Cela faisait maintenant presque deux semaines que les cours avaient commencé. Aiden se plaisait particulièrement dans ce château. Comme ses parents lui avaient conté, l'école est pleine de recoins tous plus passionnants les uns que les autres. Le jeune sorcier s'était perdu plus d'une fois durant tous ces jours. Il réussissait néanmoins à présent à retrouver aisément son chemin dans les couloirs qu'il arpentait le plus. Les Cachots n'avaient plus de secrets pour lui, du moins l'aile de la Salle Commune des Serpentard, et les étages qui contenaient toutes se salles de cours non plus. Mais l'endroit que Aiden appréciait le plus, c'était bien le Parc de Poudlard. La forêt si sombre et mystérieuse surplombant le Lac Noir tout aussi sombre et mystérieux faisaient pour Aiden le parfait cadre pour étudier sur ses cours. Le doux bruit hypocrite de la Bibliothèque le dérangeait beaucoup plus que les cris assumés des élèves s'amusant dans le parc, ou encore ceux des créatures présentes dans la forêt ou lors des cours de Soins aux Créatures Magiques des troisième année et supérieures.

Aujourd'hui, après son cours d'Histoire de la Magie qui lui apparut profondément éreintant, Aiden eut une pensée pour sa mère, à laquelle il n'eut pas écrit depuis plus d'une semaine et dont il attendait la réponse. Il n'était pas passé à la Volière depuis plusieurs jours, et c'était là un bon moment pour s'y rendre. Pour se rendre à la Volière, les élèves devaient monter les nombreuses marches de la Tour Ouest que Aiden insultait intérieurement à chacun d'entre elles qu'il passait. À quelques mètres du sommet, le jeune sorcier entendit des hululements significatifs dont il reconnut la provenance. Le cri d'un hibou légèrement enroué ne laissait presque pas de doute sur la créature dont était tirées ces hululements. Aiden monta les escaliers quatre à quatre et aperçut son hibou virevolter au-dessus d'une fille assez grande aux cheveux bruns ondulés. Il vit alors la fille ramasser la lettre à terre tout en parlant à son hibou. Il s'approcha alors de celui-ci pour le calmer.

Une fois le hibou calmé avec quelques caresses, Aiden se retourna vers la fille qui n'avait rien de terrifiée par rapport à une supposée attaque du hibou. Il était rassuré et engagea la discussion.

Le hibou continua de pousser ses cris pendant plusieurs secondes après l'arrivé de Aiden au sommet de la Volière avant de se calmer avec les caresse du garçon. Il se sentit tout de même vraiment désolé que son hibou ait osé vouloir s'attaquer à une autre élève, mais il se sentit moins coupable à la suite du léger sourire de la fille. Malgré son sourire, la brune semblait terriblement heurtée par les cris de la créature et avoir une bombe à la place du cerveau. À moitié amusé, à moitié désolé, le jeune anglais resta un instant près de son hibou et l'invita à s'envoler, ce qu'il fit en quelques battements d'ailes. Aiden se retourna vers la grande brune qui lui tendait une lettre.

"Heu... C'est pour toi, je suppose. Il est vraiment bruyant, ton hibou." lui dit-elle en tenant dans sa main la lettre.

Aiden s'avança vers elle pour prendre la lettre et regarda l'écriture qui y était inscrite. Sa mère lui avait enfin répondu. Il laissa afficher un large sourire à la fille et compris pourquoi le hibou était si agité.

Le garçon ouvrit sa lettre sans sortir son contenu. En réalité, Aiden se dit qu'il pourrait bien réagir comme son hibou, lui qui est aussi si impatient pourrait bien se déchaîner sur un pauvre innocent qui passerait trop proche si quelqu'un osait le faire attendre. Néanmoins, cette fille semblait bien agréable et aucunement sujette à des représailles de cette malencontreuse rencontre aviaire.

Le jeune Aiden n'attendit pas plus longtemps pour ouvrir sa lettre après s'être excusé auprès de la fille. Il n'était pas du genre à être désolé très longtemps et s'est très vite remis en tête le but de sa venue dans la Volière. Il ouvra la lettre et passa son doigt tout le long de la lettre pour l'ouvrir entièrement et en retirer le parchemin qui était à l'intérieur. Il reconnut aisément l'écriture de sa mère et commença à lire son contenu.

"Mon chéri,

Sache tout d'abord que je suis très fière de ton admission à Serpentard. Ton père est venu le week-end dernier à la maison et il est lui aussi très fier de toi. Tu es son digne successeur, et ni lui ni moi ne doutions que tu te rendrais dans la maison qui a toujours été faite pour toi.
Ne t'en fais pas non plus pour moi, je passe davantage de temps au travail maintenant que mon grand garçon n'est plus à la maison, il est donc difficile de trouver le temps long. Malgré tout, j'ai hâte de te retrouver pendant les vacances de Noël, ton père devrait pouvoir se libérer pour passer deux ou trois jours avec nous mais tu le sais, rien n'est moins sûr. Moi je serai là !
J'espère que tout va bien pour toi et que tu te fais des amis, ton père et moi n'avions pas pu te présenter des sorciers de ton âge durant ton enfance, il s'agit donc là d'une occasion en or pour t'en faire. Donc ne sois pas renfermé sur toi-même.

J'attends ton prochain hibou mon chéri.
Gros bisous, Maman"

Durant la lecture de la lettre, Aiden a le sourire aux lèvres, terminée par une marque du rouge à lèvres de sa mère. Il la replie et entendit la fille marmonner. Il la regarda de manière inquiète et entama la discussion.

Le jeune garçon rangea sa lettre dans la poche gauche de son pantalon et observant les dizaines de hiboux et de chouettes qui virevoltaient au-dessus des deux élèves. La Volière n'était vraiment pas un endroit où aimait être Aiden. On ne pouvait ni y réfléchir seul, ni y discuter à plusieurs avec tous ces allers-retours de volatiles et ces hululements incessants. Le seul avantage agréable de cet endroit était sa position haute dans les tours du château. Les cris perçants des oiseaux étaient si présents que le jeune anglais ne discernait pas les mots que murmurait la jeune fille présente avec lui au sommet de la Volière. Elle pris toutefois la parole de manière à se faire entendre cette fois-ci.

"Je suis Briana Adaraniel, à Serdaigle. Enchantée. Tu es en première année, non ? Tu es dans quelle maison ? Je suppose que tu n'es pas à Serdaigle, je t'aurais déjà vu... Tu aimes Poudlard ? Hmm... Excuse-moi, je suis nerveuse, je parle toujours beaucoup trop quand je suis nerveuse... Bref, voilà ! Pitié dis-moi que je ne suis pas trop pathétique là !"

Aiden resta les yeux ronds et la bouche mi-ouverte essayant de répondre à chaque question que la fille lui posait, mais celle-ci ne cessa de rajouter une phrase ensuite. Le jeune garçon laissa quelques secondes de battements entre sa dernière phrase et sa réponse afin d'être sûr qu'elle ait terminé. Il sourit doucement et commença sa réponse.

"Enchanté aussi, moi c'est Aiden Shelby. Et non, je ne suis pas à Serdaigle", Aiden montra l'écusson sur sa robe et repris avec son calme naturel : "Ouais j'aime bien l'école est cool... Sois pas nerveuse, il n'y a pas de raison, je ne suis pas un prof !"

Pathétique, non. Aiden ne la trouvait pas pathétique mais affreusement étrange, entre sa manie de marmonner sans s'en rendre compte et son débit de paroles. Il ne pensait pas être si impressionnant, du moins par rapport à d'autres têtes qu'il a eu à croiser dans les couloirs du château. Il aperçut un hibou se poser près de Briana et celle-ci prendre la lettre qu'il tenait.
Il ne savait pas vraiment s'il devait rester avec la fille ou la laisser lire sa lettre tranquillement. Ce qui est sûr, c'est que Aiden ne se permettrait jamais de lui demander son origine. Il s'agissait d'un garçon qui tenait à la liberté et la vie privée de chacun.

Il continua à regarder les oiseaux pendant que Briana lisait sa lettre, son pied gauche étant prêt à partir pour emboîter le pas vers la sortie tellement il se sentait gênant. Il sourit tout de même à sa question et répondit.

Le garçon ne ressentait pas tellement de regret quant à sa dernière remarque. Il voyait que la fille en face de lui était réellement anxieuse, et il ne prenait pas de pincettes pour la détendre, bien que sa remarque puisse aussi la blesser, ce qui ne manqua pas. Elle enchaîna toujours ses phrases :

Tu me prends pour une folle, c'est ça ? Ecoute, si je suis nerveuse, c'est parce que c'est mon état habituel, et puis j'avait très bien remarqué que tu n'était pas un prof. Dans tous les cas, sache que parler à haute voix me permet d'éclaircir mes idées. Attends... C'était de l'humour ? De l'ironie, je veux dire ? Oh Merlin, je suis tellement idiote ! Désolé d'avoir crié. Vraiment.

Aiden avait un sourire qui s'élargissait au fur et à mesure où Briana laissait ses pensées aller libre cours. Décidément, elle était réellement perturbée et stressée de nature. Il soupira.

"Oui, c'était ironique. C'est vrai que tu es bien étrange à parler pour toi, mais je ne juge pas, si ça peut t'aider à rassembler tes esprits. Je te pardonne ça va, mais il faut te détendre ! C'est moi qui te rend anxieuse ou tu as ce même comportement avec tous les élèves de l'école ?"

Le garçon avait placé ses mains dans les poches de sa robe en regardant Briana de ses yeux bleus. Lui était vraiment détendu et imperturbable dans n'importe quelle situation. Il ne se laissait pas impressionner par les professeurs, alors les élèves... il les considérait comme ce qu'ils étaient, ses égaux. Du moins pour la majorité. Son caractère naturellement calme et ordonné lui permettaient de se sentir bien et à sa place à tous les endroits du château, même ceux dans lesquels il n'avait jamais été.