Première Partie ici !

Alors là, c’était vraiment injuste ! Juste pour une petite discussion ! Mary n’en revenait pas, se retrouver à récurer de fond en comble la salle des trophées de toutes traces de Bombabouse ! Il y en avait une qui avait explosé quelques jours plus tôt et on avait jamais retrouvé les coupables. C’est alors que leur professeur des potions avait eu la charmante idée de les faire frotter… Mary et Circéia étaient ravies de pouvoir discuter un peu plus longtemps c’est sur, bien qu’elles aurait pu aussi papoter dans un environnement moins confiné et surtout moins puant. Leur plus grande déception était certainement de patienter toujours un peu plus avant de découvrir qui gagne leur pari, et surtout avant de manger. Leur punition se passant avant le dîner, elles avaient toujours aussi faim et arriveraient sans doute en retard à leurs tables respectives. Le poulet devrait attendre, les brosses à dents en priorité ! Les bras des filles commençaient à fatiguer sérieusement quand Mary annonça pour la centième fois au moins depuis qu’on les avait laissées seules :

- Oh non, j’en peux plus ! Et j’ai faim pas toi ?

Elle se redressa tant bien que mal, et s’accouda sur sa serpillière. Elle s’autorisa 5 grandes inspirations et se remis à frotter en se disant que si les professeurs l’avait voulu, il auraient enchantés un ou deux balais brosses et éponges.

Le reste de cette journée avait été pour Circéia la véritable punition. Jamais auparavant elle n’avait eu ce genre de désagréments et le fait d’en découvrir la réalité tenait pour elle de l’humiliation suprême. Elle ne se rendait toujours pas compte de leur exagération récurrente, surtout dans ce cours de potions qu’elles auraient pu animer de bien meilleure manière en aidant les autres au lieu de se vautrer dans de futiles piaillements. Et si elle avait échappé à la honte sociale, puisque finalement elle était la seule de sa maison à en subir les conséquences, elle ne pouvait s’empêcher de se maudire.
Quand arriva le soir, la perspective de subir sa punition avec Mary adoucissait à peine son mal être. Entrant pour la première fois dans la salle des trophées, elle ne put se retenir de regarder ceux-ci, avec une attention particulière envers tout ce qui pouvait ressembler au diadème de Serdaigle, elle continuait par moments à en rêver, au moins rêver en apprendre un peu plus, rêver de croiser la dame grise…
La réalité du carnage produit par la bombabouse lui rappela vite ce pourquoi elle était là : nettoyer, nettoyer et frotter jusqu’à ce que l’on puisse « bronzer à la lumière de la lune ». Evidemment, on leur avait interdit d’utiliser la magie ; elle savait ne devoir surtout pas s’y essayer, un sort quelconque de contrôle de la chose avait forcément avoir été lancé. Mais de toutes manières, elle ne connaissait aucun sortilège ménager, Le regret n’était pas celui-là.

- Manger ? Je suis désolée Mary mais je n’ai pas faim le moins du monde.

Il était vrai que les filles, avant de se faire prendre par la patrouille, étaient en train de parier sur les sauces devant agrémenter le poulet du jour. Et si Mary avait gagné, ni l’une ni l’autre ne semblait plus y penser vraiment.

- Je rêverais bien de mon lit s’il n’y avait pas Mère. Quand elle va apprendre cela, je n’ai qu’à me préparer à mourir.

Emily ALEKHIN n’était pas du genre sévère mais elle ne supportait pas le manque de sérieux. Circéia savait devoir payer une deuxième fois la note tôt ou tard et cette évidence, profondément injuste, elle la redoutait à raison.

Mary se figea quand sa camarade fit allusion à sa mère. Et elle ? Qu'allait dire sa mère ? Elle s'imaginait déjà toutes les punitions qui pourrait lui tomber dessus quand ses parents apprendrons ça. Elle n'y avait même pas encore pensé, et soudain, elle n'eus plus du tout faim et fus prise d'une honte extrême. Décevoir sa mère. C'est précisément ce qu'elle voulait éviter. Maintenant c'était foutu, elle y trouverait certainement une ou deux excuses pour lui faire sa morale journalière sur le thème "Tu n'es pas digne d'être une Middlebrooks". Le sujet du caractère de Miss Emily Middlebrooks était extrêmement tabou dans sa famille, mais sa fille l'aimait et son père aussi et c'était tout ce qui comptait, même si Mary aurait aimé qu'elle se montre peut-être plus disponible pour eux ou pour lui apporter un peu plus d'attention. Mais Mary détestait se plaindre alors elle racontait toujours que tout allait bien pour elle, la petite fille modèle à la famille parfaite. Et en rentrant chez elle, elle aurait droit à quelques jours de réprimande, elle le savait et ne pouvait de toute manière pas l'éviter. Mais puisqu'elle ne rentrerait pas avant les vacances, elle pouvait souffler un peu, jusqu'à ce que sa mère ait la bonne idée de lui envoyer une beuglante... Mary ne s'imaginait pas dans son dortoir en train de se faire humilier publiquement par sa propre mère, qui savait très bien qu'elle détestait se faire remarquer de part son caractère assez, voir très, timide. Mais elle n'y couperait pas c'était certain. Puis elle se demanda comment cela se passait chez Circéia alors elle demanda :

- Pourquoi t'inquiètes tu pour la réaction de ta mère ?

Elle se demanda si ce n'était pas une question trop personnelle et espérait vraiment que Circéia ne le prendrait pas pour une attaque elle se mordit la lèvre en attendant la réponse.

Circéia regarda longuement Mary. Il s’agissait de savoir s’il était possible de faire confiance. Pouvait-elle dire à Mary ce qu’elle avait sur le cœur ? Ce qu’était la vie d’une petite fille qui devait toujours ramener les meilleurs résultats possibles, et même si ce n’était que les échecs, c’était toujours une exigence d’excellence, de rigueur, d’impossible écart.

-… M…

Devait-elle seulement nommer sa mère comme on le fait habituellement ? Ce n’était pas possible pour le moment.

-… Mère est une bonne maman mais elle ne pardonne pas ce genre d’égarements. Je la vois d’ici, je l’entends surtout. Bien sûr, il n’y a pas de coups. Mais ses mots sont… méchants.

Elle n’avait pas voulu le dire à Mary. Circéia se parlait à elle-même. La fille n’en avait pas contre la mère, c’était juste une déception, un forme de tristesse qui la remplissait et débordait tout d’un coup. L’impression de ne jamais avoir eu la vraie mère qu’un enfant attend. Ou bien n’était-ce que l’absence, l’éloignement provoqué par sa présence dans une école sans dimanche en famille.

- Je… je n’aurais pas dû dire cela. J’aime mes parents.

Circéia s’en voulait déjà, presque mortellement, d’avoir eu un instant de faiblesse morale, cet instant qu’ils lui reprochaient si souvent.

- Oublions tout cela Mary, ça n’en vaut pas la peine…

Elle se retourna pour ne plus avoir le regard de Mary sur elle.

-… ça n’en vaut pas la peine.

Et je vaut ça.

Mary se figea en entendant la réponse de son amie. Et regretta tout de suite son indiscrétion. Circéia se détourna et Mary se maudit. Pourquoi avait-il fallut qu'elle pose cette question ?! Pourquoi est-ce que, elle même, se traitait de boulet, intérieurement ? Maintenant la situation était plus que tendue, mais elle n'osait pas bouger. Que ferait-elle si Circéia décidait de rester silencieuse ? De lui faire savoir que c'était déplacé ? Trop de questions se bousculaient dans sa tête et elle en avait mal au crâne. Mary ne voulait absolument pas se fâcher avec sa camarade, elle l’appréciait trop et la regretterait trop. Une amie avec qui on peut tout dire, ça n'a pas de prix. Elle décida alors de jouer sa dernière carte. Celle de la lâcheté. Celle qu'elle savait si bien sortir. Dans toutes les situations possibles et inimaginables. Celle de l'excuse.

- Pardon, je suis désolée, je suis trop indiscrète, trop curieuse.

Elle baissa les yeux, se faisant presque soumise. Elle savait que avec des parents comme étaient les siens, on avait pas envie d'en parler. Et pourtant, Mary avait pris au piège sa propre amie en l'obligeant en quelque sorte, à lui répondre, en ne lui laissant pas de porte de sortie. Même si c'est Circéia, qui lui avait appris à toujours lasser cette porte entrouverte.
Puis elle ajouta tout bas, se parlant presque à elle même,

- J'essaie juste de comprendre.

De TE comprendre.

Il se passait une chose que Circéia n’avait jamais croisée auparavant. La douceur, une forme de tendresse dans l’émotion. Ces sentiments-là ne s’expliquent pas, tout comme les moments ne sont que des secondes que l’on vit, que l’on ressent d’une manière ou d’une autre. En elle, les mécanismes de sécurité étaient en train de fondre, par le simple effet qu’il se trouvait en face d’elle une personne qui pour une fois s’intéressait à elle et l’écoutait véritablement. Et venait de la comprendre, elle le sentait. Son cœur ne savait pas s’il fallait rire ou pleurer. C’était la même chose pour elle. Ou plutôt… elle sentit que ses yeux avaient décidé de lâcher du liquide. Juste un peu, le temps d’humidifier les cils mais rien de voyant, rien de débordant. Mais dans son cœur, c’était une libération, un grand sourire.

- Merci Mary…

Il est un mot que l’on utilise souvent à tort et à travers, un mot qui n’a de sens que dans ses instants-là, quand les êtres sont proches et se soutiennent sans calcul ni arrière-pensée. Au milieu des coupes et des trophées, Circéia avait l’impression d’avoir peut-être gagné le plus beau de ses combats. Non, le mot n’était pas approprié. Ce n’était pas un combat, et ce n’était pas une chose qu’on avait gagnée.

-… Tu veux bien être mon amie ?

Elle ne savait plus si elles avaient déjà parlé de cela, elle ne se souvenait plus de rien. C’était l’élan qui avait poussé Circéia vers Mary. Et cette fois, elle la regardait, et tant pis si les cils trahissaient une humidité exagérée.

Mary se sentie submergée. Personne encore dans l'école, ne lui avait proposé cela. En tout cas, pas oralement, et cela avait énormément plus de valeur à ses yeux. Depuis longtemps déjà, elle considérait Circéia comme une amie, mais... là c'était différent. Savoir qu'elle ne s'était jamais trompée sur le compte de Circéia, qu'elle l'appréciait vraiment, malgré que Mary se savait très énervante parfois. Savoir qu'elle pouvait compter l'une sur l'autre, ça, ça la remplissait de joie.

- Bien sûr, pourquoi dirais-je non ?

Elle fit un grand sourire, et, Mary étant très observatrice, cette dernière avait remarqué deux gouttes perler au coins des yeux de son amie. Elle en tira donc la conclusion que Circéia n'aimait pas pleurer en public, et elle trouvait ça courageux. Elle ne s'autorisa donc pas non plus à montrer de signe de faiblesse, ou en tout cas, pas maintenant. C'est ce qu'on lui avait toujours appris et c'était devenu un automatisme, malgré le fait qu'elle ne pensait pas du tout aux leçons de morale de ses parents. Rien ne venait brouiller son esprit à ce moment. Elle était juste heureuse. Heureuse. Et surtout pleine d'espoir pour la suite. Cela évoluerait encore. Elle en était sûre. Et les moments passé avec Circéia, et ces souvenirs, se feront plus nombreux et beaucoup plus stables. Concrets.
Soudainement, Mary repensa à quelque chose. Quelque chose qu'elle aurait du faire il y a longtemps.

- Dis Circéia... Toi, tu m'as offert la pièce de ton jeu d'échecs non ? Piochka je crois. Et moi je ne t'ai rien offert ! Ce n'est pas poli. Mais je règlerais ça bientôt...

Circéia sentit une joie profonde, c’était une sensation totalement nouvelle, dont Mary ne se rendait sans doute pas compte. Avait-elle besoin de donner une preuve supplémentaire à Circéia ? Le cadeau était déjà là, dans son cœur.

- Comme tu veux.

Une sentiment nouveau, une forme de sérénité entoura alors Circéia l’écossaise. Et autour d’elles, ces trophées qu’il fallait continuer de frotter. C’était pénible mais cela avait finalement eu du bon. Sans la punition, sans leurs bavardages, elles n’auraient jamais eu à débarrasser les lieux des bombabouses pas si malfaisantes au final. Et comme un pied de nez, Circéia échappa une drôle d’idée.

- Quel est ton parfum préféré ?

Car elle percevait la soirée comme une immense glace à deux parfums, réunis en une même coupe, comme un nouveau trophée dont le seul but aurait été l’amitié entre les participants. Peu lui importait la réponse de Mary, Circéia frottait désormais sans plus aucune rancœur. Il fallait le faire, et pour celle cette soirée serait un merveilleux souvenir. Elle ne se rendait pas compte que son esprit d’escalier pourrait déstabiliser Mary, elle pensait glace, gâteaux, anniversaire… les joies simples de la vie.

- … parce que je ne sais pas pourquoi mais je sens l’odeur du citron en ce moment…

Dans l’atmosphère poussiéreuse de la salle des trophées, soudain, des effluves de salon de thé se faisaient jour. En pleine nuit.

Mary s'arrêta de frotter le trophée qu'elle avait dans les mains malgré sa nouvelle ardeur à la tâche. Un parfum ? Cela lui faisait penser aux glaces qu'elle mangeait avec son père étant petite. Mais c'était il y a si longtemps... Tout ce dont elle se souvenait c'est que son père prenait tout le temps pistache, et elle fraise.

- Fraise. Mais je ne sais pas, ou plutôt plus pourquoi, je ne me souviens plus très bien quel goût ça a...

Elle se surprit à sourire. Et voilà qu'elle commençait à penser nostalgie ! Pourtant elle n'était pas si vieille... Si ? C'est vrai qu'elle regrettait les moments passés en famille tout en sachant que toutes les bonnes choses ont une fin.
Mary regardait son amie et plus elle voyait ce sourire, des plus sincères, plus elle voulait lui dire ce qu'elle ressentait. Mais elle s'était juré de ne rien dire... Pourtant Circéia était son amie après tout, et Mary savait qu'elle pouvait lui faire confiance. Mais quelque chose l'empêcha de dire lui dire la vérité. Elle savait que sa camarade comprendrait mais elle s'était trop entraînée à jouer la petite famille heureuse et parfaite alors qu'elle souffrait à l’intérieur. En voyant le regard interrogateur que son amie lui lançait à présent, elle sut alors qu'elle prenait beaucoup trop de temps à réfléchir et que ça devenait louche. Elle se contenta de sourire avec un regard illuminé, comme elle savait les faire, et pria pour que Circéia n'ai remarqué sa confusion. Même si elle savait, que c'était cramé.

- Des bombabouses parfum Fraise-Citron. C’est amusant…

Circéia se mit à rire franchement. C’était une libération, une franche ouverture vers quelque chose de nouveau. Les jours heureux ne sont pas si nombreux. Savoir en profiter, avoir cet instinct même quand on est toute petite, cela peut sauver. On ne mesure pas, enfant, la chance que l’on a de découvrir ces instants de la vie, ceux du rire innocent, qui vient d’on ne sait où, et qui nous fait faire des folies que l’on n’aurait jamais pensé pouvoir faire un jour.
Ses mains étaient humides, sales, pourtant elle ne put se retenir de prendre Mary dans ses bras, comme on se saisit de sa sœur pour lui faire un énorme câlin, de ceux d’avant l’âge de l’impossible. Il lui restait encore quelques années avant de passer le cap, et ce qu’elle n’avait jamais donné à Ivanovna parce que Circéia était trop timide, parce que Circéia était la plus grande, parce que chez les ALEKHIN, on ne montre rien… ce qu’elle gardait en elle depuis des années sans s’en rendre compte, venait de sortir juste le temps d’un effluve. Elle sentait le parfum sucré des vêtements de Mary, il y avait là quelque chose que la froideur écossaise ne connaissait pas. Les parfums sont tués par les températures excessives. A Wick, il faisait trop froid, au dehors comme en dedans des habitations. C’était ainsi. Un voyage à Poudlard pour le découvrir et le comprendre.

- Alors c’est donc ça, être amies….

Ce fut cruel mais la jeune ALEKHIN comprit d’un coup qu’elle n’avait jamais connu cela avant.