est comme cela à chaque fois. Je n'arrive pas à être normale avec les inconnus. Je n'arrive pas à paraître à l'aise. *Impossible*. Peut-être est-ce dû au fait que je n'avais jamais vu autant d'inconnu si proche de mon âge au même endroit. Peut-être est-ce dû au fait que je ne sais que dire, que faire, comment réagir pour paraître normale. Alors, je ne peux m'empêcher d'être trop brutale, trop directe face à ces Autres. Et cette Fille l'a certainement vu, ma gêne. La surprise se lit sur son visage. Oh, je n'arriverai donc jamais à parler comme Eux, à être aussi souriante, aussi naturelle ? Peut-être que je devrais réfléchir un peu plus avant de parler. Peut-être que je devrais revoir mes propos. Pourtant, je ne fais rien, comme paralysée. Je reste plantée ainsi, face à elle, immobile. Mon visage ne laisse rien transparaître. Je suis presque là sans l'être, un peu perdue parmi mes Pensées qui comme de puissantes vagues, ne cessent de m'emporter. Le Silence dure, s'allonge, s'étend. Il me semble si long que les regards des volatiles me paraissent eux aussi de trop. Je ne sais s'il me pèse ou s'il me rassure. Peut-être un peu des deux. Il me permet d'observer la Fille mais creuse comme un étrange fossé entre nous. Un fossé de Silence.

L'Autre ne répond pas, certainement elle aussi noyée sous les flots ses pensées. *Comme moi alors.* Je plisse les yeux pour mieux l'observer, comme si je pouvais graver ses traits dans ma Mémoire ou tout simplement effacer le poids du Silence qui remut mes Pensées. Ses cheveux longs et bruns. Ses tâches de rousseur semblables aux miennes. Son regard. Sa peau pâle comme la Lune. Ses grands yeux bleus. Je ne sais pourquoi je l'observe ainsi. Pourquoi mes yeux se posent sur elle. Pourquoi j'ai comme ce réflexe de fuir ce silence qui règne dans ma tête. Comme si j'avais toujours besoin de Penser à quelque chose, de réfléchir. L'Homme ne peut s'empêcher de Penser alors ? Jamais je ne pourrais avoir un silence dans ma tête ? Pourquoi est-ce fait ainsi ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas arrêter de penser ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas penser à rien ? Pourquoi, par Merlin, n'y-a-t-il jamais de Silence ?

La Fille me répond. Alors, elle s'appelle Solwen. Ce nom me dit quelque chose, comme si je l'avais déjà entendu. Ce n'est pas un nom courant ; mais c'est un joli nom. On dirait que c'est le nom d'une fleur. Je l'ai certainement déjà entendu durant un cours. Solwen. Elle referme son flacon d'encre et je ne dis rien, toujours aussi gênée, hésitante et paralysée. Jamais je n'arriverai à engager une conversation normale ? Jamais je ne pourrai avoir l'air à l'aise face aux gens ? Mais de quoi parle les gens normaux ? J'ai bien essayé d'écouter des conversations dans les couloirs, de capter des paroles, des idées, de trouver des explications ; mais rien à y faire, ma mémoire me fait défaut aujourd'hui. *Pourquoi ?*

« J'm'appelle Alyona Farrow. »

Je la regarde droit dans les yeux tandis qu'elle remet en place sa mèche. Dis-moi Solwen, qu'est-ce qu'on doit faire quand on est dans une situation comme celle-là ? Qu'est-ce qu'on doit dire pour que l'air soit moins lourd ? Est-ce que l'on doit se forcer à sourire ? Se forcer à faire comme si de rien n'était ? Comme si la gêne n'était pas là ? Comme si on se connaissait depuis des années ? Dis-moi Solwen, qu'attends-tu de moi à cet instant ? Souhaite-tu que je parte ? Que je te laisse ? Que je souris comme une idiote en espérant chasser par ce sourire le malaise qui pèse sur nos épaules ? Ou peut-être que je parle ? Mais de quoi voudrais-tu que je parle Solwen ? Voudrais-tu que je parle des plantes ? De Mamie ? Oh, mais peut-être que je devrais plutôt te poser des questions sur toi. Non, ça c'est bien trop indiscret. Mais parler de moi c'est aussi mauvais, Maman dit qu'il faut savoir être attentive aux Autres. Alors, peut-être devrais-je te parler de ta lettre ? Des oiseaux ? Du ciel ? Ou peut-être de rien. Rester ainsi, sans bouger, mes yeux dans les tiens. Dis-moi ! J'ai besoin de savoir. J'me sens si idiote face à toi.

Je prends une grande inspiration avant de sourire. Mais je me sens tellement ridicule. Mes Pensées s'emmêlent. Mon sourire sonne faux. Mes jambes me paralysent. Mes mains cherchent en vain quelque chose auquel s'accrocher. Mes yeux fuient soudain les siens, comme à la recherche d'une échappatoire. Pourtant, il faut bien que j'agisse, n'est-ce pas ? Il faut bien que je fasse quelque chose ? Que je me décide à chasser ce malaise ? J'peux pas rester là comme ça. Et j'ne peux pas non plus fuir. *'Faut qu'je fasse quelque chose.*

« J'suis désolée d'être venue te déranger ... Je ... » *n'y arrive pas, par Merlin, j'n'y arrive pas.* Inspiration. « Il est joli ton prénom. On dirait le nom d'une fleur. »

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique
présence réduite

06 oct. 2020, 00:25
Sous le regard des plumes  PV 
Un court instant après ma réponse, elle se présente à son tour. *Alyona...* Mon esprit m'indique que c'est bien à ce prénom que je pensais, sans être pour autant capable de le retrouver. Pas très courant, comme je m'en souvenais, mais il n'en reste pas moins joli et très doux. Du peu -très peu- que je sais d'elle, il me semble très bien lui correspondre.

Le silence reprend rapidement sa place entre nous, et je la regarde sans savoir quoi ajouter. Que dire ? "C'est un joli prénom" ? Je trouve ça assez bête et peu original, c'est ce qu'on dit toujours quand on ne sait pas quoi répondre à une personne qui vient de se présenter, peu importe la manière dont elle s'appelle. Du coup je ne dis rien et attends de voir si elle ajoutera quelque chose pour briser ce silence, ou si elle partira faire ce pour quoi elle est venue ici. Les secondes s'écoulent, et on ne fait que s'observer. Elle me fixe, et je lui retourne son regard, sans savoir trop quoi faire.

Au bout d'un moment qui me paraît durer des heures, elle inspire plus profondément et sourit. Pourquoi ? Je n'en sais fichtrement rien. Je sens juste que ce sourire n'est pas sincère : après quelques secondes sur ses lèvres, il commence déjà à vaciller, trahissant son malaise. Il me contamine et je commence à le ressentir, en miroir d'elle.
Je déteste ressentir ces émotions qui ne m'appartiennent pas, et m'envahissent quand je n'ai rien demandé. Je ne saurai même pas expliquer comment je fais, c'est impossible, je fais c'est tout. Quand une personne près de moi ressent une émotion particulière -surtout négative-, je la sens, je l'absorbe et soudainement c'est moi qui la ressens, comme si elle était mienne. Sauf qu'elle ne l'est pas, et qu'à cause de ça, mes émotions... Débordent. Oui, je pense que "déborder" est un bon terme. J'ai vraiment la sensation dans ces moments-là d'être emplie complètement de sentiments qui ne m'appartiennent pas et que je n'ai aucune raison de ressentir. Pourtant ils sont bien présents, voire trop, et je déborde de ce trop-plein. Maman dit que c'est mignon cette sensibilité et cette empathie que j'ai, que je lui ressemble sur ce point-là. Pour moi, c'est surtout compliqué et pénalisant. J'ai déjà assez de mal à gérer mes propres émotions qui m'envahissent trop, je n'ai vraiment pas besoin de ressentir en plus celles des autres.

Ses yeux quittent soudain les miens, et son malaise prend de plus en plus de place dans la volière. J'essaye de dévier mon attention sur autre chose, mais ce n'est pas si simple. Alors je prends quelques secondes pour l'observer. Les premières choses que je remarque chez elle, ce sont ses cheveux. Bien plus courts que les miens, ils sont d'une jolie teinte rousse qui tranche avec sa peau, pâle comme la mienne. J'ai également remarqué, même si je ne les vois plus, qu'elle aussi a les yeux bleus, bien qu'ils soient plus clairs que les miens.
Lorsque je dévie mon regard vers le reste de son corps, la manière dont elle se tient me crie son malaise, alors je cesse mon observation. Je tourne les yeux à gauche, vers des hiboux occupés à dormir tranquillement sur leur perchoir.
*Vivement que j'ai le mien* Depuis quelques semaines, je n'arrête pas d'y penser. Ce serait tellement chouette d'avoir un petit compagnon à retrouver le matin au moment de la distribution du courrier, ou le reste du temps quand je viens ici. J'ai hâte, j'espère que ce sera bientôt.

- J'suis désolée d'être venue te déranger ... Je ...

Je ramène mes yeux vers elle et l'écoute, un peu désolée de l'entendre bégayer par ma faute. *Ne t'excuse pas voyons...* Elle fait une courte pause, puis reprend.

- Il est joli ton prénom. On dirait le nom d'une fleur.

*Le nom d'une fleur ?* Le compliment me fait sourire. Ce n'est pas la première fois qu'on me dit que mon prénom est joli -d'autant plus que je le sais assez original, alors les gens (surtout les adultes) se sentent obligés de dire qu'ils l'aiment bien- mais c'est la première fois qu'on le compare au nom d'une fleur. J'aime bien.

Un petit blanc s'installe où je ne fais que lui sourire doucement, puis une petite voix dans ma tête me rappelle que je ne lui ai pas répondu.
*Oups*

- Oh euh... Ne t'excuse pas, tu as le droit d'être là.

Au moment où je parle je me rends compte qu'elle s'est plutôt surement excusée parce qu'elle est venue me parler plutôt que parce qu'elle a décidé de venir à la Volière, mais tant pis. Je suppose qu'elle comprendra ce que j'ai voulu dire. Je soupire doucement avant de continuer.

- Et.. Hum... Merci pour le compliment. Petite pause. C'est la première fois qu'on compare mon prénom au nom d'une fleur, je crois. Nouvelle pause. J'aime bien le tien aussi, il est doux.

Et me voilà qui sort les banalités que je critique. Pour ma défense, je déteste qu'on me fasse un compliment et ne pas en faire en retour, je trouve ça malpoli, surtout que son compliment était chouette. Puis au moins j'aurais pris la parole plus de trois secondes consécutives, on ne pourra pas dire que je n'ai pas fait d'effort.

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12 déc. 2020, 11:01
Sous le regard des plumes  PV 
Je suis navrée pour ce nouveau retard terrible.

Elle me regarde, Solwen, et je ne sais pas quoi faire. Croiser son regard et risquer de m'y perdre ou continuer à fixer les hiboux comme une idiote ? Mais les regards qui se croisent ne sont-ils pas trop forts et intimes pour deux inconnues ? Ne laissent-ils pas passer trop d'émotions ? Et s'ils lui montraient ma gène et ma terreur ? Et si elle voyait mon inquiétude et mon incapacité ? Et si elle lisait mes doutes dans le gouffre bleu de mon iris ? *Et si je restais moi-même et qu'ils ne laissaient rien paraître ?* Juste un reflet de son propre visage, comme si elle contemplait la mer calme, douce, paisible et tranquille. Si je cachais mes émotions ou que je les refoulais au fond de moi, il n'y aura pas de risques puisqu'il n'y aurait pas de gouffre au fond de mes yeux. Juste le calme et la sérénité. Mais arriverai-je à être sereine dans un pareil moment ? Arriverai-je à repousser ainsi mes sentiments comme Papa sait si bien le faire ? Et si cela ressemble plus à une affreuse grimace ? Alors elle rigolera et cela rendra l'ambiance plus tranquille, non ? Peut-être que je devrais juste essayer de la faire rire ? Mais je ne sais pas faire rire les gens. Je n'y arrive pas en temps normal alors je n'y arriverai certainement pas dans cet état.

J'inspire calmement, chassant la fleur sauvage *Solwen * qui me fait face de mes pensées. Je secoue légèrement la tête comme Mamie le faisait quand elle pensait trop. Elle me manque un peu ; elle aurait mieux réussi que moi à détendre l'atmosphère. Cependant, aujourd'hui c'est à moi de faire mes preuves même si j'ai peur que Solwen ne se moque de moi ou que je ne m'y prenne pas correctement. Oui, j'ai un peu peur, comme une petite boule dans mon ventre qui me fait mal. Je la sens bouger légèrement quand mes yeux se posent sur Solwen. Pourtant, aujourd'hui, je ne veux pas paraître idiote ou trop gênée. L'autre Serdaigle et moi allons passer plusieurs années à se côtoyer, non ? Ce serait stupide que je fasse mauvaise impression ou que nous ne puissions plus nous parler après cet évènement ; vraiment stupide. *Courage, maintenant il est trop tard pour partir et fuir.*

Je m'assieds environ un mètre près d'elle et ose enfin croiser son regard bleu. Ma peur semble être retenue dans ma poitrine comme quand on retient son souffle. Tant mieux. Avec cette peur retenue bien loin de mes pensées, je me sens plus légère, plus calme, plus forte aussi. Je ne tremble pas, je doute toujours, bien sûr, mais j'arrive à repousser ces doutes. Vous savez, comme quand on est pris par cette soudain assurance, cette croyance, ce courage, comme si on se jetait la tête la première ou que l'on s'élançait pour prendre son envol. J'espère que j'arriverai à voler et que je ne retomberai pas pitoyablement dans mes doutes. J'espère que cette soudaine et brutale assurance, venue comme si je n'avais plus rien à perdre, ne me laissera pas seule face à mes doutes. J'espère tant de choses mais Merlin seul doit savoir, ou tout du moins avoir une idée, de ce qui m'attend. Au diable les doutes. Au diable les questions. Il est temps de se jeter dans le Monde et d'oser un peu ce que je n'osais pas. Avec un peu de chance, j'arriverai à éviter de paraître encore plus idiote.

« Merci. » Brève pause durant laquelle mes doutes reviennent m'assaillir, vagues bien puissantes. Et si ce n'était pas la bonne manière de procéder ? Et si elle se relevait, ne supportant plus ma présence ? Et si elle se moquait de cette soudaine assurance ? Et si elle se moquait de moi ? *'Faudrait que j'emprisonne mes doutes à Azkaban.* « Pour le compliment. C'est gentil de ta part. » Je ne peux plus m'empêcher ; mes mains viennent instinctivement s'accrocher à ma veste. Nervosité qui me rend mal à l'aise. « La lettre, c'est pour ta famille ? »

Ta famille. Quelle idiote, je n'ai même pas réussi à rester normale durant ces quelques secondes. Jamais je n'aurai demander cela à Anaë. Jamais je n'aurai osé lui parler de sa famille le jour où nous nous sommes rencontrées. Parler de sa famille alors que l'on vient à peine de la quitter et que celle-ci doit sûrement lui manquer terriblement comme elle me manque à moi. Les regards, les sourires, les voix, les paroles, les mots doux, les gestes affectifs, les étincelles dans les yeux, les moments ensemble ; le manque est terrible quand le vide au fond du cœur semble ne jamais vouloir disparaître. Je regrette déjà certaines de mes paroles balancées dans cette salle et cette fausse assurance que je voulais laisser transparaître. Et si ce n'était pas comme cela que l'on apprenait à connaître une personne ? Et si je la mettais mal à l'aise avec mes interrogations directes et peut-être indiscrètes ? Et si ce n'était pas la bonne méthode ? Encore les doutes et les questions qui reviennent en force. Encore cette envie de faire demi-tour pour arrêter de me couvrir encore plus de honte. Encore ces points d'interrogations bien trop fréquents dans mes pensées. Encore ces hésitations comme si chacun de mes actes était une pierre lancée dans l'eau. Encore et encore. Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à avancer dans mes pensées et dans mes questionnements. Je n'arrive pas à chasser ce mal-être qui pèse bien trop lourd sur mes petites épaules. Je n'arrive pas à être simple dans ma manière de penser et de m'exprimer. Je n'y arrive pas, par Merlin ! Que je suis inutile face aux propres doutes que creusent mes pensées. Que je suis faible et idiote face à une autre fille de mon âge. Tout me semblait bien plus facile avec Anaë, peut-être parce qu'elle et moi avions grandi ensembles ?.

« Je suis désolée. Je suis un peu confuse. Un peu idiote aussi. » *Par la barbe de Dumbledore, j'ai réussi à l'avouer !* « Accepterais-tu de me pardonner d'être venue te déranger ? Je m'en voudrais d'avoir fait une mauvaise impression auprès de toi alors que nous allons passer peut-être plusieurs années à nous côtoyer. » Petite pause durant laquelle mes yeux quittent les siens pour y revenir juste après. « Je m'en voudrais un peu de t'avoir dérangée et mise mal à l'aise. »

Ma famille serait fière de cette soudaine réaction à peine réfléchie. Je crois que j'en suis aussi un peu fière. J'ai réussi à dire la vérité, sans mentir, sans tourner autour du pot, sans passer par quatre chemins. J'ai réussi et cela calme un peu mes doutes ; que c'est agréable. Je me surprends à laisser un petit sourire sincère glisser furtivement sur mes lèvres. Oh, j'aimerai qu'il ne s'en aille plus jamais.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique
présence réduite

30 janv. 2021, 19:30
Sous le regard des plumes  PV 
Je suis à nouveau navrée pour ce gros retard...


Après un moment passé à rester debout, la jeune fille finit par s'asseoir non loin de moi et me remercie pour mon compliment, miroir du sien. Un très court silence s'installe entre nous, et je vois sa nervosité prendre une place de plus en plus importante dans ses gestes. Décidément, elle n'est pas plus à l'aise que moi. Malgré tout, elle trouve le courage de briser le silence et relancer la discussion.

- La lettre, c'est pour ta famille ?

Sa question me surprend, surtout parce que je la trouve un peu personnelle. Mais après tout, mieux vaut ça qu'un silence gênant, puis je ne vois pas vraiment à qui d'autre je pourrais écrire. Donc au final, ça va. C'est pas comme si elle m'avait demandé ce que j'étais en train de mettre dans ma lettre, ça ç'aurait été vraiment dérangeant.

Au moment où je m'apprête à acquiescer pour lui répondre, elle me coupe pour s'excuser. Je hausse immédiatement un sourcil, surprise par ce brusque changement de sujet.


- Je suis désolée. Je suis un peu confuse. Un peu idiote aussi.

*De quoi tu parles ?* Peut-être qu'elle s'en veut d'avoir posé sa question ? Mais de là à dire qu'elle est idiote... Je suppose qu'elle doit parler d'autre chose, mais là comme ça je ne comprends pas la raison de ses excuses.

- Accepterais-tu de me pardonner d'être venue te déranger ?

Ma surprise augmente encore d'un cran. Elle s'est déjà excusée tout à l'heure d'être venue me déranger, et je lui ai dit que ce n'était rien, puisque la Volière n'est pas ma propriété privée et qu'elle a tout autant le droit que moi de s'y rendre. Alors pourquoi s'excuse-t-elle de nouveau ? Parce qu'elle a été un peu brusque au début ? Ou parce que je lui ai vraiment donné le sentiment d'être dérangée par sa présence ? J'espère que ce n'est pas ça, je m'en voudrais qu'elle se sente mal à cause de moi, surtout pour quelque chose de faux. Parce que si elle m'a surprise à son arrivée, elle ne m'a pas vraiment gênée plus que ça.

- Je m'en voudrais d'avoir fait une mauvaise impression auprès de toi alors que nous allons passer peut-être plusieurs années à nous côtoyer.

C'est donc ça qui l'inquiète ? Qu'on soit en mauvais terme pour les années qui suivent à cause de son comportement ? Ce serait un peu rancunier de ma part de lui en vouloir autant juste parce qu'elle a été un peu maladroite, non ? Surtout qu'elle n'a rien fait de mal, elle a peut être été un poil indélicate, mais c'est tout.

Un très court silence s'installe durant lequel je ne réponds pas, parce que je sens qu'elle n'a pas tout à fait fini de parler. Et la suite me donne raison, puisque lorsque son regard croise de nouveau le mien, elle poursuit.


- Je m'en voudrais un peu de t'avoir dérangée et mise mal à l'aise.

Un léger sourire étire ses lèvres, et les miennes s'étirent en miroir. Comme je ne souhaite pas qu'elle se sente coupable ou que sais-je, je m'empresse rapidement de la détromper.

- Ne t'excuse pas, tu ne m'as absolument pas dérangée, j'ai juste été un peu surprise de ton arrivée c'est tout, ne t'inquiète pas.

J'agrandis légèrement mon sourire pour lui faire comprendre que je ne suis vraiment pas fâchée, mal à l'aise ou autre, et que je ne lui en veux absolument pas. Après tout, ça arrive à tout le monde d'être un peu maladroit, moi la première, surtout quand on est nerveux.

Je détourne quelques instants mes yeux des siens, et mon regard se dirige vers ma lettre, toujours posée sur mes genoux. Au même moment, je me rends compte qu'avec tout ça je n'ai toujours pas répondu à sa question. Pendant un court instant je me tâte sur l'intérêt de répondre maintenant -je ne voudrais pas paraître hors sujet-, mais je me dis que ça pourrait être un moyen de relancer la discussion sur autre chose, et confirmer le fait que sa présence ne me gêne pas. Alors je fais un effort, redirige mon regard dans le sien et me lance.


- Et hum... Je ne t'avais pas répondu, mais oui la lettre est pour ma famille.

J'ajoute un petit sourire timide pour clore ma réponse, ne sachant pas quoi ajouter d'intéressant. Non pas que ce que je vienne de dire le soit, mais bon.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

07 mars 2021, 15:05
Sous le regard des plumes  PV 
Tout se répète sans cesse. Des excuses pour avoir trop parlé, puis parler et dire trop, encore, et s'excuser. C'est une boucle infinie et foutrement infernale. Je suis prise au piège dedans et n'arrive pas à m'en libérer. Ah ! Anaë ne m'avait jamais dit que parler aux Autres seraient si difficile. Engager des conversations — tellement plus facile à dire qu'à faire ! Tout le monde fait cela naturellement, sans se poser de questions, sans réfléchir à ses paroles, à ses actions, aux conséquences que celles-ci auront et aux réactions de l'Autre. Tout le monde fait cela sans douter et hésiter mille fois. Alors, par la barbe de Dumbledore, pourquoi moi je n'y arrive pas ?! Réfléchir est trop prenant mais agir sans réfléchir est trop difficile ! Que j'aurais aimé avoir quelque chose d'intelligent à dire et faire disparaître un peu plus l'étrange tension qui règne actuellement entre Solwen et moi. Solwen, d'ailleurs, ne fait rien pour m'aider. Peut-être qu'elle aussi ne sait pas comment agir. Pourtant, à chacune de mes paroles, elle ne dévie pas la conversation sur un autre sujet. Non, Solwen me laisse continuer et m'enfoncer un peu plus dans ma honte et mes doutes. Parler naturellement est si difficile.

Je regarde Solwen suite à sa réponse, un sourire timide et discret sur les lèvres. Les doutes ne sont plus là et le malaise entre nous semble aussi s'être dissipé. Cependant, je ne pense pas que cela soit grâce à moi. Je crois que c'est le temps qui a chassé notre malaise. Aussi dévastateur que réparateur, ce Temps inépuisable. Je pousse un très léger soupir et me laisse tomber en arrière, la tête contre le sol froid de la Volière. Au-dessus de moi, les oiseaux qui me regardent et leur plumage fantastique. *Si une plume tombe, je la récupère* La famille de Solwen a-t-elle son propre hibou ou sa propre chouette ? Peut-être que Solwen a un volatile. J'aimerais bien avoir un hibou. C'est si gros et doux. Je suis certaine que cet oiseau ne peut pas faire de mal. Je suis certaine que c'est un volatile très gentil. Un jour, j'aurais peut-être un hibou. Un hibou marron comme l'écorce des arbres. J'aimerais bien avoir un hibou.

« Moi aussi j'ai envoyé une lettre à mes parents en arrivant. Ils me manquent un peu ; Poudlard est si grand et plein de gens. »

Les mots s'écoulent sans que je ne puisse les retenir. Cette fois, je n'ai pas peur de comment Solwen réagira. Non, cette fois, je suis sereine. Est-ce dû à la présence des oiseaux au-dessus de ma tête ? Peut-être, qui sait ?

Je pose mes deux mains sur mon ventre et laisse mon regard se perdre dans cet amas de plumes grisâtres qui semblent me rassurer. La présence des oiseaux est agréable. Même si ceux-ci dégagent une odeur particulièrement forte, je crois qu'ils délivrent aussi un sentiment de calme. Après tout, ils ne font aucun bruit. Seul le silence semble les accompagner dans leur journée. Parfois des visages, le son de grattements de la plume sur le parchemin, des éclats de voix comme arrachés à la Vie et d'autres fois, des plumes qui remuent et des cris nerveux ou excités. La volière est un lieu que j'apprécie avant tout pour son calme. Les rares élèves qui y vont ne restent jamais longtemps et ils passent souvent simplement pour écrire une lettre et l'envoyer, *comme Solwen*. Solwen. Je cligne plusieurs fois des yeux, pensive.

« Je suis venue pour les oiseaux et le calme. La volière est rarement le lieu de réunions ou de bavardages. Il n'y a presque personne ici quand j'y vais. » Mon sourire s'étire un peu quand je me tourne vers Solwen. « Et aujourd'hui, tu étais là. »

Je continue à regarder quelques secondes Solwen avant de me relever sur mes coudes. J'aime me plonger dans mes pensées, cependant, Solwen est là et c'est malpoli de l'ignorer. Certes, il y a quelques minutes, je doutais et n'arrivais pas à dire trois mots sans m'arrêter pour réfléchir. Pourtant, maintenant, un poids semble s'être retiré de mes épaules et je me sens bien mieux. Solwen aussi s'est-elle rendu compte que le malaise entre nous s'en était allé ? Accepterait-elle de me parler encore un peu ? Discuter avec moi ? Souvent, c'est avec Anaë que je discute mais elle ne me dit rien. Anaë est si secrète ! Jamais elle ne me parle de sa première année où de ce qu'il se passe dans sa salle commune. Les seuls sujets dont Anaë veut me parler sont la Magie et mon quotidien. Bien sûr, je n'attends pas de Solwen qu'elle me raconte toute sa vie et ses problèmes. Non, je veux juste une conversation normale, ou ce qui s'en approche le plus. *Ah !* normale.

Mes prochaines paroles risquent de déterminer la suite. Vais-je retomber dans cette boucle infernale ? en sortir ? me ridiculiser ? me prendre un regard étrange de la part de Solwen et devoir partir ? Finalement, peut-être que je ne devrais pas me mettre autant de pression juste pour des paroles. Après tout, je ne pourrai jamais deviner comment Solwen me répondra. Si je lui parle de ses parents, elle m'en voudra peut-être. Pourtant, ne devrais-je pas... *rah ! Non !*
Terribles questionnements dans ma tête !

« Aimes-tu les oiseaux ? J'aime les regarder. Ils ont une manière de bouger si... différente. Et leurs plumes sont magnifiques. J'ai commencé une collection de plumes il y a peu. Peut-être pourrais-je ajouter celles des hiboux dans ma boite. »

Voilà que je réfléchis à voix haute. Ma langue est une vipère, elle ne me laisse pas le temps de réfléchir et agit avant moi.

« Dis-moi Solwen, pourquoi les Humains n'ont-ils pas d'ailes ? J'aimerais tellement être un oiseau... »

Et mon regard de nouveau perdu dans les plumes des volatiles. Ah ! douce rêveuse aux rêves inatteignables.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique
présence réduite

14 avr. 2021, 00:41
Sous le regard des plumes  PV 
Visiblement un peu rassurée par les quelques mots que je viens de prononcer, Alyona soupire doucement et se laisse basculer en arrière, s'allongeant à moitié sur la pierre froide du sol de la Volière. Je la vois perdre son regard dans les nombreux hiboux et chouettes qui nous surplombent, alors je laisse mes yeux suivre les siens, ne sachant quoi ajouter.
A chaque fois que je viens ici, je suis épatée du nombre d'oiseaux que j'y trouve. Entre ceux de l'école et ceux des élèves, ça fait un petit paquet, et surtout beaucoup de bruit, de plumes et j'en passe. Mais ça a un côté hypnotisant et enchanteur tous ces plumages colorés qui ne cessent de bouger. J'ai hâte de pouvoir monter ici en sachant que mon propre hibou m'attendra.
*Quel chouette sentiment ça doit être.* Sans mauvais jeu de mots évidemment.

- Moi aussi j'ai envoyé une lettre à mes parents en arrivant. Ils me manquent un peu ; Poudlard est si grand et plein de gens.

Je tourne quelques instants les yeux vers elle, puis les remonte vers les rapaces, avant d'acquiescer d'un signe de tête, sans répondre. Même si Maman m'avait prévenue qu'il y aurait beaucoup d'élèves, je n'étais pas préparée à ça, à cette foule gigantesque dans laquelle je peine à trouver ma place. C'est si dur de débarquer dans ce monde où je ne connais personne et où tout le monde a l'air de se faire des amis en un claquement de doigts. Alors, même si j'adore Poudlard, parfois je rêve de pouvoir rentrer chez moi, retrouver mes parents, ma maison, et surtout Lucy et Neil. Voire Emy. Elle me manque vraiment beaucoup, et savoir qu'on s'est quittées dans des circonstances aussi nulles me saoule. Mais vaut mieux ne pas trop y penser.

Détournant une nouvelle fois les yeux vers la Serdaigle à mes côtés, je vois qu'elle s'est redressée légèrement et qu'elle me regarde.


- Aimes-tu les oiseaux ?

*Y a-t-il des gens qui n'aiment pas les oiseaux ?* Certes, je sais que tous les goûts sont dans la nature, mais il existe tellement d'espèces d'oiseaux différentes que je ne suis pas certaine qu'il soit possible de détester tous les oiseaux. Ou alors si, mais dans ce cas c'est triste pour ces gens-là parce que mine de rien on est quand même amenés à en croiser souvent.

- J'aime les regarder. Ils ont une manière de bouger si... différente. Et leurs plumes sont magnifiques. J'ai commencé une collection de plumes il y a peu. Peut-être pourrais-je ajouter celles des hiboux dans ma boite.

*Une collection de plumes ?* Ça doit être joli à voir toute cette douceur et ces nuances dans un seul endroit. Je crois que j'aimerais bien en faire une moi aussi, mais je me connais : dès que je vais en trouver une jolie, je vais vouloir l'y ajouter même si j'en ai déjà une de cette espèce, et je vais me retrouver avec tellement de plumes tellement vite que je ne saurais plus quoi en faire. Non, décidément, ce ne serait pas une très bonne idée. En plus Maman me gronderait, depuis que je suis petite elle me répète de ne pas toucher aux plumes des oiseaux qu'on ne connait pas, parce qu'on ne peut pas savoir si elles transportent des maladies.

Notre discussion me rappelle que Maman me laisse malgré tout depuis quelques années garder les plumes de Haaw qu'il perd dans la maison. J'avais presque oublié ce détail.
On les met dans une jolie boîte dès qu'on en trouve une, et depuis le temps on commence à en avoir un petit paquet.
*Hum...* Je suppose que du coup on doit pouvoir considérer que j'ai une collection de plumes moi aussi. J'avais jamais vu ça comme ça.

- Dis-moi Solwen, pourquoi les Humains n'ont-ils pas d'ailes ? J'aimerais tellement être un oiseau...

*Euh...* Sa question me prend au dépourvu. J'imagine qu'elle ne veut pas une explication scientifique de la véritable raison pour laquelle nous n'avons pas d'ailes -tant mieux parce que je serais bien incapable de la lui donner- mais du coup je ne sais pas quoi lui répondre. Oui ce serait sympa d'avoir des ailes. Mais on ne peut pas tout avoir, le corps humain est déjà pourvu de plein de belles choses. Puis on n'a peut-être pas d'ailes, mais on a un cerveau qui nous a permis de construire des objets nous permettant de voler quand même, et ça c'est cool.

Je tourne mon regard vers la jeune fille, un sourire aux lèvres.


- On n'a pas d'ailes, certes, mais on a des balais, c'est pas si différent que ça au final. Ou alors faut que tu deviennes un Animagus ayant pour forme animale un oiseau, là le problème sera réglé.

Mon sourire s'agrandit lorsque j'imagine la sensation que ça doit faire de pouvoir devenir soudainement un oiseau et s'envoler dans les airs pour quitter quelques minutes voire quelques heures le monde des humains. J'aimerais bien avoir les capacités de faire ça. Mais encore faudrait-il être un Animagus. Et pouvoir choisir la forme animale qu'on voudrait emprunter, ce que je doute qu'on puisse faire. Bref, autant dire que pour moi ça restera certainement au stade de rêve. Mais ça ne fait de mal à personne de rêver de temps en temps.
Dernière modification par Solwen Estendle le 02 sept. 2021, 14:23, modifié 1 fois.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

11 juil. 2021, 16:32
Sous le regard des plumes  PV 
Pourquoi mes rêves viennent-ils toujours s'immiscer dans mes pensées aux mauvais moments ? Solwen doit certainement trouver ma question stupide. C'est une question sortie de nulle part *si, d'mon cœur* qui n'a aucun sens et ne mérite même pas d'être posée. C'est une question digne d'une petite fille encore irréfléchie et bête. Personne ne rêve de choses aussi lointaines et irréalisables. D'ailleurs, je suis certaine que Maman trouve mes volontés idiotes. Souvent, quand je révèle mes rêves, les autres personnes ont cette manière de me regarder vraiment étrange. Leur regard prend plusieurs teintes : pitié, compassion, chaleur, tristesse. Suis-je toujours un enfant aux rêves inatteignables et irréalistes ? Est-ce pour cela que les gens me regardent aussi bizarrement quand je leur expose mes volontés les plus folles ? Se disent-ils que je suis aussi stupide que mes rêves pour m'imaginer de telles choses ? Car, si quelque chose est bien sûr dans tout cela, c'est que mon rêve ne se réalisera jamais. La Magie ne peut pas me faire pousser des ailes ; rien ne le peut. Pourtant, je n'arrive pas me sortir ces idées de la tête. Elles surgissent si souvent dans mon esprit, comme si je ne pouvais pas les faire disparaître. Les rêves sont-ils immortels ? Penserai-je encore aux miens lorsque je serais une Adulte ? Serai-je forcée de les abandonner un jour ou l'autre ?

Le sourire de Solwen me surprend. *Elle ne me prend pas pour une idiote !* Mes pensées s'emballent. Elle comprend ce que je ressens, pourquoi je pose cette question et ne me regarde pas étrangement comme le font les Grands. Un souffle de plaisir vient faire danser mon cœur tandis qu'un sourire timide grignote doucement mon visage. Solwen semble comprendre, me comprendre, et je trouve cela tellement fantastique que quelqu'un puisse ressentir la même chose que moi et peut-être se poser les mêmes questions. Je ne croyais pas en allant parler à une inconnue dans la volière que je rencontrerai quelqu'un comme Solwen qui sourirait au lieu de me prendre pour une folle irréaliste quand je lui parlerai de mes rêves. Peut-être a-t-elle déjà rêvé d'avoir des ailes. Peut-être s'est-elle déjà demandée pourquoi l'Homme n'en avait pas. Merlin, je ne suis peut-être pas une gamine irréfléchie finalement.

*À moins que Solwen fasse semblant.* Ma pensée écrase brutalement et sans pitié mes espoirs et ma joie. Pourtant, c'est une possibilité qui peut très bien être vraie — même si elle me révulse. Peut-être Solwen souriait-elle alors qu'elle n'avait pas du tout compris ce que je cherchais avec une telle question et pourquoi je me demandais de telles choses. Peut-être Solwen a-t-elle fait semblant de comprendre pour raviver la flamme de mon espoir et de mon bonheur. Tout cela est envisageable et me terrifie. Je ne sais plus que penser maintenant. La Bleue saisit-elle ce qui me fait rêver ou trouve-t-elle cela idiot ? Je n'en sais rien et ne parviens pas à savoir. Je détourne mon regard un instant, mon sourire penchant dangereusement sur mon visage. Terribles et douloureuses pensées.

Des balais ? Des balais pour remplacer les ailes ? La réponse de la Bleue me prend au dépourvu. Les balais ne sont pas pareils, la sensation est différente. Les balais sont des objets magiques qui nous permettent de voler. Les ailes sont des organes fantastiques qui nous transforment en Oiseaux. Ce n'est pas la même chose. Je ne cherche pas à voler comme sur un balai, sinon je ne serais pas dans la Volière. Je cherche à voler comme Icare mais avec les ailes de Niké. *Comme un Ange* Mais c'est impossible d'avoir des ailes et des plumes, personne ne peut me permettre d'en avoir. Bien sûr, la deuxième solution de Solwen me plaît davantage. Être un Animagus, ce serait tellement... *extraordinaire* Je me suis déjà renseignée sur cette métamorphose. C'est compliqué et long d'y parvenir, de plus, avoir une forme ailée est assez rare. Pourtant, il y a toujours cet espoir qui grandit en moi quand j'y pense. Si je travaille, que je reste déterminée et forte, je pourrai y arriver. Et avec de la chance, ma forme animale serait ailée, *ce serait tellement beau*.

Mon sourire réapparaît sur mes lèvres, faisant écho à celui de Solwen. Il dévore mon visage et fait briller intensément mes yeux. Espoir enchanteur. Merlin, voler dans le Ciel comme un oiseau, cela paraît tellement lointain. Pourtant, c'est possible si je deviens Animagus ; tout est possible grâce à la Magie. Je pourrais, non pas avoir des ailes et des plumes, mais être un volatile. N'est-ce pas encore plus grandiose ? Je volerai sans jamais m'arrêter, franchirai les frontières, atteindrai les nuages, m'approcherai plus proche de l'Astre du jour qu'Icare ne l'avait fait, me laisserai emporter par le vent et côtoierai l'Azur immense. Si cela, ce n'est pas un rêve, qu'est-ce donc ?

Je me retourne vers Solwen, les yeux pétillants. « J'aimerais bien devenir un Animagus... Et toi, cela te plairait ? » Qui ne veut pas prendre une forme animale et découvrir un nouveau chemin dans la métamorphose ? La Magie consiste peut-être en la réalisation des rêves les plus fous. Peut-être que le but de la Magie, sur Terre, est de rendre tous les Impossibles possibles, de trouver des solutions et chaque problème, de résoudre toutes les questions imaginables et de faire apparaître des rayons de Soleil dans les vies des gens. Merlin, que j'aime la Magie. « Quels sont tes rêves Solwen ? »

Pardonne-moi pour ce retard qui devient presque habituel.

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique
présence réduite