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04 sept. 2019, 11:12
A chacun son trophée  Privé   E.O 
Les silhouettes se mouvaient si lentement, Panthéa avait le sentiment que la rencontre avait suspendu le temps et l'air autour d'eux. Les ombres semblaient se former et se déformer dans la pièce, comme si elles faisaient partie de la même masse de ténèbres dont elles se détachaient parfois. Tout apparaissait à la fois parfaitement aléatoire et magnifiquement coordonné. Une chorégraphie silencieuse et mélancolique.

Erwann semblait croire que c'était ce qu'elle venait de dire qui avait provoqué le mouvement des ectoplasmes. Il semblait si sûr de lui pour avancer de telles hypothèses que Panthéa accorda immédiatement à sa proposition une valeur de vérité absolue. Elle frissonna : les avait-elle froissé ? Avaient-elle vu juste en supposant qu'ils étaient des enfants tués pendant la guerre de Poudlard ?
La scène qui se déroulait devant eux fut, à ses yeux, la confirmation ultime de ce qu'elle pensait.

La stèle n'était pas encore couverte de poussière. Une attention particulière dans le geste et le coup de chiffon dénotait la rigueur avec laquelle on semblait prendre soin d'elle depuis des années. Les lettres étaient gravées dans le marbre noir avec de la feuille d'or, conférant au texte un aspect particulièrement lumineux. L'objet était beau, solennel. Poignant.
Elle se hissa légèrement sur ses orteils pour chuchoter à son camarade :
"Tu ... Tu crois que j'ai raison alors ? Ils ... ils semblent regarder la stèle."

A peine eut-elle le temps de terminer sa phrase que l'esprit qui la côtoyait depuis quelques semaines se "matérialisa" devant elle. Il était légèrement plus haut qu'Erwann et semblait la regarder. Panthéa ne sentit aucune animosité mais retint son souffle, bien trop impressionnée pour tenter quoi que ce soit. Elle attendit.
Son regard se perdit dans les lueurs éthérées dégagées par les yeux du fantôme. Une vague d'émotions la submergea, mais elles n'étaient pas les siennes : les sentiments se déroulaient comme la partition trouée d'une boîte à musique. Elle fut transportée ailleurs, bercée par des pensées étranges, inconnues, qu'elle ressentait pourtant comme si elles lui appartenaient.

Elle eut froid. Elle fut triste, bouleversée, puis désespérée. Abandonnée. Perdue.
Le vide. Son coeur se brisa. Elle ne sentit plus la main d'Erwann dans la sienne. Il la regardait toujours.

Son corps était engourdi. Hypnotisée, incapable de parler, le flot continu d'émotions et de ressentis lui traversait le corps sans s'arrêter.
Une douleur vive dans le coeur. Une sentiment inexplicable. La détresse.
Elle porta la main à sa poitrine, le visage tendu par la douleur qu'on venait de lui infliger.
Mais rien n'était malveillant.

Ce n'était qu'un témoignage.

Les sons lui parvenaient étouffés, lointains. C'était comme si le fantôme avait déposé un scaphandre sur son crâne. Elle crut percevoir un cri, un hurlement d'effroi. Ou était-ce de la douleur ? De la peine ?
Elle entendait des bruits de pas, sourds comme un roulement de pierres ou les notes d'un tambour au creux d'un ravin. Puis de la pluie.
La tristesse était incommensurable. Eternelle.

Puis le noir total.

La tête lourde et les jambes faibles, les yeux révulsés, Panthéa n'était plus qu'un pantin. Elle s'effondra.

Théana : there's alchemy between us

"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
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